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Full text of "Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne"

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BULLETIN 


DE LÀ 

SOCIÉTÉ DES SCIE» HISTORIQUES ET NATURELLES 

DE L’YONNE. 


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Article 15 du Règlement intérieur. — La Société, en admettant au 
Bulletin les articles communiqués par ses membres, n’entend ni en 
approuver le contenu, ni en prendre la responsabilité. 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

M 

HISTORIQUES ET NATURELLES 

DE L’YONNE. 



AUXERRE 

SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ. 

PARIS 

V. MASSON ET FILS, I DURAND, LIBRAIRE, 

Place de l’Ecole de Médecine. * 9, rue Cujas. 

\ 874. 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

HISTORIQUES ET NATURELLES 

DE L’YONNE. 


PREMIÈRE PARTIE. 


SCIENCES HISTORIQUES. 


VINGT-HUITIÈME VOLUME 

TOMB VIII DE LA 2« SÉRIE. 

1994 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

HISTORIQUES ET NATURELLES DE L’YONNR. 

Année 1994. 

I 

SCIENCES HISTORIQUES. 
GUILLAUME DE TOUCY 

ÉVÊQUE DAUXERRE 
( 1167 - 1181 ) 

Par M. Ansault 


L’évêque d’Auxerre était, au xn 0 siècle, un puissant 
personnage; il était, en effet, au spirituel et au tempo- 
rel, le chef de la ville et du diocèse d’Auxerre, si bien, 
qu’à peu d’exceptions près, tous les seigneurs dans le 
comté ou dans le diocèse tenaient de lui leurs domaines 


en fiefs ou arrière-fiefs. C’était à ce point que le roi de 
France, lui-même, n’avait pas de terres au diocèse 
d’Auxerre, et l’évêque Hugues de Noyers (1197), 
qui n’avait pas exécuté la sentence d’interdit portée 
par le pape Innocent III contre le royaume de France, 
put répondre au légat, qui lui en demandait la raison, 
« que la sentence ne spécifiait que les terres du roi de 


« France, et que le roi n’en possédait pas dans son 


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GUILLAUME DE TOUCY 


« diocèse. » C’est pourquoi l’évêque d’Auxerre était 
communément appelé chief sire ; ses sujets ne tenaient 
leurs fiefs que de lui seul, et lui ne tenait son tem- 
porel ni du roi ni d’aucun autre seigneur que de Dieu 
et de l’Église, qui l’avait reçu de saint Germain, établi 
duc en France par les Romains (1). 

La maison de Toucy partage avec celle de Noyers 
l’honneur d’avoir occupé à la fois les deux sièges épis- 
copaux de Sens et d’Auxerre. Cette famille, dont l’his- 
toire a été peu étudiée jusqu’ici, tint sous sa puis- 
sance une grande partie du département de l’Yonne. 
.Elle possédait en fiefs Toucy, Saint-Fargeau, la Puisaye 
tout entière, Bazarnes, Pierre-Perthuis, Bassou, etc. (2). 
Les seigneurs de ce nom, dont la plupart chevaliers 
« moult nobles et vaillants » combattirent en Pales- 
tine, portèrent les titres de : barons de Toucy, sei- 
gneurs de Saint-Fargeau et du Pays de Puisaye (3) ; 
vicomte d’Auxerre (4) ; comte d’Alby (5) ; prince d’An- 

(1) Archives de l’Yoïme, fonds du chapitre d’Auxerre, 
liasse v (texte latin). — Bibliothèque impériale, Pouillé pour 
Sens (texte français). 

Dans son savant ouvrage sur la cathédrale d'Auxerre (Ann. 
statist. de l’Yonne, 1838, p. 275), M. Challe conteste cette 
origine du pouvoir temporel des évêques d’Auxerre. 

(2) Voir le partage des biens d’Agnès de Bazarnes. Preuves 
générales de l’histoire de Courlenay. 

(3) C’était le titre ordinaire des Seigneurs de Toucy. 

(4) Ithier de Toucy est nommé vicomte d'Auxerre dans une 
Charte de 1194. 

Narjot de Toucy aliène ses droits au vicomté d’Auxerre en 
1225. 

(5) Eude de Toucy, grand justicier du royaume de Naples et 
comte d’Alby à cause de sa femme. 


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ÉVÊQUE D’AUXERRE. 7 

tioche (1); régent de l’empire de Constantinople (2). Ils 
commandèrent les galères de France (3) ; les galères du 
royaume de Naples (4) ; ils mêlèrent leur sang au sang 
des' plus nobles races, et s’allièrent même, au xm B 
siècle, à la famille royale de France (5). 

Nous espérons terminer prochainement notre travail 
sur cette illustre famille, dont nous détachons ces quel- 
ques pages, qui racontent la vie de Guillaume de Toucy, 
évêque d’Auxerre. 

Nous nous proposons d’étudier : 1° Les vertus apos- 
toliques de Guillaume de Toucy ; 

2° Sa politique; 

3° Son administration ; 

4° Ses libéralités ; 

5° Sa magistrature. 


I 

VERTUS APOSTOLIQUES DE GUILLAUME DE TOUCY 

§ l° r 

Son Élection. 

L’archevêque de Sens, Hugues de Toucy, avait à sa 
cour son frère Guillaume, qui occupa, dans l’église de 
Sens, la dignité d’archidiacre, puis celle de prévôt. 

(1) Narjot de Toucy par Lucie d’Antioche, sa femme; 
Philippe de Toucy, fils du précédent, par sa mère. 

(2) Naijot et Philippe de Toucy, 1253. 

(3) Othon de Toucy, amiral de France. 

(4) Philippe de Toucy, grand amiral du royaume de Naples. 

(5) Naijot de Toucy épouse la petite-fille de Louis VII, et 


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GUILLAUME DE TOUGV 


C’était alors un abbé très élégant, du reste homme de 
bon goût et d’une hospitalité princière. Nous l’avons 
déjà rencontré aux côtés de son frère à la brillante cé- 
rémonie du sacre du roi Louis VII ; nous l’avons vu, 
plus tard, traverser la France avec le pompeux appa- 
reil d’un ambassadeur pour porter une lettre de l’ar- 
chevêque Hugues au comte de Nevers, qui pour lors 
assiégeait Mont-Ferrand ; et l’on n’a pas oublié que» 
lorsque le pape Alexandre III, chassé de Rome, choisit 
la France pour le lieu de son exil, ce fut Guillaume de 
Toucy qui conseilla à son frère d’offrir son palais au 
souverain pontife; ce fut lui qui alla au-devant d’Alexan- 
dre III, et lui prépara dans la ville de Sens une entrée 
triomphale ; ce fut lui qui pendant tout le séjour à Sens 
de l’auguste exilé, fit au pape les honneurs du palais 
de l’archevêque : la magnificence et la cordialité de 
l’hospitalité sénonaise firent presque oublier aux cardi- 
naux la patrie absente et les splendeurs de la cour ro- 
maine (1). 

Le pape témoigna sa reconnaissance à Hugues de 
Toucy en sanctionnant les antiques droits de l’église 
métropolitaine de Sens, et son indépendance de l’église 
de Lyon, mais il ne lui restitua pas la primatie des 
Gaules et de Germanie, qui n’avait jamais été attachée 

Philippe de Toucy épousa Léonore, fille de Charles d’Anjou, 
frère de saint Louis, roi de Naples. 

Note. — Les auteurs consultés sont: Dom Viole, Duchène, 
du Tillet, le père Anselme, Summonte : Délia famigliadi Tuz- 
ziaco. Bibliothèque impériale. 

(1) Vie de Hugues de Toucy, arch. de Sens. 


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ÉVÊQUE DAUXERRE. 

au siège de Sens, bien que l’archevêque Ansegise en 
ait joui par un privilège exceptionnel, ainsi que nous 
l’avons démontré (1). 

Il se souvenait aussi des bons offices que Guillaume 
de Toucy lui avait rendus pendant son séjour eu 
France, et il eut été heureux d’avoir une occasion de 
lui en exprimer sa gratitude. Cette occasion ne tarda 
pas à se présenter : 

L’abbé Guillaume avait quitté Sens pour venir à 
Auxerre, où il remplissait la charge importante de tré- 
sorier. Le grand train qu’il menait, son luxe, sa large 
hospitalité, firent bientôt de sa maison le rendez-vous 
de tous les gens considérables. Peut-être son influence 
offusqua-t-elle l’évêque Alain? Ce qui est certain, c’est 
que ce prélat se ressouvint alors qu’il avait toujours 
eu un goût prononcé pour le cloître, et jugea le mo- 
ment venu de renoncer à la vie séculière. Il en écrivit au 
pape Alexandre (2). La réponse qu’il reçut le confirma 
dans ses résolutions : et le siège épiscopal étant devenu 
vacant par la démission de l’évêque Alain, Guillaume 
fut élu évêque d’Auxerre. 


§ 2 

Sa simplicité, sa piété, son austérité, sa charité. 

Chose singulière ! A partir du jour de son élection, la 
vie mondaine de Guillaume de Toucy changea si brus- 

(1) Vie de Hugues de Toucy. — Voir les archives de Sens, con- 
sidérées sous le rapport féodal au moyen-âge, parM.Quantin. 

(2) Livre des sépultures de Clairvaux. — France pontificale. 


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GUILLAUME DE TOUCY 


quement que l’on songe involontairement, en lisant son 
histoire, à la béquille de Sixte-Quint ! 

Le nouvel évêque congédia ses gens, réduisit sa 
maison au strict nécessaire, et ne conserva de son an- 
cien genre de vie que cette hospitalité généreuse qui 
doit être, selon saint Paul, un des caractères propres de 
l’évêque (1). Il envisagea les devoirs de l’épiscopat et 
les accepta dans toute leur étendue et leur perfection ; 
le masque de l’homme mondain tomba et laissa voir un 
évêque selon l’Évangile. 

Quoiqu’on ait dit de la foi du moyen-âge, ce specta- 
cle était plus rare alors qu’aujourd’hui. « Les évêchés, 
« devenus par le bienfait d’illustres évêques, de riches 
« possessions, avaient excité la convoitise des barons 
« et des seigneurs qui s’en étaient souvent emparés 
« par la ruse ou par la force ; à cette époque beaucoup 
« de bénéfices ecclésiastiques devenaient comme des 
« fiefs militaires, qu’on se transmettait par donation ou 
« succession (2). » L’église d’Auxerre avait eu ainsi à 
gémir de l’épiscopat d’Héribert et de bien d’autres. 
Guillaume de Toucy brille au milieu de ces temps, en- 
core à demi barbares, par ses lumières et ses vertus. 
Il eut été remarqué même de nos jours parmi nos évê- 
ques de France. 

Guillaume fit de more son entrée solennelle dans la 
ville d’Auxerre (3), et il donna aussitôt à la cathédrale 

(1) Oportet enim episcopum esse... hospitalem. Ad. Tit., c. 18, 

7°. 

(2) M. Challe. Le château des comtes d’Auxerre. 

(3) Nous suivrons autant que possible le récit de Fromond, 


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ÉVÊQUE D’AUXERRE. fl 

le magnifique tapis qui ornait sa chaise le jour de la 
cérémonie (1). Il s’empressa, selon l’usage, d’aller à 
Rome, ad limina apostolorum, et il eut cette bonne for- 
tune d’être le premier des évêques de France qui féli- 
cita le pape Alexandre III de son retour dans la ville 
de Rome pacifiée et rendue à son souverain. Le temps 
qu’il passa dans la ville éternelle fut pour Guillaume, 
on le devine, plein de charme. Quelles circonstances 
favorables, en effet! Le souverain pontife dont il était 
l’hôte avait été son hôte autrefois à Sens ; mais que les 
temps étaient heureusement changés! Alexandre III 
avait recouvré l’amour de son peuple ; Guillaume était 
évêque d’une des plus illustres églises du monde ca- 
tholique. Si Dante a raison de dire qu’il n’est rien de 
plus amer que le souvenir du bonheur quand on est 
devenu malheureux (2), ne pouvons-nous pas dire avec 
moins de raison que le souvenir de l’exil n’est pas 

qui fut le chapelain de Guillaume de Toucy. — Bibl. hist. 
de l’Yonne. 

(1) Nous retrouverons dans l’histoire de Toucy ce tapis que 
se partageaient les seigneurs, tenus, en leur qualité de vas- 
saux, de porter l'évêque. 

Lors de l’entrée solennelle à Auxerre de Philippe de Lenon- 
court, les seigneurs porteurs voulurent s’emparer du tapis. 
L’évêque s’y opposa. Edme de Prie, baron de Toucy, en fut si 
irrité, qu’il refusa à l’évêque l’entrée de la grosse tour de 
Toucy. 

(2) Nmun maggior dolore , 

Che ricordarsi del tempo felice 
Nella miseria... 

dell’ inferno. 

(Ganto v.) 


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GUILLAUME DE TOUCV 


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sans charme à celui qui est rentré dans sa patrie (1)! 
Les entretiens du pape et de l’évêque furent donc 
pleins de douceur, et leur amitié formée à Sens res- 
serra ses nœuds dans la ville de Rome. 

Revenu dans le diocèse qu’il avait mission de diri- 
ger, Guillaume s’appliqua tout entier à l’exercice des 
vertus épiscopales. Sa vie privée était toute de prière 
et de recueillement ; tous les jours ils célébrait la messe 
avec une piété qui se manifestait jusque sur son visage 
et qui édifiait merveilleusement tous les assistants. Le 
soir, avant de prendre son bref et austère repos, il Usait 
les psaumes que le sommeil seul lui arrachait des mains, 
et, le matin à son réveil, il reprenait encore le livre 
sacré. Sa conversation était toujours grave et digne; 
même en voyage, il ne s’entretenait avec ses gens que 
des choses nécessaires pour le bon gouvernement de 
sa maison. Souvent il s’éloignait d’eux pour vaquer à la 
prière; d’autres fois il appelait près de lui quelqu’un 
de sa suite pour réciter ensemble tout ou partie du 
psautier, selon la longueur du chemin. 

L’austérité de l’évêque était égale à sa piété. Outre 
des pénitences et des mortifications extraordinaires, 
il observa rigoureusement le carême de la Saint - 
Martin (2) qui commençait le premier dimanche après 
la fête de ce saint, vers le 12 novembre, et durait 

(1) Forsan et hac olim meminisse juvabitl 

(Virgile, Enéide, liv. I. 

(2) On lui donna le nom d’Avent Ambroisien, on dit aujour- 
d’hui l’Avent. Il parait que cette dévotion était très ancienne 
dans l’Église. Charlemagne et Louis le Débonnaire la recom- 


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ÉVÊQUE DAUXERRE. 

jusqu’à Noël. Il y fut fidèle même pendant sa der- 
nière maladie. Quoiqu’ exténué par l’Age et les ma- 
cérations « il ne voulut user d’autre viande que de ca- 
rême. » 

On admirait surtout la charité de Guillaume envers 
les malades : « tant plus ils étaient pauvres, d’autant 
plus volontiers se plaisait-il à les visiter (1).» 

Un jour qu’il passait par un hameau, une paysanne 
courut après lui : « Homme de Dieu, lui criait-elle, ' 
« ayez pitié de moi, mon mari se meurt d’une façon 
« étrange. » L’évêque s’étant pris de compassion, des- 
cendit de cheval et entra dans la chaumière. Le pau- 
vre malade avait tout le visage, le gosier et le col en- 
flés; sa langue gonflée lui sortait de la bouche; il ne 
pouvait parler et ne respirait qu’à grand’peine. L’évê- 
que, ému jusqu’aux larmes, se jeta à genoux et pria 
pour lui ; il le consola, fit sur les organes malades le 
signe de la croix avec son anneau pastoral, et bénit 
ce mourant. 

A quelque temps de là, Guillaume repassant par le 
même lieu, vit la paysanne toute joyeuse accourir au 
devant de lui le remerciant de sa charité et disant 
que Dieu avait rendu la santé à son mari par les prières 
du saint évêque. 

Un autre jour Guillaume allait bénir la chapelle des 
religieux de Grandmont, établis depuis peu à Fonte- 

mandent dans leurs capitulaires, mais à l’époque où vivait 
Guillaume, elle était à peu près tombée en désuétude. « Je ne 
sais, dit Dom Viole, si de son temps ce carême était encore 
en usage. > 

(1) Dom Viole. — Mns. bibl. d’Auxerre. 


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H 


GUILLAUME DE TOUCY 


noy, lorsqu’il rencontra une pauvre mère .désolée de 
la maladie de son fils. Elle l’amenait de fort loin à 
cette cérémonie, et la longueur et la fatigue du chemin 
l’avaient réduit à l’extrémité. Guillaume ne voulut pas 
laisser à ses prêtres le soin de préparer ce jeune 
homme à la mort. Il entendit sa confession, et, bien 
que l’heure fût avancée et qu’une foule considérable 
l’attendît à Fontenoy, il ne partit pas avant d’avoir 
donné, de sa propre main, le viatique à son cher 
malade. 


§3 

Légende. 

Guillaume portait une grande affection aux moines 
de Grandmont, qu’il avait appelés dans son diocèse. 
Ils venaient du monastère de Faye, en Nivernais. 
L’origine de ce prieuré est si curieuse, qu’on me per- 
mettra peut-être de la rapporter ici. Ce n’est point 
une légende de troubadour, mais un récit de saint 
Antoine. 

« Un gentilhomme de la maison du comte de Nevers 
« s’étant égaré à la chasse, fut surpris de la nuit et 
« obligé de la passer en la cabane d’un charbonnier; 
« ne pouvant dormir en un si mauvais giste, il se mit 
« à deviser avec le charbonnier qui entendait à son 
« fourneau qui se trouva pour lors en feu : Et voici 
« que sur la minuit, il aperçut un fantôme en forme d’un 
« homme à cheval portant en croupe une femme. 
« L’un et l’autre approchant du fourneau descendit de 
« cheval, et le cavalier donna deux ou trois coups de 


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ÉVÊQUE D’AUXERRE. 

« dague à cette femme, puis la jeta comme demi-morte 
« dans le fourneau, où lui-même, ensuite, se précipita. 
« Après quoi le cavalier, la dame et le cheval dispa- 
« rurent. 

« Ce gentilhomme, hoste du charbonnier, tout ef- 
« frayé, passa le reste de la nuit dans de grandes in- 
« quiétudes, et s’étant rendu, du matin, auprès du 
« comte, son maître, lui raconta son aventure et sa 
« vision, ajoutant que le charbonnier l’avait assuré 
« que la même chose arrivait toutes et quantes fois 
« qu’il avait un fourneau en feu. Le comte en voulut 
« hiire l’expérience sur le lieu, et, en ayant été témoin 
« oculaire, il s’enquit de toutes parts d’un cas si 
« étrange. Il apprit par le bruit commun que c’était la 
« pénitence d’un gentilhomme son domestique, décédé, 
« lequel, aimant éperdument une demoiselle mariée*, 
« avait tué son mari pour jouir plus facilement de 
« cette créature, mais que le crime n’avait pas été 
« avéré. Ce qui émut le comte de fonder le prieuré 
« de Faye en ce même lieu qui est au milieu des 
« bois (1). » 


II 

POLITIQUE DE GUILLAUME 

§ 1 er 

Il protège les églises et le peuple d’Auxerre. 

Si la charité de Guillaume était grande envers les 
pauvres, sa fermeté ne l’était pas moins contre les 

(1) Dom Viole. Du prieuré de Fontenôy. 


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GUILLAUME DE TOUCV 


grands qui voulaient attenter aux droits de son église 
et aux droits du peuple dont il était le protecteur. Le 
comte de Nevers en fit l’expérience à ses dépens. 

Depuis un certain temps la politique des comtes de 
Nevers, sous l’influence de la comtesse Ida, femme al- 
tière et ambitieuse, était devenue singulièrement enva- 
hissante ; s’agrandir aux dépens des églises et s’affran- 
chir de la suzeraineté épiscopale (1), tel était leur but; 
leurs moyens étaient la ruse, la violence et, s’il le fal- 
lait, la commune. C’est ainsi qu’ils avaient agi avec 
l’abbaye de Vézelay, c’est ainsi qu’ils voulurent procé- 
der contre les églises et contre l’évêque d’Auxerre. 

A peine avait-il pris possession de son comté que, 
suivant la politique de ses ancêtres, le comte Guy en- 
treprit de dépouiller les églises d’Auxerre. De temps 
immémorial elles percevaient sur les vendanges (2) qui 
entraient dans la ville un droit que l’on payait sans 
contestation. Le comte Guy voulut s’en emparer et 
plaça, à cet effet, des gardes ou gabeliers à toutes les 
portes de la ville. 

Les églises élevèrent des réclamations et s’adressè- 
rent à l’évêque. Guillaume, fidèle à ses principes de 
modération, et voulant éviter tout éclat, alla lui-même 
trouver le comte; il lui représenta combien ses préten- 
tions étaient injustes et inouïes, et lui demanda d’y re- 
noncer. Le comte ne voulant rien entendre, Guillaume 

(1) Pour o requisivi al eo ut mihi fidelitatem faceret , sicut 
fecerat pater suus : quant se debere plane negavit. — (Lettre de 
l’évêque Alain à Louis VII, Duch., t. IV, p. 644). 

(2) Dom Viole. Mus. 


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17 


ÉVÊQUE D’AUXERRE. 

se vit forcé de porter contre lui une sentence d’excom- 
munication et de mettre ses terres en interdit. Il en- 
voya en même temps des députés à Rome pour en ins- 
truire le pape ; mais avant le retour des envoyas, qui 
apportaient des bulles contenant la confirmation des 
privilèges des églises, le comte jugea prudent de céder 
et de donner satisfaction pour tout ce qu’il avait pris. 

Il n’était pas changé néanmoins. Toujours avide d’ar- 
gent, il imagina de créer un nouvel impôt fort onéreux 
pour le peuple : l’impôt du pressoir. Les Auxerrois en- 
traient leurs vendanges en payant, comme nous l’avons 
dit, un droit à la porte de la ville; mais cette dîme une 
fois acquittée, ils étaient libres de faire, comme ils l’en- 
tendaient, leur vin avec leurs propres pressoirs sans 
avoir à payer le moindre impôt et sans que personne 
eût jamais songé à les molester à cet égard. Le comte 
ordonna qu’à l’avenir tous les pressoirs seraient sou- 
mis à un impôt (1). Le peuple recourut à la protection 
de son évêque, et Guillaume, prenant en main la dé- 
pensé des droits de son peuple, combattit les préten- 
tions du comte et fut assez heureux pour conserver 
aux Auxerrois une franchise qui leur était chère. 

§2 

La Commune d’Auxerre. 

Le comte n’ayant réussi, par cette tentative, qu’à aug- 
menter la popularité de l’évêque et qu’à resserrer les 
liens qui l’unissaient à sa ville épiscopale, il résolut 

(1) Voir le Gesta. Voir aussi l’abbé Lebeuf. 

Sc. Mit. 2 


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48 


GUILLAUME DE TOCGV 


d’employer les grands moyens et de fonder la com- 
mune d’Auxerre. 

Quelqu’éphémère qu’ait été son existence, cette com- 
mune n’en est pas moins un sujet d’étude du plus 
grand intérêt pour nous, car c’est l’histoire de la li- 
berté de nos ancêtres, c’est notre histoire à tous. Nous 
aimerions à voir Guillaume de Toucy, le grand et saint 
évêque, accueillir avec joie la proclamation des fran- 
chises populaires, et favoriser de tout son pouvoir ce 
grand mouvement d’émancipation qui éclate en France 
au xii® siècle, qui n’est que la conséquence des prin- 
cipes de la fraternité évangélique et qui devait, plus 
tard, en se développant, enfanter 1789 et la civilisa- 
tion moderne. Mais la commune d’Auxerre n’était 
qu’une machine de guerre dressée contre les églises 
et contre l’évêque. 

C’est le comte Guy, le docile élève de la comtesse 
Ida, l’ennemi déclaré des églises d’Auxerre et de l’évê- 
que, le créateur d’impôts vexatoires, c’est lui qui prend 
tout à coup le masque de la liberté, et qui se présente 
au peuple apportant dans ses mains la Charte commu- 
nale ! L’évêque comprit ses desseins et s’y opposa. Si 
le comte Guy eut simplement affranchi ses bourgeois 
et ses serfs dans la limite de ses droits, et si les nou- 
veaux citoyens s’étaient contentés de jouir paisiblement 
des libertés qui leur étaient octroyées, l’évêque Guil- 
laume eût fait ce que fit son successeur Hugues de 
Noyers, qui ne s’opposa nullement aux affranchisse- 
ments successifs de 1188 et 1194 accordés par le comte 
Pierre de Courtenay (1) ; et pourtant Hugues de Noyers 

(I) Le château des comtes d’Auxerre. — Conf. par M. Challe. 


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évêque d’auxerre. (<f 

n’avait pas la sage modération de Guillaume' de Toucy ; 
il était d’un caractère violent, extrêmement jaloux de 
ses droits ; il était de plus en guerre ouverte avec le 
comte, et ils s’étaient fait réciproquement de ces bles- 
sures qui ne se ferment pas; en outre, l’évêque Hu- 
gues de Noyers était armé de la charte de 1175, qui 
menait la commune à sa discrétion. 

Mais Pom Viole nous apprend que le comte Guy 
avait accorde à ses sujets des franchises beaucoup plus 
larges que ne le firent plus tard ses successeurs, et 
que les officiers de c“tte commune s’arrogeaient déjà 
des droits que ne songeait même pas à revendiquer au 
milieu du xvii® siècle la municipalité auxerroise. Ils 
rendaient la justice au gré du co mte, et, chose inouïe 
pour cette époque, ils voulaient soum ettre à leurs juge- 
ments les ecclésiastiques eux-mêmes. L’autorité de 
l’évêque était battue en brèche, les immunités des 
églises foulées aux pieds, « si bien, dit Dom Viole, que 
« cette commune était indirectement une rébellion de 
« la populace et un soulèvement des serviteurs contre 
« leur seigneur. » 

Guillaume n’avait pas à lutter seulement contre le 
comte de Nevers qui fondait la commune d’Auxerre, 
il lui fallut encore triompher de l’autorité du roi de 
France, Louis VII, protecteur naturel de toutes les 
communes du royaume. Le roi favorisait partout l’éta- 
blissement des co mm unes non précisément par un pur 
amour de la liberté, mais parce qu’il y voyait un moyen 
d’abaisser l’orgueil des grands seigneurs, d’étendre 
ainsi son autorité et d’accroitre ses revenus, car sa 
protection n’était pas gratuite. Louis VII devait même 


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20 


GUILLAUME DE TOUGV 


prendre un intérêt tout particulier à notre commune, 
car il n’avait rien à y perdre et tout à y gagner. Ne 
possédant pas un pouce de terrain dans le diocèse 
d’Auxerre, il allait avoir son autorité reconnue dans la 
capitale de l’Auxerrois. Aussi, lorsque l’évêque Guil- 
laume se plaignit au roi des entreprises du Comte, Louis 
VII, prenant magnifiquement en main la cause des fran- 
chises populaires, reprocha à l’évêque de s’opposer à 
l’établissement de la commune et aux droits des rois 
de France sur la ville d’Auxerre. 

La position de Guillaume devenait critique. Qu’allait- 
il faire? S’opposer quand même à l’établissement de la 
commune ? Mais c’était fournir des armes au comte de 
Nevers qu’il savait capable de déchaîner contre lui la 
fureur populaire ; c’était se mettre sur les bras le roi 
de France lui-même ! Gomment, d’autre part, fermer 
l’oreille aux clameurs du chapitre de la cathédrale, et 
de l’abbé de Saint-Germain dont les privilèges étaient 
violés ? 

S’il acceptait les faits accomplis, n’était-ce pas en- 
courager les agents du comte dont les exigences bien- 
tôt ne connaîtraient plus de bornes ? Déjà Guillaume 
avait été témoin de désordres affreux nés en de sem- 
blables circonstances et dont le retour possible l’épou- 
vantait. Il avait vu la commune de Sens noyée dans 
les flots de sang qu’elle avait répandus; il avait tou- 
jours devant les yeux son jeune ami, le neveu d’Her- 
bert, abbé de Saint-Pierre-le-vif, assassiné en volant au 
secours de son oncle que l’on massacrait au nom de la 
liberté; il avait vu la commune de Vézelay, soutenue, 
elle aussi, par les comtes de Nevers, causer en peu de 


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ÉVÊQUE D’AUXERRE. 21 

temps la ruine de cette antique et puissante abbaye. 
Il voulut éviter le retour de ces scènes sanglantes. Le 
nom de la commune sur les lèvres de Guy de Nevers 
lui produisit l’impression de dégoût que causa à nos 
pères la déclaration des droits de l’homme dans la 
bouche de Robespierre et de Marat, et l’horreur qu’il 
ressentait pour les promoteurs des franchises commu- 
nales voila à ses yeux la cause sacrée de la justice 
qu’ils défendaient. Fort de la conscience de son droit, il 
11 e céda point. Il en appela au roi, mieux informé, et 
surtout au roi désintéressé. Les débats furent longs; 
ils traînèrent jusqu’à ce que l’évêque eût pris le bon 
moyen, qui était de désintéresser le roi en lui payant 
largement les revenus que la commune aurait pu lui 
procurer. Alors seulement Louis VII consentit à écou- 
ter ses plaintes et à étudier l’affaire. Il se convainquit 
facilement que le comte travaillait dans son intérêt 
personnel et nullement dans l’intérêt du peuple ou du 
roi, et, s’appuyant sur les anciens titres des églises, il 
rendit la fameuse charte de 1 1 75, de laquelle il résulte 
qu’il ne pouvait être établi de commune à Auxerre sans 
la permission de l’évêque (1). 

Il convient d’examiner ici rapidement quelle fut l’in- 
fluence de cette charte sur les destinées de la ville 
d’Auxerre. Elle recula sans doute l’époque où nous 
pûmes être une commune, mais en laissant aux idées 
et aux germes d’affranchissement le temps de mûrir, 

(1) Dans cette charte, Louis VII honore Guillaume de Toucy 
du titre d’ami, ad petitionem dicti episcopi, amici nostri (l’abbé 
Lebeuf). 


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22 


GUILLAUME DE TOUCV 


elle nous préserva aussi de ces bouleversements qui 
ensanglantèrent tant de villes. D’ailleurs, dès 1188 et 
1194, Pierre de Courtenay octroya des Chartes d’af- 
franchissement, et en 1204 le chapitre d’Auxerre était 
entré dans la voie des franchises communales. Bien 
plus, Guillaume de Seignelay, l’illustre prélat à qui 
nous devons la cathédrale d’Auxerre, « homme d’un 
« grand cœur et d’un esprit élevé, dit M. Challe, ayant 
« pour les habitants d’Auxerre les mômes dispositions 
« favorables que le comte, donna son consentement 
« pour l’érection définitive d’une commune à Auxerre ; 
« il voulut présider lui- même à l’acte par lequel fut 
« sanctionnée en 1215 cette émancipation défini- 
« tive (1). » 

§3 

Grandeur d’âme de Guillaume. 

Le comte de Nevers, humilié, voyant ses projets ren- 
versés, voua à l’évêque une haine profonde, une haine 
de vaincu. Il appartenait au saint évêque, qui savait 
allier à une fermeté éprouvée une évangélique dou- 
ceur, de fondre cette glace au feu de la charité et de se 
faire un ami dévoué de son implacable ennemi. 

Le comte Guy était tombé malade dans son château 
de Clamecy et l’on croyait qu’il allait mourir. Plusieurs 
évêques, plusieurs abbés, un grand nombre de sei- 
gneurs, ses vassaux ou ses amis, étaient venus lui faire 
leurs derniers adieux. Or, le comte, qui s’était comporté 
vis-à-vis des autres églises comme il l’avait fait avec 

(1) Le château des comtes d’Auxerre. 


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23 


ÉVÊQUE d’aUXERRE. 

l’église d’Auxerre, avait encouru plusieurs excommu- 
nications. La mort approchait. Sa famille en pleurs de- 
mandait aux évêques de lever la terrible sentence qu’ils 
avaient portée contre lui. L’évêque d’Autun et l’évêque 
de Nevers refusèrent formellement. Alors Guillaume de 
Toucy, prenant la parole : « Messieurs, dit-il, quelle 
« honte pour nous, si ce grand seigneur et notre comte 
« mourait excommunié entre nos mains. Moi premier, 
« je me porte caution du comte pour tous- les dom- 
« mages qu’il a pu faire éprouver aux églises et pour 
« lesquels il est excommunié. » Entraînés par l’exem- 
ple de Guillaume les autres seigneurs présents se dé- 
clarèrent aussi les cautions du comte de Nevers, et 
l’absolution fut prononcée. 

Guy revint à la santé. La générosité dont l’évêque 
Guillaume avait fait preuve à son égard le toucha jus- 
qu’au fond du cœur. Il ne croyait pas à tant de gran- 
deur d’âme. Sa haine irréconciliable fit place à l’amitié 
la plus tendre, et il ne parlait de l’évêque Guillaume 
que les larmes aux yeux et en l’appelant son père. 

III 

ADMINISTRATION DE GUILLAUME 

§ l° r 

Domaines de Févêché. 

Le temporel de l’évêque pendant la gestion habile de 
Guillaume de Toucy s’accrut dans d’importantes pro- 
portions. 

Le palais de l’évêque d’Auxerre, construit dans la 


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GUILLAUME DE TOUCT 


24 

propriété donnée àSaint-Amatre par Ruptilius (1), n’était 
pas assis au milieu de vastes dépendances et isolé du 
reste de la ville, tel que l’ont vu nos ancêtres, et tel que 
nous voyons aujourd’hui l’hôtel de la préfecture. Au 
xii® siècle, une rue longeant la cathédrale descendait 
jusqu’au seuil même du palais. L’espace qui séparait 
l’église de l’aile droite de la maison épiscopale était 
resté libre pour le passage de l’évêque, mais le côté 
gauche de la rue était entièrement bâti, et des maisons 
particulières s’avançaient jusqu’aux portes et sous les 
fenêtres du palais (2). Guillaume acheta ces maisons et 
leurs dépendances dont Lambert Hesmond était alors 
propriétaire et les fit abattre ; il créa ainsi un emplace- 
ment assez vaste qu’il réunit à la rue et au terrain 
libre, et entoura le tout de murs. Le palais épiscopal 
se trouva dégagé pour la première fois. 

Telle est l’origine du jardin que nous voyons devant 
l’hôtel de la préfecture. 

Les maisons, cours et jardins que Guillaume acheta 
- de Renaud de Lindry, chevalier, et d’Etienne de Sar- 
maise, et qui se trouvaient au-dessous de l’évêché, eu- 
rent la même destination. Il fit beaucoup d’autres acqui- 
sitions dans la ville d’Auxerre. A Gosne, à Gorvol, il 
étendit considérablement ses domaines. Il fit bâtir à Gy- 
l’Évêque des maisons et le four banal, et entoura le 
bourg de murailles. Il y fit aussi planter des vignes, y 
acheta plusieurs biens parmi lesquels on cite lePré-du- 
Doyen. 

(1) V. Oesta Pontificum. 

(2) Emit domos ques contiguës et nimis importunes erant portes 
et domui episcopali (V. Gesta Pontificum). 


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ÉVÊQUE DAUXERRE. 


25 


Mais le domaine épiscopal qui s’agrandit le plus sous 
son administration, ce fut Varzy. Le comte de Nevers, 
pour témoigner sa reconnaissance à l’évêque Guillaume, 
lui avait donné tout ce qu’il possédait à la Chapelle 
Saint-André. Lorsqu’il se sentit atteint de la maladie 
dont il mourut à Tonnerre, il fit, de concert avec sa mère, 
la comtesse Ida, une nouvelle et importante donation à 
l’évêque. Ils créèrent donc une rente de vingt livres 
pour la constitution de laquelle ils abandonnèrent à 
l’évêque tous les hommes qu’ils avaient à Varzy, et ce 
don ne comprenait pas moins de trente familles (1). 
Cette donation devait être confirmée par le roi, et Guil- 
laume n’obtint qu’à grands frais des lettres-patentes. 
Outre les vignes et prés qu’il acheta à Varzy, il y fit 
l’acquisition de terrains considérables, dans l’intention 
de construire une maison épiscopale et de creuser au- 
tour de la ville des fossés, jugés nécessaires pour sa dé- 
fense. Les plans de Guillaume furent exécutés par son 
successeur (2). 

A Charbuy, Guillaume planta des forêts ; il acheta au 
prix de mille sols ce que le chevalier Girard Poters y 
possédait, et prépara ce beau domaine à recevoir la 
maison de plaisance que l’évêque Hugues de Noyers, 
qui avait le goût des constructions opulentes, bâtit sur 
les bords d’un étang, creusé par ses soins, le château de 
Beauretour. Aujourd’hui on ne se souvient plus dans la 

(1) Acte de 1173. — Gallia, t. XII. 

(2) La terre de Varzy valait, au xin e siècle, d’après le prix 
actuel du marc d’argent, plus de 20,000 livres de rente. — 
M. Quantin, Mém. d’bist. et d’archéol. 


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26 


GUILLAUME DE TOUCY 


commune de Charbuy de l’existence de ce château, et 
le nom même de Beauretour est inconnu à Charbuy : 
Etiam periere ruinœ ! 

Les abbés de Saint-Germain avaient aussi un magni- 
fique manoir situé au milieu de leurs vastes propriétés, 
sur la colline que sépare Diges et Escamps. Ce château, 
rival de Régennes, a disparu comme celui de Beaure- 
tour, et il faut être un peu archéologue pour savoir au- 
jourd’hui ce que furent les Requeneux dont le nom 
corrompu est devenu Arcneuf. 

Guillaume enrichit considérablement le domaine 
d’Appoigny, dans lequel ses successeurs devaient éle- 
ver le magnifique château de Régennes. Il acheta sur 
ce territoire des prés, des vignes, des terres. Il acquit 
les deux fiefs d’Ithier Raaud et de Guillaume, chevalier. 
Il recula les limites de son domaine jusqu’au ruisseau de 
Baulche en achetant de Hugues de Gurgy et de sa 
famille les prairies qui s’étendaient depuis la rivière 
d’Yonne jusqu’au bois de Chaumois, et acquit encore 
des mêmes les droits qu’ils avaient ou prétendaient 
avoir sur ce bois de Chaumois (1), et tout ce qu’ils pos- 
sédaient dans les environs d’Appoigny. 

Tandis que Guillaume, par l’acquisition de belles pro- 
priétés, agrandissait au sud son domaine d’Appoigny, 
il eut à se défendre contre un usurpateur qui s’empa- 
rait, au nord, d’une partie de ces terres. Étienne de 
Pierre-Perthuis, seigneur de Bassou, son voisin et son 

(1) Le bois de Chaumois se trouve à gauche de la route 
allant d’Auxerre à Appoigny, un peu au-delà du Pont-de- 
Pierre. 


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27 


i. 

r 


F-vêVjlil* 5 DAUXERRE. 

parent (car il était aussi de ta famille de Toucy r mais 
de la branche de Bazames), sV^aif m is en possessi. 011 
d’une portion considérable du terri-foire d Appoigny et 
la faisait cultiver par ses gens. Guillaume obtint contre# 
lui un jugement de la cour de Sens qjtn le condamna à. 
restituer. Pour consacrer son droit reconquis et rendre- 
à l’avenir tout empiètement impossible, Guillaume 
veilla toujours à ce que ses propres charrues labouras- 
sent ce terrain aux limites duquel, au lieu de homes, il 
fit planter une grande croix (1) : l’image du juste de- 
vant inspirer l’amour de la justice. 

Les populations, en venant chaque année, au pied de 
cette croix, demander à Dieu de bénir leurs récoltes, 
constataient en môme temps l’intégralité du domaine 
épiscopal. 


§ 2 


Droits féodaux. 

A Toucy, Guillaume construisit une maison épisco- 
pale, modeste mais confortable, pour recevoir l’évêque 
lorsqu’il lui plairait de visiter son fief ; il y fit en outre 
beaucoup d’acquisitions. Le château qu’Héribert avait 
construit à Toucy se trouvait en mauvais état ; les for- 
tifications en étaient détruites et ce fief épiscopal pou- 
vait tomber sans défense aux mains de quelques bandes 
ennemies. Narjot, alors seigneur de Toucy et neveu de 


(1) Les moines de Vézelay élevèrent aussi des croix aux 
limites du territoire qu’ils avaient soustrait à toute domina^ 
lion ecclésiastique, et qu’ils appelaient la poté. — Etude histo- 
rique sur Vézelay, par M. A. Çhérest. 


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28 


GUILLAUME DE TOUGY 


l’évêque, fit uu appel à la générosité de Guillaume en 
faveur de son pays natal, et Guillaume de Toucy cons- 
truisit celte grosse tour qui fut longtemps la principale 
défense du château et qui coûta « sept vingt livres, » 
somme considérable pour le temps. Cette tour se trouve 
à l’angle nord de l’église ; elle est aujourd’hui en ruines. 
C’est avec une autre tour plus petite et mieux conser- 
vée, placée à l’angle opposé de la même église et tout 
récemment surmontée d’une espèce de dôme ayant la 
forme d’une ruche d’abeilles, en ciment romain, les 
seuls débris des anciennes fortifications du château ha- 
bité par la famille de Toucy. 

L’évêque Guillaume imposa aux seigneurs de Toucy 
le devoir de lui faire, à lui et aux évêques ses succes- 
seurs, foi et hommage pour cette tour, et cela dans l’an- 
née de la prise de possession de leur fief. Il voulut en 
outre que les seigneurs de Toucy s’engageassent à livrer 
aux évêques d’Auxerre cette grosse tour toutes les fois 
qu’il leur plairait de l’exiger, et que leurs officiers com- 
mandant cette tour jurassent de la remettre aux mains 
desdits évêques, au refus des seigneurs, sous peine 
d’en répondre en leur propre nom. Voilà ce que signifie 
cette expression du moyen âge que la tour de Toucy 
était jurable et reniable (1). 

En créant à son profit de nouveaux droits féodaux, 

(1) Iolande de Flandres reconnaît que la tour de Toucy est 
jurable et rendable à l’évêque d’Auxerre. Pourquoi elle com- 
mande au capitaine dudit fort et tour, et à tous ses officiers 
présents et à venir, que audit révérend Père et à ses succes- 
seurs baillent et délivrent ledit fort toutes fois et quantes. — 
Inventaire des titres concernant le temporel de l’évèquo 
d’Auxerre. Bibliol. imp. Mns. 


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29 


ÉVÊQUE D’AUXERRE. 

Guillaume n’oubliait pas de maintenir ses droits an- 
ciens. Hervé de Donzy, ce célèbre et puissant seigneur 
qui a laissé une si mauvaise réputation, venait d’entrer 
en possession du fief de Gien-sur-Loire, qui relevait de 
l’évêque d’Auxerre (1). Lui, qui tout jeune encore, créait 
déjà des difficultés aux églises, crut pouvoir s’affran- 
chir de. l’hommage-lige qu’il devait à l’évêque ; mais 
voyant Guillaume prêt à saisir son fief, le rebelle con- 
sentit enfin à remplir son devoir féodal. C’était pendant 
la dernière maladie de Guillaume. Hervé entra dans sa 
chambre sans épée, sans éperons, sans ceinture, sans 
casque ; il se mit à genoux près du lit, ses mains dans 
les mains de l’évêque, et lui dit les paroles accoutu- 
mées : « A compter de ce jour, je deviens votre homme, 
« à vous ma vie, mes membres, mon honneur. Je vous 
« serai fidèle et vous rendrai foi et hommage pour 
« toutes les terres que je tiens de vous (2). » Guillaume 
alors lui donna le baiser officiel et Hervé se leva, et, la 
main sur l’Évangile, prononça le serment de fidélité. 

IV 

LIBÉRALITÉS DE L’ÉVÊQUE GUILLAUME 
§ 1 " 

Des Monastères. 

Guillaume avait appelé dans son diocèse les moines 
de Grandmont et son choix fut applaudi du peuple qui 

(1) Le seigneur de Gien devait même à l’église d’Auxerre un 
cierge de 100 livres pesant, chaque année, au jour de Saint- 
Etienne. 

(2) Origine des fiefs. 


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30 


GUILLAUME DE TOUCf 


1 


donna à ces religieux le surnom de Bons-Hommes (1) 
en reconnaissance de leur généreuse hospitalité. Il 
construisit pour eux le monastère de Fontenoy, à l’imi- 
tation de saint Germain, son illustre prédécesseur, qui 
avait bâti le monastère de Saint-Côme, pour proposer 
aux fidèles l’exemple des vertus solides qui se prati- 
quaient alors dans ces maisons de prières, de travail et 
de charité. 

Guillaume donna des preuves de sa générosité à tous 
les monastères de son diocèse, et ses donations avaient 
pour but d’assurer aux moines l’indépendance, de pour- 
voir au service des autels et aux besoins des pauvres 
ainsi qu’à la bonne administration des paroisses. 

L’évêque avait prié l’abbesse de Crisenon de recevoir 
au nombre de ses religieuses trois demoiselles orphe- 
lines et pauvres, filles de Pierre de Gurgy, chevalier. 
L’abbesse y avait consenti, bien que les religieuses fus- 
sent alors nombreuses et le monastère peu riche. Mais 
Guillaume ne voulut pas que cet acte de générosité fût 
une charge pour la maison. Dans une charte datée de 
1179, il s’engage à donner un muid de froment pour la 
nourriture de ces trois religieuses, et stipule que, l’une 
d’elles venant à mourir, l’abbaye ne recevra plus que 
huit sextiers, quatre seulement à la mort de la seconde, 
et enfin la rente s’éteindra par le décès de la troisième. 


(1) Elisabeth, mère du seigneur de Toucy, donne aux Bons- 
hommes demeurant près de Saint-Maurice, 20 sols sur le cens 
de Champlay, et la moitié d’un muid de froment, et la moitié 
d’un muid d’orge sur la grange du môme lieu (1170). — Cart. 
de V Tonne. 




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ÉVÊQUE D’AUXERRE. 31 

Quant à leurs vêtements, nous et nos successeurs, dit- 
il, serons chargés d’y pourvoir (1). 

Le chroniqueur Fromond et, après lui, l’abbé Lebeuf 
font une longue et un peu fastidieuse énumération des 
libéralités de Guillaume et passent sous silence le fait 
qu’on vient de lire. Nous rapporterons au contraire avec 
bonheur les traits touchants qui nous révèlent la bonté 
du cœur de notre évêque et nous le font aimer parce 
qu’ils le montrent le protecteur des faibles et le père 
des orphelins. 

Bien que l’abbaye de Crisenon reçût quelques dona- 
tions de la piété des fidèles (2) et de la reconnaissance 
des parents dont les filles vivaient en cette maison (3), 
elle était alors dans de grands embarras causés par le 
manque de ressources'. Dans une visite qu’il faisait au 
couvent, les religieuses exposèrent à l’évêque Guil- 
laume comment elles avaient été réduites à donner une 
interprétation contestable au testament d’une dame leur 
bienfaitrice, inhumée à Crisenon. Cette dame était 
Garna, sœur de Ithier de Toucy. Elle avait suivi les 
traditions de sa famille et fait pendant sa vie beaucoup 
de bien au monastère. En mourant elle légua au cou- 
vent 80 besans et 18 marcs d’argent avec plusieurs au- 

;i) Dom Viole. De l’abbaye de Crisenon. 

(2) Le comte de Guy, du consentement de sa mère Ida, légua 
aux religieuses de Crisenon 100 sols de rente, pour acheter 
des chemises ou sargeltes. — Dom Viole. 

(3) Aremburge de la Ferlé donna à l’abbaye de Crisenon 
tous ses droits sur un four situé à Auxerre, à la porte Féchelle 
(1177). La dame de la Ferté avait d'eux filles dans ce monas- 
tère. 


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GUILLAUME DE TOUGY 


32 

très choses, pour que le tout fût converti en un fonds 
dont le revenu serait consacré à la vêture des reli- 
gieuses. Or en ce temps-là le monastère avait beaucoup 
de dettes. Toutes les religieuses réunies furent d’avis 
d’employer l’argent que leur avait laissé la dame Garna 
à l’extinction de leurs dettes et d’affecter à l’entretien 
des religieuses les revenus qu’elles retiraient de leurs 
biens de Varzy. Guillaume en passa acte l’an 1178 (1). 
Il leur fit don de vingt sols de cens et sept livres de 
rentes sur l’église de Monestreau ; il leur donna aussi 
la présentation (2) du curé de cette église et cinquante 
sols de rente sur le tonlieu (le marché) d’Auxerre, pour 
être employés à la nourriture des religieuses malades ; 
des vignes et des prés à Mailly et la moitié des menues 
dîmes de Leugny. Il y ajouta le tiers de la menue dîme 
de Sementron, les religieuses en possédaient déjà un 
autre tiers : Gauthier de Toucy, qui en était en posses- 
sion, y donna son consentement (1179). 

On se rappelle les donations considérables que firent 
à Guillaume le comte de Nevers et sa mère. Guillaume 
appliqua cette aumône à la fondation d’une chapelle 
qu’il éleva dans l’église cathédrale, devant la grand’croix, 
sous le titre du crucifix, de saint Jean l’Évangéliste, 
saint Laurent, martyr, saint Gilles et des saints Gyr et 
Juiitte dont il mit des reliques dans l’autel. Il créa deux 
chapelains chargés d’y célébrer tous les jours, chacun à 

(1) Dom Viole. — Cart.de l’Yonne. 

(2) Présenter, en jurisprudence canonique, signifie nommer 
une personne capable à l’évêque ou au collateur, pour être 
pourvu d’un bénéfice (Dictionnaire de Trévoux). Le présenté 
ne l'était pas gratuitement. 


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33 


ÉVÊQUE d’aüXBRRR, 

son tour, la messe pour le repos de l’âme de Guy et 
du comte son père. Il dota ces chapelains auxquels il 
assigna un muid de froment et un septier de fèves à 
prendre dans la grange de Gy-l’Évêque, douze muids 
de vin, à savoir : six de blanc et six de clairet, à 
prendre au pressoir et cellier d’Auxerre ; 6 livres de la 
monnaie d’Auxerre, sur les deniers des croix de Varzy, 
et dix livres de cire pour l’entretien du luminaire paya- 
bles sur le tribut de la foire de Tannes qu’il avait établie 
depuis peu à Auxerre. 

Les chanoines de Sainte-Eugénie de Varzy, en recon- 
naissance des bienfaits qu’ils avaient reçus de Guil- 
laume, célébraient tous les ans son obit, ainsi qu’il était 
écrit dans l’obituaire, le 26 février (1). 

L’église de Saint-Père d’Auxerre n’était qu’un 
doyenné; Guillaume l’érigea en abbaye et y installa des 
chanoines réguliers de l’ordre de Saint- Augustin (2). Il 
leur donna l’église de Venouze et la chapelle de Rou- 
vray , et le pape Alexandre III confirma ce changement 
et ces donations le 25 février 1174 (3). 

L’église de Saint-Jean-le-Rond, près de la cathédrale, 
qui fut rebâtie du temps de Guillaume, le fut en grande 
partie des deniers du généreux prélat. 

Les religieux de Notre-Dame-la-d’Hors se trouvaieut 
à l’étroit dans leur monastère, et le silence de leur 

(1) . Dom Viole. Mns. bibliolh. d’Auxerre. — IV. Calendas 
marlii Ouillelmus botta memoria de Narbona, Episcop. Autissiod. 
qui lenerrime dilexit Kanc ecclesiam, et pro nobis ab eo collatis 
bonis tenemur facere anniversarium suum. 

(2) Carlul. de l’Yonne. L’abbé Lebeuf. 

(3) Cartul.de l’Yonne. 

Sc. hist. 3 


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34 


GUILLAUME DE TOUCY 


retraite était troublé par les bruits de la ville. L’évêque 
Guillaume affectionnait beaucoup ses religieux qui, de 
l’ordre de Prémontré, menaient une vie monastique 
exemplaire sous la conduite de leur abbé Milon de 
Trainel, très-saint personnage ; il hâta par ses libéra- 
lités la construction du nouveau monastère que ces 
moines bâtissaient au faubourg de Saint-Marien, sur la 
rive droite de l’Yonne, et les y transféra dès les pre- 
mières années de son épiscopat (1). Guillaume visitait 
fréquemment le monastère de Saint-Marien ; il aimait à 
s’y recueillir. C’était là que dans les combats qu’il eut 
à soutenir et dans les médiations confiées à sa justice, 
il venait puiser des forces et des lumières. Lorsqu’éclata 
entre le roi Henri II et l’archevêque de Cantorbéry 
cette grande querelle qui troubla profondément l’Église 
d’Angleterre et émut le monde catholique, c’était là que 
Guillaume venait méditer sur les moyens de rendre la 
paix à l’Église et qu’il écrivait cette lettre sévère dans 
laquelle il dénonce au pape celui qu’il croyait l’auteur 
de ce regrettable conflit (2) ; c’était là qu’il voulait 
mourir ! Guillaume fit à ce monastère de grandes libé- 
ralités qui se trouvent presque toutes consignées dans 
une Charte de 1176 et dans son testament. Il donna 
donc aux religieux de Saint-Marien la moitié de la 
cense de Vincelles, des terres qu’il avait achetées à 
Taingy, et plusieurs biens tant au-dedans qu’au dehors 
des murs de la ville. Il leur donna l’église de Vincelles 

(1) 16 octobre 1869. 

(3) Guillaume de Toucy regardait Thomas Becket comme 
l'auteur de celte discorde. 


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36 


ÉVÊQUE d’aUXBRBE. 

avec le droit de présentation, ainsi que le même droit à 
la cure de Saint-Martin, proche leur monastère, et à 
celle de Taingy. Il leur abandonna une portion de ter- 
rain qui se trouvait entre l’église de Notre-Dame-la- 
d’Hors et les murailles. En outre les religieux reçurent 
de lui les églises de Leugny et de Moulins, la présenta- 
tion à ces deux cures, 40 sols de rente sur ces deux 
églises et une terre située devant leur moulin de 
Gurgy ; il leur fit don aussi des menues dîmes de Mont- 
butois, de Vauvelles et de Faïel, que le curé d’Ouanne 
{capellanus de Oona) avait achetées et remises entre ses 
mains (1). 

L’évêque Guillaume, qui comblait de ses dons toutes 
les églises de son diocèse, ne pouvait pas oublier le cha- 
pitre de sa cathédrale. Il lui avait déjà donné la moitié 
du bénéfice de l’église de Bazames; à son lit de mort il 
lui fit donation de l’église de Saint-Bris; à la charge de 
prendre 100 sols sur le revenu pour être distribués 
partie aux chanoines et aux prêtres de Saint-Étienne 


(1) Cartul. de l'Yonne. Charte de 1811. 

Guillaume passa pour les mômes religieux un acte conte- 
nant vente à l'abbaye de Saint-Marien, par Garnier, fils de 
messire Robert, prévôt, d'une saunerie située au marché 
d’Auxerre. Cet acte, qui porte à tort dans le Cartulaire la date 
de 1181 (il est de 1180), est rédigé avec la plus grande clarté et 
la plus grande précision : la garantie delà part du vendeur y 
est poussée à l’extrême. La femme et les enfants donnent leur 
consentement ; on se porte fort pour un frère qui est à Jéru- 
salem, et en cas de mort du frère, on se porte fort pour ses 
héritiers. Cet acte est un curieux et excellent modèle à 
étudier. 


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36 


GUILLAUME DE TOUCY 


qui assisteraient à son anniversaire, et partie aux pau- 
vres (1). 

« Bref, dit Fromond, il n’y a aucune église conven- 
« tuelle du diocèse d’Auxerre qui ne soit obligée de 
« célébrer tous les ans solennellement son obit pour les 
« bienfaits qu’elle en a reçus. » 

Ce concert de prières a cessé, et pas une église ne 
prie aujourd’hui pour le grand bienfaiteur des églises ! 

§ 2 

L’ancienne cathédrale d’Auxerre. 

L’église de Saint-Étienne elle-même a oublié la mé- 
moire de Guillaume de Toucy. Et pourtant, plus que 
toute autre elle avait reçu des preuves de son affection. 
Les premières largesses de Guillaume, aussitôt après 
son élection, avaient été pour elle, et depuis il ne cessa 
de la combler de ses bienfaits; ce luxe qu’il avait 
répudié pour lui-même, il le voulait pour son église. Il 
lui donna un calice d’argent du poids de iv marcs, doré 
dedans et dehors, des tuyaux (2) ( canulas ) d’argent, et 
des bassins de même matière ; il lui donna un bénitier 
d’argent du poids de viii marcs, des vêtements sacer- 
dotaux, deux aubes admirablement travaillées avec les 
étoles et les amicts précieux, une tunique avec la dal- 
matiquè, et une chasuble dont l’orfroi (3) ( aurifrigium ) 

(1) Le Chapitre de la cathédrale resta en possession de 
l’église de Saint-Bris jusqu’à la Révolution. 

(2) Ces tuyaux servaient pour la Communion 60 us les deux 
espèces (N. d. E. de l’abbé Lebeuf). 

(3) L'orfroi est une broderie riche d’or ou de soie qu’on met 


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ÉvèouE d’auxbrre. 37 

était magnifique, des livres et généralement tout ce 
qti’il avait dans sa chapelle. Il lui donna en outre un 
orfroi si beau, qu’après sa mort on en orna deux cha- 
subles. 

Mais Guillaume ne se contenta pas d’enrichir le trésor 
de sa cathédrale, il éleva à l’intérieur de l’éghse, devant 
le crucifix, cette chapelle dont nous avons parlé, et 
accomplit dans la crypte d’importants travaux. On sait 
que la crypte de l’ancienne cathédrale d’Auxerre, qui a 
été conservée et forme la base de la cathédrale actuelle, 
était une église souterraine. Des restes de peinture 
murale atteste que cette église a été décorée par le goût 
artistique de nos anciens évêques. Les vestiges des 
deux fresques qui s’y voient encore aujourd’hui, parta- 
gent les archéologues, qui en recherchent la date pré- 
cise; les uns veulent qu’elles soient de la fin du xi° 
siècle, les autres prétendent qu’elles sont du xii 6 
siècle (1) ; ce serait se ranger de l’avis de ces derniers 
que de les attribuer à Guillaume de Toucy, l’ami éclairé 
des arts. Cet évêque, en effet, fonda dans cette crypte, 
du côté de l’évêché, un autel qu’il consacra sous le titre 
de Saint* Paul, des saints Cyr et Julitte, de Saint-Ger- 
main et de sainte Marie-Madeleine. « Et de cette cha- 
« pelle sont obligés d’avoir soin les chanoines de Notre- 
« Dame-de-la-Cité, disant tous les jours la messe pour 
« ledit évêque et pour son aumônier (2). » Guillaume 

sur les bords d’une chappe ou pluvial, d’un parement d’autel, 
etc. 

(1) Voir la conférence de M. Chérest sur la Caluédrale 
d’Auxerre. 

(2) Fromond contribua à la donation de cette chapelle. 


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38 


GUILLAUME DE TOUCY 


dota également l’autel de Saint- André qu’il construisit 
dans la même crypte. 

Mais toutes ces créations sont peu de chose si on les 
compare à la vaste entreprise qu’il forma et qu’il exécuta 
rapidement, de réparer et de reconstruire sa cathédrale 
presque tout entière. Il rebâtit le pignon de la façade 
et le pignon de l’est; il refit tout l’entablement, toute la 
corniche de l’église. « Il substitua aux profils, aux 
« modifions grossiers de l’église romane primitive un de 
« ces chefs-d’œuvre de sculpture dont Vézelay fournit 
« plusieurs types (1 ) . » Il renouvela les poutres et la char- 
pente de l’édifice qu’il recouvrit de tuiles plombées. Et 
le chroniqueur de Guillaume de Seignelay est évidem- 
ment dans l’erreur quand il avance qu’en 1215 cette 
église tombait de vétusté (senio laborare). Non, cette 
cathédrale était, au contraire, solide et presque neuve, 
et Guillaume de Seignelay la jeta par terre uniquement, 
comme le dit M. Ghérest, pour avoir le plaisir de la 
reconstruire. 

La cathédrale ancienne était flanquée de deux clochers 
que Guillaume de Toucy consolida et qu’il couvrit avec 
luxe : ces deux monuments devaient survivre à la 
destruction de l’édifice ; Guillaume de Seignelay parait, 
en effet, avoir eu l’intention de les conserver et d’en- 
richir de ces deux clochers romans sa cathédrale go- 
thique (2). 


(1) M.. A* Ghérest. Loc. cit. 

(2) 0*5“ sait que ces deux clochers se sont écroulés par la 
faute d’un architecte. 


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ÉVÊQUE D’AUXERRE. 


39 


V 

GUILLAUME MAGISTRAT 

Les éditeurs des Mémoires sur le diocèse d’Auxerre 
ont su réunir dans une note les traits sympathiques dés 
prélats qui furent au moyen Age l’honneur de notre 
église. « Hommes du pays, disent-ils, riches et puis- 
« sants, qui comblaient leur clergé de bienfaits, qui 
« passaient leur vie dans leurs domaines et dont les rela- 
« tions avec leurs ouailles étaient pour ainsi dire fami- 
« lières (1). » Certes, Guillaume de Toucy était un de 
ces évêques. Il a toujours vécu dans son diocèse, attentif 
k veiller sur le troupeau qui lui était confié ; il fallut, 
pour l’en faire sortir, le sacre du roi Philippe-Auguste 
et le concile de Latran. A part ces deux voyages de 
Reims et de Rome et quelques courses qu’il fit à Sens 
pour les besoins de son église, il demeura toujours dans 
l’Auxerrois. Ses relations avec son peuple étaient con- 
tinuelles, facilitées par la simplicité qui était une de ses 
vertus, et aussi par les devoirs mêmes de sa charge, 
car Guillaume est un de nos derniers évêques — s’il 
n’est pas le dernier — qui aient rendu la justice. « De 
« son temps les évêques décidaient encore eux-mêmes 
« les causes ecclésiastiques sans qu’il fût encore men- 
« tion d’officiaux, ni que les doyens s’en mêlassent si 
« avant, comme ils firent peu de temps après dans le 
« diocèse d’Auxerre (2). » Guillaume honora cette 
magistrature et la fit aimer. C’était encore le beau 

(1) MM. Challe et Quantin, p. 462. 

(2) Dom Viole. Mns. 


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GUILLAUME DE TOUCT 


40 

temps de la justice ecclésiastique. « Les justiciables, 
« dit M. Batbie, avaient recherché les tribunaux de 
« l’Église, plus éclairés, plus soucieux des droits des 
« parties que les tribunaux laïques, et ceux-ci n’avaient 
« pas réclamé contre des usurpations que l’opinon 
« publique consacrait (1). » 

Pour épargner à ses diocésains la fatigue des voyages 
et les dépenses des procès, Guillaume se transportait 
lui-même sur les lieux et tenait assez fréquemment les 
jours et assises. Il allait souvent à Varzy à cause 
de la distance de ce fief à Auxerre; il y tenait ses 
audiences dans le cloître de sa cour épiscopale. Une 
charte de 1175 nous fait entrevoir la solennité de ces 
plaids, en nommant quelques-unes des personnes qui 
assistaient l’évêque Guillaume de Toucy : Guillaume, 
abbé de Bouras ; Geoffroy, abbé de Saint- Laurent ; 
Odon, abbé de Saint-Père; Renaud, Richard et Geoffroy 
de Chanquoil, chanoines d’Auxerre ; Rodolphe et Fro- 
mond, ses clercs ; Pierre, trésorier de Varzy et d’autres 
chanoines de la même collégiale. Il n’est fait mention 
que des ecclésiastiques et la charte passe sous silence 
les seigneurs vassaux des environs qui s’y trouvaient 
très probablement. En effet, ce cérémonial antique a 
été en partie retenu par les délégués des évêques ; et 

(1) Traité théorique et 'pratique de Droit public et adminis- 
tratif, par A. Batbie, t. III, p. 46. 

Les usurpations commencèrent bientôt, avec les officiaux ; 
et nous trouvons dans DuTillet que Jean 1 er , baron de Toucy, 
était au nombre des seigneurs français qui firent leurs plaintes 
au pape Grégoire IX, des abus que commettaient les prélats au 
sujet de leur juridiction. 1235. 


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ÉVÊQUE D’AUXERRE. 41 

nous trouvons à ce sujet que, dans la châtellenie de 
Toucy, tous les seigneurs mouvants tant de l’évêque 
que du baron de Toucy, étaient tenus d’y comparaître 
en personne ou par procuration spéciale, à peine de 60 
sols tournois d’amende contre les défaillants ; tous les 
habitants de la ville et faubourgs et paroisse de Toucy 
étaient également tenus d’y comparaître, à peine de 
8 sols tournois d’amende ; il n’y avait d’exception que 
pour les tonsurés et les veuves des tonsurés. 

Ces plaids des délégués des évêques ne devaient pas 
avoir plus de solennité que ceux tenus par 1 évêque en 
personne. 

En présence de cette imposante assemblée, l’évêque 
entendait les plaideurs, conciliait les parties ou tran- 
chait les différends. Il recevait aussi les actes de vente, 
de donation, d’échange, de ratification, etc., etc. Il était 
à la fois le juge et le notaire des habitants. 

Deux actes, souvenirs des plaids de Varzy, sont par- 
venus jusqu’à nous. Dans l’un (1175), Milon de Sau- 
vignes et ses frères reconnaissent avoir donné à l’abbé 
et aux religieux de Bouras, moyennant néanmoins la 
somme de 70 livres de la monnaie d’Auxerre, la métairie 
de Chéu qu’ils ont en même temps prise à ferme des- 
dits abbé et religieux, moyennant un fermage de 6 sols 
payables chaque année à Varzy, les jour et fête de Saint- 
Germain, en la monnaie qui aura cours à Varzy. 

Dans le deuxième (1178), Hugues de Mont-Gibaud, 
sa femme et son frère, ratifient une donation faite depuis 
longtemps par Hugues de Til à l’abbaye de Bouras. Le 
sceau appendu à cette dernière charte est oval, avec la 
figure d’un évêque debout, une mitre sur la tête en 


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42 


GUILLAUME DE TOUCT 


forme ronde, la crosse à la main droite, avec ces paroles 
autour du sceau : Sigillum Guillelmi, episcopi Autissiodo- 
rensis. 

Aujourd’hui, à Varzy, là où fut le cloître-prétoire de 
l’évêque-magistrat, s’élève la statue du grand juriscon- 
sulte Dupin ! 

Cette application constante de Guillaume à remplir 
tous les devoirs de l’épiscopat, sa charité, sa générosité, 
sa justice, lui avaient concilié les bonnes grâces de tout 
le monde, du roi, des prélats, des seigneurs et du 
peuple. « Et avait cette coutume le roi Louis VII, quand 
« il parlait de lui, de dire qu’à son avis Guillaume de 
« Toucy, évêque d’Auxerre, était un des meilleures . 
« prêtres qui furent eu tout son royaume (1). » 

La fin de la vie de ce grand homme, dit l’abbé. 
Lebeuf, répondit à la sainteté de sa conduite dans 
l’épiscopal. Ce fut au commencement d’octobre 1180 que 
Guillaume se sentit atteint de la maladie qui devait le 
mener au tombeau. Il se fit aussitôt transporter à l’ab- 
baye de Saint-Harien qu’il avait choisie pour le lieu de 
sa sépulture ; et son mal ayant augmenté au commen- 
cement de l’hiver, il fit demander Thibaud, évêque de 
Nevers, avec lequel il était lié d’amitié, Girard, abbé de 
Vézelay, son cousin, et quelques dignitaires et chanoines 
d’Auxerre, en présence desquels il fit son testament (2). 

Quand le bruit se fut répandu dans le diocèse que la 

(1) Dom Viole. Mns. 

(2) Il fit par ce testament une grande partie des donations 
que nous avons rapportées plus haut. Il ordonna aussi de 
vendre les provisions de bouche et les troupeaux de ses 
maisons des champs et d'en consacrer le prix à l’acquit des 


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43 


ÉVÊQUE D’AUXERRE. 

vie du saint évêque touchait à sa fin, la désolation fut 
universelle. Chacun voulait contempler encore une fois 
son visage, recevoir une dernière bénédiction, recueillir 
encore quelques-unes de ses paroles. La foule se pres- 
sait à sa porte. Guillaume reçut tout le monde ; jamais 
il ne témoigna aucun ennui de ce surcroit de fatigue. Il 
s’entretenait avec chacun, il se montrait très-touché de 
la sympathie dont il était l’objet ; s’il suppliait ceux qui 
le venaient visiter de demander à Dieu pour lui la grâce 
d’une bonne mort; ce désir lui était familier, même lors- 
qu’il était en bonne santé et que les pauvres se pressant 
autour de lui, lui souhaitaient une longue et heureuse 
vie, « Ne demandez point cela à Dieu pour moi, leur 
« disait-il, mais seulement qu’il m’accorde la grâce d’une 
« bonne mort. » 

Lorsqu’il sentit qu’il ne lui restait plus que peu de 
temps à vivre, il appela auprès de son lit ses officiers 
et ses serviteurs et leur demanda par.lon de toutes les 
peines qu’il leur avait causées, et lui, de son côté, leur 
donna l’absolution des fautes qu’ils pouvaient avoir com- 
mises envers lui. Il leur distribua le peu qui lui restait, 
car il avait tout donné, jusqu’à ses vêtements sacerdo- 
taux. Ayant ensuite mandé le doyen et les chanoines 
de son église cathédrale : « Mes enfants, leur dit-il, je 
« vous en conjure, restez toujours unis. Aussitôt que 
« vous m’aurez mis en terre, faites savoir au roi la nou- 
« velle de ma mort et demandez-lui la permission accou- 
« tumée en telle circonstance, d’élire un autre évêque. 

dettes qu'il avait contractées, soit pour nourrir les pauvres, 
soit pour agrandir scs domaines. 


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U 


GUILLAUME DE TOUCY 


« Alors assemblez-vous sans délai; choisissez pour 
« évêque une personne honnête, lettrée et vertueuse. 
« Tout retard vous porterait un grand préjudice (1). » 
Simple dans sa mort comme il l’avait été dans sa vie, il 
leur demanda a être inhumé dans les plus chétifs habits 
sacerdotaux de la cathédrale. Puis il reçut l’absolution 
des mourants, bénit les chanoines et les congédia. 

Guillaume avait désiré être assisté de son métropoli- 
tain, Guy de Noyers, qui s’empressa de venir auprès de 
lui. Il lui recommanda ses neveux et toute sa famille 
comme à son seigneur et « cousin (2), » et l’archevêque 
l’assura que dès lors il les prenait sous sa protection. 

La nuit suivante, comme il était près d’entrer en 
agonie, on lui demanda s’il ne voulait pas mourir sur 
la cendre et le cilice, comme au lit d’honneur des géné- 
reux soldats de Jésus-Christ. Il manifesta que c’était 
son désir. Guillaume fit comme il put le signe de la 
croix sur ce lit qu’on lui avait préparé et sur lequel on 
le porta solennellement : les clercs et les religieux chan- 
taient les psaumes et les litanies, et l’évêque y répondit 
jusqu’à ce que la parole lui manquât. Peu de temps 
après il expira doucement, en présence des religieux 
de Saint-Marien qui étaient venus le visiter conven- 
tuellement à la sortie de leurs matines, un peu après 
minuit. C’était le 27 février 1181. 

(t) L’élection qui suivit excita de grands troubles qui du- 
rèrent longtemps et causèrent beaucoup de dommages à 
l’église d’Auxerre. 

(2) M. A. Ghérest a remarqué aussi que la famille de Noyers 
était alliée à celle des seigneurs de Pierre-Perlhuis qui étaient 
de la maison de Toucy. — Etude sur Vézelay. 


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ÉVÊQUE DAUXERRE. 45 

Son corps fut revêtu des habits sacerdotaux et des 
marques de l’épiscopat. On lui lava le visage avec du 
baume et on le transporta dans l’église de l’abbaye où 
le lendemain matin toute la ville d’Auxerre accourut 
pour lui dire le dernier adieu. On n’entendait que 
gémissements et sanglots, chacun pleurant en lui un 
véritable père. Il n’avait point le visage d’un mort, mais 
son teint était resté vermeil, et l’on eut dit qu’il dor- 
mait. 

L’archevêque Guy de Noyers fit l’office des funé- 
railles ; et pour montrer le sentiment qu’il avait de la 
béatitude de notre évêque, il se mit à genoux devant 
le corps « et baisa dévotement les gants et sandales 
« qu’il avait aux mains et aux pieds, ce que firent plu- 
« sieurs à son exemple. » On descendit le corps de 
Guillaume dans un tombeau de pierre, au côté gauche 
du sanctuaire de l’église. Hugues, archidiacre de Sens, 
son neveu, lui éleva un tombeau enrichi de sculptures ; 
mais pendant les guerres de la Ligue l’église et le tom- 
beau furent détruits. 

L’abbé Lebeuf raconte comment il découvrit le corps 
de l’évêque Guillaume de Toucy en l’année 1714 (1). 
On trouva dans le tombeau de l’évêque un sceau en 
cuivre rouge qui paraissait avoir été cassé avec une 
hache, ony lisait : Sigillum Guillelmi, episcopi Autissiodori. 
C’est le même sceau que nous avons vu appendu aux 
chartes données par Guillaume de Toucy. Aujourd’hui 
les restes de cet évêque reposent dans un petit tom- 

(1) V. Mémoires déjà cités, et Mercure de France, lettre à 
M. de la B... 


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GUILLAUME BE TOÜCY 


46 

beau de pierre, à droite du sanctuaire de l’église cathé- 
drale. 

La France Pontificale rapporte que Guillaume et l’ar- 
chevêque Hugues, son frère, portaient : de gueules à 
trois pals de vair, au chef d’or, chargé de quatre merlettes 
de gueules. Ges armes, que l’on représente généralement 
comme étant celles de la famille de Toucy, ont certai- 
nement été portées par Othon de Toucy, amiral de 
France. 


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NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES 

DE LA COLLECTION DE BASTARD ET D’AUTRES LETTRES 
DE LA BIBLIOTHÈQUE D’AUXERRE. 

Par Max. Quantin. 


Messieurs, 

Vous connaissez tous la belle collection de livres sur 
le département que nous devons à la libéralité de M. le 
comte de Bastard, de si regrettable mémoire. Mais ce 
que peu de personnes ont été à même d’apprécier, c’est 
la collection manuscrite qui accompagne cette biblio- 
thèque. J’ai pu juger de son importance en en faisant le 
catalogue, qui sera, je l’espère, publié prochainement, 
et qui révélera des trésors de documents inédits sur le 
département. 

Au milieu de ces compilations, je suis tombé sur un 
portefeuille rempli d’autographes de divers personnages 
et de lettres fort curieuses de citoyens du département 
de l’Yonne, adressées au fameux Palloy, architecte, 
pour lui demander des modèles de la Bastille en 1790. 
J’ai retrouvé aussi à la Bibliothèque un fascicule d’autres 
autographes recueillis par moi-même, depuis longues 
années, de divers côtés et de personnes généreuses. 


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48 NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 

Le temps est venu pour moi de mettre en ordre tous 
ces documents et je le fais avec un double plaisir. Je 
me reporte au temps et aux circonstances où ces auto- 
graphes m’ont été donnés et je trouve en les relisant 
tout l’intérêt que j’y avais déjà pris. J’en ai détaché 
quelques-uns que je vais avoir l’honneur de vous com- 
muniquer. J’espère que vous partagerez le plaisir que 
j’ai eu en les recueillant. 

N® 1 . — Lettre de l’abbé Tuet, professeur au collège de 
Sens, auteur d’un livre curieux ayant pour titre Les 
Matinées sénonaises, d Merlin, ministre de la justice 
pendant la Révolution (30 fructidor an II), donnée par 
M. de Bas tard. 

L’abbé Tuet, détenu à Sens en sa qualité de prêtre, 
pendant la Terreur, sollicite du ministre, après le 
9 thermidor, la faveur d’être jugé avant d’autres prison- 
niers. Il lui rappelle les relations épistolaires qu’il a 
eues avec lui en 1 790 et se recommande de ce souvenir. 
Sa santé mauvaise et son innocence, tout milite en sa 
faveur. 

En lui retournant sa lettre, Merlin lui répondit froide- 
ment et en deux mots « qu’il avait envoyé son mémoire 
« au comité de sûreté générale, seul chargé de statuer 
« sur de semblables réclamations. » 

On voit dans cet échange épistolaire que le tutoiement 
était alors pleinement à l’ordre du jour. 

égalité, liberté. Sens, le 30 fructidor an II 

de la République une et indivisible. 

Citoyen représentant du peuple, 

Une lettre dont tu m’honoras en 1790 comme président de 


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NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 49 

l’Assemblée constituante, et que j’ai cru pouvoir citer dans le 
mémoire ci-joint, m’enhardit à t’adresser ce mémoire avec les 
pièces justificatives. Je te demande pour première grâce de vou- 
loir bien le lire tout entier; ensuite de le communiquer au 
comité de sûreté générale, enfin (et ce dernier point est le plus 
essentiel pour moi), de l’appuyer de ton crédit. Je connais tout 
le poids de ce crédit, toute la solidité de ses bases; et je suis sûr 
du triomphe de ma cause, pour peu que tu ayes la bonté de t’y 
intéresser. Et pourquoi ne t’y intéresserais tu pas? Je n’ai point, 
il est vrai, le bonheur de te connaître ; mais je suis malheureux 
sans l’avoir mérité ; c’en est assez pour me concilier ta bienveil- 
lance, car tu es juste, humain et ami de la vérité. 

Je ne craindrois qu’une chose si, sous tes ailes, j’avois quel- 
que chose à craindre, c’est que ma qualité de prêtre ne reculât 
l’instant de ma délivrance. Le comité a sans doute raison de 
renvoyer le jugement des prêtres en réclusion après celui des 
autres détenus. Mais il n’y a pas de loi sans dispense ; et le 
comité a vraisemblablement plus d’une fois dérogé à celle-ci en 
faveur d’innocens qu’elle frappoit, mais qui depuis longtemps 
étoient détenus au préjudice notable de leur santé. C’est le cas 
où je me trouve, citoyen : me rendre incessamment la liberté, 
c’est me rendre la vie. 

Au reste, je remets mon sort entre les mains. Telle est ma 
confiance en ta sagesse, tel est le prix que j’attache à ta bien- 
veillance, qu’un peu plutôt ou un peu plus tard je me regarderai 
comme très heureux d’être élargi, si j’ai le bonheur de l’être par 
toi. 

Daigne agréer, citoyen, l’hommage, de ma reconnaissance 
comme mon libérateur, et celui de mon respect comme repré- 
sentant du peuple. 

Signé : Tuet. 

N° 2. — Lettre intéressante de Joseph Villetard , né à 
Auxerre le i 8 mai 1771, poète , ancien secrétaire 

Sc . hist. 4 


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NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 


d'ambassade à Venise , aux officiers municipaux d' Au- 
xerre, au sujet de la création d'un lycée dans cette ville. 
[Don de M. Saint-Cyr Villetard, fils de l'auteur.) 

Citoyens, 

Les citoyens Pontagni, maire, et Haï, conseiller de préfecture, 
chargés de solliciter à Paris, auprès du Gouvernement, rétablis- 
sement d'un lycée d’instruction publique à Auxerre, ayant été 
obligés de partir avant d’avoir obtenu ce qu'ils demandaient, me 
laissèrent plusieurs exemplaires de leur mémoire, et me char- 
gèrent d’intéresser au succès de leurs, demandes les différentes 
personnes qui pouvaient y être utiles. Parmi ces personnes, celle 
qui a paru y prendre l’intérêt le plus vif a été le général Davout, 
ancien élève de l’école d’Auxerre, qui, sur la rédaction môme de 
plusieurs lettres que je lui présentai à signer, n’hésita point à 
mettre beaucoup d’activité dans cette affaire : il vous a même 
écrit directement depuis à ce sujet. 

Plusieurs généraux, plusieurs membres de l’Institut y ont 
également pris part avec un zèle qui n’eut point été infructueux 
si la commune d’Auxerre eût fait des offres suffisantes. Voici la 
lettre que je reçois d’un des membres de l’Institut, chargé depuis 
très longtemps de la direction générale de l’instruction publique 
en France, et exerçant sur cette partie une influence légitime- 
ment due à ses lumières, sa probité et son patriotisme. 

Il résulte de là qu’il n'y a plus de temps à perdre pour que la 
commune d’Auxerre puisse obtenir un des quatre grands lycées 
d’instruction publique qui restent à organiser. Peut-être n’a-t-on 
point assez senti l’avantage d’un pareil établissement qui donne- 
rait à cette ville une importance beaucoup plus grande que celle 
quelle a jamais eue, et qu elle est menacée de perdre, par l’acti- 
vité des villes qui l’environnent. Si depuis la chute de l 'École 
militaire qui ne renfermait cependant que cinquante-deux élèves 
éduqués aux frais de l’État, elle a perdu quelque chose de sa 


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NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 54 

splendeur sous le rapport des lettres, des sciences et des arts, 
que deviendra-t-elle lorsque l’établissement d une école secon- 
daire déjà florissante à Sens aura sourdement miné l’école cen- 
trale qui lui leste, et ne lui aura plus laissé que quelques écoles 
particulières, estimables sans doute, mais incapables de rivaliser 
par le nombre et les talents des professeurs, par la multiplicité 
des élèves, par l’affluence des pères de famille, par la consom- 
mation des denrées qui eu résulteraient, par l’avancement de la 
civilisation, des villes principales de la France qui auront eu le 
bonheur d’obtenir l’un de ces trente principaux établissements. 

En vain les ennemis des premiers fonctionnaires publics de ce 
pays répandent-ils le bruit que de petites intrigues monacales, 
de petites haines politiques, de petites passions de parti tendant 
à placer tels professeurs plutôt que tels autres à la tête de l’ins- 
truction publique, refroidissent le zèle de la municipalité dans 
cette circonstance importante où Auxerre peut devenir, sous le 
rapport des lumières, une des trente capitales de l’État (si je puis 
parler ainsi) : les hommes, surtout les hommes de parti passe- 
ront, les institutions, surtout les institutions tendantes à civili- 
ser les peuples, resteront pour l'intérêt des cités qui auront eu 
assez de zèle pour les conquérir, et pour la gloire des magistrats 
éclairés qui se seront élevés au-dessus de tous les petits intérêts 
pour se dévouer à Pintérêt général. 

Il reste à savoir si l’état actuel des finances de votre commune 
vous permet de faire en ce moment des sacrifices si avantageux 
dans l’avenir. Pour moi j’offre à mes concitoyens, et à vous qui 
les représentez, toute l’activité de mon dévouement au pays qui 
m’a vu naître, et de ma reconnaissance pour l’école où j’ai reçu 
ma première éducation. 

Je retournerai le 26 à Paris ; si vous jugez à propos de me 
charger de quelques démarches à faire à ce sujet je m’empresse- 
rai de vous en transmettre le résultat. 

Salut, estime et respect. 

Signé : Joseph Villetard. 


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52 NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 

N° 3. — Lettre du maréchal Davout au maire d’Auxerre, 
datée d’OEtting (I), le 15 avril 1806 ( collection de la 

ville). 

Le maréchal, toujours modeste, refuse d’accepter le 
témoignage de haute estime que le corps municipal 
d’Auxerre veut lui donner en lui érigeant un buste en 
marbre. J’ai retrouvé la délibération qui a provoqué la 
lettre du maréchal et je la publierai d’abord pour expli- 
quer la réponse de Davout. 

On verra par ces documents que nos pères nous 
avaient précédés dans l’intention d’ériger un monument 
à la gloire de Davout. Il est regrettable qne ce fait n’ait 
pas été connu au moment où notre honorable président 
préparait les moyens de faire exécuter la statue que 
nous admirons. C’eut été un argument de plus à l’appui 
du succès de l’entreprise. 

Extrait du Registre des délibérations du Conseil municipal 
de la ville d’A uxerre. 

SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1806. 

Projet d'érection d’un Buste au Maréchal Davout. 

Présents : MM. Robinet-Pontagny, maire, président; Bache- 
let, Paradis, Chardon, Lacour, Chateau, Dumas, Duplessis, 
Thierry, Vautier, Martin, Bertrand, Lesseré, Gauthier, Malvin, 
Leclerc, Hay, Duru, Noirol, Marion, Robin. Descbamps et Du- 
crot, secrétaire. 

Monsieur le maire a dit : 

Messieurs, nous avons admiré avec toute la France les pro- 
(1) ŒttlDgen, en Bavière, petite ville sur la Wernitz. 


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NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 


53 


diges inouis par lesquels notre invincible Empereur a terminé en 
trois mois, dans une seule campagne h jamais mémorable, une 
guerre dont l’appareil menaçant semblait devoir embrûser l’Eu- 
rope entière. Parmi les illustres guerriers qui ont partagé la 
gloire du héros qui les menait à la victoire, nous distinguons 
avec une orgueileuse satisfaction M. le maréchal Davout, que 
nous tenons à honneur de regarder comme notre compatriote. 
Si la ville d’Auxerre n’a point eu l’avantage de lui donner la 
naissance, elle a eu celui de le compter parmi les élèves de cette 
célèbre Ecole militaire dans laquelle il a reçu l’éducation distin- 
guée dont il recueille aujourd’hui les fruits précieux et hono- 
rables. C’est au sortir de ce second berceau de son enfance que 
M. le maréchal Davout, à peine adolescent, s’est élancé dans la 
carrière militaire qu’il a parcourue si glorfeusement. En 1792, 
lors de l’invasion du territoire français par les phalanges enne- 
mies, M. le maréchal JDavout vole à la défense de la patrie à la 
tète d’un des bataillons de l’Yonne dont il venait d’être nommé 
lieutenant-colonel; il parvint rapidement de grade en grade à 
celui de général, dont il se montra digne par des succès tnulli- 
pliés dans nos armées d’Allemagne et d’Italie. Il suivit, dans 
cette qualité, l’immortel Napoléon à la conquête d’Egypte, et 
devenu dès lors son fidèle compagnon d’armes, il partagea ses 
triomphes et ses fatigues, sa bonne et sa mauvaise fortune, et à 
son retour de France, il le seconda dans l’exécution de l’heureux 
projet de sauver la patrie. Après la restauration de la France, 
M. Davout suivit encore à Marengo le vainqueur de Lodi, et 
cueillit de nouveaux lauriers à cette fameuse bataille où il 
commandait tn chef la cavalerie. 

Enfin, lorsque les vœux du peuple français portèrent au trône 
impérial le grand homme auquel nous devons notre bonheur et 
notre gloire, M. le maréchal Davout fut comblé par lui d’hon- 
neurs et de dignités qu’il avait mérités à tant de litres ; il ne 
regarda néanmoins ces bienfaits que comme une nouvelle obli- 
gation de redoubler de zèle et de dévouement pour le service de 


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54 NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 

la patrie. Il s’en est montré un des plus fermes appuis dans cette 
dernière campagne, et notamment à la bataille d’Austerlitz, au 
succès de laquelle il a fortement contribué par une manœuvre 
profondément savante et exécutée avec autant de hardiesse que 
d’habileté. Ce combat, qui a consommé l’entière destruction de 
nos ennemis, suffirait seul pour immortaliser le héros intrépide 
qui le commandait en personne, et les braves chefs qui le diri- 
geaient sous ses ordres. Le récit de tous ses exploits a porté 
l'enthousiasme dans les cœurs de tous les bons français, et plu- 
sieurs citoyens de notre ville, persuadés que le Conseil municipal 
s’occuperait dans sa session actuelle de rendre un témoignage 
éclataùt à la gloire dont s’est couvert M. le maréchal Davout, 
ont manifesté le désir de la voir consacrer par un monument 
authentique et durable. Tout vous engage à accueillir ce vœu; 
vous vous rappellerez avec reconnaissance les marques de bien- 
veillance et d’attachement qu’a données à eette ville M. le maré- 
chal Davout, lorsqu il vint, il y a quelques mois, présider le 
collège électoral du département. Il remplit cette honorable 
mission avec une dignité et une aménité qui lui gagnèrent tous 
les cœurs ; il dirigea les opérations avec une douceur et un es- 
prit de conciliation dont tous les électeurs furent également 
satisfaits; il finit par manifester avec le plus sincère dévouement 
son désir d’être utile à ce département et à la ville en particulier. 

D’après cet exposé, Messieurs, je propose au conseil, pour 
répondre au désir prononcé de ses concitoyens, d’arrêter que le 
buste en marbre de M. le maréchal d’empire Davout sera placé 
dans la salle du conseil municipal, avec une inscription où 
seront relatées la date de sa naissance et les principales actions 
de sa vie. 

La matière mise en délibération, le Conseil arrête par accla- 
mation, à l’unanimité ce qui suit : Le buste en marbre de M. le 
maréchal d’empire Davout sera placé dans la salle de l’hôtel de 
ville destinée aux séances du Conseil municipal, avec une ins • 


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NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 55 

cription où seront relatées la date dè sa naissance et les princi- 
pales actions de sa vie. 

La présente délibération sera adressée à M. le Préfet à l’effet 
d'en ordonner Texécution. 

M. le Maire est chargé de transmettre à M. le maréchal Davout 
une copie de la présente délibération avec la plus pressante in- 
vitation d’agréer le vœu du Conseil et des citoyens de la ville 
d’Auxerre. 

Le Maire président, signé Robinet-Pontagny ; le secrétaire 
membre du Conseil, signé : P. Ducrot-Saint-Cyr. 

Œtting , le lbueriV 1806 . 

Monsieur le Maie, 

Votre lettre du 21 février vient seulement de me parvenir de 
Paris, je m’empresse de vous en accuser la réception ainsi que 
de la délibération qui me concerne, en vous exprimant, ainsi 
qu’aux membres du Conseil municipal, toute ma reconnaissance 
et combienje suis vivement touché et flatté de tout ce que con- 
tient d’honorable pour moi cette délibération. Je vous prierai 
aussi de leur faire connaître que, toute modestie à part, je dois 
refuser ce témoignage éclatant qu’ils veulent me donner de leur 
estime et de leur affection, étant encore bien loin d’en avoir 
mérité de cette nature. 

Le but. de toute ma conduite sera toujours de chercher à mé- 
riter la bienveillance et l’estime de mon souverain, le suffrage 
et l’affection de mes compatriotes, puissai-je réussir! Puisse ma 
mémoire leur être chère, mon dévouement et ma fidélité 
sans bornes pour notre auguste empereur Napoléon-le-Grand > 
mon amour pour sa belle gloire et ma patrie, être cités à la 
jeunesse de l’Yonne ; voilà mon ambition et les souvenirs que je 
veux laisser de moi. 

Je désire aussi vivement, Monsieur le Maire, seconder votre 
vœu, et parvenir à faire rétablir cette école d’Auxerre, heureux 


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56 


NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 


si je réussis à acquitter une obligation que j’ai contractée à une 
époque qui me sera toujours bien chère, celle où j’ai reçu tantde 
marques d’affection de mes compatriotes, à l’époque où j’ai reçu 
l’honorable mission d’aller présider le collège électoral du dépar- 
tement. Ce succès me flatterait d’autant plus que je n’oublierai 
jamais l’éducation que j’ai reçue dans cette école, qu’il me serait 
bien agréable de contribuer à faire rétablir pour la jeunesse de 
l’Yonne. 

Veuillez, Monsieur le Maire, faire connaître au Conseil muni- 
cipal ma reconnaissance et en même temps mon désir de ne voir 
donner aucune suite à leur délibération. 

La franchise de mon caractère doit vous garantir la sincérité 
de cette demande. 

J’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Maire, de vouloir 
bien accepter l’assurance de mon estime et de toute l’envie que 
j’ai de vous en donuer des preuves. 

Signé : Le Maréchal L. Dàvout. 

N° 4 . — Lettre d'Âlbéric Deville (1) à P abbé Felex,l'un des 

rédacteurs du Journal de l’Empire, sous l'initiale A..., 

28 avril 1813. ( ColL de la ville , donnée par M . Grasset .) 

Cette lettre fort vive est une réponse à la critique que 
l’abbé Felez avait faite d'un volume publié par Deville 
sous le nom à’Âmoldiana, et qui renferme une collec- 
tion de bons mots de la célèbre actrice Sophie Arnold. 
Deville y a joint une caricature représentant un chat 
avec des oreilles d'âne et écrivant assis devant une 

(I) M. Albéric Deville, un des beaux esprits du lycée de l’Yonne à la 
fin de la République, auteur de poésies légères et professeur d’histoire 
naturelle à l’Ecole centrale de l’Yonne. 11 est le père de notre excellent 
confrère le docteur Deville, de Villeneuve-P Archevêque. 


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57 


NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 

table. A côté de lui sont une bouteille et un verre à 
Champagne et un pâté. Au bas de la gravure on lit ces 
mots : 

« En latin, mon ami, comment t’appelles-tu? » 

Paris , 28 avril 1813. 

A M. A .., l'un des rédacteurs du Journal de l’Empire. 

Monsieur, 

J’ai lu dans le Journal de V Empire du 27 de ce mois la cri- 
tique que vous avez faite de VArnoldiana, et je n’ai point trouvé 
dans cette analyse lourde , embarrassée et incorrecte l'esprit 
léger du sémillant abbé Felez, de ce transfuge de la chanoinerie 
qui, affichant un goût décidé pour le beau sexe, devrait avoir 
plus d’indulgence pour ses compagnons d’armes. 

Vous débutez, Monsieur l’abbé, par blâmer l’épigraphe, que vous 
trouvez insignifiante, quoiqu’elle exprime assez bien le caractère 
de l’héroïne; c’est une première preuve de la mauvaise humeur 
qui vous dominait, lorsque vous avez rédigé cet insipide feuil- 
leton. 

Vous eussiez préféré, dites-vous, le mot contemporains à celui 
de contemporaines. Malheureusement pour votre logique vous 
discutez en pédant vos motifs de préférence, et vous prouvez, 
dans ce paragraphe, que n’ayant jamais produit aucun ouvrage, 
vous ne savez pas même juger un titre. 

La grosseur du volume vous tient au cœur, et vous paraissez 
n’aimer ni les ana y ni les esprits ; rassurez- vous, mon pauvre 
abbé, vos dits mémorables n’enrichiront jamais ces sortes de 
recueils ; et si l’on s’amusait à les rassembler, leur volume çn 
serait fort plat. 

Quoique vous en disiez, beaucoup de personnes qui, comme 
vous, ne connaissaient de Sophie Arnould qu’une douzaine de 
mots piquants et de propos gais, sont bien aises de posséder la 


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58 NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 

collection d’une partie de ses traits d’esprit. Je dis d’une partie 
car on pourrait aisément faire un second volume des saillies 
graveleuses et cyniques qui lui sont échappées. L'Arnoldiana 
ne contient qu’ environ quatre cents anecdotes relatives à Made- 
moiselle Arnould ; ce nombre paraîtra petit quand on songera 
que cette actrice a vécu pendant trente années avec tout ce que 
la ville et la cour offraient de plus aimable et de plus spirituel ! 
quand on remarquera qu’affichant sans cesse le bel esprit, elle 
passait peu de jours sans dire un bon mot; or, dans trente 
années il y a prés de onze raillejours. Mais les gens qui jugent de 
l'esprit des autres par le leur peuvent s’écrier : Qui a dit jamais 
quatre cents bons mots ? 

Vous osez dire, en mauvais français, que l’éditeur ne parle 
pas trop français, et pour prouver votre ridicule assertion, vous 
avez la mauvaise foi de tronquer une de ses phpases, d’en alté- 
rer les mots et d’en faire une construction absurde. C’est une 
petite ruse de guerre qui prouve plus de méchanceté que de 
jugement; mais c’est en même temps la plus douce attribution 
du métier de journaliste. 

La comparaison de cordonnerie répugne à votre délicatesse» 
il parait cependant que vous y avez trouvé chaussure à voire 
pied ; malheureusement vous avez trop allongé la courroie , et 
votre analyse sent un peu le savetier de littérature . 

Vous avez souligné malicieusement certaines expressions équi- 
voques échappées à votre plume, parfois graveleuse, je me suis 
alors rappelé ce passage de T Arnoldiana, qui traite un peu leste- 
« ment « ces êtres amphibies qui n’étaient ni prêtres ni laïcs, 
« connaissaient tout, excepté l’étude et la religion, et qui, sous 
« le nom d’abbés, circulaient dans le monde comme une fausse 
« monnaie. » Mais quand j’ai vu à la fin de votre rapport que 
vous reprochez fort injustement à l’auteur de ÏArnoldiana 
d'avoir cité bon nombre de propos cyniques, je n’ai plus vu dans 
le gentil prestolet qu’un lourd casuiste, blâmant tout ce qu’il ne 
dit pas, et qui, pour vouloir trop prouver, ne prouve rien. 


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59 


NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 

Heureusement, pour la destinée de YArnoldtana , que les jour- 
nalistes ne sont ni les arbitres du goût ni les oracles de la litté- 
rature. Le public n’a point attendu leur opinion pour approuver 
les bons mots de Sophie Arnould ; la vente a été rapide : les feuil- 
letons passeront et l’ouvrage restera. 

Signé : Philana. 

N° 5. — Lettre de U. A. de Longpirier , d M. Ed . Char - 
tofij sur le projet de faire un article sur la découverte 
du monument assyrien de Khorsabad (15 janvier 1 848) 
dans le Magasin pittoresque. ( Donnée par U . Charton). 

Mon cher Monsieur, 

Je suis vraiment reconnaissant de votre souvenir, et j’accepte 
volontiers la tâche que vous me proposez. Gomme vous me le 
dites vous-même, personne n’est en position plus que moi de 
vous donner des renseignements exacts. C’est à quoi se bornent 
mes prétentions. J’ai toutes les dates officielles des différentes 
phases de la découverte faite à Khorsabad. 

J’ai rédigé, d’après les documents ministériels, une relation 
des travaux de Botta et du transport en France des monuments. 
Cette relation, que je conservais pour mon propre usage, est 
assez courte; elle formerait je suppose, environ trois colonnes 
du Magasin ; en y ajoutant deux colonnes de détails sur les 
sculptures, on obtiendrait un tout fort complet. J’ai chez moi la 
description détaillée de tout ce qui a été rapporté. 

Je puis donc, par extraordinaire, vous livrer le travail aussi- 
tôt que vous le voudrez. 

Depuis quelques mois j’ai reçu tant de questions de vive voix 
ou par écrit que je commence à savoir per cœur quels sont les 
points qui intriguent vivement le bon public. 

Ainsi, par exemple, tout le monde me demande ce que c’est 
que l’écriture cunéiforme, et ce que signifie ce mot ; sans faire 


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60 NOTE SUR QUELQUES AUTOGRAPHES. 

les pédants, nous pouvons en graver une ligne que je vous 
donnerai, ce qui fera un grand plaisir aux gens de province. 

Bien des dames m’ont prié de leur écrire quelques caractères 
cunéiformes sur leur pockct-book, et quoique leurs réflexions 
philologiques ne dépassent pas cette idée : « Croirait-on, ma 
« chère, qu’il y a eu des gens qui ont pu s’écrire avec des choses 
« comme çà ! » elles sont enchantées de ce cadeau. 

Quant aux dessins, je m’en rapporte à votre goût éclairé ; il 
faudrait seulement éviter les figures déjà publiées par XIllus- 
tralion , ce qui est facile. 

Celles-ci n’ont pas été copiées dans notre musée. On s’est servi 
de croquis très faibles de M. Flandin. Les profils sont lourds ; les 
membres atroces. Par distraction même, on reproduit (p. 160, 
colonne du milieu), une figure royale que ces Messieurs ont 
laissée annexer par les Anglais, et qui est à Londres. 

Soyez assez bon pour m’écrire à quelle heure je pourrais vous 
aller trouver ; en quelques minutes nous saurions à quoi nous 
en tenir. 

Croyez-moi bien, Monsieur, votre tout dévoué serviteur. 

Signé : Adrien de Longpérier. 

45 janvier 48. 

N© 6. — Lettre de M. le général Montholon à X. Bonard , 

mvtter d'hôtel , pour lui annoncer qu'il sollicite les suf- 
frages des électeurs de l'Yonne à l' Assemblée nationale. 

[Donnée par M. Bonard.) 

Paris , 22 novembre 48. 

Monsieur, 

J’espérais que des circonstances plus fortes que ma volonté ne 
m’empêcheraient pas de me rendre à Auxerre pour solliciter en 
personne, des électeurs de l’Yonne, l’honneur de remplacer dans 
leur mandat le neveu de l’Empereur. 

Je voulais me retrouver dans cette même Chambre où l’Empe- 


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NOTE SDH QUELQUES AUTOGRAPHES. 


61 


reur, revenant de l’ile d’Elbe (1), me parlait de son patriotisme, 
de son dévouement aux intérêts de ce peuple français qu’il ai- 
mait si bien, et vous dire qu’élevé à son école, dépositaire de ses 
dernières pensées et de ses conseils à son fils, que si souvent j'ai 
lus à son neveu’ pendant notre captivité de Ham, je regarderais 
comme la plus belle fin de mu longue carrière l’honneur d’étre 
le représentant de mes concitoyens de l’Yonne à l’Assemblée 
nationale. 

Je suis Bourguignon, et c’est à ce titre surtout que je sollicite 
le suffrage des électeurs de l’Yonne. 

Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération très 
distinguée. 

Signé : Le général Montholon. 

Après cette lecture, Messieurs, il me vient une pen- 
sée que je veux vous soumettre. C’est que si chacun 
de nous cherchait, dans son cabinet, les quelques lettres 
curieuses qu’il peut avoir reçues de personnages mar- 
quants et les donnait à la Bibliothèque de la ville, il fe- 
rait une chose utile à tous. Réunies à d’autres dans un 
dépôt public, ces quelques pièces, perdues au fond 
d’un tiroir de cabinet de particulier, recevraient là leur 
véritable importance : l’histoire des hommes et des 
choses y gagnerait certainement ; et leur possesseur, 
aujourd’hui peut-être fort indifférent sur elles, les ver- 
rait avec plus d’intérêt conservées à toujours dans une 
collection publique. 

(I) En mars 1813. 


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JOIGNY EN 1420. 


Par M. Demay. 


En parcourant dernièrement à la bibliothèque de la 
ville le recueil si étendu et si curieux des documents 
inédits sur l’histoire de France, publié par les soins du 
gouvernement, il m’est tombé sous les yeux, au tome II 
des rois et reines et autres personnages de France et 
d’Angleterre, une lettre adressée par les habitants de 
Joigny à Henri V, roi d’Angleterre, en date de juin 1 420. 

Cette lettre d’un style, incorrect, semée de fautes 
d’orthographe, provient d’une main peu exercée à manier 
la plume. Elle dénote toute l’intensité de la vie muni- 
cipale à cette époque, l’énergique caractère de ces bour- 
geois si amoureux de leur indépendance qu’ils ne redou- 
taient pas d’entrer en lutte ouverte contre leur comte 
et ses hommes d’armes; et, aussi faut-il le dire, une 
absence inconsciente de patriotisme ; l’idée du dévoue- 


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JOIGNY EN 1420. 63 

ment à la patrie, en effet, qui devait recevoir quelques 
années plus tard sa personnification la plus éclatante 
dans l’héroïne d’Orléans, n’était encore que très vague- 
ment perçue par les masses. 

Le savant Davin, qui dans ses mémoires manuscrits 
sur la ville et le comté de Joigny, a mis en lumière tant 
de faits intéressants, se borne à retracer en quelques 
lignes cette période si agitée de l’histoire de cette ville. 
Voici ce qu'il dit à ce sujet : 

« Guy de la Trémouille, seigneur d’Osson, fut comte 
« de Joigny, ayant épousé Marguerite de Noyers. 

« Ce comte tenoit le party des Armagnacs. C’est ainsy 
« qu’on appelloit ceux qui tenoient le party des Dau- 
« phin. Il fut soupçonné par les habitants de Joigny de 
« vouloir introduire les Armagnacs dans la ville : cela 
« donna occasion à une émotion populaire dans laquelle 
« la plupart des habitants s’étant armés de maillets, 
« qui étaient les armes de ce temps-là, furent appellés 
« Maillottins comme l’ont été les Parisiens pour avoir, 
« dans une sédition arrivée en 1381, enfoncé l’hostel- 
« de-ville de Paris et pris 3 à 4,000 maillets de fer. » 

Lettre des habitants de Joigny à Henri V, roi d’Angle- 
terre, contre le comte de Joigny , qui refusait de prêter 
serment à ce prince. 

(Biblioth. Col ton). 

Nostre très redoubté seigneur, nous nous recommandons à 
vostre noble et bone grâce et magesté, si très humblement comme 
plus povons, désirans de tous nos cueurs vostre bonne prospérité 
et santé. Nostre très redoubté seigneur, plaise vous savoir que 
nagairs Monseigneur le fipnte de Joigny est venu et arrivé à 


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64 


JOIGNY EN U20. 


Joigny, disant que point ne voloit aller à Troyes, pour ce que ne 
luy yoloit faire serment envers vous, comme font et ont fait nos 
autres seigneurs, disant et publiant ledit Monseigneur le Conte, 
que ceulx qui font et ont fait et feront ledit serment, en auront 
une foiz les testes coppées ; et combien et ja soit ce que les 
povres habitans dudit Joigny aient toujours esté bons et loiaulx 
obeissans au Roy nostre Sire, et à Monseigneur de Burgogne, et 
ayent souffert pour le mesme amour et faveur dudit Monsei- 
gneur de Burgogne plusieurs pertes, poinnes et dommages, sans 
avoir tenu autre parti. Ledit Monseigneur le Conte, sans 
aucune cause raisonnable, s’est efforcé de prendre, et de fait 
a fait prendre et espier, sur le chemin le procureur de ladite 
ville de Joigny, qui alloit devers le Roy nostre Sire, et vous, 
pour vous exposer certaines choses pour le bien de ce pays, et 
mêmes des autres habitans de ladite ville, et yceulx fait emme- 
ner prisonniers en Bourgogne, ou bon luy a semblé, et que Py 
n’eust pourveu d’assistai de (sic) comme nous sommes suffisam- 
ment informez, en eust pris plus largement et très grand nombre 
et a fait par force et violence, et adfin de mieux mettre son 
raprenable propos à exécution, a despointé Gilles de Fillemin, 
nostre capitaine, qui nous scrvoit à nos gages, lequel homme 
sage, prudent, jeune et expert en tel cas, et qui très grandement 
et notablement a fait son devoir tant au fait de la dite capitaine- 
rie comme autrement, à servir le Roy et mondit Seigneur de 
Bourgogne en plusieurs armées et assemblées, ou fait de leurs 
guerres, et en persévérant toujours par ledit Monseigneur le 
Conte de mal en pis, nous menace de emprisonner, tuer et mur- 
drir sur les carreaux. Et pour ce que de ces choses nous nous 
sommes sentis et sentons très grandement foulez, doubtans outre, 
pour certaines vraies présomptious et conjectures, qu’il ne vou- 
loit mettre et bouter audit Joigny gens d’autre aliance, comme 
▼os ennemis et les nostres, quant nous avons veu ces choses, et 
que aucuns de ses gens se sont partiz dudit Joigny tant pour 
prendre et emmener desditz habitai® comme autrement nous 


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joIgny en 1420. 65 

avons fermé nos portes, et avons retenu ledit Monseigneur le 
Conte et ses genz, et n'avons pas entencion de les laisser partir, 
jusques ad ce que sur ce par le Roy uostre Sire, vous et Monsei- 
gneur de Bourgogne, nous soit donnée responce pour proveoir 
et ordonner sur ce comme le Roy nostre Sire, vous et Monsei- 
gneur de Bourgogne, et vostre notable conseil saurez bien advi • 
ser. Si vous supplions très humblement, nostre très redoubté 
Seigneur, que ces choses considérées, et que autres foiz ladite 
ville de Joigny a esté en péril, et adventure d’estre prise des 
ennemis, et par la faulte et coulpc de Monseigneur le Conte, et 
aussi que si en ladicte ville de Joigny n’avoit capitaine, il s'en 
pourrait ensuir tropt grant inconvénient en ladite ville, et au 
pays d’environ, qu’il vous plaise d’avoir advis et conseil avec le 
Roy nostre Sire et Monseigneur de Bourgogne, pour faire com- 
mettre et instituer de par le Roy nostre dit Sire, ou deffautsdu 
dit Monseigneur le Conte ledit Gilles de Fillemin, capitaine dudit 
Joigny pour la tuicion et garde d’icelle ville et du peys, et sur ce 
proveoir par la meilleure manière que faire se pourra. Nostre 
très redoubté Seigneur, nous prions le Benoit Saint Esprit qu’il 
vous doint bonne vie et longue, et accomplissement de vos bons 
désirs. 

Escrit à Joigny le mercredi v* jour de juing. 

Vos humbles et obeissantz serviteurs et subgez. 

LES HABITANTS DE JOIGNY. 

Et au dos est la suscriplion suivante : 

A nostre tris redoublé Seigneur le Hoy d'Angleterre , 
régent et héritier du royaume de France. 


NOTE DE L’AUTEUR DU RECUEIL. 

Cette lettre a été copiée sur l’original en papier; elle 
paraît avoir suivi de près le traité de T roves du 20 mai 
Sc. hist. o 


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JOIGNY EN 1420. 


(.G 

1 420, en vertu duquel Henri V, roi d’Angleterre, prenait 
les titres de régent et héritier du royaume de France. 
En effet, le 5 juin tombe un mercredi. 


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LES SIRES DE NOYERS 


Par Ernest Petit. 


Séance du 8 mars 4874. 


• Le sire de Noyers, oiig ancbien chevalier 
« et durement preudons et vaillans, porta 
« l’oriflambe, la souveraine bannière dou roy, 
■ si avant qu’il y demoura. » 

C hron. de Jean-le-Bel , t. Il, p. 286. 


INTRODUCTION. 

Ce passage ries Chroniques de Jean-le-Bel, appliqué 
à un vieillard de soixante-quinze ans, qui portait encore 
l’oriflanune à Crécy, après l’avoir vaillamment porté en 
tant de sanglants combats, à Bonnegarde, à Courtrai, à 
Mons-en-Puelle, à Cassel. mérite assurément d’exciter 
l’intérêt. 

Quel était donc ce chevalier, qui pendant de si lon- 
gues années et à des titres si divers, de maréchal de 
France, de gouverneur de province, de porte-oriflamme 
et de grand bouteiller de France, avait servi son pays 
sous sept règnes consécutifs, sans qu’un historien ait 
daigné s’arrêter devant l’ombre féodale de ce chevalier 
d’un autre âge? 


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68 


LES SIRES DE NOYERS. 


Les chroniqueurs contemporains, les romans de cheva- 
lerie du xiii® et du xiv® siècle, parlent cependant en divers 
endroits des exploits de ce vigoureux Bourguignon, dont 
le nom glorieusement célèbre devait s’éteindre moins 
d’un siècle après lui. Les chroniques de Saint-Denis, ces 
annales primitives de notre histoire nationale, justifient 
aussi plus d’une fois la réputation de ce chevalier preux 
cl hardi en tous bons fais d’armes et esprouvés. Deux 
auteurs seulement ont consacré à peine une page ou deux 
au maréchal de Noyers : le P. Ducliesne, dans V Histoire 
de la Maison de Chastillon-sur-Marne, et le P. Anselme, 
dans les Grands Officiers de la couronne. 

Si le nom des sires Üe Noyers, à peine connu mainte- 
nant, n’éveille plus chez nous le souvenir de leur illus- 
tration d’autrefois, c’est qu’ils ont depuis longtemps 
disparu, et que l’on s’intéresse peu à ces seigneurs, dont 
les châteaux sont détruits. 

Il n’a cependant manqué au maréchal de Noyers que 
de vivre en des temps moins malheureux, pour conserver 
après lui cette auréole de gloire dont il fut entouré pen- 
dant sa vie. Car sa race ne devait pas survivre longtemps 
aux désastres de Crécy, de Poitiers, et de celte terrible 
guerre de cent ans qui dévora tant de familles féodales ; 
comme si elles avaient dit être emportées au moment où 
la France tombait en ruines. On ne voulut plus se souve- 
nir de ceux qui avaient été témoins et acteurs de ce 
drame malheureux. Va' victis ! L’histoire les oublia, et 
dans son indulgence ou plutôt son injustice, couvrit plus 
tard les Lahire, les Pothon, les Xintrailles, d'un renom 
immérité de loyauté, de bravoure et de chevalerie ; renom 
qui n’était sans doute que le reflet d’une gloire plus pure, 
émanée de la bannière victorieuse de Jeanne d’Arc. 


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LES SIKES DE NOYERS. 


69 


Nous avions d’abord projeté de borner nos recherches à 
l’étude de ce personnage et de cette époque légendaire de 
chevalerie, qui n’a cependant servi qu’à prouver l’im- 
puissance des milices féodales et à plonger la France 
dans un état affreux d’abaissement. 

Mais les matériaux étaient si abondants que nous avons 
cru nécessaire d'étendre le cadre de ce travail et de pu- 
blier les documents relatifs à celte puissante famille, qui, 
du x e au xiv c siècle, occupe une si grande place dans notre 
histoire à titre de seigneurs de Noyers, de comtes de 
Joigny, de vidâmes d’Amiens, de sires de Vendeuvre, de 
Maisy, de Rimaucourt, de Picquigny, de Montcornet, etc. 

Les alliances avec les maisons de Bar-sur-Seine, de 
Brienne, de Mont-Saint-Jean, de Courtenay, de Chnrny, 
de Confions, des Barres, d’Etampes, de Vergy, de Châ- 
tillon, de Bourbon, de Flandres, de Thianges, de Mailly, 
de Sancerre, de Grancey, de Châteauvillain, de Cervoles, 
de Ventadour, de Villehardoin, de Joinville, de Choiseul, 
de Mello, de la Tréinouille, etc., nous ont fait trouver des 
pièces inconnues ou inédites. 

En secouant la poussière de ces parchemins poudreux, 
nous n’obéissons qu’à un sentiment de curiosité; caria 
monographie ou plutôt le nécrologe d’une famille éteinte 
depuis près de cinq siècles, ne peut intéresser ni blesser 
l’amour-propre de personne. D’ailleurs, ces recherches 
locales ont encore leur utilité. Le morcellement du pou- 
voir au moyen-Ageestce qui rend une histoire d’ensemble 
si difficile à faire, et il ne sera possible d’écrire cette 
histoire que lorsqu’on connaîtra bien la succession d’une 
foule de petites dynasties indépendantes, qui jouissaient 
dans leurs domaines d’une autorité à peu près absolue ; 
domaines dont les limites étaient du reste souvent modi- 


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Æ 



70 


I.F.S SIRES 1)E NOYERS. 


fiées, suivant l’audace de chaque possesseur et la longueur 
de son épée. 

C’est pour satisfaire à cette méthode de recherches 
locales, que les auteurs de Y Art de vérifier les dates, ont 
accordé une si large place à la chronologie des grands 
feudataires. Mais que de lacunes dans ce gigantesque 
travail ! Et quelle surprise en voyant parfois ces conscien- 
cieuses recherches frappées d’interdit ! Qu’on se rappelle 
l’effet produit ces années dernières dans le monde sa- 
vant, par le curieux mémoire de M. Chazaud, conserva- 
teur des archives de l’Ailier, lorsque déracinant ce vieil 
arbre généalogique de la maison de Bourbon, il produi- 
sait les pièces fausses habilement fabriquées par de 
complaisants compilateurs du xvn c siècle, et par de 
sagaces élucubrations, détachait du tronc une foule de 
branches que des généalogistes officieux ou officiels 
avaient jadis maladroitement greffées. 

Notre but est donc de combler une lacune pour l’une 
des familles oubliées dans l’Art de vérifier les dates. Mais 
ce travail nous a conduit plus loin, et nous a permis de 
mettre la main sur de précieux documents relatifs aux 
Villehardouin et aux Joinville, auxquels on doit ces nar- 
rations historiques et littéraires si intéressantes pour l’ère 
des croisades. Nous en ferons l’objet d’un travail spécial. 
Les sires de Noyers furent plusieurs fois alliés aux Join- 
ville, et le maréchal avait le chroniqueur Villehardoin 
pour arrière-grand-père ; on comprend donc les relations 
qui devaient exister entre ces personnages. 

Outre le maréchal de Noyers, dont l’existence avait été 
si agitée et si remplie pendant soixante ans, la famille 
comptait encore des membres qui avaient dignement 
rempli leur rôle de chevalier, comme on l’entendait alors; 


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LES SIRES DE NOYERS. 


71 

Clérembaud de Noyers, qui suivit Philippe-Auguste i\ la 
croisade de H 90 ; le sire de Chappes, son beau-frère, sou- 
vent cité dans les mémoires de Villehardoin ; Gui, cheva- 
lier du Temple, emporté par l’épidémie au siège de 
Ptolomaïs ; Mile VII, qui protégea avec Erard de Brienne, 
son beau-frère, le château de Noyers assiégé par l’armée 
du comte de Champagne, en 1216; Mile XI, le Bossu , 
emporté par la peste noire en 1 349 ; Jean île Noyers, 
comté de Joigny, prisonnier à Poitiers et tué à la bataille 
de Brignais; Gauthier de Noyers, vidante d’Amiens, mort 
de ses blessures en 1339 ; Mile XII, prisonnier à Poitiers 
et deux ans après à Brion-sur-Ource ; Mile, comte de 
Joigny, prisonnier à Aurai ; Mile, sire de Maisy, sénéchal 
de Beaucaire, puis gouverneur de l’Artois, qui défendit 
si vaillamment la ville de Calais contre les Anglais. 

D’autres personnages occupèrent de hautes fonctions 
ecclésiastiques : Gui de Noyers, archevêque de Sens, qui 
couronna à Saint-Denis le roi Philippe-Auguste, le jour 
de l’Ascension 1180; Hugues de Noyers, évêque d’Au- 
xerre, si connu par ses luttes contre les Albigeois ; des 
abbesses de Marcilly, de Rougemont, d’Yerre, de Saint- 
Julien d’Auxerre, de Jouarre, de Juilly ; des abbés de Saint- 
Pierre d’Auxerre, de Notre-Dame de Châtillon, des archi- 
diacres, des chanoines, etc. Le nom des sires de Noyers 
figure encore sur les cartulaires de Moustiers-Saint-Jean, 
Pontigny, Fontenay, Reignv, Rougemont, Vézelay, Crise- 
non, Pont-aux-Dames, Fontevrault, Quincy, Molesme. 

En échange des biens donnés aux monastères, chaque 
famille assurait un asile aux siens, pouvait en recevoir 
des secours dans des circonstances difficiles, y plaçait 
avantageusement les cadets sans fortune et les filles en 
disponibilité. 


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72 


I.ES SI U LS DE NOYERS. 


Pendant les trois siècles de son existence, aucune 
maison ne fournit dans nos pays, à part la maison de 
Chalon, des documents aussi nombreux pendant le moyen- 
âge. Nous avons pu réunir plus de mille pièces et chartes 
relatives aux Mile de Noyers. La plupart de ces docu- 
ments sont extraits des archives publiques ; on nous en a 
envoyé de provinces bien éloignées. Les archives géné- 
rales et la bibliothèque nationale ont fourni d’importants 
matériaux. Mais c’est surtout dans les archives de l’an- 
cienne Bourgogne, à Dijon, que se trouve le dépôt le plus 
considérable. Par un hasard assez singulier, on trouve 
là tous les titres et parchemins ayant appartenu aux sires 
de Noyers, et déposés jadis dans la chapelle du cartulaire 
au château ; titres enlevés et transportés à Dijon par 
ordre de la duchesse Marguerite de Bavière, lors de l'ac- 
quisition de Noyers, en 1419. 

Nous avons cru devoir publier aux pièces justificatives 
un certain nombre de ces documents inédits, que le 
savant archiviste de la Côte-d’Or, M. Garnier, a eu la 
complaisance de faire copier, et pour laquelle il voudra 
bien recevoir ici nos remerciements. 


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CHAPITRE I 


CONSTRUCTIONS ET RESTAURATIONS SUCCESSIVES DU CHATEAU 
DE NOYERS. — TOURS. — ASPECT EXTÉRIEUR ET INTÉRIEUR. 

— ÉVÉNEMENTS ET SOUVENIRS IMPORTANTS QUI SE RAT- 
TACHENT A SON HISTOIRE. — GUERRE AVEC LA CHAMPAGNE. 

— GUERRES DE RELIGION. — LE PRINCE DE CONDÉ. — 
GUERRES DE LA LIGUE. — DUPRAT, BARON DE VITTEAUX. 


Noyers, petite et ancienne ville du département de 
l'Yonne, située sur le Serain, faisait autrefois partie de la 
Bourgogne. Son territoire servait de limite à cette pro- 
vince, et était circonscrit au nord et au sud par la Cham- 
pagne, à l’ouest par l’Auxerrois, alors que cette dernière 
contrée n’était pas encore réunie à la Bourgogne. 

L’aspect intérieur et particulièrement pittoresque de la 
ville prête à ses vieux souvenirs un charme merveilleux. 
Ces maisons de bois du xvi* siècle, aux colonettes gra- 
cieuses, aux poutres sculptées, aux moulures finement 
profilées, ces étages en saillie, ces porches écrasés et 
sombres, ces carrefours étroits et tortueux, ces portes 


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74 


LES SUIES DE NOYERS. 


massives, ces arcades de bois où tant de générations ont 
déjà passé, produisent sur le visiteur une impression de 
surprise dont les habitants ne doivent guère être frappés. 

Toutefois, ce cachet d’originalité, qui fait de Noyers 
une ville privilégiée pour l’archéologue, tend à perdre en 
certains endroits quelque chose de son caractère primitif. 
On démolit la façade d’une maison sous prétexte de la 
consolider; on mutile des statues pour agrandir les 
lènêtres; la poutre sculptée est ensevelie sous un enduit 
de plâtre ; les moulures élégantes disparaissent sous une 
enseigne; car le marchand est toujours plus désireux 
d’attirer la consommation du client que la curiosité sans 
profit du visiteur. Je ne critique pas, je constate. Ces 
amputations et ces mutilations enlèveront bientôt à la 
ville sa physionomie moyen-âge : il est même à craindre 
qu’un jour venant, les vieilles portes de ville ne soient 
aussi supprimées, comme occupant trop d’espace et nui- 
sant à la salubrité publique. 

Près de Noyers, le Serain, après un cours accidenté, 
vient se heurter de front contre un massif de rochers qui 
servent de base à une montagne fort escarpée. La rivière, 
ne pouvant franchir l’obstacle, la tourne, et après un 
circuit qui embrasse la ville, vient passer à quelques pas 
seulement de ce point, mais sur le versant opposé de ces 
mêmes rochers. C’est sur le sommet de la montagne, 
baignée à droite et à gauche par la rivière, qu’une forte- 
resse a été bâtie. Une rue raide et étroite, la rue de 
Yenoise, y conduit et aboutit à une petite place triangu- 
laire garnie de vieux tilleuls. Un massif d’énormes rochers 
supportait deux tours détruites maintenant, entre les- 
quelles s’ouvrait la seule porte qui faisait connpuniquer 
la ville et le château. Plus bas et de chaque côté, les 


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LES SIRES DE NOYERS. 


75 

portes de Sainte-Verote et de Venoise donnaient issue sur 
la campagne aux habitants de la ville. Par une heureuse 
combinaison, dont la nature avait fait les premiers frais, 
les deux tours protégeaient en même temps la porte inté- 
rieure et les deux portes extérieures ; elles mettaient les 
assiégés à l’abri de toute surprise, et pouvaient, suivant 
la volonté de celui qui les occupait, protéger le château 
contre la ville ou la ville contre le château. Ces tours ne 
défendaient d’ailleurs qu'un premier boulevard. 

Une ascension difficile de quelques minutes est néces- 
saire pour arriver sur le plateau occupé par le château 
lui-même. Du sommet où l’on est parvenu, on domine 
tellement la ville que l’on peut en compter les rues, les 
places et les maisons. Oii jouit d’un coup-d’œil enchan- 
teur, mais qui ne donne qu’une idée imparfaite de l’aspect 
que présentait le pays du haut des tours crénelées et du 
donjon. La vue des montagnes arides, dénudées, osseuses 
qui bornent l’horizon, contraste singulièrement avec la 
fertilité de la vallée. Toute vie, toute végétation semble, 
s’être réfugiée dans la plaine, tandis qu’aucune verdure 
ne rompt la monotonie des sommets grisâtres et pierreux. 
Ce caractère de désolation que présente l’assiette du 
château semble se reproduire sur les montagnes qui 
l’entourent; on croirait qu’un même cataclysme a détruit 
une série de forteresses sur ces crêtes volcaniques. 

Il ne reste malheureusement rien du château lui-même. 
L’emplacement des fossés n’est plus accusé que par la 
dépression du terrain ; çà et là quelques pans de murailles 
qui chaque jour se délitent sous l'influence des vents et 
des orages, quelques débris de tours isolées parmi les 
ruines comme les dernières pièces sur un échiquier 
dévasté. L’étendue de ces ruines indique la puissance de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


76 

cette formidable forteresse, l’une des plus considérables 
de toute la Bourgogne. 

Si l’on peut encore indiquer l’emplacement de la cha- 
pelle Saint-Georges, fondée en 1303, par le maréchîd de 
Noyers, il est plus difficile d’établir d’une manière cer- 
taine la situation de Notre-Dame-de-la-Yèvre, qui fut la 
première chapelle castrale et la sépulture des premiers 
sires de Noyers. D’ailleurs on ne trouverait pas davantage 
l’emplacement de toutes les églises et chapelles de la 
ville, dont les noms sont ignorés maintenant, mais 
dont le nombre attestait l’importance du pays : Saint- 
Jean-Baptiste, Saint-Michel et Saint-Laurent, Saint-Sébas- 
tien, Saint-Nicolas-le-Vieux, Saint-Nicolas-le-Jeune, Notre- 
Dame-de-rilôpital, les chapelles des Grands-Feuillants, 
des Petits-Feuillants, des Doctrinaires, les ermitages de 
Saint-Adrien, de Saint-Marcoul, de Saint-Antoine et de 
Saint-Fiacre. 

On peut supposer qu’antérieurement au x e siècle, 
Noyers n’était qu’un bourg peu considérable, car on ne 
voit pas apparaître son nom dans les chroniques primi- 
tives. Mais à l’époque féodale, et lorsque les sires de 
Noyers eurent installé leur château sur la montagne, la 
ville prit successivement une plus grande extension, se 
déplaça peu à peu, et vint se mettre à l’ombre protectrice 
de la grosse tour du donjon. 

C’est donc au château et aux puissants barons qui l’oc- 
cupèrentque Noyers doit surtout ses souvenirs historiques 
et son importance d’autrefois. Que ce château ait été 
construit au ix° siècle, ainsi que l’affirme Courtépée, c’est 
ce qu’il serait impossible de garantir, en présence du 
mutisme des documents écrits. 

Ce qui est certain, c’est. que ce château ne se composait 


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LES SIRES DE NOYERS. 


au xi e siècle que d’une chapelle et d’un vaste donjon carré 
et massif autour duquel se groupèrent plus tard des 
constructions plus considérables, mais qui résista aux 
injures des temps et des guerres jusqu’à la destruction 
complète de la forteresse. 

Clérembaud de Noyers, avant de partir pour la croisade 
de M90, fit construire autour du château une muraille 
solide et fort élevée, pour le mettre à l’abri des attaques 
des seigneurs du voisinage. Hugues de Noyers, évêque 
d'Auxerre, y commença, vers 1195, pendant la tutelle de 
son neveu Mile VII, des travaux considérables, comme 
nous le verrons à l’histoire de ce seigneur. Il fortifia la 
ville même et l’entoura d’une muraille à laquelle travail- 
lèrent tous les hommes du pays. Pour le château, il dé- 
pensa des sommes énormes et mit en réquisition tous les 
vassaux pendant près de dix ans, pour creuser des fossés 
parallèles très profonds et isoler complètement le manoir 
primitif et les constructions nouvelles qu’il fit élever. Ces 
constructions, faites d’après les règles de l’art militaire 
alors en usage, respectèrent la première forteresse, mais 
comprenaient une nouvelle habitation seigneuriale, une 
triple enceinte concentrique bien fortifiée, une magnifique 
chapelle, des souterrains et des conduits pour monter et 
descendre à volonté les provisions sans sortir du château. 

En 1303, le maréchal de Noyers fonda une nouvelle 
chapelle dédiée à saint Georges, et ordonna de nouveaux 
embellissements qui en firent l’un des plus beaux châ- 
teaux du royaume. Mais après sa mort, ses enfants, 
plusieurs fois prisonniers et accablés de dettes pour le 
paiement de leur rançon, purent à grand’peine subvenir 
aux frais de l’entretien des bâtiments et aux réparations 
les plus urgentes. Les héritiers de Mile XII les auraient 


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£ 



78 


LES SIRES DE NOYERS. 


même laissés tomber en ruines si une main plus riche et 
plus puissante ne fût venue les restaurer et les embellir 
encore. 

La duchesse de Bourgogne, Marguerite de Bavière, 
avant d’acheter la terre de Noyers, en 1419, s’était fait 
donner un rapport par ses officiers dans lequel il est dit 
« que Noyers est un moult notable chastel, ayant bonne 
« ville fermée et assis en bon pays, sur rivière, bois, 
« gaignaiges et vignobles ; et c’est commune renommée 
« que ce a esté le plus bel chastel du royaulme, mais de 
« présent l’on ne le tient mie fort, et il y a des ruynes qui 
« cousteroient à rappareiller moult 'grant argent. La 
« chastellerie est de bonne revenue, qui vault bien par 
« an XII cents livres, mais on ne le sçait mie autrement; 
« il y a de beaus fiés et autres drois et de plus belles 
« forest de tous le pays, et tient on communément que 
« l’on ne pourroit faire une telle forteresse pour quatre 
« cent mille francs (1). Est vérité que le duc Eudes, eui 
« Dieu pardoint, acquit jadis de messire Mille, seigneur 
« dudit Noyers, le fiés et ses appartenances pour le pris 
« de VII mille livres tournois, et par ainsi l’on doit pré- 
« sumer que c’est grand chose que dudit Noyers, quand 
« le duc de Bourgogne donne si grant somme d’argent 
« pour avoir ledit fiés. Aulcuns ont rapporté que plu- 
« sieurs membres dudit Noyers ont esté aliénés, mais 
« on ne le sçait mie autrement... » ^2). 

Aussitôt en possession du château, la duchesse Mar- 
di Somme considérable alors, qui ne représenterait pas 
moins de seize à vingt millions. Un clieval valait alors 24 
livres, une vache 7, un bœuf 8, un porc gras 2. 

,'2) Archives de la Côte-d'Or, Chambre des Comptes. 


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I.ES SIRES DE NOVERS. 


79 


guerite de Bavière y ordonna des réparations considé- 
rables. On refit la toiture du donjon, on y perça des 
lucarnes et sur le sommet on établit une lanterne pour 
faire le guet. De 1420 à 1429, les revenus de la terre 
furent en partie absorbés par la restauration de la forte- 
resse, couverture de tours, travaux de charpente, ma- 
çonnerie, serrurerie. Les toitures étaient en lave, les 
tours seules étaient couvertes en tuiles, et les matériaux 
étaient pris dans la tuilerie que la duchesse avait fait 
construire au champ de Froide-Fontaine, au bas du 
château. 

Quoiqu’il n’ait pas été possible de découvrir aucun 
dessin ou plan ancien de ce château, on peut cependant 
reconstituer par la pensée l’agencement des différentes 
parties de cette formidable forteresse, que vingt tours 
défendaient et au sommet desquelles Jean de Saux, 
chargé de visiter et de surveiller les travaux, fit planter, 
en 1429, des bannières de plomb, peintes aux armes de 
Bourgogne. 

Nous reproduisons aux pièces justificatives l’analyse 
des principales restaurations faites aux xiv e et xv c siècles, 
c’est-à-dire sous les ducs de la seconde race. Les noms 
des tours y sont indiquées : la grosse tour carrée du 
Donjon, la tour des Prisonniers, la tour du Belle, la tour 
du Colombier, la tour du Cornart, la tour au Merle, la 
tour Regnard, la tour du Lardier, la tour de 1 ’Oblye, les 
tours des Grands- Vergiers, etc. Ces tours n’entouraient 
pas seulement la cour du Belle ( ballium ) ou place forte 
intérieure du château, elles garnissaient aussi et proté- 
geaient les angles et les parties accessibles des fortifica- 
tions extérieures. 

Sous les règnes de Philippe-le-Bon et de Charles-le- 


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80 


LES SIRES DE NOYERS. 


Téméraire, le château fut encore entretenu avec soin ; car 
pendant les luttes des Bourguignons et des Armagnacs, il 
eut beaucoup à souffrir, et était une des clefs de la 
Bourgogne du côté de la Champagne. 

En 1464, le receveur et grenetier de Noyers ne put 
rien verser à la caisse des receveurs généraux de Bour- 
gogne, attendu que toute sa recette avait été employée aux 
fortifications du château. 

Dès Tan 1419. il y avait déjà une chambre destinée 
à mettre l'artillerie, les arbalètes d’acier et autres engins 
de guerre. On y fit venir successivement plusieurs autres 
pièces plus importantes : trois canons, trois veuglaircs 
et un canon de très gros calibre et d’un placement assez 
difficile. 

Pendant la résidence du prince de Condé, en 1 568, le 
château de Noyers subit d’importantes restaurations au 
point de vue de la défense et des fortifications. Duprat, 
baron de Vitteaux, et son lieutenant Villeferry s’y instal- 
lèrent en 1592, après y avoir ordonné de grands travaux ; 
mais c’est pour la dernière fois que le château fut restauré, 
car on le détruisit en 1 599, et ses débris furent enlevés 
pendant l’hiver de 1789, par ordre du duc de Luynes, 
pour donner de l’ouvrage aux habitants nécessiteux. 

L’intérieur de ce château répondait par sa magnificence 
au luxe extérieur de la construction. On y voyait de vastes 
et belles salles peintes et voûtées qui excitaient l’admi- 
ration des visiteurs : la grande salle des gardes, située 
dans le donjon, la chambre dite au Lyon, la chapelle de 
Saint-Georges et son oratoire, l’ancienne chapelle qui 
servait de cartulaire, la chambre de Champagne, vieux 
souvenir des alliances et des luttes avec les comtes de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


81 


Champagne, la chambre de ma damiselle, dans laquelle 
mourut, en 1394, Jehanne de Noyers, la dernière héritière 
directe de la branche aînée. 

Tels monuments, tels hommes. C’étaient de terribles 
acteurs d’épopée les hôtes de ces redoutables manoirs, 
ces guerriers à la tête bridée par le soleil du midi et par 
la bise qui gémissait lugubrement à travers les meur- 
trières de leur donjon, ces hommes idoines pour le vice 
comme pour la vertu, fanatiques d’honneur et de cheva- 
lerie, mélange singulier d’ignorance et de crédulité, ne 
faisant de leur vie qu’une longue bataille, ne vivant que 
pour mourir avec gloire, et laisser l’héritage de leurs 
cendres aux monastères qu’ils avaient fondés ou enrichis 
de leurs bienfaits I 

La cheminée de la salle des gardes était d’une gran- 
deur prodigieuse ; une bonne charretée de bois se con- 
sommait chaque jour d’hiver dans cet ôtre immense. 
C’était aux chambranles de ce foyer que le père marquait 
à la craie la taille de ses enfants, et l’on y voyait quelle 
stature avait à sa douzième année Clérambaud de Noyers, 
qui plus tard suivit le roi Philippe-Auguste à la croisade. 
Ces chambranles étaient surmontés d’une sorte d’auvent, 
sur lequel était représentée la chasse de Saint-Hubert, 
composée de plus de vingt-cinq personnages de grandeur 
ordinaire, outre les chiens et le cerf aux abois, le tout 
joliment placé entre des broussailles de pierre sculptée si 
finement qu’il n’y manquait pas une épine (1). 

C’est dans l’une des salles du donjon que l’on réunis- 

(1) Ces détails sur Noyers sont extraits de Tristan le Voya- 
geur ou la France au xiv° siècle, par M. de Marchangy , 
d’après les fabliaux et les romans de chevalerie. 

Sc. Met. 6 


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LES SIRES DE NOYERS. 


sait les objets les plus précieux. Là, sur des crédences, 
ou dans de grands coffres en chêne massif se trouvaient 
entassés les vases d’or et d’argent, les aiguières émaillées 
et ciselées, les salières, les coupes, les hanaps en or ou 
en vermeil, les plats et toute la vaisselle aux armes des 
Noyers et des diverses familles auxquelles ils étaient alliés. 
Les descendants du maréchal montraient curieusement 
à la fin du xn° siècle l’immense coupe en or, pesant 
deux marcs trois onces, que leur aïeul avait coutume de 
vider d’un seul trait (I). 

Des reliquaires en chêne ou en métaux précieux gar- 
nissaient la chapelle et attiraient la vénération des fidèles, 
plus crédules que judicieux. Dans l’un, on conservait 
la coste de saint Georges, dans un autre les chefs de saint 
Ànaslase, de saint Barthélemy, de saint Romain, des 
vêtements de saint Jacques et de plusieurs autres saints. 
Un ange d’argent doré portait une espine du chappel de 
nostre Seigneur. Une croix d’argent renfermait un frag- 
ment de la vraie croix; un reliquaire contenant un autre 
fragment de la vraie croix, et de l'uille de la benoîte vierge 
Marie. Dans un tableau à charnière garni d’argent, on 
conservait de la pouldre qui fut trovée ez piez de nostre 
Seigneur le jour des Brandons, quant l'ennemi le voulit 
tanter. Une colombe d’argent supportait un plat d’argent 
doré et un petit reliquaire en cristal, qui recelait une 
relique plus merveilleuse encore et plus inattendue, du 
lait de la glorieuse vierge Marie ! 

Le naïf, mais intéressant inventaire du mobilier du 

(t) Voir aux pièces Justificatives le curieux inventaire des 
trésors conservés dans la tour de Noyers, en 1348, d’après les 
archives de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 1275. 


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château et de la chapelle, dressé en 1419, alors que les 
objets les plus précieux avaient été enlevés, donne encore 
un curieux aperçu de l’état intérieur du château au 
moyen-âge, et des reliques de famille, qui se transmet- 
taient de génération en génération dans la chapelle 
castrale. C’est ainsi que l’on voit figurer le cornet de saint 
Humbert d’Ardoigne (saint Hubert des Ardennes), pour 
lequel les sires de Noyers, passionnés chasseurs, avaient 
une vénération toute particulière, et qui, déposé plus 
tard dans l’église paroissiale de la ville, fut bien connu 
sous le nom de cornet de saint Georges. 

Habité par les d’Orléans, ducs de Longueville, par 
François d’Orléans, marquis de Rothelin et Jacqueline de 
Rohan, sa femme, puis longtemps abandonné, le château 
fut richement meublé en 1 368, par ordre du prince de 
Condé, qui s’y retira avec toute sa famille et ses coréli- 
gionnaires Coligny et d’Andelot, qui y avaient aussi mis 
en sûreté leurs objets les plus précieux. Mais tous ces 
biens furent pillés la même année par Barbezieux et ses 
soldats, qui s’en emparèrent après le départ du prince. 
J'ai vu un coffret en fer bien travaillé, que l’on trouva 
dans les ruines, et qui a dû appartenir à la princesse de 
Condé. 

Nous rapporterons sommairement les événements 
principaux qui se rattachent à l’histoire de ce château. 

Mile VII, neveu et allié d’Erard de Brienne, qui reven- 
diquait alors la Champagne, y soutint, en 1216, un siège 
de plusieurs mois contre l’armée de Thibaud de Cham- 
pagne, qui ravagea vainement le pays sans pouvoir 
s’emparer du château. L’année suivante, deux envoyés 
du pape y excommunièrent Erard de Brienne, Mile de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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Noyers et tous ses partisans : les sires d’Ancy-le-Franc, 
de Tanlay, d’Epoisses, de Choiseul, de Seignelay, de 
Saint-Phal, de Saint-Florentin, de Clermont, etc. 

Après la prise de Tonnerre, Edouard III, roi d’Angle- 
terre, y passa avec toute son armée, en 1360, sans y 
séjourner ; « il ne voulut oncques qu’on y assaillit, » dit 
Froissart, le seigneur de Noyers était alors prisonnier sur 
parole, à Poitiers d’abord, puis à Brion-sur-Ource. L’ar- 
mée d’Edouard III suivait alors la vallée du Serain et vint 
occuper Gui lion, où fut signé avec la Bourgogne ce fameux 
traité des moutons d’or. Mais après le traité de Bretigny, 
Noyers eut beaucoup à souffrir du ravage des ennemis, 
et dans une pétition que firent alors les habitants pour 
obtenir une réduction d’impôts, on voit que les Anglais 
leur firent rude guerre. 

Aux fêtes de Pâques de l’année 1366, Mile XII, son frère 
Erart, ses soeurs Jeanne et Cécile reçurent dans leur 
château Philippe, duc de Bourgogne, et les ambassadeurs 
du roi, qui de Paris se rendaient auprès du pape à la cour 
d’Avignon. 

Nous renvoyons à notre histoire de l’Avallonnais pour 
les faits concernant cette époque de la guerre de cent ans, 
pendant laquelle Noyers servit plusieurs fois de point 
d’attaque de la part des Armagnacs, des Tard-Venus et des 
Ecorcheurs, qui parcouraient le pays. 

C’est dans ce château que mourut, le 26 octobre 1548, 
François d’Orléans, marquis de Rothelin ; son oraison 
funèbre y fut faite par Claude de Beaujeu, évêque de 
Béthléem ; son corps fut inhumé dans la chapelle sei- 
gneuriale de Saint-Nicolas, où l’on voyait jadis ses armoi- 
ries, et son cœur fut déposé dans la vieille église des 
faubourgs. La princesse Jacqueline de Rohan, sa femme, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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y demeura quelque temps après son veuvage, étant alors 
enceinte de Françoise d’Orléans, qui devait être plus tard 
la femme de Louis de Bourbon, prince de Condé, et qui y 
passa ses premières années d’enfance. 

François de Rabulin, gouverneur de Noyers, après 
1559, a laissé de curieux mémoires imprimés sur cette 
période agitée de notre histoire. 

Pendant les guerres du Calvinisme et de la Ligue, 
Noyers eut surtout une importance considérable, et fut le 
point de ralliement des réformés en Bourgogne, tant que 
le prince de Condé résida dans ce ehAleau. Dès 1560, il 
y avait dans celte ville une église protestante et plusieurs 
ministres qui étaient en relation avec leurs coreligion- 
naires de Genève. 

Noyers était devenu la propriété particulière du prince 
de Condé, par son mariage avec Françoise d’Orléans 
Longueville, et ce chef des protestants en lit sa princi- 
pale résidence, après la paix de Longjumeau, car c’est 
dans cette place forte qu’j) put trouver un refuge assez 
sur pour se mettre à l’abri d’un coup de main. C’est là 
que vinrent pour le protéger les principaux seigneurs 
protestants de Bourgogne. Le prince, qui avait utilisé les 
loisirs que lui laissait son séjour, en adressant nombre 
de requêtes au roi, et des lettres à ses amis, y fut prévenu 
par Tavannes du dessein qu’on avait formé contre lui, 
par celui-là même qui avait ordre de le surprendre. Les 
messagers, saisis près de Noyers, portaient ce billet : 
Le cerf est aux toiles, la chasse est préparée. L’avis ne fut 
pas perdu. 

Mais sur des nouvelles plus alarmantes, le prince de 
Condé dut quitter Noyers en toute hâte, le 23 août 1568, 
avec ses jeunes enfants et sa femme, alors enceinte, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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l’amiral de Coligny et sa fille, madame d’Andelot et son 
fils, et environ cent cinquante cavaliers chargés de proté- 
ger leur retraite. 

Peu après, Tavannes campait devant la ville et som- 
mait la place de se rendre, mais ayant reçu mauvais 
accueil et ne voulant pas s’arrêter au siège du château, il 
se mit en route sans coup férir, quand il reçut à Ligny- 
le-Châtel ordre de Charles IX de s’en emparer. Barbe- 
zieux, qui fut ensuite chargé de cette mission, fit battre 
en brèche le château par trois côtés à la fois, abattre l’une 
des principales tours, miner d’autres constructions, et 
rendit ainsi toute défense impossible. Le capitaine No- 
guier fut obligé de capituler et de rendre Noyers le 2 no- 
vembre 1568, à condition que la garnison sortirait saine 
et sauve, et que les meubles du prince de Condé seraient 
respectés. Mais ces clauses furent si peu observées que le 
château fut complètement pillé, que les soldats de Noguier 
furent tués et dévalisés : les femmes même qui s’étaient 
réfugiées au château furent victimes d’atroces traitements ; 
et, chose triste à dire, mais malheureusement fréquente 
pendant cette époque de guerre civile, c’est que plusieurs 
seigneurs du voisinage, les sires de Nuits et de Poilly, 
faisaient partie des pillards. 

Noyers servit alors de refuge aux catholiques de la 
contrée, et la garnison en profita pour faire des incur- 
sions dans le voisinage. Elle essaya même, le jour de 
Noël 1568, de s’emparer de Villiers-les-Hauts ; mais les 
habitants de ce village protestant, prévenus à temps, les 
repoussèrent vigoureusement. 

Edme Lebreton, capitaine de Noyers, qui avait succédé 
à Damas de Saint-Rirand, ayant quitté son poste et aban- 
donné la ville, par suite de la peste qui y exerçait de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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cruels ravages, fut arrêté et mis en prison à Auxerre en 
attendant jugement. Les protestants purent donc sans 
peine reprendre Noyers, au mois d’août 1569, quand 
Sansac, qui avait été nommé par le roi commandant dans 
l’Auxerrois, vint de nouveau en faire le siège. La place 
fut, comme l’année précédente, obligée de capituler, le 
château fut ruiné et la ville pillée ; ceux qui la défen- 
daient n’eurent pas un meilleur sort, car les prisonniers, 
conduits à Troyes, furent massacrés par le peuple. 

A l’avénement de Henri IV, Noyers était en puissance 
du seigneur de Saultour, officier royaliste, qui s’en était 
emparé. Les capitaines Lagrange et Lescluse, qui com- 
mandaient la garnison, ravageaient tous les pays voisins; 
ils vinrent assiéger Poilly-sur-Serain dans la nuit du 
23 avril 1589, et surprirent tous les habitants au lit. 
Surpris eux-mêmes le 25 février 1590, par Vaucharme, 
capitaine de Chablis, qui tenait pour le parti de la Ligile, 
ils furent obligés de quitter Noyers ; mais ils ne tardèrent 
pas à tenter un nouveau coup de main sur cette forte 
place, et se mirent en mesure d’escalader les murailles 
avec six cents hommes, le 25 avril de la même année. 
Repoussés par la garnison réveillée à temps, ils se rabat- 
tirent sur Poilly; les habitants endormis ne purent op- 
poser aucune résistance, et furent obligés de recevoir ces 
nouveaux maîtres. 

En 1591, Noyers fut à diverses reprises menacé par de s 
troupes catholiques, aux mois de juin et juillet par Choi- 
seul, marquis de Praslin, au mois d’août par le maré- 
chal d’Aumont, qui s’en empara, aidé des garnisons 
royalistes de Semur, Montréal, Flavigny, et malgré les 
secours que les habitants de Noyers reçurent d’Avallon. 

Peu après, François de la Magdelaine, marquis de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


« 

Ragny, était nommé gouverneur de la ville et du château, 
et y soutint un terrible assaut du vicomte de Tavannes, 
en 1592. Ce que le vicomte de Tavannes ne put faire par 
force, le farouche Duprat, baron de Yitteaux, le fit par 
surprise, et y introduisit une garnison commandée par 
un de ses lieutenants nommé Villeferry. 

Les années qui suivent rappellent les plus calamiteux 
souvenirs pour la ville, car le baron de Yitteaux et Ville- 
ferry, voulant.se maintenir à Noyers, eurent sans cesse à 
lutter contre leurs voisins les sires de Moulins, d’Argen- 
teuil, de Ragny, d’Yrouer, qui chaque jour venaient 
attaquer et « pétarder » les portes. De sorte qu’on ne trou- 
vait par les chemins, dit un document contemporain, que 
des bras et des jambes coupés, que l’on rapportoit en 
triomphe dans la ville. Villeferry, ne se croyant pas en 
sûreté, fît encore de grandes réparations au château, mit 
en état des logements pour lui et les siens. Puis le baron 
de Vitteaux y vint avec sa femme et sa famille, après avoir 
achevé les travaux nécessités par le mauvais état des 
fortifications , fort endommagées par de nombreux 
assauts. 

C’est alors que les pays voisins eurent à souffrir de ce 
dangereux voisinage, et furent successivement pris et 
mis à rançon. Noyers, dont Vitleaux faisait son repaire, 
acquit aloçs une lugubre renommée. Il avait fait périr 
dans le château plus de soixante-dix prisonniers dans 
l’espace de six mois. Plusieurs des victimes, jetées par- 
dessus les murailles, tombaient de cette prodigieuse 
hauteur, et roulaient mutilées au pied de la montagne. 
Une autre fois, ce barbare capitaine, voulant éprouver 
combien de temps un homme pouvait vivre sans manger, 
laissa deux prisonniers sans leur donner de nourriture ; 


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LES SIRES DE NOYERS. 89 

l’un d’eux mourut au bout de neuf jours, l’autre résista 
onze jours. 

« Dieu nous garde du feu, de l’eau 
« Et du baron de Yitteau » 

disait-on ; aussi les habitants de Noyers, excités par l’un 
des bourgeois, nommé Jazu, essayèrent de s’affranchir de 
cette cruelle tyrannie, et résolurent, en l’absence du ter- 
rible baron, de s’emparer de son lieutenant et de ses 
soldats. Nous avons trouvé à la Bibliothèque nationale 
une curieuse relation de la guerre qui eut alors lieu : le 
château tomba d’abord au pouvoir des habitants, mais la 
ville fut reprise par trahison, et ses défenseurs expièrent 
durement leurs tentatives dans les prisons du château. 

Assiégé plus tard par les troupes du maréchal de Biron, 
Villeaux ne consentit à capituler qu’avec la plus grande 
répugnance, en forçant le roi à traiter avec lui presque 
sur un pied d’égalité, en se réservant, outre Noyers et 
Yilteaux, une somme de vingt mille écus et une compa- 
gnie de cent arquebusiers à cheval. Noyers fut donc l’un 
des derniers centres de résistance de la Ligue en Bour- 
gogne. 

Enfin la Chambre des comptes de Dijon et un édit de 
Henri IV ordonnèrent, en 1599, la démolition des châ- 
teaux de Noyers et de Talant, qui, comme tant d’autres, 
avaient été jadis des lieux de refuge pour les peuples et 
ne pouvaient plus servir d’abri qu’à la révolte et d’asile 
qu’au brigandage. 


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CHAPITRE II 


ORIGINE INCONNUE DES SIRES DE NOYERS. — CHRONIQUE 
GÉNÉALOGIQUE INÉDITE DE NOYERS. — LES SEIGNEURS AU 
XI 0 SIÈCLE. — MILE I. — MILE H. — MILE III. — BIEN- 
FAITEURS OU FONDATEURS DES ABBAYES DE MOLÊME, 
FONTEMOY OU REIGNY, QUINCY. — GUI DE NOYERS, ARCHE- 
VÊQUE DE SENS. 


C’était, dans ces derniers siècles, une manie assez 
communément répandue de vouloir trouver des ancêtres 
dans les âges reculés de l’histoire. Plusieurs familles 
prétendaient, en dépit de la vérité, avoir commencé avec 
la monarchie. 

Cette innocente flatterie, à laquelle des auteurs, même 
sérieux, se sont laissés entraîner, n’a guère produit que de 
grossiers anachronismes. Tel historien de sa ville natale 
n’a pu résister au désir de flatter le patriotisme de ses 
concitoyens, et revendique bravement pour son pays le 
relief d’une illustre et antique origine. C’est ainsi que le 
P. Duchêne regardait Vercingétorix comme fondateur du 


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LES SIRES DE NOYERS. 91 

château de Vergy, se fondant sur une similitude de noms 
que la plus grande complaisance ne saurait admettre. 
Chasseneuz, plus hardi encore, et sur la foi d’une tradi- 
tion que rien n’autorise, prétendait qu’Hercule avait fondé 
Semur plus de mille ans avant Jésus-Christ. C’est à un 
liis de Noé qu’un historien tonnerrois faisait jadis remon- 
ter l’origine de Tonnerre. 

La chronique nucérienne de Gaspard Marin n’est ni 
moins hyperbolique ni moins invraisemblable (1). Cet 
auteur attribue plaisamment la fondation de Noyers à un 
chef de la Séquanie, contemporain de Jules César et 
nommé Lucidorus. D’après lui, la ville prit le nom du 
château au pied duquel on la construisit et fut nommée 
Lucida. 

Quant à l’origine des Mile de Noyers, on peut s’attendre 
à une légende non moins merveilleuse ; il est vrai que 
l'auteur serait fort embarrassé de fournir ses preuves. Il 
trouve que le plus ancien Mile fut amené en France à 
l’âge de dix-huit ans, à titre d’écuyer et de proche parent 
de la reine Clotilde, et que ce fut lui qui convertit Clovis 
au christianisme. Gaspard Marin ajoute : « les trois cra- 
« pauds aïantesté abolis, qui pour lors estoient les armes 
« de France, et l’oriflamme aïant esté divinement envoïée 
« au roy Clovis, et les trois fleurs de lys au lieu desdits 
« trois crapauds, ledict Mille fut celui qui porta le pre- 
« mier l’oriflamme devant le Roy... » 

Suit une généalogie fantaisiste remontant à Jules-César, 
et aussi invraisemblable pour les temps anciens qu’elle 
est inexacte pour l’époque qui se rattache aux faits 
connus. 

(1) Bil). nat., Fonds Cangé 10409, Ms. petit in-4° papier. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


Nous ne rapportons ces fables que pour mémoire. Nous 
ne pouvons citer également les romans de chevalerie 
dans lesquels on fait jouer aui Mile un certain rôle. On 
ne peut même ajouter foi au roman en vers de Gérard de 
Roussillon, duc de Bourgogne, qui signale au ix® siècle 
le sire de Noyers parmi les guerriers illustres qui accou- 
rurent à la bataille de Sens pour délivrer Gérard, qui 
venait de tomber au pouvoir de Charles-le-Chauve. 
Nombre de chevaliers bourguignons sont cités avec lui : 

* Guiz de Chaslel-Villain et Poinçons de Vergi, 

« Bellandins de Frelois et Guigons de Chergi, 

* Gauthiers de Roichefort et Roubelins d’Arné (1), 

c Li sires de Noiers ou tout son grant barné... (2).» 

L’époque à laquelle se passent ces événements rend 
improbable la présence du sire de Noyers. 

Il est impossible de reconstituer sûrement la souche de 
ces seigneurs féodaux, qui ne sont indiqués que par un 
simple nom, sans désignation de terre. Car l’habitude 
des noms territoriaux n’étant pas encore en usage au 
xi® siècle, on ne peut reconnaître, parmi les nombreux 
homonymes, les personnages qui appartiennent à une 
même famille. 

Après de vaines et stériles recherches, après avoir 
compulsé, comparé, épluché une foule de documents, on 
est contraint d’avouer son ignorance. 

Nulle part, antérieurement au xi® siècle, on ne voit 
apparaître les sires de Noyers. L’époque de leur prise de 

(1) D’Arnay. 

;2) Avec toute sa grande baronnie, c’est-à-dire tous ses 
barons. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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possession est également inconnue, et en présence de 
celte complète obscurité, on est réduit à de simples con- 
jectures. 

Ont-ils reçu, à titre héréditaire, des ducs de Bourgogne 
de la première race, la donation de leur seigneurie? Mais 
alors comment expliquer leur indépendance? Sont-ils 
issus, comme on l’a dit, des comtes de Tonnerre? Et dans 
ce cas, comment ne figurent-ils pas parmi les bienfai- 
teurs de l’abbaye de Saint-Michel, fondée par la famille? 
Leur installation est-elle la suite d’une donation de la 
part du souverain ou la conséquence d’une usurpation ? 
C’est ce qu’il serait difficile de prouver et tout cela est 
énigme pour nous. 

Cb qui est certain, c’est qu’en 1075, date de fondation 
de l’abbaye de Molême , les sires de Noyers ont une 
grande situation dans le pays. Mile I, que nous prenons 
pour tige de ces seigneurs, parle de ses prédécesseurs, ce 
qui détermine à faire remonter leur prise de possession 
bien antérieurement à l’an 1000. Ces seigneurs figurent 
comme pairs avec les plus hauts barons de la contrée; 
ils se sont taillé un domaine qui échancre le Tonnerrois, 
l’Avallonnais, le Châtillonnais et l’Auxerrois. Ce domaine 
prit encore dans la suite une importance nouvelle, et 
resserra l’ancien comté de Tonnerre dans des limites 
bien restreintes. Si l’on admettait les Mile issus des 
comtes de Tonnerre et de Bar-sur-Seine, on pourrait 
conjecturer que Mile I profita de la séparation de ces 
comtés et de l’époque agitée à laquelle le fief de Tonnerre 
tomba en quenouille, après le mariage d’Ermangarde 
avec Guillaume de Nevers et d’Auxerre, pour étendre sa 
domination ; car, à cette époque, nous trouvons déjà de 
nombreux personnages de la maison de Noyers installés 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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dans des domaines qui embrassent un vaste rayon : 
Collan, Pimelles, Stigny, Commissey, Gigny, Joux, 
Sennevoy, etc. 

Dès 1078, les sires de Noyers avaient déjà contracté des 
alliances avec ceux de Châtel-Censoir, Chacenay, Champ- 
vallon, Mailly ; car la terre de Nitry, donnée aux moines 
de Molême, ne pouvait appartenir à ces diverses familles 
que par suite de mariages et d’alliances. Le premier 
cartulaire de Molême contient de précieuses indications 
sur les fondations primitives faites en faveur de cette 
abbaye, depuis l’an 1075 jusqu’à l’époque où il a été 
terminé et écrit, en 1130 (1). Malgré l’aridité de ces docu- 
ments et l’absence de liaison entre les faits, nous citerons 
au moins les principaux. 

Milel de Noyers; son fils Mile II ; Anna, femme de ce 
dernier; Etienne de Champvallon et ses enfants ; Mile de 
Chacenay et sa femme Alix ; Guiberl de Châtel-Censoir, 
sa femme Reine, ses fils Ascelin et Hugues, sa fille Pétro- 
nille, femme de Milon de Ravières, et enfin Guibert de 
Mailly -Château, tous possesseurs et cohéritiers de la 
terre de Nitry, consentent à céder ou à vendre leur quote- 
part de ce domaine aux moines de l’abbaye de Molême, 
ainsi que le manoir que Guibert de Châtel-Censoir pos- 
sédait dans le village (2). 

Etienne de Noyers, Mile et Jarenton, frères-germains, 

(1) Archives de la Côte-d’Or. — M. Quantin, dans le 2® vol. du 
Cartulaire de l’Yonne , a publié toutes les chartes relatives à 
nos pays. 

(2) Voici l’ordre de ces donations, inscrites au Cartulaire de 
Molême et reproduites en partie, Cart. de l’Yonne , t. II, p. 16- 
33. 

— (1078-1084.) — Guibert de Châtel-Censoir, sa femme et 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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assistent, en 1077, à la donation de l’église Notre- Dame, 
située dans le château d’Àvallon, faite par Hugues, duc 
de Bourgogne, à l’abbaye de Cluny. C’est ce Joffroi, dit 
Jarenton, qui se fit moine sur les instances de l’abbé de 
Saint-Michel de Tonnerre ( Spicilégede Luc d'Achery, t. III, 
p. 412. — Gall. Christ, t. IV, p. 71 5). 

Peu de temps après, Hugues de Noyers, fils de Gisle- 
bert, du consentement de ses fils Adam et Mile, donna 
aux moines de Molême qui habitaient Collan, tous les bois 

ses fils donnent leur manoir de Nitry et des droits d’usage 
dans leur bois en présence de Mile de Noyers ; Hugues, fils 
de Gislebert de Noyers ; Ivon d’Avallon ; Achard de Pussiane ; 
Gauthier de Tonnerre; Fromont, frère de Gui, prévôt de 
Tonnerre. 

Confirmation de cetto charte à Yézelay en présence des ducs 
de Bourgogne, comtes d’Auxerre et plusieurs autres. 

— (1076— 1084.) — Autre donation par Guibert de Châtel- 
Censoir, sa femme et ses enfants, de l’église de Nitry à l’ab- 
baye de Molême. 

— (Sans date.) — Guibert de Mailly-Château donne au 
même monastère son aleu de la zilla de Nitry, consistant en 
dixmes, terres et bois. 

— (Sans date, mais fin xi c siècle.) — Mile de Chacenay re- 
nonce aux droits qu’il prétendait sur la terre de Nitry, donnée 
par Guibert de Châtel-Censoir, et, en reconnaissance, les 
moines lui donnent neuf livres, à son fils Hugues un cheval 
et à sa femme Alix une once d’or. 

— (Même époque.) — Etienne de Champvallon abandonne, 
avec l'approbation de ses fils et de ses filles, ses prétentions 
sur Nitry, dont il était un des héritiers. 

Mile de Noyers fait le même abandon, ainsi que son fils 
Mile et Anna, femme de ce dernier. Témoins : Hugues, fils de 
Gislebert de Noyers ; Othon de Noyers. 

— (1098.) — Ascelin, fils de Guibert de Châtel-Censoir, étant 
sur le point de partir pour Jérusalem, cède à Molême le quart 


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LES SIRES DE NOYERS. 


et les droits qu’il avait sur ce territoire (1). Le comte de 
Bar-sur-Seine, les sires de Maligny cèdent également les 
domaines qu’ils possédaient dans ce village (2). En 1101, 
Rainard de Noyers-le-Château (de Nucerio-Castro), se fit 
moine avec son fils Olivier et entra dans l’abbaye de 
Molême. Sa femme fut placée à la charge des religieux, 
qui reçurent son aleu de Sennevoy et son territoire de 
Gigny. Les fils de Rainard : Désiré, Hugues, Seguin et 
Théoderic approuvèrent cette donation (3). 

La môme année, Robert, évêque de Langres, déclare 
qu’il a donné au premier abbé de celte abbaye l’église de 
Noyers et une chapelle située dans le château. Il veut que 
les moines, qui seront établis à Noyers, partagent par 


de Nilry, moyennant 27 livres qu'il reçut pour faire son 
voyage. 

— (Sans date.) — Résumé des donations faites par la famille 
de Châtel-Censoir. Hugues, frère d’Asceîin, céda un autre 
quart de Nilry, après avoir été grièvement blessé à Glamecy 
et avoir pris l’habit de religieux. Ascelin, à son retour de 
Terre-Sainte, et lors du décès de son frère, revendique la 
donation faite par ce dernier, puis y renonça. 

(1) Cart. de V Yonne , t. IL p. 25-26. Témoins : Gislebert, 
doyen ; Nivard ; Othon ; Hier, surnommé Bon-Ami ; Frotmond, 
son neveu ; Robert de Ricey ; Ode de Masiaco. 

(2) Analyse de quatre chartes. Cart. de V Yonne, t. II, p. 26. 

(3) Cart. de V Yonne, t. II, p. 29-30. Analyse de deux autres 
chartes. On voit que le plus jeune des fils de Raynard de 
Noyers, nommé Théodoric, refusa de ratifier les donations 
de ses frères, que l’abbé Robert eut à cet égard de longs 
démêlés, qui se terminèrent par un accord avec Théo- 
dérie et sa femme Agnès. Ceux-ci abandonnèrent l’église de 
Gigny et les dépendances du fief au curé ainsi que l’aleu de 
Ja chapelle, déjà donné par Raynard, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


9l 

moitié avec le curé le produit des droits de toute espèce 
qu’il désigne. A la vacance d’un curé, l’abbé de Molême 
présentera à l’évêque un successeur convenable, qui sera 
investi par lui du titre de la cure (1). 

Les sires de Noyers, regardés comme les principaux 
bienfaiteurs de Molême, virent à cette époque s’élever 
plusieurs monastères sur leurs domaines. 

En 1104, deux chevaliers, Gui de Noyers et Anséric 
d’A vallon fondèrent près de Joux le monastère de Fonte- 
raoy, qui devait plus tard devenir célèbre sous le nom de 
Reigny. Plusieurs seigneurs du voisinage, parents et 
vassaux des Noyers, contribuèrent à sa dotation (2). 

Un chevalier nommé Adam, fils de Hugues de Noyers, 
dit le Juge, promit, à la sollicitation de l’évêque d’Autun, 
qu’il accompagnait à son retour de Fontemoy, de donner 

(1) Cart. de l’Yonne, t. I, pp. 205-206 ; t. II, pp. 38-39. 

(2) Landry de Pré donna les friches et les terres d’Oudun ; 
Bibarde, épouse de Gauthier de la Tour, le bois de Faix; 
Anséric de Tarot et Gui de Cours le domaine de Fortumenserii (?) 
Hugues et Ascelin de Chàtel-Censoir les terres de Pourly, 
Essart, Rouvres, Bessy ; Joscelin d’Arcy, ses prés de Reigny ; 
Hilderic de Sacy, partie de l’aleu de Sacy ; Etienne de Poilly, 
ce qu’il avait à Oudun; Hugues de Pré et ses frères des 
champs à Pré ; Gaufroy de Donzy, Hervé et Geoffroi, ses frères 
Hugues de Mont-Saint-Jean, les granges de Lichères et toutes 
les dépendances qui relèvent de Châtel-Censoir ; Gibaud de 
Saint-Verain, des droits sur Thory, etc. Mile de Noyers et 
Anséric de Montréal, en approuvant comme seigneurs suze- 
rains la plupart de ces donations, concédèrent aussi des prés 
et des bois à Tormancy. Deux bulles des papes, en 1147 et 
1164, rappellent ces diverses donations. 

Voir Cart. de l’Yonne, 1. 1, p. 436 et suiv., Arch. de l’Yonne, 
Fonds Reigny — Gallia christiana, t, XII. 

8c. hitt. 7 


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98 


LES SIRES DE NOYEHS. 


aux religieux le tiers de la dîme qu’il y possédait, à con- 
dition de recevoir trente sous de la main de l’évêque. 
Ensuite Adam, descendant de cheval, prit une pierre du 
chemin, et l’offrit à l’évêque en signe de l’abandon qu’il 
venait de faire (1130). Cette pierre fut rapportée plus tard 
et offerte sur l’autel de Foutemoy comme preuve de la 
donation : le donateur fut admis par les moines dans leur 
communauté spirituelle, et reçut en présent un livre par 
reconnaissance pour ce bienfait. 

L’abbaye de Quincy fut aussi fondée sur un fief rele- 
vant du château de Noyers. Un seigneur de ce nom, 
Etienne de Noyers, participe à la dotation du couvent, en 
concédant le quart de la terre de Commissey. Il est rap- 
pelé dans l’acte (1 1 35) que deux des filles d’Etienne sont 
religieuses à Juilly (1). 

Mile III contribua à doter l’établissement naissant de 
de Pontigny, et donna aux religieux le domaine de 
Villiers-la-Grange (2). 

Jusque-là les faits relatifs aux sires de Noyers sont peu 
nombreux, et les alliances difficiles à trouver. 

Mile II avait épousé Anna, dont on ne connaît pas la 
maison. Sa fille Mathilde épousa Milon, comte de Bar-sur- 
Seine. Son fils Mile III épousa Agnès, veuve du seigneur 
de Pierre-Perthuis, dont il eut Mile IV, mort jeune (3), 
Gui, archevêque de Sens, Mile V, Hugues et une fille 
mariée à Hugues d’Argenteuil, qui laissa postérité. 

(1) Abbaye de Quincy , par M. Eugène Lambert, Ann. de 
l’Yonne ; Cart. de l’Yonne , 1. 1, pp. 282-283. — Lebeuf, Hist. 

d’Auxerre. 

(2) Archives de l’Yonne, Cart. de Pontigny. 

(3) Dans une charte insérée au Cart. de l’Yonne , Etienne de 


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LES SIRES DE NOYERS. 99 

Agnès, veuve de Mile III, lui survécut et épousa en 
troisième noces Alvalon de Seignelay (1). 

Gui de Noyers, dont nous parlons plus haut, avait 
d’abord été premier archidiacre à Sens, puis prévôt de 
l’église d'Auxerre, et enfin archevêque de Sens en 1177. 
Il assista au concile de Latran, deux ans plus lard cou- 
ronna à Saint-Denis le roi Philippe-Auguste et la reine 
Isabelle de Hainaut, le jour de l’Ascension, 29 mai 1 1 80, 
cérémonie à laquelle assistait également Manassès, comte 
de Bar-sur-Seine et évêque de Langres, son cousin. Il 
mourut le 12 janvier 1194, après dix-sept années de 
pontificat (2). 

Pierre-Perthuis est dit frère utérin de l’archevêque Gui. V. U II, 
p. 359-360. 

(1) Sist. de Seignelay, par l’abbé Henry, 1. 1, p. 151-152. 

(2) Pour l’archevêque Gui de Noyers, consultez Oallia Chris- 
tiana, Bull, de la Soc. de Sens, Cart. de l’Yonne, Ann. et Bull, 
de la Soc. scUnlif. de l’Yonne, Catal. des Actes de Philippe- 
Auguste, par Delisle, D. Bouquet, P. Anselme, Hist. des grands 
O/f. de la Couronne, t. VI. 


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CHAPITRE III 


MILE V. — LES TOURNOIS DE CHABLIS. — LES SEPT ENFANTS 
DE MILE V ET D’ODELINE DE CHAPPES. — HUGUES DE 
NOYERS, ÉVÊQUE D’AUXERRE. — GUI, SEIGNEUR DE LAGESSE, 
CHEVALIER DU TEMPLE. 


Mile V était fort jeune quand son père mourut vers l’an 
1131 ; ce n’est que longtemps après qu’il put administrer 
ses domaines. Le premier acte qu’on a de lui est un traité 
fait avec l’abbé de Saint-Michel de Tonnerre, au sujet 
d’un endroit désert auprès de Pimelles, où existait jadis 
le village de Parson, situé près d'une forêt du même 
nom. Parce traité, il est dit que les habitants de Pimelles 
auront droit d’usage dans ce bois, et même autorisation 
d’en défricher une partie, moyennant redevance de cens 
et de corvée (1). 

Au nombre des seigneurs qui assistèrent, à Vézelay, à 
la fameuse prédication de saint Bernard, en 1147, il faut 
aussi compter Mile V, mais nous n’avons pas la preuve 

(1) Cart. de V Yonne, 1. 1. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


101 

qu’il partit pour la croisade et qu’il obéit à 1 élan déter- 
miné par la parole de l’illustre prédicateur. On serait 
tenté de lui attribuer la fondation des tournois qui se 
faisaient alors à Chablis, et dont il est question dans une 
charte du comte d’Auxerre (1). Ces tournois, que l’ardeur 
belliqueuse des croisades n’avait point ralentis, étalent de 
redoutables jeux où l’on courait de sérieux dangers, et 
que l’Eglise n’avait pu abolir, malgré la prohibition de 
plusieurs conciles (2). 

A leur retour de Terre-Sainte, en 1149, les comtes de 
Champagne, d’Auxerre, de Sens, de Soissons, Anséric de 
Montréal et plusieurs autres voulurent faire un tournoi. 
Saint Bernard résolut de s’y opposer, et écrivit en ce sens 
au célèbre Suger et aux seigneurs que nous venons de 
nommer. Mais malgré sa puissante intervention et les 
termes touchants de ses lettres, le tournoi eut lieu aux 
fêtes de Pâques (3). Robert de France, frère du roi, et 
Henri de Champagne, qui voulaient s’entretuer, sortirent 
sains et saufs de la lutte ; mais Anséric de Montréal y fut 
fait prisonnier par Renaud de Pomponne, vassal de Suger. 
C’est à cette occasion qu’Henri de Champagne écrivit à 
l’abbé de Saint-Denis, pour négocier la mise en liberté 
d’Anséric : il recommanda à Suger de ne pas manquer un 
rendez-vous pris à Meaux pour cet objet (4). On voit que 
les conséquences de ces tournois étaient souvent aussi 
fatales que la guerre. 

(1) Charte de 1194. V. Lebeuf, Hist. d’Auxerre, nouv. éd., 
t. III, p. 128. 

(2) Concile de Reims (1131), puis 2° concile de Latran. 

(3) 3 avril 1149. 

(4) Dom Bouquet, l. XV, p. 511, A B. V. Y Hist. des Ducs et 
Comtes de Champagne, par M. de Jubainville. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


102 

C’est à Mile V qu’il faut rapporter la première prise de 
possession de la viguerie ou de l'advouerie de Chablis, 
dont les sires de Montréal étaient précédemment titu- 
laires, et que les comtes de Champagne avaient cédée plus 
tard aux Noyers (1). Cette fonction offrait quelques immu- 
nités à ceux qui en étaient investis, bien que leurs droits 
fussent subordonnés à ceux du prévôt de Saint-Martin de 
Tours. Toutefois les chanoines de Chablis eurent plus 
d’une fois à se plaindre de l’ingérence d’un puissant 
seigneur dans l’administration de leurs domaines, et plus 
d’une fois il fallut discuter les droits respectifs que cha- 
cun voulait s’arroger (2). 

Les sires de Noyers habitaient, lors de leur séjour à 
Chablis, un château-fort et un donjon appartenant aux 
comtes de Champagne et sans doute construit par eux (3). 

En 1137, Mile V eut une assez curieuse contestation 

(t) Cari, de l’Yonne , 1. 1, pp. 481-482, charte de 1151. 

(2) Archives de l’Yonne, Fonds chap. Saint-Martin de Tours 
prévôté de Chablis. V. les Olim, — Chablis , par M. Quantin, 
Annuaire de l’Yonne. 

(3) Ces constructions n’existaient déjà plus en 1243,. mais 
l’emplacement conserva longtemps le nom de château. 

— 1243, janvier. — Gui de Chablis, cellérierde Saint-Etienne 
de Troyes, reconnaît n’avoir qu’un droit viager sur une 
maison et sur un terrain que Thibaud de Champagne lui a 
donnés à Chablis, sur lequel terrain s'élevait autrefois le 
donjon. 

— Bibl. nat. Ancien fonds latin 5992. A. Liber Pontificum , 
f® 527 v®. 

— 1271, 27 octobre. — Girard de Champlitte, clerc, vend à 
Jacques d’Ervy et à Renier Açorre, receveurs de Champagne, 
une maison sise au château de Chablis. Arch. nat. Trésor des 
Chartes, 195, n* 45. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


<03 


avec l’abbaye de Reigny. On avait trouvé dans le domaine 
du monastère un vase antique rempli de médailles et 
d’anciennes monnaies, qui tenta vivement le seigneur de 
Noyers, mais que néanmoins les moines voulurent con- 
server. Mile n’hésita pas à employer la violence pour s’en 
rendre maître, sous prétexte qu’il avait droit de justice 
sur les terres de Fontemoy et de Saint-Pierre. Les moines 
s’en plaignirent au pape Adrien, qui chargea les évêques 
de Langres et d’Auxerre de juger la question. Ceux-ci 
condamnèrent le sire de Noyers à rendre le vase, sauf, en 
cas de refus, à se voir frappé d’excommunication et ses 
terres mises en interdit (1). 

Mile V assista, en 1 139, avec les plus grands person- 
nages du pays, les comtes de Champagne, de Nevers, de 
Tonnerre, les sires de Saint-Florentin, d’Ervy, de Mont- 
réal à la réception des religieuses du monastère de Juilly, 
envoyées à Froidmanteau par l’abbé de Molèine, à la 
prière de Pétronille de Chàcenav, comtesse de Bar (2). 

Quelques années plus tard, il ratifia les donations 
faites à Saint-Michel de Tonnerre, par Hugues et Valon 
de Vanlay, de droits dans leurs bois de Coussegrey et de 
Vanlay (3). 

Nous ne saurions dire quel rôle joua Mile dans les 
querelles et les démêlés de l’abbaye de Yézelay. Son 
immixtion dans ces débats s’explique par ses rapports 

(1) Cart. de l’Yonne , t. II, pp. 85-86. Arch. de l’Yonne, fonds 
Reigny. 

(2) Cart. de l’Yonne, t. II, pp. 99-100. 

(3) Mile V approuve ici, comme seigneur suzerain, car Ode- 
line de Chappes lui avait apporté en dot le château de la Jesso, 
près Chaourcc, dont Vanlay était un fief. V. Cart. de l’Yome, 
U II, pp. 126-127. 


t- 


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104 LES SIRES DE NOYERS. 

avec les comtes d’Auxerre et de Nevers et surtout avec 
le sire de Pierre- Perthuis, son frère utérin (1). 

Mile V et Clérambaud, son fils, sont comptés parmi 
ceux qui prêtèrent serment de défendre les privilèges de 
la ville de Tonnerre concédés aux hahitants par Gui, comte 
de Nevers (1174) (2). 

Les moines de Molême, alors installés à Nitry, défen- 
daient énergiquement leurs droits contre les seigneurs du 

(1) Voir dans Y Histoire de Vézelay^s feuillets lacérés de la 
chronique de Poitiers, si intelligemment interprétés par 
M. Aimé Ghérest. Le nom de Mile de Noyers y est plusieurs 
fois mentionné. 

(2) Chartes et titres des habitants de Tonnerre. 

Nous omettons à dessein un grand nombre de documents et 
d’actes relatifs aux sires de Noyers et à plusieurs monastères 
voisins. Guillaume, comte de Nevers, étant à Ligny (1153, 
2 juillet), certifia avoir donné à Saint-Michel de Tonnerre 
deux moulins en Bourg-Beraud, en échange des terres et des 
bois situés entre Poilly, Sainte- Vertu et Lichêres (aujourd’hui 
propriété de Berges). L’autre portion de ce dernier domaine 
appartenait à l’abbaye de Molôme : le comte de Nevers, dési- 
rant réunir toute la propriété, donna à ces derniers d’autres 
biens en échange. 

Six ans plus tard, le comte échangea de nouveau ce do- 
maine avec les moines de Pontigny pour augmenter l’étendue 
de la grange d’Aigremont, qui leur avait été donnée par les 
sires de Noyers. 

Mais cet échange fut, en 1157, l’objet d’une contestation 
entre Pabbaye de Pontigny et le petit monastère de Sainte- 
Vertu, dépendant do l’abbaye de Celles de Troyes. Alain, 
évêque d’Auxerre, intervint sur la demande de Pierre, abbé 
de Saint-Pierre de Celles, et, moyennant une somme, les 
moines de Pontigny rachetèrent la dlme qu’ils devaient sur 
Aigremont aux religieux de Celles. Cart . de l } Yonne y d’après 
les titres de Pontigny. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


105 


voisinage. Peu satisfaits de voir Anséric de Montréal 
donner protection aux hommes qui sortaient de Nitry pour 
aller demeurer dans ses domaines, ils s’en plaignirent, et 
le sire de Montréal promit, par une charte signée dans son 
château de l’Isle, de ne plus recommencer (1). Mais les 
moines, ayant eu, quelque temps après, une contestation 
avec Herbert de Merry et son fils, ils virent leurs maisons 
ravagées par ces seigneurs et furent chassés violemment. 
Les moines demandèrent l’intervention de la comtesse 
de Nevers, et les envahisseurs furent contraints de venir à 
Nitry faire amende honorable, et de donner sept deniers 
à l’abbé pour réparer les dommages qu’ils avaient com- 
mis (2). 

Le dernier acte de Mile V de Noyers* daté de 1181, est 
une confirmation des donations faites par son père à 
l’abbaye de Pontigny. En ratifiant le don de la grange de 
de Villiers, il y ajoute de nouveaux droits en pâturages 
très étendus dans la châtellenie de Noyers (3). 

Mile Y avait épousé Odeline de Chappes, fille de Clé- 
rembaud de Chappes, qui lui avait apporté en dot les 
terres de Lagesse et de Vanlay, près Chaource, et qui 
survécut plus de dix ans à son mari. Sept enfants étaient 
nés de ce mariage, quatre fils et trois filles. 

1° Mile VI, qui mourut sans postérité avant son père ou 
du moins lui survécut peu (4) 

2° Clérembaud, filleul de Clérembaud de Chappes, son 

(1) Cart. de l’Yonne, t. II, p. 283-254, année 1174. 

(2) Cart. de l’Yonne, t. II, Cartul. de Molême, Arch. de la Côte- 
d’Or. 

(3) Cart. de Pontigny, 1. 1, fol. 297. 

(4) Arch. de l’Yonne, titres de Pontigny. 


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106 


LES SIRES DE NOYERS. 


grand père maternel, qui continue la branche aînée des 
seigneurs de Noyers. 

3° Hugues de Noyers, d’abord trésorier de l’église 
d’Auxerre, puis évêque de cette ville, sacré le 13 mars 
1183. Il fit son entrée dans la -ville épiscopale avec les 
formalités ordinaires, accompagné des quatre barons au 
nombre desquels figure Hervé de Danzy. 

Un historien contemporain, chanoine de la cathédrale, 
nous a laissé de grands détails sur la vie de ce prélat (1). 
D’une taille médiocre, beau de visage, doué d’une grande 
éloquence, ami des arts, magnifique dans ses actions, 
opiniâtre dans ses sentiments, affectionné pour sa famille, 
hautain et vaniteux avec les étrangers : tel est le portrait 
que laisse de lui le biographe latin, qui, contrairement à 
l’usage des biographes, sait parfaitement énumérer les 
qualités sans cacher les défauts. Cet évêque composa 
quelques cantiques latins, dont deux ou trois sont arrivés 
jusqu’à nous. 

La destruction des Albigeois installés à la Charité-sur- 
Loire, lui valut le surnom de marteau des hérétiques. 
Nous recommandons vivement dans le récit curieux 
de l’abbé Lebeuf, consacré à l’évêque Hugues (2) la lec- 
ture de ce passage, ainsi que la narration de son expé- 
dition contre cette secte de gens qui soutenaient que tous les 
hommes devaient être d’égale condition, et qui s’étaient 
ligués ensemble sous prétexte de charité mutuelle, avec 
grands sermens de s’aider les uns les autres. L’évêque, à la 
tête de ses soldats, leur prouva bien qu’ils avaient tort, 

(1) Bibl. hist. de l'Yonne, par l’abbé Duru, De Gcslis Episco- 
porum Autissiodorensis . 

(2) Hist. d’Auxerre , anc. édition, 1. 1, p. 315-328. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


107 

et ils durent encore payer une somme d'argent en répa- 
ration de leur rébellion (I) Nous renvoyons d’ailleurs aux 
nombreux ouvrages locaux qui parlent de la vie agitée de 
ce prélat, décédé le 7 décembre 1206. 

4° Gui de Noyers, seigneur de Joux, de Lagesse, avant 
de partir avec son frère Clérembaud pour la terre sainte, 
donna, en 1189, aux moines de Joux, dépendant de 
Moustier-Saint-Jean, droit de pâturage dans les bois et 
plaines de Joux et du Puis-d’Edme. Il ajouta à ce don un 
domaine situé à Joux, et plusieurs hommes qui, libres 
originairement, étaient tombés dans le servage par suite 
de crimes. Les moines, en reconnaissance, promirent de 
célébrer une messe du Saint-Esprit à l’intention du bien- 
faiteur, d’inscrire après sa mort son nom sur la règle de 
la communauté et de le faire participer aux prières du 
couvent (2). 

Les sires de Noyers affectionnaient les templiers d’une 
manière toute particulière ; Gui entra dans cet. ordre. 
Comme il assistait au siège de Saint-Jean-d’Acre avec 
plusieurs de ses parents, il fut atteint par l’épidémie. 
Il donna alors en mourant aux Hospitaliers, pour leur 
maison de Sacy, près Vermenton, des droits d’usage en la 
forêt d’Hervaux (3). La léproserie de Noyers lui devait 
aussi une rente de dix sols, monnaie courante d’Au- 
xerre (4). 

(1) L’idée fondamentale, mais peu pratique, de la franc- 
maçonnerie n'est pas, comme on le voit, une idée nouvelle. 

(2) Reomaüs, seu Historia Monasterii Sancti-Johannis. Paris, 
1637. Cart. de l’Yonne, litres de 1184-H88. Cart. de Molême, aux 
archives de Dijon. 

. (3) Arch. de l’Yonne, titres de la Commanderie d’Auxerre. 

(4) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Fonds 
Noyers, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


108 

5° Gillette ou Gille de Noyers, épouse d’Étienne de 
Mont-Saint- Jean, seigneur de Charny, sénéchal de Bour- 
gogne, mort en 1 201 . 

6° Agnès, épouse de Guillaume, vicomte de Saint- 
Florentin, qui survécut longtemps à son mari et prenait 
encore, en 1206, le titre de vicomtesse de Saint-Florentin, 
lorsqu’elle confirmait à la léproserie de Troyes la donation 
faite des droits d’usage dans la forêt de Lagesse, par 
Mile V et Odeline, ses père et mère. 

7° Ode, épouse de Regnaud de Pougy, seigneur de 
Saint-Valérien, qui figure aussi comme veuve dans le 
même-acte de 1206 (1). 

(1) Bibl. nat., Trésor généalogique deD. Villevicille, t. LXtV, 
art. Noyers, d’après les archives de l’Ilôtel-Dieu de Troyes, 
Saint-Lazare, layette l‘2o. 


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CHAPITRE IV 


CLÉREMBAUD DE NOYERS. — SON ÉPOUSE ALIX DE BRIENNE. 
— SA FILLE MARIÉE A GUILLAUME DE COURTENAY, PETIT- 
FILS DE LOUIS-LE-GROS. — PART EN CROISADE EN 1190 . — 
ASSISTE AU SIÈGE DE SAINT-JEAN-D’ACRE. — SON FRÈRE 
GUI SUCCOMBE A L’ÉPIDÉMIE. 


Quand Mile V mourut, Clérembaud de Noyers, son fils, 
était déjà marié avec Alix de Brienne, fille d’André de 
Brienne, sire de Rameru, et d’Alix de Venisy. Cette 
dernière était petite-fille de Fleury, frère de Louis-le- 
Gros, ce qui donnait à la maison de Noyers un degré 
de parenté assez rapproché avec la famille royale des 
Capétiens ; parenté dont les liens furent de nouveau 
resserrés par l’alliance de la fille de Clérembaud de 
Noyers avec Guillaume de Courtenay, petit-fils de 
Louis-le-Gros, comme on le verra mieux par le tableau 
suivant : 


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410 


LES SIRES DE NOYERS. 


î 

J 

l 


PHILIPPE I, roi de France. 


LOUIS VI le Gros. 


FLEURY. 


LOUIS VII 
le Jeune. 


PIERRE, sire 


ISABELLE, 

de Gourtenay. f ép. Ancel de Venisy. 

+ 1183. 

PHILIPPE II • GUILLAUME de? é p L in d ?| d Ii?Se. 

Auguste. Courtenay, — 

éP ‘ NoverT d$ • AUX DE BRIENNE, 
y ■ ép. Clérembaud de Noyers 


l ADELINE DE NOYERS, 
ép. Guillaume de Gour- 
tenay. 


Les moines dépendant de l’abbaye de Molême et qui 
demeuraient à Noyers, firent, en 1184, un échange avec 
Clérembaud, qui leur concéda le four de Clavisy, l’usage 
dans ses bois et une rente à percevoir sur les manses de 
ses hommes dans la ville de Noyers (1). 

Une contestation s’étant élevée la même année entre le 
sire de Noyers et le chapitre de Saint-Martin de Chablis, 
l’évêque de Langres, pris pour arbitre, mit les parties 
d’accord (2). 

Clérembaud dota aussi Pontigny de droits de pâturage 
pour leur grange d’Aigremont et leur concéda des prés 
à Moutot. Il voulut qu’avec lui sa femme, son père, ses 
ancêtres et Mile, son frère défunt, pussent participer aux 

(1) Cart. de l’Yonne , t. II, p. 390. 

(2) Cart. de l’Yonne , t. II, p. 345. — Le moulin Doun, objet 
du débat, dut être déplacé et transporté au gué Dammas, dans 
un lieu moins préjudiciable aux moulins du chapitre de 
Chablis. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


ni 


bienfaits spirituels du monastère (1). En 1186, le couvent 
de Jully obtint également de lui des droits d’usage dans 
ses bois et une rente de dix sols de cens à Noyers. Il 
restitua à l’abbaye ce qu’il avait usurpé à Nitry et à 
Lichères, puis il y fonda son anniversaire et celui de 
son père, moyennant une rente de cent sols (2). 

Le sire de Noyers est compté à cette époque au nombre 
des chevaliers portant bannière sous les ordres du comte 
d’Auxerre, ainsi que son beau-frère Guillaume, vicomte 
de Saint-Florentin, époux de sa sœur Agnès ; Ponce de 
Mont-Saint- Jean, son gendre, époux de sa fille Sybille ; 
Guillaume de Mello, Jocelin d’Avallon, Gui de Maligny et 
le seigneur de Seignelay (3). 

On le vit, à Drayes, signer la charte d’affranchis- 
sement donnée par Pierre, comte d’Auxerre, aux habi- 
tants de cette ville (4). 

C’est à cette époque que Clérembaud forma le projet 
d’aller en Terre-Sainte, accompagné d’un grand nombre 
de chevaliers du voisinage, tous ses parents ou ses amis. 

Pour se préparer à ce grand voyage et mettre dans ses 
intérêts l’intervention divine, il combla d'aumônes les 
abbayes du voisinage. Il donna aux moines de Molême ce 
qui lui restait de possessions à Nitry et à Lichères, avec 
promesse de ne recevoir dans la franchise de son château 
de Noyers aucun des habitants de ces deux villages (5). 
L’église Notre-Dame de Noyers fut dotée d’une rente 

(1) Cart. de l'Yonne , t. II, p. 868. 

(2) Bibl. nat. Trésor génial, de D. Villevieille, cabinet des 
litres, n° 134. 

(3) Bibl. nat. Cart. de Philippe-Auguste, n° 172, f*> xvi. 

(4) Cart. de l’Yonne, t. II, p. 390. 

(a) Cette même année 1188, Gui, seigneur de Lagesse (Aube), 


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LES SIRES DE NOYERS. 


112 

affectée sur le moulin de Moutot, dans le cas où il mour- 
rait pendant son voyage de Jérusalem (1). Les moines du 
prieuré de Noyers reçurent sur la villa de Clavisy une 
rente de trente sols de la monnaie ayant cours dans son 
château (2). Clérembaud donna aussi à l’abbaye de 
Moustier-Saint-Jean plusieurs hommes qu’il avait à 
Rougemont; en reconnaissance, les moines l’associent 
à leurs prières pendant sa vie et après sa mort (3). 

En 1190, le sire de Noyers, rappelant le zèle des Tem- 
pliers pour le service du Christ et la nécessité de venir à 
leur aide, leur donna une rente de soixante sous à prendre 
entre Avallon et la forêt d’Hervaux. Etienne de Pierre- 
Perlhuis, Jobert de Bar et Gui Ferdel s’engagent à remplir 
ces conditions, et si tous trois se trouvent empêchés par 
la mort et n’y peuvent satisfaire, les héritiers y devront 
suppléer (4). 

Avant son départ, Clérembaud fit construire autour du 
château de Noyers une muraille élevée et solide, pour le 
mettre, en son absence, à l’abri d’un coup de main de la 
part des seigneurs du voisinage (5). Il s’embarqua enfin 
pour ce long et périlleux voyage de Terre-Sainte, avec 
un grand nombre de chevaliers ses parents, dont beau- 
coup ne devaient pas revoir le sol natal : Gui de Noyers, 

frère de Clérembaud, scella de son sceau une charte par 
laquelle il renonçait également aux droits qu’il avait sur 
certains hommes de Lichères et de Nitry. — Arch. de la Côte- 
d’Or, Cart. de Molême. 

(1) Cart. de l'Yonne , t. II, p. 390. 

(2) Cart. de l’Yonne, t. II, p. 390. 

(3) Reomaüs, seu Hist. Monast. S. Joannis. Paris, 1637, p.223. 

(4) Cart. de l'Yonne, t. II, p. 413, 

(5) Qesta Pontificum Autissiod. 


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LES SIRES DE NOYERS. 113 

seigneur de Lagesse, chevalier du Temple, son frère, 
emporté par l’épidémie qui suivit le siège de Ptolémaïs; 
Gui et Etienne de Pierre-Perthuis, ses cousins, qui firent 
leur testament au même siège ; Humbert d’Argenteuil, son 
neveu, et beaucoup de vassaux relevant directement de 
son fief; Hugues de Moulins et son frère; Jean et Geoffroy 
d’Arcy ; Gui Ferdel, chevalier, Jobert de Bar, etc. (1). 

Pendant une de ces batailles fréquentes durant ce 
long siège, Clérembaud ayant échappé il de grands dan- 
gers, donna à l’hôpital d’Arbonne de l’ordre de Saint-Jean 
de Jérusalem, cent sols de rente, à prendre sur sa terre 
entre Saints-Vertus et Noyers. Etienne de Pierre-Perthuis, 
dit le Borier, son parent, et Humbert d’Argenteuil, son 
neveu, lui servirent de témoins. La charte fut donnée sur 
le champ de bataille même, devant Acre, aux pavillons 
de l’ordre Saiut-Jean de Jérusalem, le dernier jour d’oc- 
tobre 1190. Dans cet acte, Clérembaud s’adresse à sa 
mère Adeliçe/à sa femme Ada, à son fils Mile et à sa fille 
Adeline (2). 

Clérembaud put enfin revoir le chAteau de ses pères, 
mais il avait contracté des dettes dans ce coûteux voyage, 
et les moines de Pontigny, qui lui avaient prêté des fonds, 
reçurent des droits nouveaux pour servir ù l’acquittement 
de la somme qu’il leur devait (31. 

Nous voyons pour la dernière fois Clérembaud acier 
dans une donation faite en 1196 à I’abbaye*de Quincy, 
par son beau-frère Renaud de Pougy, époux de sa sœur 
Agnès. Clérembaud mourut-il la même année? C’est ce 

(1) Cari, de l’Yonne. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, titres de 
Noyers. 

(3) Cari, de Pontigny , 1. 1, f° 299. 

Sc. hist. 8 , 


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H 4 I.F.S SIRES DE NOYERS. 

que nous ignorons. Mais en ce moment, Geoffroy de 
Villehardoin, seigneur de Lézinnes, son voisin, se pré- 
parait, avec le comte Thibaud, pour une nouvelle croi- 
sade dont il devait être l’historien. 


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CHAPITRE V 


HüGUES DE NOYERS, ÉVÊQUE D’AUXERBE, FAIT DES CONS- 
TRUCTIONS CONSIDÉRABLES AU CHATEAU. — MILE VII. — 
CURIEUX ÉPISODES DE LA GUERRE QU’lL SOUTIENT CONTRE 
LA CHAMPAGNE AVEC ÉRARD DE BRIENNE. — SIÈGE DE 
NOYERS EN 1216. — EXCOMMUNICATION DE MILE VII ET 
DES SIRES D’ANCY-LE-FRAN'C, DE SEIGNELAY, DE TANLAY, 
D’ÉPOISSES, DE CLERMONT, DE B1ERRY, ETC. — FIN DE CETTE 
LUTTE FÉODALE. — SOUMISSION AU COMTE DE CHAMPAGNE. 


( 1196 - 1231 .) 


Pendant que Mile VII resta sous la tutelle de son oncle 
Hugues de Noyers, évêque d’Auxerre, celui-ci voulut 
reconstruire le château de ses pères. 

A cette époque, Noyers était une terre allodiale et n’était 
soumise à aucune domination, ce qui excitait," au dire du 
chroniqueur, une grande jalousie chez les seigneurs du 
voisinage, qui ne pouvaient avoir la prétention de venir 
attaquer le sire de Noyers, son château étant situé dans 
une position inexpugnable. 

L'évêque Hugues commença par entourer la ville même 


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116 I.ES SIRES DE NOYERS. 

d’un rempart solide auquel travaillèrent tous les hommes 
du pays. Pour le château, il y consacra des sommes 
considérables et y employa aussi les vassaux, qui durent 
se plaindre plus d'une fois du lourd fardeau qui leur était 
imposé. 

Hugues de Noyers fit d’abord creuser au pied du mur 
extérieur, bâti par Clérembaud, des fossés escarpés, taillés 
dans le roc. Deux autres fossés parallèles à celui-ci, et 
séparés entre eux par des murailles, des tours et redoutes 
isolaient la forteresse proprement dite et en rendaient 
l'accès impossible du côté du Nord, le seul abordable. 
Toutes ces murailles se reliaient au mur extérieur, et 
avaient été recouvertes de poutres énormes pour mettre 
|es habitants du château en mesure de pouvoir attaquer, 
sans crainte des projectiles et des machines de guerre de 
l'ennemi. On trouva près des murailles la source d’une 
fontaine qui donnait un filet d’eau très claire. 

Outre ces fortifications, Hugues de Noyers fit construire 
un magnifique château bien fortifié lui-même, mais que 
les murailles et les fossés servaient encore à défendre. 
Sous la tour principale de ce château, d'immenses sou- 
terrains, celliers et caves avaient été réservés, de ma- 
nière que, pour avoir les provisions de toute espèce, il 
était inutile d’entrer dans la forteresse; on montait et on 
descendait le tout avec des poulies dans des conduits 
cachés dans le roc. 

Le château fut, de plus, bien approvisionné en armes, 
balistes et autres engins de guerre. La forteresse était 
assez vaste pour pouvoir loger tous les vassaux du sire 
de Noyers. L’église baptismale de la ville fut élevée en 
dehors des fortifications et dans la ville même, pour qu’il 
n’y eût au château que la chapelle seigneuriale, oeuvre 


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LES SIRES DE NOYERS. 


117 


magnifique et digne d’admiration, selon le chroniqueur, 
si l’évêque n’eùt, ajoute-t-il, absorbé dans ces construc- 
tions tous les biens de ses vassaux et gaspillé les deniers 
épiscopaux qu’on aurait pu mieux employer ailleurs. 

Ainsi fortifié, le château put résister aux attaques les 
mieux combinées, et déjouer les entreprises des princi- 
paux seigneurs de la province et du duc de Bourgogne 
lui-même. 

Uugues de Noyers fit enfin pour son neveu, moyen- 
nant une somme considérable, l’acquisition de la terre de 
Yallan, prés de sa ville épiscopale (1). 

Après la mort de l’évêque d’Auxerre, le duc de Bour- 
gogne, voulant attirer le jeune Mile VII sous sa dépen- 
dance, et cherchant soit à le mettre sous sa suzeraineté, 
soit à l’attirer par des faveurs, lui donna, â titre de fief, la 
terre et le château de Maisy dans le Châtil Ion nais (2) . 

En 1209, Mile concède aux religieux de Quincy un bois 
et un moulin : il approuve en même temps les conces- 
sions faites pour les pâturages des terres de Tanlay, par 
Guillaume de Tanlay, son beau-frère et vassal (3). 

Les années suivantes, on a plusieurs chartes de dona- 
tions et d’arrangements entre le sire de Noyers et les 
moines de Pontigny (4), de l’hôpital d’Arbonne (5), de 


(1) Tous ces faits sont extraits du De Geslis Episcoporum 
A utïssiodoremi uni . 

(2) Leduc lui donna aussi l’usage dans les bois de Villers 
pour ses hommes de Bissey (1209). Arch. de la Côte-d'Or. 
Recueil de Peincedé. 

(3) Quincy, par M. Lambert. Ann . de V Yonne, 1863, p. 211. 

(4) Cari, de Pontigny , vol. 1, fol. 299. 

(5) Arch. de la Côte-d’Or. Peincedé. 


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118 


LES SIRES DE NOYERS. 


Saint-Martin de Chablis (1), de Saint-Marien d’Auxerre (2). 
Malgré l’intérêt que présentent quelques-uns de ces 
documents, nous les passerons sous silence, pour ne pas 
scinder notre récit, et pour aborder les faits les plus 
saillants de cette époque agitée. 

C’est alors que commencent les troubles de Champagne 
auxquels le sire de Noyers devait prendre une part si 
active. Voici la cause de ces troubles : Erard de Brienne, 
beau-frère de Clérembaud de Noyers et oncle de Mile VIL, 
avait épousé en secondes noces, malgré les oppositions 
du pape et du roi de France, Philippine de Champagne, 
fille du comte Henri -et d’Isabeau, reine de Chypre et de 
Jérusalem. Celte femme, dont la légitimité était contes- 
tée (3), était tante du comte Thibaud, et revendi- 
quait, en vertu du droit de représentation, le comté de 
Champagne. 

Blanche de Champagne, pendant la minorité de son 
fils Thibaud, prit d’abord soin de s’assurer la fidélité de 
ses vassaux pour faire échouer les projets de son compé- 
titeur Erard de Brienne. Elle leur fit jurer fidélité en 
faveur de Thibaud : Ponce de Grancey, Anséric de Mont- 
réal, Pierre de Courtenay, comte d’Auxerre, et nombre 
d’autres seigneurs lui prêtèrent serment. 

Pour plus de sécurité, Blanche crut devoir exiger une 
semblable garantie de ses sujets roturiers. Il résulte d’un 

(1) Copie du Grand Cartulaire de Pontigny , p. 803. 

(2) Archives de l’Yonne, fonds Saint-Marien d’Auxerre. 

(3) Henri H, comte de Champagne, avait eu cette fille d’une 
femme divorcée, de sorte que Thibaud V, et après lui son fils 
mineur, avaient longtemps joui de l’héritage sans réclamation 
officielle. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


119 


document (1) que les habitants de Chablis tirent sem- 
blable serment entre les mains du doyen du chapitre 
J 216), précaution utile sans doute, à cause des droits 
que Mile de Noyers, partisan d’Erard, possédait sur 
Chablis. 

Humbert de Rougemont, Hugues de Vergy, seigneur 
de Beaumont (sur Serain), Pons de Mont-Saint-Jean, 
beau-frère de Mile VII, prêtèrent aussi à la comtesse un 
serment qu’ils ne devaient pas tenir, mais ils se réser- 
vèrent de ne point marcher contre le sire de Noyers, leur 
ami et parent. 

Erard de Brienne, de son côté, prenait les mêmes 
dispositions. Il avait pour partisans nécessaires plusieurs 
barons qui lui épient unis par les liens du sang : Mile VII, 
son neveu ; Guillaume de Courtenay, seigneur de Tanlay, 
mari d’Adeline de Noyers, sœur de Mile VII et par consé- 
quent nièce du prétendant ; le sénéchal Simon de Join- 
ville ; Rainard de Choiseul. 

Autour de ces seigneurs se groupèrent encore les alliés * 
et les vassaux de chacun d’eux : Etienne de Seignelay; 
André, seigneur d'Epoisses ; Gui et André de Montréal; 
Renier d’Aigremont; Erard de Chassenay ; Mile de Saint- 
Florentin et Mile de Pougy, petits-fds et filleuls de Mile V 
de Noyers, et par suite cousins de Mile VII de Noyers. 

Les hostilités commencèrent en 1216. Blanche prit 
l’offensive et envoya une armée assiéger le château de 
Noyers, où résidaient Erard de Brienne et tous ses parti- 
sans. Dans l’impuissance de s’emparer d’une aussi formi- 
dable forteresse, cette armée ravagea tous les villages et 

(I) Cart. delà comtesse Blanche. Bibl. nat. Mss. Ancien fonds 
5993, f» 83 r°. 


X 


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LES SIRES DE MOI ERS. 


120 

les campagnes relevant de Noyers. Mais elle ne put con- 
tinuer les travaux du siège ni trouver dans ces domai- 
nes une quantité de vivres suffisante, malgré les barils 
envoyés à Noyers, suivant le compte de l’année 1217, 
publié par M. Bourquelot (I), barils qui avaient sans 
doute pour but d’approvisionner l’armée assiégeante (2). 

Les troupes n’étaient d’ailleurs pas tellement discipli- 
nées qu'elles ne fissent quelques dommages en dehors 
des terres relativement restreintes du sire de Noyers, 
limitées par les domaines du duc de Bourgogne, de 
l’Auxerrois et de Montréal, dont le chef était allié et vassal 
de Thibaud. 

Plusieurs monastères possédaient aussi des propriétés 
dans l’enclave de ces diverses seigneuries, et eurent plus 
ou moins à souffrir de la présence des belligérants. Dans 
les diocèses d’Auxerre, de Sens et de Troyes, il y eut de. 
nombreuses réclamations adressées au pape Honorius, 
pour rendre Blanche de Champagne responsable du 
bétail enlevé par les gens d’armes, et des dégâts commis 
par eux. L’abbaye de Pontigny avait surtout essuyé de 
sérieuses pertes, le pape nomma le prieur de Saint- 
Martin-des-Champs et deux chanoines de Paris pour 
faire justice aux plaignants (3). 

Cette guerre avait pour conséquence désastreuse de 
mettre en état de défense tous les châteaux et tous les 
seigneurs de la contrée, à quelque parti qu’ils appartins- 

(1) Fragments de comptes du xm® siècle. — Bibliothèque de 
l’École des Chartes, 5° série, t. IV. 

(2) D’Arbois de Jubainville. Hist. des Comtes et Ducs de 
Champagne , t. IV, pp. 134-135. 

(3) Liber Pontificum. Bibl. nat. Ancien fonds latin 5993 A, 
f» 24 r°. 


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I.ES SIRES DE NOYERS. 


121 


sent, et à les forcer à se déclarer pour l’un ou pour 
l’autre des combattants. Pendant qu’Anséric défendait 
dans ses châteaux de Montréal et de l’Isle la cause de 
Blanche de Champagne et de Thibaud, Gui et André 
de Montréal, ses parents, mettaient leurs forteresses de 
Beauvoir et de Marmeaux au service d’Erard de Brienne 
et de Mile de Noyers. Chablis et Maligny, qui relevaient de 
la Champagne et avaient prêté serment à Blanche, étaient 
en lutte avec Seignelay et Saint-Florentin, dont les sei- 
gneurs soutenaient le parti opposé. Flogny, Tanlay, 
Ancy-le-Frane, Lézinnes, Rougemont étaient ainsi enga- 
gés sous l’une ou l’autre bannière. 

Erard de Brienne se rendit vers le roi pour le prier 
d’accepter son hommage pour le comté de Champagne. 
On lui fit d’abord déposer les armes : une trêve fut conve- 
nue entre les parties qui durent comparaître en personne 
au tribunal convoqué à Melun et composé de dix-huit 
juges, présidés par le roi lui-même. 

On déclara que l’hommage d’Erard ne pouvait être 
accepté quant à présent, qu’il fallait maintenir la trêve et 
attendre la majorité du jeune Thibaud. 

Erard se soumit à la décision, mais ne put tenir parole, 
sous prétexte de quelques revendications spécieuses pour 
des dommages qui lui avaient été causés. U mit le feu 
à plusieurs villages de Champagne. Blanche n’obtint de 
Philippe-Auguste que de faibles secours et un appui 
purement moral ; elle eut recours à un allié beaucoup 
plus puissant dans ces circonstances, et s’adressa au 
pape Innocent III, qui lança des bulles d’excommunica- 
tion contre Erard de Brienne et ses alliés. 

Innocent III étant mort peu après, en juillet 1216, les 
bulles restèrent sans effet. Blanche combla de présents le 


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122 


I.ES SIRES DE NOYERS. 


nouveau pape Honorius, et en obtint de nouveaux décrets 
d’excommunication contre ses ennemis. L’évêque de 
Soissons, les abbés de Cluny et de Longpont furent char- 
gés de l’exécution de ces décrets. 

Ces prélats envoyèrent donc une citation à Erard et 
nommèrent en leur lieu et place trois mandataires pour 
cette délicate mission, car Erard, pour éviter d’obéir aux 
ordres du pape, se dérobait à ses ambassadeurs. 

En février 1217, deux seulement des envoyés : un 
chanoine de Val-Secret et un moine de Notre-Dame de 
Ch âge (1) purent pénétrer au château de Noyers, où Erard 
s’était réfugié, le trouvèrent entouré d’une nombreuse 
assistance, et le sommèrent de comparaître devant le 
pape en personne, ou par procureur, au plus tard le 
18 octobre- suivant. Ils lui enjoignirent de plus, sous 
peine d’excommunication, de ne plus commettre de vio' 
lence en Champagne et d’observer les trêves. 

Comme ils demandaient à voir Philippine, pour lui 
faire les mêmes communications, Erard répondit que sa 
*emme était malade et ne pouvait les recevoir, ce qui fut 
plus tard pour lui un prétexte de soutenir que la citation 
n’était pas régulière (2). 

Les mandataires du pape enjoignirent alors aux prélats 
de France d'adresser des monitions canoniques à Erard, 
à Mile de Noyers, à Rainard de Choiseul et à leurs adhé- 
rents, pour les forcer à se présenter dans les vingt jours 
devant l’abbé dd Longpont et l’évêque de Soissons, afin 

(1) Près de Meaux (Seiue-et-Marue). 

(2) D. Bouquet, t. XIX, p. 634, CD. — Trésor des Chartes , 
209, n° 43. — Bibl. nal. Mss. 3993, f° 103 r», et 108 r“. — Liber 
PoîUificum, Bibl. nat. 3993 A, f° 14 v° r°. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


123 


d’y donner preuve de leur soumission. Ces seigneurs 
n’eurent garde de se rendre à cette invitation, et au mois 
d’avriH217, l’archevêque de Reims et l'évêque de Senlis 
déclarèrent excommuniés Erard de Brienne, Mile de 
Noyers et tous leurs partisans. Les abbés, prieurs, doyens 
et prélats, devaient donner cet ordre d’excommunication 
dans toutes les paroisses les dimanches et jours de grande 
fête, et frapper d’interdit les terres de ces seigneurs. Tout 
service religieux devait. y cesser; l’adminislration des 
sacrements était suspendue, sauf pour le baptême et 
l’extrême-onction. 

Nous n’avons pas la preuve que les bulles furent pu- 
bliées dans d’autres diocèses que ceux de Reims et de 
Senlis, mais les évêques de Troyes, d’Auxerre et de 
Langres, où s’agitaient les intéressés, trouvèrent moyen 
de temporiser et de rie point déférer aux ordres du pape. 
Le premier était en procès avec Blanche de Champagne ; 
l’évêque de Langres était frère de Simon de Joinville, l’un 
des rebelles; l'évêque d’Auxerre, Guillaume deSeignelay, 
était cousin d’Etienne de Seignelay, et en même temps 
parent et ami d’Erard et de Mile VII. 

Malgré de nouvelles circulaires plus rigoureuses en- 
core, il y eut partout la même résistance, car les manda- 
taires du pape furent forcés de lui écrire pour constater 
l'inutilité de leurs efforts. 

L’eflicacilé des présents de Blanche et la ténacité du 
Saint-Siège devaient triompher de cette résistance. De 
nouveaux mandataires nommés par le pape menacèrent 
de suspendre les évêques de Langres et de Troyes, s’ils 
ne dénonçaient pas publiquement la bulle d’excommu- 
nication. Pour plus de sûreté, voyant les sentences ren- 
dues par ses envoyés si peu respectées, Honorius pro- 


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LES SIRES DE NOYERS. 


124 

nonça lui-même l'excommunication contre Erard et ses 
alliés, dont il désignait nominativement vingt-cinq. On 
devait éviter tout rapport avec eux, et publier les bulles 
au son des cloches et les cierges allumés (1) (2 et 3 février 
1218). 

Voici, outre Mile de Noyers, Philippine et Erard de 
Brienne, les noms compris dans ces curieuses bulles : 
Rainard de Choiseul, Simon de Sexfontaine, Eude de 
Saint-Phal, Etienne de Seignelay, Guillaume de Tanlay, 
Joubert d’Ancy-le-Franc, Mile de Saint-Florentin, le fils 
du seigneur de Saint- Valérien, tous deux cousins du sire 
de Noyers (2); Etienne de Lacon, Philippe Boisent de 
Flaci, Gui de Noeis (?), André d’Epoisses, Guillaume de 
Bierry (3), Herbert de Puiseaux (4), Renier d’Aigremont, 
Simon de Clermont, Eudes de Châtillon-en-Bazois, Eudes 
de Sully (5), Hervé de Vierzon (6), Robert de Bommiers (7), 
Henry de Sully (8), Garin de Moncon, Horri et Gauthier 
de Pringy (9), Robert de Sompuis (10). 

(J) Arch. nat. Trésor des Chartes , 7, 209. Champagne, t. XIV, 
n ÜS 48 et J. 430. — Publ. Tcidet , t. I, pp. 458-460. 

(2) Guillaume, vicomte de Saint-Florentin, et le sire de 
Pougy avaient épousé les deux sœurs : Agnès et Ode de 
Noyers, filles de Mile V et d’Odeline de la Jaisse. Mile de Saint- 
Florentin et Mile de Pougy étaient petits-fils et filleuls de 
Mile V de Noyers. 

(3) Bierry, aujourd’hui Anslrude, canton de Guillon. 

(4) Aube. 

(5) Seigneur de Beaujeu (Cher). 

(6) Cher. 

(7j Indre. 

(8) Loiret. 

(9) Marne. 

(IC) Marne. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


125 


Erard de Brienne n’avait pas attendu cette nouvelle 
rigueur, car il avait déjà fait plusieurs trêves avec 
Blanche et les renouvelait successivement jusqu’à Pâques 
(ï2 avril 1218). Mais plusieurs des seigneurs ligués, 
effrayés des suites d’une aussi longue résistance, lassés 
de ces interdictions lancées contre eux, et qui avaient 
alors une si grande portée, cherchaient à se tirer d’em- 
barras le mieux possible, soit en éludant encore les effets 
des foudres canoniques, soit en vendant cher leur fidé- 
lité à Blanche et à Thibaud de Champagne. 

André d’Epoisses, qui était à la dernière croisade, se 
faisait absoudre par l’évêque de Beauvais, usant de l'in- 
violabilité qui couvrait tout croisé quand il prenait les 
armes (I). Ce seigneur avait même été choisi parle duc 
de Lorraine, pendant le temps de son excommunication, 
comme arbitre d’un Irait-.* passé entre ce duc et Blanche 
de Champagne (2'. 

Simon de Joinville, Simon de Château-Villain, après 
avoir été battus au printemps de la même année dans les 
environs de Joinville, firent leur soumission. Erard de 
Chassenay et Philippe de Plancy ne tardèrent pas à être 
désarmés également. L’excommunication portait malheur 
à la cause d’Erard, qui jugea prudent de conclure (8 juil- 
let 1218), une trêve de quatre années avec Blanche, à 
condition quelle interviendrait auprès du pape pour faire 
lever l’interdiction qui pesajt sur lui et ses défenseurs. Il 
était convenu que dans le cas où l’absolution ne serait pas 
obtenue, au plus tard huit mois après ce traité, les hosti- 
lités pourraient reprendre. Erard fournit des cautions 

il) liber Ponti ficum. — B\b\. nul. A. 8993. Ms?. f° 21 r°. 

Hist. des Ducs et Comtes de Champagne , t. IV, p. 150. 


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426 


LES SIRES DE NOYERS. 


parmi les alliés qui lui restaient fidèles ; ce sont notam- 
ment Mile de Noyers, Mile de Saint-Florentin, Etienne de 
Seignelay, Rainard de Choiseul, Hervé de Nevers (4). 

Blanche songea bientôt à tirer parti des ressources que 
lui procurait son immense fortune, en détachant succes- 
sivement du parti d’Erard tous les alliés qu’elle put se 
rattacher ; car il faut bien reconnaître que dans tous les 
siècles le cœur humain a été le même, que la politique 
d’un État n'est que la résultante des intérêts particuliers, 
et que celui-là seul triomphe, qui rallie à sa cause le 
plus grand nombre d’intéressés. 

Blanche avait déjà attiré dans son parti, en 4246, 
Pierre, comte d'Auxerre, moyennant 400 marcs d’argent, 
qui aujourd’hui équivaudraient à 26,000 francs (2). Au 
mois de juin de l’année suivante, elle accordait une rente 
de vingt livres en accroissement de fief, et une somme de 
trois cent livres, une fois payée, à Ponce de Mont-Saint-Jean, 
beau-frère de Mile VII et neveu d’Erard de Brienne (3). 
On doit dire, toutefois, qu’en se mettant à la disposition 
de Blanche, Ponce de Mont-Saint-Jean stipulait qu’il ne 
concourrait à aucune attaque contre Mile de Noyers. Gui 
de Thil-Châtel reçut, comine le comte d’Auxerre, cent 
marcs d’argent et en plus une rente de trente livres (4). 

Gui de Montréal, seigneur de Beauvoir, et André de 

(1) Bibl. nat. Ane. fonds latin 5993. Cartulaire de la comtesse 
Blanche, f os 41 v° 42, v°. — Cart. de Thon, Ms. ï>992, f° 108 v°, 
110 r°. — Fonds Colbert, Liber Pontificum, pp. 353-358. — Col- 
lection Champagne, 136, pp. 8-10. 

(2) Bibl. nat. Mss. 5993, f° 3 v°. — Cart. de Thon, 5992, f° 174 r°. 

(3) Mêmes sources, f° 88 v°, f° 218 v° et 219 r°. 

(4) Bibl. nat., Mss. 5993, f° 88. — Cart. de Thon, f° ! 155 r° et 
218 v°. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


427 


Montréal, seigneur de Marmeaux, qui étaient très engagés 
dans la cause d’Erard, perçurent semblable rente et trois 
cents livres une fois payées (1). Ils se réservèrent toutefois 
de ne marcher sur aucun corps de troupes où Erard, dont 
ils étaient vassaux, serait présent en personne, mais ils 
promirent de faire la guerre à Mile personnellement et 
de livrer leurs forteresses à Blanche pour l’attaquer (21. 
Ces deux seigneurs obtinrent ensuite la levée de l’excom- 
munication qui avait été prononcée contre eux par l’évêque 
de Soissons, et jurèrent de se soumettre aux ordres de 
l’Église (3). 

Il paraît certain que malgré les trêves conclues et qui 
s’étendaient à tous les alliés, la guerre reprit encore en 
-1219, car il y eut une armée mise en campagne contre 
Simon de Clermont, l’un des excommuniés. 

L’un des eousins-germains du sire de Noyers, Milon de 
Saint-Forentin et Simon de Sexfontaine, éprouvèrent de 
grands dégâts dans leurs terres, par suite de l’interdiction 
qui les atteignait, car ils se soumirent sans condition. 
Mile de Saint-Florentin prit parti de s’en aller en Terre- 
Sainte et jura qu’à son retour il se présenterait devant 
Blanche pour exécuter les prescriptions du pape; qu’il 
ne ferait dans l’intervalle aucune démonstration hostile 
contre le comte ou la comtesse de Champagne, et, à ces 
conditions, il obtint la levée de la censure. L’absolution 
lui fut donnée par le doyen de Saint-Etienne de Troyes, 
commis à cet effet par les délégués du pape (4). 

(I) Trésor des Chartes , J. 205, n" (5. 

;2) Cbantereau-Lefebvre, p. HO. 

(3) Bibl. nat. Cari, de la comtesie Blanche , Mss. 5093. Ane. 
fonds latin, f°» 90 v°, 94 r°. Cari, de Thou, Mss. 8992, f° 221 r°. 

!4] Bibl. nat. Mss. 5993, f® 93 r°. — Cart. de Thon, f° 221, r° v # . 


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128 


LES SIRES DE NOYERS. 


Guillaume, chantre de Saint-Martin de Tours et prévôt 
de Chablis, participa aussi aux donations intéressées de 
la comtesse Blanche, car il reçut le droit de couper le 
tiers de la forêt de Chalautre. La bonne comtesse ne négli- 
geait pas les gens influents ! (1). 

Une des clauses du traité passé entre Erard et Blanche 
spécifiait que cette dernière devait, par sa médiation, 
obtenir la levée de la censure contre Erard et ses adhé- 
rents. La comtesse obtint, en effet, leur rentrée en grâce, 
mais il serait difficile de savoir si cette médiation fut de 
bonne foi. Le 29 décembre 1218, Honorius avait donné 
ordre aux abbés de Citeaux, de Clairvaux et de Quiney-, 
de relever, suivant les formes de l'Eglise, Erard et ses 
alliés, de l'interdit lancé contre leurs personnes et leurs 
terres, mais les conseillers de Blanche, craignant une 
nouvelle résistance, apportaient des entraves et des fins 
de non-recevoir à la libération et à l'efficacité des décrets 
pontificaux; on mettait toujours de nouvelles conditions 
à cette absolution, et deux ou trois années se passèrent 
ainsi en débats stériles et sans résultats. 

Seulement cette situation était des plus funestes pour 
les contrées où s’agitait ce long débat, et, comme il arrive 
presque toujours, les armes spirituelles étaient mises au 
service des passions politiques suivant l’intérêt de tel ou 
tel parti. L’archevêque de Sens, qui favorisait sourdement 
la cause d’Erard, excommuniait assez volontiers les alliés 
de la comtesse de Champagne : le pape Honorius fut 
obligé de nommer des arbitres pour juger les réclama- 
tions de Blanche, qui accusait aussi bien l’archevêque de 

(1) Septembre 1218. — Mêmes sources, f>* 82 v° et 189 v° r°. 
— Liber Pontificum, f° 450 r°. 


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LES SIRES DE NOYERS. 129 

Sens que ses suffragants d’abuser de l’arme d’excommu- 
nication (1). 

Les alliés de chaque camp ne manquaient pas de tenir 
le pape au courant de ce qui se passait d’irrégulier dans 
le camp opposé; car on trouvait partout des ecclésias- 
tiques complaisants qui tenaient peu de compte des ex- 
communications les mieux motivées. 

En novembre 1 21 9, le pape apprit que les moines de 
l’abbaye de Quincy avaient donné la sépulture ecclésias- 
tique et l’absolution à des partisans d’Erard de Brienne, 
dans la terre de Tanlav ; que les moines de Trois-Fon- 
taines avaient, dans les mêmes circonstances, prêté le 
secours de leur ministère, sans exiger réparation des 
dommages causés à Blanche et à Thibaud. Le pape 
nomma, en conséquence, trois délégués pour menacer 
ces moines d'excommunication en cas de récidive (2). 

On savait aussi que, vers la même époque, Philippine, 
qui venait d’accoucher, avait été admise à faire ses rele- 
vailles dans une paroisse du diocèse de Langres. Les 
moines de Pontigny se mirent eux-mêmes en cas de 
réprimande, et reçurent des délégués du pape, le doyen 
de Soissons, les abbés de Valsecret et de Saint-Jean des 
Vignes, l’ordre de mieux observer à l’avenir les lois de 
l’Église; car, le jour de la Purification, 2 février 1220, 
Mile de Noyers et Erard de Brienne s’étaient rendus de 
Noyers à Pontigny, avaient été admis aux cérémonies de 
la Chandeleur et avaient suivi la procession un cierge à la 
main. Ces complaisances à l’égard des excommuniés ont 

(1) Il janvier 1819. — Cart. de Thou, Bibl. nat. Ancien fonds 
latin, 5993 A. f # 116 r° v°. 

(2) Liber Pontificum, {<” 22 r° et 27 r°. 

Sc. hitt. 9 


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430 


UES SIRES DE NOYERS. 


droit de surprendre ; elles n’étaient ni autorisées ni excu- 
sées par les nombreuses obligations et les donations 
considérables que l’abbaye de Pontigny devait aux sires 
de Noyers. On disait plus encore ; des archevêques et des 
prélats avaient dîné avec Erard, Philippine et Mile, et 
d’autres étaient venus les visiter au château de Noyers (1). 

Il est certain qu’Erard de Brienne et Philippine séjour- 
nèrent à Noyers pendant une grande partie de 1218. 
Car, le 11 octobre de cette année, ils accordèrent encore 
aux moines de Molème une charte que ceux-ci n’eurent 
garde de refuser, malgré l’excommunication des dona- 
teurs; charte par laquelle ils donnaient la liberté de 
vendanger leur propre vigne du Tronchois quand il leur 
plairait (Not. sur les Riceys, par l’abbé Lalore, Mém. de 
la Soc. acad. de l’Aube, 1872, p. 136). 

Les tracasseries dont on poursuivait les excommuniés 
étaient assez désagréables pour que ceux qui en étaient 
l’objet fissent leurs efforts pour sortir de cette situation. 
Erard vendit enfin sa fidélité à Blanche et à Thihaud 
moyennant une très forte indemnité, et fut relevé, en 
1221, de la tache fâcheuse que l’excommunication lui 
imprimait aux yeux des populations. La soumission 
d’Erard précéda de quelques mois la majorité de Thi- 
baud (mai 1222), qui avait été peu auparavant ceint du 
ceinturon des chevaliers de la main de Philippe-Auguste, 
cérémonie qui lui valut la levée d’une aide, pour laquelle 
ses hommes de Chablis lui donnèrent 1500 livres (2). 

L’excommunication de Mile de Noyers tombait avec 
eelle d’Erard, mais il n’avait pas de soumission de vassa- 

(1) Liber Pontificum, Mss. 5993 A f° 252 v° r°, 

(2) Février 1222. Bibl. nat. Coll. Baluze 76, f> 239. 


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LES SIRES DE NOYERS. 131 

lité à faire, étant tout-à-fait indépendant du comte de 
Champagne. Toutefois, Thibaud lui fit des avances, et se 
servit de l’intermédiaire de plusieurs seigneurs, et no- 
tamment de Ponce de Mont-Saint-Jean, beau-frère de 
Mile, pour arriver à lui faire reconnaître sa suzeraineté 
sur un point quelconque de ses domaines. C’est ainsi que 
nous croyons devoir interpréter une lettre du 24 mars 
1 224, par laquelle Blanche et Thibaud délivrent à Ponce 
une somme de quarante livres, en considération de ser- 
vices rendus (1). Et à la même date, Mile VII se déclare 
homme-lige du comte de Champagne, à cause de cinquante 
livrées de terre qu’il en avait reçues sur la terre de Nitry, 
sauf toutefois la ligéité qu’il devait à plusieurs seigneurs 
pour des portions de domaine, savoir : au duc de Bour- 
gogne ; à la comtesse de Nevers ; à Gui de ChAtillon, 
comte de Saint-Pol ; à Anséric de Montréal ; à Jean, comte 
de Chartres, seigneur d’Oisy et de Montmirail ; à l’abbé 
de Saint-Martin, d’Autun ; à Clérambaud de Chappes; à 
Gaucher de Joigny et à Erard de Brienne. Il assure, de 
plus, qu’il ne reconnaîtrait pas d’autre seigneur suzerain 
avant le comte Thibaud, et qu’il tiendra plus tard en fief 
de lui ou de ses héritiers la terre de Noyers, mais que si 
le comte mourait sans héritiers cette clause serait non 
avenue, et ses descendants demeureraient affranchis de 
cet hommage. La mort de Thibaud V, décédé sans héri- 
tiers mâles, en 1270, affranchit les successeurs de Mile VII 
de celte obligation. 

Nous donnons maintenant les faits qui se rapportent à 
Mile VII, pendant la période de cette lutte de seigneurs à' 

[I) Chanlereau, 11, p. 146. 


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132 


I.F.S SIRES DE NOYERS. 


seigneurs ; car malgré l’excommunication et l’interdiction 
dont étaient frappées leurs personnes et leurs terres, les 
seigneurs faisaient aux abbayes des donations que les 
moines n’avaient garde de refuser. 

Mile VII confirme, en 1220, une donation faite à l’ab- 
baye du Jard par Elisabeth de Brienne, sa cousine, dame 
de Saint-Valérien et veuve de Mile de Pougy (1). Il fut 
choisi l’année suivante par Alix, duchesse de Bourgogne, 
pour servir de caution aux marchands de Sienne, d’une 
somme qu’elle leur avait empruntée pour les besoins du 
duché, pendant la minorité de son fils Hugues IV (2). 

Etant au château de Druyes (3 avril 1222), Mile VII se 
reconnut homme-lige de Mathilde, comtesse de Nevers, 
sauf la fidélité qu’il devait au duc de Bourgogne, et obli- 
gea par cet acte ses héritiers et successeurs à rendre le 
même hommage (3). Mais il est essentiel de remarquer 
que ces actes de foi et hommage dus à certains grands 
barons, ne s’appliquent qu’à des portions de territoire et 
à des domaines compris dans l’apanage de ces derniers ; 
la terre patrimoniale de Noyers elle-même et le château 
étaient libres de toute vassalité et ne devaient rien à 
personne, jusqu’en 1295, époque à laquelle un membre 
de la famille vendit au duc de Bourgogne, à un prix fort 
élevé le droit de suzeraineté, comme nous le verrons plus 
tard. 

Mile ratifia, comme seigneur féodal, la dotation faite à 

(1) P. Anselme. Hisl. des grands Officiers de la Couronne , 
t. VI, art. Noyers. 

(2) Dom Plancher. Hist. de Bourg ., t. Il, p. 272. 

(3) Cart. du comté de Tonnerre, P 5 66. — Fonds de la Chambra 
des Comptes. — Arch. de la Côte-d’Or. 


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LES SIRES DE NO VERS. 


133 

l’abbaye de Saint-Michel de Tonnerre par Guillaume de 
Courtenay, son beau-frère, de biens sis à Mailly, Tanlay, 
Baon, Saint-Vinnemer, pour l’entretien d’un prêtre, à la 
nomination de l’abbé de Saint-Michel, qui devait desser- 
vir la chapelle du château de Tanlay (1). Une contestation 
s’étant alors élevée entre Etienne de Seignelay et l’abbaye 
de Saint-Germain d’Auxerre, les parties nommèrent 
comme arbitres : Mile de Noyers, Odard, maréchal de 
Champagne et Ferry de Cudot, jurant de s’en rapporter 
à leur décision sous peine de deux cents marcs d’ar- 
gent (2).. 

Mile VII figure avec Gaucher de Joigny, Archambaud 
de Bourbon, Guillaume de Mello, Hugues de Saint-Verain, 
Pierre de Bar, Etienne de Seignelay, Jean de Toucy, qui 
signèrent à Ligny la charte d'affranchissement donnée 
aux habitants d’Auxerre par la comtesse Mathilde (3). Il 
concéda, en 1224, aux religieuses de Crisenon, dix setiers 
d’avoine sur sa terre de Valan, en échange d’un muid de 
grain que feu Clérambaud leur avait donné sur le moulin 
de Moutot. Sa femme Agnès, son fils Mile et sa fille Eli- 
sabeth approuvent la donation (4). 

En 1225, il échangea avec Elisabeth, sa sœur utérine, 

,1) Bibl. do Tonnerre. Cart. de Saint-Michel , f° 121 r°. — 
Mile approuve encore le don de cinq sols de rente sur Mailly, 
fait par les mêmes seigneurs de Tanlay à l’abbaye de Crise- 
non, pour le repos de leur âme et celle de leur enfant qui 
y était inhumé. — Bibl. nat. n° loi. Cart. de Crisenon , f u 96, 
pièce 211 . 

(2) Hist. de Seignelay , par l’abbé Henry. 

(3) Lebeuf, Hist. d’ Auxerre, Preuves, t. II, p. 278. 

(4) Bibl. nat. Mss. n° 154. — Cart. de Crisenon, fol. 25 v°, 
pièce 66. Cart. de l'Yonne , t. III, p. 139. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


134 

fille d’Etienne Villain de Neuilly, un domaine en Brie 
contre sa terre de Cousin-lès-A vallon (1). 

Mile VII, qui avait déjà été investi de la charge de 
bouteiller de Bourgogne, sous le duc Eudes III, fut encore 
confirmé dans ces fonctions honorifiques par le duc 
Hugues IV, fils de ce dernier, en 1229, charge qui fut 
rendue héréditaire (2). 

Il maria l’année suivante sa fille Elisabeth avec Guil- 
laume, comte de Joignv, et lui donna en dot la terre de 
Vallan (3). 

Plusieurs actes de l’an 1231 citent encore le sire de 
Noyers : lorsqu’il se rend garant des privilèges accordés 
par Gui, comte de Nevers, aux habitants de cette ville (4) ; 
lorsqu’il approuve et confirme les aumônes faites par ses 
ancêtres à Pontigny, et particulièrement le don de la 
terre de Villiers et les droits de pâturage à Aigremont (5) ; 
lorsqu’il fonde son anniversaire dans l’église Saint- 
Marien d’Auxerre, moyennant une rente de dix livres (6) ; 
et enfin lorsqu’il fait son testament. Au nombre des exé- 
cuteurs de ses dernières volontés sont nommés: Hugues 

(1) Arch.de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes. B. 10471.— 
V. aux pièces justificatives. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, cote 87, liasse 2, lay. 150, Fiefs de 
l'Auxois\ publié dans la Noblesse des États de Bourgogne , par 
MM. Beauneet d’Arbaumont. 

(3) Bibl. nat. Mss. n° 154, Cart. de Crisenon, f° 25 v°, pièce 66. 
Cette alliance n’est indiquée nulle part, et Y Art de vérifier les 
dates n’en fait pas mention. 

(4) Arch. nat. Très, des Chartes., J. 256; Publ. Teulet, 1. 1, 
p. 211-214. 

(5) Cart. de Pontigny , vol. I, fol. 299. — Arch. de l’Yonne. 

(6) Arch. de la Côte-d’Or, Ch. des Comptes, Titres Noyers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


135 

de Bierry, Barthélemy de Cicons, Colin' de Châlillon, 
Thibaud, prieur de Vausse, Hugues, abbé de Reigny, 
Nicolas, prieur de Val-Croissant, Mile, archidiacre, et 
André, doyen d’Auxerre (I). 

fl) Cart. de l'Yonne , t. III, pièce 387. Original aux Archives 
de la Côte-d’Or. 


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CHAPITRE VI 


MILE VIII. — AFFRANCHISSEMENT DES HABITANTS DE 
NOYERS EN 1231 ET 1232. — LÉGENDE A CE SUJET. — 
LUTTE AVEC GUILLAUME DE JOIGNY. — FONDATION DE 
L’ABBAYE DE MARCILLY. — TRAITÉ AVEC GUILLAUME DE 
BOURBON. — ALLIANCES DE MILE VIII AVEC LA DAME DES 
BARRES ET ALIXANT D’ÉTAMPES. — SON TESTAMENT. — 
PARTAGE DE SES DOMAINES ENTRE SES DEUX FILS. 

(1231-1273.) 


En dehors du château de Noyers et à l’entrée de la 
ville, il y avait au xii® siècle des maisons bâties par les 
particuliers qu’attiraient le voisinage de la forteresse et 
le besoin de se mettre à l’abri des incursions de toute 
espèce, auxquels ils étaient exposés lorsqu’ils habitaient 
l’emplacement du faubourg. Mile VII avait exempté de 
divers droits les habitants des maisons édifiées contre les 
murailles, et avait affranchi du droit de mainmorte ses 
hommes de la rue des Moulins et de Venoise, aujourd’hui 
rue Franche (septembre 1231). 

Après la mort de Mile VII, tous les habitants de Noyers, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


137 


désireux de jouir du bénéfice de l’affranchissement du 
droit de mainmorte, et voyant d’autres villes moins 
importantes, Mont-Saint- Jean, Montréal, etc., obtenir de 
leurs seigneurs la même faveur, profitèrent de l’avéne- 
ment de Mile VIII pour lui réclamer des droits sembla- 
bles, « ad petitionem hominum nostrorum, » dit la charte. 

Au sujet de la rue Franche, une tradition fabuleuse 
veut que pour fixer la longueur qui devait être donnée à 
cette rue, le sire de Noyers ait jeté du haut du château 
une boule qui roula jusqu’à la place de la Magdeleine. 

Il existait encore dans le pays une autre version plus 
touchante sur les circonstances de l’affranchissement. 

Les habitants de Noyers avaient imploré de leur dame 
un allégement à leur misère et à leur servage. Celle-ci 
qui, dit la tradition, était aussi bonne que belle, inter- 
cède pour eux auprès de son mari. Non seulement celui-ci 
se montra insensible, mais comme elle insistait, il voulut 
lui ôter tout espoir de réussite en mettant à son conten- 
tement la condition la plus brutale et la plus insurmon- 
table qu’il pouvait imposer à une jeune femme, modeste 
et jolie. La dame de Noyers, seulement vêtue de ses 
cheveux, devait paraître sur le seuil du château, et là, en 
présence de toute l’assistance, lancer une boule sur le 
flanc de la montagne. L’espace parcouru par le projectile 
devait être converti en rue Franche (1). 

Nous rapportons ces légendes sous toutes réserves.. 

L’acte d’affranchissement (2) étant toujours le plus im- 

(1) Chartes et Affranchissements de Bourgogne, par J. Garnier, 

t. n, p. i3i. 

(2) Nous ne donnerons pas Yin-exlenso de cette charte, qui 
a été publiée par M. Quantin, Cart. de V Tonne, t. III, pièce 403, 
d’après un titre de la Bibl. nat. Fonds français, Mss. n° 9873, 


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138 


LES SIRES DE NOYERS. 


portant dans chaque localité à l’époque féodale, en voici 
les principales clauses : 

Tous les habitants de Noyers devaient payer annuelle- 
ment, pour les plus riches, dix sous et quatre bichets 
d’avoine. Ils avaient à leur charge moitié des frais- de la 
forteresse, que l’on devait construire depuis la porte de 
Venoise jusqu’à celle de Noyers-la-Ville et à la porte du 
bourg des Moulins ; l’autre moitié des fortifications devait 
être construite, ainsi que les ponts, par le seigneur. Les 
habitants devaient avoir six gardes pour veiller à la for- 
teresse du bourg pendant la nuit ; la garde des portes 
pendant le jour était à la charge du seigneur. Les habi- 
tants suivront le seigneur à la guerre ou à la chevauchée, 
et on n’aura pas droit d’en retenir aucun prisonnier s’il 
présente caution, sauf pourtant en cas d’homicide, de 
viol, de rapt ou de meurtre. Les amendes pour délit sont 
réduites de soixante à cinq sols. Si le seigneur marie sa 
fille, va en terre-sainte ou est fait prisonnier, les habitants 
devront lui payer cinquante livres à chacune de ces cir- 
constances. Les habitants ont droit d’usage en Frétoy à 
l’exception des essences de chêne, hêtre, pommier, poi- 
rier; mais ils ne peuvent donner ni vendre le bois, ils 
le doivent conserver pour leur propre usage : ils pour- 
ront, en le demandant à l’agent forestier, obtenir droit 
de couper du chêne pour bâtir et faire leurs charriots. 

Plusieurs des parents et amis de Mile VIII se rendirent 
garants de cette charte et jurèrent d’en observer les 
clauses : Robert de Tanlay, Mile de Saint-Florentin, 
Jobert d’Ancy, Hugues de Charny, Hugues de Bierry. 

f° 2 v°, et que M. Léon de Bastard avait recueilli dans ses pré- 
cieux cartons sur le département de l’Yonne. 




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LES SIRES DE NOYERS. 


139 


Au mois de décembre de cette même année 1232, 
Robert, évêque de Langres, donna un vidimus de la 
version de cette charte, qui offre cependant quelques 
variantes, car Miles VIII déclare qu’il y apposera son 
sceau quand il en aura un et lorsqu’il aura été reçu 
chevalier (1). 

Guillaume II, comte de Joigny, beau-frère de Mile VIII, 
ayant été insulté par ce dernier au château de Noyers, à 
la suite d’une querelle dont les détails ne nous sont pas 
bien connus, il y eut guerre entre ces deux seigneurs, 
en 1238. Thibaud, roi de Navarre, comte de Champagne, 
et Hugues, duc de Bourgogne, furent choisis comme 
arbitres pour vider leur différend et mettre fin à cette 
lutte fratricide. Un traité de paix fut signé au mois 
d’avril de la même année. Mile fut condamné à faire 
amende honorable au comte de Joigny, et dut subir 
quelque temps de prison dans le château du sire de 
Bourbon, pour avoir induement pris les armes (2). 

Les sires de Noyers qui avaient coopéré à la fondation 
de plusieurs abbayes sur leurs domaines, contribuèrent 
principalement à l’établissement du monastère de Mar- 
cilIy-les-A vallon, de l’ordre de Citeaux. En 1239, un 
seigneur du voisinage, vassal de Noyers ; Bure de Préy et 
Marie, sa femme, donnèrent à l’abbesse et au couvent des 
Isles, près d’Auxerre, un domaine à Marcilly pour y 
fonder une maison de leur ordre; ils y ajoutèrent des 

(1) Copie d’un titre de la mairie de Noyers. 

(2) Bibl. nat. Trésor généalogique de D. Villevieille, cabinet des 
titres, n°134. — Liber Principum, fonds Colbert, f° 180 bis r’ 
et v°. — Hist. manusc. de Prosper Bauyn, 2 vol. in-P> de mon 
cabinet, 1. 1, p. 35. — Ch. des Comptes de Dijon. 


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uo 


LES SIRES DE NOYERS. 


terres et des droits de pâture à Thory, dons qui furent 
ratifiés par Mile VIII (1). 

L’abbaye prit le nom de Notre-Dame-du-Bon-Repos, 
et par un décret du chapitre général de Citeaux, le gou- 
vernement et l’administration en fut confiée à Étienne, 
abbé de Clairvaux. Douze ans plus tard, un autre chapitre 
du même ordre céda les droits sur ce monastère à l’abbé 
de Fontenay, pour lui et ses successeurs. 

Mais la dotation de ces religieuses s’étant trouvée insuf- 
fisante pour l’entretien de l’abbaye, les religieuses s’en 
plaignirent à l’évêque d’Autun dans un acte qui a été 
conservé (2) : le monastère était situé dans un endroit sec 
et peu fertile, la pierre elle bois étaient rares, leurs bâti- 
ments insuffisants, elles étaient privées d’eau pendant les > 
chaleurs de l'été, et n’avaient à leur disposition pour les 
besoins de la maison que la vase bourbeuse d’un petit 
ruisseau. L’évêque d’Autun les autorisa donc à trans- 
porter leur établissement dans la léproserie de Cerce, 
près de Sauvigny, en posant comme condition qu’elles 
paieraient les charges de cette léproserie et reconnaî- 
traient la suprématie de l’évêque d’Autun, dont Cerce 
était une dépendance. 

Les conditions furent acceptées, mais les religieuses ne 
quittèrent point leur résidence, d’autres donations vinrent 
augmenter leurs possessions, et leur permirent de subve- 
nir aux besoins de l’institution naissante (3). 

(1) Pérard, Recueil de Pièces curieuses, pp. 444-445. 

(2) V. Pérard, Recueil de pièces curieuses pour servir à l’ his- 
toire de Bourgogne. — Mém. hist. de l’abbé Breuillard. 

(3) Jeau de , époux de Guillemie d’Estaules, leur donna 

un moulin à Marcilly et les tierces du même lieu. — Reine de 
Marcilly, fille de Hugues de Préy et femme de Guy de Gissey, 


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LES SIRES DE NOYERS. 444 

Béalrix de Noyers, sœur de Miles VIII, fut la première 
abbesse; Alix de Préy lui succéda. 

Les fondateurs Bur de Prey, et Marie, sa femme, y 
furent enterrés en 1244, Béatrix de Noyers en 4246; 
Reine, dame de Thory, femme de Guy, seigneur de Gissey- 
le-Vieux et sœur de Bur de Préy, y reçut sa sépulture en 
4282; Eudes du Vault en 4272; Marguerite, fille de Jean 
d’Avout, en 4273; Alix de Préy, deuxième abbesse, en 
4298; Houdard d’Estaules, maître d’hôtel du roi, eii 
4300; Béatrix d’Avout, sa femme, fille de Guillaume 
d’Avout, la même année ; le sire de Vassy et Marguerite 
de Bar, sa femme, en 4302 (4). Marcilly devint ensuite le 
lieu de sépulture de la famille des siresde Noyers. 

Mile VIII se rendit, en mai 4239, pleige ou caution du 
duc de Bourgogne, qui avait fait rendre foi et hommage 
au roi saint Louis, à cause des châtellenies du Charollais 
et du Mont-Saint-Vincent, châtellenies échangées avec 
Jean, comte de ChAlon . Le sénéchal de Bourgogne, 
Guillaume de Vergy, Anséric de Montréal, Guillaume de 
Thil et Guillaume de Mont-Saint-Jean sont les quatre 
seigneurs qui, avec Mile, se rendirent dans cette circons- 
tance cautions du duc de Bourgogne (2). 

Le duc Hugues tenait beaucoup à mettre le sire de 

leur donna le moulin d’Asquins et plusieurs héritages. — 
Eudes du Vault, époux de Marguerite d’Avoust, des terres et 
vignes à Vermoiron. — Le sire de Vassy et Marguerite de Bar, 
son épouse, des tierces et biens à Eslrée, Melusien, etc. — 
Arcb. de l’anc. Bourg, à Dijon, Chambre des Comptes, Pièces 
diverses. 

(1) Bibl. d’A vallon-Ms. Boileau. — Inscriptions tumulaires 
de Marcilly, relevées au xviii 0 siècle. 

;2) Arch. nat. Trésor des Chartes, J. 254 , — Bourgogne VI, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


442 

Noyers sous sa dépendance ; il lui avait déjà donné la 
terre de Maisy, où Mile VIII avait fait construire une 
forteresse redoutable et qu’il reconnut, en 4247, vendable 
et jurable au duc à grande et petite force . Le sceau apposé 
à cet acte représente un levrier, et le contre-sceau un 


n° 4. Original scellé. Autre charte de juin 1239, même fonds, 
J. 247 ; Bourg. J. n° 9, Orig. scellé. 

Nous analysons maintenant quelques-unes des principales 
pièces qui n'ont entre elles aucun rapport: 

— 1240, avril. — Mile confirme la donation faite par son père 
d’une rente annuelle et perpétuelle de 60 livres à l’église 
d’Auxerre, assignée sur l'église d’Augis. Cart . de V Tonne, t. ni, 
p. 432. 

— 1240, mars. — André de Montréal, seigneur de Marmeaux 
et sa femme Gile, font cession à Mile de Noyers de leur fief de 
Nuits-sous-Ravières, sauf la partie appartenant à Robert de 
Tanlay . — Arch. de Dijon, B. 10474. 

— 1240. — Guillaume de Lentillière, chevalier, et sa femme, 
ont donné au sire de Noyers un fief à Sancy, qu’ils tenaient 
en franc-alleu, donation approuvée par Hugues, seigneur de 
Charny. — àrch. de Dijon, B. 10472. 

— 1241. — Guillaume de Saint-Florentin, chevalier, seigneur 
de Pacy, atteste que Gauthier de Maligny reconnaît tenir en 
fief de Mile de Noyers ses maisons et granges de Beine et son 
pré de Maligny, près de l’héritage de Girard de Chablis, cheva- 
lier. Ces biens avaient appartenu à feu Jobert et Imbaul de 
Beine frères, à Marie, veuve de Jobert, ainsi qu’à Gui et 
Anséric de Montréal, frères, qui les avaient vendus à feu Gui 
de Maligny, père de Gauthier. — Arch. de Dijon, Recueil 
Peincedé. 

— 1146. — Anséric de Montréal approuve la vente faite par 
Hue Pioche à Mile VIII, de la terre de Lochères, relevant du 
sire de Montréal. — Arch. de Dijon, original, avec sceaux. 

— 1248. — Charte de Jean, sire d’Ancy (le Franc), qui déclare 
être homme-lige de Mile de Noyers, pour la seigneurie de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


143 


donjon flanqué de deux plus petites tours (1). Mile dut, par 
un litre de la même année, faire hommage à l’évêque 
de Langres et reconnaître par devant lui la suzeraineté 
du duc de Bourgogne sur Maisy (2). 

Tel était alors le crédit du sire de Noyers, que le duc le 
donna pour caution à la reine Blanche, en l’absence de 
son fds alors en Terre-Sainte, pour un hommage auquel 
était assujettie une de ses terres (1249) (3). 

Mile VIII fut du nombre des pairs qui s’assemblèrent 
pour juger Guillaume de Verrières, homme-lige de la 
comtesse de Nevers, et qui, l’ayant reconnu coupable, 
ordonnèrent la confiscation de son fief au profit de la 
comtesse (4). 

En premières noces, le sire de Noyers avait pris dans 
la maison des Barres une femme dont je n’ai pas le 
nom : elle était sœur d’Eudes des Barres, et mourut en 
1250 environ. Mile fut nommé tuteur des enfants d’Eudes, 
dont la veuve Marguerite de Bois-Roserain (ailleurs Bois 
Rosier), épousa Guillaume de Bourbon, seigneur de Becay. 
Guillaume et Mile eurent entre eux des démêlés au sujet 
de cette veuve, dont Mile retint les biens après sa mort, à 


Chassignclles, sauf le fief de la comtesse de Nevers. — Pièce 
originale, archives de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, 
B. 10172. 

(1) Arch. de Dijon. Ch. des Comptes, Titres de Noyers, pièce 
originale. — Pérard, pp.* 468-469. 

(2) Bibl. nat. Tr. génial, de D. Villevieille, d’après le Carlul. 
de Langres. 

(3) Hist. de Bourgogne, de D. Plancher, t. II, pp. 40-41. 

(4) Bibl. nat. Tr. génial, de D. Villevieille , d’après la Cham- 
bre des Comptes de Nevers. Titre de lundi après les trois 
semaines de Piques 1249. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


4 44 

cause des dettes qu’il s’était chargé de payer pour elle par 
moitié jusqu a la somme de mille livres (1). Ce n’est que 
dix ans plus tard que Jean ou Jeanet des Barres, fils 
d’Eudes, rentra en jouissance des terres patrimoniales 
par suite d’un arrangement avec Mile VIII (2). Nous don- 
nons aux pièces justificatives celles des chartes inédites 
qui n’ont été connues ni par Coifiier, dans son histoire 
du Bourbonnais, ni par ceux qui se sont occupés de la 
maison de Bourbon. 

En 1255, Mile de Noyers fonda l’anniversaire de son 
père dans l’abbave de Fontenay, près Montbard, etapprou- 

(1) Arch. de la Côte-d'Or, Chambre des Comptes. B. 10473. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes. B. 10472. — 
Peincedé, t. IX. p. G2. 

Yoici encore quelques chartes : 

— 1253. — Les religieux de Quincy ont une contestation 
avec Mile de Noyers au sujet de donations faites par son père. 
Mile VIII ratifie les acquisitions qu'ils avaient faites, à con- 
dition de demeurer quitte envers eux d’une rente de soixante 
sols, qui leur était due sur Noyers. — Arch. de la Côte-d’Or, 
Recueil de Peincedé. 

— 1254, septembre. — Lettre sou£ le scel de l’archiprêtre de 
Semur, attestant l’acquisition faite par Mile VIII, moyennant 
quinze livres parisis d’une rente de vingt sols, monnaie 
d’Auxerre, que les religieux du prieuré de Notre-Dame de 
Semur prenaient chaque année à la Saint-Remy, en vertu de 
la donation faite par le père de Mile VIII — Arch. de la Côte- 
d’Or, Chambre des Comptes, Titres de Noyers. 

— 1256. — Transaction entre les religieux de Pontigny et 
Mile VIII pour les droits, terres et possessions qu’ils avaient 
acquis dans les limites de son fief et de la terre de Venouse. 
Mômes sources. 

— 1260, octobre. — Lettres sous le sceau de Guillaume, 
comte de Joigny, et de Henry, prieur de Noyers-la-Ville, par 
lesquelles Guillaume, fils de Thomas Pancenoire, de Nitry, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


U5 


va, comme seigneur du fief, toutes les acquisitions faites 
par les religieux dans les terres de Soulangis et de Marsoif. 
Ces biens devaient toutefois rester sous la dépendance du 
sire de Noyers et de ses descendants, et personne autre ne 
devait en avoir la garde (1). Telle fut l’origine de la pro- 
priété et du domaine du Petit Fontenay, que les religieux 
possédèrent à Tonnerre. 

Mile VIII maria, en 1260, une de ses filles, Marguerite, 
à Jean deVergy, seigneur de Mirebeau etFouvenl, séné- 
chal de Bourgogne ; il lui donna en dot deux mille livres, 
mais ne put donner comptant que six cent treize livres, 
dont les mariés donnèrent aussitôt quittance. Le reste de 
la somme ne put être acquitté que plus tard par le maré- 
chal de Noyers, neveu de Marguerite, qui, pour se dégrever 
de cette dette, donna la terre de Venouse et dépendances, 
qui fut, en 1295, revendue à l’abbaye de Ponligny, par 
Jean de Vergy et Marguerite de Noyers (2). 

Les cinquante livrées de terre pour lesquelles Mile était 
vassal du comte de Champagne àNitry, avaient été, en 
•1258, comprises dans la dot de Béatrix, fille de Thibaud 
de Champagne, lors de son mariage avec Hugues de 
Bourgogne, ainsi que la seigneurie de l’Isle et les villages 
voisins : Massangis, Dissangis, Sainte-Colombe, Provency. 
A dater de cette époque, le sire de Noyers n’eut à rendre 
aucun devoir de vassalité au comte de Champagne (3). 

m 

confesse devoir chaque année pour lui et ses hoirs, au sire de 
Noyers, un bichet d’avoine, sur un pré vers Moutot, acheté de 
Milot de Courgy, écuyer. — Mêmes sources. 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes. 

(2) Arch. de l’Yonne, Titres de Pontigny, Bibl. d’Auxerre, 
Petit cart . de Pontigny , par D. Depaquy. 

(3) Bibl. nat., Collection Champagne, n° 136, pp. 21-23. 

Sc . hist. '10 


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LES SIRES DE NOYERS. 


146 

Anséric de Montréal, seigneur orgueilleux et peu com- 
mode, que saint Louis avait été obligé de faire arrêter 
dans son château, et qui était venu après la confiscation 
de ses biens se réfugier à Châtel-Gérard, fit plus d’une 
fois des incursions sur les terres de Noyers, et des plaintes 
réciproques avaient été adressées au sujet de leurs droits 
de chasse. Henri, comte de Grandpré, Guillaume de 
Mello, seigneur d’Epoisses et Erard de Trainel, sire de 
Foissy, intervinrent dans ces débats, et leur firent signer 
un arrangement, qui donnait réciproquement droit de 
suite dans leurs bois (1). 

Mile VIII, qui avait déjà fondé plusieurs messes à 
l’église Notre-Dame de Noyers, donna au maître et aux 
frres de la Maladière de cette ville un droit de pêche et 
de pressurage pour leurs vins, en 1266 (2). 

Plusieurs contestations s’élevèrent à cette époque entre 
Mile et les abbayes de Saint-Germain d’Auxerre et de 
Pontigny. Le prieuré de Molay, qui relevait de Saint- 
Germain d’Auxerre, élevait des prétentions au sujet de 
terres sises à Molay, Arton, Richebourg, Annay, Moutot, 
Perrigny. Guillaume, prieur de Saint-Germain et. Hue 
Pioche, procureurs des deux parties, pacifièrent le diffé- 
rend (3). 

Pour Pontigny, il ne s’agissait que d’un droit de pas- 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, May. G'2, 
liasse 11, cote 53. — Pièce originale, avec sceaux bien conser- 
vés du comte de Grandpré et du sire d’Epoisses. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres 
de Noyers. 

(3) Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers. Deux pièces 
originales. Bibl. d’Auxerre, Cart. Saint-Germain, Mss. duxm* 
siècle, 140, f“ 99. 


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LES SIRES DE KOYERS. 


147 


sage pour les bestiaux, dans les fermes de Villers et d’Ai- 
gremont : on voit que les moines de Pontigny devaient 
alors chaque année un poulain au sire de Noyers (1). 

Quelques années après la mort de sa première femme, 
Hile VIII avait épousé Alixant d’Etampes. On a beaucoup 
de chartes qui rappellent les acquisitions qu’ils firent 
si cette époque de biens qui relevaient de leur fief, mais 
dont la jouissance avait été aliénée. Jean de Fresne, 
écuyer, fils de Huon de Fresne et d’Agnès, leur vendirent 
pour quatre-vingts livres leur maison et leurs biens de 
Fresne (2). Guillaume, frère de Jean, vendit également ce 
qu’il avait à Fresne pour deux cents livres et cent sols 
tournois (3). Guillaume et André de Serrigny, fils de feu 
Etienne de. Serrigny, leur concédèrent des droits qu’ils 
avaient à Poilly, en 1264 (4). Mile de Courgis leur 
donna en gagerie tout ce qu’il possédait à Courgis (5). 
Hugues de Bierry et Erard, son frère, échangent avec eux 
des biens à Villiers-les-Hauts, Mereuil et Fulvy (6). Guil- 
laume de Dissangis leur vend une redevance qu’il perce- 
vait chaque année à Noyers (7). Guiot de Maligny, dit 
Bras-de-Fer, leur concède des droits à Senailly (8). Jean, 
sire de Tanlay, déclare qu’une terre sise à Commissey, 

(1) Invent. des Arch. de l’Yonne, Titres de Pontigny.— Beau 
sceau équestre du sire de Noyers, portant l’aigle sur l’écu et 
un château-fort au contre-sceau. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers. Deux pièces. 

'3) Arch. de la Côte- d’Or, Titres de Noyers. 

(4) Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers. 

(5) Arch. de l’Yonne, E, 11b. 

(6) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil Peincedé, 1. 1, p. 429. 

(7) Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers. 

(8) Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers. 


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148 


LES SIRES DE NOYERS. 


et qu'il a achetée de Guillaume de Fresne, doit aussi 
relever de leur fief (1). 

Mile VIII et Alixant d'Etampes, voulant marier leurdils 
aîné Mile avec Marie de Châtillon, dame de Crécy, fille de 
Gaucher de Châtillon et d’Isabeau de Villehardouin de 
Lézinnes, firent, en 1271, le partage de leurs domaines 
entre leurs enfants (2). 

Au fils aîné Mile IX, on donna la terre de Noyers avec 
lous les fiefs et arrière-fiefs de Cours, Clavisy, Moutot, 
Annai, Perrigny, Arton, Molay, Richebourg, Saintes- 
Vertus, Yrouer, Venouse, Chablis, Lucy, Villers-les- 
Hauts, Joux, Vermanton, Sacy. 

A Jean, le second fils, on donna le domaine et le châ- 
teau fort de Maisy, dans le Châtillonnais, avee les dépen- 
dances, auxquelles on joignit la charge de bouteiller de 
Bourgogne, héréditaire dans la maison de Noyers. On lui 
attribua également les terres de l’Auxerrois, de Chitry, 
QuCsne, Augy, Courgis, Saint-Cyr. Toutefois le frère aîné 
devait garder son droit de suzeraineté sur tous ces do- 
maines. 

On assignai la fiancée, en cas de décès de son mari, un 
douaire de cinq cents livres assis sur la terre de Courgis. 

(1) Arch, de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 10479. 

Nous omettons encore un grand nombre de faits qui donne- 
raient une trop grande étendue à ce travail. Citons cependant 
une charte française, de 1266, par laquelle Mile et Elisant, sa 
femme, donnent à l’abbaye de Reigny toutes les tierces que 
Jean de Tanlay possédait sur le finage de Joux. — Arch. nat., 
Cart. de Reigny , sect. judic. LL. 988 bis. 

(2) Cette curieuse charte existe en original aux archives de 
la Côte-d’Or, Titres de Noyers, lay. 127. Nous ne la publie- 
rons pas in extenso , M. Quanlin l’ayant reproduite dans le 
Cart. de l’Tome. 


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LES SIRES RE NOYERS. 


149 


Ces dispositions, longuement énumérées, prises à l’ex- 
clusion des filles, comme c’était l’usage à l’époque féodale, 
furent rédigées par l’intermédiaire d’Erard de Lézinnes, 
évêque d’Auxerre, parent des deux parties, et mises sous 
la sauvegarde de Philippe, roi de France. 

La même année, Mile VIII sentant sa fin prochaine, et 
voulant mettre sa conscience en repos, fit des aumônes à 
plusieurs monastères, et dota la maladière de Noyers de 
terres et d’une maison. Il fonda aussi quatre messes dans 
l'église Notre-Dame de cette ville, pour le salut de son 
âme et de celle de sa femme ; il assigna vingt livres de 
rente à la chapelle de son fief de Toucy, et légua à son 
écuyer Hernant de Villelonge, sa maison de Moutot, pour 
ses bons et loyaux services (1). 

Mile VIII mourut cette même année 1271, et Alixant 
d'Étampes en 1273; elle fut enterrée dans l’église de 
l’abbaye de Marcilly, où l’on trouva, dans le milieu du 
siècle dernier, sa tombe représentant une femme couchée 
sur un oreiller parsemé de fleurs de lys d’or ; deux anges 
tenaient de chaque côté les écussons de la défunte, avec 
cette inscription (2) : 

<£f) giat dessous tes quatre querres 
Ca maîtresse de cette terre 
Qui dame Tllirant aooit nom 
<ft dame de plus grant renom. 

JDier (a mette en son paradis. 

;i) Arch. de la Côte-d’Or, B. 10478. Plusieurs pièces. 

(2) Bibl. nat. Mss. français, fonds Delamare, 987 3/4. Alixant 
mourut la veille de l’Ascension, 1273. 


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CHAPITRE VII 


MILE IX ET SA FEMME MARIE DE CHATILLON, DAME DE CRÉCY. 
— SA PARENTÉ AVEC LES DUCS DE LORRAINE ET DE 
BRETAGNE, LES COMTES DE BLOIS ET DE SAINT-POL. — 
CONTESTATION AVEC LES HABITANTS DE NOYERS. — AFFRAN- 
CHISSEMENT DE VERMANTON. — SÉPULTURE A MARCILLY. 


( 1273 - 1291 .) 


Marie de Châtillon, dame de Crécy, était orpheline à 
l’époque de son mariage, et apportait un immense héri- 
tage à Mile IX, sans compter le prestige d’une alliance 
qui plaçait le sire de Noyers parmi les personnages les 
plus considérables du royaume. Marie avait pour oncle et 
tuteur Jean de Châtillon, comte de Blois et seigneur 
d’Avesne, qui avait épousé Alix de Bretagne. Elle était 
cousine germaine de Pierre de France, fils de saint Louis. 
Son frère Gaucher devait occuper longtemps et non sans 
éclat les hautes fonctions de connétable, et si l’on jette les 
yeux sur le tableau généalogique des alliances de la 
maison de Châtillon et de Noyers, on verra quels liens 
étroits les unissent aux ducs de Lorraine, aux ducs de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


151 


Bretagne, aux comtes de Blois et de Saint-Pol. A une 
époque où la naissance était le plus enviable des avan- 
tages, il ne faut pas rechercher d’autre cause à l’élévation 
du maréchal de Noyers, et aux nombreuses et éclatantes 
fonctions dont il fut investi pendant sa longue carrière. 

Les premiers rapports de Mile IX avec les habitants de 
Noyers ne lurent pas heureux. Dès 1272, il eut des diffi- 
cultés avec eux, et avait, pour une cause qui n’est pas 
indiquée, fait emprisonner sept bourgeois de la ville, 
malgré la clause de la charte d’afTranchissement qui lui 
en interdisait le droit. Il se vit donc assigner par les habi- 
tants au bailliage de Sens ; en conséquence, les parties 
comparurent aux assises de Dixmont par devant Guillaume 
du Chasnoi, alors bailli de Sens. Mile s’était fait accom- 
pagner d’un grand nombre de ses parents, vassaux et 
amis; les sires de Chappes, de Juilly, de Broies, l’abbé 
de Saint-Michel de Tonnerre, le maître de Marsoif, le 
comte de Joigny, Ythierde la Brosse, Humbert de Courgis, 
Hugues de Bierry, Guillaume Pioche, Érard de Lézinnes, 
Adam de Poilli, Michel de Venouse, etc.; il offrit de 
donner des gages et sept de ces gentilshommes s’offrirent 
également contre les sept bourgeois, qui ne voulurent 
point accepter. Après des débats assez longs et des tenta- 
tives de conciliation plusieurs fois renouvelées, les bour- 
geois en appelèrent au roi de France. De nouveaux arbitres 
furent nommés , le sénéchal de Champagne et Henri de 
Saint-Benoist, chevalier, et les parties durent observer les 
conventions arrêtées par eux, sous peine d’une amende 
de deux cents marcs d’argent (I). A cette même date du 

(1) La première de ces pièces est inédite ; elle est en origi- 
nal aux Archives de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, 


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152 


LES SIRES DE NOYERS. 


29 mars 1283, il y eut une autre convention entre 
Guillaume Pioche et les habitants de Noyers, contenant 
choix d’arbitres pour le réglement d’une somme de sept 
cents livres tournois, que les habitants devaient à Guil- 
laume (1). 

Mile IX ratifia, en 1 273, toutes les acquisitions faites 
dans ses domaines par les moines de l’abbaye de Rei- 
gny (2). Sur les instances de Béatrix, veuve du duc 
Hugues de Bourgogne, qui résidait dans sa terre del’Isle- 
sous-Montréal, il lui vendit, pour augmenter l’étendue de 
son fief, tout ce qu’il possédait à Lucy-le-Bois (3). En 
1274, il donne avec Marie, son épouse, une reconnais- 
sance d’une somme de mille livres qu’ils avaient reçue 
aux foires de Bar d’Érard de Lézinnes, évêque d’Auxerre, 
leur oncle, somme destinée à remplacer cent livrées de 
terres promises par cet évêque sur des biens à Troyes (4). 

L’année suivante. Mile approuva, -comme seigneur 
suzerain, l’acte d’affranchissement des habitants de Ver- 
manton, qui avait été concédé par les co-seigneurs du 
pays, ses vassaux : Séguin d'Island, Guillaume de Chailly, 
Marguerite de Chazelles et Fulques d’Athelieu (de Athe- 
loco) (o). Il acquit en même temps tout ce que Henry de 


Titres de Noyers, lay. 126 ; la seconde a été publiée par 
M. Quanlin, dans le Cart. de l’Yonne , t. III, pièce 716. 

(1) Cet acte est compris dans la môme pièce que nous venons 
de citer. 

(2) Bibl. nat., fonds Gaignières, Cart . de Reigny , Mss. 181, 
charte française. 

(3) Bibl. d’Avallon, Ms. Boileau. 

(4) Lebeuf, Hist. d’Auxerre. 

(5) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 153 

Flogny, Damoiseau et Isabeau, sa femme, possédaient à 
Fresne, moyennant cinquante livres (1). 

Les habitants de Molay, Arton, Annav, Richebourg, 
Perrigny et Moutot n’avaient pu, comme ceux de Noyers, 
obtenir d’affranchissement du droit de main-morte, mais 
on leur accorda, en février 1277, quelques droits qui 
furent un adoucissement à leur servage et notamment 
des droits d’usage dans les bois de la Vèvre et du Charmoy , 
pour construire leurs maisons, faire des charrues, 
en un mot pour tous leurs besoins particuliers. Cette 
concession n’était, du reste, pas tout à fait gratuite, car 
chaque habitant était redevable d’un chapon au seigneur, 
et la charte porte que les habitants précités avaient en 
échange abandonné d’autres droits qu’ils possédaient 
ailleurs (2). Mêmes droits furent accordés au prieur et au 
prieuré de Joux, dans les forêts d’Hervaux qui dépen- 
daient de la terre de Noyers. Guillaume de Juilly avait 
alors vendu, du consentement de Marie, sa femme, aux 
moines de Moustier-Saint-Jean, l’arrière-fief qu’il possé- 
dait à Joux : les religieux de Moustier-Saint-Jeàn promi- 
rent à Mile IX de célébrer son anniversaire, en raison de 
la ratification de cette vente (3). 

Selon l’usage féodal. Mile voulut aussi protéger et sou- 
tenir les établissements fondés par ses ancêtres. Il ratifia 
donc la fondation de Marcilly, en 1276, ainsi que les 
nouvelles donations faites à cette abbaye, et imposa aux 
religieuses l’obligation de célébrer un anniversaire pour 

(t) Arch. de la Côte-d’Or, B. 20480. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 

(3) Arch, de la Côte-d’Or, mômes sources. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


454 

toute la famille. Il se réserva pour lui et ses descendants 
le droit de garde du monastère (1). 

Un grand nombre d’actes et de chartes relatent encore . 
les ventes, achats ou transactions passés par Mile qvec 
divers seigneurs; nous ne pouvons tous les rapporter 
ici (2). 

Pour éviter les contestations qui pouvaient s’élever au 


(1) Pérard, Recueil de Pièces pour servir à VHist. de Bour- 
gogne, pp. 445-446. Arch. de la Côte-d’Or, B. 10500. 

(2) Citons-en cependant quelques-uns : v 

— 1274, avril. — Charte du roi Philippe, confirmant l’accord 
fait entre Mile et Jean de Noyers frères et Jean de Conflans, 
chevalier, au sujet du partage des biens de Philippine de 
Noyers, mère dudit Jean de Conflans et sœur de Mile VIII 
défunt, laquelle n’avait rien eu en partage. 

— 1275, mai. — Béatrix, femme de Jean de Conflans, con- 
firme cet accommodement. Arch. de la Côte-d’Or, Titres 
de Noyers. 

— 1276.— Acquisitions faites par MiledeNoyers à Venousse, 
de plusieurs particuliers. Arch. de la Côte-d’Or. 

— 1277, septembre. — Charte française de l’acquisition du 
bois de Laiz , territoire de Sanvigne, par les moines de Mou- 
tier-Saint-Jean, sous le sceau de Noyers. Arch. de la mairie 
d’Etivey, copie du xvii® siècle. 

— 1278, janvier (1279).— Accord entre le prieur de Noyers et 
Idile IX aù sujet de la foire de Noyers de la mi-août, cédée à 
ce dernier par le prieur, moyennant concession de certains 
droits. Arch. de la Côte-d'Or. 

— 1278. — Acquisitions de Mile de Noyers sur Philippe de 
Plancy, époux de Marie de Noyers, sœur de Mile. Arch. de la 
Côte-d’Or. 

— 1378. — Vente de la terre de Souilly aux -moines do 
Pontigny, par Mile IX et Marie de Crécy. — Confirmation de 
diverses acquisitions faites par les religieux. Arch. de l’Yonne, 
Cart . de Pontigny , pièces diverses. 


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LES SIRES DE ttOYERS. 155 

sujet de la chasse avec les seigneurs du voisinage et 
notamment avec Huguenin de Bourgogne, seigneur de 
Montréal, Mile IX et Marie de Crécy firent avec lui un 
traité par lequel ils se donnaient réciproquement pour 
eux et pour leurs enfants, le droit de chasser à volonté 
dans leurs forêts de Noyers et de Montréal. Ce titre, qui- 
existe aux archives de Dijon, est encore revêtu des sceaux 
de ces personnages ; le sceau de la dame de Noyers est 
orbiculaire et représente une femme debout (1 280). 

Un titre important est la donation faite, en 1284, à la 
commanderie de Vermanton par Mile IX et sa femme, de 
tout ce qu’ils possédaient dans ce lieu en justice, coutu- 
mes, terres, prés et vignes « considérant, disent-ils, la 
« dévotion et affection que nous avons toujours eue et 
« avons encore à l’ordre de la chevalerie du Temple, et 
« attendant les granz biens et les granz aulmones, les 
« granz charités que les frères de la chevalerie du 
« Temple font de jour en jour de ça la mer, incessam- 
« ment, comme ils ne redoutent pas chacun jour, espan- 
« dre leur sanc contre les anemis de la foi pour vengier 
« Jésus-Christ, et especialement les biens, les cortoisies 
« et les honneurs que les frères desus dis ont fait à noz 
« prédécesseurs et à nous font encore (1). » 

La protection accordée aux Templiers était tradition- 
nelle dans la maison de Noyers. Quelques années plus 
tard. Mile céda de nouveau au commandeur du Temple 
ce qu’il avàit racheté à Vermanton de la dame de Chazelle 
et de Guillemin, son fils, moyennant cinq cents livres (2). 
Puis voulant posséder en entier le fonds du domaine de 

(I) Arcb. nat., Mss. 524 , carton 296, liasse 71. 
i2) Arcb, delà Côte-d^Or, Tftrês tfe Noyers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


136 

Fresne, il acheta les parties qui lui manquaient des der- 
niers seigneurs de cette terre (1). 

Le duc de Bourgogne, qui n'avait encore pu mettre le 
sire de Noyers sous sa dépendance, ou du moins prendre 
le droit de suzeraineté sur une des terres qui relevaient 
de Noyers, acheta, en 1290, un fief que Jean, sire de 
Chappes, chevalier, possédait à Tanlay (2). On voit en 
étudiant l’histoire de Bourgogne à cette époque, quels 
sacrifices fit le duc pour étendre sa domination du côté 
de la Champagne, et quelle lourde rançon il lui fallut 
payer plus tard pour faire du château de Noyers une des 
forteresses frontières de son duché. 

En 1290, Mile IX avait donné commission à Guillaume 
d’Arblay, chevalier, de faire assigner en Parlement le 
comte d’Auxerre; un autre commissaire fut également 
nommé quelque temps après pour faire assigner la Reine 
de Sicile: les motifs de ces procès ne nous sont pas 
connus (3). Le dernier acte que je trouve de Mile IX est 
une quittance du 2 mars 1 291 pour achat de chevaux de 

(1) — 1284, samedi devant Mi sunt dies. — Lettre sous l’of- 
ficial d’Auxerre de l’achat fait par Mile de Noyers sur Jean de 
Fresne, écuyer, fils de feu Droin de Fresne, Marguerite, sa 
femme, et Agnès, sa soeur, de la quatrième partie de la mai- 
son, verger, chapelle, maison des chiens, etc., qu’ils avaient à 
Fresne. . 

— 1286, samedi après Noël. — Acquisition par Mile de Noyers 
sur les mêmes personnages et sur Thévenin d’Arc, époux 
d’Agnès et beau-frère de Jean de Fresne, de tout ce qu'ils 
possédaient à Fresne et à Molay pour le prix de 30 livres. — 
Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres 
de Noyers. 

(3) Arch. de la Côte-d'Or, mêmes sources. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


157 

Flandre (1). Il parait n’avoir pas survécu longtemps à 
cette date, car peu après, son fils,* qui n’était encore 
qu’écuyer, est qualifié seigneur de Noyers. 

Marie de Châtillon, dame de Crécy, sa femme, mourut 
en 1296. Ils furent tous deux enterrés à Marcilly, où leur 
tombe se voyait encore au siècle dernier, au côté gauche 
de la porte d’entrée de l’église (2). 

(1) Bibl. nat., Fonds français, fonds Delamarre, n° 987 3/4. 
Sur leur tombeau figurait Y Aigle des Noyers et l’écusson des 
Chalillon : trois pals de rair, au chef d’or irisé d’une merlette 
de sable sur le canton dextre. 


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CHAPITRE VIII 


MILE X VEND AU DUC ROBERT LA SUZERAINETÉ DE NOYERS 
(1295). — ACHÈTE LA BOUTEILLERIE DE BOURGOGNE. — 
EST PRISONNIER EN GASCOGNE A LA BATAILLE DE BONNE- 
GARDE. — EST EXCOMMUNIÉ PAR LE PAPE BONIFACE. — 
MARCHE EN FLANDRE. — DÉFEND LA VILLE DE SAINT-OMER. 
SE CONDUIT BRAVEMENT A COURTRAI (1302). — EST NOMMÉ 
MARÉCHAL DE FRANCE (1303). — PERD SA PREMIÈRE FEMME 
JEANNE DE RUMILLY, DAME DE MONCORNET. 


( 1295 - 1303 .) 


Mile X de Noyers, né vers la lin de l’année 1271, était 
fils de Mile IX, seigneur de Noyers, et de Marie de Châ- 
tillon, dame de Crécy. 

Il était l’aîné de huit enfants, et suivant les lois féo- 
dales, il devait succéder à son père dans le château dont 
il portail le nom, et garder à titre de seigneur suzerain, 
tous les domaines qui en dépendaient. Il fit ses premiè- 
res armes sous la bannière de Gaucher de Châtillôn, 
connétable de Champagne, son oncle, et eut occasion de 


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LES WES DE prp?Eg§. dUP 

faire briller son courage et de conquérir le grade d’écuyer, 
qui était le premier stage de tout gentilhomme. 

L’année qui suivit la mort de son père (1292), Mile X 
régla le douaire assigné à sa mère (1), et les rentes qui 
devaient être servies à son frère Gauthier de Noyers, 
chanoine d’Auxerre, à ses sœurs, Alixant, abbesse 
d’ïerre (2) ; Jeanne, religieuse de Saint-Julien d'Auxerre ; 
Marie, religieuse du Pont-aux-Dames (3), etc. Il donna à 
Marguerite, femme de Jean de Vergy, sénéchal de Bour- 
gogne, la terre de Venouse, pour acquitter la dette ou 
plutôt la dot que son grand-père Mile VIII avait incom- 
plètement payée. Car les sires de Noyers, malgré l’éten- 
due et l'importance de leurs domaines, en avaient dans 
leurs lointaines expéditions beaucoup escompté le revenu, 
et n’avaient pas toujours leurs coffres bien garnis. 

Ces embarras d’argent firent perdre à la terre de 
Noyers une indépendance qu’aucun des seigneurs n’a- 
vait voulu aliéner jusque là. 

Déjà Mile X avait vendu à Louis de Chalon, comte 
d’Auxerre et de Tonnerre, une partie-des bois d’Hervaux, 
limitrophes de la terre de l’Isle-sous-Montréal, moyennant 
mille livres (4). Mais cette somme était bien insuffisante. 

C’est en 1295 que la terre de Noyers cessa d’être indé- 
pendante, et que Mile reconnut la suprématie du duc de 
Bourgogne sur ses fiefs et arrière-fiefs, moyennant sept 
mille livres tournois donnés par le duc. Philippe, roi de 

(1) Voir Pièces justificatives. Arch. de la Côte-d’Or, Chambre 
des Comptes, B, 1273. 

(2) Yerre, abbaye dans l’ile de France. 

(3) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedi. 

(4) Arch. de la Côte-d’Or. Cari, de Tonnerre , 35, 36. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


160 

France, se réserva seulement le ressort et la supériorité 
sur ce franc-alleu, qui devait relever d’abord de la cou- 
ronne ducale de Bourgogne (1). 

Pour s'attacher d’avantage les sires de Noyers, le duc 
Robert fit vendre à Mile X par son oncle, Jean de Noyers, 
seigneur de Maisy, la bouteillerie de Bourgogne, ce qui 
donnait au possesseur un rang élevé parmi les grands 
officiers de sa maison (2). Le duc voulut même que cette 
charge fût incorporée en fief. Mile fut investi de ses nou- 
velles fonctions en 1296, et la cérémonie se fit en grand 
appareil à la cour de Bourgogne. Le bouteillerou premier 
échanson était tenu de servir en personne aux quatre 
fêtes annuelles, et lorsqu’on faisait présent au duc de 
vins précieux, les récipients appartenaient au bouteiller 
s’ils étaient en argent. C'était d’ailleurs la seule rétribu- 
tion que le titulaire tirait de cette charge. 

La reprise de fief de la terre de Noyers par le duc, 
donna lieu à un dénombrement complet de toutes les 
seigneuries qui relevaient du château. Ce dénombrement, 
conservé en original, donne des indications précieuses 
sur les domaines, les noms des vassaux, et permet d’éta- 
blir la carte de cet important apanage (3). 

Les seigneurs de ces divers fiefs furent obligés de 


(1) Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Noyers ; — Dom Plancher, 
BUt. de Bourg., t. II, Preuves, p. xc. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers, Chambre des 
Comptes, R. 10487. — Recueil Peincedé, t. IX, p. 61. 

(3) Par cet acte, on voit que les dépendances de Noyers 
étaient alors Serrigny, Vaucharme, Chemilly, Vermanton, 
Tanlay, Villiers-les-Hauts, Mereuil, Sancy, Grimault, Joux, 
Thory, Marcilly, Tour de Pré, Fley, Fresnes, Aisy, Moutot, 
partie de Nuits-sous-Ravières, Perrigny, Yrouerre, Milly-les- 


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LES SIRES DE NOYERS. 


161 


faire l’aveu et de rendre foi et hommage, ce qui fournit 
d’utiles renseignements sur les possesseurs de ces do- 
maines particuliers, mais dont le détail ne saurait nous 
arrêter ici. 

Dès 1291, Mile de Noyers avait été armé chevalier, et 
épousa trois ans plus tard, par l’entremise des sires de 
Châtillon, une riche héritière de Picardie, Jeanne de 
Rumigny, qui lui apporta en dot la terre de Montcor- 
net (1). Ce domaine était à peu de distance de Rosoy, dont 
était seigneur le connétable Gaucher de Châtillon. 

Il suffît de jeter les yeux sur le tableau généalogique 
joint à ce travail, pour apprécier les divers degrés de 
parenté qui unissaient le sire de Noyers et divers mem- 
bres de sa famille aux comtes de Blois, de Chartres, de 
Soissons, de Saint-Pol, aux enfants de la maison de 
France, aux ducs de Lorraine et de Bretagne. Il était 
neveu direct d’Élisabeth de Rumillv, duchesse douairière 
de Lorraine, tante de sa femme et à laquelle un nouveau 
degré d’alliance rattacha encore, lorsque le connétable de 
Châtillon s’unit à la duchesse en troisièmes noces. 
Mile X était cousin-germain des comtes de Porcien, des 
ducs d’Athènes, des sires de Brienne et de Beaujeu, de 


Chablis, Cours, Jouancy, Arcy-sur-Cure, Richebourg, Sacy, 
partie de Lucy-le-Bois, Arton, La Rivière, Bierry (aujourd’hui 
Anstrude), partie de Sambourg, partie de Courgis, Saint-Cyr 
et Vireaux. Du reste, à cette époque, beaucoup des anciennes 
dépendances de Noyers avaient déjà été distraites, par suite 
de ventes ou de mariages. — Arch. de la Côte-d’Or, Chambre 
des Comptes, Titres de Noyers ; — par extrait dans le Recueil 
Peincedé. 

(1) Montcornet, département de l’Aisne, à quelques lieues 
de Vervins. 

Sc.hiit. 11 


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LES SIRES DE NOYERS. 


<62 

Jean de Châtillon, grand maître de l’artillerie, de Pierre 
Flotte, chancelier de France. 

A une époque où la naissance et la noblesse des allian- 
ces était la principale, sinon la seule recommandation, on 
n’a pas droit d’être surpris de la haute fortune à laquelle 
arriva le maréchal de Noyers, il eut d’ailleurs cet avan- 
tage singulier de vivre sous sept rois, et d'être par consé- 
quent témoin de sept révolutions dans l’état et dans les 
affaires, sous des règnes féconds en événements, remplis 
de troubles et de guerres auxquelles il prit toujours une 
part active. 

Nous verrons, du reste, qu’indépendamment de sa 
naissance et de sa puissante famille, Mile sut, par sa 
valeur personnelle, par son intelligence, sa bravoure et 
sa conduite, justifier cette haute considération dont sa 
mémoire paraît avoir été entourée. 

Mandé par le roi pour aller combattre les Anglais en 
Gascogne, Mile partit en 1296 et assista à la bataille de 
Bonnegarde, où il fut fait prisonnier, ainsi que l'indique 
la vieille chronique intitulée : Branche des royaux lignages. 

« Pris est Jehan de Saint-Jehan 
« Et celui de Bernu-Jehan, 

« Messire Adam de Houstlesloune, 

« Noiers, LePui, Muse, Chandoune, 

« Et d’autres merveilleuse tire 
« Desquiez je ne sai les noms, dire (1). » 

Si les vers ne sont pas trop poétiques, ils ont l'avantage 
de donner des renseignements qu’on ne trouve pas 
ailleurs. 

Le sire de Noyers fut obligé de se racheter et de payer 

(1) Recueil des Historiens de France , t. XXII, p. 226. 


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I.ES SIRES DE NOYERS. 


163 


une forte somme pour sa rançon. C’est sans doute pour 
l’aider à acquitter cette dette, que les habitants de Noyers 
lui concédèrent à cette époque la coupe des bois de 
Frétoy pendant vingt ans (1). Toutefois Mile ne put faci- 
lement payer cette rançon : il éprouva de grandes diffi- 
cultés pour trouver la somme. Le pape Boniface, qui était 
en très mauvaise intelligence avec Philippe-le-Bel, avait 
lancé une bulle d’excommunication contre les barons 
français, et notamment contre le sire de Noyers; mais 
Mile ayant justifié sa conduite et donné les preuves qu’il 
s’était acquitté de sa parole vis-à-vis de ses créanciers, 
Pierre de Milan, chevalier de Saint-Etienne, en vertu du 
bref du pape, leva l’excommunication lancée contre lui (2). 

Aussitôt libéré, Mile put revenir dans son château : il y 
était au mois d’août 1 299, quand il traita ave’c les deux 
maîtres de la Maison-Dieu et toute la communauté des 
bourgeois de Noyers. Il leur fit abandon de la servitude 
des corvées de charmes auxquelles ils étaient tenus ; il 
les dispensa du' droit de guet et garde, excepté en temps 
de guerre. Il donna le droit de pêche dans la rivière du 
Serain, en convenant que les pêcheurs devaient d’abord 
proposer le poisson au château, avant de le porter aux 
bourgeois de la ville (3). 

Dès les premiers mois de l’an 1301, Philippe-le-Bel 
manda le seigneur de Noyers avec ses vassaux pour 
marcher contre la Flandre révoltée. L’alliance de Mile 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedé. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 

(3) Mss. de la Bibl. nat., Fonds français, n» 9873, A. f os 9 r° à 
10 v®. 


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164 


LES SIRES DE NOYERS. 


avec l’une des plus grandes maisons de Picardie lui don- 
nait de ce côté une grande autorité : il ne tarda pas à 9e 
signaler par d 'éclatants faits d’armes : 

« Le chambellan de Tanquàrvillo 
« EL de Nouïers monseignor Mile, 

« Par force d’armes i fisl lant 
« Que il prist tantost aleraant. » (I) 

On le voit figurer dans tous les événements importants ; 
les historiens et les chroniques en parlent en termes les 
plus élogieux. Le roi lui confia la défense et la garde de 
Saint-Omer avec plusieurs autres chevaliers : 

« Et de Noiers mesire Miles 
« Chevalier sage et d’atrempance 
« Cis iert lors inaresclial de France (2). 

11 atteste, en 1302, que le comte de Nevers, étant 
tenu de servir le roi avec dix chevaliers en la guerre de 
Flandre, le service avait été fait par Gaucher, seigneur 
de Merry, Guillaume de Champleiny, Regnaut de Paisse- 
lière, Guillaume du Bois, etc. (3). 

Envoyé plus tard à Tournai par le comte Robert d'Ar- 
tois, qui allait pénétrer en Flandre, Mile s’y rendit avec 
les principaux barons de la province. Poursuivis dans 
leurs vastes plaines, les Flamands n’hésitèrent pas à 

(1) Chronique ri mie (le Geoff'roi de Paris. — Recueil des ffist. 
de France, t. XXII, p. 98. — On voit que Mile recevait alors 
LVI livres pour XIII jours de paie. 

(2) Branche des royaux lignages. — Recueil des Hist. de 
France , t. XXII. 

(3) Bibl. nat., Trésor généalogique de D. Villerieille, d’après 
le Cari, du Nivernais. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


<65 

accepter la bataille plutôt que de se rendre à discrétion. 
Les vilains de Courtrai vainquirent les forts et vaillants 
gentilshommes de France. Mais il ne dépendit pas de 
Mile de Noyers de changer la défaite de Courtrai en une 
victoire, car il fut du nombre de ceux qui firent la plus 
intrépide résistance. Tandis que le duc de Bourgogne, le 
comte de Saint-Pol, Louis de Clermont et bien d’autres 
laissaient mourir leurs compagnons d’armes et abandon- 
naient le champ de bataille, le sire de Noyers, indigné, 
essayait de rallier les fuyards : 

« Courtesiex après se dépite, 

« Et de Noyers mesire Mile, 

« Criant si com leur son le baille : 

« A eus ! à eus ! nul ne s’en aille (1)! » 

Son intrépidité, son sang-froid, sa résistance acharnée 
pendant ce funeste désastre lui acquirent une grande 
réputation. Philippe-Ie-Bel fut humilié de ce terrible 
revers, mais loin de se décourager, il résolut de venger 
cet affront. « Quand il fut bien adverti de la piteuse 
« bataille et de la mort de tant de nobles hommes, il fist 
« crier à son arrière-ban, contenant que tous nobles et 
« non nobles feussent en toute diligence appareillés pour 
« aler avec luy en armes vengier icelle honte. A ces 
« mandement vinrent le conte de Sanssoire, sire Gaultier 
« de Chastillon, connestable de France, messire Mile de 
« Noyèrs, messire Foucard de Mello, qui nouveau mares- 
« chai estoit (2). » 

Les hommes d’une trempe et d’un caractère aussi 

(1) Branche des royaux lignages. — Recueil des Hist. de 
France , t. XXII. 

(2) Ane. chroniques de Flandres , D. Bouquet, t. XXII, p. 281. 


A 


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166 


LES SIRES DE NOYERS. 


énergique que ces deux derniers seigneurs étaient rares, 
et Philippe-le-Bel n’avait pas hésité, malgré leur jeune 
âge, à leur confier le poste de maréchal de France. 

Une nouvelle armée fut promptement organisée, et 
Mile de Noyers partit d’Arras vers les frontières de 
Flandre, signalant partout sa présence par de hardis 
coups de main : 

« Chevaucha Mile de Noiers 
« Vers Woatres à grand poursivance; 

« Cil estoit mareschal de France. 

« Li serjant qui lors le suirent 
« Le portai du dit lieu bruirent, 

« Ou mainz assaut divers donnèrent 
t Et les deflendanz embrasèrent (1). 

Le roi ne put marcher avec son armée, arrêté par des 
pluies d’automne et retenu par des difficultés que lui 
suscitait d’autre part le pape Boniface. Il confia donc la 
garde du pays et des forteresses à Gauthier de Châtillon, 
Foulques de Mello, Mile de Noyers, Jacques de Bayonne, 
Béraud de Marqueil et plusieurs autres (2). Les Flamands 
pénétrèrent dans l’Artois et essayèrent de surprendre 
plusieurs places, mais ces chevaliers assemblés parvinrent 
à faire avorter leurs entreprises (3). 

Pendant plusieurs mois, il y eut une série de petits 
engagements, mais on ne signale aucun combat impor- 

(1) Chronique rimée. Branche des royaux lignages , D, Bou- 
quet, t. XXII. p. 250. 

(2) Chronique de Jean Besnouelles, allé de Laon , D. Bouquet, 
t.XXI, p. 193. 

(3) Ane. chroniques de Flandre. — Nous omettons plusieurs 
citations de la Branche des royaux lignages et de la Chronique 
de Oeoff'roi de Paris. 


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LES SIRES DE NOYERS. 467 

tant. Oudard de Maubuisson avait été installé à Calais, 
tandis que les seigneurs que nous avons nommés plus 
haut occupaient Saint-Omer « avec plenté d’autres ban- 
« nières (1). » 

Les Flamands, enorgueillis de leurs récents succès de 
Courtrai, n’hésitèrent pas à tenter des attaques sur les 
forteresses occupées par ces fiers chevaliers. Ils vinrent 
occuper à deux lieues de Thérouane la petite église de 
Bonnesaire, et faisaient de là des courses assez fructueuses 
en Artois. « Mile de Noyers et Othenin de Bourgogne 
« partirent au jour bien malin de la ville de Saint-Omer, 
« à belle compaignie de gens d'armes et des gens de la 
« ville, et s’en alèrent assaillir icelle église, mais elle 
« éloit tant bien pourveue que riens n’y sceurent con- 
« quiesler (2). » 

Cette impuissance des barons français ne faisait qu’aug- 
menter l’ardeur des Flamands et leur donner plus d’au- 
dace : ils s’emparaient des forteresses qui n’étaient pas 
gardées et de là jetaient la désolation dans les campagnes. 
Un jour Guillaume de Julliers, l’un des héros de Cour- 
trai, vint s’installer à Arques, non loin des troupes fran- 
çaises : 

« Quand sire Jacques de Bayonne et le mareschal de 
« France, qui pour lors estaient dedans Saint-Omer en 
« garnison, entandirent comment Guillaume de Juliers et 
« les Flamans estaient venus logier si près d’eux, ils 
« mandèrent toutes les garnisons qui estaient en icelle 
« marche de par le roi de France. Et le jour du blanc 
« jeudi (A avril 1303), sonna la trompette de la ville de 

(1) Ane. chroniques de Flandre. 

(2) Ane. chroniques de Flandre. 


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168 


LES SIRES DE NOYERS. 


« Saint-Omer, et fut partout cryé, aux armes I Illec peust 
« l’en veoir maint vaillant homme eulx confesser et 
« apparoiller comme pour prestement mourir ; si estaient 
« les prestres revestus par tous les carrefours de la ville, 
« et bailloient l’absolution à tous ceulx qui voûtaient aler 
« en bataille contre les ennemis. La première bataille 
« des Français mena le mareschal de Noyers... (1). » 
Trois autres colonnes le suivirent. Avec ces forces impo- 
santes, on parvint à faire déloger les Flamands et à éloi- 
gner ce dangereux voisinage. 

Mais les ennemis n’avaient pas moins l’avantage de 
l’offensive, et Philippe-le-Bel n’était pas en mesure de 
leur opposer une résistance efficace. Les Flamands ne 
tardèrent pas à prendre et à brûler Thérouane ; le roi ne 
sauva Tournai qu’en signant avec eux, en septembre, 
une trêve qui devait lui donner le temps de se préparer. 

Robert, duc de Bourgogne, avait choisi, en 1302, Mile 
de Noyers, son bouteiller; Jean de Fouvent, son sénéchal ; 
Liébaut de Beaufremont, son maréchal ; Jean de Chniseul, 
son connétable, avec plusieurs notables de la province, 
pour être les exécuteurs testamentaires de ses dernières 
volontés (2). 

Mile perdit, l’année suivante, sa femme, Jeanne de 
Rumigny, dame de Montcornet, qui lui laissait un seul 
fils, Mile XI, surnommé le Bossu, héritier de la terre de 
Montcornet et destiné à continuer la branche aînée des 
sires de Noyers. Le maréchal obtint alors du roi Philippe 
des lettres patentes pour la fondation de trois chapelles : 
une au château de Noyers, en l’honneur de Saint-Georges; 

(1) Ane. chroniques de Flandre. 

(2) Hist. du diocèse de Langres , par l’abbé Mathieu, p. 416. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


169 


une à Fresne, sous le vocable de Saint-Martin, et une à 
Montcornet, dédiée à Saint-Louis. Ces chapelles furent 
dotées de quarante livres tournois, prises sur les terres 
et les étalages de Noyers, et de quinze livres sur les 
revenus de Montcornet. Mile assure de plus aux chape- 
lains et aux confesseurs des revenus particuliers, en 
réservant toutefois, pour lui et pour ses successeurs, la 
nomination des titulaires (1). 

il; Arch. de Dijon, Chambre des Comptes, Titres de Noyers. 
On trouve encore à la date de décembre 1303 une charte du 
maréchal de Noyers, confirmant une donation de quinze 
livrées de terre, faite par son père et par son frère Gauthier, 
chanoine d’Auxerre, à l’abbaye de Marcilly. — Titres du duc 
de Luynes. 


% 


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CHAPITRE IX 


COMMENT LE MARÉCHAL DE NOYERS RELÈVE L’ORIFLAMME 
DE FRANCE A LA BATAILLE DE MONS-F.N— PUELLE. — SON 
MARIAGE AVEC JEANNE DE FLANDRE. — IL EST ENVOYÉ PAR 
LE ROI A L’OUVERTURE DU PARLEMENT DE TOULOUSE, EN 
1305. — MISSIONS DONT IL EST CHARGÉ. — TALENTS ORA- 
TOIRES QUI LE RECOMMANDAIENT. — CONFLIT AVEC ÉRARD 
DE SAINT-VERAIN ET ODARD DE MONTAGU, A LA SUITE 
DUQUEL MILE X EST ENFERMÉ A MELUN. 


( 1304 - 1308 .) 


A l’expiration des trêves contre les Flamands, Philippe- 
le-Bel fut en mesure de marcher contre eux. Au mois v 
d’août 1304, il avait à Tournai une armée considérable 
pour l’époque ; il s’avança vers Mons-en-Puelle, où l’armée 
ennemie s’était retranchée. Comme le jour baissait, les 
Flamands se précipitèrent tout à coup sur les colonnes 
royales et culbutèrent les premières compagnies : la tente 
de Philippe-le-Bel fut forcée, et le roi eut la douleur de 
voir massacrer plusieurs de ses fidèles serviteurs. 

Le désordre était dans les rangs ; on comptait déjà bon 


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LES SIRES DE NOYERS. 


171 


nombre de fuyards; l’oriflamme de France était foulée 
aux pieds et le sire de Chevreuse qui la portait était mort 
en la défendant. Mile de Noyers s’en empara et la releva 
bravement. Le roi prit ses armes, monta à cheval et fit 
rallier les fuyards. On reprit bientôt l’offensive ; Philippe- 
le-Bel eut plusieurs chevaux tués sous lui, et donna 
vigoureusement de sa personne ainsi que le maréchal de 
Noyers. Les Flamands perdirent six mille hommes et le 
gros de l’armée se relira en désordre, abandonnant le 
champ de bataille (1). 

Mais cette victoire avait coûté cher, et ces quatre années 
de luttes avaient montré ce que ces bataillons de bour- 
geois et d’artisans si méprisés pouvaient faire contre ces 
milices féodales braves, mais indisciplinées. Et cette 
déplorable campagne de Flandre avait été amenée par 
le despotisme et les injustes exactions de Philippe-le-Bel. 

C’est grâce à la situation et à la renommée que Mile X 
acquit pendant cette guerre, qu’il dut la nouvelle alliance 
qu’il contracta avec Jeanne de Flandre-Dampierre, fille 
de Jean de Dampierre et de Marguerite de Brienne-Eu. 
Jean de Flandre était un des descendants de Robert de 
France et de Hugues-Capet. Et c’est grâce à celte nouvelle 
alliance que les rois de France et les ducs de Bourgogne 
traitaient le sire de Noyers de très cher et très affectionné 
cousin. C’est par suite de ce mariage que la terre d’Escla- 

;i) Recueil des Hist. de France , t. XXI, p. 194. — * Li ori- 
€ flambe fut à le terre versée, et Ansiaux de Chevreuse qui le 
« porta ce jour y fut mors de caut et de painoe. Milles de 
« Noiiers releva l’oriflambe de Franche; et Charles de Valois et 
« Loeys d’Evreux, Loeys de Bourbon et plusieurs prinches 
« s'en rallèrenl à la bataille dou roy, qui en sa personne se 
• combatif che jour et poissamment. » 


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172 


LES SIRES DE NOYERS. 


ron advint au sire de Noyers, car les enfants et héritiers 
de Jean de Dampierre ayant fait leurs partages, en 1307, 
Guillaume, le fils aîné, eut Saint-Dizier dans son lot ; Mar- 
guerite, femme de Gaucher de Châtillon, hérita de Dam- 
pierre, et Jeanne, femme de Mile X, garda le château 
d’Ésclaron, dont leur fils Gaucher prit la seigneurie (1). 

Mile de Noyers et le connétable de Châtillon furent 
envoyés, en 1303, pour terminer un différend qui s’était 
élevé entre les habitants de Beauvais et l’évêque de cette 
ville (2). 

En récompense de ces services et pour l’indemniser des 
dépenses qu’il avait faites et des pertes qu’il avait éprou- 
vées, le roi donna au sire de Noyers une somme de deux 
cents livres de rente à prendre sur son trésor. Au mois de 
juillet suivant, il fut envoyé à Bordeaux, avec deux autres 
seigneurs de la cour, pour arranger le débat qui s’était 
élevé au sujet du château de Mauléon, entre les rois de 
France et d’Angleterre (3). 

Philippe-le-Bel, dont les luttes et les exactions avaient 
irrité le clergé, les barons et le peuple, essayait de rega- 
gner les bonnes grâces de la nation par quelques amé- 
liorations. Dans le Midi surtout, le nombre des mécontents 
était considérable; il donna de nouveaux privilèges et 
exemptions à Toulouse et y décida l’installation d’un 
Parlement, si les Languedociens consentaient à ne point 
appeler des sentences de ce tribunal. 

(1) Bibl. nat. Trésor généalogique de D. Villeoieille, d’après 
les Arch.du château de Joinville, 1. 1, p. 645. 

(2) Dom Bouquet, t. XXII, rapporte, à l'égard de ce voyage 
un compte de dépenses : Computus Domini Milonis de Noeriis , 
marescalli Francia, anno 4305. 

(3) P. Anselme, Hist. des grands Officiers de la Couronne, t.VI. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


473 

L’ouverture de ce parlement eut lieu en 4305. Le roi 
ne pouvant y assister, envoya deux de ses officiers pour 
le remplacer. Mile de Noyers et Fouques de Mello furent 
désignés à cet effet : c’est le sire de Noyers qui fut chargé 
de porter la parole au nom du roi, et de conquérir les 
bonnes grâces d'une province, à laquelle des promesses 
et des beaux discours étaient nécessaires pour faire 
oublier les nombreux griefs qu’elle reprochait à Philippe- 
lè-Bel (4). 

Nous verrons si souvent Mile de Noyers chargé de ces 
délicates commissions d’ambassadeur et de défenseur des 
intérêts de la couronne, qu’il est nécessaire d’étudier si 
cette nouvelle auréole, dont les chroniqueurs de l’époque 
gratifient sa mémoire, est méritée. Comment ce jeune 
seigneur, nommé maréchal de France à trente ans, et 
quelques années plus tard avoué et défenseur du roi, 
pouvait-il avoir assez de tact, d'instruction, d’expérience 
pour remplir des fonctions qu’on ne confie, en général, 
qu’aux plus âgés? 

Ces talents oratoires surtout ont droit de surprendre 
ceux qui connaissent les mœurs de cette époque, car alors 
pour les chevaliers la science des armes était tout et le 
reste rien ; l’ignorance était le droit du gentilhomme, ce 
qui explique celte rubrique reproduite alors à la fin de 
beaucoup d’actes, « et a déclaré ne savoir signer, car il 
est gentilhomme. » 

On sait que Philippe-le-Bel préférait la compagnie des 
légistes et des docteurs à celle de ces nobles chevaliers, et 
le sire de Noyers, en bon courtisan, n’avait pas manqué 

(1) P. Anselme, ffist. des grands Officiers de la Couronne , 
t. VI ; Sist. du Languedoc. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


\U 

de faire briller son savoir, et de montrer que la science et 
les talents oratoires n’étaient pas incompatibles avec le 
droit de porter la cuirasse et de manier l’épée : au milieu 
de ces pédants et graves docteurs, il avait su, malgré sa 
jeunesse, conquérir la première place. 

Dans celte petite contrée de la Champagne et de Bour- 
gogne, il y avait alors une tradition de littérature qui 
n’excluait nullement les devoirs de chevalerie. Mile avait, 
dans son enfance, beaucoup fréquenté la cour de Cham- 
pagne, cour élégante et polie, où la poésie était en honneur 
et qui se ressentait de l’impulsion donnée par Thibaud- 
aux-Chansons, roi de Navarre, roi-poète et roi-musicien. 

A cette cour, on prenait le goût d©6 lettres et des belles 
manières, on y prenait l’habitude de bien parler et de 
bien écrire. C’est à ce développement littéraire, déjà 
ancien, qu’on avait dû, un siècle auparavant, le récit de 
la croisade, dont le maréchal de Champagne, Geoffroi de 
Villehardouin, fut le héros et l’historien. Geolfroi de 
Villehardouin était seigneur de Lézinnes, ef résidait sou- 
vent dans ce château que protégeaient de leur ombre les 
tours de Noyers. Le maréchal de Noyers était du côté 
maternel l’arrière petit-fils du maréchal de Champagne. 

L’influence de ce milieu et de ces relations avait été 
grande aussi sur Jean de Joinville, l’ami et le proche 
parent des sires de Noyers, auquel nous sommes redeva- 
bles du plus précieux monument historique du règne de 
Saint-Louis. Du vivant même de Joinville, Mile dut à 
cette parenté et à ces bons rapports, la charge de gouver- 
neur de Champagne et de Brie, qui avait été occupée peu 
de temps auparavant par le célèbre chroniqueur. 

La renommée de Villehardouin et de Joinville a bien 
grandi depuis ; mais si on se reporte à cette époque, la 


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LES SIRES DE NOYERS. 475 

situation hiérarchique du maréchal de Noyers était bien 
autrement élevée que celle de ces illustres historiens. 

Mile X, les seigneurs de Beauffremont, de Choiseuil et 
de Chalon, se rendirent, en 1306, cautions du duc de 
Bourgogne, lors du contrat de mariage de Marie de 
Bourgogne avec le comte de Bar, et garantirent la somme 
de vingt mille livres que le duc Hugues assurait à sa 
soeur. Ces mêmes personnages assistèrent trois ans après 
au mariage de cette princesse, dont la cérémonie eut lieu 
au château de Montbard (1). 

l'n conflit assez grave s’étant élevé, en 1308, entre 
Érard de Saint-Verain et Odard de Montagu, les amis de 
ces seigneurs prirent fait et cause pour chacun d’eux, et 
il s’en suivit une guerre acharnée. Dreux de Mello, le sire 
de Pisy, Mile de Noyers et le comte de Sancerre qui 
défendaient Érard de Saint-Verain, réunirent leurs vas- 
saux et vinrent lui prêter main-forte. Odard de Montagu 
se fit appuyer par le dauphin d’Auvergne, Béraud de 
Mareuil, fils du comte de Boulogne et les seigneurs de 
Vienne. « Entre lesquelles parties ot moult aigre bataille 
« en la confie de Nevers (dépendant du diocèse d’Auxerre), 
« le jour de la feste de monseigneur saint Denis, mais 
« elle fut tantôt finie, et ot le dit Érard victoire. ». Ses 
partisans firent même des prisonniers parmi les combat- 
tants d’Odard de Montagu. * 

Le roi de France, qui n’avait pas autorisé une sem- 
blable lutte, fut obligé d’intervenir et de faire saisir les 
vainqueurs. Dreux de Mello et son frère furent enfermés 
quelque temps dans une prison près de Corbeil ; Érard de 
Saint-Verain, le comte de Sancerre et Mile de Noyers 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedé. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


176 

furent gardés à vue à Melun pendant plusieurs mois (1). 

Mais le roi ne paraît pas avoir tenu rigueur à Mile, car 
il le chargea bientôt de mettre le château de Lille-en- 
Flandre en état de défense, d’y établir une bonne garnison 
et d’y enfermer des provisions pour l’armée. 

Nous avons trouvé dans les titres de Noyers, aux archives 
de l’ancienne Bourgogne, l’intéressant arrêt rendu- par 
Mile pour cet approvisionnement. Ce titre a d’autant plus 
de valeur, que nous connaissons peu de documents qui 
nous permettent de surprendre l’organisation de celte 
espèce d’intendance militaire, dont le gouverneur avait 
alors la responsabilité (2). On voit ce qu’il fallait au 
château de Lille pour une armée de provisions: vins 
d’Auxerre ou de Saint-Jean, farine, blé, sel, lard, pois, 
fèves, vinaigre, cuir, charbon, chandelle, engins de 
guerre, matériaux pour réparer les cinq tours du château. 
Le prix de toutes les denrées est religieusement indiqué. 

Un autre document, qui doit dater de cette époque, 
nous édifie également sur ce que coûtait alors l'armement 
d’une galère, et sur les frais occasionnés par l'outillage 
complet de ces bâtiments. Car Mile X avait alors reçu 
l’ordre du roi d’armer vingt galères, et le devis des 
dépenses lui est donné confidentiellementpar un conseiller 
qui paraît très versé dans la connaissance de l’organisa- 
tion de ces bâtiments de guerre (3). 

(t) D. Bouquet, Recueil des Hisl. de France. — Chronique 
de Girard de Frachet. — Guillaume de Na» gis. — Chroniques 
de Saint-Denis. 

(2) Voir aux pièces justificatives ce titre non daté. Arch. de 
la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 11837. 

(3) Pièce non datée comme la précédente. Y. aux pièces justi- . 
flcatives. Arch. delà Côte-d’Or, Chambredes Comptes, B. 11873. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


177 


Le Prévôt de Chablis, dignitaire du chapitre de Saint- 
Martin de Tours, avait dans la première ville des droits 
suzerains, et le voyer ( vtarius ) ne pouvait exercer ses 
fonctions qu’après lui avoir préalablement prêté serment. 
Or, Mile avait, en 1310, installé induement un voyer; les 
chanoines et le prévôt, jaloux de leurs prérogatives, firent 
des plaintes contre lui et contre sonbailli (1). Mile fut 
condamné à mille livres tournois envers le roi, le bailli à 
deux cents livres et h une somme égale à titre d’amende 
envers le prévôt (2). 

Au milieu de ces guerres incessantes, le sire de Noyers 
n’avait pas toujours le temps de s’occuper de l'adminis- 
tration de ses domaines, si ses baillis ne prenaient soin 
d’y pourvoir. Nous avons, à la date du 6 janvier 1 31 1 
(1312), un acte d’hommage de Mile de Noyers, maréchal 
de France, à l’abbaye de Saint-Remy de Reims, pour - 
raison de ce qu’il tenait en fief de ce monastère, à charge 
d’en donner un dénombrement dans quarante jours sous 
peine de saisie. Cet acte est fait en présence de messire 
Érard, sire d’Arcy et de Chacenay, chevalier; de Jean de 
Watignv et Gilet de Villers-le-Sec, écuyers (3). 

(1] Guillaume de Briton, chevalier. 

(2) Arrêt publié dans les Olim. — Documents pour sertir à 
l’Hist. de France. 

!3) Bibl. nat., Trésor généalogique de D. Villevieille, d’après 
les Archives de Saint-Remy de Reims, vieux registre des 
fiefs. 


Sc. MU. 


12 


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CHAPITRE X 


MILE X N’iNTERVIENT Qü’àVEC MAUVAISE GRACE DANS LE 
PROCÈS DES TEMPLIERS. — SA VIE AU CHATEAU. — CHASSES 
ET CHIENS. — IL NE S’ASSOCIE PAS A LA LIGUE DE LA 
NOBLESSE CONTRE PHILIPPE-LE-BEL. — IL EST CASSÉ DE 
SES FONCTIONS DE MARÉCHAL APRÈS LA MORT DE CE ROI. 
— MAIS LOUIS- LE-H UTIN LUI CONFIE D’IMPORTANTES 
MISSIONS. — MORT DE SA SECONDE FEMME, JEANNE DE 
FLANDRE. — IL TRAITE DE LA PAIX A ARQUES AVEC LES 
FLAMANDS. 


( 1314 - 1325 .) 


Le procès si célèbre que Philippe-le-Bel dirigea conlre 
les chevaliers du Temple, dont l'influence portait ombrage 
à ce roi et dont il ambitionnait les trésors, eut un grand 
retentissement dans nos contrées. 

Mais, quoique dévoué à la politique de Philippe-le-Bel, 
Mile X ne paraît pas dans ces circonstances avoir favorisé 
ses vues : la famille de Noyers avait toujours affectionné 
beaucoup cet ordre militaire et avait fait de grandes 
donations aux commanderies ; un des ancêtres de Mile 


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I.ES SIRES DE NOYERS. 179 

passait pour avoir occupé parmi eux une haute situation : 
il ne voulait donc pas tenir à leur égard une conduite 
offensante pour les souvenirs et les traditions de sa 
famille. 

Mile fut cependant forcé d’envoyer aux États-Généraux 
de Tours des députés que le roi avait convoqués dans les 
diverses seigneuries de son royaume.. Il envoya à cette 
mémorable assemblée Jean, fils de son prévôt de Van- 
deuvre, nommé Andrier, et Jean, fils de Valanchet. Mais 
le premier ne put se rendre à Tours ; il tomba malade à 
Saint-Benoît-les-Villemaur, « de manière que ses pieds ne 
« pouvoient porter son corps. » Jean Valanchet se rendit 
seul aux États-Généraux, mais il ne put sans doute être 
admis, il n’avait plus ses pouvoirs ni les lettres de créance 
qui étaient entre les mains du prévôt de Troyes (1). 

Doit-on voir dans ces circonstances un désir prémédité, 
une abstention calculée, plutôt que des accidents fortuits? 
Je suis tenté de croire que Mile désirait rester en dehors 
de ce scandaleux procès. 

Le sire de Noyers résidait alors dans ses terres ; la 
guerre et les emplois qu’il occupait à la cour lui lais- 
saient quelque répit. Il pouvait courre le cerf dans ses 
vastes forêts, et faire respecter ses droits contre les em- 
piétements des seigneurs du voisinage ; car la chasse 
était l'un des principaux plaisirs domestiques de la 
noblesse, et l’on attachait beaucoup d’importance aux 
serviteurs qui contribuaient à cet exercice. Les oiseaux, 
les chiens qui servaient à cet usage étaient aussi l’objet 
de prédilection de leurs maîtres. On voit par les comptes 

(1) Hist. de Vendeuvre, par M. Boutiot, Troyes, 1861, pp. 
59-60. 


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180 


LES SIRES DE NOYERS. 


de dépenses que l’on entretenait toujours au château de 
Noyers un certain nombre de chiens, nombre qui devait 
même être assez considérable, puisqu’il fallait chaque 
année quatre ou cinq cents bichets d’orge pour leur 
nourriture, outre les provisions de viande que l’on ache- 
tait à leur intention (1). 

Le maréchal de Noyers, quand il allait en campagne, 
emmenait parfois une partie de ses équipages, ses veneurs, 
ses fauconniers et ses chiens, car nous avons trouvé une 
lettre de Fournier, son hôtelier à Senlis, mentionnant 
avoir fourni au sire de Noyers cent seize sols de dépense 
tant pour ses veneurs que pour ses chiens (2). 

Ces questions de chasse étaient en temps de paix des 
motifs fréquents de chicane et de brouille. 

Erard de Lézinnes contestait à Mile, en 1312, le droit de 
chasse dans les bois de Lézinnes. La querelle fut portée 
devant le bailli de Sens qui donna gain de cause au sire de 
Noyers, sans préjudicier aux droits d’Erard. Ce dernier, 
peu satisfait de la sentence, contesta de nouveau les pré- 
tentions de son rival. Gauthier de Chàtillon, comte de 
Porcien, connétable de France et parent des parties, fut 
pris pour arbitre et confirma la décision du bailli de 
Sens, en autorisant le seigneur de Noyers et ses descen- 
dants à pouvoir chasser dans les bois de Lézinnes sans 
hayer (3). 

Vers la même époque, ces questions de chasse ame- 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Comptes 
de la châtellenie de Noyers. 

(2) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

(3) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


181 


naient des difficultés avec Guillaume de Mello, seigneur 
d’Epoisses. Un arrangement fut fait et Guillaume de 
Mello fut autorisé à parcourir les bois de Noyers. Mais 
comme cette concession amena des abus, le maréchal de 
Noyers, jaloux de ses droits, ne tarda pas à la lui retirer 
et à lui faire signer une renonciation (1). 

Robert, duc de Bourgogne, dans le codicile de son 
testament, en 1312, nomma, parmi les exécuteurs de ses 
dernières volontés, les principaux seigneurs de sa maison : 
Jean de Fouvans, sénéchal ; Liébaut de Beauffremonl, 
maréchal ; Guillaume de Montagu, et « mon chier cosin, 
h mon amé et féal chevalier, monsignor Mile, signor de 
« Moiers, mon bouloiller de Bourgoigne (2). » 

Les exactions de Philippe-le-Bel, les impôts de toute 
nature avaient amené contre le roi l’explosion de cet 
esprit de résistance qui couvait depuis longtemps déjà. 
Les nobles et les communiers (li communs) de Champagne, 
de Bourgogne et de plusieurs provinces se liguaient pour 
résister aux attaques du roi contre leurs privilèges moné- 
taires. Boulainvilliers, dans ses lettres sur les anciens 
parlements, a publié la proclamation par laquelle les 
coalisés champenois firent connaître l’adhésion des 
comtes d’Auxerre et de Tonnerre à leur ligue. 

N’est-on pas assuré de la justice de ces réclamations 
quand on voit en tète des sceaux de ces seigneurs celui 
du vénérable sire de Joinville, l’historien de saint Louis, 
presque centenaire. 

On ne voit pas que le maréchal de Noyers se soit asso- 
it) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 

(2) D. Plancher, Hist. de Bourgogne, Preuves ; — Duchesne, 
Ducs de Bourgogne. 


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182 


LES SIRES DE NOYERS. 


cié à cette ligue, et cela ne pouvait être : il occupait une 
situation trop intime auprès de Philippe-le-Bel pour 
pouvoir désapprouver publiquement sa conduite. Son 
rôle devait même lui donner parmi les seigneurs du 
voisinage et surtout parmi ses vassaux une inévitable 
impopularité, car on compte au nombre des ligués les 
sires de Rougemont, d’Epoisses, de Chastellux, de Pisy, 
d’Ancy-le-Franc, de Mailly, de Ravières, de Rochefort, 
de Maligny, de Marmeaux, de Joigny, de Saint-Floren- 
tin, etc. (1). 

Le maréchal de Noyers ne devait, du reste, pas jouir 
longtemps du bénéfice de sa fidélité, car Philippe-le-Bel 
étant mort peu de temps après, Charles de Valois, qui 
prit au nom de Louis-le-Hutin la direction des affaires de 
l’État, et qui détestait cordialement les anciens ministres 
de son frère, n'eut rien de plus pressé que de destituer 
ceux qui avaient eu sa confiance. 

Mile de Noyers et Fouques de Mello furent brutalement 
cassés de leurs fonctions de maréchaux de France, et 
remplacés par Jean de Beaumont et Jean des (irez. Us 
pensaient se retirer sans bruit dans leurs terres ; l’exem- 
ple d’Enguerrand de Marigny et de tous ces serviteurs qui 
payaient de leur tête à Montfaucon les fautes de Philippe- 
le-Bel, ou mieux les services qu’ils lui avaient rendus, 
les engageait à être prudents ; mais on n’avait rien à 
leur reprocher et leur réputation ne pouvait être atta- 
quée. Les conseils et l’épée de Mile de Noyers étaient 
toujours utiles, et si on lui enleva la plus importante de 
ses fonctions, il ne fut point disgracié, on lui confia 
même de délicates missions. 

(1) Duchesne, LXIX, 64. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


183 


Ii y a plus, sous Philippe-le-Bel, en 1331, Mile de 
Noyers, seigneur de Maisv, cousin du maréchal et comme 
lui conseiller du roi, obtint une partie des dépouilles de 
l’infortuné Enguerrand de Marigny, et en retira entre 
autres terres la seigneurie de Mailly-en-Artois (1). 

Mile X fut nommé par Louis-le-Hutin pour négocier un 
traité de paix avec Louis, comte de Nevers et de Relhel, 
üls aîné de Robert, comte de Flandre. Ce traité de paix 
u'ayant pu être conclu, Mile prit part au jugement rendu 
par la cour des pairs contre ce même Robert, jugement 
beaucoup plus facile à rendre qu’à exécuter, car en 
déclarant le comte de Flandre déchu de son fief, il fallait 
porter les armes dans les domaines de ce redoutable 
vassal. Or, les coffres du trésor royal étaient vides et l’on 
ne pouvait guère songer à lever une armée sérieuse. Les 
sommes que Mile emprunta aux changeurs de Plaisance, 
et qu’il remboursa l’année suivante, n’étaient sans doute 
que [>our venir en aide à son roi besogneux, et pour 
subvenir aux frais d’une expédition qui fut commencée, 
mais qui resta sans résultat (1313) (2). 

Louis, prince de la Morée, troisième fils du duc de 
Bourgogne, choisit au nombre des exécuteurs de ses 
dernières volontés, par un testament fait à Venise, Mile, 
seigneur de Noyers, son cousin. Le roi Louis-le-Hutin lui 
fit le même honneur et lui assigna deux cents livres de 
rente à prendre sur son trésor, ce qui fut confirmé par 
Philippe-le-Long (3). 

(1) Bibl. nat., Trésor généalogique de D. Villevieille, t. LXIV, 
d’après les Archives de l’abbaye de Corbie. 

(2) Arcb. de la Côte-d’Or, Ch. des Comptes, Titres de Noyers. 

(3) Lettres patentes données à Treyes, le 28 février 1316, 
mêmes sources. 


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LES SIRES DE NOVERS. 


184 

Mile X fut présent, le 17 juin, à Vincennes, au traité 
fait entre Eudes, duc de Bourgogne, et Philippe, régent 
du royaume, au sujet de la succession de Louis-le-Hutin. 
Il assista également, à Nogent, au contrat de mariage qui 
cimentait ce traité de paix en unissant le duc de Bour- 
gogne à Jeanne de Flandre, fille du même Philippe (1). 

Eudes, duc de Bourgogne, qui avait investi Mile X de 
la bouieillerie de Bourgogne, lui assura en même temps 
une rente de quatre cents livres pour lui et ses descen- 
dants. Cet acte fut donné h Troyes, le lundi avant la 
Saint-Michel, 1316. En exécution de cette promesse, le 
duc Eudes donna à Mile une rente de 300 livres sur la 
terre d’Athie, possédée auparavant par Guy de Montréal, 
et une assurance écrite pour le paiement annuel du reste 
de la pension (2). 

Il faudrait, pour faire une histoire complète du maré- 
chal de Noyers, entrer dans de longs détails sur les faits 
historiques contemporains, mais pour ne pas donner à 
celte étude une proportion trop étendue, nous nous bor- 
nons à l’énonciation succincte des faits les moins impor- 
tants. 

En 1316, Philippe-le-Long manda grand nombre de 
chevaliers pour marcher en Artois. Gaucher de Châlillon 
et Mile de Noyers étaient de cette expédition et combat' 
tirent si énergiquement que plusieurs des ennemys se 
partirent du roiaulme (3) . 

Voici encore un titre qui ne manque pas d’intérêt, et 
qui est un souvenir des usages singuliers du moyen-âge : 

(1) Blbl. nat., Mss. français 9837/4, fonds Delamare. 

(2) D. Plancher, Hist. de Bourgogne, t. II, p. 282. 

(3) D. Bouquet, Recueil des Hist. de France, t. XXI, p. 197. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


185 

« Vente faite par Jehan de Monces, escuiers, à noble 
« homme monseigneur Mile, seigneur de Noyers, et à 
« Madame Jehanne, sa femme, de Méline, femme de 
« corps doudit Jehan de Monces, ensemble la moitié des 
« enfanz à ladite Méline, pour le pris de dix livres tour- 
« nois, le lundi après la Pentecôte, 1316 (1). » Usages 
singuliers, en elfet, qui rappelaient les temps où les 
seigneurs possédaient les personnes et les biens de leurs 
serfs, mais qui étaient au XIV e siècle complètement 
modifiés, puisque la vente n’avait plus pour effet que 
l’exercice d’un droit financier. 

Jeanne de Flandre-Dampierre, dame de Saint-Dizier et 
d’Esclaron, la seconde femme de Mile X, mourut l’année 
suivante. Son anniversaire fut fondé ainsi que trois messes 
dans l’abbaye de Marcilly, dans le prieuré de Noyers, 
dans l’abbaye de Fontenay. Le sire de Noyers donna aux 
habitants de sa ville une charte dans laquelle il les re- 
mercie de leurs bonnes intentions à son égard, et institue 
un chapelain dans la chapelle de Saint-Nicolas. Les habi- 
tants, en échange des franchises nouvelles qu’il leur 
donne, paieront vingt livres par an au chapelain. Les 
franchises accordées sont l’exemption perpétuelle de 
300 livres qu’ils devaient, s’il mariait sa fille, s’il était 
prisonnier de guerre ou s’il allait en Terre-Sainte (2). 

Par suite d’acquisitions successives, de 1318 à 1329, 

(1; Catalogue Joursanvaut, n° 798. 

(2) Les successions devaient en outre retourner au plus 
proebe parent du défunt, en payant la rente convenue lors de 
l'affranchissement de 1232. Bibl. nat., fonds français, 9873, A, 
f° 12. — Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedé, t. II, 
p. 586. 

On lisait encore au siècle dernier, sur une tombe de Mar- 


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186 


LES SIRES DE NOYERS. 


Mile de Noyers acquit de Robert de Grancey, seigneur de 
Larrey, de Jean et Hubert de Rougemont, d’Agnès de 
Durnav, et de plusieurs autres seigneurs, le château et 
une partie de la terre de Vandeuvre en Champagne ()). 
Cet important domaine fut beaucoup embelli par lui et 
il y fit, comme nous le verrons plus tard, d’importants 
travaux. 

Mile X est plusieurs fois cité dans les actes du Parle- 
ment, au nombre des conseillers privés du roi. En 1319, 
l'hôtel qu’il habitait à Paris, à la Grange-aux-Merciers, 
fut envahi et son argenterie fut enlevée par d’audacieux 
voleurs, qui furent arrêtés et condamnés par arrêt du 
2 juin de la même année (2). Il soutenait à celte époque 
un procès contre l’abbé de Saint-Remy de Reims, au sujet 
de droits de justice que chacun d’eux prétendait avoir 
dans les villages de Chaigny et de Rigny (3). 

Raoul de Brienue, comte d’Eu, lui céda, le 8 avril 1 321 , 
pour lui et les enfants qu’il avait eus de sa première 
femme, Jeanne de Rumigny, cousine de ce comte, une 
rente de trois cents livres, à prendre sur celles qu’il rece- 
vait du trésor (4). 

cilly, l’épilapho de la seconde femme de Mile X : Cy gist 
madame Jehanne de Saint-Dizier , jadis dame de Noyers , qui 
trespassa Van de grâce mil CCCXVIII, le second jour de mars. 
— Bibl. d’A vallon, Mss. Boileau. 

(1) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. — Bouliot, Hist. de 
Vende uzre. 

{2} Actes du Parlement de Paris, par M. Boutaric, t. II, 
d’après les Archives nationales. 

(3) Arch. nat., Actes du Parlement de Paris, par M. Boutaric, 
t. II. 

(4) P. Anselme, Hist. des grands Officiers de la Couronne, 
t. VI, pp. 648-649. 


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LES SIRES DE NOYERS. 187 

Au mois d’avril suivant, Charles-le-Bel l’envoyait en 
mission auprès du pape à Avignon. 

C’est eti 1321 que Mile X maria sa fille aînée, Margue- 
rite, avec Jean de Chateauvillain, à laquelle il donna 
comptant quatre mille livres, la terre de Villeneuve, près 
Bar-sur-Seine, et la promesse d’une rente de six cents 
livres, dot considérable pour l’époque (1). 

Après la mort de Robert d’Artois, la guerre recom- 
mença en Flandre et Charles-le-Bel manda le comte 
d'Auxerre, le seigneur de Noyers et grand plenté de gens 
d’armes pour aller défendre les frontières. Mile s’y rendit 
sur la fin de 1323 (2), mais la guerre fut poussée molle- 
ment et pendant une période assez longue, les chroni- 
ques ne signalent aucun événement notable. Il fut l’un 
des commissaires chargés de la continuation de la trêve 
avec l’Angleterre, conclue à Fontainebleau (1325). Peu 
après, Charles-le-Bel lui confiait l’oriflamme, l’envoyait 
guerroyer en Gascogne, et lui donnait pendant plusieurs 
années une somme de cinq mille livres pour subvenir 
aux dépenses de ces longues et pénibles expéditions (3). 

Mile fut encore chargé, le 23 mars 1 326, de conclure 
la paix à Arques avec la Flandre : « Là fut faite une paix 

(t) Arcb. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedè. 

(2) D. Bouquet. Recueil des Hisl. de France, t. XXI, p. 198. — 
Mile eut, vers la même époque, uu démêlé avec le comte 
d’Auxerre au sujet de la souveraineté et justice de la grange 
d’Essert. Girard de Châlillon, seigneur de la Roche, et Guil- 
laume d’Arsy, seigneur de Pisy, choisis comme arbitres, se 
rendirent à Sacy et arrêtèrent que la justice relevait de la 
terre de Noyers, mais que la garde appartenait au comte 
d’Auxerre. — Arcb. de Dijon, Recueil de Peincedè. 

(3) P. Anselme, t. VI, p. 648. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


488 

« qui ne povoit guère durer, el vint messire Robert de 
« Flandres le jour de Pasques en la ville de Saint-Omer, 
« où il disna avec messire Mile de Noyers. Si fut bonne 
« paix criée entre le roi de France et les Flamands (4). » 

Cette considération, dont paraît entouré le maréchal de 
Noyers, s’adressait plus au caractère intelligent de 
l’homme qu’à la bravoure du guerrier, car nous le voyons 
pendant toute sa vie revêtu des missions les plus dilïiciles, 
des conventions de mariage entre les souverains, de 
traités de paix , d’ambassades ; et dans les questions 
importantes et litigieuses, on le trouve toujours choisi 
comme juge et arbitre. 

Erard de Lézinnes et Jean d’Argenteuil, qui étaient en 
difficulté au sujet de leurs hommes d’Argenteuil, l’avaient 
choisi pour juge de leur querelle. Mais Mile, retenu à la 
cour pour les affaires du roi, fut obligé de prolonger le 
délai qui avait été fixé pour la solution de celle diffi- 
culté (2). Cette nouvelle affaire, qui retenait à la cour le 
sire de Noyers et Guillaume de Mello, seigneur d’Epoisses, 
était en effet fort importante. 

Eudes, duc de Bourgogne, avait fait avec Charles-le-Bel 
plusieurs tentatives d’accommodement au sujet de la 
succession de Philippe-le-Long, à laquelle il avait droit de 
participer. Les négociations ne purent aboutir à aucun 
résultat. Le duc Eudes et sa femme Jeanne donnèrent à 
Argilly,(9 février 1 324) une procuration aux sires de Noyers 
et d’Epoisses pour traiter avec le roi au sujet du reste de 
la succession qui donnait lieu à des poursnites, déclarant 

(1) Recueil des Hist. de France , t. XXII, pp. 428-429. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 489 

qu’ils s’en rapportaient entièrement à la décision de ces 
derniers et que tout ce qu’ils feraient serait bien fait. 

Mais les deux procureurs n’ayant pas trouvé le roi dis- 
posé à rendre au duc et à la princesse, sa nièce, tout ce 
qu’ils demandaient, se retirèrent sans pouvoir conclure, 
et on fut obligé de nommer de nouveaux procureurs (1). 
Le sire de Noyers, par sa situation auprès de Charles-le- 
Bel, ne pouvait sans doute se montrer exigeant pour les 
droits réclamés par le duc, son cousin. 

Mile de Noyers fut encore choisi, en 4327, pour faire 
le partage des biens d’Eudes de Montagu et d’Etienne de 
Montagu, son neveu (2). 

(1) D. Plancher, Hist. de Bourgogne. 

(2) Bibl. nat.. Trésor généalogique de D. Yillevieille , d’après 
les Arch. du château de Monceaux, près Marcigny-sur-Loire. 


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CHAPITRE XI 


PHILIPPE DE VALOIS DONNE AU MARÉCHAL DE NOYERS 
QUELQUES ÉPAVES DES CONFISCATIONS FAITES SUR PIERRE 
REMY, TRÉSORIER DU FEU ROI CHARLES. — LE ROI LUI 
CONFIE L’ORIFLAMME A SAINT-DENIS. — DE LA IL PART EN 
PÈLERINAGE A CHARTRES. — BATAILLE DE MONT-CASSEL. 

— MILE X PRÉVIENT LE ROI DE L’ARRIVÉE DES FLAMANDS. 

— IL DÉCIDE DU SORT DE LA BATAILLE PAR SA BONNE 
CONTENANCE. — RESTAURATIONS DANS SES CHATEAUX, A 
VENDEUVRE, A CHABLIS. 

( 1325 - 1335 .) . 


L’un des premiers actes de Philippe-de-Valois à son 
avènement au trône, fut de faire arrêter Pierre Remy, 
principal trésorier du feu roi Charles, car il semble qu’à 
cette époque, chaque nouveau règne devait débuter par 
livrer à la colère du peuple le ministre le plus considé- 
rable du règne expiré. La faveur des rois coûte si cher ! 
Pierre Remy n’ayant pu rendre compte de sa gestion 
financière et des énormes sommes qu’il avait amassées, 
fut traîné à un grand gibet qu’il avait, dit-on, récemment 


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LES SIRES DE NOYERS. 


191 

fait construire, et fut le premier qu’on y pendit. Sa riche 
dépouille ne rentra pas tout entière dans les coffres 
royaux, comme l’affirment quelques historiens ; plusieurs 
grands seigneurs ne dédaignèrent pas de recueillir quel- 
ques épaves, quelques lambeaux détachés de son immense 
fortune ; cela était dans les mœurs du temps. 

Mile de Noyers reçut pour son compte quatre cents 
livres de rente, à prendre sur Vendeuvre, Villemereuil, 
Savoye, Bierne, la rivière de Bar-sur-Seine et le péage de 
Polisot (1). C’était pour Philippe de Valois une occasion 
d’attacher davantage à sa personne un guerrier, qui avait 
déjà servi avec zèle quatre rois, ses prédécesseurs, et pour 
le sire de Noyers une excellente occasion d’arrondir sa 
terre de Vendeuvre. 

Les Flamands, révoltés de la mauvaise foi et des 
exactions du comte Louis de Flandre, ne manquèrent pas 
de chasser tous ses officiers de leurs villes, après la mort 
de Charles-le-Bel, espérant n’avoir rien à craindre de son 
successeur. Le comte de Flandre vint faire hommage au 
roi, et lui demander main-forte contre la rébellion de ses 
sujets. 

Comme on craignait d’être arrêté dans les préparatifs 
de guerre par les approches de l’hiver, plusieurs seigneurs 
voulaient remettre l’expédition à Tannée 1329, mais le 
roi consultant le connétable Gauthier de Châtillon, celui- 
ci répondit : « Qui a bon cœur trouve toujours bon temps 
pour la bataille. » 

« Quand le roi eut ouï cette nouvelle, il accola le conné- 
table en disant: Qui m’aime me suive! ». Il ordonna 

(1) P. Anselme, Hist. des grands Officiers de la Couronne , 
t. VI, pp. 648-649. 


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492 


LES SIRES DE NOYERS. 


donc à tous ses vassaux de se trouver prêts pour la Made- 
leine à Arras. Le roi se rendit ensuite à Saint-Denis. « Là 
« fut en très grande dévotion, et fit ouvrir le lieu où les 
« corps de monseigneur saint Denis et de ses compagnons 
« reposent. Et quand ledit lieu fut ouvert, ledit roi 
« Philippe, mu de grande dévotion, ôta son chapperon et 
« sa coiffe, et alla querre les dits corps saints de monsei- 
« gneur saint Denis et de ses compagnons, et les apporta 
« l’un après l’autre sur leur autel, et semblablement fit-il 
« du corps monseigneur saint Louis, et le mit auprès les 
« corps saints devant. Puis fit chanter la messe par l’abbé 
« de ladite église Guy : laquelle chantée, le roi fit bénir 
« l’oriflambe au dit abbé Guy, et la reçut ledit roi du dit 
« abbé en présence des barons et des prélats, laquelle 
« oriflambe fut baillée à messire Mile de Noyers, cheva- 
« lier preux et hardi en tous bons faits d’armes et éprou- 
« vés (1). » 

De là le sire de Noyers se rendit en pèlerinage à 
Chartres pour obtenir un bon succès de son expédition (2L 

Les Flamands ne voulant pas se laisser surprendre, 
vinrent s’établir sur le mont Cassel, colline isolée au pied 
de laquelle s’étendent, à perte de vue, les plaines de 
Flandre et de l’Artois. L’armée royale s’avança de ce côté, 
divisée en six batailles: Mile de Noyers conduisait l’aile 
droite, composée de six bannières, avec l’oriflamme en 
tête. 

On resta d’abord plusieurs jours en présence, mais 
Lannekin, le chef des Flamands, qui commandait à 
Cassel, désirant surprendre les Français dans leur camp, 

(1) Chroniques de Saint-Denis. 

(2) Chroniques de Saint-Denis. 


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LES SIRES DE NOYERS. 493 

s’était déguisé en marchand de poisson, pour venir tout 
examiner par lui-même. 

Pendant que les chevaliers français s’ébattaient à jouer 
aux dés et allaient de tente en tente pour soi déduire 
(s’amuser) en leurs belles robes, les Flamands descendi- 
rent sans bruit de leur montagne et s’en allaient auj 
tentes des principaux personnages. Les Français furent 
surpris comme à Mons-en-Puelle, et n’aperçurent l’ennemi 
que quand il était déjà dans le camp. Le roi, averti du 
danger par ses confesseurs et ses chambellans qui se 
trouvaient près de lui, n’y voulait pas croire, lorsque Mile 
de Noyers entrant dans la tente, s’écria : aux armes ! Le 
roi acheva de se revêtir, mit sa tunique aux armes de 
France, son casque de cuir blanc et monta à cheval, tandis 
que quelques-uns des siens portaient, l’un son heaume 
ceint d’une couronne surmonté de la fleur de lys, l’autre 
son écu et sa lance. 

« Messire Mile de Noyers, monté sur un grand destrier 
« couvert de haubergerie, et' tenant en sa main une lance 
« en laquelle l’oriflambe estoit attachée, qui estoit d’un 
« vermeil samit à guise de gonfanon à deux queues, et 
« avoit entour houpes de soye verte, mena le roy par 
« devers dextre, en encloant les Flamands (1). » 

A la vue des insignes royaux, les barons qui avaient . 
sauvé l’armée d’une déroute complète en soutenant le 
premier effort des Flamands, se rangèrent auprès du roi 
en criant: Mont-joie Saint-Denis t On reprit l’offensive, on 
repoussa l’ennemi contre le Mont-Cassel, et enfin les 
Flamands furent tous tués ou déconfits. On mit’le feu à la 
ville, après quoi le roi se retira dans sa tente et fit chanter 

(I) Chroniques de Saint-Denis, 

Sc, hisl. 13 


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194 LES SIRES DE NOYERS. 

un Te Deum. Le souvenir de cette victoire et des circons- 
tances dans lesquelles on avait été surpris par l’ennemi, 
avaient produit une telle impression sur Philippe-le-Bel, 
qu’il fit ériger une statue votive dans l’église Notre-Dame 
de Paris. Cette statue représentait le roi dans l’altitude 
qu’il avait lorsque Mile de Noyers vint l’avertir et lui faire 
prendre les armes. Ce monume'nt a été détruit h la révo- 
lution. 

Cette victoire de Cassel avait bien une autre impor- 
tance que celle de Mons-en-Puelle; c’était une éclatante 
revanche de Courtrai, mais aussi ce sera le dernier succès 
de ,1a royauté et de cette chevalerie féodale brave, mais 
indisciplinée, qui pendant longtemps ne comptera plus 
que des désastres. 

La bravoure, le zèle, le dévouement et le sang-froid de 
Mile de Noyers n’avaient pas peu contribué au succès de 
cette glorieuse journée, il reçut encore de nouveaux dons 
du roi, ce qui lui permit d'échanger, avec le consente- 
ment de sa femme, les domaines de Grandcbamp, Cliâlel- 
Porcien et Versone, contre le château de Villebertin, qui 
provenait de son oncle, le connétable de Châtillon (1). 

Ces dons lui servirent aussi- à faire des restaurations et 
des constructions importantes au château de Vendeuvre. 
Les tours et le donjon carré de ce manoir, qui domine une 
vaste contrée, formait une niasse considérable. On se sou- 
vient encore de la désignation de quelques parties du 

(1) P. Anselme, HisL des grands Officiers de la Couronne, 
t. VI, pp. C48-G49. — Par un acte daté de son château de 
Montaguillon, Mile X tint compte d'une certaine somme à 
Mile XI, seigneur de Montiorenl, son fils, qui put ainsi acqué- 
rir une terre en Thierache. — Arch. de la Côte-d’Or, Recueil 
de Peincedi, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


195 

château. Ily avait donjon, galerie, chapelle, salle d’armes, 
tour du diable. Cet ensemble de constructions était impo- 
sant et redoutable (1). ' 

Mile fit aussi fortifier la ville de Chablis en 1 331 , y 
établit un pont et construisit la tour dite alors Tour de 
Noyers (2). 

, C’est que la puissance des sires de Noyers, sous-avoués 
de Chablis, s’était augmentée par l’extinction des avoués 
directs, les comtes de Champagne. Mais les chanoines de 
Saint-Martin de Tours, toujours jaloux de leurs droits et 
prérogatives, ne voyaient pas d’un bon œil cette suprématie 
du seigneur justicier. Ils cherchaient sans cesse à limiter 
son action ; de là des contestations et des difficultés. Il y 
eut enfin arrangement en 1 335, entre le cardinal Dumont, 
grand-prévôt de Chablis, et le sire de Noyers, arrange- 
ment qui fut d’ailleurs ratifié par le roi Philippe. 

L’acte passé solennellement à Chablis, en présence de 
Pierre, archevêque de Rouen, d’André, évêque de Tournay, 
de Guy Baudot, chancelier de France, archidiacre de 
Reims, et de plusieurs notables personnages, portait que 
la justice demeurerait toujours commune et indivise 
entre le grand prévôt de Saint-Martin et le seigneur de 
Noyers, qu’un juge nommé par eux l’exercerait au nom 
des deux solidairement ; qu’en cas de difficulté, chacun, 
à commencer par le grand-prévôt, nommerait alternati- 
vement son représentant pendant une année, qu’un sceau 
commun aux parties serait confié à la garde du juge en 
exercice, lequel devrait nommer les notaires. Enfin, on 
renonce de part et d’autre à opposer jamais aucune espèce 

(1) HUt. de Vendeuvre, par M. Boutiol. 

(2) Mss. de M. Maret, à Chablis, 


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196 


LGS SIRES DG NOYERS. 


de prescription contre la teneur de cette convention. Par 
le lait, Mile X abandonnait la moitié des droits dont il 
était en possession, mais il recevait en indemnité une 
rente en argent de 40 livres (1). 

1 Arch. delà Côte- J’Or, Recueil de Peincedé. 


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CHANTRE XH 


HOMMAGE DU ROI D’ANGLETERRE AU ROI DE FRANCE RENDU 
DANS LA CATHÉDRALE D’AMIENS. — MILE Y PORTE LA 
PAROLE POUR LE ROI. — FÊTES ET RÉJOUISSANCES QUI 
SUIVIRENT. — IL MARIE SA DERNIÈRE FILLE MAIIAUT AVEC 
EUDES DE GRANCEY, EN PRÉSENCE DE PHILIPPE DE VALOIS. 
— LA ROUE DE FORTUNE OU CHRONIQUE DE GRANCEY. — 
CHRONIQUE DE NOYERS. — MORT DE JEANNE DE MONTBÉ- 
LIARD, TROISIÈME FEMME DE MILE X. — NOMBREUX ET 
LONGS VOYAGES DES SEIGNEURS A L’ÉPOQUE FÉODALE. 


( 1333 - 1337 ). 


La victoire de Cassel était d’un bon augure pour le 
commencement du règne de Philippe de Valois. L’attitude 
du gouvernement anglais, d’abord hostile, changea tout 
à coup. Edouard III ayant été sommé de venir faire 
hommage au roi de France pour le duché de Guyenne et 
le comté de Ponthieu, comprit que la résistance était 
inopportune et vint accomplir ses devoirs féodaux. 

Les monarques se donnèrent rendez-vous à Amiens, 


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198 


LES SIRES DE NOYERS. 


dont Gauthier de Noyers, second fils de Mile X, était 
vidame, et on y fit des préparatifs de fêtes et de réjouis- 
sances. Une ambassade française alla recevoir Edouard III 
à Monlreuil-sur-Mer, et le ramena en grande pompe avec 
les plus hauts barons de l’Angleterre. Le roi Philippe 
l’attendait avec une magnifique escorte de trois mille 
cavaliers. La cérémonie de l’hommage, célébrée le 6 juin 
1329, dans le chœur de l’église cathédrale d’Amiens, 
ollrit un spectacle des plus imposants et des plus fas- 
tueux. 

Les difficultés qui s’élevèrent entre les deux souverains 
au sujet de plusieurs forteresses de Guyenne, donnèrent 
lieu à quelques débats. 

Mile de Noyers prit la parole et protesta pour Philippe 
de Valois, en alléguant que le feu roi Edouard II avait 
légalement perdu ces parties de Guyenne, qu’elles étaient 
bien et duement acquises au droit de bataille. « Sire, dit 
« Mile de Noyers, le roy ne vous entend point à recevoir 
« ainsi, comme li a esté dit à vostre conseil, des choses 
« qu’il tient et doit tenir, en Gascogne et en Agenois, 
« lesquelles lenoit et devoit tenir le roy Charles, et de 
« quoi ledit roy Charles fit protestation qu’il ne vous 
« entendoit à recevoir à son hommage. » 

L’évêque de Londres y répondit, et de part et d’autre 
on fit des réserves. Après quoi le vicomte de Melun, 
grand chambellan de France, lut au roi d’Angleterre la 
formule de l’hommage. « Sire, vous devenez homme du 
« roi de France, monseigneur, de la duché de Guyenne 
« et de ses appartenances, que vous reconnoissez à tenir 
« de lui, comme duc de Guyenne et pair de France, selon 
« la forme des paix faites entre ses devanciers, roys de 
« France et les vostres, selon ce que vous et vos ancestres, 


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LES SIRES DE NOYERS. 199 

« roys d Angleterre et duc de Guyenne, avez fait pour le 
« même duché à ses devanciers roys de France. » 

Et alors le roi d’Angleterre dit : Voire. 

Et ledit chambellan dit après, ainsi : 

« Et le roy de France, nostre Sire, vous reçoit, sauves 
« ses protestations, et les retenues dessus dites ; » 

Et le roi de France dit : Voire. 

Ensuite Edouard III mit ses mains dans celles de 
Philippe de Valois et celui-ci le baisa en la bouche (I). 

On passa plusieurs jours en fête, dont l’éclat eut à cette 
époque un grand retentissement, mais qui fut bien oublié 
deux siècles plus tard et bien dépassé par la fameuse 
entrevue du camp du drap d’or. Le roi d’Angleterre s’en 
alla d’Amiens fort content « du grand état qu’il avoit 
« trouvé, et des honneurs qui étoient en France, auquel 
« faire ni de les entreprendre à faire, nul autre pays ne 
« s* accomparage. » (2) 

Gette même année, Mile de Noyers devait marier sa 
dernière fille Mahaut à Gérard de Bouberch, chevalier, 


;i) Instrument um ho ma g u per Eduardem III , Ambiants facti . 
Acte publié dans Rymer, puis dans le Froissard de l’édition 
Buchon, 1. 1, p. 44. — Voir aussi du Tillet, Couronne et Maison 
de F rance y pp. 212-213. 

Outre les seigneurs que nous venons de citer, étaient 
encore présents à cel acte parmi les grands personnages de 
France : les évêques de Beauvais, de Laon, de Scnlis; Charles, 
comte d’Alençon; Eudes, duc de Bourgogne; Louis, duc de 
Bourbon ; Louis, comte de Flandre ; Robert d’Artois ; le comte 
d’ Armagnac ; les abbés de Cluny et de Corbie; le seigneur de 
Beaujeu ; Bernard, sieur d’Albret ; Mathieu de Trye et Robert 
Bertrand, maréchaux de France. Nous ne donnons pas les 
noms des évêques et des barons anglais. 

(2) Chroniques de Froissard . 


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200 


LES SIRES DE NOYERS. 


mais cette alliance n’eut pas lieu (1). Ce n’est qu’en 1331 
que le contrat de mariage de Mahaut fut signé en pré- 
sence du roi Philippe VI de Valois et du chancelier de 
France, avec l’héritier d’une des plus grandes familles 
féodales de Bourgogne, Eudes de Grancey, qui était assisté 
du seigneur de Larrey, son oncle, et du sire de Joinville, 
Son cousin. Mile et sa fille Mahaut avaient pour témoins 
leurs parents : Gauthier de Chatillon, comte de Porcien, 
Hue de Chatillon, seigneur de Rosay, Ogcr d’Anglure, 
Henry et Robert de Boulage, l’évêque d’Autun. On donnait 
en dot à Mahaut quatre cent livrées de terre, plus deux 
mille livres pour acquérir en terre deux cent livres de 
rente et enfin deux mille livres en monnaie courante (2). 

C’est ici l’occasion de parler d’un de ces poèmes de 
famille, sorte d’épithalame, que l’on tirait des archives du 
château aux jours des fiançailles, et qu’un clerc ou un 
moine complaisant modifiait suivant les circonstances, 
pour égayer l’assistance, tout en faisant briller l’illus- 
tration et la gloire des parents et des amis. 

C’est à l’occasion de cette alliance entre Mahaut de 
Noyers et Eudes de Grancey, que le roman généalogique 
intitulé : La Roue île Fortune ou Chronique de Grancey , 
nous parait avoir été composé ou du moins modifié. 

M. Emile Jolibois, ancien archiviste de la Haute-Marne, 
en a publié le texte ou plutôt la traduction (3), d’après les 
manuscrits originaux conservés soit au petit séminaire de 
Langres, soit dans divers dépôts de la bibliothèque natiu- 

(1) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

(2) Arch. de Dijon, Chambre des Comptes, Titre original du 
contrat de mariage. 

(3) La Roue de fortune ou Chronique de Grancey, Chaumont, 
1856. 


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LES SIRES DE NOYERS. 204 

nale et notamment dans les papiers du savant P. Vi- 
gnier (4). 

Le chroniqueur primitif ne manque pas de commencer 
son roman à la guerre de Troie, mais au milieu de ses 
fictions et de ses généalogies qui sont souvent en contra- 
diction avec la vérité historique, on retrouve dans leurs 
naïvetés plusieurs légendes, qui devaient être populaires 
au xiv e siècle dans le Tonnerrois et le diocèse de Langres. 

Un examen plus attentif de la Chronique de Gaspar 
Marin ou Chronique de Noyers (21, que nous regardions 
d’abord comme tout à fait fabuleuse, nous autorise à 
jienser que ce roman généalogique pourrait bien avoir été 
composé dans l’origine pour cette même cérémonie de 
fiançailles. 

En effet, Gaspar Marin, qui dédiait, en 4 561, son livre à 
Léonor d’Orléans, duc de Longueville, alors seigneur de 
.Noyers, n’avait pour objectif que de flatter l’amour-propre 
de la famille qu'il servait ; mais il reproduit un ancien 
texte qui avait servi à ung vénérable docteur en saincte 
théologie , nommé Hebrad, abbé de Fontenoys, qui fit le 
sermon funèbre au trépas et obsèque dudit feu seigneur 
Mille de Noyers dit la Uaindey (par conséquent le maré- 
chal mort en 1350). 

Cette généalogie hyperbolique, qui remonte plaisam- 
ment à Sem, Cham et Japhet, à Hercule et au déluge, a 
vraisemblablement été faite aussi en 1334, car elle ne 
manque pas de rattacher par d’anciennes alliances la 
famille de Noyers aux sires de Chatillon, comtes de 

1; Bibl. nat., Mss. fonds Delamarro, 9837, II ; 9622, III. 

(2) Bibl. nat., fonds Cangé, 10409/3; Ms. petit in-4° papier, 
34 f*. 


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202 LES SIRES DE NOYERS. 

Saint-PuI, de Porcien, aux Chalon, témoins au contrat, et 
qui ne pouvaient manquer d’assister à la cérémonie des 
fiançailles d’Eudes de Grancey avec Mahaut de Noyers, 
par suite de leur étroite parenté avec celte dernière 
maison. 

Il est à conjecturer que beaucoup de romans de cheva- 
lerie ont eu pour point de départ des cérémonies sem- 
blables ; tantôt- la généalogie servant de cadre au roman, 
tantôt le roman servait de cadre à la généalogie. 

Nous retrouvons, en 1320, Mile de Noyers à Chambéry, 
servant d’intermédiaire entre Aîné, comte de Savoie cl 
Eudes, duc de Bourgogne, dans un traité d’alliance' que 
passaient entre eux ces puissants personnages. Le 19 du 
mois de mars. Mile est pris comme caution, témoin et 
garant de l’exécution des clauses de ce traité 

Jeanne de Montbéliard, troisième femme de Mile X, 
mourut deux ans plus lard, laissant par testament des 
rentes à l’église Saint-Nicolas de Noyers, pour l’entretien 
de torches devant l’autel de Notre-Dame, et une somme 
annuelle de cinquante sols à l’abbaye de Marcilly pour 
son anniversaire. Diverses aumônes furent aussi assignées 
au prieur et au curé de Noyers. Le corps de Jeanne de 
Montbéliard fut inhumé dans l’abbaye du Bon-Repos de 
Marcilly par les soins de l’abbesse Jeanne de Sancerre (2). 

Un seul fils était né de ce dernier mariage de Mile X : 
Jean de Noyers, qui n’était âgé que de onze ans à la mort 
de sa mère, et pour lequel on fit plus tard, en 1337, 

(f) D. Plancher. Hist. de Bourgogne. 

•i) Arc h. de la Côte-d'Or, Chambres des Comptes, Titres de 
Noyers. — On voit que les obsèques de Jeanne de Montbéliard 
coûtèrent 40 livres. 


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LES SIRES DE NOYERS. 203 

échange du comté de Joigny avec Charles de Valois, veuf 
de la comtesse Jeanne. C’est de cet enfant que devait 
descendre la branche des Noyers-Joigny. 

Malgré la difficulté des moyens de communication, on 
est assez étonné de voir avec quelle facilité ces chevaliers 
se déplaçaient et faisaient à cheval de très grandes 
courses. Car nous voyons qu’en cette même année 1337 
Mile était tantôt à Paris, à son hôtel de la Grange aux 
Merciers, tantôt à Noyers et peu après à Valenciennes, 
assistant à un grand festin donné à plusieurs seigneurs 
français, par Jean Bernier. Ce Jean Bernier, prévôt de 
Valenciennes pour le comte Guillaume de Hainaut, était 
tenu en grande estime et considération par le roi et la 
cour de France. Mais ayant été desservi auprès du fils du 
comte de Hainaut, après la mort du père, il fut disgracié 
et contraint de venir chercher asile en France. Les faits 
qui lui étaient reprochés étaient faux de tous points ; le 
roi Philippe, oncle du comte Guillaume, désirant s’en 
éclaircir, voulut l’interroger lui-même ; il le fit venir en 
présence des rois de Bohême, de Navarre, de l’évêque de 
Beauvais, de Mile de Noyers et de plusieurs grands per- 
sonnages; Jean Bernier n’eut pas de peine à se disculper 
et à prouver son innocence. 

« Et adont dist le roy Philippe de France : Sire de 
« Noyers, et vous, sire de Haugiers, menez Jehan Bernier 
« en une chambre, par adventure vous dira-t-il tel chose 
« qu’il ne voelt pas dire devant nous. Sy s’en allèrent les 
« deux seigneurs et Jehan Bernier ensemble; mais les 
« deux seigneurs ne purent oneques altraire de lui, fors 
« que semblables choses qu’il avoit dites devant les 
« princes. Sy revint Jehan Bernier par devant eulx. Et 
« demanda le roy eux deux seigneurs quel chose Jehan 


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LES SIRES DE NOYERS. 


204 

« Bernier leur avoit dist, lesquels répondirent : Très cher 
« Sire, vrayement Jehan Bernier ne nous a dist, pour 
« chose que nous luy ayons mis avant, ne dist aultre chose 
« fors ce qu’il a dit par devant vous. » J'. 

L’innocence de Bernier ayant été bien prouvée, le roi 
le combla de présents, le nomma maître des requêtes du 
Parlement et lui assura une rente de deux cents livres 
parisis. En bons courtisans, les seigneurs présents se 
crurent obligés d’en faire autant et chacun d’eux lui fit 
un don. Monseigneur de Noyers, pour sa part, fit présent 
de trois piéches de drap (i). Nous citons ces faits de peu 
d’importance parce qu’ils donnent quelques traits des 
mœurs de l’époque, et qu’ils indiquent dans quelle inti- 
mité et dans quels rapports vivait Mile de Noyers auprès 
du roi de France. 

C’est «\ cette influence que plusieurs des vassaux du 
sire de Noyers durent les hautes fonctions dont ils furent 
revêtus. Le crédit de Mile valut à Oudard d’Estaules la 
charge de grand écuyer, en 1333, et plus tard de maistre 
d’hosteldu ray ; Robert de Sermizelle fut nommé grand 
pannetier de France sous Philippe-le-Bel, puis maître 
d’hôtel de Louis-le-Hutin. 

Le duc Eudes ayant eu, en 1337, des dillicultés avec 
le Dauphin, celui-ci souleva contre le duc de Bourgogne 
plusieurs seigneurs de la province. Ces princes firent 
ensuite la paix, et les seigneurs qui avaient pris les armes 
rentrèrent dans le devoir à l’égard de leur suzerain. Mais 
le duc ne voulait pas pardonner à Jean de Chalon, qu’il 
regardait comme leur chef et le plus coupable de tous : il 

(1) Chroniques de Flandre, édition Buch»n, pp. 624 et suiv. 

(2) Chroniques de Flandre, loco citato. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


205 


fallut avoir recours au roi pour les arranger. Le traité de 
paix fut signé à Vincennes, en présence des députés de 
Jean de Chalon et du duc de Bourgogne. Au nombre de 
ces députés figurent Mile de Noyers, le vicomte de Melun, 
le sire de Jonvelle et Guillaume Flotte. Le sire de Noyers 
et l’évêque de Langres avaient particulièrement été 
choisis pour prendre des informations dans cette af- 
faire (I). 

Cette haute réputation de loyauté, de justice et d’expé- 
rience dont jouissait le sire de Noyers, lui valait des 
missions dont il ne devait pas toujours se féliciter, et que 
ses fonctions ne lui permettaient pas toujours de remplir. 

Jean Trouillard, seigneur de Lézinnes et Jean d’Ar- 
genteuil étaient en contestation au sujet de la chasse 
dans les bois de Sambourg. Ils nommèrent encore Mile 
pour médiateur. Des informations furent faites par Thi- 
baud de Fontaines et par Jean de Bar, l’un bailli, l'autre 
prévôt de Noyers. Mais Mile, ayant été mandé par le roi 
pour affaire d’Etat, se fit remplacer par ces derniers et 
par Jean de Nuits, garde des foires de Champagne et de 
Brie. Les sires de Lézinnes et d’Argenteuil préférèrent 
attendre le retour de Mile de Noyers, qui les reçut dans 
son château et parvint A les mettre d’accord (2). 

(1) D. Plancher, Hist. de Bourgogne, t. Il, pp. 182-183. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. — Plusieurs pièces et rouleaux sont relatifs à cette 
affaire et donnent des documents sur les descendants directs 
de Geoffroi de Yillehardouin (1837-1340). 


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CHAPITRE XIII 


DÉPART DU MARÉCHAL DE NOYERS POUR LA PICARDIE. — 
MORT DE SON FILS GAUTHIER DE NOYERS, SEIGNEUR DE 
PICQUIGNY, VIDAME D'AMIENS. — IL FAIT SON TESTAMENT 
ET LE PARTAGE DE SES BIENS ENTRE SES ENFANTS: — SES 
BESOINS D’ARGENT. — AFFRANCHISSEMENT DE VENDEU- 
VRE. — IL EST, EN QUALITÉ DE PARENT, LE TUTEUR DES 
ENFANTS D’ÉRARD DE LÉZINNES, ARRIÉRE-PETIT-FILS DE 
VI LLEHARDOUIN. 1 


( 1338 - 1341 ), 


En 1338, le roi Philippe de Valois manda toute sa no- 
blesse pour aller en Picardie, « à l’encontre d’Édoyard III, 
roi d’Angleterre, que l’on disoit venir méfia ire au royaulme 
de France. » ' Mile de Noyers réunit tous ses vassaux et 
partit pour cette nouvelle expédition. On a conservé le 
rôle des gens d’armes qui l’accompagnaient et de la nom- 
breuse escorte qui le suivit, ainsi que les lieux d’étapes 
et les dépenses faites dans chaque localité. 

Jean de Noyers, comte de Joigny et seigneur d’Antigny, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


207 

alorsâgé de quinze-ans, y fit sa première campagne. Jean 
de Serrigny, Perrinet de Sancy, Séguin d’Étaules, Érard 
d'Arcy, Gauthier de Pacy, Jean de Lézinnes, Jean de 
Seignelay, Jean et Perrin de Malignv, Henry de Chassi- 
gneljes, Jean de Charny, Guy de Champlay et nombre 
d’autres seigneurs du pays marchaient sous la bannière 
du sire de Noyers. 

Tous les feudataires du roi Philippe devaient d’abord 
se rendre à Amiens, où l’on attendait la venue de l’enne- 
mi, mais la saison était trop avancée et l’année s’écoula 
sans qu’Édouard pût entrer en campagne. Le roi d’Angle- 
terre passa l’hiver près de Bruxelles, et Philippe, ne 
voulant pas laisser des troupes inactives dans leurs quar- 
tiers, conlremanda la plupart de ses barons, qui ne se 
mirent en marche que l’année suivante sur de nouveaux 
ordres (11. 

Ce ne fut qu’au mois de septembre 1339 que le roi 
d’Angleterre mit son armée en campagne, s’avança de 
Valenciennes à Cambrai, lançant des bandes dévasta- 
trices en Picardie, jusqu'au* portes' de Saint-Quentin 
et de Laon, saccageant villes, châteaux, moutiers et 
villages. 

Le château de Picquigny n’échappa pas à ces ravages 
et Gauthier de Noyers, vidame d’Amiens, qui en était 
seigneur, ayant été blessé et fait prisonnier dans un com- 
bat, sa rançon fut fixée à un prix si élevé, que Marguerite 
de Picquigny, sa femme, ne put réunir la somme à la- 
quelle il avait été taxé pour sa délivrance. Mile de Noyers, 
son père, fut obligé de contracter de lourds emprunts, 

(1] V. Pièces justificatives. Arch. de la Côte-d’Or, Chambre 
des Comptes, B, 1274 iis. 


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208 


LES SIRES DE NOYERS. 


qui n’étaient pas encore entièrement remboursés huit 
années plus tard. 

Mile X était alors, « en Vost du roi à Péronne, » quand 
il apprit cette fâcheuse nouvelle; il fonda, sans doute 
pour la délivrance de son fils, une chapelle en l’honneur 
de Saint-Georges au château de Noyers, et la dota d’une 
rente, en se réservant la nomination du chapelain (1). 

Toutefois, Gauthier de Noyers ne survécut point à ses 
blessures et mourut la même année, léguant par testa- 
ment à l’abbaye de Marcilly une aumône pour la célébra- 
tion de son anniversaire, à prendre sur les revenus de son 
moulin d’Esclaron. Il ne laissait aucune postérité de son 
alliance avec Marguerite de Picquigny (2). 

Après la mort de son fils Gauthier, Mile X se voyant 
chargé de plusieurs enfants de trois lits, fit le partage 
des biens composant sa succession, pour éviter les dif- 
ficultés qui pourraient s’élever plus tard entre eux (3). 
Les deux fils qui lui restaient devaient, après lui, hériter 
de ses nombreux domaines, et indemniser les filles par 
des pensions pécuniaires. Il fit expédier ce testament à 
Corbeil et le fit sceller de son grand sceau en lacs de soye 
et cire verte (4) . 

A Mile XI, son fils aîné, sire de Montcornet, surnommé 
le Bossu, Mile X donne le château et la terre de Noyers, 
le château de Fresne et toutes les dépendances de Noyers, 

(1) Arch. de la Côte-d’Or. 

(2) V. Picquigny et ses seigneurs, tidamei d’Amiens, par 
M. F.-I. Darsy, Abbeville, 18G0. 

(3) Ce testament n’empêcha pas les difficultés et la lutte 
entre les héritiers de Mile X, comme on le verra plut tard, 
après la mort du maréchal de Noyers, en 1350. 

(4) Bibl. nat., fonds Delamarre, Mss. français, n° 9873/4. 


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LES SIRES DE NOTERS. 


209 


droits, justice, forêts et domaine, plus une rente de 
soixante livres sur la terre d’Esclaron, dont il avait fait 
l’acquisition du vivant de Jeanne de Flandre, mère de 
son fils défunt Gauthier. 

A Jean, comte de Joigny, sire d’Antigny, son autre fils, 
il donne le château et les châtellenies de Vendeuvre, 
Louvois, Païens, sa terre de Poilly, des rentes sur Chablis, 
trois cents livres sur Montaguillon et ses dépendances, 
domaine qu’il avait échangé contre Athie-sous-Montréal. 

Seulement les deux fils héritiers devront s’engager à 
payer' les rentes dues à leurs sœurs, savoir: cinq cents 
livres aux enfants de Marguerite de Noyers, dame de 
Châteauviliain, à prendre sur Dronnay, Villecomte; deux 
cents à Mahaut de Noyers, dame de Grancey; cinquante 
à Jeanne et Hélissant, nonnes à l’abbaye de Juilly. 

Le roi de France et le duc de Bourgogne sont priés de 
faire respecter les clauses de ce testament, daté du 4" 
mai 4340, et ratifié six jours plus tard par Mile, seigneur 
de Montcornet, et Jean de Noyers, comte de Joigny, les 
héritiers. 

Les frais considérables que le sire de Noyers avait faits 
pendant les guerres, les emprunts qu’il avait été obligé de 
contracter pour le service du roi et la rançon de son fils, 
l’avaient beaucoup gêné. Il avait bien reçu quelques se- 
cours de plusieurs de ses vassaux et même des habitants, 
mais ces secours étaient forts insuffisants. Il ne s’était 
pas adressé en vain aux religieuses de Marcilly, et il leur 
donnait en cadeau quatre muids de vin vermeil tout envais- 
selé, provenant de ses vignes de la Maladière de Noyers (4). 

Ses créanciers réclamaient tous de l’argent et mena- 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peîncedé. 

Sc. Met. 14 


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LES SIRES DE NOYERS. 


210 

paient de le faire saisir. Un pelletier de Troyes, donna 
même commission au garde des foires de Champagne et 
de Brie et au prévôt de Coulmier, de saisir les meubles 
et biens de messire de Noyers, jusqu’à paiement d’une 
obligation de 89 francs 10 centimes pour fourniture de 
pelleteries et fourrures (1). Car le maréchal de Noyers, 
malgré la supériorité de son esprit, parait avoir aussi 
cédé un peu aux goûts de l’époque et avoir recherché 
dans ses vêtements une magnificence et un luxe dont 
Froissa rd a plus d’une fois raillé les seigneurs de la cour 
de France. 

Pour éviter ces réclamations indiscrètes.. Mile se fit 
délivrer des lettres du roi, afin de n’être pas poursuivi 
par ses créanciers pendant sa vie, assurant toutefois que 
ses dettes devraient être payées après sa mort sur ses 
meubles et sur le revenu de ses terres (2). 

Il y avait un moyen de trouver de l’argent et Mile s'en 
servit. C’était de convertir en redevances pécuniaires les 
servitudes personnelles dont étaient encore frappés les 
habitants de ses domaines. Ces conversions avaient pour 
résultat d'adoucir les liens de la servitude, d'abolir la 
main-morte, de créer pour les familles un droit de succes- 
sion qui n’avait pas existé jusque-là, de faire disparaître 
la charge qui pesait sur la personne pour la reporter sur 

,1) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedi. — On avait, à 
la môme époque, et sans doute à la requête de créanciers, 
saisi les renies de Verhul, près Louvois; mais une lettre de 
Thibaud de Fontaine, bailli de Noyers, déclare que ces rentes 
appartiennent à l’abbaye d’Avenay. — Arch. de la Haute- 
Marne. 

(2) P. Anselme, Hist. des grands Officiers de la Couronne , 
l. VI, pp. 648-649. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


m 


la chose, résultat immense il est vrai, mais dont le point 
de départ n’avait pas toujours, comme on le voit, une idée 
philanthropique pour mobile. 

Par un acte de mai <1 3H , approuvé par Philippe-do- 
Valois en son conseil, Mile de Noyers, bouteiller do 
France, rappelle que ses hommes et femmes de Vendeu- 
vre sont passibles de main-morte et de for-mariage, 
soumis à des corvées pour cause de leurs personnes. 
Considérant la ardue amour et espéciale affection que les 
habitants de Vendeuvre ont pour lui, les lourdes servi- 
tudes qui pèsent sur cette ville, et qu’au temps à venir 
ces charges pourraient rendre les habitants impotents à 
Faider, s’il en avait besoin ; désirant accroître le bon état 
de sa ville et de ses habitants sur leur requête et suppli- 
cation, il traite avec eux sur les servitudes dont il s’agit 
de la manière suivante: 

Les hommes et les femmes de la ville de Vendeuvre, 
leurs héritiers et ayants-cause, demeurent quittes et déli- 
vrés des servitudes qui pesaient sur eux, à la charge de 
payer au seigneur, chaque année, une rente de trente- 
quatre livres en argent, trois muids de froment et deux 
inuids d’avoine, le tout payable au château de Vendeu- 
vre (I). 

En outre, Mile de Noyers et les habitants arrêtent les 
conditions suivantes : 

« Si aucun des hommes ou des femmes de Vendeuvre 
mourait, toute la succession viendrait à ses parents les 
plus proches demeurant à Vendeuvre et non ailleurs. 

(î) Le chiffre de ces rentes annuelles équivaudrait aujour- 
d'hui à la somme annuelle d'environ quatre ou cinq mille 
francs. 


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212 


LES SIRES DE NOYERS. 


« Si le décédé n’avait aucun héritier de son lignage 
demeurant à Vendeuvre, sa succession était recueillie par 
le plus prochain de son lignage, quelque part qu’il de- 
meurât, mais à la charge de payer les redevances seigneu 
riales dues pour les biens provenant du décédé. 

« Tous ceux et celles qui avaient héritage en la ville 
ou finage, payaient leurs redevances en blés et en argent, 
selon la désignation faite par six imposeurs, choisis par 
le seigneur ou son bailli. 

« Pour la juste répartition de cette taille, il y avait six 
élus, trois parmi le menu peuple et trois parmi les plus 
suffisants, lesquels lésaient serment sur les saints Évan- 
giles de bien asseoir la dite taille. 

« Ces élus ne pouvaient prendre comme dépens, sur 
les bourgeois, pour l’assiette de l'imposition seigneuriale, 
que trente sous tournois au plus par an. » 

Par ce traité, toutes les autres rentes dues au seigneur 
étaient exigibles comme auparavant, saufles quatre con- 
ditions: 1° de main-morte; 2° de for-mariage; 3° de 
corvées; 4° de l’aide de mariage des enfants du sei- 
gneur (1). 

La même année, Mile de Noyers donna, dans des termes 
à peu près semblables, des lettres d’affranchissement aux 
habitants de Poilly, village du fief de la comtesse de 
Tonnerre, situé sur les bords du Serain, non loin de son 
château de Noyers (2). 

Il obtint aussi, en 1341, des chapitres d’Auxerre et de 

(1) Hist. de Vendeuvre, par M. Boutiot, pp. 64-65-66. — Arch. 
de l’Aube, Arch. du château de Vendeuvre. 

(2) Arch. de la Côte-d'Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 


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LES SIRES DE NO VERS. 


213 


Chablis, l’autorisation de recevoir aux mêmes condi- 
tions que les bourgeois de Noyers, les habitants de 
Préhy (1). 

Jean Trouillard, seigneur de Lézinnes, était mort en 
1 345, laissant des enfants mineurs, dont l’aîné se nom- 
mait Érard. Jeanne de Lézinnes, sœur du défunt, avait 
épousé Robert, de Châtillon-en-Bazois. Robert avait cédé 
pour trois cents livres ses droits de tutelle des enfants de 
Lézinnes à Mile de Noyers, cousin des sire de Châtillon 
par Marie de Châtillon, sa mère. Mais Robert étant mort, 
son frère Jean de Châtillon revendiqua les droits de tuteur 
qui appartenaient à son frère, et il y eut débat avec le 
sire de Noyers. L’un se disait parent paternel et du sang 
des Lézinnes; Mile, qui était cousin maternel, se disait 
également parent de sang et estoc. Pour mettre fin à ces 
contestations, on obtint des lettres de bénéfice d’âge en 
faveur d’Ërard de Lézinnes, l’aîné des mineurs (2). 

Après la condamnation des Templiers, une partie de 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedé. 

(2) Celle charte permet de rétablir la filiation des Villehar- 
douin de Lézinnes, et de combler une lacune importante 
dans cette généalogie. C’est sans doute à l’occasion de cette 
tutelle que les religieuses de la Charité-les-Lézinnes pro- 
mirent à Mile de Noyers de célébrer chaque année une messe 
en sa faveur et de le comprendre dans leurs prières. — Arch. 
de la Côte-d’Or. 

Voici encore des pièces de la même époque, 1345. 

— Charte sous les scels de Mile de Noyers et de l’abbaye de 
Reigny, par laquelle est accordé entre les parties que la haute 
justice de la grange d’Essert et des dépendances est audit 
Mile et la basse justice aux religieux. Mile ne pourra élever 
fourches, gibet, eschellcs ou autres signes de haute justice au 
lieu ou demeure desdits religieux. Si aucun malfaiteur est 


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LES SIRES 1)E NOYERS. 


2fi 

leurs biens étaient passés aux mains des chevaliers de 
Saint-Jean de Jérusalem. La commanderie de Bonlieu 
ou de Bonleu possédait des domaines qui relevaient du 
château de Vendeuvre. Mile traita, en 1346, avec Pierre 
Bruyant, commandeur de la maison de l’hôpital de Bon- 
lieu, et Guy de Pringey, commandeur d’Orient, pour les 
droits de justice et de chasse qui lui appartenaient sur le 
territoire dépendant de la Loge-Bazin. Il se réserva les 
droits de haute et moyenne justice et ceux de chasse. Les 
hospitaliers, exempts de la juridiction du prévôt de Ven- 
deuvre, sont soumis à celle du bailli, et les sergents qui 


pris pour cas de haute justice, les gens du seigneur le pour- 
ront tenir et garder ès maisons de ladite graDge, hors lieu 
saint, par un jour et une nuit, et si le malfaiteur est pris par 
les religieux, ils le feront savoir au seigneur ou à ses gens, et 
dès lors le seigneur et ses gens ne le pourront tenir que pour 
un jour et une nuit, hors du lieu saint, et ce aux frais et péril 
du dit seigneur et non mie des religieux. 

— Déclaration des héritages que tiennent de la garde du 
seigneur de Noyers, les religieux de Reigny, excepté la 
grange de Lessart, qui est de la garde du comté d’Auxerre. — 
Arch. de la Côte-d’Or, B. 10505, Recueil de Peincedé , t. IX. 

p. 61 . 

— Sentence arbitrale ou judiciaire par laquelle il est dé- 
claré que Mile, sire de Noyers, bouleiller de France, fait 
remise aux religieux de Pontigny de ce qu’ils pourraient 
devoir pour cause de nouveaux acquêts faits en la juridiction 
de Chablis. 

Arch. de l’Yonne, Cart. de Pontigny , vol. I, f° 305. 

Mile de Noyers saisit un pré sis à Molay, dont Erard 
Bugnot, seigneur de Senevoy, écuyor, obtient main-levée 
comme chose à lui appartenant. — Bibl. nat., Trésor généalo- 
gique de D. Villevieille , d’après la Chambre des Comptes de 
Bourgogne, lay. 127. 


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LES SLR ES DE NOYERS. 


215 


ont droit d’instrumenter sur le territoire de la Loge-Bazin 
doivent être à la nomination de Mile de Noyers, seigneur 
de Vendeuvre (1). 

il) Hist. de Vendeuvre, par M. Bouliot, p. 04 , d'après le Cari, 
du Temple , Arch. de l’Aube. 


£ 


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CHAPITRE XIV 


L’ORIFLAMME DE FRANCE EST CONFIÉE A MILE X DANS LA 
GUERRE CONTRE LE ROI D’ANGLETERRE. — CONDUITE DE CE 
VIEUX CHEVALIER ET CONSEILS QU’lL DONNE AU ROI. — 
BATAILLE DE CRÉCY. — BRAVOURE DU MARÉCHAL. IL EST 
BLESSÉ, NON TUÉ, COMME L'INDIQUE FROISSART. — IL EST 
GUÉRI DE SES BLESSURES A TROYES. — IL ASSISTE AVEC 
MILE XI, SON FILS, A UN TRAITÉ d’àLLIANCE PASSÉ A MONT- 
RÉAL ENTRE LE DUC DE BOURGOGNE ET AMÉ, COMTE DE 
SAVOIE. — PENSION LUI EST ACCORDÉE PAR LE ROI. — 
INVENTAIRE DE SES TRÉSORS DANS LA GROSSE TOUR DE 
NOYERS. — SON FILS MILE XI, LE BOSSU, MEURT DE LA 
PESTE NOIRE. — MORT DU MARÉCHAL. — SON ÉPITAPHE, 
SON ORAISON FUNÈBRE ET SON INHUMATION A MARCILLY. 

( 1346 - 1350 .) 


Nous ne pouvons entreprendre de raconter longuement 
cette triste campagne de 1 346, pendant laquelle Édouard 
III, roi d’Angleterre, après avoir débarqué en France, par- 
courut avec ses troupes, comme un torrent dévastateur, 
les riches provinces de Normandie et de l’Ile de France, 
en brûlant et saccageant Cherbourg, Saint-Lô, Laon, 


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LES SIRES DE NOYERS. 217 

Vernon et toutes les villes qui se trouvaient sur son pas- 
sage. 

L’armée ennemie ne rencontrant pas d’obstacle, s’avan- 
çait bientôt vers Paris, et les habitants épouvantés de 
celte capitale pouvaient voir, du haut de leurs murailles, 
les incendies de Rueil, Neuilly, Boulogne, Saint-Cloud, 
Bourg-la-Reine. 

Philippe de Valois n’avait pas sous la main des forces 
suffisantes à opposer à son hardi compétiteur; il ne pou- 
vait compter que sur le zèle de ses bonnes villes. Il leur 
avait donc donné l’ordre de s’armer en toute hâte, et avait 
requis l’assistance de tous les gentilshommes qui n’é- 
taient point allé combattre en Guyenne. 

Bon nombre de chevaliers se rendirent à cet appel et 
vinrent prêter main-forte aux milices bourgeoises : le 
comte d’Alençon, frère du roi; Jean de Uainaut; les 
comtes de Blois et de Flandre; le duc de Lorraine; le 
comte de Namur. Tous accoururent auprès du roi, qui 
avait établi son quartier général à Saint-Denis. On vit 
même le vieux roi de Bohême, quoiqu’aveugle, et le sire 
de Noyers, âgé de soixante-quinze ans, venir offrir le 
secours de leur épée. 

Édouard, à l’approche de cette armée, qui grossissait 
de jour en jour et que l’on croyait plus forte qu’elle 
n’était en réalité, songea à opérer sa retraite du côté de 
la Picardie. Aussitôt en mesure de le poursuivre, le roi 
Philippe prit l’oriflamme à Saint-Denis, la confia aux 
mains expérimentées de Mile de Noyers et mit son armée 
en marche à la poursuite de l’ennemi. Mais cette marche 
fut si peu accélérée, que les Anglais purent franchir la 
Seine, puis la Somme, sans avoir été inquiétés que par 
des compagnies d’avant-garde. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


2f8 

Édouard choisit seulement une bonne situation pour 
attendre l’armée française, et vint camper sur la lisière 
du bois de Crécy, à cinq lieues d’Abbeville. 

Le champ de bataille était avantageux et il en lira un 
parti très intelligent par la distribution de ses trois armées. 
Derrière, il fit ranger les chevaux et les charriots; en 
avant, il disposa archers, gens d’armes et cousteliers, de 
manière à ce qu’ils pussent se prêter un mutuel secours. 

Le roi Philippe, qui quitta Abbeville le samedi 26 août, 
au matin, fut loin de maintenir une pareille discipline et 
une telle ordonnance de son armée. Le désordre était 
même tel, deux lieues plus loin, que l’on vint lui donner 
conseil de faire ranger ses troupes, de laisser d’abord 
passer les piétons et les fantassins, et de donner le temps 
d’arriver à ceux qui n 'étaient pas encore sortis de la ville. 

Alors le roi envoya quatre chevaliers: le seigneur de 
Noyers, le Moine de Basèle, les sires de Beaujeu et 
d’Aubigny, pour aller reconnaître la situation de l’ennemi . 
« Lesquels chevauchèrent bien près des Anglois, tant 
« qu’ils purent bien voir une partie de leur affaire ; et 
« bien virent les Anglois qu’ils étoient venus là pour les 
« voir, mais ils n’en firent point de semblant, et les lais- 
« sèrent tous en paix retourner (1). » 

Les quatre émissaires traversèrent la foule pour veuir 
trouver le roi. Alors Philippe s’arrêta et leur dit : Seigneurs, 
quelles nouvelles ? Les chevaliers, qui voyaient la situation 
grave, se regardèrent tous quatre sans mot dire, aucun 
ne voulant parler avant son compagnon. Le roi donna 
ordre au Moine de Basèle, qui était tenu pour l’un des 
plus vaillants chevaliers du monde et de la suite du roi 

( 1 ) Chronique de Froissard. 


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LES SIRES RE NOYERS. 


219 

de Bohème, de s’expliquer : « Je parlerai, sire, 'puisqu’il 
r vous plaît; nous avons vu le beau maintien de vos 
r ennemis. Sachez qu’ils sont disposés en trois batailles 
r et vous attendent. Je conseille, sauf meilleur avis, que 
r vous fassiez arrêter aussitôt vos gens, et camper ici 
« pour la journée, car d’ici que les derniers ne soient 
« venus jusqu’ici et que vos troupes ne soient bien ran- 
« gées, il sera tard. Vos gens seront lassés, tandis que 
« l’ennemi sera frais et dispos. Demain matin, vous 
r pourrez plus avantageusement et plus sûrement sur- 
r prendre l’ennemi, et voir par quel côté on devra l’atta- 
h quer (1). » 

Le roi donna ordre dans ce sens. Les maréchaux 
essayèrent de se faire jour dans les rangs, en criant : 
Arrêtez, bannières, au nom de Dieu et de Saint-Denis. On 
put bien empêcher ceux qui étaient en tête d’avancer, 
mais les derniers voulurent marcher, « disant qu’ils ne 
r s’arresteroient point jusques à tant qu’ils seroient aussi 
r avant que les premiers. » Ceux-ci furent forcés de con- 
tinuer, et dans cette inextricable mêlée nul ne put se faire 
entendre ni obéir. 

Quand on fut à portée de trait des Anglais, les Génois 
que l’on fU passer en avant, lancèrent leurs flèches, mais 
les cordes mouillées n’avaient pas d’action, les projectiles 
allaient mourir bien en avant de l’ennemi, tandis que les 
archers anglais, qui avaient eu soin de mettre à couvert 
dans leurs chaperons les cordes de leurs arcs, faisaient 
voler leurs sagettes si vivement que ce semblait neige. 

Les Génois, atteints de toutes parts sans pouvoir ripos- 
ter, voulurent battre en retraite. Le roi, irrité, s’écria : 

(!) Chronique de Froissard, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


220 

« Or, tôt, tuez toute cette ribaudaille, car ils nous empè- 
« chent la voie sans raison. » 

Cet ordre, aussi insensé que barbare, ne fut que trop 
bien exécuté. On poursuivit les fugitifs à coups d’épée et 
de lances, ce qui né contribua guère à rétablir l’ordre. 
Les Anglais en profitèrent, et les bombardes qu’ils lancè- 
rent sur cet amas de fantassins et de cavaliers en déroute, 
mirent la confusion à son comble. Les barons, chevaliers, 
écuyers et gendarmes parvinrent enfin à se rallier et à 
s’élancer sur les archers de l’avant-garde anglaise. Cet 
effort fut si considérable et l’élan si impétueux, que les 
premiers bataillons ennemis furent rompus, et que l’on 
courut près du roi Édouard pour mander des secours de 
la part du prince de Galles, qui était serré de près. 

La réponse négative du roi d’Angleterre mit le prince 
de Galles dans la nécessité de succomber ou de vaincre. 
Grâce à leur bonne organisation et à la sage ordonnance 
de leurs troupes, les Anglais ne tardèrent pas à prendre 
l’avantage sur leurs fougueux adversaires. Les cheva- 
liers français qui s’étaient avancés avec leurs bannières 
jusqu’au centre des bataillons ennemis, et qui n’étaient 
pas protégés par derrière où le désordre était complet, 
se trouvaient enveloppés, abattus et massacrés, sans 
pouvoir faire une résistance utile. La nuit qui s’avan- 
çait porta le désarroi à son comble. 

D’après le premier récit de Froissard, qui se raproche 
le plus de celui de Jehan-le-Bel (1), on voit que, «oncques 
« le corps du roy de France ni nul de sa bannière ne put 
« ce jour parvenir jusques à la bataille...., fort tant que 
« le sire de Noyers, ung anchiens chevalier et durement 

(1) Mss. de la Bibl. d’Amiens. 


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LES SIRES DE NOYERS. 221 

« preudons et vaillant, porta l’oriflambe, la souveraine 
« bannière du roy, si avant qu’il y demoura (1). » 

Nous ne trouvons nulle part ailleurs une preuve certaine 
que Mile et par suite l'oriflamme soient tombés au pou- 
voir de l’ennemi. On peut du moins assurer que Mile n’eut 
pas, dans cette circonstance, à payer une rançon pour sa 
délivrance. Ce qui est certain pour nous, c’est que le sire 
de Noyers put, malgré son grand âge, et à la faveur de la 
nuit, échapper à une mort inévitable. Il fut blessé toute- 
fois, si l’on doit interpréter ainsi les quittances données 
l’année suivante, par Pierre Béraut, de Troyes, physicien 
(médecin), qui l’avait soigné (2). 

Il faut observer que Froissard avait fait sa narration 
d’après le récit de Jean de Haynot, qui, après la bataille, 
accompagnait le roi dans sa retraite au château de Broyés 
d’abord, puis à Amiens avec quatre autres chevaliers, les 
sires de Montmorency, de Beaujeu, d’Aubigny et de 
Montfort. Ces seigneurs, qui n’avaient pas quitté Mile de 
Noyers, ne l’ayant pas revu après le combat, le comp- 
taient au nombre des morts. Plus heureux que bien 
d’autres, qui avaientsuccombé dans cette dolente bataille, 
comme les comtes d’Alençon, de Flandre, de Blois, d’Au- 
xerre, de Saint-Pol, de Sancerre, tous ses amis ou ses 
parents, Mile avait réussi à s’échapper. 

(1) Les vrayes chroniques de messire Jehan-le-Bel. Bruxelles, 
1863, t. II. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 

Pendant le xiv° siècle, Troyes parait avoir eu la spécialité 
des chirurgiens fameux, auxquels les seigneurs avaient re- 
cours pour faire soigner leurs blessures. Après Poitiers, les 
blessés se rendent tous & Troyes. 


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LES SIRES DE NOVERS. 


222 

Si la féodalité était vaincue par la mauvaise organisa- 
tion de ses troupes indisciplinées, les survivants de ce 
grand désastre pouvaient encore espérer que cet échec ne 
serait que passager, après les souvenirs de Cassel, qui 
avaient si bien inauguré l'avénement du roi Philippe et 
des Valois. Combien cet espoir est illusoire et que d’amer- 
tumes prépare l’avenir ! 

La carrière militaire de Mile de Noyers était terminée. 
A l’Age de soixante-quinze ans, il était temps de se reti- 
rer et de laisser à ses enfants le soin de venger ce lamen- 
table désastre. Il résilia ses fonctions de porte-oriflamme 
de France, et fit donner cette charge à un brave cheva- 
lier, son neveu, Geoffroy de Charni, qui avait épousé la 
dernière héritière des sires de Pierre-Perlhuis et qui avait 
donné dans plusieurs combats les preuves de sa valeur. 
Toutefois, on fit conserver à Mile sa charge purement 
honorifique de grand bouteiller, qu’il occupa jusqu’à sa 
mort, et dont après lui fut pourvu Jean de Chalon, comte 
d’Auxerre et de Tonnerre. 

Mile était complètement guéri de ses blessures, car 
nous le voyons encore figurer dans plusieurs occasions 
importantes. 

Le jour de la fête de la Pentecôte, 8 juin 1348, une foule 
de chevaliers conviés par le duc de Bourgogne, se pres- 
sait dans la petite ville de Montréal-en-Auxois et occupait 
cette vaste salle du château qui, au dire de Courtépée, 
avait cent pieds de long, pour y célébrer une grande céré- 
monie. Les principaux seigneurs de Bourgogne, et prin- 
cipalement des contrées voisines, n’avaient pas manqué 
de s’y rendre : l’évêque de Châlon ; Jacques d’Andelecourl, 
chancelier de Bourgogne ; Mile, seigneur de Noyers ; Mile, 
son fils, seigneur de Montcornet ; sçn petit-fils Jean de 


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Les SIRES DE NOYERS. 


223 


Chàteauvillain ; Jean de Thil, mari de sa petite-fille, 
Jeanne de Chàteauvillain; Eudes d’Étaules; Jean de 
Frolois, seigneur de Molinot; Guillaume de Mello, sei- 
gneur d’Époisses ; Geoflroi de Blaisv ; Hugues de Mont- 
rond ; Guillaume de Sombernon ; Jean de Saint-Amour, 
etc. Tous ces chevaliers venaient mettre leur sceau à un 
traité d’alliance passé entre Eudes, duc de Bourgogne, et 
Amé, comte de Savoie, âgéde quinze ans seulement . 

Ce traité porte que pour le maintien de l’union qui doit 
exister entre le comte de Savoie, le duc de Bourgogne et 
les sujets de ces princes, le duc devra donner à ses frais 
au comte trois cents hommes pendant trois mois, et 
l’aider contre tous ses ennemis, excepté contre le roi de 
France, la reine et le duc de Normandie, fils aîné du roi. 
Le comte de Savoie promet également assistance au duc, 
excepté contre l'empereur, le roi de France et quelques 
autres seigneurs. Ce traité d’alliance n’étaitd’ailleurs que 
la conséquence du contrat de mariage passé entre le 
jeune comte de Savoie et la princesse Jeanne, petite-fille 
du duc Eudes, et les conditions sont longuement rappor- 
tées dans cet acte (<). 

l'ne charte de Mile de Noyers, bouteiller de France, 
atteste qu’à la fin de cette même année \ 348, il affranchit, 
moyennant une somme de 2t0 livres, les habitants d'Or- 
villers d’une rente d’avoine qu’ils lui devaient chaque 
année (2). 

Le roi Philippe de Valois, voulant récompenser ce 
dévoué et fidèle chevalier, qui l’avait servi avec tant de 

1) D. Plancher, Hisl. de Bourgogne , t. II, Preuves. 

(2) Blbl. nat., Tréeor généalogique de D. Villerieille, d’après 
les Arch. du chapitre de Saint-Pierre de Troyes. 


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* 



224 


LES SIRES DE NOYERS. 


zèle ainsi que ses prédécesseurs, ordonna par un acte 
daté du 25 janvier 1349, à son receveur de Champagne, 
de servir à Mile de Noyers, bouteiller de France, une rente 
de deux mille livres, sans préjudice des autres dons qui 
lui avaient déjà été octroyés (1). 

Avec ces nouveaux secours, Mile X put finir tranquille- 
ment ses jours et embellir son château de Noyers, dont 
les guerres l’avaient tenu si longtemps éloigné. Il y fil 
encore de nouvelles dispositions ; il nomma comme cha- 
pelain le vénérable Pâris, prieur du prieuré de Vausse. 
Il fit faire l’inventaire des trésors et joyaux qui se trou- 
vaient dans la grande tour du château, afin qu’il ne put, 
après lui, y avoir contestation entre ses enfants. 

Cet inventaire, fort curieux, mentionne la quantité 
d’argent monayé, de vaisselle d’argent blanche, dorée et 
ciselée, et d’objets précieux qui se trouvaient dans un 
coffre, savoir : deux mille florins à l’écu, destinés à payer 
la compagnie des Bardes, à laquelle il les devait, pour 
emprunt devant acquitter partie de la rançon de son fils 
Gaucher que Dieu absoilve. Il défend formellement que 
cette somme soit employée à autre chose qu’à ce rembour- 
sement, « à cause du grand déshonneur, péril et dom- 
« maige de conscience qui en arriveroit, s’ils n’étoient 
« remboursés. » Cent huit florins se trouvaient dans une 
autre écuelle; la vaisselle, marquée aux armes de Noyers, 
d’Antigny et de Pontaillier, pesait en tout deux cent 
treize marcs deux onces et demie d’argent, « qui vaillent 
« à raison de 64 sols le marc, 682 livres 13 sols. » On 
signale en outre des aiguières, des salières, des vases et 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, Titres de 
Noyers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


225 

notamment un gobelet d’or couvert où ledit seigneur buvait, 
vaillant pesant deux marcs trois onces, à 43 livres le marc, 
ce qui fait 401 livres 46 sols. 

D’autres sommes indiquées sont destinées par le testa- 
ment de Mile, aux frais de ses obsèques, au paiement de 
ses gens et pour acquitter des legs pieux. 

Cet intéressant inventaire est dressé par Girard de 
Serin, maître d’hôtel de Mile de Noyers, et donne une 
merveilleuse idée du luxe de vaisselle et d’argenterie de 
toute espèce que possédaient ces seigneurs du xiv e siècle, 
dont les châteaux, organisés pour la guerre, offraient 
cependant si peu de confortable intérieur (1). 

La peste noire qui, dans le courant de l’année 1348, 
avait fait son apparition en France, et qui dura une partie 
de l’année suivante, enleva, au dire des chroniqueurs, le 
tiers de la population. Dans certaines contrées, la morta- 
lité avait pris des proportions plus effrayantes encore ; 
on mourait dans les palais comme dans les chaumières. 

La cour de France n’avait pas été épargnée. La peste 
avait emporté la reine Jeanne de Bourgogne; sa bru, la 
duchesse de Normandie' Eudes IV, duc de Bourgogne ; 
Jeanne de France, reine de Navarre, et nombre de per- 
sonnages et de puissants seigneurs. 

C’est à cette épidémie que paraît avoir succombé, en 
septembre 1349, Mile XI de Noyers, seigneur de Mont- 
mort et de Montcornet, fils du bouteiller de France. Son 
corps avait d’abord été déposé dans le prieuré de Mont- 
mort; mais son père, désirant réunir ses restes à ceux de 
ses ancêtres, inhumés dans l’abbaye de Marcilly, obtint 

(1) V. Pièces justificatives. Arch. de la Côte-d’Or, Chambre 
des Comptes, B. 1275. 

Sc. hist. 15 


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LES SIRES DE NOYERS. 


226 

de Simon de Vaux, prieur de Montmort, l’autorisation de 
le faire inhumer en tel endroit que l’on voudrait (1). 
Il ne paraît pas que ce projet ait été mis à exécution ; la 
mortalité ne permettait pas sans doute la translation des 
restes du défunt. 

Il était réservé à Mile X de survivre encore au roi qu’il 
avait si vaillamment défendu. Il mourut un mois jour 
pour jour après Philippe-de- Valois, Agé de près de quatre- 
vingts ans. Son corps fut enterré dans l’abbaye de Notre- 
Dame du Bon-Repos de Marcilly : on y voyait encore, au 
siècle dernier, cette simple inscription (2), sur sa tombe, 
qui n’a pas été respectée : 

tv giet monerigurur unir, strr ï>r noiera 
îtirt lo fcâïtrÿ, qui tmpa9$a Ir xxi° 
jour îtr septembre (an mil ni. c. l. 
ftift ejus requiesrat in pare 
amen. 

Mile X, qu'un titre contemporain (3) surnomma le 
Grand, n’eut point des funérailles dignes de la brillante et 
honorable carrière qu’il avait parcourue. Un abbé de 
Fontenay, Evrard, docteur en théologie, fit l’oraison funè- 
bre du maréchal, et donna dans son discours une histoire 
généalogique de sa maison, d’après d’anciennes chroni- 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, Chambres des Comptes, Titres de 
Noyers. 

(2) Bibl. d’ A vallon. Ms. Boileau. — Tombes et inscriptions 
à l’abbaye de Marcilly. 

(3) Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers, Layette 126. - 
Mémoire sur le fait de Noyers, vers 1420. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


227 

ques conservées au château, disait-il. Mais cette oraison, 
dont nous avons encore le texte, accuse plus de crédulité 
que de jugement historique (1). 

La longue existence de ce personnage, Mile de Noyers, 
qui reliait le règne de saint Louis à celui de Jean-le-Bon, 
qui, dans cet intervalle, avait vu sept fois le sceptre 
changer de main, qui avait vu le commencement de ces 
guerres désastreuses et de cette désagrégation féodale, 
se terminait assez tôt pour ne pas lui laisser la douleur 
d’assister à des malheurs plus grands encore et à l’ex- 
tinction de sa nombreuse et puissante famille. 

Deux de ses fils et Jean de Châteauvillain, son gendre, 
l’avaient précédé dans la tombe. Son petit-fils Mile XII, 
devait mourir sans postérité, ainsi que son frère et ses 
soeurs. Ses autres petits-enfants, les sires de Thil et de 
Châteauvillain, ne devaient pas survivre au massacre de 
Poitiers. Jean de Noyers, comte de Joigny, seul, continua 
une branche masculine, qui s’éteignit moins d’un siècle 
après lui à la suite de bien des malheurs. 

(1) Bibl. nat., Mss. français, n° 9873, f° 32 à 3b. 


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CHAPITRE XV 


MILE XII DE NOYERS. — SAISIE DE NOYERS PAR LE COMTE DE 
JOIGNY, APRÈS LA MORT DU MARÉCHAL DE NOYERS. — LE 
ROI PREND EN MAIN LES INTÉRÊTS DE MILE XII ET FAIT 
ADMINISTRER SES DOMAINES. — LE SIRE DE NOYERS PART 
EN NORMANDIE, PUIS DANS LE POITOU. — PRISE DES COMTES 
DE JOIGNY ET d’AUXERRE, PRÈS DE POITIERS. — BATAILLE 
DE POITIERS. — PRISE DU SIRE DE NOYERS. — RANÇON 
qu’il EST OBLIGÉ d’envoyer A BORDEAUX. — IMPOSITION 
EXTRAORDINAIRE SUR TOUS LES VASSAUX DE SES TERRES. 
— DIFFICULTÉS POUR TROUVER LA RANÇON. 


( 1330 - 1359 .) 


Le maréchal de Noyers était à peine mort que déjà ses 
enfants s’emparaient du château de Noyers, malgré les 
clauses du testament qu’ils avaient ratifié et auquel ils 
avaient apposé leurs sceaux. Car bien que Mile XI le 
Bossu, seigneur de Montcornet et héritier de la terre de 
Noyers, fût décédé en 1349, c’est-à-dire un an avant la 
mort de son père, les domaines qui lui avaient été assi- 
gnés devaient sans contestation retourner à ses enfants. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


229 


Jean de Noyers, comte de Joigny, prit de vive force le 
château de Noyers et le fit occuper par ses amis jusqua 
Pâques de l’année 1351 (1). Le lendemain de Pâques, le 
comte se fit remplacer par Eudbs de Grancey, son beau- 
frère, époux de Mahaut .de Noyers, et par Eudes de 
Grancey, leur fils, tous intéressés à prendre part dans 
cette opulente succession, comme héritiers du maréchal. 

Marguerite de Thianges, dame de Montcornet, que 
Mile le Bossu avait laissée veuve avec quatre enfants, 
n’était pas en mesure de résister aux efforts combinés de 
ses beaux-frères ; elle implora la protection du roi Jean 
et les fit assigner par devant le Parlement de Paris, pour 
les obliger à restituer les domaines injustement confis- 
qués. Les envahisseurs furent condamnés à rendre 
Noyers aux enfants de Mile XI, sur les dépositions faites 
par l’évêque de Laon et Geoffroy de Charny, conseillers 
de la dame, que le roi Jean avait nommés pour l’assis- 
ter (2). 

Rentré en possession de ses domaines, le jeune Mile XII 
en fit, le 2 juin 1352, le partage avec sa mère, son frère 
et ses sœurs. Marguerite de Thianges eut pour son 
douaire les revenus de Dampierre, Montcornet et Mont- 
mort. Erard, le plus jeune des fils, eut moitié de la terre 
de Villebertin. Aux deux filles, Jeanne et Cécile, on donna 
la terre de Thiérarche. Mile XII garda pour lui tous les 
domaines relevant de Noyers et moitié de Villebertin. Les 
biens meubles du château furent attribués pour les deux 
tiers aux fils et pour le tiers aux filles; à condition que les 

(1) Arch. de la Côte-d’Or, P. Duchêne, Hist. de la Maison de 
Châteauvillain, pp. 43-44. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Duchesne, Hist. de la Maison de 
Châteauvillain , pp. 43-44. 


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i" 



LÉS SIRES DE NOYERS. 


230 

renies due ; i ux dames de Grancey et de Châteauvillain, 
leurs tantes, à cause de leurs dots, seraient payées pro- 
portionnellement par chacun d’eux (1). 

En souvenir des importants services que le maréchal de 
Noyers avait rendus à la couronne, le roi Jean prit lui- 
même en main les intérêts de ses petits-fils, et fit admi- 
nistrer leurs biens pendant leur minorité, et jusqu’à ce 
que Mile XII fût en âge de servir de tuteur à ses autres 
frère et sœurs (2). 

Mile désintéressa d’abord en partie Jean de Château- 
villain, mari de Marguerite de Noyers, en lui payant, dans 
son château d’Arc en Barrois, une somme de cinq cents 
livres, à valoir sur la dot de sa femme qui n’était pas 
encore payée (3). Ce seigneur, en attendant l’époque à la- 
quelle il pourrait conduire ses nombreux vassaux à la 
guerre (il n’était encore qu’écuyer), se livrait au plaisir de 
la chasse, et ne souffrait pas aisément les incursions de 
ses voisins sur ses terres. Jean de Chalon, sire d’Arlay et 
de l’Isle-sous-Montréal, ayant couru avec ses gens un 
cerf dans les bois de Fretoy et de Vaucharme, il le contrai- 
gnit à signer, en 1334, une reconnaissance par laquelle 
Jean de Chalon déclarait n’avoir aucun droit de hayer ni 
chasser ès bois du seigneur de Noyers (4). 

Mile XII, après avoir reçu en foi et hommage tous les 
tenanciers qui relevaient du donjon de Noyers, comrtie 
c’était l’usage à l’avénement de chaque nouveau baron, 

(1) Àrch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers. 

(2) Arch. de la Côte-d’Or, Comptes des recettes et mises de 
la terre de Noyers, gouvernée par la- main du Roi, B. 5521. 

(3) Arch. delà Côte-d’Or, Titres de Noyers. 

(1) Arch. de Bourgogne., Recueil Peincedé, 1. 1, p. 148, pièce 
datée du 24 mars. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


231 


dut lui-même donner dénombrement et reprendre co fief 
du roi de France, ayant alofs la tutelle du duc de Bour- 
gogne, Philippe de Rouvre, encore mineur. La charge de 
bouteiller de Bourgogne, héréditaire dans la maison de 
Noyers, lui échut de droit et ne sortit de la famille qu’après 
la mort de ce dernier chef de la branche aînée. Les Mile 
occupèrent pendant cent quarante ans la bouteillerie de 
Bourgogne. 

Mais la bouteillerie de France, qui n’était pas hérédi- 
taire, passa, à la mort du maréchal, à Jean de Chalon, 
comte d’Auxerre et de Tonnerre. 

Guillaume Gelez, attaché à la personne de Mile XII, en 
qualité d’écuyer, lui rendait de grands services, et lui 
servait de conseiller dans toutes les affaires difficiles. C’est 
lui qui était envoyé près du roi quand on avait une grâce 
à obtenir et qui conduisait son jeune seigneur lorsqu’il 
allait à la guerre. Pour reconnaître ces bons offices, Mile 
lui avait, èn 1353, fait don d’une rente de vingt livres sur 
la châtellenie de Nôyers (1). 

Én 1355, lorsque la guerre fut sur le point de recom- 
mencer entre la France et l’Angleterre , au sujet de 
Charles-le-Mauvais, les grands feudataires furent mandés 
et Mile XII partit dans le courant de juin (2). Guillaume 
Gelez et Pierre de Bierry, ses écuyers, raccompagnaient ; 
le premier reçut 40 livres et le second 75 ; la charrette du 

(1) Rachelable moyennant 200 livres. Arch. de Dijon, Recueil 
de Peincedé. 

(2) < Baillé à Monseigneur le mardi après saint Barnabé, 

« apôtre, pour les dépens de lui et de sa suite pour aler aus 
« guerres du Roy nostre sire, la dite semaine, 160 livres. » — 
Compte de Jean de Lichères (1365-1356). Arch. de la Côte- 
d’Or. 


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232 


LES SIRES DE NOYERS. 


château suivit pour conduire les bagages. Mais l’expédi- 
tion n’ayant pas eu de suites, chacun dut rentrer dans ses 
domaines. 

Mile en profita pour aller, avec son jeune frère Erard, 
en Thiérache (1) où se trouvaient alors Jeanne et Cécile, 
leurs sœurs, auxquelles ce domaine avait été donné en 
partage. 

Edouard III, ayant fait une nouvelle invasion en Artois, 
le roi Philippe mande ses vassaux une seconde fois. Mile 
partit encore avec sa suite (2), mais comme il n’avait pas 
dans les coffres de son receveur la somme de trois cents 
livres tournois, qui lui était nécessaire pour ce voyage, 
il emprunta à divers particuliers : quinze écus d’or à 
Nicolas Potot, bourgeois de Noyers, dix écus à Nicolas 
Pourrée, son gruyer, dix florins de Florence à Jean de 
Viviers, son bailli. 

Ces voyages étaient fort coûteux, et cette nombreuse 
suite que menait le seigneur banneret était défrayée à ses 
frais. Mile arriva à Paris avec tous ses gens et y demeura 
quelques jours seulement pendant la fin de décembre et 
les premiers jours de janvier 1356, « en l’ostel de Pierre 
Dagone, auquel Monseigneur paya 36 escuz. » 

La saison était mauvaise et ne permettait pas d’entrer 
en campagne ; d'ailleurs le roi Edouard étant reparti en 

(1) * Baillé à Monseigneur pour ses dépens d’aler en Tiera- 
« che xx escuz d’or la pièce pour 40 sous 40 livres. » Loco 
cilato. 

(2) « Baillé à Monseigneur le mardi vaille saint Martin 
« d’hiver, l’an LV, pour aler aus guerres du Roy nostre sire 
« pour les dépens de lui et de sa suite 300 livres tournois en 
« diverses monnaies. » — Arch. de Dijon, loco citato. «Baillé à 
« Hérart, frère Monseigneur, 60 sous. » 


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LES SIRES DE NOYERS. 


233 


Angleterre, les vassaux furent de nouveaü contremandés 
et s’en retournèrent chez eux. Mile ne séjourna que quatre 
ou cinq jours à Noyers et retourna en Thiérache avec son 
frère (1). 

Cette année, les bourgeois de la ville lui donnèrent, à 
la fête de la Chandeleur (2 février), une somme de 
soixante-dix livres pour contribuer aux frais de guerre 
qu’il avait eus à supporter; en retour ce seigneur leur 
octroya pendant cinq ans la jouissance du pâtis de 
Noyers (2). 

Le 6 mai <336, le lundi avant la Pentecôte, Mile XII 
reçut dans son château les messagers du roi Jean et de 
Guillaume de Poitiers, évêque de Langres, qui lui ordon- 
naient de se rendre à l’armée avec ses vassaux (3). 

Les préparatifs furent faits aussitôt, les charrettes mises 
en état, des chevaux achetés à des marchands d’Auxerre 
et à Bernard, de Jouancy. Mile contracta de nouveaux 
emprunts, assista à la cérémonie qui fut célébrée quand 
son frère Erard fut armé chëvalier, lit avec lui le partage 
des domaines qui devaient lui revenir, et le mit en pos- 
session de la terre de Villebertin (4). 

Le sire de Noyers partit enfin avec tous ses vassaux 
vers l’époque de la Saint-Jean, guerroya d’abord en 
Normandie pendant les mois de juillet et août, puis revint 

(t) A Monseigneur pour ses dépens faiz en alant en Thiera- 
« che le dimanche après l'apparicion N. S. l’an LV, 40 livres. 

* Baillé à Erard, frère Monseigneur, et vouloit aler en Tie- 
« rache avec Monseigneur, 21 sous £. — Compte de Jean de 
Lichères (1355-1386). — Arch. de la Côte-d’Or. 

(2) Loco citato. 

(3) Arch. de Dijon, Compte de Jean de Lichères (1356). 

(4) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedi . 


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234 


LES SIRES DE NOYERS. 


sur la Loire avec l’armée royale. Son oncle, Jean de 
Noyers, comte de Joigny, gouverneur de Bourgogne, 
avait reçu ordre de réunir de son côté toute lai noblesse 
de celte province pour s’opposer aux ravages que le 
prince de Galles commettait dans le Poitou (1). 

Jean de Noyers partit de 'Montbard avec ses troupes, 
laissant dans le château de cette ville le jeune duc Phi- 
lippe de Rouvre sous la conduite d’Etienne de Musigny, 
son lieutenant, et de plusieurs officiers dû duché (2). 

L’armée royale, qui comptait plus de cinquante mille 
hommes, et la fleur de la chevalerie, était complètement 
réunie le jeudi 13 septembre, à Chauvigny, sur les bords 
de la Vienne. Le roi Jean, ignorant la position des troupes 
anglaises, ne prit pas garde s’il avait l’ennemi devant ou 
derrière lui et n’eut pas la patience d’attendre que toute 
l’armée eut passé la Vienne. Dès que la première moitié 
fût arrivée sur la rive opposée, il se mit en marche pour 
Poitiers, laissant le commandement des vingt mille 
hommes qui restaient au comte d’Auxerre, à Jean de 
Noyers, comte de Joigny et à Jean de Châtillon, grand 
maître de sa maison. Ces chevaliers avaient ordre de ne 
quitter la situation que le samedi 17 et de le rejoindre 
devant Poitiers le même jour (3). 

Le samedi malin, en effet, cette arrière-garde fit son 
déplacement, passa la Vienne et suivit la route de Poitiers. 
Mais le prince de Galles, qui avait logé assez près de là 
la nuit précédente, et qui soupçonnait le voisinage des 

(1) Arch. delà Côte-d'Or , Recueil de Peincedé. 

(2) Hist. manuscrite de Bourgogne , de Prosper Baüÿn, 2 vol . 
in-f\ 1. 1, pp. 190-191-192. Cabinet de l’auteur. 

(3) Réné de Bellevâl, La grande Querre. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


233 


Français, avait envoyé environ soixante armeures de fer, 
pour avoir des nouvelles certaines de la situation occupée 
par le roi Jean. Au sortir d’un bois, cette escouade se 
trouva inopinément en présence de nos chevaliers, qui 
n’eurent que le temps de mettre leurs bassinets, de dé- 
ployer leurs bannières et de prendre les lances des mains 
de leurs écuyers. 

Les sires d’Auxerre, de Joigny et de Châtillon n’avaient 
alors que deux cents chevaux; ils s’élancèrent à la pour- 
suite des Anglais, qui les entraînèrent dans le bois où le 
prince de Galles était campé. En présence de l’armée, les 
barons ne voulurent pas échapper par la fuite au sort qui 
les attendait. Ils poursuivirent avec un courage insensé 
cette lutte inégale et se firent tuer ou prendre plutôt que 
de reculer (I). 

Jean de Chalon, Gui de Rochefort, son écuyer, Jean de 
Noyers, comte de Joigny, le gouverneur d’Aux'erre, et bon 
nombre de gentilshommes qui marchaient sous la ban- 
nière du gouverneur de Bourgogne, furent, dans cette 
première rencontre, faits prisonniers du prince de 
Galles (2). Le gouverneur d’Auxerre et le comte de Joigny 
étaient grièvement blessés ; ils furent relâchés sur parole 
et fournirent caution. Ils partirent tous deux à Troyes 
pour faire panser leurs blessures (3). 

C’est le surlendemain de cette escarmouche qu’eut lieu 
cette désastreuse journée de Poitiers, l’un des plus 
funestes souvenirs de notre histoire. Une partie de cette 

(J) Froissant, Chroniques. 

(2) Froissant, Rymer, éd. de La Haye, t. III, partie I, p. 88, 
173 ,passim. 

(3) Hist.de Bourgogne, de Prosper Baüyn, 1. 1, p. 192. — Ca- 
binet de l'auteur. — Arch. dé Dijon, Recueil dé Peincedf. 


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236 


LES SIRES DE NOYERS. 


chevalerie, brave, mais pleine de jactance, y succomba, 
fidèle au serment de ne jamais reculer devant l’ennemi 
de plus de quatre arpents de terrain, et de mourir plutôt 
que de lâcher pied. 

Le vaillant seigneur de Pierre-Perthuis, Geoffroy de 
Charny, qui avait succédé au maréchal de Noyers, son 
oncle, en qualité de porte-oriflamme de France, se fil 
tuer sans abandonner de ses mains défaillantes l’étendard 
royal (1). Jean de Châteauvillain, petit-fils du maréchal, 
y périt également. 

Parmi les chevaliers, pour la plupart blessés, qui fu- 
rent pris avec le roi, il faut citer Arnaud de Cervoles, dit 
l’Archiprétre (2), Jean de Melun, comte de Tancarville, le 
sire de Villarnoul, Ogier d’Anglure, Mile XII de Noyers. 

Le nombre des prisonniers était si considérable que les 
Anglais les relâchèrent presque tous sur parole, moyen- 
nant une rançon que les captifs s’engagèrent à payer dans 
un bref délai. Mile s'engagea à payer à Bordeaux une 
somme assez considérable, qu’il ne put trouver qu’avec 
le concours de ses vassaux et des emprunts qu’il contracta 
de toutès parts. La riche ceinture et la belle robe écar- 
late qu’il portait, ayant excité la convoitise de ses vain- 
queurs, il fut obligé de racheter ces objets moyennant 
250 livres et une pièce d’écarlate semblable (3). Comme 

(1) V. ffist. d’Avallon , par Ernest Petit, article Geoffroy de 
Charny. 

(2) Arnaud de Cervoles épousa plus tard Marie de Chàteau- 
villain, petite-fille du maréchal de Noyers. 

(3) « A Guillaume Gelet, escuyer de Monseigneur, le ven- 
« dredi jour de Saint-Simon et Jude (28 octobre) l’an LVI, pour 
« porter à Paris, pour payer à l’osle Monseigneur certaine 
« somme d’escuz que Monseigneur devoit pour presl que illi 


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LES SIRES DE NOYERS. 


237 • 


il n’avait pas sur lui la somme nécessaire pour faire face 
à cette dépense immédiate, Guillaume Gelez, son écuyer, 
courut en toute hâte à Paris pour l’emprunter de l’hôte- 
lier de Mile, puis revint à Noyers chercher des fonds. 

Les chevaux, les charrettes et les bagages restèrent en 
possession des Anglais (1). 

Nous n’avons pas trouvé la somme exacte à laquelle 
Mile fut taxé pour sa rançon, mais l'indication des 
divers versements qui furent faits monte à plus de 
mille livres. Tous les pays relevant de Noyers contri- 
buèrent à l’acquittement de cette dette (2). Mile affran- 

« avoit fait, que pour remblé la corroyé de douze marz et 
« acheter escarlate pour bailler aux Anglois 200 escuz du Roi 
» nostre sire, valant 25 sous tournois, 250 livres. » — Arch. de 
Dijon, Chambre des Comptes, Comptes de J. deLichères, 1356. 

(1) « A Jehan Reboul pour son charriot que il a baillé à 
« Monseigneur pour aler aus guerres don roy et fut perduz 
« en l’ost de Poitiers, 16 livres. » — Comptes de Noyers, 1356, 
Arch. de Dijon. 

(2) « Reçu du don que li borgeois de Noyers hont faict à 
« Monseigneur pour paier sa rançon devers les Anglois à Bor- 
« deaulx, environ la Saint-Martin d’hyver l’an LYI, l livres 
« vi sous en escuz et en menuz parties, ci. l liv. vi sous. 

• Reçu du don de ceux de Noyers-la-Ville. x liv. v sous. 


« Du don de ceux de Cours 8 liv. 12 sols. 

« Du don de ceux de la Rivière, savoir de 
a Monlay 20 liv. 

• De ceux d’Arton et Richebourg .... 10 liv. 13 sols, 

c De ceux d’Annay 12 liv. 

• De ceux de Perrigny ........ 6 liv. 17 s. 

« De Serrigny, requis à eus et demandé 

» par le bailli 9 liv. 10 s. 


c Du don de ceux de Corgy pour 2 queues de 
« vin qu’ils donnèrent à Monseigneur, vendu 40 liv. 10 s. 


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238 LES SIRES PE NOYERS- 

chit aussi plusieurs particuliers moyennant finance (1). 

Toutefois, cette imposition extraordinaire, que le rece- 
veur relate naïvement dans ses comptes, à titre de don, 
n’était pas tout à fait du goût des habitants. Ceux de 
Serrigny avaient d’abord fait la sourde oreille, il avait 
fallu l’intervention du bailli pour en obtenir neuf livres 
dix sols. Les gens de Courgis n’avaient pu donner que du 
vin, dont la vente avait produit quarante sols dix deniers. 

Le peuple accueillait du reste fort mal tous ces sei- 
gneurs et ces chevaliers dont la défaite lui coûtait si 
cher. « Les voilà, disoient-ils, ces beaux fils, qui mieux 
aiment porter perles et pierreries sur leurs chaperons, 
riches orfèvreries à leurs ceintures et plumes d’autruche 
au chapeau, que glaives et lances au poing (2). » 

La noblesse, en donnant prise au ridicule et en per- 
dant son prestige, facilitait l’ébranlement de la société 
féodale. Deux enfants du peuple, Marcel et Lecoq, al- 
laient s’emparer momentanément du gouvernement de 
la France. 

Le résultat de la bataille de Poitiers avait été rapide- 


« Du don de ceux de Fley 18 liv. 

« Du don de ceux de Fraigne 109 bous 5 d. 

« Du don des habitants de Sacy 13 liv. 10 s. 

« Du don de ceux de Jouvancy 6 liv. 15 s. 

« Du don de ceux de Grimaux 9 liv. 

« Du don de ceux de Tanlay, qui octroyé- 
c rent 4 escuz et demi, dont ils ne payèrent 

« que 4 escuz 6 liv. 

« Du don de ceux de Praix en Bourgogne . 4 liv. 10 s. » 


(1 ) « Reçu de Perrinet, fils feu Gilet le Gaspar, lequel mes sire 
« ha franchi, 12 liv. » — Ârch. de Dijon, Comptes de Noyers, 
1356. 

(2) Chronique de Saint-Denis. 


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LES Çïtjps PE NQÏEBS. 339 

ment publié, et la terreur était partout : on craignait de 
voir l’Anglais ravager les provinces. Des messagers à che- 
val, accourus en toute hâte à Noyers, avaient rapporté la 
funeste nouvelle. Par ordre du bailli on flt garder le châ- 
teau et on mit des gardes aux portes de la ville (1). On fit 
refaire les murs de la forteresse du bourg de la ville (2). 
Un courrier fnt envoyé à Châlon prévenir Marguerite 
de Thianges, mère de Mile XII; d’autres furent expédiés 
en Thiérache, à sa tante, Madame de Dampierre, à ses 
sœurs et à son frère (3). 

A Chablis la terreur n’était pas moindre, et l’on croyait 
voir déjà l’ennemi pénétrer dans la ville. Les habitants 
gardaient leurs portes et leurs murailles, et voulaient 
même dans leur zèle forcer ceux de Chemilly et de 
Courgis à contribuer à la défense du pays. 

Les gouverneurs du jeune duc de Bourgogne, Philippe 
de Rouvre, furent aussi épouvantés d’apprendre la dé- 
faite de Poitiers, la captivité du roi et le retour du comte 
de Joigny à Auxerre. Ils ne crurent pas le duc en sûreté 


(1) « A Hugnot Robelin, maçon, lequel marchanda de refaire 
« les murs de la forteresse dou bourc de Noyers, ce que estoit 
« nécessaire à faire, dont messire doit la moitié et li borgois 
« de la ville l’autre ; et marchanda à xxvi liv. et a descrut et 
« ne descrut plus nule sur luy, la part de Monseigneur estoit 
« de xm liv. » — Arch. de Dijon, Comptes do Noyers. 

(2) « A Chrestien Guiot de Mailli et à Redé pour vi jours 
* d’eux qui gardèrent les portes de Noyers de jour, la sep- 
« maine de saint Michel (29 septembre) dou commandement 
« dou Bailli, por 2 sous. » — Comptes de Noyers, Loco citato. 

(3) < Pour porter lettres à madame de Dampierre, à mes 
« damoiselles et à M. Erard, le mercredi avant la saint Michel 
a de par le bailli, deô nouvelles de l'ost. » Arch. de Dijon, 
Comptes de Noyers (1356). 


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LES SIRES DE NOYERS. 


240 

à Montbard et le conduisirent à Auxonne, puis ils ex- 
pédièrent un courrier à Auxerre pour avertir Jean de 
Noyers) gouverneur de la province, lui ordonner de 
réunir la noblesse du pays, de tenir conseil et d’aviser 
aux mesures à prendre pour la défense des bonnes 
villes. Le courrier ne put rejoindre le comte de Joigny, 
qui était parti à Troyes avec le gouverneur d’Auxerre, 
pour se faire soigner de ses blessures (1). 

Mile revint promptement à Noyers et s'occupa d’abord 
de trouver sa rançon. Outre les sommes qui furent 
données par les habitants des villages qui relevaient de 
son domaine, il emprunta 72 livres à Nicolas Pourrée (2); 
30 livres à Jehan Regnier, d’Auxerre (3); 15 livres à 
Jean de Viviers, bailli de Noyers; 22 livres 10 sols à 
Pontot; 28 livres à Guillaume Gelet (4): 125 livres à 
Nicolas Pourre (5), etc... On changea ces monnaies de 
provenances et de taux divers à Jean Regnier, orfèvre 
et changeur à Auxerre. Mais comme on n’avait pas 
encore pu réunir la somme suffisante, Mile eut recours à 
plusieurs personnes de sa famille, et partit en Tliiéra- 
che, à Vendeuvre, etc. 

(1) Hist. manuscrite, de Prosper Baüyn, t. I, p. 192. 

(2) c A Nicolas Pourrée pour prêt de 60 escuz de Philippe 
« pour payer sa rançon aus Anglois, 73 liv. » — Comptes de 
J. de Lichères. 

(3) « A Jehan Regnier, d’Auceurre, pour prêt pour payer sa 
« rançon devers les Anglois, 30 liv. » — Comptes de J. de Li- 
chères (1356). 

(4) Arch. de Dijon, Comptes de J. de Lichères (1357-1358). 

(5) b A Nicolas Pourrée pour la rançon de Monseigneur, 

* 100 escuz de Philippe valant 120 escuz de Jehan, soit 125 

* liv. » — Comptes de J. de Lichères (1357-1358), Loco citato , 


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LGS SIRES DE NOYERS. 


241 


Les événements étaient trop graves et les circonstan- 
ces trop pressantes pour ne pas aviser activement à la 
défense du pays. Jean de Noyers, comte de Joigny, avait 
à peine eu le temps de panser ses blessures et de s’oc- 
cuper de sa rançon, qu’il reçut l’ordre de réunir à Mont- 
bard une partie de la noblesse de la province et d’y tenir ' 
conseil. Une revue d’armes devait avoir lieu le jour de 
la Saint-Martin d’hiver (I l novembre); Mile y assista 
ainsi que plusieurs des seigneurs ses voisins ou ses 
vassaux qu'il avait été chargé de prévenir : Philippe de 
Tanlay, Gille de Marmeaux, Gaucher d'Yrouer, le sire 
d’Argenteuil (1). 

Après avoir réuni les sommes nécessaires à sa rançon, 
Mile partit pour Paris et de là à Bordeaux, dans le 
courant de décembre 1356, limite qui lui avait sans 
doute été assignée par les Anglais. 

Le roi Jean accorda une pension à Jean de Noyers, 
comte de Joigny, gouverneur de Bourgogne, pour l’in- 
demniser de ses pertes (2), et donna protection à Jeanne 
de Vergy, veuve de Geoflroi de Charny, mort si vail- 
lamment à Poitiers en défendant l’oriflamme, mais que 
son fils du même nom devait un jour venger. 

Maîtres du pays après la bataille de Poitiers, les 

(1) « A Guillaume Barraban pour deux paires de lettres qu’il 
« pour ta à Ravières de par Monseigneur, le lundi après la Tous- 
» sains, à M. Philippe de Tanlay et les autres à M. Gilles 
a de Marmeaux', comment ils feussent à la jornée que Monsei- 
« gneur avoit à Montbard contre M. de Joigny, le jour de saint 
< Martin d’hyver à cause du fait des armes. — Autres lettres 
« à M. d’Argenteuil, à M. Gaucher d'Yrouer pour le même 
« sujet. » — Comptes de J. de Lichères. 
i2) Arch. de la Côte-d’Or, B. 1402. 

Sc. hiti. 10 


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I.RS SIRES DE NOYERS. 


Ui 

Anglais envahirent l’Auxerrois en 1358, et ravagèrent 
les domaines qui relevaient de Noyers sans s’emparer 
du château. Ils pillèrent l’abbaye de Reigny et s’empa- 
rèrent de l’abbé qui s’était retiré dans la forteresse de 
Yermanton ; il n’obtint sa délivrance qu’au prix d’une 
énorme rançon. Dix-huit fermes appartenant au monas- 
tère furent réduites en cendres, et lorsque plus tard 
l’abbé voulut, en 1377, réparer les dégâts causés par 
l’ennemi il fut contraint d’imposer ses vassaux à cent 
francs d’or pour couvrir ses dépenses. 

Chablis et les environs furent également ravagés, 
(liles de Maligny défendit vigoureusement son château, 
et Gaucher de Seignelay interdisait à ses vassaux tout 
rapport avec les Anglais. Les habitants de Noyers répa- 
raient leurs murailles, mettaient leurs fossés en état de 
défense et faisaient bonne garde. Dix personnes veil- 
laient la nuit à chacune des trois portes qui donnaient 
accès dans la ville, pendant que Mile protégeait la for- 
teresse elle-même avec ses gens d’armes 1. 

(1; Charte du 18 octobre 1358.— Bibl. nat., Mss. Fonds fran- 
çais, n° 9873, A fol. 10 r° et v“. 


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CHAPITRE XVI 


MILES XII, PRISONNIER A BRION-SUR-OÜRCE. — SA RANÇON DE 
SEPT MILLE MAILLES D'OR. — TROISIÈME INVASION DES 
ANGLAIS EN BOURGOGNE. — L’ARMÉE DU ROI D’ANGLETERRE 
PASSE A NOYERS SANS S*Y ARRÊTER. — LE DUC DE BOUR- 
GOGNE MET UNE GARNISON A NOYERS AUX FRAIS DE LA 
PROVINCE. — MAUVAISE FOI DES CHEVALIERS ANGLAIS. — 
MILE XII ÉPOUSE ISABELLE DE MELLO, DAME DE PÂCY. — 
LES GRANDES COMPAGNIES.— LES AMBASSADEURS ENVOYÉS 
AU PAPE PAR LE ROI SONT REÇUS A NOYERS. — US ET 
COUTUMES ET MANIÈRE DE VIVRE AU CHATEAU. — DÉPENSE. 
JEUX. — OFFICIERS. — TESTAMENT DE MILE XII. — SA 
MORT, SON ÉPITAPHE ET SON INHUMATION DANS LA CHA- 
PELLE SEIGNEURIALE. 


(I35B-I870.) 


Dans Pété de 1359, nos pays furent envahis par de 
nouveaux corps d’armée, conduits par des officiers an- 
glais, qui occupèrent une partie du Chatillonnais. Le 
maréchal de Bourgogne, après avoir rallié toute la no- 
blesse de la province, marcha contre eux par ordre de 
la Reine régente. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


244 

Une rencontre eut lieu à Brion-sur-Ource , mais les 
Bourguignons, fort inférieurs en nombre, furent battus, 
et laissèrent au pouvoir de l’ennemi nombre de pri- 
sonniers. Mile XII de Noyers eut encore la mauvaise 
fortune de se trouver parmi ces derniers. Il se rendit 
fi un nommé Robert Saulle, écuyer du roi d'Angleterre, 
et traita avec lui de sa délivrance moyennant une somme 
de sept mille mailles d'or de Florence , qui devaient être 
payés en quatre termes, savoir : deux mille après Noël 
1301, deux mille après Noël 1362, deux mille après 
Noël 1364 et mille à la Saint-Jean 1365. Les paiements 
devaient être effectués ii Londres en l’église de Saint- 
Thomas. Mile s’engageait à ne porter les armes, en tous 
lieux et contre tous , qu’après l'acquittement du premier 
terme, mais on ne pouvait lui retenir d’intérêts dans 
le cas où la tempête ou tout autre empêchement l’eùt 
mis dans l’impossibilité de faire son voyage. En cas de 
non paiement de l’un des termes, Mile devait, avec son 
frère Erard, se constituer prisonnier à Calais, si la ville 
était encore au pouvoir des Anglais, ou bien en la cité 
de Londres. A leur défaut, ils pouvaient envoyer deux 
chevaliers ayant chacun deux mille livres de rente et 
six chevaux. 

Cet accord fut signé à Calais, le 27 octobre 1360, sous 
la caution de Jean de Noyers, comte de Joigny, et de 
Eudes de Longpré, qui s’y étaient rendus a l’invitation 
de Mile, et qui s’engagèrent au paiement du premier 
terme, après lequel Mile devait donner obligation du 
reste (U. 

(U Arch. de la Côte-d'Or. — ffist . de Bourgogne , de D. Plan- 
cher. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


245 


f.e Robert Saule, dont Mile était prisonnier, était un 
homme fort rude et fort brutal, qui le maltraitait et 
jurait de le faire mourir s’il ne payait sa rançon. La 
situation du captif était si pénible, que tous ses parents 
étaient intervenus pour le secourir. Eudes de (Jrancey, 
seigneur de Villiers et de Pierrepont, son beau-frère, 
lit même arrêter en cette circonstance un procès qu’il 
soutenait contre lui, et promit de ne point l’attaquer 
tant que durerait sa captivité il). 

line troisième invasion, dirigée par le roi d’Angle- 
terre lui-même, en janvier 1360, s’opérait du côté de 
Saint-Florentin, où repoussée par le brave Odard de 
Renty, elle menaça bientôt Tonnerre. Les Anglais oc- 
cupèrent seulement la ville basse - , mais, exaspérés de 
ne pouvoir s’emparer du chôteau, que sa situation 
rendait imprenable, ils s’en consolèrent eu vidant plus 
de trois mille pièces de vin qu’ils trouvèrent. Après 
trois jours de résistance dans le palais de la reine Mar- 
guerite, Edouard III gagna Noyers et passa, luy et tout 
son ost au-dessus de Noyers, dit Froissard, et ne voulut 
oncques qu’on y assaillist ( car il tenoit le seigneur pri- 
sonnier dès la bataille de Poitiers). 

Le chroniqueur fait ici erreur, car nous avons expliqué 
comment Mile, après avoir acquitté sa rançon, lors de 
la bataille de Poitiers, avait eu la maladresse de se 
faire prendre de nouveau à Brion-sur-Ource. 

En tous cas, l’armée anglaise ne fit que passer sur 
les hauteurs de Noyers, et cette fois du moins la ville 
n’eut pas trop à se plaindre de ces hôtes incommodes. 
Le roi Edouard remonta ensuite le cours du Serain, vint 

;i) 18 février 1360. — Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 


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LES SIRES SE NOYERS. 


246 

camper à Montréal , puis à Guillon , pour se rapprocher 
des troupes de Jean d’Arleston, qui venaient de s’em- 
parer de Flavigny. C’est à Guillon qu’il séjourna jusqu'à 
la signature de ce traité des 200,000 moutons d’or, si 
funeste à la Bourgogne. Les habitants de Noyers, comme 
ceux de plusieurs villes de Bourgogne, donnèrent au roi 
d’Angleterre leurs lettres d’obligation pour l’acquittement 
de celte lourde somme (1). 

Dans les circonstances difficiles où se trouvait Mile de 
Noyers, plusieurs de ses parents et alliés se rendirent 
auprès du duc de Bourgogne qui était alors à Beaune 
au milieu de son conseil, pour en obtenir secours. Les 
sires de Voudenay, de Monlaigu et d’Epoisses, qui étaient 
présents, obtinrent qu’une garnison serait mise à Noyers, 
et qu’on entretiendrait au château six gentilshommes 
et un nombre suffisant de gens d’armes, le tout aux 
frais de la province pour ce que nous savons , dit la 
charte, que vous avez esté fortement grevez en ces pré- 
sentes guerres , tant par vostre prinse que par le gast de 
rostre terre, et les gratis missions que vous avez faictes 
et mises en la garde de vostre chastel de Noiers (2'. 

Le duc adressa plus tard, 9 décembre \ 360, de Rouvres, 
un mandement aux receveurs généraux, pour un demi 
florin imposé par feu au pays de Bourgogne, tant pour 
payer les gens de guerre que pour payer au sire de 
Noyers une partie de sa rançon (3). 

Pendant ces entrefaites, Marguerite de Thianges, la 
mère de Mile XII, était morte, et le roi Jean accorda 

1) 1 avril 1360. — Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

2) Arch. de Dijon, Titres de Noyers, lay. 126. 

3) loco citât o, mêmes sources. 


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LES SIRES UE NOYERS. 


i 47 

au sire de Noyers, toujours prisonnier à Calais, des 
lettres de souffrance pour la reprise du fief des terres 
qui lui revenaient de cette succession (I). 

Jeanne de Noyers avait aussi, peu auparavant, con- 
tracté mariage avec Jean d’Augimonl, fils de Jacques 
d’Augimont, chevalier. Mais Jean lut banni après 
une vie très agitée , et sa veuve put mettre une 
partie de son douaire au service de son infortuné frère 
Mile (2). 

Tous les engagements pris par les seigneurs français 
étaient tenus avec une loyauté qu’explique la rigidité 
«les lois de la chevalerie, et le prix qu’on attachait 
alors à ne pas forfaire à l’honneur, mais les Anglais 
bénéficiaient de cette bonne foi et se souciaient peu 
de tenir leur parole. Le traité de Bretigny et les divers 
engagements pris par le roi Edouard à Calais et ailleurs 
furent très mal observés. William Granson et Michel de 
Tamworlh, chevaliers anglais, chargés de faire évacuer 
les forteresses de nos pays, s’acquittèrent assez mal de 
leur commission, ou ne trouvèrent sans doute pas les 
officiers anglais très disposés à leur obéir. 

Les comtes d’Auxerre et de Joigny, faits prisonniers 
à Poitiers et dégagés sur parole, reçurent du roi d’An- 
gleterre et du prince de Galles deux lettres par les- 
quelles ces seigneurs devaient seulement rester otages 
du roi Jean, dans le cas où ils n’auraient pu payer leur 
rançon avant le 3 mai (26 octobre 1360) (3). 

1) Ajch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

2) Mêmes sources. 

3) Du Tillet, Recueil des traités entre les roys de France et 
d’Angleterre. 


* 


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2i8 LES SIRES DE NOYERS. 

La mauvaise foi dont osaient les chevaliers anglais 
à legard des trêves et des conventions de paix, avait 
autorisé plusieurs seigneurs à se dégager des serments 
qu’ils avaient contractés. Quelques uns avaient refusé 
de rester otages d’Edouard III. Le roi Jean, ne voulant 
pas forfaire à l’honneur, même en présence du manque 
de parole de ses ennemis, écrivit à ces chevaliers pour 
leur ordonner de se rendre prisonniers en Angleterre, 
et chargea le comte de Joigny, gouverneur de Bour- 
gogne, de les y contraindre. Un des principaux seigneurs 
bourguignons, Hugues de Vienne, étant mort à Londres 
prisonnier, le roi Jean donna ordre à Jean de Noyers 
de venir se constituer en otage à sa place (I). 

Les habitants de Noyers, qui avaient tant souffert de 
la guerre et qui, surtout pendant le séjour d’Edouard III 
à Guillon, avaient été pillés et rançonnés par les ma- 
raudeurs de l’armée, refusèrent de payer les impôts 
et les subsides qui leur était réclamés par le bailli 
d'Auxois, et sur leur supplique, le roi Jean fit défense 
expresse au bailli de leur rien réclamer de l’imposition 
de douze deniers à laquelle ils avaient été taxés, at- 
tendu, dit la charte (2), que les Anglois et autres entremis 
du roy leur ont fait très rude guerre, depuis les trêves 
jusqu'à la paix faite avec les Anglois, et leur ont pris 
la plus grande partie de leur chevance, et n’ont eu aucun 
profit de ladite trêve ; qu’en outre ils ont été obligés de 
payer la rançon de leur seigneur prisonnier (mars 1361). 

Malgré l’ordre du roi Jean, le bailli d’Auxois réclama 
de nouveau des subsides aux habitants de Noyers. Mais 

(1) D. Plancher, t. II, Preuves, 272. 

(2) Titres du duc de Luynes. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


249 

le bailli de Sens s’y opposa, et fit adresser de nouvelles 
lettres de jussion, pour exonérer les habitants de ces 
lourdes charges (23 décembre 1362'. 

Après avoir payé le premier terme de sa rançon et la 
délivrance de sa prison, Mile de Noyers fit ses reprises de 
lief pour les terres qui relevaient du duc de Bourgogne. 
Mais, après avoir tiré de ses vassaux tout l’argent néces- 
saire à la liquidation de cette énorme dette, il se vit dans 
l'impossibilité de payer les autres termes. Jean de Bour- 
gogne lui avait déjà prêté de grandes sommes et ne pou- 
vait lui fournir de nouveaux fonds. Il lui fallut donc 
engager une partie de ses domaines. Il passa alors procu- 
ration à Dreux de Mello, seigneur de Saint-Bris, et à 
Thibaud de Mello, seigneur d’Epoisses, ses beaux-frères, 
pour vendre et engager tout ce qui lui appartenait, fors 
et réservé son château de Noyers (1'. 

Dreux et Thibaud de Mello sont cités ici comme ses 
beaux-frères, car peu auparavant ils avaient assisté au 
contrat de mariage entre Mile de Noyers et Isabelle, leur 
sœur, dame de Pacy, veuve de Louis de Sancerre. D’au- 
tres parents du sire de Noyers ; Gaucher de Laudes, son 
oncle; ses cousins, Mile de Noyers, comte de Joigny, 
Jean de Noyers, damoiseau, assistaient à ce contrat (2). 

Nous retrouvons, en 1364, Mile, sire de Noyers, mar- 
chant sous la bannière du duc de Bourgogne, dans la 
Beauce et le pays Chartrain,avec plusieurs chevaliers du 
pays: Pierre de Lézinnes, écuyer d’Antoine de Beaujeu; 
Louis de Chalon, sire de l’Isle-sous-Montréal ; Geoffroi du 

(1) Ajrch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

(2) Jeudi après la Saint-Vincent 1362, — Arch, de Dijon, 
Recueil de Peincedé , 


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250 


LES SIRES DE NOYERS. 


Bochet, sire de Marmeaux, Jean de Paey, Philippe de 
Jaucourt, Thibaud de Mello, sire d'Epoisses; etc. (1'. 

Le procès qui avait été interrompu pendant la captivité 
de Mile, était de nouveau engagé avec le comte de Joigny 
et Eudes de Grancey, au sujet de la succession de leur 
aïeul, le maréchal de Noyers, mais Mile XII obtint un 
arrêt contre eux et les fit renoncer à leurs exigences ; 2 . 

Vers la même époque, Guy de Frolois, sire de Molinot, 
gouverneur de Bourgogne, lui envoya des messagers au 
sujet de la prise de Grandchamp, afin d’aller au secours 
de cette place, et y envoyer des gens d’armes, d’arbalesle 
et des maçons (3'. 

Guillaume de Ragny, Gaucher d’Yrouer, Jean Davout, 
Gaucher de Maligny, Hugues et Perrenot de Sancv, Jean 
de Ravières, Guiot de Bierrv, Guillaume et Jean de 
Mandelot, figurent parmi les chevaliers qui marchèrent 
contre les grandes compagnies. Mile lut mandé à Dijon 
en 1365, avec ses écuyers, pour marcher contre les com- 
pagnies de Yarehiprêtre, qui ravageaient le pays. Chose 
bizarre ! Ce fameux Arnaud de Cervoles, dit l’Archiprêtre, 
avait épousé, en 1362, la petite-fille du maréchal de 
Noyers et était cousin de Mile XII. 

Aux fêtes de Pâques de l’année 1366, Mile de Noyers 
reçut dans son château les ambassadeurs du roi, qui de 
Paris se rendaient auprès du Pape, à la Cour d’Avignon. 
Philippe, duc de Bourgogne, s’y rendit également, ainsi 
que Jean de Montagu, sire de Sombernon, gouverneur du 
duché, et plusieurs seigneurs chargés d’accompagner les 

1) D. Plancher, t. II, p. 550. 

2) Arch. de Dijon, Recueil de Peiucedé. 

Comptes de l’Auxois, Arch. de Fane. Bourgogne. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


251 


ambassadeurs pendant tout leur voyage, de les défrayer 
et de leur donner des fêtes sur leur passage. Ils devaient 
partout payer la dépense et celle de leur suite, sans 
souffrir aucun déboursé de la part des illustres visi- 
teurs (1). On trouve aux archives de Dijon un compte de 
dépenses de cette époque, mentionnant la dépense de 
bouche de P hostel de Noyers, tant pour les enfants de Noyers 
que pour le duc de Bourgogne, pendant son séjour à Noyers. 

L’année suivante, le roi Charles V ayant acquis de Marie 
de Châteauvillain, femme de Jean de Montagu, cousine 
de Mile XII, et des autres héritiers de Noyers, les droits 
qu’ils possédaient à Chablis, érigea au mois de juillet 
1367 la prévôté de Chablis en prévôté royale (2). Mais le 
roi fit interdire aux habitants le droit de tenir le marché 
le même jour qu’à Noyers (3'. 

Un capitaine de routiers, Gille Trousse-Vache, dont le 
nom indiquait assez le genre d’exploits auquel il s’adon- 
nait, s’était emparé du château d’Arcy-sur-Cure, et de là 
portait la désolation dans les pays voisins. Il avait pris 
Montréal et y avait mis le feu après avoir pillé les habi- 
tants. Un hardi écuyer de l’Avallonnais, Guillaume de 
Roilley, était parvenu à se rendre maître de ce bandit et 
à le faire prisonnier en 1364. Jean de Sombernon, gou- 
verneur de Bourgogne, lui acheta, moyennant 160 florins, 
son prisonnier pour en faire justice. Mais Trousse-Vache 
avait fait jeter dans la Cure les armes et panonceaux appo- 
sés sur plusieurs édifices du pays (4). Le comte d’Auxerre 

1} D. Plancher, t. III, p. 16, Arch. de la Côte-d’Or. 

2) 'Procès Chamond de Chessimon, 1758. 

3) Arch. de la Côte-d’Or, Recueil de Peincedé. 

(4) Arch. de Dijon, Comptes de l’Auxois, de Guillaume dç 
Clugny, B. 2751. 


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j 



LES SIRES DE NOYERS. 


232 

en profita pour faire mettre partout ses armes au préju- 
dice des autres co-seigneurs d’Arcy et notamment du sire 
de Noyers. Un mandement du bailli de Sens, sur l’ordre 
du roi Charles V, contraignit le comte d’Auxerre à rétablir 
les insignes de Mile XII, car une partie de la terre d’Arcy 
relevait du château de Noyers (1).’ 

Un autre procès au sujet du douaire d’isabeau de Pacy 
était alors engagé entre Mile et les héritiers de Louis de 
Sancerre, dont Isabeau était veuve. 

Le duc de Bourgogne mandait alors toute la noblesse 
de la province pour marcher contre les compagnies qui 
ravageaient l’Autunois et le Nivernais. En mars et avril 
1367, grand nombre de chevaliers se rendirent à cet 
appel : Hugues de Chalon, seigneur d’Arlay et de l’isle- 
sous-Montréal , y parut avec deux chevaliers et quinze 
écuyers; Thibaud de Mello, seigneur d’Epoisses, avec 
un chevalier et quinze écuyers ; Mile, sire de Noyers, 
avec même nombre de gens d’armes; Pierre de Tanlay 
avec un écuyer [i\ 

Mais à peine arrivé à Dijon, Mile fut mande par le roi 
et forcé de se rendre à cet appel, accompagné de trois 
chevaliers et de neuf écuyers (3). Nous trouvons l’année 
suivante le sire de Noyers à la suite du duc de Bourgogne 
pendant son voyage de Flandre : Jean de Noyers, sei- 
gneur de Rimaucourt, son cousin, s’y rend aussi avec 
quatre chevaliers et vingt-et-un écuyers (i). Ces mêmes 

A) Arcli. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

Comptes généraux du duché de Huet Iianon. — Hist. 
manuscrite , de Prosper Baüyn, sur la Bourgogne, Bibliotji. de 
l’auteur. 

(3) Arch. de Dijon, Recueil de Peiucedé . 

(4) Arch. de Dijon, Recueil de Peiucedé . 


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LES SIRES DE NOYERS. 


253 


seigneurs étaient en Picardie au mois de septembre. 
N’est-il pas surprenant de voir quelle existence agitée 
un chevalier menait à cette époque? 

Les comptes de Noyers, conservés i\ Dijon, nous 
donnent pour cette époque de précieux renseignements 
sur les us et coutumes des habitants, sur la manière de 
vivre de Mile XII, sur ses dépenses et celles qui se fai- 
saient au chateau. 

On voit que ce jeune seigneur avait, comme les gentils- 
hommes de son temps, un luxe d habillements assez peu 
en rapport avec la misère des habitants et les doulou- 
reuses péripéties de ces temps malheureux. Les dépenses 
de première nécessité abondaient, et suivant la mode des 
seigneurs, Mile portait de riches étoffes, des plumes 
et une de ces ceiptures précieuses, garnies d’orfèvreries, 
qui lui coûta si cher à la bataille de Poitiers (1). 

Les jeux en usage étaient le plus ordinairement les dés, 
la paume et les échecs .2 . 

1 Arch. de Dijon, Titres de Noyers, Comptes de Jehan de 
Lichères (1355-1357), B. 5521, 5522 et 5522 bis. 

2) « Baillé à Monseigneur, le jour de i’ Ascension, pour 
« jouer aus dés à Nicolas de Moustiers et gagna Monseigneur, 
« xxx sols. » 

A Monseigneur pour joër aus dés à M. Rcgnier de Villiers- 
« les-aus et à Jehan d’Anno, v sols. » 

« A Erart, frère Monseigneur, ce jour pour joëer aus dez aus 
« dessus diz, il vint deThirache avec Monseigneur, vm sols. » 
« A Monseigneur la semaine avant Pasques flories pour joër 
« aus tau blés (échecs) à Pancenoire, in sols ix deniers. » 

« Payé chiez le gruyer, le mercredi après la Saint-Didier, au 
<i souper où Monseigneur fut et Erart, son frère, et paya Mes- 
t sire à la palme contre Guillaume Gelez et Pancenoire et per- 
« dirent, mes néanmoins Messirc ordonna que on paiast audit 


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LES SIRES DE KO VERS. 


*54 

Tous les vassaux du seigneur de Noyers qui étaient 
au château étaient défrayés largement, eux, leur gens et 
leurs chevaux. Les seigneurs qui y figurent le plus sou- 
vent à cette époque sont : Regnier de Villiers-les-Hauts, 
Pierre de Bierry, Paris, prieur de Vausse, Jehan d’An- 
noux, Hugues de Sancy, etc. 

Les dames d’Ancy-le-Franc et d’Argenteuil venaient 
souvent à Noyers et entretenaient des rapports de bon 
voisinage et de parenté. Les dames de Dampierre et 
Jeanne de Chatillon, duchesse d’Athènes, tantes du sei- 
gneur de Noyers, sont aussi citées (1). 

Le personnel du château était nombreux en chambel- 
lans, grands pages, valets d’écurie, valets de chiens, etc. 

Outre les charrettes nécessaires pour le service, on 
entretenait des ânes qui servaient à amener les provi- 
sions : harengs, riz, amandes, raisins, figues, poivre, 
gingembre, safran, que le receveur achetait à Auxerre. 


« gruyer, oultre vi sou» qui fureul despendu que li dis Guil- 
« laume et Pancenoire paieront, xviii sous. » 

• Baillé à Monseigneur le dymenche après l’Ascension pour 
« joër aus dés et aux taubles à Pancenoire et à Monseigneur 
c Regnier, vi sols. » 

Ce Pancenoire dont il est souvent question était prévôt de 
Noyers. 

— Arch. de la Côte-d’Or, Comptes de Noyers, de J. Lichè- 
res (1355-1356-1387). — B. 5521-5522 et 5522 bis. 

(1) Madame de Dampierre est une de celles qui reçoit des 
premières la nouvelle de la funeste bataille de Poitiers, par un 
courrier qui lui est adressé de Noyers. Ailleurs on lit : « Porté 
« venoison de cerf à madame d’Athènes le lundi avant saint 
« Jean d’Escolaslre. » 

— Archives de la Côte-d’Or, Comptes de Noyers, de Jeban 
de Lichères (1357-1358). — B. 5522 bis. 


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I.ES SIRES DE NOYERS. £55 

Chaque année, dans les immenses cheminées du château, 
se consumaient trois cents charretées de bois. 

Il fallait trois cents bichets de blé pour la nourriture 
des gens, quatre cents bichets d’orge pour les chiens, 
huit bichets pour les pigeons du colombier, mille bichets 
d’avoine pour les chevaux. 

Parmi les officiers du château, nous avons déjà cité 
Guillaume Gelez et Pierre de Bierry, écuyers, Ossequin, 
chambellan, attachés à la personne de Mile et l’accompa- 
gnant à la guerre. D’autres officiers étaient chargés de 
l'administration des domaines. Jean de Lichères, le rece- 
veur, avait un traitement de vingt livres. Guillaume de 
Poilly était procureur. Guiot de Semur, Ancelot et Guil- 
laume de Montreparé étaient conseillers de Mile, avec un 
gage de cent livres. Jean de Viviers, bailli de Noyers, ne 
touchait que dix livres, et encore était-il obligé de tenir 
ses assises dans différents villages, à des époques déter- 
minées, accompagné du gruyer, du forestier, du prévôt 
et de ses lieutenants. Nombre de gardes, chasseurs et 
pêcheurs vivaient encore au château sans gages fixes (-1 1 . 

Philippe, duc de Bourgogne, se rendit à Gand au prin- 
temps de 1369, pour y épouser Marguerite de Flandres, 
qui lui apportait les comtés de Bourgogne, d’Artois, de 
Flandre, de Rethel et de Nevers. Cette alliance élevait la 
maison ducale à une puissance qu’aucun monarque ne 
pouvait alors atteindre. Philippe-le-Hardi voulut être 
assisté de tous les grands personnages de la province, et 

t) Nulle part ailleurs on ne peut trouver de plus complets 
renseignements sur les mœurs de l’époque ; et dans ces comp- 
tes sans prétention, écrits au jour le jour, simples registres de 
recette et de dépense, on est étonné de trouver parfois des 
détails qui jettent la lumière sur certains points historiques. 


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256 


LES SIRES DE NOYERS. 


fit venir à Paris, le 24 mai, Mile XII de Noyers, Eudes de 
Graneey, Jacques de Vienne, sire de Longwy, Thibaud 
de Mello, sire d’Epoisses, Mile de Noyers, comte de 
Joigny, tous cousins-germains ou petits-enfants du maré- 
chal de Noyers. Ils se rendirent ensuite à Gand avec une 
nombreuse suite (I), mais Mile XII étant tombé malade 
par suite de fatigues et d’anciennes blessures, fut forcé de 
revenir à Noyers. Pendant sa maladie, il fonda dans le 
bourg de cette ville une chapelle dédiée à Saint-Nicolas, 
à laquelle il attacha un chapelain à la nomination du 
seigneur. Ce chapelain devait avoir une rente de trente 
livres, assignée sur le four de Molay (1" juin 1369) (2). 

Sentant sa fin prochaine, Mile XII fit son testament en 
septembre et le fit publier un mois plus tard en la cour 
de la chancellerie de Dijon. Il nommait comme héritiers : 
Cécile et Jeanne de Noyers, ses sœurs, et comme exécu- 
teurs testamentaires, Mile de Noyers, comte de Joigny, 
son cousin ; Isabeau de Pacy, sa femme, Jeanne de Noyers, 
sa sœur ; Gaucher d'Irouer et Jean de Saint-Loup, cheva- 
liers. Jeanne de Noyers nomma pour procureur Guillaume 
Gelez, qui accepta les fonctions d’exécuteur testamentaire 
en donnant caution (3). 

Dans ce testament, Mile faisait des legs à tous ses ser- 
viteurs pour leurs bons et loyaux services, à Hugues de 
Sancy, son écuyer, à Jean de Venisy, à Gaucher d’Irouer 
et surtout à Guillaume Gelez (4'. 

(1) Arch. de Dijon, Chambre des Comptes, Comptes de Huet 
Hanoo. Hisl. manuscrite rie Bourgogne , de Prosper Baüvn. 
Bibl. de l’auteur. 

;2) Arcb. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

IV Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

H) C’est en vertu de ce legs que Cécile et Jeanne de Noyers 


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LES SIRES DE NOYERS. 257 

Mile XII n’avait eu de son alliance avec Isabeau de 
Mell, dame de Pacy, qu’un seul fils, nommé comme lui 
Mile ou Milol, treizième du nom sur notre tableau généa- 
logique, lequel mourut peu avant son père. Ils furent 
enterrés tous deux dans la chapelle seigneuriale de Noyers, 
occupée plus tard par les Ursulines. On y lisait encore 
au siècle dernier l’épitaphe suivante : 

$oub» mtr tombe gist ug 
ung rljroatirr prrur rt Ijardjj 
qui oooit nom me99ire mile 
et fut 9Îre de mtr oille 
et fut fit; l'enfant-rg son ftls 
et de madame de pacy ,* 
et tmpassa à très grant dueil 
l’an mil trou ’tetw soirante et neuf 
ta noilte de la ednrt remu 
no»tre srignrnr aÿe d’eur mereÿ 
3lmen (1). 

C est donc la veille de la Saint-Remy, 12 janvier 1369 
,1370, date réelle, 1 , que mourut le dernier héritier mâle 
de la branche aînée des sires de Noyers ; mais la famille 
ne disparut que plus tard, comme nous le verrons dans 


cédèrent à Guillaume Gelez ce que Guillaume de Beaumont 
tenait d’elles en fief, et ce qui appartenait à Jacquolte d’Ar- 
concey en la teire de Merry-les-Sacy. 

Arch. de Dijon, B. 10518. Peincedé, t. IV, p. 6i. 

1 Bibl. nal. Mss.. français, 08734. 

Sc. hist. 


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238 LES SIRES DE NOYERS. 

la suite, et seulement lorsque cette terrible guerre de cent 
ans eut dévoré la plupart des maisons féodales, comme 
si elles eussent dû être emportées au moment où la France 
tombait en ruines. 


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CHAPITRE XVII 


DERNIERS HÉRITIERS DIRECTS DE LA BRANCHE AÎNÉE DES 
SIRES DE NOYERS. — ÉRARD DE NOYERS, CÉCILE DE NOYERS, 
JEANNE DE NOYERS. — JEANNE ÉPOUSE JEAN D’AUGIMONT, 
CHEVALIER, QUI FUT PLUS TARD BANNI POUR VOLS ET 
PILLAGES AVEC LES GRANDES COMPAGNIES. — ARNAUD DE 
CERVOLES, DIT l’aRCHIPRÊTRE. — ISABEAU DE MELLO, DAME 
DE PAC Y, VEUVE DE MILE XIT, ÉPOUSE EN TROISIÈMES NOCES 
JEAN DE SAINT- VERAIN, AUTRE PILLARD CONDAMNÉ PAR LE 
DUC DE BOURGOGNE. — EXACTIONS ET IRRÉGULARITÉS DES 
PETITS ET GRANDS SEIGNEURS. — MORT DE JEANNE DE 
NOYERS, DERNIÈRE HÉRITIÈRE, EN 1394. — LA DUCHESSE 
DE BOURGOGNE ACHÈTE DES CO-HÉRITIERS DES AUTRES 
BRANCHES, ÉGALEMENT DESCENDANTS DU MARÉCHAL, LA 
TERRE DE NOYERS ET SES DÉPENDANCES. 

( 1370 - 1420 ). 


Isabeau de Mello, dame de Pacy, veuve de Mile XII, 
prit longtemps encore le titre de dame de Noyers, ayant 
conservé par son douaire des droits sur cette terre. Elle 
épousa, plus tard, en troisièmes noces, Jean de Saint- 
Verain, seigneur de la Celle. 




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LES SIRES DE NOYERS. 


260 

Erard, le jeune frère de Mile, resta à Noyers pendant 
sa minorité. Le receveur lui donnait un sol par semaine 
pour ses menues dépenses, sauf quand il allait en 
voyage (1). En 1356, Erard fut armé chevalier et reçut 
pour son joyeux avènement un éeu de Philippe, valant 
36 si. us. A celte époque, il fut mis en possession de la 
terre de Villebertin, par suite de l’acte de partage passé 
avec son frère Mile (2). Mais il ne paraît pas avoir survécu 
longtemps aux guerres désastreuses du temps; en tout 
cas, il n’existait plus à la mort de Mile XII et ne figure 
pas dans le testament de ce dernier. 

Cécile de Noyers, l’une des sœurs et héritière de Mile, 
mourut également peu après. Elle s’intitulait dame de 
Montmort et de Seigny, par suite de son mariage avec 
Jean de Montignv-en-Ostrenan. 

Jeanne de Noyers resta donc seule et dernière héritière 
de toute la terre de Noyers. 


fl) « A Erart, frère de Monseigneur pour la semaine de la 
« Pentecôte et la semaine suivante, n sols. » 

« Audit Erart, pour sept semaines, vu sols. » 

a Audit Erart, pour le mois de novembre, pour joër aus dés, 
a x sols. » 

c A M. Erart, pour joër à Pancenoire au point de Pesche- 
« quier, v sols. » 

a A M. Herart, pour acheter une malecote àTroyes, v escus. 

« Au même, pour acheter des éperons, xxn sols vi deniers. 

« Au même, pour deux aunes un quart de drap, xxxxv sols. 

« Au même, pour une paire de soliers de vaiclie, vu sols vi 
deniers. 

« Une paire de chauces pour M. Hérart, xxxvin sols. 

— Arch. de Dijon, Chambre des Comptes, Comptes de Noyers 
de Jean de Lichères, 1356-1 357. B. 5222. 

(2) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


261 

Aussitôt après la mort de Mile XII, il y avait eu saisie 
sur les dames de Noyers, par un marchand pelletier de 
Troyes, qui n’avait pu se faire payer de ses fournitures 
pendant la captivité du seigneur. Mais les dames de 
Noyers obtinrent un sursis du duc de Bourgogne, pendant 
lequel leurs biens ne pouvaient être saisis, parce qu’elles 
devaient liquider la situation et ériger une chapelle pour 
y enterrer le corps du défunt. Cette chapelle de Saint- 
Nicolas fut en effet érigée la même année, et bénie par le 
suffragant de l'évêque de Langres (I). 

Jeanne de Noyers avait pour époux un assez mauvais 
sujet, et c’est merveille de juger des mœurs de cette 
époque en voyant un grand seigneur, Jean d’Augimont, 
chevalier et sire de Noyers, faire partie des compagnies 
de pillards et de voleurs qui ravageaient la France. Car le 
sire d’Augimont avait été fait prisonnier par le comte de 
Flandre, pour avoir fait des dommaiyes, meschiefs, extor- 
sions, roberies, tant au bailliage de Vermandois qu’ ailleurs. 
L’accusation est bien formelle. Le comte de Flandre 
avait envoyé directement le drôle au roi sous escorte, 
mais comme c’était un homme de bonne maison, on lui 
délivra. des lettres de rémission sur la promesse qu’il fit 
d’être plus sage, et de servir fidèlement le roi (2). 

l T n autre personnage de cette maison, son cousin, le 
terrible Arnaud de Cervolle, dit l’Archiprétre, avait acquis 
une réputation méritée : il ravageait impunément les 
campagnes à la tête de ses bandes’de Routiers, et portail 

T Areh. de Dijon, Recueil de Pciucedc. 

- Arclj. nat., J. 02G, n° 107, Reg. C du Trésor des Charles, 
chap. VI, lxxiij. — Coll, de sceaux de Douët d’Arc., 1. 1, p. 159, 
n° 1232. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


partout la terreur. On peut voir dans notre tableau généa- 
logique quel rang occupait ce chevalier, et son proche 
degré de parenté avec plusieurs membres puissants de 
la famille de Noyers. Notons qu’il était seigneur de 
Château villain, et l’un des officiers en titre du duc de 
Bourgogne, qui ne dédaignait pas de l'appeler son amé et 
féal cousin. 

La Bourgogne était tellement ravagée par les Routiers 
et les Tard-Venus, que Jeanne de Noyers fut obligée, pour 
plus de sûreté, d’obtenir du duc des lettres de sauvegarde 
pour sa personne et ses biens, lettres qui furent publiées 
dans tous les bailliages et notamment dans celui d’Aval- 
lon, par ordre de Guillaume de Clugny, bailli d’Auxois, 
qui y tenait ses assises (1). 

Jean d'Augimont n’avait guère tenu sa parole, et ne se 
conduisait pas mieux. Il avait de nouveau été disgracié et 
s’était fait bannir du royaume de France. Néanmoins 
Jeanne de Noyers, sa femme, put obtenir de Philippe-le- 
Hardi, le droit de rester en possession et d’avoir la 
jouissance des biens de son mari, savoir : Watefale-en- 
Champagne, qui relevait du duché de Lorraine, ainsi 
que les terres de Verac, de Wast-sur-Meuse et de Chitry, 
domaine relevant de son douaire (8 février 1371) (2). 

Il y avait en même temps contestation entre Jeanne de 
Noyers et la douairière Isabeau de Pacy, au sujet de la 
succession de Mile XII. Jeanne avait même fait saisir les 
meubles de la veuve ; le chancelier de Bourgogne fut 
forcé d’intervenir dans ce débat, par l’ordre du duc (3). 

(1) D. Plancher, t. II, p. 296. — Arch. de Dijon, Recueil de 
Peincedé. 

(2) P. Anselme, t. VI. — Arch. de Dijon. 

(3) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


263 


Sur ces entrefaites, Isabeau de Pacy, ayant épousé -en 
troisièmes noces Jean de Saint-Verain, se vit, ainsi que 
Jeanne, assignée par les habitants de .Noyers pour le 
paiement de cinq cents florins d'or qu’ils avaient dépensés 
lors de la réparation des fortifications. -Les habitants se 
plaignent dans leur requête au duc de Bourgogne que 
depuis quatre ans ils avaient, en vertu des ordonnances 
ducales, fait les travaux nécessaires pour réparer leurs 
murailles, fossés, portes, eschiffes, etc., et que les sei- 
gneurs de Noyers s’étaient refusés de concourir à la 
dépense, bien qu’ils y fussent obligés (1376) (I). Les sei- 
gneurs furent donc mis en demeure de s’exécuter. 

Le nouveau co-seigneur de Noyers, Jean de Saint- 
Verain, mari d’Isabeau de Pacy, ne valait guère mieux 
que Jean d’Augimont. Un mandement de Philippe-le- 
Hardi le fit citer en 1388, par devant le conseil du roi, 
pour avoir pillé le village d'Argenteuil, enlevé cinq cents 
bêtes, fait des prisonniers et causé quatre mille livres de 
dommages à Jacques de Serin, seigneur d’Argenteuil (2\ 
Cette époque de guerres et de troubles favorisait les 
exactions et les irrégularités de tout genre. Les petits 
comme les grands seigneurs n’agissaient qu’à leur guise, 
à la faveur du désordre universel. Le seigneur de Sancv, 
Jean Pigney, époux d'isabeau d’Athie, avait commis 
plusieurs crimes et délits dans la seigneurie de Noyers. 
La justice des seigneurs avait bien atteint le cou- 

1 Notice sur Noyers et ses seigneurs, par M. Guérard, An- 
nuaire de V Yonne', 1854. * 

(2) La curieuse charte qui mentionne ces faits a été vendue 
à la salle Sylvestre, le 23 avril 1857. — V. Biil. de l’Ecole des 
Chartes, janvier et février 1857. 


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264 


LES SIRES DE NOYERS. 


pable, et le duc, qui avait reçu des plaintes, chargea 
le bailli d’Auxois d’informer contre lui ; mais par suite 
du changement de juridiction et de débats entre les 
hommes de loi, le sieur de Sancy obtint des lettres de 
rémission et vit lever la sentence de bannissement et le 
décret de confiscation de biens lancés contre lui par le 
bailli de Noyers (1383-1384) (1). 

Il est à croire que le débat entre les co-héritiers, pour 
la succession de Mile XII, n’était pas encore vidé en 
1386, et que les autres petits enfants du maréchal avaient 
voulu avoir aussi une part, car on voit que Gui de Choi- 
seul, époux de Jeanne de Noyers-Rimaucourt, Jean de 
Noyers-Rimaucourt et Eudes de Grancey, étaient interve- 
nus et avaient attaqué Jean de Saint-Verain. L’afiaire 
ayant été poursuivie, les parties nommèrent pour arbitres 
Jean de Rocheforl, assisté des baillis de Tonnerre et de 
Noyers (2). 

Les habitants de Censv firent, en 1392, requête à 
Jeanne de Noyers au sujet de leurs pâturages et de. leurs 
droits d’usage dans les bois ; car, malgré l’usage non 
contesté de ces droits depuis un temps immémorial, les 
officiers de la seigneurie de Noyers leur avaient fait 
défense de les exercer. L’information leur ayant été favo- 
rable, justice leur fut rendue (3). 

On possède un compte de recettes et dépenses de la 
terre et seigneurie de Noyers pour 1392 (4), maison n’y 
trouve rien de particulier. On y voit des donations faites 
aux confréries du Saint-Esprit, de Saint-Antoine, de 

(1) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

(2) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

(3) Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 

(4) Arch. de Dijon, Chambre des Comptes, B. 8523. 


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LES SIRES DE NU VERS. 


26 ü 


Saint-Bernard et de Notre-Dame, confréries religieuses 
établies dans la ville et dont Madamiselle Jehanne de 
loyers faisait partie, le paiement des redevances ordi- 
naires dues aux abbayes de Marcilly, de Lézinnes, etc., 
kl réfection d'une chambre neuve au chastel, par ordre de 
.Hadamizelle, la couverture de la chapelle de Monseigneur 
dont Dieu ait l’dme. 

Jeanne de Noyers, la dernière héritière de la brandie 
aînée de la famille, mourut le 22 juin 1394, sans laisser 
de postérité. Son corps fut enterré dans la chapelle de. 
Saint-Nicolas, où reposait le corps de Mile XII, son frère. 

Ses héritiers, petits-enfants du maréchal de Noyers, 
reprirent sa succession, savoir : Eudes de Grancey, Jean 
de Noyers, seigneur de Rimaucourt et Gui de Choiseul, 
époux de Jeanne de Noyers-Joigny. 

La bouteillerie de Bourgogne n’était pas sortie de la 
famille de Noyers, bien que cette maison fut tombée en 
quenouille, suivant l’expression de Saint-Julien de Ba- 
leure (1) ; cette charge fut encore occupée par un membre 
de la famille, et Eudes de Grancey reprit de fief pour un 
tiers de la seigneurie de Noyers et pour la bouteillerie. 

Les grandes fonctions honorifiques sortaient peu d’une 
même famille, à moins que l’un des membres eut démé- 
rité. C’est ainsi que nous avons vu le poste de porte- 
oriflamme de France occupé, après le maréchal MileX, 
par Geoffroi de Charny, son neveu ; car Mile XI le Bossu 
n’était probablement pas conformé pour occuper ces 
fonctions, et les autres enfants du maréchal étaient alors 
trop jeunes. 

La terre de Noyers resta indivise pendant plusieurs 

(1) Mes langes historiques et paradoxales, LyoD, 1589, p. 293. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


266 

années entre les trois co-seigneurs et cousins, et le duc 
de Bourgogne leur accorda un délai pour donner leur 
dénombrement, comme cela avait lieu à chaque mutation 
de fief (15 mars 1396) (I). Les héritiers étaient alors eu 
contestation avec Jean de Saint-Verain et Isabeau de Pacy 
au sujet du douaire que cette dernière possédait tou jours 
sur ces domaines. 

D’autre part, Jean de Rochelbrt, bailli d'Auxois, faisait 
des poursuites contre eux, parce qu’ils refusaient de 
contribuer aux réparations des murs et fossés de la ville. 
Ils voulaient bien toucher les revenus, mais ils se sou- 
ciaient peu de payer les charges d'une terre qui n’était 
pour eux qu’un bien de rapport. 

Nous aurions encore à citer un 'grand nombre d’actes 
et de faits relatifs à celte époque, mais que nous passe- 
rons sous silence, parce qu’ils n’intéressent qu’indirecte- 
ment Noyers et la famille de ce nom. Aimé de Choiseul. 
fils de Gui, fut en 1416 mis en garnison dans cette ville 
avec le titre de gouverneur, pour la défendre contre les 
gens d’armes du château de Tonnerre. 

Dès 1413, il ne restait pas un seul héritier mâle de 
cette nombreuse liguée du maréchal de Noyers. 

Les descendantes des diverses branches vendirent, de 
1419 à 1421, tous leurs droits sur la terre de Noyers à la 
duchesse de Bourgogne, Marguerite de Bavière, moyen- 
nant une somme de dix-huit mille écus d’or, provenant 
de la confiscation des biens de Philippe Josquin, con- 
damné pour cause de trahison par Jean-sans-Peur. La 
seigneurie de Noyers était alors entre les mains de cinq 
co-seigneurs. 

(1) Arcli. deJDijon, B. 10543, Peincedi , t. IX, p. 63. 


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LES SIRES DE NOYERS. 267 

Un tiers appartenait à Amé de Choiseul, en vertu du 
droit de sa mère Jeanne de Noyers ; 

Un sixième à Agnès de Noyers, dame de Rimaucourt, 
fille de Jean de Noyers, seigneur de Rimaucourt; 

Un sixième à Isabelle de Noyers, dame de Saint-Bris, 
et sœur d’Agnès ; 

Un sixième à Isabelle de Rodemach, femme de Perrin 
de Montdoré, du droit de Mahaud de Grancçy, son arrière 
grand’inère; 

Un sixième à Jeanne, dame de Grancev et de Chûteau- 
villain, en vertu de la même parenté. 

Ces droits seront d’ailleurs plus facilement compris en 
présence de notre tableau généalogique qui établit les 
degrés de lignage. Dom Plancher, dans les Preuves de son 
histoire de Bourgogne, a donné l’acte d’acquisition fait 
par la duchesse. On retrouve aux Archives nationales (U 
les actes séparés de ces acquisitions diverses de la terre 
et seigneurie de Noyers, meubles et immeubles, ornemens 
de chapelle, livres, joyaux, vaisselle, linge, liz, poz, plaz, 
escuelles, etc. 

,1, Années 1 i I *.* - l î 2 1 , Areh. liai., Trésor des Chavires, I.ay. 
J. 250, u 09 26, 27, 28, 29, 50. — Bibl. nat., Mss. français, 
n» 987 3/4. 


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CHAPITRE XVIII 




LE* COMTE* DE JOIONY DE LA MAISON DE NOYERS. — JEAN I 
DE NOYERS, COMTE DE JOIGNY, BLESSÉ A POITIERS. — 
NOMMÉ GOUVERNEUR DE BOURGOGNE. — ENVOYÉ EN PRISON 
EN ANGLETERRE A LA PLACE DE SON COUSIN, PAR ORDRE DU 
ROI DE FRANCE. — SA MORT A LA BATAILLE DE BRIGNAIS. 
— MILE DE NOYERS-JOIGNY PREND PART A LA DÉFENSE DE 
PARIS, AU SIÈGE DE LA ROCHELLE, A LA BATAILLE d'AÜRAY 
OU IL EST FAIT PRISONNIER. — JEAN III DE NOYERS-JOIGNY 
MEURT DANS UNE MASCARADE A UN BAL DE LA COUR. — 
LOUIS DE NOYERS-JOIGNY. — MARGUERITE DE NOYERS, 
DERNIÈRE HÉRITIÈRE DIRECTE DES NOYERS-JOIGNY, MEURT 

EN 1423. 


( 1323-1423 . 


De la troisième alliance de Mile X, maréchal de France, 
avec Jeanne de Montbéliard, dame d’Antigny, un seul fils 
était né en 1323. Jean de Noyers n’avait que dix ans à la 
mort de sa mère. Le maréchal, voulant éviter les discus- 
sions qui pourraient s’élever après sa mort entre ses 
enfants, échangea pour son plus jeune fils plusieurs 


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LES SIRES DE NOYERS. 


269 


terres sises en Champagne, contre le comté de Joigny, 
dont jouissait»alors Charles de Valois, veuf de la dernière 
héritière des sires de Joigny. 

Jean de Noyers fut mis en possession du comté, en 1 337, 
et fil ses premières armes sous le commandement de son 
père. A quinze ans, il l’accompagnait en Picardie, ù 
l’encontre d’Edouard, roi d' Angleterre, que F on disoit venir 
me/faire au royaulme de France (I). 

Après la mort de Gaucher de Noyers, son second fils, 
le maréchal fit le partage de ses biens, et laissa à Jean de 
Noyers, comte de Joigny et sire d'Antigny, les domaines 
de Vendeuvre, Lou vois Payons, Montaguillon, Poillv, etc. 

I346H2). 

A la faveur de cette puissante fortune, Jean de Noyers 
épousa Jeanne de Joinville, petite-frlle de l’historien de 
saint Louis, Jean de Joinville, sénéchal de Champagne. 
Il s’empara de la terre et du château de Noyers, aussitôt 
après la mort du maréchal, prétendant avoir aussi des 
droits sur la succession qui revenait aux enfants de 
Mile XI ; mais après un long procès, il fut déboulé par 
arrêt du Parlement (3). 

Malgré son jeune âge, Jean de Noyers fut nommé gou- 
verneur de Bourgogne à la place d’Olivier de Jussy, 
seigneur de Rochefort, et entra en fonctions le 27 mars 
1353. Deux ans auparavant, le roi Jean ayant donné à la 
reine Blanche, sa mère, la terre de Saint-Florentin pour 
faire partie de son douaire, le comte de Joigny, craignant 
que les olliciers de la princesse ne voulussent englober 

,1; Arch. de Dijon. V. aux pièces justificatives. 

2) V. aux pièces justificatives le testament du maréchal. 

(3) P. Duchesne, Maison de Chatenuvillain, Preuves, pp. 43- 

44. 


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270 LES SIRES DE NOYERS, 

son comté dans le ressort de Saint-Florentin, se fit déli- 
vrer des lettres-patentes déclarant que le comte.de Joignv 
et ses vassaux étaient indépendants de la juridiction 
royale, mais relevaient féodalement du comte.de Cham- 
pagne et de la justice du bailliage de Troyes (1). 

Le P. Anselme, dans son Histoire des grands Officiers de 
la Couronne , raconte plusieurs expéditions dans lesquelles 
fut engagé le comte de Joigny, comme partie active. 

Nous avons dit ailleurs comment Jean de Noyers, qui 
commandait avec le comte d’Auxerre une escorte de deux 
cents hommes la veille de la bataille de Poitiers, donna 
avec une inexcusable intrépidité dans le gros de l’armée 
anglaise et devint prisonnier du roi. Relâché le lendemain 
moyennant la promesse d’une forte rançon, il revint à 
Auxerre et partit pour Troyes, avec le gouverneur de cette 
ville, afin d’y faire soigner ses blessures (2). 

Mais les événements étaient si pressants qu'on ne lui 
laissa guère le temps de se remettre. Ses blessures étaient 
à peine cicatrisées qu’il recevait l’ordre de mettre sur 
pied toutes les forces de Bourgogne, qu’il passait des 
revues à Montbard, à Châtillon et mettait le pays en 
mesure de résister à l’ennemi. La pension que lui fit 
alors le roi Jean n’était qu’une faible compensation des 
pertes qu’il avait éprouvées dans cette rude campagne. 

En 1358, pendant la captivité du roi, Jean de Noyers 
fut envoyé avec soixante hommes seulement par le dau- 
phin Charles, régent du royaume, pour défendre le 
marché de Meaux, dans lequel les Jacques révoltés 

i; Trésor des Chartes, t. XXIV, p. 805. 

,2) ffist. de Bourgogne, de Prosper Baüyn, 1. 1, p. 190, Mss., 
cabinet de l’auteur. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


271 


tenaient assiégés la femme de ce prince, le duc et la 
duchesse d’Orléans, et plus de trois cents dames qui s’v 
trouvaient. Le comte de Joigny défendit Meaux avec le 
comte de.Foix et contraignit les rebelles à se retirer avec 
une perte considérable (1). 

Les obligations contractées par tous les seigneurs après 
la bataille de Poitiers, n’avaient pas encore été remplies 
entièrement. A la fin de l’année 1360, le roi d’Angleterre 
et le prince de Galles délivrèrent des lettres dans les- 
quelles ils déclaraient que les comtes d’Auxerre, de 
Joigny, de Sancerre, etc., seraient délivrés de l’engage- 
ment qu’ils avaient pris de se rendre en prison , si la 
rançon n’était pas payée entièrement et qu’ils resteraient 
seulement otages du roi Jean (2). Cette clause n’était du 
reste qu’un article supplémentaire aux conditions du 
traité de Bretignv, signé précédemment. 

Hugues de Vienne, chevalier, cousin de Jean de Noyers, 
étant mort prisonnier en Angleterre, le roi Jean ordonna 
au comte de Joigny d’aller tenir prison en son lieu et 
place, et lui écrivit en même temps d’obliger tous les 
seigneurs de Bourgogne à observer leurs engagements 
vis-à-vis du roi d’Angleterre (3). Mais le comte de Joigny 
était alors dans le Lyonnais; on fut obligé de le rem- 
placer. 

C’est à la suite du traité de Brétigny que les troupes 
licenciées par le roi parcoururent la Lorraine, la Chain r 
pagne et la Bourgogne, en y commettant d’affreux ra- 

.1) Art de vérifier les Dates. 

(2) Du Tillet, Recueil des Traités entre les Roys de France et 
d’Angleterre , pp. 269-270. 

,3) D. Plancher, Hist. de Bourgogne. 


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272 


LES SIRES DE NOYERS. 


vages. Jacques de Bourbon fut envoyé contre ces pillards 
avec un corps d’armée dont faisait partie le comte de 
Joigny. Une bataille eut lieu à Brignais, dans le Lyon- 
nais, le 6 avril 1362 (1). Jean de Noyers resta sur le champ 
de bataille et succomba à ses blessures le 10 mai de la 
même année, âgé de trente-neuf ans. Son corps fut rap- 
porté à Joigny et enterré dans l'hôpital de cette ville. 

De Jeanne de Joinville, sa femme, il laissait trois en- 
fants : Jeanne, mariée à Gui de Choiseul, seigneur d’Ai- 
gremont; Jean, tige des sires de Rimaucourt, et Mile qui 
suit. 

Mile de Noyers, comte de Joigny, était jeune encore à 
la mort de son père. C’est donc par erreur que plusieurs 
auteurs, qui le confondent avec Mile XII, sire de Noyers, 
le font prisonnier à la bataille de Poitiers, six ans aupa- 
ravant. 

Ces deux personnages paraissent dans le même acte, 
en 1362. Le comte de Joigny est témoin du traité de 
mariage entre Mile de Noyers et Isabeau de Pacy. 

Dans le courant de 1364, Mile de Noyers, comte de 
Joigny, est cité dans de nombreuses circonstances. Il 
concourt à la défense de Paris, comme l’annonce la chro- 
nique de Du Guesclin : 

* Dedans Paris estoil li contes de Joigni 
« Celui de Tanquainville de Porcien aussi :2 . 


Non le 2 avril 1361, date certaine, malgré l’assertion de 
l 'Art de vérifier les dates et des autres auteurs. — Consultez les 
Routiers au X IV e siècle et la bataille de Brignais, par M. Allut. 
Lyon, 1859. 

(2) Mém. -de la Soc. de l’hist. de France, Chronique en vers de 
du Guesclin, p. 148, t. II. 


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(Tableau généalogique. — II.) 



( 


I’ 

G 

6 

> 


,E i MARIE 

i + 1317, 

y Bricnne , ép.: Guichard de B eau jeu 

>nes. (dont postérité}.. 


‘,1 

3 •_ 

wU 

thèncs, 
VBnghien . 


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généalogique. — III.) 


MILE X 
maréch 


> JI 

comte de Joig 
gouverneur d 
né en 1323 
ép. : Jean* 

— # 

> MILE DE TE DE NOYERS 

+ 20 octobre 1375, 
ép. : M argue* de Choiseul 
Aigremont. 


• 

ÜEHAN III DSlIRARD DE CHOISEUL 
•fr 30 ja 1395. 

sans 


AGNÈS 

: Anié de choiseul , 
i cousin germain. 

Voir ci-contre ] ). 
duchesse de Bourgogne 
), sa part de Noyers. 




i 


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au généalogique. — III.) 


MILE X 
maréchl 


i JB 

comte de Joigi 
gouverneur di 
né en 1323, 
ép. : Jeann 


MILE IDE INPïEDENOYISPS 
-j- 20 o<octobre 1375, 

^ de Chotseul 
' d’Aigremont. 


JEHAN III DE OIRARD DE CHOISETL 
^ -r 30 j ai 1395. 

sans j 


AGNÈS 

p. : Amé de choiseul , 
os cousin germain. 

( Voir ci-contre). 
la duchesse de Bourgogne 
420, sa part de Noyers. 


r 


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iu généalogique. — IV.) 


JEAN I 1>E Nt 
eig r de Maisy* Courg 

ép. : Margum 
dame de 
-j- aval 


MI LE I DE NOYEBâ 
gouverneur de 
sénéchal de BeauU 
f 1354. 

ép. : Jeanne de C f 7iA 

I 

• ALIX 

0. dame de Ghilry, 
1380.. ..1389, 
ép. : Erard de Villiers 
seig r de Boiron, 
Quenne, etc. 


• MARGUERITE 
veuve d’Étienne de 
Mailly 
en 1409. 


i 


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I.ES SIRES DE NOYERS. 


Ü73 


Nous le retrouvons plus tard au siège de la Rochelle, 
puis à la funeste bataille d’Auray, ayant sous ses ordres 
des compagnies d’auxiliaires français, qui marchaient 
également sous la bannière du comte d’Auxerre. Frois- 
sard, qui décrit longuement cette bataille, donne des 
détails sur les manœuvres des divers corps d’armée enga-' 
gés. Le combat fut terrible et furieusement disputé, mais 
les troupes des comtes d’Auxerre et de Joigny furent 
rompues et mises en déroute par Clisson et d’Aubreci- 
court, secondés par un mouvement de Jean Chandos : la 
plupart des seigneurs furent tués ou faits prisonniers : 

« Les comtes de Jugni et d’Aucorre 
« Furent là prins par droite guerre, 

< Rohan, Montforl et Beaumauoir, 

<■ Ray et Reux, Dinan pour voir, » (1) 

Le comte d’Auxerre eut l’œil gauche crevé d’un coup 
d’un épieu de Bordeaux, que lui donna un écuyer, et il 
fut ensuite fait prisonnier par un chevalier qui l’aperçut 
comme il se retirait (2). Ce ne fut donc pas Clisson lui- 
même qui reçut cette blessure, comme l’affirme Froissard, 
et le comte d’Auxerre ne fut pas davantage le prisonnier 
de Clisson (3). 

; 1 , Chrou. du bon Jehan (IV), t. II, p. 472. — V. aussi Frois- 
sard, éd. 1539, 1. 1, pp. 285 et suiv. 

(2) Chron. de Bertrand du Quesclin, p. Culevier, V. 6914-6028. 
— Coll, des mém. inédits sur l’hist. de France. 

(3) Froissard dit du moins: « le comte d’Auxerre fut dure- 
i ment navré et pris dessous le pennon Messire Jean Chan- 
< dos et fiancé prisonnier. » Voir d'ailleurs un mémoire de 
M. Quantin sur les derniers comtes d’Auxerre et de Tonnerre 
de la maison de Chalon, Bull, de la Soc. des Sc. hist. et ml. de 
l’Yonne, t. VI, pp. 141 et suiv. 

Sc. hist. 18 


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274 


LES SIRES DE NOYERS. 


Jean de C ha Ion, comte d’Auxerre et de Tonnerre, sur- 
nommé le Chevalier blanc, et son frère Louis, le Chevalier 
vert, furent tous deux prisonniers et condamnés à une 
rançon si considérable, qu’ils ne purent, malgré les em- 
prunts contractés et les impositions mises sur les pays de 
leur comté, en faire le paiement intégral. 

Mile de Noyers, comte de Joigny, qui fut comme ses 
infortunés compagnons d’armes, relâché sur parole, sous- 
crivit également à une forte rançon, dont les vassaux 
devaient acquitter une partie ; car la rançon du seigneur 
s’exprimait toujours par de nouveaux impôts, et cette fois 
les habitants du comté de Joigny furent lourdement char- 
gés. La charte de 1368, par laquelle Mile leur garantis- 
sait les franchises et les privilèges précédemment accor- 
dés par ses ancêtres, était une faible compensation à celte 
charge. 

Le comte de Joigny délivra aussi quelques affranchis- 
sements particuliers moyennant finance, et accorda à la 
famille Porcher, qui lui avait rendu de grands services, 
et avait été peu auparavant annoblie, le droit de porter 
les armes des anciens comtes de Joigny : de gueules à 
l’aigle d’argent, membré et becqué d’or. Car Mile adopta, 
vers cette époque, les armes des Noyers, ses ancêtres 
directs, d’azur à l’aigle d’or (1). 


(1) « Descente généalogique d’Estienne Porcher, habitant de 
la ville de Ioigny, avec ses lettres d'anoblissement du mois 
de juin 1361, ensemble la concession à luy faite et aux siens, 
par Miles de Noyers, comte de Joigny, de prendre et porter 
les armes des anciens comtes de Joigny, ses prédécesseurs, 
qui estoientde gueules à l’aigle d’argent, armé et becqué d’or, 
du dixième septembre 1368, avec un bref du pape Grégoire, 
portant permission au dit Estienne Porcher de fonder une 


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LES SIRES DE NOYERS. 


275 


Le duc de Bourgogne manda, en 1369, les sires de 
Joigny, d’Epoisses et de Noyers pour aller à Paris et se 
rendre de là en Flandre (1). Ils s’y rendirent au com- 
mencement du mois de juin et partirent le 28 (2). Il ne 
.s’agissait alors que d’une expédition toute pacifique; le 
duc de Bourgogne allait y contracter mariage, et emme- 
nait les principaux officiers de sa maison avec toute leur 
suite. Le comte de Joigny avait avec Lui un chevalier, 
quatre écuyers et seize chevaux (3). 

Mile se rendit encore en Guyenne, en 1373, avec son 
frère Jean, seigneur de Rimaucourt, où il servait sous la 
bannière du duc de Bourgogne. On le retrouve en Nor- 
mandie et en Bretagne, en 1375, avec sa compagnie, puis 
à Saint-Sauveur-le-Vicomte. Il mourut le 20 octobre 1376, 
au château de Grancey, appartenant à son cousin Eudes 
de Grancey. De là, son corps fut plus tard transporte ..à 
l’hôpital de Joigny, en exécution de ses dernières vo- 
lontés. 

De son mariage avec Marguerite de Ventadour, dame 
d’Antigny, il laissa deux fils et une fille, qui lui succé- 
dèrent et se succédèrent les uns aux autres dans la pos- 
session du comté de Joigny. 

chapelle dans l’église de Saincl-Thibaut de Ioigny, et diverses 
autres pièces ». — Paris, Nicolas Boisset, rue Galaude, proche 
la place Maubert, à l’image de Eslienne, M.DG. L., in-4° fort 
rare, de 148 pp., contenant sur les Budé, les Lebeuf, les Béjard, 
etc., de nombreuses indications. — Bibl. de l’auteur. 

(1) 24 mai 1869. — Hist. de Bourgogne, de Prosper Baiiyn, t, I, 
p. 267. Mss. de mon cabinet. 

(2) Loco citato, 1. 1, p. 267 et suiv. 

;3) D. Plancher, Hist. de Bourgogne , t. III, p. 560. — domptes 
généraux de Huet Hanon, Arch. de Dijon. 


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276 


LES SIRES DE NOYERS. 


Marguerite de' Ventadour survécut longtemps à son 
mari; elle ne mourut qu’en 1399, et fut enterrée dans 
l’église de l’abbaye de la Bussiêre, bailliage d’Arnay, où 
l’on voyait encore sa tombe au siècle dernier. 

Jean III de Noyers, fils aîné de Mile, resta d’abord 
sous la tutelle de sa mère et de Jean II de Noyers-Joigny, 
seigneur de Rimaucourt, son oncle. Comme il mourut 
jeune, on ne trouve aucun événement qui se rattache à 
son existence. On ne le connaît que par l’accident qui mit 
fin à ses jours et eut plus de retentissement que sa vie n’a 
fait de bruit. 

La chronique du religieux de Saint-Denis (1) raconte 
cet incident, qui donne une idée des moeurs bizarres de 
la cour à cette époque. Voici à quelle occasion : 

Charles V mariait une des dames d’honneur de la 
reine, et résolut, dans cette circonstance, de donner une 
fête magnifique. Pour donner plus d’éclat à la cérémonie, 
il fit inviter toutes les princesses et tous les grands sei- 
gneurs de la cour. On se réunit à l’hôtel Saint-Pol, et rien 
ne fut oublié pour contribuer, aux divertissements des 
invités. 

Il y eut toutes sortes de mascarades et l’on dansa au 
son des instruments jusqu’au milieu de la nuit. Mais 
comme la mariée contractait alliance pour la troisième 
fois et qu’il était alors d'usage de faire quelques farces 
aux époux, plusieurs jeunes seigneurs résolurent de se 
déguiser et y engagèrent le roi, qui ne demandait qu’à 
céder à son entraînement pour le plaisir. Cinq seigneurs, 
parmi lesquels était Jean de Noyers, comte de Joigny, se 

(1) Mini, de la Soc. de l’Hist. de France , t. II, pp. 65 et 
suiv. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


277 

vêtirent donc, ainsi que le roi, d’habits de lin, sur les- 
quels on avait collé des étoupes avec de la poix. Ensuite 
ils se masquèrent et entrèrent dans la salle sous ce dégui- 
sement qui les rendaient méconnaissables : ils se mirent 
à courir de tous côtés en faisant des gestes obscènes, en 
poussant d’horribles cris et en imitant les hurlements des 
loups; ils dansèrent ensuite la sarrasine avec une sorte 
de fréné'sie diabolique. 

Mais un des assistants, sans prévoir le mal qu’il pou- 
vait faire, jeta une flammèche sur un de ceux qui fai- 
saient partie de la mascarade. Aussitôt les vêtements 
inflammables des danseurs s’embrasèrent. Ils poussèrent 
cette fois des cris de douleur et d’effroi et coururent en 
désordre. La flamme s’élevait au plafond ; la poix liqué- 
fiée ruisselait sur leurs corps et pénétrait dans leurs 
chairs. Ils se calcinaient les mains et les efforts qu’ils 
faisaient pour éteindre le feu lui donnait une nouvelle 
ardeur. La duchesse de Berry tira le roi de ce péril, car, 
dit Froissard, elle le bouta sous sa gonne et le couvrit pour 
eschevir le feu. Mais les autres jeunes gens furent consu- 
més, à l’exception d’un seul, qui eut la bonne idée d’aller 
se jeter dans une cuve des cuisines de l’hôtel. Quant au 
comte de Joigny, il expira dans les bras de ceux qui 
l’emportaient. 

Cet accident eut lieu le 31 janvier 1393. 

Louis de Noyers reprit le comté de Joigny à la mort de 
Jean, qui n’avait pas eu d’alliance. 

Louis était conseiller et chambellan du roi. Il obtint, 
en 1404, par arrêt de la Chambre des Comptes, la confir- 
mation du titre de doyen des sept comtes-pairs de Cham- 
pagne, parce que ses prédécesseurs avaient joui de cette 
dignité sous la domination des anciens comtes de Chain- 


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LES SIRES DE NOYERS. 


278 

pagne (1). Et comme les officiers de la reine Blanche 
voulaient comprendre Joigny dans la juridiction de 
Saint-Florentin, malgré un arrêt dont nous avons précé- 
demment parlé, Louis fit constater de nouveau la justice 
de ses prétentions. 

Pendant la maladie de Charles VI, Louis fut un des 
plus chauds partisans du duc de Bourgogne, et le servit 
avec ardeur contre le duc d’Orléans. Il était à Paris en 
armes, en 1402, pour lui prêter main-fortes, avec deux 
chevaliers et huit écuyers. Philippe-le-Hardi lui donna de 
nombreuses marques d’amitié, et, pour reconnaître ses 
services, lui fit des présents plus considérables que 
ceux qu’il avait coutume de faire (2). 

Louis de Noyers assista aux noces d’Antoine de Bour- 
gogne, fils du duc, et y parut comme les autres seigneurs 
avec une robe de satin blanc, costume obligé pour cette 
cérémonie, car malgré le malheur des temps, le luxe et la 
joie n’étaient guère bannis de la cour (3). 

Le comte de Joigny et Gui de la Trémouille, son beau- 
frère, possesseurs de la terre d’Antigny, prétendaient que 
les moines de Saint-Martin d’Autun célébraient fort irré- 
gulièrement les anniversaires fondés par les anciens 
seigneurs d’Antigny, qui avaient été inhumés dans leur 
abbaye. Ils refusèrent donc le paiement des rentes affec- 
tées à ces fondations et ne consentirent à acquitter cette 

(1) Art de vérifier les dates ; Mercure de France, décembre 
1739. 

(2) D. Plancher, ffist. de Bourgogne. 

(3) Le comte de Joigny fournit dénombrement le 26 juin 
1402 pour sa terre d’Antigny-!e-Châtel, dont une partie était 
possédée par Marguerite de Noyers, sa sœur, dame do Longwy 
et de Marigny. — Arch. de Dijon, Recueil de Peincedé. 


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LES SIRES DE NOYERS. 279 

redevance qu’avec la promesse de l’abbé de Saint-Martin 
d'Autun d’être plus exact à l’avenir (1). 

Quand éclata la guerre entre le duc de Bourgogne et le 
comte de Tonnerre, le comte de Joigny y prit une part 
active, et lutta contre les Tonnerrois et les Armagnacs. 
Pendant que le sire de Rochefort faisait évacuer le fort de 
Rougemont, Louis de Noyers et plusieurs autres seigneurs 
défendaient l’entrée du pays aux ligués et les forçaient à 
se retirer. 

Les 23 et 24 avril de cette même année 1412, Louis de 
Noyers reçut dans son château de Joigny le roi, le Dauphin 
et le duc de Bourgogne, et les reconduisit à Sens. L’année 
suivante, il fut mandé en Flandre avec tous ses hommes. 
Il testa le 15 juillet 1415, et laissa par testament à l’hô- 
pital de Joigny, entre autres dons, sa grande robe de 
salin pour en faire une chasuble et deux dalmatiques. 

Louis de Noyers mourut dans le courant de la même 
année, sans laisser de postérité. 

Marguerite de Noyers, sa sœur, hérita de la terre de 
Noyers et porta ce comté dans la maison de la Trémouille, 
par suite de son alliance avec Gui de la Trémouille, 
seigneur d’Uchon et de Bourbon-Lancy , qu’elle avait 
épousé en 1 409 et dont elle eut postérité. 

Cette dernière héritière directe des Noyers-Joigny mou- 
rut en 1423, et nous n’avons pas à poursuivre cette 
filiation (2). 

(1) üht. de l'église de Saint-Martin d’Autun, par Bulliot, 1. 1, 
p. 292. 

(2) Jean de Noyers, second fils de Jean I er , comte de Joigny 
et de Jeanne de Joinville, eut en partage la seigneurie de 
Rimaucourt. Il alla, en 1368, en Flandre avec quatre-vingt- 


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280 


LES SIRES DE NOYERS. 


quatorze chevaliers bacheliers et vingt-et-un écuyers. Lors des 
contestations qu’il eut avec Henri, seigneur de la Roche et 
et Thomas de la Rochelle, il courut sur leurs terres et y com- 
mit de tels excès, que ses domaines furent saisis et ne lui fu- 
rent rendus qu’après avoir obtenu, en 1373, sa grâce du roi, à 
condition d’aller servir en Guyenne avec le comte de Joigny, 
son frère, sous la conduite du duc de Bourgogne. Jean de 
Noyers-Rimaucourt mourut en 1412, laissant de Jeanne de 
Joinville une postérité qui lui survécut peu, et pour laquelle 
on peut consulter, soit le Père Anselme, soit notre tableau 
généalogique. 


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CHAPITRE XIX 


BRANCHES DIVERSES DE LA FAMILLE DE NOYERS. — LES 
BEUGNOT DE SENEVOY. — LES NOYERS- MAIS Y. — JEAN DE 
NOYERS ET MARGUERITE DE DÜRNAY. — MILE I DE NOYERS- 
MAISY, CAPITAINE DE CALAIS, SÉNÉCHAL DE BEAUCAIRE, 
GOUVERNEUR DE CALAIS, DE L’ARTOIS. 


(xiC-xv® siècles). 


On peut encore compter plusieurs branches de la 
maison de Noyers, que n'indiquent ni le père Anselme, ni 
les auteurs qui se sont occupés de cette famille. 

La plus ancienne est celle dont est le chef Rainard de 
Noyers, frère de Mile II, au xii® siècle, et dont descendent, 
selon toute apparence, les Beugnot de Senevoy en ligne 
directe. Les enfants de Rainard ont pris au xm c siècle les 
noms des terres qu’ils occupaient ; l’un des descendants 
prit le surnom de Beugnot, qui est resté à sa famille. On 
pourrait établir la filiation en comparant les précieuses 
chartes du cartulaire de Molême, monastère dont ils 
furent bienfaiteurs (1). 

il) On peut voir sur la maison de Senevoy une notice de 


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282 


LES SIRES DE NOYERS. 


Jean de Noyers, fils de Mile VIII et d’Alixant d’Etampes 
est le chef de la branche de Maisy, qui eut un certain 
éclat au xiv® siècle. 

Ce seigneur, qui était le deuxième fils de Mile, eut, 
dans le lot de partage de 1271 , le château et la seigneurie 
de Maisy, les terres de l’Auxerrois, les domaines de 
Chitry, Augy, Quenne, Courgis, Saint-Cyr, dont ses 
enfants furent ensuite seigneurs. Il est à croire que Jean 
de Noyers eut quelques démêlés avec son frère Mile IX, 
car il plaidait en 1 274 avec Erard de Lézinnes, évêque 
d’Auxerre, qui avait été du vivant de son père le média- 
teur de ce partage. 

Jean se rendit, en 1290, caution pour Jean de Chalon, 
comte d’Auxerre, son cousin, envers Louis, sire de Beau- 
jeu, pour partie de la dot constituée â Marguerite de 
Beaujeu, fiancée de ce comte. 

Jean de Noyers n’était encore qu’écuyer en 1275. Il 
épousa quelque temps après Marguerite de Durnay, qui 
lui apporta en dot une partie de la terre de Vendeuvre, 
mais qui ne prit après son veuvage que le titre de dame 
de Maisy. Ils vivaient ensemble en 1286, quand ils firent 
abandon à Agnès de Bragelonne de leurs droits sur les 
Jarries; en 1292, quand ils passent plusieurs actes comme 
seigneurs de Chitry ; en 4296, quand Jean vend à son 
neveu Mile X la bouteillerie de Bourgogne. Mais Mar- 
guerite de Durnay était veuve en 1300, lorsqu’elle 
affranchit du droit de main-morte une partie du village 
de Chitry, acte qui fut ratifié après sa mort, en 1308, 

M. Guérard, dans Y Annuaire de l’Yonne. Seulement cette 
généalogie, qui ne commence qu’au xm® siècle, ne remonte 
pas à l’origine des chefs de cette maison. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


283 


par ses quatre fils : Mile, Jean, Erard, Pierre et par sa 
fille Marguerite. 

Le dernier des fils, Pierre, fut chanoine de Verdun et 
eut en partage la terre de Courgis, dont il affranchit les 
habitants, en 1311. 

Mile I de Noyers, sire de Maisy, fut le plus illustre 
personnage de cette lignée, par les hautes fonctions dont 
il fut investi sous plusieurs règnes, et par son alliance 
avec l'une des premières et des plus puissantes familles 
du royaume ; il avait épousé Jeanne de Chatillon, der- 
nière fille du comte de Saint-Pol. 

11 reipplil d’abord les fonctions de capitaine de Calais 
de 1315 à 1319, et on ne confiait la garde de cette impor- 
tante place qu’à un guerrier brave et éprouvé. En 1320, 
il fut nommé sénéchal de Beaucaire. Pendant cette année, 
les Pastoureaux firent de grands dégâts dans le Langue- 
doc et donnaient la chasse aux juifs à Albi, à Toulouse, 
à Carcassonne, à Narbonne. 

Le pape, sur le bruit qui se répandit que ces révoltés 
s’avançaient sur Avignon, et qu’ils avaient projeté de 
s’emparer de cette ville où il résidait, écrivit le 29 juin à 
Mile de Noyers, sire de Maisy, pour le prier d’arrêter leur 
marche et d’empêchCr la réussite de leurs projets. On 
parvint à leur fermer les routes et à leur couper les 
vivres, de sorte qu’ils ne purent s’avancer au-delà de 
Carcassonne. Leurs bandes se dispersèrent et on leur fit 
beaucoup de victimes. On a encore de Mile de Noyers, 
sénéchal de Beaucaire, une ordonnance ou statut relati- 
vement au port d’armes, ordonnance qu’il rendit avec son 
conseil le 28 octobre 1320. Il soutint un procès contre le 
seigneur d’Alègre en Auvergne, prétendant que cette 
baronnie relevait de son gouvernement, mais un arrêt du 


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LES SIRES DE NOYERS. 


284 

parlement décida que la seigneurie d’Alègre relèverait 
du bailliage d’Auvergne. D’autres titres attestent encore 
plusieurs actes du sire de Maisy et prouvent qu’il fut à 
la fin de l’an 1321 remplacé par Gui Chevrier à la séné- 
chaussée de Beaucaire. 

A cette même époque, nous retrouvons Mile de Noyers 
capitaine de Calais, fonctions qu’il devait sans doute à 
son cousin Gaucher de Chatillon, connétable de France, 
alors lieutenant-général pour le roi dans le Calaisis. Mile 
usa en ce moment d’un procédé qui indisposa beaucoup 
le roi d’Angleterre contre les habitants de la ville et qui 
rendit les Anglais implacables contre eux. On avait alors 
reçu dans le port un grand vaisseau marchand génois. 
Le capitaine, qui le conduisait pour son conppte en Angle- 
terre, chargé de provisions de toute espèce, ayant été 
rencontré dans le Pas-de-Calais par un corsaire de cette 
ville, nommé Bérenger, fut forcé de se rendre après une 
légère défense. Le roi Edouard, informé de cette prise et 
étant avec la France sur le pied de paix, revendiqua ces 
marchandises comme lui étant destinées particulière- 
ment. Ni Mile de Noyers, ni Gaucher de Chêtillon, qui 
commandaient dans le pays, ne consentirent à s’en des- 
saisir. Edouard en écrivit au roi de France et ne put ni 
par ses instances ni par ses menaces en rien obtenir, car 
les réclamations furent encore faites sans résultat pen- 
dant le règne de son successeur. 

Pendant ces débats, Mile fut plusieurs fois envoyé en 
Angleterre, puis fut choisi pour conduire à Avignon, à 
Aiguemorte et à Marseille, en 1322, les officiers du roi 
qui y allaient. Philippe-de-Valois l’établit, en 1 328, gou- 
verneur de l’Artois et le combla de présents. Il lui fit 
don, en l’envoyant en Flandre, d’une somme de trois 


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LES SIRES DE NOYERS. 


285 


cents livres ; plus tard, il lui accordait la terre de Wailly 
en Artois, confisquée par Louis-le-Hutin, sur l’infortuné 
Enguerrand de Marigny. 

Enfin, en 1341, le roi lui accordait encore, ainsi qu’à 
Jeanne de Châtillon, sa femme, une rente de cent cin- 
quante livres sur son trésor. 

C’est sans doute le même Mile de Noyers qualifié de 
maître des requêtes de l’hôtel du roi, qui paraît dans une 
transaction enire Raoul, duc de Lorraine, Guy de Cha- 
tillon, seigneur de La Fère, et Marie de Lorraine, pour 
la succession du duc de Lorraine et d’Isabelle de Rumi- 
gny. Il mourut sans postérité en 1354. 

Il est à remarquer que Mile de Maisy, co -seigneur de 
Vendeuvre par sa mère, était propriétaire de cette sei- 
gneurie en même temps que Mile de Noyers, maréchal de 
France, son cousin et son homonyme, et que ses héritiers 
du même nom possédèrent cette terre en même temps que 
les sires de Joigny. Ces similitudes de noms dans les 
mêmes pays et à la même époque peuvent donner lieu à 
d’inévitables erreurs. 

Erard de Maisy et sa sœur Marguerite vendirent le 
château et une partie de Maisy au duc. de Bourgogne, en- 
1331, mais gardèrent cependant le nom de cette terre 
patrimoniale, ainsi que leurs descendants. 

Jeanne et Alix, filles d’Erard, étaient dames de Chitry 
à la fin du xiv e siècle, et accordèrent des immunités aux 
habitants, par des chartes conservées aux archives de 
l’Yonne. 

Nous ne rapporterons pas les faits épars que l’on 
trouve au sujet de la série des divers membres de cette 
famille, qu’il est parfois difficile de classer généalogique- 


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LES SIRES DE NOYERS. 


286 

ment, et dont nous avons omis un assez grand nombre 
dans notre tableau. 

On trouve encore, vers le milieu du xv® siècle, des des- 
cendants directs des Noyers, du nom de Maisy, qui traitent 
avec Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, au sujet de 
droits qu’ils possèdent dans ce village. Guillaume et Jean 
de Maisy prétendent alors que leur maison-forte de Maisy 
est en franc-aleu, ce qui est difficile à concilier avec la 
vente faite précédemment, en 1 331 . Plus tard encore, au 
xvi* et au xvn* siècle, le nom de Maisy apparaît souvent 
dans les titres de l’ancienne Bourgogne, mais est-ce la 
même famille ? C’est ce que nous ignorons. 

L’inventaire des titres de Nevers, par l’abbé de Ma- 
rolles, conservé à la bibliothèque de Paris, mentionne au 
quinzième siècle un membre de cette famille dont nous 
ne connaissons pas l’origine. En 1443, Charles de Noyers, 
seigneur de Moncornet, Wastefald et Lignay-le-Petit, 
ainsi que Jeanne de Murchain, sa femme, vendent au 
comte de Nevers et de Réthel, la terre et seigneurie de 
Montcornet, en Picardie, moyennant une rente de deux 
cents livres tournois. 


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SCEAUX ET ARMOIRIES 


DGS SIRES DE NOYERS 


Les premiers sires de Noyers dont les sceaux nous ont 
été conservés, portaient sur leur écu un donjon avec 
enceinte crénelée. Tel est du moins le contre-sceau dont se 
servait Clérembaud de Noyers, qui avait fait construire 
une muraille solide autour de son donjon avant de partir 
pour la croisade (1186). 

Après les constructions considérables qui furent faites 
au château par Hugues de Noyers, évêque d’Auxerre, 
qui prit une grande part aux travaux de sa cathédrale, 
Mile VII, fier d'un aussi somptueux manoir, adopta pour 
armes un château à trois tours (1211). 

Et ce qui prouve que la transmission des armoiries ne 
se faisait pas d’une manière aussi invariable qu’on a bien 
voulu le dire, ou que du moins les règles de l’art héral- 
dique, non encore fixées, laissaient un peu le champ 
libre à la fantaisie de chaque possesseur de fief, c’est que 
Mile VIII, fils et héritier de Mile VII, portait sur l’écu de 
son sceau équestre et sur le harnachement de son cheval 


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288 


LES SIRES DE NOYERS. 


un lion passant. Il est vrai que son contre-sceau portait 
un donjon avec enceinte fortifiée (1263). 

Mile IX est le premier qui adopta V aigle aux ailes 
éployées pour armes. Mais cela tient à ce qu’ayant été 
armé chevalier et marié avec Marie de Chatillon, dame 
de Créci, il fut obligé de prendre, du vivant de son père, 
des armes différentes des siennes (1271). 

Depuis lors, ce blason devient celui de la famille et ne 
fut plus changé. Le maréchal de Noyers portail : d’azur à 
l’aigle d’or, avec le cri d’armes : Noyers. Ses enfants 
eurent les mêmes armoiries. 

Jean de Noyers, comte de Joigny, gouverneur de Bour- 
gogne, troisième fils du maréchal, portait le même blason 
et avait, en 1368, renoncé aux armes des sires de Joigny, 
auxquelles il avait droit par suite de la possession du 
comté de Joigny, et dont il avait gratifié son fidèle servi- 
teur et sergent d’armes : Etienne Porcher, ainsi que le 
constatent plusieurs chartes insérées dans un rare et 
curieux volume de notre collection. 

Ces armes des anciens sires de Joigny étaient égale- 
ment l’aigle aux ailes éployées comme celles des Noyers, 
mais avec des émaux différents. Les Joigny portaient : 
de gueules à l’aigle d’argent armé et bequeté d’or. 

Nous n’avons pas rencontré les sceaux des sires de 
Maisy, de Rimaucourt et des autres branches de la maison 
de Noyers et nous ne pouvons en parler. 

Voici maintenant les sceaux des divers sires de Noyers 
représentés 'dans les planches ci-contre : 

1° Clérembaud de Noyers (1174-lf96). 

Sceau rond de 60 mill. — équestre. 

jr SIGILLVM : CLAREMBAVDI : NOERTARVM. 


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Sceau de Miles X de "Nojers, Maréchal de. France 
( 1330 ) 


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LES SIRES DE NOYERS. 


289 


2° Hugues de Noyers, évêque d’Auxerre (1183-1206). 

Sceau ogival : 

f SIGILLVM : hvgonis : DEI : GRATIA : avtissiodorbnsis : 
EPISCOPI. 

Contre-sceau : 

Tête antique , avec légende illisible. 

3® Mile VII, en 1211. 

+ SIG DE NOERS. 

Contre-sceau : 

Donjon avec enceinte crénelée : + noerivm. 

4° Mile VIII (1231-1273). 

Sceau équestre, aux armes : lion passant sur l’écu et sur 
le harnachement du cheval, casque carré. 

Légende : sigillvm : domini : milonis : de noeriis. 
Contre-sceau : Qliâteau à trois tours . 

.> Mile IX (1271-1291). 

Sceau équestre aux armes : V aigle aux ailes éployées , 
sur l’écu et sur le harnachement du cheval — cimier 
sur le casque. Dans le champ : une quintefeuille, une 
fleur de lys et une étoile. 

Légende : + s. milonis : filii : dni : noeriorvm militis. 
Contre-sceau : écu à Vaigle. 

6° Marie de Chatillon, dame de Crécy , femme de Mile IX 
(1271-1296). 

Sceau ogival : Dame debout, en robe armoiriée d’une 
grande aigle, dont la queue se termine en fleurs de 
lys ; manteau vairé aux armes des Châtillon ; coiffure 
carrée à mentonnière : mains gantées, l’une à l’attache 
du manteau, l’autre tenant un oiseau. 

Légende 2 + marie : de : gresci : dame : de : noiers. 
Contre-sceau : Vaigle . 

SECRETVM : MARIE. 

7° Mile X, le maréchal (1291-1350). 

Sceau équestre : V Aigle sur l’écu, cavalier couvert d’une 
Sc.hist. 19 


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m 


LES SIRES DE NOYERS. 


cotte de maille et d’une robe par dessus. Cheval entiè- 
rement caparaçonné d’une cotte de maille. 

Légende : + sigillvm : milonis : domini : noeriorvm : 

MILITIS. 

8° Gaucher de Noyers, vidame d’Amiens, deuxième fils du 
maréchal, portait également V Aigle comme on le voit 
dans un sceau de Marguerite de Picquigny, sa femme, 
conservé aux archives de la Somme, et appendu à une 
charte de 13315. 

9° Mile de Noyers, comte de Joigny (1272). 

Sceau équestre fort beau : aigles sur l’écu et le harnache- 
ment du cheval. — Casque avec cimier. Dans le champ, 
encadrements de croix et de quintefeuilles. 

Exergue : scel ; de : mile : de : noyers : chevallier : 
conte : de : joigny. 

Nous possédons ces sceaux, et nous les avons fait 
mouler ainsi que beaucoup d’autres que nous ne pouvons 
tous donner dans ce travail ; car un grand nombre appar- 
tenaient aux vassaux des sires de Noyers et ne sont pas 
des sceaux équestres. 

Nous donnons également dans une planche les armoi^ 
ries primitives des principales familles alliées à celle de 
Noyers : 

Brienne. — D'azwr an lion d'or semé de billettes de même . 
Chappes. — - Une croix . — Emaux inconnus. (Sceau de Gui de 
Ghappes, 1220). 

Mont-Saint-Jean. — De gneules à trois écussons d'argent . — 
C’était aussi l’écu des Charny, descendant des Mont-Saint- 
Jean. 

Des Barres. — Croix ancrée . — Emaux inconnus. (Sceau de 
Jean des Barres, 1213). 

Courtenay. — D'or à trois tourteaux de gvœules . 

Vergy. — De gueules à trois roses ou quintefeuilles d'or. 

Joigny. — De gueules à l'aigle d'argent. Jean de Noyers, comte 


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LES SIRES DE NOYERS. 291 

de Joigny, gouverneur de Bourgogne, abandonna ce blason 
pour adopter celui de sa famille : d'azur à Vaigle d'or. 

Chàtillon. — De gueules à trois pals de vair , au chef d'oi\ 

Planci. — Un miré et une cotice de gueules. 

Thianges. — D'argent à trois roses de gueules. 

Joinville. — D'azur à trois broies d'or liées de gueules , au chef 
d'argent chargé d'un lion naissant de gueules. 

Picquigny. — Fascé d'argent et d'azur de six pièces à la bordure 
de gueules. 

C’est à tort que le P. Duchesne indique des roses dans les 
armes de cette famille. Les sceaux primitifs conservés aux 
archives de la Somme ne donnent pas cette variation, qui 
n’aura été adoptée que par une branche cadette. (Maison de 
Châtillon-sur-Marne. Paris, Cramoisy, 1621). 

Le maréchal de Noyers eut trois femmes, trois Jeanne • 

Jeanne de Rumigny, dame de Montcornet, portait : de 
gueules au lion d'or couronné d'argent. 

Jeanne de Flandre-Dampierre, dame de Saint-Dizier, portait : 

d'or au lion de sable, au lambel de gueules de cinq pendants - 
Jeanne de Montbéliard, dame d’Anligny, portait : de 
gueules à deux barbeaux d'or adossés. 


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PIÈCES JUSTIFICATIVES 


I 

Réparations faites au châ teau de Noyers, d'après les comptes 

de cette châtellenie aux archives de la Côte-d’Or, B. 5521 

à B. 5554. 

B . 8521. — (1355-1356.) — Réparation du chemin de voitures 
derrière les murs du chastel. — On refait 49 toises ès murs 
derrière le chasteau. — On bouche plusieurs fenêtres de la 
garde-robe de la chambre de Madame. — Fagots mis sur les murs 
du château. — 9 serrures pour le château et les portes de la ville. 
— Gibet et petit gibet auxquels on met 4 colonnes. 

B. 5522 — (1356-1357.) — On cimente les chenez de pierre 
qui sont devers la citerne dou chastel. — On refait les murs de 
la forterese dou bourg de Noyers par moitié entre le seygneur et 
les habitans. — On fond la petite cloche du château. — 25 
toises de corde pour la clochette de la porte du château. 

B. 5822 (bis). — (1357-1358.) — Corde de chanvre pour la 
citerne de château. — On bouche les pertuis des greniers du 
château au froment et à l’orge. — Affaitier la tour aux Prison- 
niers devers la porte du pont. — 320 charretées de bois pour 
Postel de Monseigneur. 

B. 5825. — (1392-1393.) — Tour du Belle, habitée par 
Guynot le chaucier, chargé de curer le colemier (colombier). — » 
Missions pour ouvrages et réfections. — Façon d’une chambre 
pour Madamiselle. — Récouvrir la chapelle de Monseigneur. — 
Abattre la cloche de St-Nicolas qui était en péril de choir et la 
remettre en son lieu. 

— (1 419.) — Oratoire de la chapelle. — La chambre de Jeanne 
de Noyers, décédée. — La grande chambre était située entre une 


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LES SIRES DE NOYERS. 293 

chambre basse et une au-dessus. — Chambre de l’artillerie, sise 
à côté de la vinée. 

B. $$24- — (1419-1420.) — Tour du colombier sur les murs 
de Noyers, habitée par Guillaume des Granges et louée ensuite 
par P. Fromageot. — Grands greniers du chastel sur la grande 
voûte. — 78 toises de râteliers au Belle du chastel. — Eschiffe 
au Belle du côté de la rue des Moulins. — Foyer dans l’eschiffe 
pour chauffer les gaittes. — Refait la planchotte du pont-levis 
par devers l’église, dans le bourg. — Il y avait un portier à la 
première porte. 

B. $32$. — (1420-1421.) — Maçons, couvreurs et char- 
pentiers du 23 avril au 1 er mai — Travaux généraux. 

B. 3326. — (1421.) — La vinée ci-dessus indiquée était un 
appentis. — Auditoire en bois fait à la halle de Noyers, où le 
bailli et le prévôt tiennent leurs jours. — On refait à neuf la 
coiffe de la grosse tour du donjon du château, et en chaque pan 
d’icelle une lucarne saillant hors des murs, et au-dessus une 
bonne lanterne à faire le guet par jour. — On refait la charpente 
de la tour au Cornart par laquelle on va ès grans vergiers. — On 
refait la charpenterie d’une tour devant la dite grosse tour. — 
Fait à neuf la grange du château. — La tuilerie était près 
du château au champ de Froide-Fontaine. — Réparé le colombier 
de la basse-cour, la charpente dessus la chambre près de la 
tour carrée où gisoit M ,,e de Noyers. — Réparé les avant-logis 
devant i’ostel où le capitaine tient sa demeurance. — Charpente 
de la forge du château. — Pont-levis par lequel on entre aux 
grans vergiers. — Travaux de maçonnerie considérables, faits 
par Jean et Milot frères, maçons à Noyers, consistant en répa- 
rations. — Travaux de serrurerie. 

B. 3327. — ( 1 422 .) — Portier de la première porte du château 
et portier de la dernière porte, 4 francs par an. — On fait toute 
l’année guet et garde sur les grans murs du chastel. — Fait les 
cintres de certains arnoux au donjon. — Pavé l’un des soliers de 
la grosse tour. — Pavé les petites étables du Belle. — Madame 
refait des maisons en son donjon. — Chambre du château pavée 
de carreaux de sa nouvelle tuilerie, la dite chambre près de la 
tour carrrée, où mademoiselle dé Noyers tenoit sa démorance. 

B . 3328. — (1423.) — 80 pierres de canon que grosses que 
petites, faites hâtivement pour la défense de la place de Noyers. 
— Sales, garde robes, chambre et retrays faits au donjon du 
chastel. — 3 belles lucarnes, l’une sur la sale et les deux 
autres sur les chambres à côté. — Pan de bois au bout de la 
chambre de Champagne qui est au donjon près de la dite sale . 


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294 


LES SIRES DE NOYERS. 


— Galandis de bois sur la tour au Merle pour la défendre, et la 
porte de derrière du chastel. — Etabli deux belles barrières 
fermant à clé, l’une devant la porte derrière le chastel, l’autre 
devant la dite porte. Plus une barrière volant devant la dite pre- 
mière barrière, joignant les murs des grans vergiers du chastel. 

— Porte neuve sous la tour au Cornart. — Grande arche de 
Chambry en la grande cave du château pour saler venoison et 
lars. — porte neuve sous la tour au Cornart par laquelle on 
entre ès grans vergiers. — Pris des tuiles de deux vieilles tours 
des grans vergers, pour couvrir sur les tours au Cornart et 
Regnart. 

B. 5529. — (1424.) — Couverture en tuiles de la grosse tour 
du château, réparée. 

B. 5550. — (1426.) — Travaux de charpenterie à deux 
tours ronds qui sont ès grans vergiers du chastel, faisant coinz 
Tune et l’autre des dits vergiers. — Couvertures d’aissy de 3 
grosses tours dont les deux ont été faites présentement de char- 
penterie. — Chambrillé bien honorablement la salle du donjon 
du château,' la chambre de Champagne, une garde-robe qui est 
devant la grange, servant à une notable chambre au bout de la 
dite salle, tout du chambry qui avoit naguère esté foit au 
chastel. — Clous employés ès tours des grans vergiers et sur la 
couverture de la tour du Lardier, vers la sale du chastel, en 2 
lucarnes. — Couverture d’une chambre au bout de la grant sale 
du chastel et des degrez de la chapelle au bout de la dite sale. 

B. 5551 . — (1428). — Construction en charpente sur la porte 
du pont-levis du Belle du chasteau de Noyers, en manière d’un 
pavillon et portant les chevrons tout entour la maçonnerie pour 
couvrir icelle. Fait le pont levis et le pont-dormant du dit Belle 
et la porte devant le pont-levis. - Recouvert 3 grosses tours, de 
celles qui sont ès grans vergiers du chastel. — A un bourgeois 
d'Auxerre 50 liv. dont 40 pour 1 mille de plonc en table pour les 
ouvrages du chastel et 10 liv. pour la façon de 20 bannerettes 
d’arain, une de 2 pieds 1]2, 5 de 1 pied 1]2 et les autres chacune 
2 pieds ondoyée comme il appartient pour les plombeaux des 
tours du dit chastel. — A Philippon, le paintre, demeurant 
à Auxerre, 18 liv. pour avoir paintes de bon or et azivr 
aux armes de Monseigneur, les 20 bannières dessus, et 7 liv. 
pour un escu de pierre de 4 pieds de hault et 2 de large, 
paint de bon or et azur et taillé aux dites armes, ouquel 
escu a deux petits lyons qui tiennent le dit escu et sur le 
dit escu ung timbre et sur le dit timbre une fleur de lis, 
lequel escu est dessus la porte devant du Belle du chastel. — 
115 charretées de pierre pour les travaux. — Travaux de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


295 

maçonnerie et charpente. — La perrière de Frétoy fournit 100 
bons blocs de pierre le moindre de 2 p. que Ton met en œuvre 
tant aux fausses brayes qu’au Belle. — 2 cordes pour la cloche 
du guet que l’on sonne par nuit contenant 100 toises, 40 toises 
pour sonner une petite clochette pour le portier d’arrier. — 
Troussières pour chaflauder. — Jean Gauthier, huchier à 
Auxerre, fait 2 grosses portes bien enfoncées, l’une en la porte 
devant vers les moulins de la Rue, — et l’autre en la porte 
devant la Rue de Yenoise. — 40 toises de petites tables de 
pierre mises sur le grand pan de mur tenant à la porte darrier 
dur dit chastel et abotissant à la porte du milieu d’icelui. — Plu- 
sieurs ouvrages de serrurerie tant au chastel qu’au pont-levis 
de la porte painte. — Certificat de Jean de Saulx conservateur de 
Monseigneur et visiteurs des ouvraiges des forteresses et maisons 
estant ès duché, constatant que ces travaux sont bien faits et 
parfaits. 

B. 3332. — (1429.)— Jean deSaux, visiteur des chasteaux, mai- 
sons et forteresses du duché, ordonne des réparations au château 
de Noyers. — Un plombeur de Chaumont en Bassigny plombe 7 
grans plombeaux de bois, 3 sur la grosse tour, 3 dessus les sales et 
chambres du donjon devant la dite tour, et l’autre sur la tour 
devant le Belle. — Couverture sur la tour au Merle et sur les 
grands greniers du chasteau. — Une chapelle nommée Cartulaire , 
tenant aux greniers, la cuisine du donjon devant le dit cartulaire, 
emprès la cyterne et les petitz murs de garde-folz des grans murs 
d’illec — dès la tour au Merle jusques à la tour au Cornai t, le 
tout couvert en lave. 

B . 3333. — (1430.) — Maçons maçonnnent à l’entour un 
grand crot fait naguère devant la porte du milieu du château 
pour mettre dessus un pont-levis. — Pour hausser un pan de 
murs près la grosse tour quarrée du côté de l’ostel du bailli, 
d’environ une toise et demie de haut pour y mettre une charpen- 
terie en manière de galerie pour double de l’eschièle. — Bouché 
des fenestres en la dite tour carrée. — Râteler de douves, de 
vaisseaux, cloies, espines et rateaux les murs dessus la grange 
du château. — Maçonné les huis des tours des fausses brayes 
pour la sûreté du château. — 2 couleuvrines pesant 63 livres de 
fer faites l’an précédent pour mettre en l’artillerie du château. 

B. 3334. — (1432.) — Réparation de l’un des tuyaux de la 
cheminée de la grande salle du château qui était ronde « et moult 
ault, et cheoit par ferre ». — Façon par dehors de.la chapelle du 
chastel de Noyers jusque à la tour du Cornart une haye d’espine 
de bons pieus de cinq pieds de ault pour doubte d’aproucher les 
murs pour escbiller. — Recouvert la tour quarrée dessus la porte 


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LES SIRES DE NOYERS. 


du Belle du chastel. — Pour 20 toises de corde dont furent 
pendues en certain lieu autour led. chastel plusieurs sonnailles 
de vaiches pourdoubte des ennemis. 

B. 3339. — (1454.) — Réparé le toit de l’église St-Nicolas- 
du-Bourg de Noyers par devers le paty et celui d’une autre cha- 
pelle appelée St Nicolas-le-Viel du coté de la ville, lesq. églises 
sont les chapelles de Monseigneur. — Placé une corde neuve en la 
lanterne de la grosse Tour du château de Noyers et attachée à la 
cloche d’icelle pour le guet. — Autres cordes pour la cloche de 
la chapelle de St-Georges aud. chateau. 

B. 3340. — (1456.) — Descentede deux cloches de la chapelle de 
St-Nicolas-le-Viel devant la belle croix et réparé les aissitz. — 
Réparé l’une des maisons de la maladerie derrière la chapelle 
d’icelle. 

B . 3342. — (1460.) — Grandes réparations au château. — 
A la porte de l’auditoire où tient ses assises Mgr le bailly. — 
En la salle de la demeurance du lieutenant. — Achats de corde 
pour servir au gros pois de Mgr auquel l’on poise les marchan- 
dises. — Rodot, charpentier, fait les balances pour led. gros 
pois. — Tiré de la terre blanche pour terrer le plancher de la 
chambre de Madamoiselle, la q. chambre estoit cheute et 
effondrée. — Deux voitures de tables de pierre d’Arton pour 
paver la chambre de Madamoiselle. — Réparation par Perreau 
Hyderelz, artilleur à Dijon, de 6 arbalestes d’acier, 3guindaulz et 
futz de traits. — Pour amener le gros veuglaire qui étoit au 
chastel, en la ville chez le serrurier. — Nettoyer la citerne du 
chastel. — Couvrir les alées des grans murs du chastel en char- 
penterie, attenant la tour au Cornart et la tour au Merle. — 
Couverture en lave sur la charpenterie des allées des grans 
murs. 

B. 3343. — (1469.) — Nomination de portiers pour les portes 
de devant et de derrière du chastel. 

B. 3346. — (1469-1470.) — Travaux au château. — Recou- 
vert de pierres de taille le boulevart devant le Belle du chastel 
d’un pied par dehors et refait les petites canonnières dedans les 
créneaux du d. boulevart pour jeter engins. — Refait les 
créneaux du d. boulevard et entre deux canonnières ung 
creneaul. — Fait les pertuis au mur pour planter crampons pour 
pendre les barbacanes. — Réparé les degrés dedans la tour de 
VOblye , le mur entre la tour à l’Obiye et la tour au Merle. — 
Muré les portes du verger de mur à sec et la porte du milieu du 
chastel en telle hauteur qu’elle se comporte, pour les dangiers et 
doubte qui sont à présent. — Fait 6 canonnières en divers 


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LES SIRES DE NOYERS. 


297 

endroits. — Fait au plus haut de la tour de YOblier un plancher 
de bois garni de quatre grosses poutres et de solives jointisses 
pour la défense du chateau. — Eschiffe fait de nouvel prés de la 
Chapelles St-Georges. — Mis à point les gros veuglaires et trois 
canons estant au d. chastel. — Monté 15 arbalestes, cinq 
d’acier et 7 de bois et icelles fournies de carcois, de fustz, de 
trait, de cordes et de fausses cordes, — Achat d’un petit canon 
mis en l’artillerie du chateau. — Façon de tourteaux de faloz 
pour alumer la nuyt en faisant le guet au chateau. 

B . $$47. — (1474-1475.) — Réparation au foulon à draps assis 
près du moulin deClavisy. — Recouvert à neuf la maison du Car- 
hilaire du chastel de Noyers,. — Façon d’une porte à double voûte 
devant la porte des Grans Vergiers. — On établit un pont-levis 
sur le fossé du Boulevard. — On fonde une tour dans les vignes 
à façon de fer à cheval, qui tient au boulevard — cette tour a 9 
pieds dans œuvre, avec 7 canonières à diverses hauteurs. — On 
fait trois canonières, l’une dans la chambre au Lyon, l'autre en 
la chambre du portier devant, et Tartre ès retraits de la chambre 
de Mademoiselle. 

B. $$48. — (1475*1476.) — Amodiation de la grange de la 
Vesvre , près de Noyers. — Amodiation des fossés estant à 
l’entour delà muraille de Noyers, à charge d’entretien des fossés. 

B. $$$0. — (1479-4480.) — On fait une charpenterie de gros 
bois esquarré d’une prison qu’on a convenu faire à barres per- 
dus pour mettre les prisonniers que le gouverneur de Bourg 
envoie à G. de Halescourt, capitaine du chateau. — Façon d’une 
huis en la fosse de la grosse tour pour mettre les prisonniers. — 
Le gouverneur de Bourg vient à Noyers. Grosses dépenses à cette 
occasion. 

B. $$61. — (1485). — Travaux au-dessus de la voûte de la 
chapelle St-Georges, qui avoit esté brûlée. 

B. $991. — (1491.) — Reconstruction du pont-levis de la 
porte du pont de Noyers, lequel est à la charge du Roy. 


II. 

1225. 

Lectres de l’eschange de la ville de Causain desouz Avalon 
gui doit movoir dou fié mon seigneur , et la tiennent 
Cil de Grésigny. 

Ego Johannes, cornes Carnotensis, Montis-Mirelli et Oysiaci 


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LES SIRES DE NOYERS. 


298 

dominus, Notum facio presentibus et futuris quod Elisabeth, 
filia domini Villiani de Nuilliaco, soror Milonis, domini Noerii, 
karis8ima consanguinea mea, quictavit dicto fratri suo Miloni, 
domino Noerii, consanguinis meo karissimo, quicquid ipsa 
habebat juris in terra de Bria, quemovebatde capite matris sue 
que de feodo meo est. Et propter banc quictacionem dictus Milo 
dédit in eschangium eidem Elisabeth quicquid idem Milo habebat 
in villa de Gosain, scilicet in Castelaria de Avalone, exceptis 
hominibus qui sunt in Castro Avalonis, qui habent hereditagia sua 
in villa de Cosain et in finagiode Cosain. Ego, autem, ad peticio- 
nem karissime consanguinee mee predicte Elisabeth, présentes 
litteras fleri feci, sigilli mei munimine roboravi. 

Actum anno gracie millesimo ducentesimo vicesirao quinto. 

(Archives de la Côte-d'Or, Chambre des Comptes, B. 10471 

III. 

1247, Août. 

Aveu de Maisy par le sire de Noyers. 

Ego Milo, dominus Noeriorum, notum facio omnibus présentes 
litteras inspecturis, quod cum ego villam de Masseio teneam in 
feodum casamentum ligium, ab illustri vivro et domino meo karis- 
simo Hugone, duce Burgundie, et ibi quandam fortem domum 
edificaverim : Ego illam domum fortem, et mei heredes similiter 
tenemus et debemus tenere et dicto Duce et suis heredibus, 
jurabilem et reddibitem contra omnes, ad magnam vim et ad 
parvam. In cujus rei testimonium, sigillum meum presentibus 
apposui. Actum anno Domini millesimo ducentesimo quadrage- 
simo septimo, mense augusto. 

Armes de Miles : un lévrier — et au contre-sceau : une 
grande tour jointe à deux plus petites. 

(Archives de la Côte d’Or, Titres de Noyers.) 


IV. 

1251. 

Lettres de l'acort fait entre Morlseiyneuv de Noyers et 
Monseigneur Guillaume de Borbon, seigneur de Breçay . 

Je Guillaume de Borbon, sires de Beçay, et je Miles, sires de 
Noyers, façons savoir à tous cels qui verront ces lettres que 


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LES SIRES DE NOYERS. 


299 


con descorde fust entre nous por la raisum des mobles et des 
conquez et des detes que mes sires de Noyers demandoit par lou 
bail Jahannet, lou fils mon seignor Odom des Barres, qui li esloit 
avenuz cnsin, comme il dissoit, par chicf de sa feme qui suer 
geormaigne fu au devant dit Odom. Et sur ceux que mes sires 
Guillaume de Borbon avoit hau à feme la mère dou dist Jahannet 
dont il ha dousa nfanz, et per ceux que mes sires Guillaume 
voloit avoir sa raisum des mobles et des conquez et des detes 
selon leshuz elles coutumes dou paiz ou les choses sieent, por 
quoi sil Guillaume ne voloit pas délivrer les choses devant dites 
au dit Milon jusques à tant que icil Milon le haust paiie ou a 
saurée la dete qui seroit provée et atainte selonc les hus et les 
costumes dou paiis à paier por tel partie comme il doit] penre 
aus choses devant dites : les quex choses mes sires Miles de 
Noyers li aploiga jusque à mil livres et comme les devant dites 
parties haussant jor à Nevers lou vendredi devant pasques flories 
de paix, et il ne possant acorder: à la perfin por lou consoil 
de bones gens, il se meirent en misse, ceu aut à savoir par mon 
seigneur de Noicrs, mes sires Râlions de Thori et por mon 
seignor Guillame de Borbon mes sires Guis de la Faie, et mes sires 
Guys de Dampierre por des us qui devient lors dit en telle 
menière que mes sires Guillaume de Beçay paiera toz. les detes 
que mes sires Odes des Barres et la dame de bois Roserain et mes 
sires Guillaume de Borbon avoientfait, et que du jor que le dame 
ala de vie à mort, sauf ceu que mes sires Miles paiera de cest 
dete à Thomas Petit sis cent livres de tornois et es autres plus 
besoignons detes, dous cent livres de fort de Nevers, por lou 
régart mon seignor Rahon de Thori, et mon seignor Guion de la 
Faie, et à mon seignor Guillaume de Borbon remindra tôt li 
mobles quil en ha por ce delà terre à la Dame. Et tout li mo- 
bles de son paiis , et toz li conquez que li esté faiz en son 
paiis Et se il avenoit que por la défaute de mon seignor 
de Beçay de paier lou dete, mes sires Miles encoroit aucuns 
domaiges en la terre audit Johannet, mes sires Guillaume li doit 
sodre entièrement sus sa terre et sus ses biens ; et se il avenoit 
que por la défaute mon seignor Guillaume aucung gaygast en la 
terre Jahannet ou en la mon seignor Miles, mes sires Milon lou 
doit faire à savoir à Beçay en la maison mon seignor Guillaume, 
à lui ou à son commandement, et des iqui en avant li domaige 
seroient sor mon seignor Guillaume. Et fu acordé que mes sires 
Miles aura tout lou moble qui est en la terre au dit Jahanet et tout 
lou dete que Ten li devoit por chief de la dame de Bois Roserain 
et de sun père; et li remaindront tuit li conquest qui ont esté fait 
en la terre lou dit Jahannet. Et se il avenoit que mes sires Guil- 
laume fust gaigiez por les dites huyt cens livresque mes sires Miles 


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300 


LES SIRES DE NOYERS. 


doit paiier, mes sires Guillaume lou doit faire à savoir à mon 
seignor Milon ou à sun commandement à Bois Roserain ; et des 
qui en avant li domaiges seroit sor mon seignor Milon. Et mes- 
siresGuillaume doit envier ses letres pendant ou aler au seignors 
des fiez que por chiefde luy n’empoechent mie labesoignc mon- 
seignor Milon que il ha en ces choses, et que il lou reçoivent à 
home par la raisum dou bail de Jahannet, et se il avenoit que 
mes sires Guillaume ne tenesant ces choses ensint comment 
eles sunt dites, mes sires Rahons de Thori et mes sires Guys de 
la Faye lou doivent faire savoir à mon seignor Guyon de Dom- 
pierre qui est tenuz à gavgier les ploiges ù celui qui défaudroit. 
Et ces choses dites furent asegurées à tenir de l’une partie ou de 
'autre jusque à mil livres, et furent ploiges por mon seignor 
Guillaume de Borbon, mes sires Henris de Sueli, mes sires Huèdes 
de Sueli, mes sires Arnoux Chauderons, sires de la Ferté, et mes 
sires Guillaume de la Palisse ; por mon seignor Milon de Noiers, 
furent ploiges, mes sires Robert de Tanlay, mes sires Gauchiers 
Bridaigne, mes sires Guillaume Darce et mes sires Jahans de 
Châtiaulx-Nuef. Et ceu est à savoir que chascune de ces ploiges 
desus nommées est ploige de la quarte partie de mil livres, et 
dou défaut, et les ploiges de la misse tenir des parties furent 
misses en la main de mon seignor Guyon de Dampierre les quex 
ploiges de la partie mon seignor Milon de Noiers doivent tenir 
liostaiges à Auxeurre, à la quinzaine que il en seront requis de 
Monseigneur Guyon de Dampierre, et les ploiges de mon seigneur 
Guillaume de Borbon doivent tenir hostaiges à Nevers, à la quin- 
zaine que ils en seront requis d’ou devant dit Guyon. Et cest à 
savoir que li diz Jahannet et li anfans que mes sires Guillaumes 
hot de la mère de celui Jahannet ne perdent los raisums ce los 
hériétaiges es huz et es costumes dou paiis où il sieent por chicf 
de la midse. 

Et en confermement de cesle chose, je, Guillaume de Borbon, 
sires de Beçay, et je Miles, sires de Noiers, avons miz noz seaus 
en ces letres. Et ceu fu fait à Nevers, la vegile de Pasques flories 
en Fan de la incarnation nostre seignor, mil et dou cens et 
cinquante et un. 

Il ne reste que le sceau de Guillaume de Borbon, représentant un lion 
avec un lambel à quatre pendants, sur un fond qui parait être semé de 
fleurs de lis. 

(Archives delà Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 1272.) 


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LES SIRES DE NOYERS. 


301 


V. 

1260. 

Accord entre Jeannet des Barres et Mile, sire de Noyers. 

sire de Foux-Marcigny, façons à savoir 

à tous celx qui verront ces présentes lettres que cex .... 

. . . faites par devant nos de Milon seigneur de Noiers et 

de Jahannet des Barres, par devant notre seigneur .... 

. . . Liguières, par devant notre seigneur Hugon, seigneur 

de Saint-Varain, par devant mon seigneur Guillaume des Barres 
que li sires de Noiers ha rendue à Jahannet des Barres sa terre 
qu’il tenoitde bail en quelquionque leu que se soit, sauf ceux que 
tuit mobles sunt au seigneur de Noiers des années trespassées, 
soit blés, soit vins, soient deniers, et toutes vendues de bois qui 
hont esté faites soit au seigneur de Noiers jusques à la quinzaisne 
de Pasques qui viegent, en quelquionques leu que la vendue dou 
bois ha esté faite ettuitd’autremoble.Et li sires de Noiersdoit tenir 
la terre qui muet dou Roi jusque à XXI an, se li us pou pais la 
porte, et Jahannet est tenuz à garantir les vendues des bois 
jusques au terme dessus nommé, et à la requeste des parties. 

Nos avons pendu nostre seaul en ces présentes letres. Ceu fut 
fait en l’an de la incarnacion notre seigneur, mil deux cens 
et soixante, lou luendi après les huitaves de la Saint-Martin de 
esté. 

(Archives de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 1272.) 

VI. 

1292. 

Le partaige de Monseigneur et de Madame sa Mère fait ou 
temps quil estoit escuier . 

A tous ces qui verront et orront ces présentes lettres. Nous 
Marie de Créci, dame de Noyers, et je Miles ses filz, sires de ce 
meesme chastel, escuyers , Taisons à savoir que nous de noz 
assentemens et de noz bonnes volentez somes parti et devisié, et 
nous tenons por parti et devisie, de tous noz biens que nous 
haviens communs en la forme et en la menière qui sansuit. Cest 
à savoir : que li diz Miles mes ûlz ha et prent le chastel de 
Noyers par raison de ainneeté davantaige. Après, ha et prent par 
raison de partaige, pour li et en non de li et de Elixant sa suer, 


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302 


LES SIRES DE NOYERS. 


ie bourc de Noyers et les deux rues de fors le dit bourc ; c’est à 
savoir : la rue de Vennoyse, la rue des Molins avec toutes les 
rentes qui ci desouz sansuigant ; c’est à savoir : les abonemens 
de Noyers, la prévosté, les tierces, les cens, la riviere dès le 
molin de Montet etdes esclu3es dou dit molin en amont, les pres- 
sors, le vergier desouz Noicrs, la moitié de la paisson des bois, 
les molins de la rue et la pescherie des diz molins, les prez dès 
les forches de Noyers en amont par devers Noiers et le pré desouz 
les dites forches ; la vigne de la plente et la vigne qui fu au 
Béguin, les abonnemens des avoinnes de Noiers ; les fossés et les 
sauveors d’antor Noiers, et toutes les autres rentres de dedenz le 
bourc de Noiers et des deux rues, excepté le four de Noiers. 
Après, il ha et prent les villes de Courz, de Noyers la ville et de 
Clavisi, et toutes les rentes et des proliz des dites viles. Après, il 
ha et prent la moitié de tous les bois qui ont esté cospé de 
mémoire d’ome, et toutes les hautes foresz qui n’ont pas esté 
coppées de mémoire d’orne, esquex je, Marie dame de Noiers 
desus dite, ne doi riens prandre par raison de doaire se n’est par 
raison de mon propre hus et de mesescovoirs, soit en pasturaiges 
ou en autres aisances, et sauf à moi la moitié de la glan des diz 
bois. Après, li diz Miles ha et prent touz les lieiz des allues de 
Noiers ; quant à foi et à servise, et quant au profiz des diz fteiz, 
Madame ma mère il retient son droit, se point en i a. Après, 
Madame ma mère ha et prent, premièrement por son héritaige 
trois cenz livrées de terre assises à Molay, Arton età Parrigni et es 
apartenances des dites viles et ou bois dou val de Reyme, ensic 
cum il est contenu en une lectre saelée dou seal leroy de France, 
Etporparfeire les deffeutde ces troix centzlivrées de terre sur les 
choses dessus dites, je Milles ai baillié Madame ma mère, la taille 
lez prez, les vignes, lesgraignaiges de Richebour à havoir et tenir 
à héritaige avec son doaire, la maison deFraisne et la maison de 
Richebour et les apartenances des dites maisons à, tenir tant 
comme elle vivra. Après, ele ha et prent par raison de son doaire 
toutes les choses qui sansuigant : c’est à savoir, le four de Noiers, 
et la rente dou dit four, la maladrerie de Noiers, Biauveor, 
Foresl-Beraut et les apertenances des dites maisons et tous les 
gaaignaiges. Après, ele ha et prent par raison de son doaire : 
Laborde quatre solz, la grange de Huyssel et loz les gaaignaiges 
de cesdiz leus. Après, ele ha et prent por raison de son doaire, la 
vile de Annay, de Montet, ceu que nous havons à Seinte-Vertuz, 
les issues et toutes les ventes, redevances, apartenances que nous 
havons en cesdiz leus. Après, ele ha et prent pour raison de son 
doaire toute la rivière dès le moulin de Montet et dés les escluses 
dou dit molin et tous les réceis, les pescheries des molins de la 
dite rivière que nous havons e?deiz molins des ledit molin de 


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LES SIRES DE NOYERS. 


303 


Montet en aval. Après, elle ha et prent par raison de son doaire, 
tous les prez et toutes les vignes que nous ha viens dès les forches 
et dès le buignon en aval. Après, madame ma mère ha et prent 
pour raison de son doaire, la moitié de noz bois qui hont esté 
cospé de mémoire d’orne, et la moitié de la paisson de la glan que 
viendra et fera es hautes foresz qui n’auront onques esté cospées 
de mémoire d’ome. Et ha et prent son usaigeet ses aisances pour 
ses escovoirs et pour pasturaiges es dites hautes forezs. Après, 
chascuns de nous ha et prent toute justice et seignoric grant et 
petite, par toutes ses choses contenues en son partaige quexque 
part que eles soient, et commant que eles soient apelées, exceptés 
le four de Noiers, ouquel, je, Marie, dame de Noiers desus dite, 
ne bai point de justice. Après, madame ma mère ha et prent, par 
raison de son doaire, quatre-vinz livres de rente chascun an sus 
ma prévolté de Noyers, à prandre et à bavoir chascune année la 
moitié à la Touz seinz et l’autre moitié à laChandeleuseensigant, 
en tele manière que ele prendroit es habonemens de Noiers ceu 
que défandroitdes quatre-vinz livres desus dites à paier aux termes 
desusdiz. Après, elehaetpreut par raison doaire sus ma partie deson 
des bois de Hervial, seixante cinc livrées et unze soldées de terre, 
en tele menière que se me partie des diz bois ne le valoit, je Miles, 
suis tenuz à asseoir ledeilaut en ma terre au plus prèsde madame 
en tex leu dont elle se puisse joir à meintenent. Après, il est 
acordé par noz volentez et de noz assentemenz que les garennes 
des bois et des pleins et des meneors, des haies feire, et les for- 
ches et li cri de noz terres onques eles soient, demorent commun. 
Après, il est acordé entre nous, uns chascuns de nous puet bavoir sa 
prison la ou il voudra en sa terre et en sa seignorie ; et si doivent li 
home de notre terre, faucher, fener et amener les foins à Noiers, 
dès les forches en amont en fié comme il est accostumé, c’est à 
savoir, cil de Courz de Noiers-la-vile et de Glavisi et, cil de 
la Rivière, les prez des les forches et des le buignon en aval, es 
maisons ma dame ma mère ensic cum il li pleira et comme il est 
acostumé. Après, il est acordé entre nous Marie, dame de Noiers 
et Miles desus dit, que Miles doi paier les fieiz et les aumônes qui 
chieent et sont en son partaige, et avec ceu li diz Miles doit paier 
chascun an à ma dame Aaliz sa tente nonnain de Saint-Julien- 
d’ Auxerre, trente livres tornois et un tonel de vin tant comme 
elle vivra, et à ma dame Jahanne sa suer, nonnain de Saint-Julien- 
d’Auxerre, vint livres tornois et un tonnel de vin chascun an tant 
comme ele vivra. Et je, Marie dame de Noiers doi paier trente 
livres tornois por deux chapeleries chacun an, dont l’une sera à 
Noyers et l’autre à Marcilly-les-Nonains, qui seront fondées et 
establies por monseignor^de Noiers, seignor et espoux de moi 
Marie desus dite ; et vingt livres tournois chacun an à Marie ma 


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304 


LES SIRES DE NOYERS. 


fille nonnain dou Pont aus Dames, et doit madame de Noiers 
ma mère paier les aumonesque chieent et suut eu son partage, 
et je Marie desus dite et Miles desus diz, recognoissons estre 
parti et devisié li uns de l’autre en la mehière dessus dite ; et 
prometons en bonne foi li uns à l’autre, pornos et por noz hoirs, 
que contre les partaiges et les convenances desus dites, nous 
n’irons ne viendrons ne essaierons à venir par nous ne par 
autrui ou temps à venir ; mais les diz partaiges et les convenances 
toutes et chascunes par foi, teinrons et garderons sans corrumpre 
et sans aler encontre, et ces convenances et ces partaiges desus 
diz, nous Marie et Miles, prometons et avôns promis par noz foiz 
donnés corporéement lis uns à l’autre, à tenir et à garder sans 
aler en contre, renuncenz à ceux que nous puissiens dire en 
aucun temps que nous liaient esté deceu li uns ou li autres en 
ce partaige, faisent à toutes allégacions, déceptions de fait et de 
droit, au droit qui dit que générale rénunciation ne vaut pas, et à 
toutes autres choses qui contre cete présente lettre porroient 
eslre abiciés ou dites. Et volons et otroions, je Marie et Miles 
desus dit ensemble, que se aucuns de nous venoit contre les 
partaiges et les convenances desus dites, que cil qui i viendroit 
fust et poist estre constreinz à tenir et à garder les partaiges et 
les convenences dessus dites, faites en la meniêre desus dite, par 
le baillif de Sanz ou par le prévoit de La Vileneuve le-Roy, 
qui en ce temps seroit, par le prise de noz biensen quexque le il 
fussient ou poissent estre trové, et prometons de faire lettres li uns 
à l’autre de tenir les covenances et les choses desus dites, souz le 
seald’un tabellion de la Vileneuve le-Roi. Et por ceu que ce soit 
ferme chose et estable, nous Marie et Miles desus dit havons 
saélées ces letres de noz seaux, faites et données, l’an de grâce 
mil deux cenz quatre vinz et doze, le jor de Seint-Martin en esté, 
ou mois de juygnet. 

(Archives de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 1273.) 


VIL 

1295, Juillet. 

Lettres de Philippe-Auguste , accordant à Mile F/, seigneur 
de Noyers , permission de soumettre son franc-aleu à 
Robert II, duc de Bourgogne . 

Philippus, Dei gratia Franciæ rex, notum facimus quibus 
spectat vel respicet: Miloni domimo castri de Nœriis milite dilecto 
ac fïdeli nostro et duci Burgundiæ, de speciali gratia, concedimus 


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LES SIRES DE NOYERS. 


305 


ut idem Milo pro se et suis heredibus, allodium suum de Noeriis, 
videlicet castrum et caslellaniam de Noeriis cum dommiis, 
Jeudis, retrofeudis ac jurihus quibuscumque ad eadem castrum 
et caslellaniam pertinentibus, ubicumque sint et quorumque 
Domine conseantur, a pref.ito duce pro se et suis heredibus in 
feudum recipere valeat, ac de eerto in feudum tenere omne 
jus, omnemque possessioneni quæ nobis competebant in jus- 
ticia allodii, castri et castellaniæ predictorum et alia superius 
nominata in prefatum dncem, pro se et suis heredibus totaliter 
transférantes, salvo nobis et successoribus nostris ressorio et 
superioritate, 6icut in alià terrà dicti ducis, salvo et jure nostro 
in aliis et quolibet alieno. Quod ut firmum et stabile persévérât, 
presentibus litteris nostrum fecimus apponi sigillum. Actum 
apud Monasterium-Villarum anno Domini M° CG. nonagesimo 
quinto, mense julio. 

(Archives de la Côte-d’Or, Titres de Noyers.) 


VIII. 

1296. 

Vente de la bouteillerie de Bourgogne par Jean de Noyers 
à Miles de Noyers. 

Nos Robers, duc de Borgoigne. façons scavoir à tous que 
pardevant nos eslablis Jehans de Noyers, sire de Maisy.escuyers, 
hait recognheu par devant nos que il ai vendu à uotre amé et 
feaul mon seigneur Mile, seignor de Noyers, notre botoillerie de 
Borgoigne por la sonie et por le pris de nuef cens livres de tornois 
pctis, de laquel some d’argent li dis Jehans se tint pour bien 
paies par devant nos. et promisl à garantir la dite botoillerie au 
dit seignor de Noiers, vers tous et contre tous, et espécialment 
envers ses frères et envers sessuers,et rendre tous domaiges que 
li diz sires de Noiers haurroit ou soutiendroit par deiïaut de la 
garantie nommée faite. Et par les choses desus dites, tenir accom 
pliret fermemi nt garder il en esl obligié par devant nos lui et ses 
hoirs et tous ses biens, en quelque leu que il soient et puissent 
estre trové. Et nos, à la requestedou dit Jehan vandeor. la vandue 
dessus dite et toutes les choses dessus t scriptes loous, voluns et 
confirmons et volons que les soient fermes et estauhles por nos et 
por nos hoirs ; et havons mis notre séel en cels présentes lettres, 
en témoingnaiges de toutes les choses dessus dites. C’est fait 

5c. hi$t. 20 


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306 LES SUIES IJE NO VERS. 

' * 

et doné à Beaune, le lundi après te St-Denis* l’an de grâce mil oc 
nu xx et seze. 

(Arch. de la Côte-d'Or, Titrer Noyers, lnv. 126, B. 10487.) 


IX. 

1296, octobre*. 

Dénombrement de la terre de Noyers par Mile de Noyers. 

Mile, sire tic Noyers, confesse que pour le prix de sept cent 
livres de tournois qu’il a eu du duc, il a pris en fief lige du dit 
duc le château de Noyers, le bourg, la ville, tout le démoinne, 
tout le fief, les rcrefiefs, tous les droits, toutes tes justices hautes 
et basses appartenant à ly et au chastel et à la chaslellenie de 
Noyers, tout ce qu’il a et peut avoir et tout ce qui lui reviendroit 
et pouvoit avoir au temps à venir, tant pour échoiste de douaire 
que pour autre cause, et affirme toutes les choses dessus dites être 
tic son propre et de son franc alleu, et a voulu et octroyé et 
encore veut et octroyé toutes les choses dessus dites être de la 
baronnie, de la souveraineté, du ressort, du corps de la monnaie 
du dit duc, et rcconnois que tous les fiefs et refiefs ci-dessous 
nommés, sont des fiers et rcrclicfs des appartenances de Noyers, 
etlcstientbonctdoitbontcnirde ly et de ses hoirs, cest â savoir: 

Li fief de sa mère madame Marie de Créci, qui en tient trois 
cens livrées de terre assises à l héritaige perpétuellement annuelle 
et perpétuelle rente en sa terre de la Rivière de Noyers, qdc son 
père l’y assit pour raison de terres que il vendit qui êtoit de 
l’héritage de sa dite mère. 

Item, le fief de Gauthier de Noyers, son frère, de ce qu’il a et 
tient au bois de Vaucharme, et de ses hommes demeurant 
â Chablis, et de ce qu’il a à Sarrigny de lez Tonnerre, en démoinne, 
en fief et rerefief. ' 

Item, le prez du seigneur de Mont-St-Jean de ce que ly dame 

tient à Chcmilly du seigneur de Mello. 

Item, le fief de la comtesse de Bard, dame de Puisoie, de ce 
qu'il tient de ly en la terre de Vermanton, en justice et en 
seigneurie grand et petite. Et de tontes les choses que Jehan de 
Champroux tient et et a en la dite vile de Vermanton que il tient 
du seigneur de Baizerne. 

Item, le fief de l’abbé de Chastel-Censore de ce qu’il y a et 
puet avoir es tierces de Noyers. 

Item, ... de Presle de ce qu’il y a es dixmes de Noyers. 

Item, le fief du seigneur de Tanlay, duquel sont li maison fort 


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U88 SJftEfl Dg NOYERS. 307 

de Talcey li ville, et les apartenances et justice de la seignorie 
grand et petite de ces lieux. 

Item, tout ce que li sire de Talcey a ès bois de Foiseaux. 

Item, le fié M. Guillaume de Villcrs-les-Hauz de présent que 
il tient de lv à Villers les Auz et ce et le finaige de sa maison 
fort et de qualité que il a. excepté sa vine assise darré sa maison, 
movant du cens de St-Estienne d’Auxerre. 

Item, tout ce qu’il a acquis de ceux de Mosticrs-St-Jehan en 
la ville de Marreuil, lequel acqueit il tient de ly. 

Item, de Guillaume dit Frechot, qui en tient ce qu’il a à Vil- 
lers-les-Hauts et au finaige. 

Item, de Guillaume de Sanci qui tient de ly quoi que il a eu en 
la ville de Sancy et au finaige, ce qu’il a en la ville de Grimaut 
et au finaige, et à Noyers-la-Ville qui proviennent de l’héritaige 
sa femme. 

Item, de Gruot de Roiffei qui tient de ly quoi que il a en la 
ville de Joux et au finaige, ce qu’il a es bois de Arvaux, ce que 
Renaulx Beiroz avoit à Toré, Marcilli, et cq que li avocaz tient à 
Tore et Prai, movant du fié Gruot et de son rerefié. 

Item, ce que messire André de Baalon a à Marcilli, le dit 
Gruot le tient de messire Jehan d’Estaules et messire le tient de 
Gruot, et Gruot du dit messire Milot, sire de Noyers. 

Item, de madame Agnès de Mélisy qui en lient quoi que elle 
a en la ville et au finaige de Noyers, et de ce que Madame Alays, 
dame de Bierry, tient de ly en la d. ville de Noyers, excepté sa 
vigne de Froide-Fontaine. 

Item, de Huot de Fiai, qui en tient quoi que il a à Fiai, et à 
Fresne, et finaige des dites villes. 

Item de ce que messire Ythier de Solangy tient à Fiai 
et au finaige du dit Huot. 

Item, du fié que ly Bidaut lient en la ville et au finaige de 
Fiai, que il tient du rerefié de Huot, et Huot le tient de messire 
Miles sire de Noyers. 

Item, du fié de Guillaume Gorcol d’Aisz qui en tient de qui il 
a en la ville et finaige d’Aisy, excepté une vigne qui fulGondeaux. 

Item, le prez qui fut Chanveau de Lixi, et une vigne qui fut 
Jeban Baudiu. 

Item, le fief Arnaud de Montot qui tient du d. messire Miles 
quoi que il a à Montot et en la Rivière de Noyers et 6s finaige 
desd. villes, excepté les choses de l’eschoiste âlTnglois de Moolai 
qui en tient à cens. 

Item, de Margueritte d’Argenlenay qui en tient ce qu’elle a en 
la terre de Grimaut, et ce qu’elle a à Noyers-la-Ville, tout entiè- 
rement. Item, la maison de Prince et le cloiseau devant, et deux 
fourneaux de terre séant entre Perrigny et Moutot. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


308 

Item, de M. Hugues d’Argentoil qui en tient ce qu’ii a à 
Noyers-le-Borc et Noyers-ia-Ville. 

Item, de Madame Alays de Bicrry, qui fut femme de messire 
Hugues, qui en tient ce qu’elle au paiage et es cens de la rivière, 
et ce qu'il a à Nuyers-le-Borc et Noyers-la- Ville, et au linaisre de 
ces lieux, excepté Taquet que messire Hugues son mary etGuiot 
do Montot firent au prez d’Oiglar. 

Item, de Monseigneur Jehan de Marmeaux, seigneur de 
Ravières, qui en tient vingt livres de terre à Nuiz desous 
Rougemont. 

Item, de Jean de Montot qui en tient que qu’il a à Montot et ès 
villes de la Rivière de Noyers, et ès finaiges des d. lieux. 

Item, ce qu’il a à Noyers-la Ville et à Grimaut movant de son 
héritaige. Item, ce qu’il tient por raison de ses enfant, le molain 
d’Argy et la pescherie des Barres d’icelui molain. 

Item, de Robin de Gaus escuier, et quelconques il tient à 
Pcrrignyct au linaige de la Rivière. 

Item, de Chevillais d’Irooir qui en tient cinquante arpenz de 
bois seans de ces les Fréchot, excepté la haute justice et ce qu’il 
a en la ville d’Ireoirs et au finaige, qu’il tient du dit seigneur de 
Noyers, et excepté ce qu’il tient de Guiot Bridenne. 

Item, le fié de messire Guy de Merville que il tient en la ville 
d’Argentenay et es appartenances. Item, trois pièces de vigne 
qu’il a à Chablis assises au vaut d’Aisy et de Mily, qu’il tient du 
dit seigneur de Noyers en fié et ceux d’autre part, excepté des 
vignes d’Argentenay qu’il tient du seigneur 

Item, le fié de Guillaume de Fiai ce qu’il a en la d. ville et au 
finaige vers la fontaine de Morinz, ainsi comme se comporte 
devant Fiai. 

Item, de tout ce que Philippe de Gurgy a et tient de Guillemin 
en rerefié à Fiai et au finaige de cette ditle ville, dez le dit ru par 
devers Fiai. 

Item, de M. Jean de Praëlles ce quoi qu’il a et tient de par sa 
femme en la ville etau finaige de Bruci, et ce que André de Ravié- 
res tient en reretié de ly en la dite ville et au finaige. item, de 
monseigneur Gui de Vaubcrt que il tient quoi il a en la ville de 
Fiai et ez apartenances. 

Item, d’Agnelot d’ireoir qui en tient vingt quatre bichots 
d’avoine et vingt bichots d’urge, assis sur les tierces et la mala- 
drerie de Noyers. 

Item, de monseigneur Jehan d’Estaules quoi en tient la ville 
de Prai et la ville de Marcilli, et les appartenances d’icelles villes 
Guiot de Roussi tient de li en rerefié et messire André de Baalon 
l’en tient du dit Guiot. 

Jtem, de Milot de Cours qui en tient la petite justice que il a 


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LES SIRES DE NOYERS. 309 

en la ville et fioaige, de Cort quoique il a en la ville de Cours et 
au fioaige. 

Item, de Prévôt de Viez-Chastcl qui eu tient ce qu’il a 
à Chemilly et au tinaige de la dite ville et le molain de Chenain 
de lez Noyers, excepté le sixième de ce molain. 

Item, tient du dit seigneur de Noyers, le dit Prévost ainsi que 
il dit que il a en Frétoy. 

Item, le fief de Lamblot le Barbier, de Tonnerre, qui en tient 
pour la raison d’un sien enfant le sixième du moulain de Che- 
nain, de la yigne de Jonati, de douze journées de terres assises 
au Sansi et ensuite le sixième dessus dit et le sixième de par ce 
qu’ci a en la ville et ou finage de Joanci avec les hoirs madame 
Agnès de Sanci, ce qu’il a en Frétoy comme il dit que il tient du 
sire de Noyers. 

Item, de Robert des Bordes qui en tient quoi que il a es ville 
et finaige de Sanci et de Joanci, qui li sont arrivés et échus de 
madame Agnès de Sanci. 

Item, le fié de damoiselle Isabeau Denisot qui tient en rerefié 
quoi que il a en la ville et au finaige d’Arci, de Guillaume 
Corcoul et de Michelot de Montfelix, lequel le tient du dit 
inessire Mile. 

Item, le fié de Michelot de Moutfiiix, demeuraut à Arxi, 
escuiers, qui de lui tient quoi que il a en la ville et au finaige 
d’Arxi, et tout quoi que Regnaud de Fiai, Isabel, femme de 
M. Regnaud Corcoul et Guillemin de Pressi tient du dit Michelot 
en rerefié en lad. ville et au finaige d’Arxi — et led. Michelot 
tient dud Mile toutes ces choses quelles quelles soient que il a 
en lad. ville et au finaige d’Arxi, excepté le pré des Fontenoilles 
que il tient à ceux deM. Jehan d’Arxi, chevalier, et les vignes 
des costes, dont la moitié muoit du cens dud. messire Miles. 

Item, de Guillaume de Lunois qui tient tout quoi que il a en 
la ville de Fiai, fors la fontaine de Moulins ainsi que le ruz se 
comporte par devers Fiai, Item, le prez de Monnart, fille de 
M. Forque Geschalon qui en tient la quarte partie de la terre et 
de la justice de Grimaut et de Noyers-la-Viile et tout ce qu’elle a 
ezdits lieux et ez finages d’iceux lieux en toutes choses excepté 
les maisons de Noyers et sa tour qu’elle tient à cens de luy, et tient 
encore en fié de l’un des deux parts du moulin de Richebortqui 
compète à Nicolas Capeîlier. 

Item, le prez de Jehan de Chalon qu’il lient de luy en fié tout 
préseutement qu’il a à Vermanton et au finage de lad. ville, 
en justice et en seigneurie et en toutes autres choses quelles 
quelles soient. 

Item do M. Anséricde Tréviselotce qu’il tient en fié cénérale- 
ment que il a en la ville et finage de Noyers, Toré, Marcilli, en 


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LES SIRES DE TTOYERS. 


terres, en prés, en cens, en vergiers, en tierces et les terres entre 
Raigni et Mouljahn, et les tierces de Jaloigny jusqu’à la tnateon 
Bernard Phar. 

Item, le fié de Jehan le Verrat de Porson qui en tient quoi que 
il a en la ville et finaige, de Fiai en tous biens, en tous proffits 
et en justice, comme ils sont dez le ru du moulin par devers Fiai. 
Item, il tient de ly tout ce que Jehan Gillot a à Fiai et au finage 
de ce lieu et que il tient en rerefié d’icelui Jehan le Verrat. 

Item, tient de lui en fié le d. Jehan le Verrat ce que messire 
Guillaume Chacedieu tient de lui à Suanvine et au finaige et à 
Fiai et au finaige 

Item, le fié de Monsieur Gauchier de Merey qui de lui tient 
toute sa terre de Sacy et tout ce qu’il a à Joux, à Lixi et ès 
finaiges d’iceux lieux en quelques choses que ce soit. 

Item, de ce que M. de Ste Palaieaet tient à Chemilly et au 
finageque il tientdud. M. Gaucliieren rerefié, et le d. M. Gauchier 
le tient du dit messire Mile. 

Item, le fié de Guiot Bridaine il tient de lui en fié la ville 
d’Ireor et toute la justice et la signorie en fié et reretié, et tout ce 
que li Chevillot Jehan et Aillière Guillemie, Marnay Agnelot, Jehan 
ses fils, Jehannotte sa bru, Jacquette et Giles fille de la d. Agnelot 
et la lillc Authin de Fiai ont et tiennent au finaige de la d. ville 
ils tiennent du dit Guiot Bredaine en rerefié, et le d. Guiot le tient 
du dit messire Mile, excepté ce que Chevillât tient de luy en 
ligement en la ville d’Ireore. Item, tient de luy le d. Guiot en 
pré tout ce qu’il a en la ville et au finaige de Chemilly, fors en 
hommes, en maisons, en terre, en prey et bois, en justice et en 
toutes autres choses. 

Item, le fié de M. Hugues de Sarnois qui en tient quoi que il 
a en la ville et finaige de Joanci et tout ce qu’il a acquis de 
M. Symon de Sancy, de Baudry, son fils, et de Henriot de Lave, 
qu’il tient en son demoinne à Joancy et au finaige. 

Item, le fié de ce que Raymon de Pacy a en la ville et au 
finaige de Joanci et ce por raison de sa femme il tient du d. 
M. Hugues en rerefié, et M. Hugues le tient de lui. 

Item, le fié de Poincet de Sanvigne, qui tient de luy tout ce 
qu’il a en la ville et finaige de Joanci sans rien excepter, et en 
tout tient en fié de luy et dez Poincey la moitié du four de la 
ville d'Arton, le quart des dimes du finage de Chemilli. 

Item, le fié de maître Nicolas dit le Péagier qui tient de luy en 
fié prétendant que le seigneur de Noyers et son devancier ly ont 
donné en la rivière de Noyers, soit en maisons, en terre, en prey 
et en toutes autres choses quelles quelles soient. 

Item, le fié de monseigneur Erard de Vaucemain qui tient en 
fié toute la pièce de vigne que feu monseigneur Pierre Dymon 


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LES SIRES DE NOYERS. 344 

avait de £4 femme, laquelle lié se comporte par dessous la Bié qui 
tend à aller de Chkbly à Fiai. 

liera, le fié du seigueur de Frolois qui tient de lui sa maison 
de Milly vers Chablies et les apartcnances de la d. maison, ce que 
Ton tient du seigneur de Frolois en la terre et finage de Bierri. 

Item, le fié de Gruot de Bricom que r tient de lui par raison de 
sa femme en la ville et Iinaige de Fraigne pour tout ce qu’il y a 
et tient encore de luy en fié ce que il a en dixme de Sambor et ce 
qu’il a à Aireor. 

Item, le fié que messire André de Marmeaux tient de luy, 
c'est à sçavoir de tout ce que GeolTroi et Gruot de Tronçcaux ont 
en la ville et Iinaige de Tronçeaux, desquels biens lient le dit 
Geoffroi por la maison fort,eticeux Geofiïoi et Gruot en tiennent 
ensemble les autres biens. 

Le fié des héritiers de Montaut qu’ils tiennent de luy le pré du 
gué de Clorges dessous Noyers. 

Item le fié de Jehan seigneur de Muisy, de tout ce qu’il tient de 
lui ù Corgi et es fiuaigcs et es appendises, en démonchures, en fié 
et en rereiié, en justice et en seignories. 

Item, tout ce qu’il a en la ville, au finage et aux appartenances 
de St-Cyr. 

Item, le bois de Vireuux et les fi nis d’icelle bois, et tout ce 
qu’il a és bois en quelque manière que ce soit. 

Derechef le dit messire Miles, seigneur de Noyers, recoonoit et 
affirme qu’il tient et a repris pour luy ses hom successeurs, et 
pour ceux qui cause ont et ppurront avoir de luy, en fié-lige de 
monseigneur le duc, ppur luy et ses hoirs perpétuellement tout 
présentent qu'il peut avoir et doit eu quelque manière que ce soit 
a Noyers en la cliastellcrie et tinaiges es appartenances et dépen- 
dances de Noyers, et en la chastellenie d’icolui. en maisons, 
en cioosoirs, en forteresses, en corti, en hoipmes, en tailles, en 
bois, en rivières, en moulins, en étangs, en pescherie, en jus- 
tice, en seignorie, en terres, preys,cn dixmes, en fiez et rere- 
fiez et en tout autres biens, profflts, rentes, yssires que quelles 
soient et par quelconque nom qu’on les puisse nommer et appeller, 
et de tous les biens dessus ditz et pour luy et ses hoirs successeurs, 
est entré en son hommage et eu sa féauté, et veut et octroyé que 
ses hoirs et descendans soient en hoirs perpétuellement dus en 
notes soient tenus de faire et entrer en hommage-lige du d. duc 
et de ses hpiis,perpétuellement, et l’en a vêtu corporellement, et 
est tenu, et a proipi, Je dit messire Miles par son sermentet sous 
l’obligation de tous ses biens présenz et à venir, à garantir le fié-lige 
de toutes les choses dessus dues pu d. M. le duc et à ses hoirs per- 
pétuellement , et entre tousquittapiment et privativementde tous 
autres fi&et.rerefté et.autres quelle quels .soit, et cpmme en cqste 


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LES SIRES DE NOYERS. 


312 

présente lettre ne soient déclarés ne spécifiés, et bien que le sei- 
gneur don Vaul et sire de Charne et dame de M.iisy, les nièces de 
M. Séguin d’Ilant. madame de Noyers et Gauchier, ses fils, tien- 
nent de ly en fié et en rerefié. 

Il promet par son serment les dits biens spécifier et éclaircir et 
déclairer au dit M le duc, et de tous les autres fiez et rerefiez que 
ci nostés. spécifiés et déciairés appartenant à Noyers, et à ly por 
la raison de Noyers, et bailler sur ce semblable lettre à celle 
scellée de son scel, et de sccl souffisant et convenable, et 
quand il en sera requis. Et toutes choses desus dites garder 
et tenir fermement. Donné l’an 1296 au mois d’oictoure. 

(Arch. de la Côte-d’Or, Titres de Noyers.) 

X. 

1299, août. 

Privilèges accordés aux habitants par Mile de Noyers. 

Usages en Frétoy . — Droits de pêche. 

En nom de nostre seigneur Amen. En l’an de l’incarnation 
d’icelui deux cens quatre-vins xix, ou mois d’aoust, nous 
Milles, chevalier, sire de Noyers, et nous Hngnin de Bonychars, 
Rogers de Chassinelles, gouverneur de la Maison-Dieu de 
Noyers, Michel dit Quarres, Pierre dit Genevois, Pierre dit 
de Passi, Millet Provost cy anariéres, de Noyers, Jean des 
Boucars, clerc, Thibauld fils cy arrières, Gillot Bertelomier, tilz 
à la Rosse, Guillaume dit TYsdoins, Nicolas dit l’Idole, Jehan dit 
le Bégicins et Aliot et ly clers de Noyers et toute la communauté 
des Borgois de Noyers, pour ce espécialement avons ensemble 
asemblé et appelés de huys en huys pour asembler en lieu 
certain s; comme il eèt dessus dit. faisons savoir à tous ceux qui 
verront etouront ces présentes lettres que nous, Mille, chevalier 
sire de Noyers, d’une part, et nous li devantdisethcomunaultés 
des bourgois d’autre part, avons telles convenances ansemble, 
aussy comme elles sont cy dessubz escriptes, pacifiées et 
déclarées ; c’est assavoir que nous Mille, chevalier, sire de 
Noiera, pour nous et pour nos hoirs et pour nos successors, 
donons, délivrons, otrayons et quittons perpétuellement et 
délivremant pour don néant répétable fait entre les viz, nous 
devant dits bourgois de Noyers, la servitude des courvées de 
charrues toutes esquelles ly devant dit nostre bourgois et la 
comunaulté toute de Noyers nous estions tenus, les quittons et 
absolons franchemans, pour nous et nos hoirs et pour nos 
successors, cy comme il est dessus dit. Derechef, nous Milles, 
chevalier, sire de Noiera dessus dit, donons, outroyons, délivrons 


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LES SIRES DE NOYERS . 


313 


et quittons tons en la manière que dessus la servitude des guettes 
du bourg de nostre ville de Noiers à nous devaodits bourgois et 
à la communnulté toute des dits bourgois, excepté ces deux cas 
cy après només : c'est à savoir que ce nous ou nostie seigneur de 
Noyers r.ous douvions de ces pars ou avions guerre overte pour 
laquelle chose il convins! garder la ville de Noyers, en ces deux 
cas nostre devant dit bourgois et ly comunautté d’iceux seront 
tenus de rendre et de faire les gaitz ausi comme durant la 
guerre de nostre doubtance faire le dit nostre bourgeois et ly 
comunaulté dVeux en fut quitte et délivrés; desquelz dessus 
dits se ce n’est pour cest deux cas nous ne les pouvons efforcer 
ne requérir de faire les gaitz devant ditz. Derechef, nous, 
Milles, chevalier dessus dit, ne pourrons, ne devrons doresnavant 
maitre paicheurs an l’usage de la rivière de Noyers que il 
n’apporte leur partie dou poisson ou chastel de Noiers se nous 
le voulons acheter; et se ue le voulons le doibvent pourter 
ou bourg de Noiers pour vendre à ès bourgois ainsy que ly 
aultres paichers de Noiers font. Derechef comme le dit nostre 
bourgois et toute la comunaulté de nous bourgois de Noiers 
nous aient donnez la moytié de la tondue du bois de Frétoy, 
ou quel il on usage à traire la dicte tondure des orez jusques à 
vint ans prochainement et continuellement à venir, nous ne 
nostre hoir ne porrons rien prendre en l’autre moytié qui demure 
à nous dits bourgois, ne douer par nous ne par aultruy à quelque 
personne que ce soit. Item, que ly forestiers qui seront mis 
pour nous, ils seront prins par le gré de nos dits bourgois 
et de la comunaulté d’iceux, et seront apellés au serment 
dessus dits forestiers prandre par eux ou par leur procureur. 
Et est encoyres acordé antre nous et nous dits bourgois que nous 
ne nostre dit hoir, lesdites vint années durant, ne pourront ne ne 
devront doner usage de vaine pasture et revenus du bois que il 
nous ont donez le terme durant nous ne les pourrons destourber 
de user ês revenues des dits bois que il nous ont donné que il ne 
usent toutes fois que il leur plaira, à leur voîenté adeerte. Nous 
ly devant nomez Huguenin dit Bouchiers, Raugers de Chassi- 
nelle, gouverneur de la Maison - Dieu de Noyers, Michel dit 
Carres, Pierre dit Genevois et Pierre dit de Jissi, Millot Provort, 
Jehan dit Bontat. clercs, Thibauld tilz anarières, Bartholomier 
filz à la Rosse, Guillaume dit ly Prudons, Mieheles dit Li Douce, 
Jehan ly Bergers et Aliot li clercs de Noiers présens, et toute la 
communauté de bourgois de Noiers, an recompensation des 
courvées et des yaitz dessus només et de toutes les choses 
dessus dites au dit monseigneur de Noyers nostre seigneur, 
délivrons et quittons toute la moytié de la tondure du bois 
de Frétoy à traire de bores jusque à vint ans, cy comme il estdes- 


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IA* WKES DE VUMTEBS. 


SU 

$wémi»è et déclaré, ét mm m itevesto m de la dicte tondurc de 
tout bq toot, (Si ledit nestne seigneur de Noyers en revotons pour 
luy et pour ses hoirs jusque ès dites années pour faire sa von - 
tenté, et le maîtOAS pour maintenant ub corporeUe possession, 
sauf à nous et avons le dit boys de user à nostre voulenté ou dit 
bois de Fretoy ; et ancoires d'abondant renonçons à toujours mais 
à l’usage de pécher que vous demandions en la dite rivière 
de Noyers, pour laquelle chose nous Milles dessus dit chevalier 
et tous ly d : outre només, ensemble toute la communauté d’oulx 
d'autre port, prometons par nos scrmens doués sur sains 
Evangiles de nostre propre corps, l’une partie et l’antre et sui 
la expresse obligation de nous et de nos hoirs et nos successeurs 
et de nos lûens meubles et non meubles, pinsons et advenir, 
quelque part que il soyent ne puissent estre trouvé toutes 
les choses dites et une chascune par soy tenir fermeuiant 
sans corumpre et garder, sans venir an contre par nous ne 
par autruy. Mes promettons nous Milles, chevalier, sire de 
Noyers, pour nous et pour nos hoirs et pour nos successeurs, 
toutes les convenances dessus dites et une chascune par soy 
es dits nos bourgois et à la comunaulté toute dorains et à 
leurs hoirs garantir perpétuellement contre tous au ce fait. 
Nous Miles, chevaliers, sires de Noyers, et nous ly devant nomes 
et toute la communaulté d’iceux renonçons à toutes exceptions, 
raisons et barres, cavillations, alugations et subiilités de droit et 
et de fait, escript et non escript, qui pourrions estre dictes ne 
tibjssées an contre la teneur de ces présentes lettres ; et voulons 
tuit anscmblc estre contraint de Monseigneur le duc de Bour- 
donne , à laquelle nous nous soumettons et tous nos biens. 
Ou tesmoingz de laquelle chose tuit anseinble, avons requis 
estre doublées ces présentes estre scellées du scel de la dicte 
court, et fait en la présence de Pierre, notaire de mondit seigneur 
deBourgonne. A ftemur, présens Jaquin de Fonteste, Guiot de 
Bricou, de Huguenin de Bierre et de Baudin de Ghisemeulx, 
tesmoingz ad ce appeliez l’an et moy dessus. 

(Bibl. nat., fonds français, Mss. n° 9873, A, f° 9.) 

XI. 

1303, décembre. 

Hile, seigneur de loyers, maréchal de France , confirme le 

don de quinze livrées de terre , fait par son père à 

F abbaye de Marcilly. 

Nous, Miles, sire de Noyers, chevalier, maréchal de France, 


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LES SïfcES DE NOYEES. 


Si 5 

faisons savoir à tous ceux qui verront et ouront ces présentes 
lettres, que comme nostrc amé père messire Miles, chevalier, 
jadis sire de Noyers, en temps que il vivoit et estoit sire de 
Noyers avait esté donm'*, laissé et octroyé èa nom de Dieu et 
à l’église du Repos de Nostre Dame de Marcilly près Avallon, et 
des religieuses dames de l'abbaye et covent de l’ordre de Citeaux, 
quinze livrées de terre à la monnoie de petits tornois. pour célé- 
brer lou divin office' en la dite église d une messe chacun an 
pour lou remède de l’âme et pour le remède des âmes de ses 
devanciers, notre très-aimée mère madame Marie de Crécy, la 
dicte dame de Noyers, nous et notre amé frère Gauthier en tant 
que nous tenons Noyers et toute ta terre qui appartient franche- 
ment et de franc aleu, voulons, comme dessus dict, pour fairc le 
divin office, comme dessus est dict, en l’église dessus nommée 
louâmés, consen times et voulismes de nostre voulonté et de nostre 
entendement , et Jes dictes quinze livrées de terre â la monnoie de 
petis tornois, nous attestimes et assignâmes à la dicte église et 
ès dictes religieuses dames, à l’abbaye et au couvent devant 
dictes , sus nous abandonnons de nous estre fait la cession , 
l’assignation, l’an de grâce mil deux cent quatre-vingt onze, au 
mois de septembre, nous devant dict Miles pour nous, pour notre 
amé monseigneur notre père et madame Marie, nostre mère, pour 
lou remède des âmes d'icelles et d'icelles devanciers, et pour lou 
remède des âmes de nous, les dictes quinze livrées de terre pour 
faire lou divin office en l’église devant dicte, si comme il est 
dessus dict, promettons pour notre bonne foy et pour soulagement 
de nostre propre corps, pour nous et pour nos successeurs lesquels 
nous obligeons, pour vendre et payer ou faire payer ès dictes 
religieuses ou à leur commandement, chacun an dedans la 
feste de Tous saints, et estoit que le dict abondement chaquun an 
payer les dictes quinze livrées de terre, nous voulismes et 
octroyâmes que les dictes religieuses prinsent, hayent et par- 
çoivent lou tout deffaut sur nos autres rentes, issues et propres 
de nostre terre de Noyers, les choses devant dictes, toutes et ung 
chascunpour soy, nous promettons sus l'obligation de nous et de 
nos hoirs de tous nos biens moblcs ou non mobles, présents et 
advenir, tenir et garder franchement sans corrompre et sans 
aller encontre, nous renonçons en ce fait à toutes exceptions, 
raisons et allégations quel s qu’ils soient qui nous pourroient 
ayder, et èsdites religieuses donnons de ce qui pourroit estre dict 
et obvier contre la teneur de ces présentes lettres. En témoingde 
laquelle chouse, nous avons mis nostre scel en cire pendant ès 
lettres. Fait et donné l’an de notre Seigneur mil trois cent et trois, 
au mois de décembre. 

(Titres de M. le duc de Imynee.) 


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316 


LES SIRES DE NOYERS. 


XII. 

1317, décembre. 

Concessions aux habitants . — Fondation d’un chapelain 
• à Saint-Nicolas. 

A tous ceux qui verront et ouront ces présentes lettres, nous 
Miles, sires de Noiers, salut Saches tous que pour les dons, les 
biens, les services et les honneurs et courtoisies que nostre 
bourgois de Noyers nous ont fait et font de jour en jour, 
pour l’amendement et information de nostre ville de Noyers 
du bourc et des apartenances, et par le conseil de bones gens et 
an récompensai ion de plusieurs choses que les dits bourgois nous 
ont données, quetées et outroyées, c’est à savoir le droit qu’ils 
ont ou puissent avoir ès choses qui s’ansuivent : premiers leurs 
usages qu’ils avoient en la partie du bois du Frestoy par devers 
le chaigne de Nanteil dons nous avons heu la tonsure novelle- 
ment tondus par don des dis nos les bourgois, si comme il se 
comporte et part en remenant de l’ùsage des dis boys que il 
demeura par devers Cours. Derechef, l’usage de la pescherie 
qu’ils ont ou pouvent avoir an la rivière de Cours et de 
Grimault. Derechef, l’usage de la chasse qu’ils ont ou peuvent 
avoir en la garraine de Noyers que I on dit la terre d’Argenteuil 
de Grimault ; Et pour ce que nous volons pardoner, pour le 
remèdedes âmes de nous et de nosfemmesetde nosantécesseurs, 
de nous hoirs et de nous successurs, ung chapellin qui chantera 
chascun jour une messe au matin en la chapelle de St-Nicolas, 
à Noyers nostre dit bourg ; et si aulcuns qui se vouldront ou 
pouront ayder des franchises que nous leur baillons, cy comme 
il est contenu en ces présenies lettres, pour la fondation de 
chanter des dictes messes payeront au dict chapcllain chascun an 
vint livres de tournois à la feste de la Nativité nostre seigneur 
par la main de nous ou des nostres successeurs ou de leurs gens, 
pour lesqueles cens ou ordenances dessus dicts nous avons 
voulu et octroyier à nos dicts bourgois par nous et par nous 
successeurs perpétuellement à toujours les choses qui s’ensui- 
vent : 

Premièrement nous leur donnons, quittons et ligemant les 
cinq cens livres que il nous doyvent et pouroient devoir ou 
à nous hoirs seigneur de Noyers, ou à ceux qui de nous 
ont ou oront cause par quelcunque cause que ce soit, pour nostre 


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LES SIRES DE NOYERS. 


317 


fille ou nous filles marier ou par nous estre prins de guerre, ou il 
convient à paier ranson ou pour aler oulire-mer. Derechef, nous 
voulons et octrayons que se aulcuns de nos dits bourgoi3 
de Noyets et des appartenant meurt et va de vie à trespas, la 
chouette vienne à son plus prochain du cousté dont les biens 
meuvent, en quelque lieu que il soit demeurant, et en quelque 
lieu que les biens diceluy qui mors sera soyent vehus et trouvés, 
par payent à nous ou à nous hoirs la bourgoysie, ausi comme 
notre aultre bourgois de Noyers la nous doyvent, tout comme il 
tanront les héritaiges qui leur seront advenus de leurs plus 
prochains, si comme dessus est dit, et par pairent les debtes 
que li héritaiges doiront ou pouront devoir; et ausi nous pairont 
la dite bourgoisie et les débites des héritaiges tuit cils qui les 
dits héritaiges tanront. Derechef, nous voulons que li diz nostre 
bourgois ayent la posture pour leurs bestes et puissent faire 
pasturer iceux à toujours en la partie du dit bois de Fretoy que 
il nous ont baillée, quatre feuilles et ung may passé. 

Derechef, nous voulons et octroyons à nous dits bourgois que 
nous, ne nostre hoyrie ne nostre successeurs, ne puissent vendre 
doner, quitter ne aliéner point de boys en leurs usages du Frétoy 
ou temps advenir. Et pour toutes les choses dessus dites tenir, 
garder etgarentir antretenemant accomplir, nous obligons nous et 
nous hoirs et nous biens, et les biens de nous hoirs et de tous ceux 
qui de nous aront cause, présens et advenir, an quelque lieu que 


ils soyent ou puissent estre franchises quit- 
tances octroyées et convenance toute une 


chascuue par soy prometons en bone foy par. . . . . . 

nous hoirs et par ceux qui de nous aront cause, et par obligation 
de nous et de dessus dits, garentir et defandre par nous propres 
coustz aux dessus dits nostre bourgois et à leurs successeurs 
vers tous et contre tous généralement, généralement envers nous 
très chers et amés seigneurs le Roy de France et le duc de 
Bourgoune toutefois que nous en serons requis des dits nous 
bourgois ou de leur procureur ; et voulons ad ce estre contrant 
par la cour nostre seigneur dcBourgonne ou par ses successeurs, 
sans jamais aler au contraire par nous ne par autruy ou temps 
advenir ; renoncent à ce fait à tous previlèges d’apostale le Roy 
de France et de tous aultres ampetrés et à ampètrer, au previ- 
lége de la croix prinse ou à prandre, à ce que nous ne nostre 
successeur ne puissions dire estre heus deçuz en aulcune de ces 
choses dessus dites, au droit disant général renuncation non 
valoir, et à toutes aultres barres et défiances allégués ou alléguer 
qui pouroient estre dictes ou proposées de fait ou de droit contre 
les choses, ordenances et convenances de?sus dictes, et en 
aulcuneg d’icelles ou temps advenir. Ou tesmoiug de laquelle 


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348 up SWS DE KOYEIW, 

chose, nous, an eonfirmation de vérité, avons scellé ces présentes 
lettres de nostre grant sccl, faictes et données en l’an de l’incar- 
nation Nostre-Signeur mil trois cens dix -sept, ou mois de 
décembre. 

(Bibl. nat., fonds français, Mss. n° 9873, A, fol. 12 v° à 

13 y®.) 


XIII. 

A MONSEIGNEUR DE NOYERS, BOUTEILLIER DE FRANCE. 

Ordonnance de ce qui faut pour le chastel de Lille en 
Flandre , pour un an. 

(Pièce non datée.) 


Cest lordenance faite au chastel du Roy notre Sirs à Lille, pour 
la garnison d'un an. 

Premièrement il aura oudit chastel deux cent cinquante 
sergens de pié. Gest assavoir trente gentilz hommes au fuer de 
deux solz parisis chascun par jour, et deux cent vint autres ser- 
gens de pié. Et avesques ce dix hommes d'armes compte eus le 
chastellain du dit chastel. 

Et pour pourveances des gens dessus dites pour un an, aura ou 
dit chastel’ deus cents muis de blé, soixante douze solz le muy, 
valent sept cent vint livres. 

Item deus cents tonneaux de vin, seize livres parle tonnel, 
trois mil deux cents livres parisis. 

Item deux cents rasières de sel, six solz la rasière, soixante 
solz parisis. 

Item deux cent soixante lars, trente deux solz parisis le lart, 
quatre cent seize livres parisis. 

Item vint muis que pois, que fèves, cinquante solz parisis le 
muy l’un par l’autre, cinquante livres parisis. 

Item six tonneaux de vinaigre, seize livres parisis le tonne], 
quatre-vint seize livres parisis. 

Item soixante milliers de laigne, soixante solz le millier, trois 
cents livres parisis. 

Item trois mil livres de chandelles de sief ou sieu et coton a 
ouvrer, six deniers parisis la livre, soixante quinze livres. 

Item cuirs pour faire quinze cents paires de soulers, deux 
solz pariais la paire de soulers, sept-vintdix livres parisis. 


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im mms »& 

lien autres cuirs de cheval, pour faire huit» cents paires de 
gans, six deniers parisis la paire, vint livres parisis. 

Somme cinq mil quatren/int sept livres parisis. 

Item garnisons pour cause de l'artillerie du dit chaste!. 
Premièrement deux conte livres de fille, dense deniers parisis la 
livre, dix livres. 

Item trente milliers de pennes à empener, trois solz parisis le 
minier, soixante solz. 

Item douze livres de cire* vint deniers la livre, vint solz. 

Item cent fusées de fer pour les arcs à tour, douze deniers 
tournois la fusée, quatre livres parisis. 

Item deux muis de menu charbon et huit hantes de gros 
charbon, vint huit solz. 

Item estofe de tôle environ seize solz parisis. 

Item quatre cents bastons dif pour faire arbalestes, soixante- 
quatre solz parisis. 

Item deux cents de clefe pour arbalestes huit livres parisis. 

Item deux cents estriera et deux cents noiz pour arbalestes, 
au fuer de sept deniers parisis l’un parmi l’autre, valent onze 
livres treize solz quatre deniers parisis. 

Item cinq ceot9 cornes de bouc, six solz parisis le cent, trente 
solz parisis. 

Item pour la façon de huit mil flichons pour uuarreaux de 
canons et de t>ur, quinze solz parisis le millier, six livres parisis. 

Item pour empener treize mil et trois cents de carreaux des 
dessus ditz, trois solz parisis le millier, quarante solz parisis. 

Somme cent treize livres, sept solz, quatre deniers parisis. 

Item garnisons pour les engins du dit chastel et pour les 
espringalles et autres choses : 

Premièrement, six cuirs pour faire fondes doubles pour yceux 
engins, trente solz parisis le cuir, neuf livres parisis. 

Item deux cent livres de corde de chanvre pour les diz engins, 
six livres douze solz parisis. 

Item cent chiefs de corde de tille pour les engins dessus diz, 
cinquante solz parisis. 

Item pour les espringales environ mille livres de corde de 
poil et cinquante chiefs de corde de tille, cinquante cinq livres 
cinq solz parisis. 

Item deux cents livres de fil pour corde d’icelles espringalles, 
dix livres parisis. 

Item deux cents livres de sieu, trente livres de cire et vint 
livres de blanche pois raisiné, huit livres parisis. 

Item pour forge environ vint six mil de fer, douze livres parisis 
le millier, trois cent douze livres parisis. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


330 

Item cinquante muis de charbon de terre pour forge, dix huit 
solz parisis le mui, quarante cinq livres parisis. 

Item trois mille cloies, douze deniers parisis la cloie, cent 
cinquante livres parisis. 

Item six mil daiselles. tant pour hourder comme pour faire 
fenestres à crenaux, quarante solz parisis le cent six-vint livres 
parisis. 

Item quatorze sommes de claus, cest assavoir de trente six 
livres, de dix huit livres et de quatorze livres, sept-vint livres 
parisis. 

Item pour huile deux tonneaux de moison, vint-cinq livres pour 
le tonnel, cinquante livres parisis. 

Item pour souffre, dix livres parisis. 

Item pour cauch, dix livres parisis. 

Item pour poz de terrre à agister, trente-deux solz parisis. 

Item pour basions et petites fondes, soizante solz parisis. 

Item faut les moulins du dit chaste! rapparoillier tant à 
main comme à cheval, trente livres parisis. 

Item couvrir les cinq tours qui sont hreteschiées, deux cents 
livres parisis. 

Item faire sept fours tout neuf, six livres parisis. 

Item faurroit bien deux chevaulx pour mener le molin, six 
livres parisis. 

Item faut ou dit chastel bois pour les engins, les tours, et 
autres choses soutenir. 

Somme sans les bois, onze cent soixante quinze livres dix 
neuf solz parisis. 

Somme toute six mil trois cent soixante-quinze livres six 
solz quatre deniers parisis. 

Au verso du dit rouleau : 

Ce sont les garnisons qui à présent sont au chastel de Lille. 

Premièrement, environ soixante muis que de blé que de farine. 

Item soixante lars. 

Item quarante tonneaux de vin dont les vint sept sont de 
Saint-Jehan et les autres d’Auxerre. 

(Arch. de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 11837.) 


XIV. 

(Pièce non datée.) 

Uns avis que aucune personne a donné. 

A mon très chier Seingneur le sirs de Noyers. Je vous faiz 


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Lfis Sires de noyers. 


321 

assavoir en manière de reraembrance quar la longue provision et 
bonne faite par les princes dounne à son peuple grant plante de 
biens et pais, et en temps de guerre doune victorie et joie. Et 
pour ce jay porveu, selont mon petit sens, en les choses que ici 
dessouz sont contenues. Et si les mettray à chief, quant il soit du 
commandement de notre sirs li Roys et votre Et si sera si 
secret que nullui n’en sentira riens. Ainsi comme vous savez 
notre sirs li Roys fet armé en la ville de Rouen galées, et couste 
cbascune ce que ici dessous est contenu. 

Et je vous faray avoir galies armées des Genovois as conve- 
nances etgaiges que ici dessouz sera contenu. 

Ce est ce que couste une galie en Rouen, armée des Prevencalz 
pour ccnz quatre vint homes pour le pris de savoir : soixante 
deniers tournois chascun en trente jours, somme pour huit mois, 
livres, quatre mil trois cent vint. Item pour dix hommes qui 
seront fuitiz, paiez pour quatre mois au pris dessus diz, li- 
vres, cent vint. Item pour despens de cenz quatre vinls homes 
dessus diz pour venir de Provence jusqu’à Rouen, vint solz pour 
uns livres, cent quatre vint. Item pour apparoillée une galie en 
la ville de Rouen chascun an, livres, cent. Item pour chables et 
voiles pour chascunc année, livres, quarante. Item pour remes, 
pour chascune année, livres, trente. Item pour arnois menu, pour 
chascune année, livres, dix. Item pour appareillée les armeurcs 
et pour achaté chascune année ceu qui il faudra, livre vint cinq. 
Item pour suif pour six mois, livres vint quatre. Item pour le 
domaige d’une galie, chascun an, livres, deux cent soixante six. 
Et la cause est ceste, quar a notre sirs li Roys, cousie une galie, 
huit cents livres tournois. Et au chief des trois elle ne vault riens. 
Item couste, chascune galie, en la ville de Rouen pour garder et 
autres choses, chascun an. livres, dix. Somme, livres, cinq mil 
cent vint cinq tornois valent pour quatorze solz le fleurin de 
Fleurence, florins sept mil trois cent vint un. 

Somme pour vint galies pariées pour huit mois, au pris dessus 
dit : florins cent quarente six mil quatre cent vint. 

Et sachiez que les galies dessus dites n'en serviront en la 
merre que six mois, et la cause si est pour laler et pour le venir 
que les Provençalz font par terre, et pour le demour quil font en 
la ville de Rouen avant que les gens dessus diz soient appareil- 
liez et les galies adrecies. 

Et je vous douray, se il plet à notre sirs li Roys et à vous, vint 
galies armées des Genovois lesquels se partiront de leur paiz 
le premier jour de mars prochainement venant, et serviront 
jusques au premier jour d’ottembre en suivant qui sont sept 
moi8.et offendront as ennemis de notre sirs li Roys en venant. 
Et ce sera pour le prix de florins, soixante dix mil de Florence. 

Sc . hi*t. 21 


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LES SIRES DE NOYERS. 


322 

Les convenances que les seingneurs des vint galies dessus dites 
vuellent avoir avec notre sirs li Roys sont teles. Première- 
ment, que il vendront de leur paiz, as port de Bruges et 
de Rouen, et toute foiz prendront sur les ennemis du Roy 
ce quil porront. 

Et du port de Bruges se partiront et tairont le commandement 
du Roy, et prenderont touz jours les ennemis et leurs biens et 
tout autres manières de gens qui niassent ou venissent en terre 
des ennemis. 

Et veullent avoir toutes les prises que il tairont, et je crois 
bien tant faire que il endoiront à notre sirs li Roys aucune partie. 
Et ce je le puis faire vraiement je crois que les prises vauldront 
tant ou plus comme seront les soixante dix mil florins dessus 
diz. Et la cause si est, que je crois bien que il na nul port en 
Engleterrc ne en Escoce ne en Gascomgne que les vint galies 
dessus dites ne ostassent tuit le naviles qui fussent dedens. 
Et encoire prenderoient il bien tout les villes qui ne sont pas 
fermées. 

Ancoire voulent avoir les seigneurs des dites vint galies par 
convenance que enquel que lieu les dites galies feussent que elles 
se puissent partir entiel temps quelles puissent estre le premier 
jour d’ottembre. 

Et d’abondant, je croy de certain faire avec les seingneurs des 
dites galies, que quant il vendront de leur paiz à Bruges. Et lors 
notre sirs li Roys nen eust mestié daux, notre sirs li Roys scroit 
quictes pour florins soixante mil. 

Ancoir je croy bien que se notre sirs U Roys veuloit aydier de 
ses galies quil aura en Rouen et de sagent, quant les vint galies 
dessus dites seront a Bruges, elles venront a Rouen et si met- 
tront la moitié de ses gent sur les galies de Rouen et notre sirs li 
Roys parfaroit de sa gent, tant quil souffiroit as trestout les 
galies dessus dites, et ce faray je m’en pour. 

Ancoir sera de convenances, que ou cas que notre sirs li Roys 
faisist pais avec scs ennemis, que en la dite pais seront 
les Genevois et quictiez de touz damage quil eussent donné 
ou fait ou temps de la dite guerre, as gens contenus de dessus. 

Ancoir se notre sirs li Roys eust mertié de greingneur somme 
de galies. Je crois bien bien certainement que je li douray autres 
vint galies, mes que je le seus>e de mantenant. Et convenoit que 
notre sirs li Roys donnast trop greingneur pris, que des vint 
galies dessus dites, et je li faray plus larges convenances pour 
notre sirs li Roys que ne sont celles dessus dites. 

(Archives de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B. 11875.) 


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LES SIRES DE NOYERS. 


323 


XV 

1338. 

Voiatge de Peronne pour Monseigneur , de l f an xxxvm. 
c’est le compte, 

Monseigneur Mile, seingnicur de Noyers, boutillier de France, 
et des receples et des mises qu’il a faites pour cause dou volage 
du mandement du Roy notre sire qui estoit à Perronrie, au 
vanredi devant la Nativité Notre Seigneur l’an mil trois cent 
trente et huit, pour aier à l’encontre du Roy d’Angleterre, que 
on disoit qui devoit venir meffaire au royaume de France, auquel 
mandement devoit aler pour le Roy uotre sire, messire de Nor- 
mandie ses ainsnés fils, pour le quel mandement li dis sires de 
Noyers fist le sien mandement à Compigne, au juedi devant le 
venredi dessus dit, et menoit avecques lui, Jehan de Noyers, 
conte de Jooigny et seingnicur d’Ànligny, Son fils, et plusieurs 
chevaliers, escuiers et autres cy après nommés, tant à gaiges 
comme à dépens ; c’est asssavoir : dès le dimanche sixicsme jour 
de décembre qu’il ot letres closes du Roy notre sire, du dit 
mandement à Jooigny et demoura yluec environ le dit dimanche 
lundi et mardi, et se parti le marcredi ensuivant de Buixi-en-Othe, 
emprès Jooigny, jusques au vanrédi dix huitiesme jour dudit mois 
qu’il estoit à Ponz-Suincte-Maxance ou li roys notre sire contre- 
manda le mandement, l* nu jour et l’autre comptez qui contient 
treize jours, dont il ne compte nuis despans d’ostel, pour cinq 
jours et une disnée qu’il fut en ces lieux. C’est assavoir le vi° 
vu® viii® jours de décembre et le ix° à disner qu’il fu en la 
conté de Jooigny, et ledimanche xm e et le lundi xini® jours dudit 
moys qu’il fu en son hostel à la Grandie aux merciers lez Paris 

receptes (Néant). 

DÉPENSES. 

Premiers. Le dimanche vi e jour de décembre que messire fu 
mandez pour aler au dit mandement et estoit à Jooigny, ou il 
estoit premier, et pour ce qu’il ne li sembloit pas par moût de 
raison, qu’il deust tenir, envoya, tantost à la court pour savoir 
se le dit mandement tanroist, et ne se reparti de Jooigny ou delà 
conté, en attandant se le dit mandement tandroit, jusques le mar- 
credi en suivant, et entre deux, manda ses genz d’armes qui se 
tenissent prests et garny pour venir avecques lui. Pour les des- 
pens de son hostel des diz dimanche, lundi et mardi vi e vii° viii 0 
jours de décembre, néant. 

Le mescredi dessus dit ix° jour de décembre se parti messure 


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324 


LES SIRES DE NOYERS. 


de Buixi en-Othe, en la conté de Joigny, pour aler au dit mande- 
ment après disner, et ala au giste à Serisiers-en-Othe, en lostel 
de l’ospital, et ne voldrent reiens prendre de lui de despens de 
bouche et des chevaux ne d’autres despens ordinoires, pour ce, 
néant. 

Despans forains. Rendu à Perrin Bouchart que messire envoya 
à Taris vers le seingneur de Joinville et le chancelier, et à Pont- 
Sainte-Mexance vers le Roy, pour savoir se le dit mandement 
tandroit, et pour son retour jusques à Canes où il trouva mon dit 
seingnieur, pour ce : xm sols vi deniers parisis. 

Item : At Thévenin Provains, vallet Jehan de Noyers, qui ala à 
Montaguillion, querre un cheval pour admener à Paris, un sols 
parisis; item, à Perrinet Dyvoit, pour admener un chariot de 
Val-Luisant et nn autre de Pruilly à Paris, pour porter hemoix 
au dit mandement à Péronne, xvi sols parisis. Item, à Robinet 
d’Asnières, qui porta letres en Bourgongne en plusieurs lieux, du 
commandement monseigneur, xvi sols parisis. Item, à Morelet, 
le fourrier monseigneur, pour cherbon, aydes et valiez qui 
conduirent le chariot monseigneur, nu sols parisis. Item, au 
mareschal pour deux cents de clox à glace et pour forge, lin sols 
parisis. Item , pour papier acheté et pour faire letres et escriptures, 
un sols parisis. Item, à Jocquemin le messaigier qui porta letres 
à monseigneur Aubert et monseigneur Jehan, de Torainne en 
Champengne, à Henrriet larbeletier Jacquemin et Martin de 
Navarre, paur venir vers monseigneur qui aloit audit maudement 
et pour son retour à Paris vers mouseigneur, x sols parisis. Item, 
à Michel des Palefrois pour venir de Noyers à Paris vers monsei- 
gneur qui aloit au dit mandement, vi sols parisis. 

Somme par soi : lxxviii sols vi deniers parisis. 

Juedi x° jour de décembre, disnée de ce jours et ses genz 
à l'abbaye de Saiotc-Columbe-de-Senz, néant. 

Le soir au giste de monseigneur à Grisy, en l’ostel de monsei- 
gneur Guy Chevrier, et n’en voldrent riens prendre, pour ce, 
néant. 

Vendredi xi° jour de décembre disnée des genz monseigneur à 
Canes seur Yonne, chiex Massesenais. 

Paneterie et boutellerie, pour pain un sols, pour vin vu sols 
parisis. 

Somme, xi sols parisis. 

Cuisine à l’oste pour poys, œufs et fromage, v sols parisis. 

Mareschaucie à lui vi sols vi deniers. 

Somme, xi sols vi deniers. 

De ces deux parties, somme xvn sols vi deniers parisis. 

Le soir giste de monseigneur et de ses genz à Moret, en l’ostel 
la Festue. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


m 

Paneterie et boutellcrie, pour pain à Poste vin sols, pour viu 
xxi sols, à lui pour fruit, ni deniers, en somme xxx sols m deniers 
parisis. 

Cuisine à l’ostesse pour poys, oylle et oignons et moutarde, m 
sols. A li pour frommaige et œfs, mi sols; à li pour demi cent de 
baranc,im sols, à li pour une livre d’amandes vi deniers, à li pour 
sel, feu, verjus, vinaigre et y ot mooles de busche pour tout, xv 
sols, à li pour rix, sucre et gingembre n sols vi deniers, item à 
Jehannott e la Daillibonde, pour mellenz xvi deniers, à li pour 
poison viii deniers. Somme : xxxvm sols xi deniers parisis. 

Maréchaucie et fourrière, à Poste pour xxxim chevaux, le 
cheval x deniers, valent xxvm sols mi d. ; item à lui pour n 
chevaux à la repehue qui vindrent devant, vi deniers. Item à 
Jehan le mareschal pour forge, m sols n deniers. Item à Morelet 
pour aydes et feurre mis en sale, xi deniers. Item, à Milet 
le maréchal pour la repehue des chevaux dou charriot et du flen 
et pour le bouire de& valez à la Villenuefve-la-Guiard,ni s. h d. 

Somme, xxxvi sols i denier. 

Despans forains. A Poste pour les despans de ceux qui vindrent 
devant, xvm deniers. Item, à Guillliaume de Turgi pour nus sorles 
à petit Perrot, valtetde la cuisine, n sols vi deniers. Item, à 
Oudinet pour une poulie pour les faucons, viii deniers ; item, 
randu à Henriet des faucons pour n poulies, xvi deniers. Item, 
pour le loayge d'un cheval pour atcler au chariot de la Ville- 
nuesve la-Guiard jusqu’à Moret, xii deniers. Item, donné aux 
pucelles de Postel, viii deniers. Item, au messaigier monseigneur 
de Joinville qui avoit apportées letres à Monseigneur pour la 
besoigne du roi, mi sols. Item, au messaigier Jehan Chauveau 
qui apporta letres à Monseigneur pour ceste cause, n sols. Item, 
à Perrin Bouchard pour un messaige envoyé de Meaux à Paris à 
Pierre d’Asnières pour Monseigneur, m sols n deniers; à Hen- 
riet des faucons pour une poule et pour cinq cuers de porc, xv 
deniers. 

Somme, xvm sols i denier. • 

Somme dugiste, vi livres m sols mi deniers, 

Somme du jour, vu livres v sols x deniers parisis. 

Samedi xii 0 jour de décembre, disnée de Monseigneur et ses 
gens à l’ostel de PEschequier à Meleun: 

Paneterie et bouteillerie, pour pain à Poste vi sols, à li, pour 
vin xxh sols. Item, à maistre Jehan pour fruit, h deniers. 

Somme, xxvm sols n deniers parisis. 

Cuisine, à l’ostesse pour poys, oyle, oignons, sel et moutarde, 
iii sols. Item, à Aceline la Couverte, pour n enguilles et autres 
poisson, xvn sols vi deniers. Item, à Perrin de la place pour 1 
quarreau vu sols. Item, à Poste pour demi cent de haraiu-saur 9 


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LES SIRES DE NOYERS. 


326 

mi sols. A li pour frommaige etoefs,ni sols vin deniers. A li 
pour moutarde, vi deniers. Item, à Guilliot le pasticier pourfasson 
de tartelles, n sols. 

Somme, xxxvii solsvm deniers. 

Mareschaucie, pour la repehue de vingt- trois chevaux, xi sols 

Somme pour soy, xi sols. 

Somme de la repehue lxxvi sols x.denicrs parisis. 

Le soir, giste de Monseigneur et ses genz à Savigny, chiex 
Jehan le Flamant : 

Paneterie et bouteillerie, pour pain à Jehan de Pontoise, v sols 
vi deniers. Item, à Perrotin, le tavernier, pour vin, xvn sols. 
Item, fruit et frommaiges de garnison, cuisine, tout tout de gar- 
nison. 

Somme, xxn sols vi deniers. 

Mareschaucie et fourrière. Foin à l’oste, néant. A lui, pour 
avoinne pour xxxm cheveaux, vil sols. Item, à Morelct pour 
estaiches et aides, n sols vi deniers. Item, à celui pour busche 
prise dehors l’oc tel, ni sols. A lui pour le loayge de xxi lit pris 
hors, vii sols îx deniers. Item, à Milet le maréchal pour forge, 
n sols. A lui pour le loayge d’un cheval pour le chariot de Moret 
à Meleun, xn deniers. 

Somme, xxm sols m deniers. 

Despens forains. A Felizet de Nogent, pour le boyvre de Jehan 
de Noyers, plusieurs escuieis et autres, ni s. vi d. Item, randu 
à Guillaume de Turgy, poua le bouire de lui et des genz mon- 
seigneur à Malay-le-Roy, xvi d. Item à Periget ce jour pour 
forge, viii d. Item à un valletqui alla querre Pierre de Yiry en 
son hostel et l’avoit mandé messire, n sols. Somme, vu sols 
vi d. 

Somme du giste, liii s. iii deniers. 

Somme du jour, vi liv. x sols i d. 

Dimenche en suivant. xm e jour de décembre ; disnée et giste 
de Monseigneur et ses genz à la Granche aux Merciers-les-Paris, 
pour ce qu’il estoit en son hostel, néant. 

Despans forains : Au Leurrier pour le boyvre Jehan de Noyers 
la repehue de ni chevaux de harneix et sommiers et autres à la 
Villenuesve-Saint-George, xn sols. Item pour despens de Perrot 
le portier et bat les aux, qui alient devant à Samoisel, ou mes- 
sire devoit gezir et ny fut pas, n sols vi d. Pour les despens dou 
dit Perrot qui alla devant à Meleun, et estoit avecques lui The- 
venin de la Porte et le vallet Morelet, m sols. Item, randu à 
Huillequin qu'il paiaàdcux maçons pour mettre deux perches 
en la chambre ou Monseigneur jut à Cerisiers, xix deniers Item 
pour le boyvre des petiz valiez et des chiens à la Villenuesve- 
Saint-George, xn deniers. Item, pour la repehue de Guillaume 


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LES SIRES DE NOYERS. 327 

l’arbeletier audit lieu et de son cheval, xii deniers. Somme, xn 
sols i denier. 

Lundi xiv® jour de décembre, encore disnée et giste comme 
dessus. 

Mardi xv® jour de décembre en suivant, se parti monseigneur 
et partie desagent de la Grange aux-Merciers, disnée et giste 
de mondit seigneur à la Chappelle-Saint-Nicolas en alant vers le 
Roy à Ponz-Saincte-Mexence. 

Paneterie et bouteillerie : A Poste pour pain, vm s. n d. a lui 
pour frommaige et fruit, xm deniers. A Poste de Postel à Lespée, 
à Saint-Denis, pour le bouire Jehan de Noyers et des genz mon- 
seigneur et leurs chevaux, xxi s. n deniers. 

Somme liiii sols vi deniers. 

Cuisine : A Poste Monseigneur pour choux et porée, vi d. a li 
pour x chies de poullaillie, vm s. mi d. a li pour lart, sel et 
verjux, vinaigre, et moutarde, n sols. A li pour œfs, vii d. Item 
à Lorant Savary pour la chair de deux moutons, vm sols. Item 
pour les despens de Perrot le portier et bat les aux et leurs 
chevaux, n sols. Item, venoison de biche, cinq poules, un faisant 
et espices de garnison. Somme, xxi s. v d. 

Mareschaucie et fourrière. Foin et avoine pourxx iii chevaux, 
le cheval x deniers, valent xix s. n d. A lui pour vi provandes 
d’amandances, m sols. A lui pour feu et belle chière, vm sols. 
Au levrier pour la repehue de vi sommiers et vu valiez au 
chemin, vi sols. A lui pour faire apparillier le courcier Jehan de 
Noyers qui avoit esté bleeiez, xii deniers. Item, à Guillict le 
bourrelier pour bourrellerie quant messire se parti pour aler au 
dit mandement, c’est assavoir : pour plusieurs baz de sommiers, 
plusieurs coliers de charroiz, selles à chevauchier, cengles, 
varengles et plusieurs autres choses menues dont messire Guil- 
liaume Despiry et messire Jehans de Sarrignÿ, mestre de Postel, 
virent les parties et passées par eulx : lxxvi sols vm deniers 
parisis. 

Somme, cxm sols ix deniers. 

Somme du jour, ix livres ix sols vm dénié; s parisis. 

Mescredi xvi® jour de décembre : disnée et giste de Monsei- 
gneur et ses genz de Ponz-Saincte-Mexance. 

Paneterie et bouteillerie : A Perrot Rignette pour pain,xx sols 
et en demoura ni solds en garnison. Item, pour vin, lxvi sols. 
Item à Mestre Jehan de la Bouteillerie, pour poz, ouiies et godez 
ni s. vi d. Item, pour poires et noi/., v deniers. Item à lui pour 
un frommaige, xm d. A lui pour deux loz et demi de saugie, n 
sols Item, ix Alix la cousturière pour loyage de nappes et de 
touaillies de ce jour, m s. vi deniers. 

Somme, mi livres xvi sols vi deniers. 


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328 


LES SIRES DE NOYERS. 


Cuisine. A Poste de Ponz pour poys, xx d. A lui pour m bouis- 
siaux de sel, m s. parisis. Item à Perrete laCannette pour i cent 
d’œfs, m sols. Item, a, li pour verjus et vinaigre, xvi d. A lui pour 
deux livres d’amandes, xvi d. A lui pour demi cent de harangs 
sor.m s. x 'd. A lui pour vi frommaiges.ini s. vi d. A lui pour 
un cent d’escuelles, vi sols Item au pasticier de Ponz pour façon 
de tartres et de flaonnes, n sols v d. Item à Marguérite la pois- 
sonnière de Senliz pour quatre carpes, un quarreau, six brochez, 
vingt barbeillions et autre peschaillerie pour mesnu,xui sols 
parisis. 

Somme, lxxi sols vu deniers 

Mareschaucie et fourrière. Pour la repehue et le giste de xxix 
chevaux en l’ostel monseigneur, de Ponz, xvm deniers pour 
chascun valent xliii sols vi deniers parisis, paiés à Jacques 
Tuelieu. Item, audit Jacques pour le giste de xi chevaux qui 
vindrent au soir, xii deniers, le cheval, valent xi s. parisis. A lui 
pour une livre de chandoile de buef vm deniers. A lui pour oile 
pour ses palefroiz, m d, A lui pour un cent et demi de fuerrc 
pour liz et pour litières, xii sols. A lui pour charbon et pour 
ftfgoz, mi sois vi deniers. Somme, lxxi sols xi deniers. 

Despens forains. A Robin d’Asnières pour ses despens en 
veuant vers Monseigneur à Cerisiers-en-Othe des Rougemont, et 
Pavoit Monseigneur mandé, m sols vi deniers. A lui, pour ses 
despees en alant de Saincte-Colombc de Sens à Chacenay, à 
Noyers et à Parrecy, et en plusieurs autres lieux, où il portoit 
lettres aux chevaliers et genz de Monseigneur pour venir audit 
mandement, et revint à la Grange-aux-Merciers et y mist vi jours 
pour ce avecques tout ce que messires Lambert li avoit bailliez, 
pour tout xx sols mi deniers parisis. Item, à Henriet des Fau- 
cons pour utie poulie et de cuers de porc, xim deniers. Item, à 
Morelet que Monseigneur envoya devant de la Grange à Ponz- 
Saincte-Mexance, pour ses despens et de son cheval et Thevenin 
le portier pour un jour, vi sols. Somme, xxxi sols. 

Somme du jour xm livres xi sols. 

Jueudi en suiyant xvn c jour de décembre, encore disnée de 
Monseigneur et ses genz, et y disnôrent avecques lui le comte 
de Salebruche, Monseigneur de Creynel et autres et giste à 
Beaurepaire de les Ponz. 

Panneterie et bouteillerie A Perrot Riquette pour pain oultre 
la garnison du jour devant, xxvm sols. Item, vin, lxxii sols. Item, 
à Jacquemin pour deux loz de saugie, n sols. Item, à Chambel- 
lan pour fruit, vm deniers. A lui pour un miryet à porter vin 
raage, mi sols vi deniers. Item, à Alix la cousturière pour 
loaige de nappes et de touailles ce jour, m sols vi deniers. 
Somme, ex sols vm deniers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


329 


Cuisine : A Pernotla Gannette pour poreaux, xx deniers. A lui 
pour joute, x deniers. Item, à lui pour xn chies de poulaiilie, 
x sols. A lui pour mi perdrix, v sols mi deniers. A lui pour 
verjux et vinaigre, n sols vin deniers. A lui pour moutarde, xvm 
deniers. Item à Jehan de Creel pour la chair de demy buef et 
-demie longe, xvm sols. A li pour la chair de deux moutons sau- 
triez, viii sols. A lui pour une longe de porc, m sols vi deniers. 
A lui pour cinq eschines, mi sols. Item pour lart et chair salée 
il sols vi deniers. Item, à Basin de Beaurepaire pour deux 
poulies xx deniers. A li pour un frommaige de guen xv deniers. 
Item, à loste de Panz, pour x moles de bûche pour tout mercredi 
précédent et pour lejueudi à la disnée xxm sols mi deniers. 
A lui pour demi cent de fagoz m sols. 

Somme mi livres vii sols m deniers. 

Mareschaucie et fourrière. A Jaque Tueleu, hoste monsei- 
gneur à Panz, pour la repeue de xlvii cheveux, mi deniers le 
cheval valent xv sols vin deniers. Item, pour le giste à Beau- 
repaire, foin de la garnison Monseigneur de l’achat de la venue 
darnires. Item, avoine pour xliiii chevaux, n setiers mine, le 
septier mi sols, valen? x sols. Item, à Milet le mareschal pour 
estaiche de xv chevaux en plusieurs lieux en ville, xv deniers. 
Item, à Morelet pour mi charretées de feurre pour liz et pour 
lictières, xvi sols. A-lui pour admener ledit feurre de Verneuil à 
Beaurepaire, visols. A lui pour louaige dexui liz, m deniers le 
lit, valent x sols vi deniers. Item, à lui pour les admener de 
Yerneuil à fostel, mi sols. A lui pour aides à la fourrière et 
pour leurboyvre de matin, n sols. 

Somme, lxv sols v deniers. 

Despens forains : A Felizet, pour un papier pour ses despens 
escripre, mi sols. Item, à Perrot le portier, que inessire envoya 
devant à Peronne pour prendre hostex pour lui et pour ses genz, 
xx sols. Item au Leurrier-pour porter cires et espices de Paris à 
la Grange quand l’on se parti, n sols. Item, rendu à Morelet qui 
avoitpaié a un vallet qui ala à l’encon.re de Monseigneur des 
Ponz à la Chappelle par nuit, xxvn deniers. A li pour aides à la 
fourrière, n sols. 

Somme, xxxii sols m deniers. 

Somme du jour, xim livres xm sols vii deniers. 

Le vanredi ensuivant xvm e jour de décembre : Encores à 
Beaurepaire les-Ponz Saincte-Mexance, disnée et giste de Mon- 
seigneur et ses genz. 

Paneterie et bouteillerie: A Perrot Riquette pour pain, xx sols. 
Item, à Chamberlin pour saugie acheté, n sols. Item, pour viii 
plain, lx vin sols. A li pour fruit, viii deniers. A li pour un 
gastel pour Monseigneur, vi deniers. A lui pour aides qui por- 
Sc. hist. 22 


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LES SIRES DE NOYERS. 


330 

tèrent vin ’de Ponz à Postel, vm deniers. Item, ù, li pour loier de 
nappes et de touailiies, ni sols. 

Somme, mi livres xim sols x deniers. 

Cuisine : A Bassin de l’ostel, pour ung bouisel de poys, x de- 
niers. Item, à Perrette CorneUe pour cinq quarteron de haranc, 
ix sols. A li pour verjux et vinaigre, xvi deniers. A li pour miel, 
xvi deniers. A li pour moutarde, xvm deniers. A li pour deux 
livres d’amendes, xx deniers. A li pour ung cent d’œfs, ni sols. 
A li pour oile, ni sols mi deniers. A li pour sel, xim deniers. 
A li pour poz pour la viande Monseigneur, vm deniers. Ali pour 
perrissin, mi deniers. A li pour aux et oignons, vm deniers. A li 
pour portaige de ces choses, vi deniers. A Richart le poissonnier 
pour poisson d’iau douce, xxxn sols. Item, à Symon, li clerc de 
Fleurides pour vingt-cinq mosles de busche, l sols, dont len 
commença à ardoir des le jueudi par avant. À lui pour deux muis 
de charbon, xxim sols. Item, pour admener lesdiz l mosles de 
bûche, vi sois. A Morelet, pour apporter ledit charbon, xvi de- 
niers. Somme vi livres xvm sols vm deniers. 

Mareschaucie et fourrière. Foin de la garnison Monseigneur. 
Item pour 5 septiers d’avoinne acheltez au prieur de Breteuil, 
pour xxvi chevaux à matin et xl le soir, xx sols, et en demora 
en garnison. Item, à Jacques Tueleu, pour la repeue de xi che- 
vaux en tant comme messire fu à la court, m sols vm deniers. 
Item, à Milet le mareschal pour deux livres de chandelle de 
buef et une livre d’oing, 11 sols. À li pour estaiches de xv che- 
vaux, xv deniers. À Morelet pour le louaigc de xlii liz, ni de- 
niers le lit, valent x sols vi deniers. 

Somme, xxxvii sols v deniers. 

Des peu s forains. Pour lesdespens Jaquemin de Bray et de son 
roucin en portent le très à Madame de Jueurre au chastelle à 
Aillehaudicrs, et aux chevaliers et escuiers Monseigneur, pour le 
con (romand du mandement de Peronne, et dubt revenir vers 
Monseigneur, xxnn sols. Item, à Jehan Catemin qui porta lettres 
à Jueurre, à Montaguillon, à Vendeuvre et à Noyers pour le 
contremand des chevauchiers, vi sols. Item, à Perrin Bouchart, 
pour un messaige qui ala à la Granche-aux -Merciers querre 
une celle à chevauchier d’un roucin que messire de Joinville li 
avoit preslé pour porter letres hatisvement vers Monseigneur, 

1 1 il sols. Item, à Jaquemin le messaigier qui porta letres à 
Compigne à un vallet qui gardoit le grant cheval que messires 
d’Arras avoit prestez à Monseigneur, xix deniers. 

Somme, xlv sols vu deniers. 

Somme du jour, xv livres xvi 6ols vi deniers. 

Autres despens , fais pour ceste même came. 

Rendu à Guillaume d’Erbloy, escuier de Monseigneur, pour ses 


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LES SIRES DE NOYERS. 


331 


despens de ses trois chevaux et ses valiez en venant de sa maison 
d’Erbloy emprés Jouigny, audit mandement, et pour son retour 
de €ompigne à Erbloy pour environ huit jours, xlviii sols 
parisis. Item, à Gauthier de Boutigny, escuier Monseigneur qui 
se parti de Monseigneur de Savigny emprés Meleun pour aler en 
son pays en Chartain, querre son hernoix et revint vers mondit 
seingnieur, à tout sondit hernoix, à deux chevaux et deux 
valiez à Ponz-Sainte-Mexance, pour vi jours et pour revoier son 
hernoix de Ponz en son païs, quand le mandement fut contre- 
mandé : pour un sommier et un vallet environ m jours, pour tout 
xxxviii sols parisis. Item, à Gietfroy de Boutigny, pour ses 
despens faiz en venant au mandement Monseigneur pour la 
semonce de Peronne, et parti de son pays emprés Tournerre en 
Champaigne, et vint à Paris et de Paris à Pons,* ensemble 
son roussin et son sommier pour environ cinq jours, xxim sois 
parisis. 

Item, à Messire Guillaume d’Espiriz, chevalier Monseigneur 
pour les despens de ses deux escuiers, de deux grans chevaux, 
deux sommiers et deux roussins, en venant de son pays d’Espiry 
emprés Moret, au mandement Monseigneur à Compigne, jusques 
à Ponz-Sainte*Mexance, parmi mi jours, xlii sols. 

Item, à Milet de Vauvert, qui avoit paié pour les despens 
Monseigneur Jehan de Sarrigny, chevalier, Monseigneur de 
Perrinet de Sancv, Jacquet de Brecons, chambellain, et dudit 
Milet escuiers Monseigneur, ensemble douze chevaux et leur 
valiez en venant de leur pays de Noyers et de environ ou dit 
mandement, et trouvèrent Monseigneur à Pons, pour cinq jours, 
viii livres parisis. 

Item, à Hennequim, fauconnier Monseigneur, pour les des- 
pens d’un roussin et d’un vallet qui admenèrent son hernoix de 
son pays de Nuilly vers Bar-seur-Aulbe à Compigne audit man- 
dement, et pour leur despens de retourner de Compengne audit 
Nuily, pour dix jours et pour lui mesmes que vint dudit Nuilly, 
à Montaiguillon, pour tout xxvi sols. Item, à Pierre d’Asnières 
pour les despens de son vallet et d’un roucin qui alerent querre 
une partie de son hernoix de la Grange à Rougemont et pour son 
retourt de Rougemont à la Grange, pour huit jours, xvi sols 
parisis. Item, à Guilliaume de Culestre, escuier Monseigneur, 
qui estoit venuz audit mandement, pour ses despens en retour- 
nant de Senlis en Bergongne en son pays, xxim sols. Item, à 
Martin de Navarre, fourrier Monseigneur, pour ses despens en 
venant de Partoys à Monseigneur à Ponz et pour son retour de 
Senlis arrière en Pertoys, xxim sols. Item, à Seguin d’Estaules, 
escuier Monseigneur, pour ses despens en venant de son pays 
vers Noyers audit mandement, et trouva Monseigneur à Ponz, et 


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LES SIRES DE NOYERS. 


pour ses despens en retournant en son pays, environ huit jours 
xxvii sols il deniers. Item, à Colard de Choisel, escuier Mon- 
seigneur, pour ses despens en venant à deux chevaux de Yale- 
court emprés Saint-Disier audit mandement, et pour ses despens 
en retournant en son pais par environ x jours, xlviii sols. Item, 
à Regnautde Roncenay, escuier Monseigneur Jehan de Serrigny, 
qui estoit venuz avecques lui audit mandement, pour ses despens 
en retournant de Senliz en son pays, pour quatre jours, xn sols. 
Item, à Monseigneur Yticr de Broce, seigneur de Polisi, pour 
ses despens et de trois cscuiers, c’est assavoir : Jehan de la 
Brosse, son lilz, Jehan de Latrecey et Jehan de Varennes, en 
venant de Parrecy vers Saint-Florentin, à douze chevaux et 
neuf variez^ audit mandement, et ne vindrentque jusques à la 
Ferté-souz-Jeurre où ils mistrent- quatre jours, et dileuc s’en 
retourna à Parrccy pour ce qu’il oy nouvelles du contremant, 
par autres quatre jours pour leur retour à Parrecy, pour tout, 
dont les parties furent veues et passées par Monseigneur Guil- 
laume d’Espiryet Monseigneur Jehan de Sarrigny, maistre de 
l’ostel Monseigneur, xii livres parisis. Item, à Monseigneur 
Erart d’Arcées. chevalier seigneur de Chacenay pour les despens 
de sa venue de Monseigneur Gauchier de Pacy, chevalier, et 
huit escuiers dès le mardi xv c jour de décembre, que il partit de 
son pals jusques au dymenche ensuivant xx® jour dudit mois 
qu’il vint à Rebez en-Brie, qui contiennent vi jours qu’il retourna 
pour ce qu il oy nouvelles dudit mandement qui estoit conlre- 
mandé et pour son retour là dont il estoit partiz, pour autres 
vi jours, pour tout, veues les parties et passées par Monseigneur 
Guillaume d’Espiry et Monseigneur Jehan de Sarrigny, niaistres 
de l’ostel Monseigneur, xxxvii livres n sols parisis. Item, à 
Maucors de Valerys, escuier et arbalestier Monseigneur, pour 
ses despens de lui, un varlet et deux chevaux en venant audit 
mandement Monseigneur à Compiègne, pour cinq jours, et pour 
son retour en son pais par autres cinq jours, pour tout, lvi sois. 
Item, à Guillaume de Turgi, escuier, pour ses despens’ lui et un 
varlet et deux chevaux en venant de Turgi, à mandement Mon- 
seigneur à Compigne, pour v: jours, et pour son retour en son 
pais pour autres vi jours, pour tout, lxiiii sols parisis. Item, 
pour les despens de cinq charioz qui menèrent le hernoix Mon- 
seigneur et de sa gent de la Grange aux-Merciers jusques à 
Compigne, de Pierre de Yiry, Jacquet de Brecons, escuiers 
Monseigneur, Martin de Navarre, les gens Monseigneur Guil- 
laume d’Espiry, les variez desgrans chevaux et plusieurs autres 
qui vindrent à Compigne où messires avait fait son mandement, 
et y avoit environ cinquante quatre chevaux et autant de per- 
sonnes dès le xvii 0 jour de décembre jusques au xxiiii® jour du 


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LES SIRES DE NOYERS. 


.333 

dit mois, qu’il furent retournez de Compigne à la Grange-aus- 
Merciers en l’ostel mondit seigneur, et pour les despens des 
grans chevaux faire venir de Montesguillon à Compigne, dont les 
parties sont au dos de cest roile, sans les garnisons Monseigneur, 
lxxv livres vii sols vii deniers parisis. 

Item, à Jacquemin, bouteiller Monseigneur, pour son venir 
d’Escarron en Partois au mandement Monseigneur, pour huit 
jours alant et venant, xxxii sols parisis. 

Somme vii xx , xvi livres x sols ix deniers parisis. 

Autres despens , faiz pour ceste même cause pour les gages des 
genz d'armes. 

A Monseigneur Jehan Trouillart, seigneur de Lesines, cheva- 
lier. pour la venoe de li et de six escuiers, c’est assavoir : Jehan 
de Seillenay, Symon de Rovilli, Regnaut de Loches, Huet de 
Brecons, Michel de Chanteraine et Perrinet de Moligny, dûs le 
samedi xn° jour de décembre, l’an dessus dit qu’il parti de son 
païs de Lesines, jusques au vendredi xvm® jour dudit mois, qui 
contiennent vii jours qu’il vindrent à Compigne, lii sols tournois 
par jour, valent xvm livres mi sols tournois. A lui pour le 
retour de lui et de sesdiz vi escuiers en retournant de Com- 
pigne en son pais à Lesines, pour vu jours au fuer dessus dit, 
xvm livres mi sols tournois. 

Item, à Monseigneur Erart, seigneur de Jaucourt, chevalier, 
pour la venue de lui et de cinq escuiers, c’est assavoir : Symon 
de Ville seur Àrce, Jehan de Mauvailli, Jean deFalegines, Henry 
d’Aubigny et Henry de Champanguele, dés le lundi xiiii 0 jour de 
décembre l’an dessus dit, qu’il parti de son pais de Jaucourt, 
emprés Bar-seur-Aube, jusques au juedi en suivant, xvii c jour 
dudit mois, qu’il vint à Compiegne, en alant audit mandement, 
qui contiennent quatre jours, xlv sols tournois par jour, ix 
livres tournois. Item, à lui pour ses gages, par deux jours qu il 
demoura à Compigne en attendant nouvelles de Monseigneur, au 
fuer dessusdit, mi livres x sols tornois. Item, à lui pour son 
retour de Compigne en son païs à Jaucourt, que ledit mande- 
ment fu contremandé, pour cinq jours au fuer dessus dit xi livres 
v sols tornois. 

Item, à Monseigneur Phclippe de Plancy, chevalier, pour les 
gages de la venue de li et de quatre escuiers, c’est assavoir : 
Jehan de Plancy, Jehan de Melligny, Jehan deCharny et Gaucher 
de Viuspre, dès le samedi xn° jour de décembre qu il parti de 
son païs de Praalin, emprés Chaourse, jusques au jeudi en sui- 
vant xvm e jour dudit mois, qu’il vint à Compigne audit mande- 
ment, pour vi jours, xxxvm sols tornois par jour, xi livres 
ym sols tornois. Item, à li, pour un jour qu’il demoura à Com- 


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LES SIRES DE NOYERS. 


pigoe, au fuer que dessus, et fu ledit mandement contremandé, 
xxxvm sols. 

Item, à messire Guy, sire de Chanlay, chevalier, pour ses 
gages de sa venue et de trois escuiers, c’est assavoir : Jehan de 
Fontveans, Guillaume Falaust, et Jehannet de Chéry, dès le 
vendredi xvm e jour de décembre qu’il parti de son pais de 
Chanlay- les-Joogny, jusques au lundi en suivant xxi« jour dudit 
mois, pour quatre jours, xxxi sols tornois par jour^ vi livres 
mi sols. A lui pour son retour et de sesdiz escuiers, de Com- 
pigne en son pais à Chanlay, pour quatre jours, au fuer dessus 
dit, vi livres mi sols. 

Item, à messire Aubert de Thorette, chevalier, seigneur du 
Chastelie, pour ses gages et de v escuiers, c’est assavoir : Le 
Borgne de Brenon, Engueran de Cliaill , Symon de Saint- Légier, 
Souiart de Roncigny et Lambequin de Florisi, eu venant de 
Chastelie en Chapangne à Saint-Quentin, pour estre au devant 
de Monseigneur, qui avoit fait son mandement à Compigne, pour 
cinq jours, et pour son retour de Saint-Quentin audit Chastelie, 
par autres cinq jours, pour tout, pour dix jours, xlv sols le jour, 
xxii livres x sols tornois. 

Somme cix livres vii sols, tournois qui valent à parisis mi** 
vu livres ix sols vu deniers parisis. 

Item, rendu àHuguenind’Escutigny,escuier Monseigneur, pour 
son courtier qui fu mors à Compigne, et avoit séjourné là aux 
despens dudit seingnieur, depuis que li s’estoit partiz d’Amiens, 
senz ce que li diz sires en heust riens compté, xx livres parisis. 

Et pour les despens d’icelui. Néant. 

Somme, xlvi livres. 

Item, autres despens faiz pour messaiges envaiez et autres 
choses pour ceste mesine cause, dont les parties sont aux dos de 
ce rôle, vm livres xm deniers parisis. 

Et pour escriptures, xxx sols parisis. 

Somme, n c lxxii livres xvii deniers parisis. 

Somme, 11 e lxxiii livres xi sois v deniers parisis. 

AU DOS DU ROLE. 

Parties des despens faiz par Pierre de Virey et Jaquot de Bre- 
cons, escuiers de Monseigneur ; à Compigne à l’ostel de Chopay, 
et y vindrent le juesdi après la Sainte-Luce, xvii® jour de dé- 
cembre, l’an xxxvm, et y furent li jour dessus dit, Martins de 
Navarre et les gens messires Guillaume d’Espiri et li valiez des 
grans chevaux et plusieurs autres, et vindrent li grant cheval ou 
dit hostel dès le lundi avant ledit juesdi disnée et giste. 

Premiers, le jueudi dessus dit, boutei llerie etpeneterie. 

A Adam, le boulangier, pour pain, avec mi soldées que li 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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vallet avoient heu ja devant, pour ce xv sols, pour vin, xlii sols. 
Item, à Jehan Damonein, pour une livre de chandoilles de cire, 
xx vm deniers. Pour les despens des quatre charrioz empruntez 
et du chariot Monseigneur, pour mener son harnoix et de ses 
gens des la Grange-aux Merciers jusques à Compigne, et y avoit 
xxi personne et xxvi chevaux, par Pierre de Viry, escuier 
Monseigneur, pour ce vm deniers parisis. 

Item, pour les despens de xx grans chevaux et autant de 
valiez en venant de Monlaiguillon à Compigne au mandement 
Monseigneur, faiz par Perrin le bideron vallet Monseigneur, pour 
ce, vm livres parisis. 

Somm^, xviii livres xix sols mi deniers. 

Cuisine. A Poste Monseigneur pour chox, vi deniers. A Hernoul 
Gantovs, pour un mouton, une cuisse de buef un quartier de 
veau et ni menhastes, xim sols. Item à Jehan Danjouein, pour 
verjux, aux et sel, v sols. Audit Jehan pour une estamine, n 
sols. Au curé, pour v mosle de busche, vi sols vm deniers. 

Somme, xxvm sols n deniers. 

Mareschaucie et fourierie. Pour foin, avoinne et litière de 
quarante-quatre chevaux matin et soir, uni sols. Item, pour 
xviii grans chevaux qui vindrent le’dit mercredi précédant, pour 
foin, avoinne et litière, matin et soir, xviii sols. Item, Jehan 
Danjouain, pour miel et commun mi sols lin deniers. A lui 
pour chandelles de buef et pour oille pour lumières, pour le mer- 
credi et le juesdi, m sols n deniers. A li pour demi kaier de 
papier, vm deniers. Item, à Poste Monseigneur pour l’un 
estaiches de chevaux, mi sols vi deniers. Item, à Martin de 
Navarre, pour loaige de xxv liz, vi sols mi deniers. A lui pour 
portaige, xn deniers. 

Somme, mi livres xi sols xi deniers. 

Somme du jour, xxim livres xix sols v deniers parisis. 

Le vanredi en suivant xviii® jour de décembre. Et y furent le 
dessus dit, disnée et giste à l’ostel de Chepoy. 

Bouteillerie et peneterie. A Adam le boulangier, pour pain, 
xii sols. Pour vin, xlv sols. Fromaiges trois de la garnison 
Monseigneur. 

Somme, lvii sols. 

Cuisine. A Poste! pour poys, xii deniers. A Jehan Jaquot, 
pour poisson, vm sols. Item, à Jehan Blanchet, pour ung cent 
de haranc, v sols. A Poste Monseigneur, pour perrecin, vi de- 
niers. A lui pour œfs, xii deniers. Item, à Jehan Danjouein. 
pour oille, aux et oignons, n sols. A lui pour sel, m sols. A lui 
pour amandes, moutarde, varjux et vinaigre, m sols. Au curé 
pour six mosles de busche, vm sols. 

Somme, xxxi sols vu deniers. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


Mareschaucie et fourièrie. Pour foin et avoinne pour liiii 
chevaux, à matin xlix, au soir, li sols. Item, à Robin Gerar- 
diau, pour une planche pour le cheval messire Guillaume, xvi 
deniers. Item, à Jehan Danjouein, pour chandelles de buef, 
il sols vi deniers. Item, à Pierre de Viry, pour une bande de 
charrette rénover, xii fers d’essi et pour ointure pour les her- 
noix, vin sols vin deniers. A Poste pour estaiches de chevaux, 
mi sols ii deniers Item, à Martin de Navarre, pour louaige de 
liz, vi sols ni deniers. 

Somme, lxxiii sols x deniers. 

Somme du jour, vm livres h sols v deniers parisis. 

Le samedi en suivant, xix® jour de décembre. A l’ostel de 
Chepoy, disnée et piste, et y furent tuit li dessus dit et y vint au 
disner messire de Jaucourt, messire Guillaume d’Espiry, messiie 
Jehan de Sarrigny et leur escuiers et plusieurs autres. 

Bouteillerie et peneterie. A Adam, boulangb r, pour pain dont 
il demoura en garnison trois dousains, xvm sols. Pour vin , 
li sol6. A Engin, pour fruit, xvi deniers. 

Somme, lxx sols nu deniers. 

Cuisine. A Poste pour poys, xii deniers. Item, à Jehan Blan- 
chet, pour un cent de haranc, v sols. Item, à Joliette, pour 
poisson de mer, xv sols. Item, à Jehan Trouilliet, pour poisson 
de yaux douce, xiii sols. Item, à Jehan Danjouein, pour verjux, 
xx deniers. A lui pour moutarde et oille, n sols mi deniers. 
Item, à lui pour demie livre de gingembre confit, xvm deniers. 
Item, au curé, pour vu mosles de busche, ix sols mi deniers. 
Item, à Baudet, pour fasson de tartres et pour frommaiges et 
œfs, v sols vi deniers. 

Somme, liiii sols mi deniers. 

Mareschaucie et fourièrie. Pour foin et avoinne pour cin- 
quante-quatre chevaux matin et soir, lu sols. Item, à Jehan 
Danjouein, pour chandelles de buef, xx deniers. Item, à Poste 
pour estaiches de liiii chevaux, mi sols vi deniers. Item, à 
Martin de Navarre, pour louaige de xxx liz, vm sols vi deniers. 

Somme, lxvi sols vm deniers. 

Somme du jour, ix livres xi sols mi deniers parisis. 

Le dimanche en suivant, xx° jour de décembre. A Poste du 
Chopoy, et y furent les dessus diz excepté les chevaliers. 

Paneterie et bouteillerie. A Adam, le boulangier, pour pain, 
x sols, pour vin, xliiii sols. Item, frommaiges de la garnison 
Monseigneur. 

Somme, liiii sols. 

Cuisine A Poste pour joute, vm deniers. Item, à Ernoul 
Gantois, pour buef, x sols. Item, à Jehan Danjouein pour aux, 
verjux, oignons et sel, n sols mi deniers. A lui pour m oiseaux 


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LES SIRES DE NOYERS. 


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de rivière, n sols viii deniers. Item, à l’oste pour demi lot 
seyn, vi deniers. Item, demi los de chair salée de la garnison 
Monseigneur. Item, un bacon de lart de garnison. Item, au curé, 
pour vi mosles de busche, viii sols n deniers. 

Somme, xxiiii sols. 

Mareschaucie et fourerie. Pour foin et avoinne et litière 
pour xlix chevaux, matin et soir, xlix sols. Item, à Jehan 
Danjouein, pour oille, chandelle de sui, n sols mi deniers. 
Item, à Teste pour estaiches de xlix chevaux, mi sols i denier. 
Item, à Martin de Navarre, pour le loyage de xxx liz, viii sols 
vi deniers. 

Somme, lxiii sols xi deniers. 

Somme du jour, senz les garnisons, vu livres n sols i denier. 

Le lundi en suivant. Encores disnée à Compengne en l’ostel 
de Chepoy dessus diz, et y fu messire Jehans de Sarrigny. 

Bouteillerie et peneterie. A Adam, le boulangier, pour pain, 
ximsols. Item, pour vin, xxvi sols. 

Somme, xl sols. 

Cuisine. A foste pour poys, xii deniers. A Ernoul Gantoys, 
pour buef, xi sols vi deniers. Item, pour verjux, aux, sel de la 
garnison devant. Item, au curé, pour deux mosles de busche, 
n sols viii deniers. 

Somme, xv sols n deniers. 

Mareschaucie et fourièrie. Pour foin et avoinne pour cinquante 
deux chevaux à la repehue, xxiiii sols. Item, à Jehan de Rueill 
pour une planche au cheval Monseigneur Levesqne d’Arraz, 
n sols. Ilem, à Ernoul Gantoys, pour demi lot de seyn et deux 
livres de cyre, xviii deniers. Item, à Jean Danjouein, pour un 
lot de miel et demie livres de cumin, n soU. Item, bailliô au 
vallet de Lévesque d’Arraz, qui demoura à Compigne à tout son 
cheval qui estoit malades au pié, liquiex ne se pot métré an 
chemin avec les autres, pour son demourer de cinq jours après 
ce que li dessus dit se furent partis, et pour son retour à Paris 
vers son mestier et x sols qu’il li furent donnez du commande- 
ment Monseigneur, pour tout, xx sols. 

Somme, xlix sois vi deniers 

Somme de la disnée, cnn sols viii deniers. 

Ledit lundi au soir, giste à Verbrie. Se partirent li grant cheval 
Monseigneur et ses charroiz et toute sa gent en retournèrent 
arrière à Paris le lundi devant Noël, Lan xxxviii, de Compigne 
à l’ostel rie Chopoy. 

Bouteillerie. Pain de garnison venu de Compigne de l’achat 
devant. Item, à l’oste pour vin, xvi sols. 

Somme, xvi sols. 

Cuisine. A l’oste, pour mouton et demy et pour demie longe 


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LES SIRES DE NOYERS. 


de porc et pour trois chies de poulaillie, vin sols vi deniers. A 
lui, pour sel, verjux et vin-aigre, xviii deniers. A lui, pour 
belle chière, mi sols. 

Somme, xim sols. 

Mareschaucie. A Poste pour foin et avoinne pour cinquante 
trois chevaux, le cheval, x deniers, xliiii sols vin deniers. A 
lui pour chandelles de buef, xvr deniers. 

Somme, xlvi sols. 

Somme du giste, lxxvi sols. 

Somme du jour, ix livres vin deniers 

Le mardi en suivant diluée à Senliz, et y fu messire Jehans 
de Sarrigny, Jacquc de Brecons, Pierre de Viry, Manéors de 
Valereis, et tuit ii vallet des grans chevaux et du charroy et 
plusieurs autres, et vindrent Martins de Navarre, Woillequims 
Guilliet Permurier et Marthcz. 

Bouteillerie et pencterie. A Poste pour pain, v sols. A lui, 
pour vin, xvi sols. 

Somme, xxi sols. 

Cuisine. A Poste, pour chair, x sols. A lui, pour sel, verjux, 
vin-aigre et belle chière, il sols. 

Somme, xii sols. 

Mareschaucie. A Alot, pour foin et avoinne pour cinquante 
six chevaux, le cheval, vi deniers à la repehuc, valent xxm sols 
mi deniers. 

Somme par sov, xxm sols mi deniers. 

Somme de la disnée, lvi sols mi deniers. 

Le soir, giste à Louvres, et y furent Pierre de Virey, Jaque de 
Brecons. Pierre d’Asnières et Woillequim. Guilliet Permurier, 
l’escuier Monseigneur Guillaume d’Espiry, li vallet des grans 
chevaux et du charroy et plusieurs autres. 

Bouteillerie et peneterie. A Poste pour pain, vi sols. A lui 
pour vin, xm sols vi deniers. A lui pour fruit, mi deniers. 

Somme, xix sols x deniers. 

Cuisine. A Poste pour chair, vin sols ix deniers. A lui pour 
belle chière, v sols. A lui pour verjux, sein et aux, vin deniers. 

Somme xim sols v deniers. 

Mareschaucie. A Poste pour foin et avoinne pour xlviii che- 
vaux, xl sols. A lui pour chandelle de buef, xii deniers. A lui 
pour abuvrer les chevaux, mr deniers. Item, à Thommassin, 
bourrelier, pour affeter les harnoix des charrioz, n sols vi 
deniers. 

Somme, xliii sols vi deniers. 

Somme du jour, vi livres xim sols v deniers. 

Le mescredi en suivant. Disnée et giste à la Grange-aux- 
Merciers, et y furent Pierres de Virey, Jaquet de Brecons, 


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LES SIRES DE NOYERS. 339 

Woilliequins, li vallet des grans chevaux, et touz li charroiz et 
plusieurs autres. 

Bouteillerie et peneterie. A Michiel de Maone, pour pain, un 
septier et demi. F. Item, vin de la garnison Monseigneur. 

Somme, néant fors garnison. 

Cuisine. A Lorant de Galardon, pour deux moutons, xii sols. 
A li pour portaige, vi deniers. A Guilliaume Lullier, pour un 
bouissol de poys, xvi deniers. A lui pour verjux, vi deniers. A li 
pour deux pot, n deniers. A lui pour aux, nu deniers. A li pour 
moutarde, vi deniers. A li pour portaige, mi deniers. A la 
Pouinsotte, pour poisson pour ceux qui ne mangient point de 
chair, xii sols. Item, busche de la garnison Monseigneur. 

Somme, xxvm sols vin deniers. 

Maréchaucie. Foin de garnison Monseigneur. Item, avoinne 
pour lxix chevaux matin et soir, vi septiers mine. Item, à 
Guilliaume Lullier, pour deux livres de chandelles et pour trois 
chopines d’uile, m sols mi deniers Alui pour deux livres d’oinc, 
xvi deniers. 

Somme, nu sols vin deniers. 

Somme du jour, xxxu sols un deniers. 

Le juesdi en suivant. Encore disnée et giste à la Grange et y 
fu Jaquet de Brecons, Woillequins et li vallet des grans chevaux 
et plusieurs autres. 

Bouteillerie. A Michiel de Manne, pour pain, un septier, vin 
de la garnison Monseigneur. 

Somme, m*ant, fors que garnison. 

Cuisine. Poy* de garnison Monseigneur. Item, à la Pommette 
pour poisson, xvi sols. Item, à Guilliaume Lullier, pour verjux 
et oignons, xvm deniers. Item, à luy pour portaige, nu deniers. 

Somme, xvu sols x deniers. 

Mareschaucie. Foin de. garnison. Item, avoine pour xxv che- 
vaux, matin et soir, deux sextiers. A Guilliaume Lullier, pour 
chandelles, xvi deniers. 

Somme xvi deniers. 

Somme du jour, xix sols u deniers. 

Le vanredi, jour de Noël, encore à la Grange, et y furent 
Jaquet de Brecons, Willequins au disner, et tuit li vallet des 
grans chevaux et entrèrent d’enqui à leur gaiges landemen de 
Noël. 

Bouteillerie. Pain et vin de la garnison Monseigneur. Somme 
néant, fors que garnison. 

Cuisine. A Lorant de Galardon, pour un mouton et pour six 
piesses de buef et deux longes de porc, xiiii sols. A li pour por- 
taige, vi deniers. Ilem, à Guiart de Senliz, pour un chies de 
poulaillie, m sols. Item, à Guilliaume Lullier, pour chox, \\ 
deniers: 


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340 


LES SIRES DE NOYERS. 


Somme, xvm sols. 

Marechaucie. Foin de garnison. Item, avoinne pour xv che- 
vaux matin et soir, deux setiers 

Somme du jour senz les garnisons, xvm sols. 

Item compte, pour Jaquet de Brecons et Woillequim, pour 
leur despens qu’il firent à Louvres en venant à la Grange, et 
venoient de Senliz où messire estoit avec le Roy, pour ce, v sols 
vii deniers. Item, pour les despens de Angin et dou vallet messire 
Jehan de Serrigny, qui partirent de la Grange pour aler à Senliz 
où messire estoit, pour ce, u sols vi deniers. 

Somme de ces deux partis, vm sols i denier. 

Dons faiz à charretons et à valiez , pour cause de leurs salaires 
de ce viage . 

Donné au vallet de l’abbé de Saint-Germain des-Prez, qui 
avoit admené un grant cheval, un sols. Item, baillié au valiez 
qui menèrent deux chevaux de la Grange-aux-Merciers à Espi- 
rey, chiex messire Guillaume, pour leur retour, v sols. Item, à 
celui qui remena le charrioi de Pruilli pour son retour de la 
Grange à Pruilli, pour cinq chevaux, deux valiez pour deux 
jours et pour don fait audit charreton, pour tout, xvi sols. Item, 
pour argent baillié au chareton qui remena le chariot de Vaului- 
sent, pour leur retour dés la Grange à Yauluisent, pour leurs 
despens d’eux et de deux valiez et quatre chevaux, xvi sols. 
Item, donné de courtoisie audit chareton, vi sols. Item, au 
chareton de Saincte Coulombe, pour les despens de lui et un 
vallet, pour trois chevaux pour deux jours, de la Grange à 
Saincte-Couloume, xn sols. Item, audit chareton pour don fait 
à lui, nu sols. Item, au chareton de Lambiau, qui remena le 
chariot de ce lieu, pour ses despens de lui de un vallet et de cinq 
chevaux, v sols. Item, donné à vu valiez qui avient aidié à 
admener les grans chevaux des Montaiguillon jusques à la 
Granche-aux-Merciers. pour ce xxu sols v deniers parisis. 
Item, donné à un mareschal qui estoit avecques le hernoix, 

v sols un deniers. Item, baillié au vallet Regnaud de Roncenay 
et le vallet Pierre de Sancy et le vallet Jaquet de Brecons, pour 
leurs retours et de trois sommiers, de la Grange jusques aux 
hostex desdiz escuiers, pour ce xxuu sols. Item, baillié à un 
vallet qui enmena le cheval au receveur de Montaiguillon, xix 
deniers. 

Somme de ces dons et despens doudit charroy retournant, 

vi livres i sol nu deniers parisis. 

Item, somme toute de ses despens, dons et retours, dont les 
parties sont ci-dessus contenues aus dos de cest rôle, senz les 
garnisons Monseigneur, lxxv livres ix sols m deniers parisis. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


341 


Parties de plusieurs messaiges envoie:. 

Premiers. Randu à Perrin Bouchart que messires envoia à 
Paris au seingnieur de Joinville et le chancelier, et à Ponz- 
Saincte-Mexance, vers le Roy, peur savoir se ledit mandement 
tandroit, et pour son retour jusques à Canes ou il trouva mondit 
seingnieur, xun sols vi deniers parisis. Item, à Thevenin Perrins 
qui alaquerre un cheval à Montaiguillion pour admener à Paris, 
nu sols parisis. Item, à Perrinet Divort, pour admener un cha- 
riot de Valluisant, et un autre de Pruilli, pour porter hernoix 
audit mandement à Peronne, xvi sols parisis. Item, à Robinet 
d'Asnières, qui porta letres en Bourgongne et en plusieurs lieux 
du commandement Monseigneur, à plusieurs de ses genz pour 
venir audit mandement, xvi sois parisis. Item, à Jaquemin, le 
raessaigier, qui porta letres à messire Jehan et messire Aubert de 
Thalante en Champagne, à Henriet Tarbeletier, Martin de 
Navarre et Jaquemin, qui vindrent vers Monseigneur pour aler 
audit mandement, et pour son retour à Paris, x sols parisis. 
Item, à Michiel des Palefroiz, pour venir de Noiers à Paris vers 
Monseingneur, pour aler audit mandement, vi sols. Item, à Per- 
rin Bouchart, pour un messaige envoyé de Meaux à Paris, à 
Pierre d'Asnières, pour appareillier garnisons pour la guerre, 
ni sols il deniers. Item, à un valletqui ala querre Pierre de Viry, 
pour venir à Monseigneur, pour aler audit mandement, il sols. 
Item, à Robinet d’Asnières, pour ses despens en venant de Rou- 
gemont à Monseigneur à son mandement, ni sols vi deniers 
parisis. A lui pour ses despens en alant de Saincte-Coulonbe de 
Senz à Noyers et à Perrussin, et en plusieurs autres lieux ou il 
portoit lettres aux chevaliers et genz de Monseigneur pour venir 
audit mandement, xv sols mi deniers parisis. Item à Perrot le 
portier, que messire envoya à Peronne pour prendre hostelx pour 
lui et ses genz, pour ses despens, xx sols parisis. Item, à Jaque- 
min de Bray, pour les despens de lui et son cheval en portant 
lettres au chastelle et à Aiilibaudières et à plusieurs chevaliers 
et escuiers et genz de Monseigneur pour le contremand du man- 
dement de Peronne, pour ses despens xxiiii sols parisis. Item, 
à Jehan Taste-vin, qui porta lettres à Jeurre, à Montaguillion, à 
Vandeuvre et à Noiers, pour celle cause, vi sols. Item à Oudant 
le messaigier, qui ala à Crespi en Valoys, à Nogenl f Art.iust et à 
Noyers porter lettres, pour celle cause, x sols parisis. Item, à 
Perrin Bouchart, pour aler querre une celle a Paris, d’un cheval 
que messire de Joinville li avoit près lé pour porter lettres hasti- 
vement pour vers Monseigneur, pour celle cause, mi sols. Item, 
à Jaquemin, le messaigier, qui porta lettres à Compigne, au 


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342 


LES SIRES DE NOYERS. 


vallet qui gardoit le grant cheval que messire d’Arraz avoit 
presté à Monseigneur, pour ses despens, xix deniers. 

Somme, vm livres xiu deniers. 

(Archives de la Côte-d’Or, Chambre des Comptes, B, 
1274 bis). 


XVI. 

1340, 1 er mai 

Testament de Miles de Noyers , maréchal de France . 

Après la mort de ses trois femmes, se voyant chargé de plu- 
sieurs enfants de trois lits, pour éviter les difficultés qui pouvoieut 
arriver entre eux aux partages de ses biens venant à la succession, 
il fit son testament ou plutôt un partage à futur de tous ses biens 
entre ses deux fils qui lui restoient, le 3*, nommé Gauthier, étant 
mort, qu’il charge de payer aux filles leur mariage et la pension 
à celles qui estoient religieuses dont il fil expédier les lettres de 
son grand sceau en lacs de soye de cire verte, données à Corbeil, 
le premier du mois de mai 1 340. 

Par ce partage, il donne à Mile de Noyers, son fils ainé, qu’il 
nomme sire de Montcornot, son chastel, chaslellenie et ville de 
Noyers, la maison du Fraisne, toutes les villes de la Rivière et 
toutes celles dépendantes de Noyers, la Maladière avec toutes les 
forêts, domaines et droits en dépendant en toute justice, haute, 
moienne et basse avec soixante livres de terre qu’il avait en la 
terre d Eclairon à cause d’un acquêt que il y fit du temps de la 
mère de sou fils Gauthier, à la charge de payer à la dame de Gran- 
cey, la fille, deux cent livres de terre que luy avoit prommis 
apprès sa mort. 

If donna à Jean de Noyers, son second fils, qu’il qualifie de 
comte deJoigny, les chasleaux et chastellenies de Vendeuvre, de 
Louvois et Paiens, sa terre de Poilly, vint-cinq livres de terre qu’il 
avoit sur les terrages de Tonnerre et à Chablis, trois cents livres 
sur la terre de Montaguillou avec toutes dépendances, droits et 
hommages des dits lieus. U assigne encore cinq cents livres de 
terre aux enfants de la dame de Chasteauvillain, sa fille, qui lui 
avoit prommis de donner apprès sa mort sur les terres de Dronnay, 
Villeconte et d....tour. voulant que si elles valent davantage le 
surplus appartienne au dit Jean de Noyers, son fils, et que ses 
deux fils soient tenus de payer par moitié les sommes d’argent qui 
se trouveront dues à ses filles de Grancey et de Chastelvilain sur leur 
mariage, et charge en outre Mile de Noyers de payer à ses filles 
Jeanne et Hélissan, nonains à Jouarre, 50 livres tournois de rente 


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LES SIRES DE NOYERS. 


343 


pendant leur vie, outre 70 livres qu'elles prenoient sur la terre de 
feu Gaucher de Noyers, suppliant le Roy de France et le duc de 
Bourgogne, qui seront à son décès, de contraindre ses enfans à 
1 exécution du présent traité. 

(Bibl. nat. Fonds Delamare, Mss. 9873/4 . A.}' 


XV1Ï. 

1348 . 

Reconnaissance et estimation faitte des bijoux , joyaux , 
argenterie , argent , etc., appartenant à Miles de Noyers 
dans la Tour audit Noyers. 

L'an de grâce mil trois cent quarante huit, le jour de fesle saint 
Simon et Judes, veismes nous. Miles, sire de Noyers, bonteiller 
de France, lés choses qui estoient en notre coffre de notre grant 
tour de Noyers, ou quel nous avons acoustumé à mettre et faire 
mettre nos joiauls et deniers, et y estoient les choses qui s’ensuient, 
premièrement, en un quelle deux mille florins à lescu qui y furent 
mis pour paier >. la compagnie des Bardes, à qui nous les devions, 
pour emprunt fait a euls, bons et loyal, sans fraude ni usure, pour 
partie de la rançon Gauché de Noyers, notre fil, que Dieu absoille, 
et avons ordené et voulons que pour quelconque be.^oing que ce 
soit, ni pour notre obsèque ne autrement, rien n’en soit tourné ne 
converti autre part que ou paiement des dis Bardes, pour la grant 
deshoneur, domaige et péril de conscience qui pourroit advenir, 
se deffaud avoit en leur paiement. Item avoit en un autre quelle, 
cent huit florins de plusieurs manières, cest assavoir, six paroil- 
lon3, deux corones, deux lions, vint-deux anges que première 
que moiens, que damiers, vint-trois que doubles que parisis d'or 
et cinquante trois florins a lescu qui povoient valoir le jour dessus 
dit sept-vinz cinq livres tournois ou environ, au feur de ung florin 
à lescu pour vint-cinq solz tournois. Item estoit ou dit coffre la 
vaisselle qui sensmt, premièrement, ung pot dargent saigné des 
armes d'Entigny et de Noyers, pesant trois marz et demi au pris de 
de soixante quatre solz le marc tournois, vauli le pot onze livres 
quatre solz. Item un paroil pot pesant trois marz et denr, à soi- 
xante quatre solz le marc, valt onze livres quatre solz. Item ung 
autre pot d'argent saignié des armes de Aoligny et de Ponlaillié, 
pesent quatre marz et demie once, à soixante quatre solz le marc, 
vauli treize livres. Item vint-trois escueilles d’argent pesent trente 
marz et six onces, à soixante quatre solz le marc, valt quatre ving 
dix huit livres huit Solz tournois. Item un aiguier covesclé et ung 


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344 


LES SIRES DE NOYERS. 


gobelet dor dedcnz pesent deux marz et demi, .à soixante quatre 
sols le marc, valt huit livres tournois. Item une salière dargent à 
deux lyons, pesent quatorze onces, à soixante quatre solz le marc, 
valt cent douze solz. Item ung yaubenoitier et fespargeour, pesent 
marc et demi, à soixante quatre solz le marc, valt quatre livres 
saize solz. Item une coppe covesclèe et esmailliée pesent trois marz 
et demi, à soixante quatre solz le marc, valent onze livres quatre 
solz tournois. Item une autre à covesele, et durée, et esmaillée, et 
ciselée, pesent six marz, à soixante quatre solz le marc, valent dix 
et nuef livres quatre solz. Item un aiguier esmaillié, doré et 
ciselé, pesent trois marz, a soixante quatre solz le marc, valent 
nuef livres quatre solz. Item douze escuelles nuefves, signées des 
armes d'Antigny, pesent dix et huit marz, à soixante quatre solz 
le marc, valent cinquante sept livres douze solz. Item dix et huit 
autres escuelles, signées des armes d’Antigny, pesent pesant vint 
et cinq marz sept onces, à soixante quatre solz le marc, valent 
quatre vinz livres. Item deux... d’argent, pesent dix marz, valt à 
soixante quatre solz le marc, trante deux livres. Item ung voirre 
d’argent, cooslé, covesclé, ciselé et doré, pesant trois marz deux 

onces, à soixante quatre solz le marc, valent dix livres. huit 

hanaps blans, au saing de Saint Disier, pesant sept marz trois 
onces, a soixante quatre solz le marc, valent vint trois livres douze 
solz. Item ung pot dargent doré et e.-maillié, pesant sept marz, à 
soixante quatre sulz le marc, valent vint quaire livres. Item un 
aiguier doré et ciselé à esmaulx sarti, pesant six marz, ù soixante 
quatre solz le marc, valent dix et nuef livres quatre solz. Item 

treize petit» lianaps dargent once et demie à soixante quatre 

solz le marc, valent trente cinq livres seize solz. Item un aiguier 
doré à trépié et ung gobellet sus à covesele tout doré et esmaillié, 

venu de ma fille de Joigny cinq onces et demie, à soixante 

quatre solz le marc, valeut vint et sept livres seize solz. Item ung 
hanap à covesele à tropié esmallié et doré pesent six marz trois 

onces, à soixante quatre solz le marc, valent solz tournois. 

Item ung gobelet dargent à trépié covesclé, doré et esmaillié 
pesant quatre marz et demi et trois onces, a soixante quatre solz le 
marc, valent quinze livres quinze solz. Item un aiguier doré et 
esmaillié, pesant quatre marz et demi et trois onces à soixante 
quatre solz le marc \a!enl quinze livres douze solz. Item ung autre 
aiguier do»é et sarti, pesant quatre marz trois onces et demie, à 

soixante quatre solz le marc, valent Item ung autre aiguier 

doré et esmaillié a ymaige, pesant quatre marz trois onces et 
demie et sept estellins, a soixante quatre solz le marc, valent 

quatorze livres sept solz quatie deniers. Item ung autre petit 

doré citelé et sarti, pesaut trois marz trois onces et demie, à soi- 
xante quaire solz le marc, vauil onze livres. Item seize escuelles 


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US SIRÊS DE NOYERS. 


345 


dargent nuefves, pesant vint et sept marz trois onces et demie, à 
soixante quatre solz le marc, valent quatre vinz sept livres seize 
solz tournois. Somme des marz d’argent de la vaisselle dessus dite 
deux cenz treize marz deux onces rl demie et sept estellins qui 
valent au fuer de soixante quatre solz le marc, six cenz quatre 
vinz deux livres seize solz tournois qui pooient valoir au jour 
dessus dit, que le marc dargent valoit cent solz tournois ou envi- 
ron, au pris de cent solz le marc. .... soixante six livres dix et 
sept solz six deniers tournois, et es chose dessus dite furent pré- 
sent messire Girard de Cerin, mestre de notre hoslel, inessire 
Lamberz, Doyen de Tourneurre et Dam Paris de Vaulce, nos cha- 
pelains, Guillaume de Diaucy et Perrin Bouchart, noz clerz. Ci fai- 
sons savoir à touz ceuls qui ces lettres verront, que cest toute la 
monnoie et vuisseile que nous avions au jour dessus dit, gisant ou 
dit coffre ne ailleurs, excepté celle que nous portons an chascun 
jour avec nous, en la quelle a ung godet d’or covert, à quoy nous 
buvons, que nous avons osté du dit coffre, qui poise deux marz 
trois onces, qui valent à quarante trois livres cinq solz le marc, 
cent une livre seize solz tournois; et combien que ou temps passé 
nous avons heu ou dit coffre plus et muins aucune, soiz d’or et d’ar- 
gent monnoié et à monnoyi*r, si comme il porroit apparoir, par 
plusieurs escripz faiz devaut cestuy, les quels nous mettons du 
tout au néant nous ou noz genz de notre commandement l’avons 
emploié et mis (U notre profit, et en quittons pour nous et noz 
hoirs ceuls qui pour nous y ont esté ou repairié, et à qui aucune 
chose en porroit estre demandée ou temps à venir. En tesmoing 
de vérité nous avons scellées ces lettres de notre scel. Donné a 
à Noyers l’ac et le jour dessus dit. Item le Jeudy en suivant après 
le jour dessus dit veismes les deniers ordenez pour notre testament 
paier et pour notre obsèque, lesquels estoient avec notre dit testa- 
ment en ung coffre, et y avoit six vinz deux livres en six vinz deux 
florins ou pavoillons pour offerandes et autres choses ordenées 
pour notre obsèque. Item pour paier à noz genz contenus en notre 
codicille cent dix et sept florins à la chaière et à l’escu florins pour 
viut solz tournois la pièce, non contrestanl que plus fort ou plus 
foible court; et combien qu’il ne soit mie contenu en notre dit codi- 
cille, voulons nous qu’il en soit ainsi paiez. Donné comme dessus. 

Des choses contenues en cesle lettre furent oslées les 1 choses qui 
s’ensuyent, premiers, ung gobelet dargent eouiailliez et li cou- 
vescle, que Messire donna à Monseigneur Eudes de la Roiche, a 
Noyers, environ l’Aparition fan quarante huit et demora li piez. 
Item le vint sixième jour de Janvier l’an quarante huit, fut oslées 
ung «riguier d’argent esmaillié a trépié et ungs gobelez suz à 
couvescle touz dorez et esmaillié, venu de Madame de Joigny, 
pesant huit marz cinq onces et demie, et fut donnez à l’évesque de 

Sc. hist. 23 


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346 


LES SIRES DE NOYERS. 


Laon, pris au dit coffre par Monseigneur Jehan de Gicy, Monsei- 
gneur Lambert, doyen de Tourmrre, Dam Paris, et Monsieur 
Guillaume de Verdonay. Item furent os«é dudit coffre ung guelle 
où il avoit deux mille escuz qui esloient deuz a la compagnie des 
Bardes, les quieux leur furent paiez luet contons. Item depuis furent 
oslé due dit coffre présent Monseigneur, Monsieur de Pacy, Mon- 
seigneur Girard de Cerin, et les dessus diz, treize hanaps, pesens 
onze marz once et demie, qui valent, au pris de soixante quatre 
solz le marc, trente cinq livres seize solz. Item ung aiguier doré, 
ciselé pris pour Monseigneur, posent trois marz trois onces et demie 
vaut, à soixante quatre solz le marc, onze livres. Item depuis fut 
mis ou dit coffre en trois sas. en plusieurs monnoies, cinq cent 
soixante livres quarante trois solz nuefs deniers tournois, monnoie 
courant l’an quarante neuf, environ la miaoust venu deu disiesme 
daucerre apourlé par Guillemin de Diency, et fut ce fait et veu par 
Monseigneur au dit coffre, la voillc de PAcenssion Notre Seigneur, 
Pan mil trois cent et cinquante, présent Monsieur de Pacy, Mon- 
sieur Girarl de Cerin, Monsieur Lambert, Dam Pàris, Perrin 
Boicliart et Perrin Panceneure. 

Et est assavoir que ungs gobelet d’or à couvescle, que Mcssire 
pourtoit pour son boire, fut vendns pour paier Monseigneur 
Philippe de Bourlande comme exécuteur de Madame de Flandres. 

Arch. de la CAle-d’Or, Chambre des Comptes, B., 1275.) 


XVIII. 

1419. 


Inventoire . 


Inventoire fait par nous Jehan Bonost, conseiller et maitre des 
comptes de Madame la Duchesse de Bourgogne et de Monseigneur 
le Duc, son fils, et Perrenot Doranges gruyer de ma dicte dame et 
commissaire d’icelle madame, des biens meubles que nous avons 
trouvez ou chastel de Noyers appartenant à notre dicte dame pour 
les deux tiers et à ses personnièrs pour l’autre tiers; présens et 
appellé avec nous Guillaume Soillol, clerc notaire publique, juré de 
la cour de mon seigneur le Duc de Bourgogne, le neufviosme jour 
du mois de novembre Pan mil quatre cens et dix nuef, en la ma- 
nière que s’ensuit. 

Et premièrement en l'oratoire de la chapelle dudit chastel de 
Noyers : 

l T n reliquaire de la sainte Espine du chappel de notre seigneur, 


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LES SIRES DE NOTERS. 347 

que lient ung ange d’argent doré d’or, qui est deans ung esteuf de 
cuir. 

Item, ung colon d’argent sur une platine en cuyvre doré d’or, 
ouquel a ung petit reliquaire de cristal et ung covaicle d’argent, 
ouquel y a du lait de la glorieuse Vierge Marie, selon ce qui est 
escript en uog brivet qui y est alaichié. 

item, oudit colon a ung petit flaconet d’argent doré d’or, où il 
a certaines reliques que l’on ne scet pour ce qui n’y a riens 
escript. 

Item, oudit colon ung petit pot de verre où il a reliques que 
l’on ne scet pour ce qu’il n’est point escript. 

hem, ung reliquaire d'argent ou quel est la cosle de Monseigneur 
saint Georges, comme appert par ung brivet qui y est ataichié. 

Item, une croix de lapz garnie d’argent en plusieurs lieux et au 
trois bous grosses pierres de cristal. 

Item, une autre croix d’argent assise sur ung petit pié d’argent 
rond doré, en laquelle a de la sainte vraye croix comme l’on dit. 

Item, deux petitz tableaulx tenans l’un à l'autre en manière de 
deux pais esquelles a de pointure l’adnunciacion et le crusiftement 
de Notre Seigneur, et y a plusieurs reliques qui sont escriptes à 
l’entour des dits tableaux et mesraemenl de la veraye croix et de 
rutile de la benoicte Vierge Marie, mis en ung esteuf fait de soys. 

Hem, ung tableaul bien encien ou sont plusieurs reliques, mes- 
mement des vcslemans Monseigneur saint Jacques et Marie Salomé 
et de plusieurs autres saints. 

Item, ung autre tableaul de bois à charnières garni d’argent ou 
il a plusieurs reliques, mesmement du chief sam te Anataise, de 
saint Bartholomey, de saint Romain, de la poudre qui fut trouvée 
es piez de notre seigneur le jour des Brandons quant l’annemi le 
voulat tanter, et de plusieurs autres sains en grant nombre. 

Item, une paix d’argent où il a ung crusiftement. 

Item, quatre channettes d’argent pour servir à l’autel de vin et 
d’eau I. 

Hem, ung encencié d’argent. 

Item, ung petit creseftz de coyvrc doré d’or, qui est pour mectre 
en une chappe. 

Item, ung cor d’yvoire que l’on nomme le cor Monseigneur 
saint Humbert d’Àrdonne. 

Item, deux petitz cusinez d’autel de veluaul royé. 

Item, deux nappes d’autel ouvrées de coteur perses et vermoilles. 

Item, cinq draps de soye à parer l’autel, d’anciene façon. 

Item, trois chappes de soye qui sont de plusieurs coleurs. 

Item, deux chasubles de drap d’or. 

Item, une autre vieille chasuble de drap d’or dont l’on chante 
chacun jour. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


348 

Item, deux tuniques vermoilles de soye. 

Item, deux autres tuniques dont Tune est de drap d’or et l’autre 
bleue à chaste! d’or. 

Item, deux paires dcstoilles et de manicles d’oflfrois d’or et de 
soye. 

Item, les aubes et amis y appartenant, garnies de soye selon les 
chasubles. 

Item, deux autres amis garnis de soye. 

Item, ung couvrechié de soye et til d or à tenu* la platine de 
l’autel. 

Item, deux nappes d’autel. 

Item, ung calice d’argent garni de platine dont l’on chante cha- 
cun jour. 

Item, ung bréviaire en deux grans volumes noclez. 

Item, ung mecel en grant volume où l’on chante chacun jour. 

Item, ung sautiez férial de grosses lettres noclé. 

Item, ung légendaire de grosse lettre en grant volume. 

Item, ung gréai de tous le temps. 

Item, deux paires de corporaulx. 

En la chambre de feu damoiselle Jehanne de Noyers : 

Ung lit garny de coultre, cusinet une serge vermoille, apparte- 
nant singulièrement à madite danic la Duchesse pour ce qu’il estoit 
seulement es vandeurs de la dite terre. 

Jtem, deux plas et six escuelles d’eslain signées aux armes tant 
de Choiseul comme de Rimaucuurt. 

Item, deux choppines d’eslain signées à ce sainct. 

Item, ung trepier, une grille, deux andains doubles de cusioe 
dont l’un est rompu. 

Item, ung grant poul de coyvre pesent environ xxx livres. 

Item, une petite achote de deux piez et de deux piez et demy de 
long, laquelle est de cliesne. 

Item, uue basoie, deux grans poëlles rondes vieilles, une vieille 
chaudière, une vies pinte d’eslain. 

Item, ung viez coquemart où il fault ung piô et deux andains en 
la chambre du capituin. 

Eu la grant chambre de ladite feu damoiselle : 

Une viez arche où sont plusieurs viez liz tous pourriz. 

En la chambre basse sonbz ladite grant chambre : 

Un viez lit garny de cusin. 

En la chambre dessus la dite grant chambre : 

Une arche plaine de viez liz pourriz, et ung viez petit lit en la 
chambre du costé la dite chambre de la diie damoiselle. 

En une chambre où l’on met l’artillerie : 

Deux poliez de coyvre, belles et bonnes, appartenant à engin. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


349 


Item, «ne corde d’angin. 

Item, deux solfiez de forge, uneanclume, ung Iiuis de fer. 

Item, ung chandelier de fer à mettre en sale. 

Item, une vicz arche plaine de viez trait. 

En une chambre de costé appelée vinéc : 

Trois grans cuves à mettre vandainge et un pou de marien à 
faire poinssons pour meclrc vin. 

Tous lesquels biens dessus déclarés nous avons laissiez au dit 
chaslel en la garde de Jehan de Vaubusin escuier, capitaine dudit 
chastel, en lapresence duquel a esté faille dit inventaire, et nous a 
affermé qu’il n’y savoit aucuns autres biens meubles appartenans 
à notre dite dame et à ses personiers. Tesmoing noz saings ma- 
nuelz, avec le saing manuel du dit Guillaume Soillol cy mis l’an 
et jour dessus diz. 

Signé : Soillot, J. Bonost et Doranges. 

(Arch. de la Côte-d’Or. Chambre des comptes, B. 1277 . 


XIX. 

Inventaire et analyse des titres étant en la layette cotée 107. 

Toutes lettres concernant les fiefs dépendant de Noyers. 

B. 10500. — Reprise de fief ou plutôt dénombrement d’une 
énonciation générale donnée à Mile de Noyers par dame Alix de 
Frolois de ce qu’elle a à Miliey (Milly) selon Chablies, terres, 
hommes, justices, etc., tout ce que Guiot de Bierry, fils de feu 
Guiot de Bierry, écuier, et Monioz, fils de feue dame Agnès de 
Bierry, écuier, tient de ladite Alix audit Bierry, de l’an 1325. 

Témoin, Milot de Gissev, écuier. 

B. 10502. — Déclaration de ladite dame Alix, de l’an 1330, 
contenant qu’elle doit chacun an un mois de garde au château de 
Noyers, à cause de sa terre de Milly et des fiefs de Bierry. 

B. 10505. — Commission de Jean Monars ou Mouars, de 
Semur, bailly d’Auxois, de l’an 1344, par laquelle narration 
faite que le duc pour certain cas ait fait mettre sa main sur la 
terre de Frolois et l’ait assigné comme commis, c’est pourquoi il 
fait saisir toute la terre de Bierry comme mouvante du seigneur 
de Frolois et tenue par Guiot de Bierry, messire Mile de Bierry, 
Guenegons du Fossey, femme de feu Emonin de Savoisy et Odot 
de Copereaux. 

B. 1 0505.— Dénombrement donné en 1345 par Guiot deBierry, 
écuier, à Mile, seigneur de Noyers, bouteiller de France, de 
portion de la terre de Bierry (Mile de Bierry, chevalier, vassal 


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350 


LES SIRES DE NOYERS. 


dudit Guiol), pour ce qu'il tenoit de lui audit Bierry, certain 
héritage tenant aux enfans Emonin de Savoisy. 

B. 10505. — Autre dudit an 1345 donné audit Mile de Noyers 
par damoiselle Guenegon du Fossé, femme de feu Emonin de 
Savoisy, écuier, tant à cause de ses enfants (non dénommés) que 
pour son douaire de ce quelle tient à Bierry. 

Les hoirs feu Mile de Bierry, chevalier, Odot Coppereaux, 
écuier, vassal de ladite damoiselle, tesmoins Guiot de Bierry et 
Jean son fils, écuier. 

Lettre de Jean Maulduit, licencié en lois, lieutenant de mes- 
sire Gastelin du Bois, seigneur de Raincheval, chevalier, bailly 
de Sens, de Tan 1404, portant mainlevée en faveur des seigneurs 
de Noyers des* terres et possessions que le procureur du Roy au 
bailliage d’Auxerre avoit saisies comme les prétendants mouvants 
du Roy, à cause du comté d’Auxerre. 

Tel est le sceau encore entier dudit Maulduit sur lequel on y 
distingue une croix ancrée en chef de l’écu. 

Une liasse de pièces cottées depuis 6 jusqu’à 27, ci-après 
détaillées, concernant les terres dont débat était entre le seigneur 
de Noyers et les officiers d’Auxerre pour la mouvance, et qui 
sont des dénombrements de la terre d’Arsy-sur-Cure, Auxerrois. 

B. 10472. — 1° Lettre de l’an 1247, par laquelle Geofroy 
(Gau/ridtcs) seigneur d’Arsy [dominus Arsiaci ), chevalier, cer- 
tifie que Geoffroy Potois d’Arsy, chevalier, et dame Matilde sa 
femme, ont déclarés tenir fief de Mile, seigneur de Noyers, tout 
ce qu’ils ont en la ville d’Arsy et en la ville de Saint-Moré 
(Sancti-Moderati), pourquoi ils doivent deux mois de garde 
au château de Noyers. 

B. 10486. — Lettre de Guillaume d’Àrsy, chevalier, fils de 
feu messire Guy d’Arsy, de l’an 1294, qui déclare devoir qua- 
rante jours de garde à Noyers, pour cause du fief que Baudouin 
d’Arsy, écuier, lui a donné, et qu’il tenoit du seigneur de Noyers^ 
(et son sceau encore entier qui représente un lion). 

B. 10500. — Dénombrement de l’an 1325 donné au seigneur 
de Noyers par Jacauz dit Coulcoz, écuier, de ce qu’il tient à 
Arsy ; il est parlé de Guillaume Gaupin, chevalier, de Gauthier 
de Montfélix, écuier, de damoiselle Isa beau Coulco, Perreau de 
Gurgy, écuier, Guillemin de Pressy, qui tiennent héritages audit 
Arsy. 

Ladite lettre passée sous les sceaux des prévôts de Bétry et de 
Vermanton. 

B. 10500. — Autre dénombrement de l’an 1326, donné au 
seigneur de Noyers, par Jean de Travilly, écuier, de ce qu’il tient 
à Arsy. 


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LES SIRES DE NOYERS. 351 

Damoiselle Isabeau Corcol et Guiot de Digoigne, écuier, y 
tenant héritage. 

B. 10502. — Lettre de Gauthier de Montfélix, écuier, de 
1330, qui déclare devoir annuellement au château de Noyers 
vingt-huit jours de garde pour cau-e de ce qu'il tient à Arcy. 

Son sceau encore entier sur lequel on distingue un lion ayant 
en chef deux étoiles. 

B. 10502 — Autre audit an 1330, par laquelle damoiselle 
IsabeaQ Corcol d’Arcy déclare devoir quinze jours de garde à 
Noyers pour ce qu’elle a à Arcy. 

Son sceau encore entier qui représente une femme debout 
tenant de la main gauche une espèce de petite boule, et devant 
laquelle est un moine ou un homme à genoux. Au bas est écrit 
que Jean de Monestaul tient lesdites choses à Arcy. 

B. 10502. — Autre de ladite Isabeau Corcol d’Arcy, dudit 
an 1330, qui déclare devoir huit jours de garde à Noyers, pour 
cause de la rivière qui est dessous la maison de Guillaume 
d’Arcy, chevalier, et qui fut à Perretle, fille femme de Michelot 
de Montfélix, écuier. 

Son sceau est encore entier comme cy dessus. 

B. 10503. — Dénombrement de l’an 1334, doonéau seigneur 
de Noyers par Philippe de Pressy, écuier, comme bailliste des 
enfants (non dénommés), de feu Jean de Boy, écuier, de ce qu’il 
tient à Arcy. 

Ledit Philippe de Pressy, Guillemin d’Arcy, y teuoient héri- 
tages. 

Scellé du sceau de la prévôté de Seiguelay qui parait porte 
trois faces de gueules. 

B. 10503. — Autre de ladite année 1334, donné audit sei- 
gneur de Noyers par ledit Philippe de Pressy de ce qu’il tient au 
dit Arcy. 

Isabeau Corcol et Jaquot Corcol y tiennent héritages et Phi- 
lippe du Verne, écuier, étoit vassal dudit de Pressy. 

B. 10505. — Autre de fan 1343, donné par Thévenin d’Arcy, 
écuier, de ce qu’il tient audit Arcy. 

Jean de Monestaul et Philippe de Verne y tenoient héritages 
(ledit Thévenin comme héritier de son père). 

B. 10505. — Autre de l’an 1343, donné à Mile de Noyers, 
chevalier, par damoiselle Margueritte de Grignon, veuve de feu 
Gauthier de Montfélix, au nom de Huguenin de Montfélix, 
écuier, son fils, de ce qu’elle tient à Arcy. 

Damoiselle Jeanne de Lie, Jean de Monestaul, écuier, Philippe 
de Verne, y tenoient héritages. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


352 

B. 10505. — Autre dudit an 1343, donné audit seigneur de 
Noyers, par Jean de Monestaut, écuier de ce qu’il tient à Arcy 
et quinze jours de garde à Noyers, ainsi que le devoit feue 
damoiselle Isabeau Corcol et pour cause de la succession de feu 
Jaquot Corcol, cousin dudit Jean. 

Messire Guillaume d’Arcy, Jean de Digoigne, Philippe de 
Verne, Jeanne de Lie, Jean de Boy et Thévenin d’Àrcy y tien- 
nent héritages. 

B. 10506. — Autre comme dessus de Pan 1351, donné à Mile 
de Noyers, par Jeannin de Monestaul, écuier, fils de Jean, de ce 
qu’il tient à Arcy, à cause des feus Isabeau et Jaquot Colco. 

Il tenoit héritages attenant à ceux de monseigneur Jeau 
d’Arcy, de Jean Digoine, de Philippe du Verne, Thévenin d’Arcy. 

B. 10519. — Autre donné en l’an 1371, à damoiselle Jeanne, 
dame de Noyers et de Wateffalle, par damoiselle Jeanne de 
Monestaul, de la moitié de ce qu'elle tient à Arcy, partant à 
Gérard de Digoigne, chevalier, et qui fut à feus Isabeau et Ja- 
quaut Corquot. 

Témoins, messires Piatre de Monestaul et Jean de Pesmes. 

B. 10523. — Autre de Pan 1372, donné à la dame Jeanne de 
Noyers, par damoiselle Alips de Chevy ou Cheny, femme de feu 
Jean Gaubert de Boy, écuier, tant en son nom qu’au nom de 
Gaubert de Boy, son fils, de ce qu’elle tient h Arcy, et de la 
rivière dudit lieu, qui fut à Jean de Monestaul. 

Girard de Digoigne, chevalier, y est rappelé, Jean Regnier 
Painé. alors garde du scel de la prévôté d’Auxerre. 

B. 10530. — Autre dénombrement de l’an 1384, donné à la 
dite damoiselle Jeanne, dame de Noyers, par damoiselle Jeanne 
de Monestaul, de ce qu’elle tient à Arcy, qui fut à feue Isabeau 
Corcol. 

Girard de Digoine, chevalier, y est encore rappelé. 

B. 10549. — Autre de l’an 1404, donné aux seigneurs de 
Noyers, par Guillaume Gaubert, dit de Boy, écuier, seigneur 
d’Arcy, en partie de ce qu’il tient audit lieu d’Arcy, dont une 
partie venoit de feu Gilot de Montfélix, dit Brandoux. 

Jean de Digoine, écuier, damoiselle Jeanne de Monestaul, la 
femme de feu Alexandre d'Athée ; la rivière qui fut à feu Jean 
de Monestaul, alors tenu par Jaquot deLose; il avoit aussi la 
moitié d’une place située à Availly, où il y avoit un moulin 
séant sur la rivière de Cure, partant par moitié indivis avec 
Pabbé de Vézelay. 

B. 10550. — Autre dudit an 1404, donné aux seigneurs de 
Noyers, par Barthélémy Dard, écuier, tant en son nom qu’au 


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LES SIRES DE NOYERS. 


353 

nom de damoiselle Jeanne La Doline, sa femme, et Jean d’Athie, 
écuier, tant en son nom qu’au nom et à cause de Odot d’Atliie, 
son frère, de ce qu’il tient â Arcy (dont une certaine masure fut 
de feu Gauthier Bridene). 

Jaquot de Lose, écuier, Jean de Digoine, écuier, damoiselle 
Jeanne de Monestaul y tiennent héritages. 

Témoin, Regnaut Digoine, écuier. 

B 10553. — Autre dudit en 1404, donné audit seigneur de 
Noyers, par damoiselle Jeanne de Monestaul, dame d’Arcy en 
partie de ce qu’elle tient audit Arcy, qui fut à feue Isabeau 
Gourco tt à feu Jean de Monestaul. 

Le6 hoirs feu Alexandre d’Alhée y tenoient héritages. 

B. 10555. — Autre de l'an 1405, donné aux seigneurs de 
Noyers par Jean de Digoine, écuier, seigneur du château d’Arcy, 
de ce qu’il tient audit lieu. 

Guillaume Gaubert, écuier, les hoirs feu Alexandre d’Athée, 
damoiselle Jeanoe de Monestaul, y sont rappelés comme confi- 
nans. 

B. 10558. — Autre de l’an 1409, donné auxdits seigneurs de 
Noyers, par Guiot Moisson, écuier, de ce qu’il tient audit Arcy 
comme acquéreur des hoirs de feue damoiselle Jeanne de 
Monestaul 

Jean de Digoine, écuier, et les hoirs feu Alexandre d’Athée, y 
sont rappelés comme confinans. 

Treize dénombrements de la terre de Joux, cottés depuis 27 
jusqu’à 40, ainsi qu’il suit : 

1° Un dénombrement informe vers l’an 1340. donné aux sei- 
gneurs de Noyers par messire Jean de Roussillon, de ce qu’il 
tient à Joux et à Lucy. 

Lettre de l’abbé et couvent de Moutier-Saint-Jean du mois de 
juin 1276, par laquelle ils promettent à Mile de Noyers de faire 
son anniversaire et celui de ses père et mère le lendemain de 
l’octave de Saint Jean Baptiste, pour raison de ce qu’il leur a 
donné l’arrière fief de ce que Guillaume de Juilly et Marie, sa 
femme, leur a vendu en la teire de Joux et qui étoit du fief de 
messire Jean, seigneur de Tanlay, chevalier; comme aussi pour 
raison de ce qu’il a accordé au prieur de Joux, son usage en ses 
boisd’Arviaul, que l’on appelle les bois des Usages, là où la com- 
munauté de Lucy en usera, et en payant semblable rente que 
ladite communauté. 

B. 10500. — Dénombrement de l’an 1325, donné à Mile de 
Noyers par Guiot de Joux, écuier {de Jugio ou Jugere) de ce 
qu’il a à Joux et à Lucy (apud Luceyum). Regnaud de Joux 
étoit son frère. 


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LES SIRES DE NOTEES. 


354 

B. 10500. — Autre dudit an 1325, donné par Regnaud de 
Joux {de Jugis ), de ce qu’il tient audit lieu. 

B. 10502. — Lettre dont les sceaux encore entiers de Jean de 
Saint-Fiacre de la sainte maison de Thôpital de Saint-Jean de 
Jérusalem, curé de Sacy et de Guy, curé de Joux, de l’an 1330, 
par laquelle Guiot et Regnaut de Joux frères, écuiers, recon- 
noissent devoir un mois de garde au château de Noyers, pour ce 
qu’ils tiennent en la cbastelienie dudit Noyers. 

B. 10503. — Dénombrement succinct donné en l’an 1336 à 
Mile, seigneur de Noyers, chevalier, par Arnaud de Sueserque, 
en Navarre, écuier, de ce qu’il tient à cause d’Isabcau de Joux, 
sa femme, demeurant à Thory ; de ce qu'il tient à cause de la 
succession de Guiot et Regnaud de Joux, frères de ladite Isabcl, 
savoir le bois de d’Arveaut y confiné et ce qu’ils ont tant à Joux, 
Thorey que Marcilly. 

Regnaut de Prés et Jean, son frère, écuiers, vassaux de ladite 
Isabel. 

B. 10505. — Dénombrement donuéen l’an 1345, par Jean de 
Ros8illon, chevalier, sire de Chessy, de ce qu’il tient du seigneur 
de Noyers, à cause de comtesse de , tant à Joux qu’à Lucy. 

La terre de Chemilly, tenue par la dame de Sainte-Palaye, 
était du fief dudit seigneur de Rossillon et de l'arrière fief dudit 
seigneur de Noyers. 

Nota. — La cotte 34 n’y est pas. 

B. 10506. — Autre de l’an 1351, donné audit seigneur de 
Noyers, par Guillaume de Beaulmont, sire de Lesigny, de la 
maison et héritage qui fut de feu Regnaut Burot de Joux. 

Guiot de Montagu tenoit héritages confinans audit Guillaume. 

B. 10506. — Autre dudit an 1351, donné par Guiot de Mon- 
tagu, écuier, de la maison qui fut de feu Guiot de Joux, écuier, 
et autres héritages dont quelques-uns confinoient à ceux de feu 
Regnaut Burot, écuier. 

B. 10554. — Autre datté de Joux le 26 novembre 1405, donné 
aux seigneurs de Noyers, par Jean de Montagu, chevalier, sei- 
gneur de Cliatillon-en-Varoi8, de ce qu’il tient à Joux. 

Et son sceau entier qui paroit n’avoir pour armes qu’une fasce 
sur L’éeu. 

B. 10555. — Autre de l’an 1405, donné auxdits seigneurs de 
Noyers, par Jean Samois, demeurant à Tonnerre, seigneur de 
Joux en partie, à cause de damoiselle Jeanne Gelée, sa femme, 
de ce qu'il tient audit Joux. aiusi que le tenoit Guillaume de 
Beaulmont et les cens qui furent à Jaquette d’Arconcey. 

Il avoit héritages en la justice de Jean d’Arcy. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


355 


Nota. — La cote 39 n’y est pas. 

B. 10518. *— Vidimus des lettres des damoiselles Jeanne, 
dame de Noyers et de Wattefîalle et de Cécile, sa sôeur, dame de 
Montniort et de Seigny-le-Pelit, de l’an 1369, portant don & 
Guillaume Gelez, leur écuier, pour et en valeur de douze livres 
de rente de ce qu’elles ont en la terre de Joux et qui appartenoit 
à Guillaume de Beaumont et de ce qui appartenoit à Jaquette 
d’Arconcey en la terre de Merry, et ce en exécution du testament 
du seigneur de Noyers leur frère. 

B. 10507. — Une petite déclaration sans date (vers 1* an 4360) 
de ce que Jean de Boy, chevalier, tient en fief du seigneur de 
Noyers au lieu d’Annay. 

Instrument de la prise de possession faite au nom de la du- 
chesse de Bourgogne le 5 novembre 1419, par Jean Bonost, 
maître des comptes, et Perrenot Doranges, gruier de ladite du- 
chesse, à ce commis, des deux tiers des châtel, ville, châtellenies 
et dépendances de Noyers que la duchesse avoit nouvellement 
acquis. 

Jean de Vaubusin, écuier, capitaine dudit Noyers, et Colas 
Berthier, en fut établi receveur; présent, Saladin d’Anglure, 
écuier 

B. 10473. — Lettre des abbé et couvent de Pontigny du mois 
de décembre 1256, qui déclarent que leur grange de Villers leur 
a été donnée par les seigneurs de Noyers, étant de leur justice et 
garde. 

B. 10481. — Lettre de Pan 1279, par laquelle Jean, sire d’Arcie 
et de Chacenay, déclare que M. Henry de Saint-Benoit, cheva- 
lier, lient en fief de lui quatre muids d’avoine qu’il a de rente en 
la ville de Poligny, lesquels quatre muids il veut désormais que 
les tiennent de Mile, seigneur de Noyers, son oncle (Judit Jean). 

B. 10502. — Lettre de Pan 1330, par laquelle Perrin de 
Lesiùe ou de Lesmor, demeurant à Vermaoton, déclare devoir 
au château de Noyers vingt jours de garde pour ce qu’il tient en 
fief audit Vermanton. 

B. 10505. — Lettre des abbé et religieux de Rigny, portant 
déclaration des héritages qu’ils tiennent de la garde du seigneur 
de Noyers, excepté la grange de l’Essart, qui est de la garde du 
comte d’Aucerre, de Pan 4345. 

B. 10506. — Délai de quarante jours accordé à messire Pierre 
dePaluau, chevalier, seigneur de Montessour et de Lucay-Leaval, 
pour reprendre du fief de ce qu’il tient du seigneur de Noyers, 
de Pan 1351. 

B. 10512. — Dénombrement donné en Pan 1365, par Jean 


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LES SIRES DE NOYERS. 


356 

d'Arsy J’alné, chevalier, sire de Vesigneux, de quelques restes 
qu’il a sur le péage, les tailles et revenus de Noyers, comme 
aussi de ce qu’il a acquis au lieu d’Arcy, de Regnaud le Cham- 
penois, et qui fut à Jean de Monestaul. 

Jean d’Arcy le jeune et feu Jean de Digoine, y sont rappelés. 

B. 10525. — Aulre dénombrement donné à Jeanne, dame de 
Noyers, de l‘an 1375, par Guillaume Chatain, écuicr, à cause de 
Jeanne de Sanvigne, sa femme, de ce qu’il a à Jouancy. 

Jean d’Athie était son confinant et feu messire Pierre de 
Sancy. 

B. 10502. — Lettre de Jaquinet Chienne, demeurant ù 
Noyers, de l’an 1329, qui déclare tenir en fief, à cause de Jeanne 
de Bissy, sa femme, demoiselle, son usage au bois du Frétoy. 

Et son sceau encore entier qui représente un buste de femme. 

Les cottes 51 et 52 manquent. 

B. 10505. — Reprise de fief faite en l’an 1348, par Jean de 
Lory, chevalier, sire de Sancy, à cause de madame Guillaume 
de Cerin, sa femme, et de Jean, fils de ladite Guillaume, engen- 
dré du corps de feu messire Pierre, seigneur dudict Sancy, de ce 
qu’il tient audit nom du seigneur de Noyers au lieu de Poillv, 
partant avec Huguenin et Perrinet, enfans de feu Jeau de Sancy. 

B. 10473. — Reprise du fief de l’an 1256, faite des seigneurs 
de Noyers, par Huez Pioche, chevalier, des tierces du mont et 
du territoire de Miart qu’il a achetées de Marie la mauresse, du 
bourg de Semur, et de Jeannet, son fils ; au dos est écritdu temps 
ce qui suit : 

« Lettre du fief du mont de Miart que messire Guillaume 
Pioche, sire de Poussanges, tient de Monseigneur. » 

B. 10487. — Lettre de Anseric de Treviselot [de Treviseleto)^ 
chevalier, par laquelle il engage à Mile, seigneur de Noyers, son 
fief de Maers en la paroisse de Sauvigny-lc-Bois {de Sauvai - 
gneyo ùi bosco) pour une somme de vingt livres, ce qui est 
certifié par Hélissand, femme dudit Anseric et Jeannette, fille de 
ladite Hélissand, de l’an 1296. 

Témoins Guillaumede Vdlers-le-Haut {de Villariis in aliis) 
chevalier, et Renier, écuier, son fils. 

B. 10487. — Lettre du duc, de l’an 1296, qui est l’original 
du vidimus reporté cy-dessus. 

B. 10494. — Vidimus d’une reprise de fief faite de Mile, 
seigneur de Noyers, en l’an 1315, par son cousin le sire de 
Cbarny, de la ville et terre de Villcrs-Nonain. 

B. 10494. — Lettre de Maïs de Mello ( Merlo ), sire de Saint- 
Bris, de l’an 1316, par laquelle il prie le seigneur de Noyers de 


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les Sires de noyers. 


357 


recevoir en fief Min de Chevanne, écuier de feu Guiot de Mello, 
son frère, pour la terre de Chemilly, que ledit Guiot a léguée au 
dit Min, son écuier. 

B. 10498. — Lettre d’Adam de Roncenay, écuier, de l’an 
1320, portant déclaration de ce qu’il tient en fief de Thomas de 
Saint-Séverin, seigneur de Chablies et de Poilly, au lieu de 
Meismelien et Poilly 

B. 10502. — Lettre de Guillaume de Courgis, écuier, de l'an 
1330, qui déclare devoir quarante jours de garde chacun an au 
château de Noyers, pour ce qu’il tient en fief du seigneur de 
Noyers, au lieu et en la ville de Cours. 

B 10502. — Lettre de Guillemin de Saint-Quentin et de 
Sebillette, sa femme, de l'an 1330, qui déclarent qu’à cause du 
seigneur de Moulins, prédécesseur de ladite Sebillette, il tenoit 
en fief du seigneur de Noyers un moi lin dit le moulin d’Argy, 
et un pré situé près la Maladièrc de Noyers, pour raison de quoi 
ils doivent un mois de garde au château de Noyers. 

Sont encore les sceaux entiers dudit Guillemin et Sebillette, 
dont les armes ne sont pas assés distinctes pour les expliquer. 

Et au bas de ladite lettre est écrit vers le môme temps que 
Guillaume de Briou tient ladite chose et doit la garde. 

B 15015. — Lettre de Guiot Fournier, de Semur, lieutenant 
de Jean Moart, bailly d’Auxois, de l’an 13 45, adressée à Mile de 
Birry (ou plutôt Bierry), chevalier, Guiot de Bierry, Guenegon 
du Fossé, femme de feu Emonin de Savoisy et à Oudot de Cope- 
reau, tous seigneurs de Bierry, pour qu’ils ayent à entrer en la 
foy et homage du seigneur de Noyers, conformement aux lettres 
du duc de Bourgogne y relatées, de ladite année 1345, portant 
main-levée en faveur dudit seigneur de Noyers, des fiefs et 
arrière-fiefs dudit Bierry, que ledit seigneur de Noyers a justifié 
avoir étlé tenus de lui par le sire de Frolois. 

Et le sceau encore entier dudit Guiot Fournier, qui représente 
une espèce de mouton ayant sur son dos un étendard déployé. 

B. 1 0507. — Dénombrement donné en l’an 1357, à Mile, sei- 
gneur de Noyers, chevalier, par Jeanne de Vergy, dame de 
Montfort, de Lucy, tant à cause de son douaire Êju’à cause de son 
fils, Geoffroy de Charuy, moindre d’àge, de partie de la terre de 
Lucy, mouvant dudit seigneur de Noyers, cousin de ladite Jeanne, 
à cause des fiefs de Ville. .. .in 

B. 10485. — Vidimusdcs lettres de madame Mar ie de Crécy, 
dame de Noyers, et de Mile, sire de Noyers, son fils, chevalier, 
de l’an 1292, portant don à Arnaud de Montot, leur écuier, du 
bois appelé la Sarre de Montot, tenant à l’héritage dudit Arnaud, 
et ce en accroissance du fief. 


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358 


LES SIRES DE NOYERS. 


B. 10543. — Vidimus des lettres du duc de Bourgogne dti 
quinze mai 1396, par laquelle il accorde à son cousin Eude, sire 
de Grancey, à Jean de Noyers, seigneur de Rimaucourt, son 
chambellau, et à messire Guy, seigneur de Choiseuil, chevalier, 
co-seigneur de Noyers, un délai d’un an pour donner leur dé- 
nombrement de la terre de Noyers, pour raison de ce qu’ils n’ont 
encore fait entre eux partage de ladite terre. 

Jean de Rochefort, écuier, alors bailiy d’Auxois. 

B. 10472. — Lettre de Guillaume de Saint-Florentin che- 
valier, seigneur de Pacy (. Paciaci ), de Tan 1241, qui certifie 
que messire Gauthier de Malligny a reconnu tenir en fief de 
messire seigneur Mile, de Noyers, ses maison et grange de Beine 
[de Bena) et son pré situé au finage de Malligny, joint l’héritage 
de Girard de Chablis, chevalier, lesquelles choses avoient appar- 
tenu à feux Jobert et Imbaut de Beine, frères, et à Marie, veuve 
dudit Jobert, et lesquelles choses aussi feu messire Guy de 
Montreal [de Monteregali ) et Anséric, son frère, avoient vendus 
à feu Guy de Melligny, père dudit Gauthier. 

B. 10474. — Lettre de Mile, sire de Noyers, qui déclare que 
Solfiera de Gan9, chevalier, est son homme-lige, sauve la légie 
lors chatellain de Gans et la dame de Chacenay, par xx livres de 
terre à tornois ou par leschaoite madame Alix de la Rivière, 
qui fu femme de Monseigneur Griselin, et que ledit Sohiera doit 
six semaines de garde à Noyers, ladite lettre de l’an 1258 au 
mois de mai. 

Est le sceau dudit sire de Noyers demy rompu, en cire blanche 
et étant représenté à cheval. 

B. 10474. — Lettre d’André de Montréal, seigneur de Mar- 
meaux et de Gile, sa femme, de Tan 1240, au mois de mars, 
portant cession à Mile, seigneur de Noyers, du fief de toute la 
terre de Nuis-sous-Ravière, du chef de ladite Gille, excepté 
toute fois la partie appartenante à messire Robert de Tanlay. 

B. 10503. — Lettre de Renier, de Villers-les-Hauts, cheva- 
lier, de l’an 1331, qui déclare devoir un mois de garde à Noyers, 
pour raison de ce qu’il a acheté de Guillemin Fichert, écuier, 
situé audit Villers-les-Hauts. 

Est son sceau encore entier qui représente deux lions l’un 
dessus l'autre. 

B. 10538. — Lettre de l’an 1391, par laquelle Guillaume de 
Raigny, écuier, déclare tenir en fief de dame Jeanne de Noyers, 
à cause du chàtetdudit Noyers, la troisième partie des tierces du 
finage de Marc lly, qui furent à Robert de Baalon, écuier, partant 
à l'abbesse de Marcilly. 


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LES SIRES DR NOYERS. 


350 

B. 10500. — Dénombrement donné à Mile, seigneur de 
Noyers, en Tan 1326, par Jean d’Arcv, écuier, fils de feu Gau- 
thier d’Arcy, chevalier, de tout ce qu’il possède en la ville et 
finage de Noyers. 

Certains héritages confinoient à ceux des eufans Jean de 
Montot. 

B. 10502. — Lettre de l’an 1330, par laquelle Alexandre Le 
Borne de Flavigny, déclare qu’à cause de damoiselle Osleline, sa 
femme, petite-fille de dame Agnès d’Arcy, il tient en fief du sei- 
gneur de Noyers la moitié de réminage de Noyers et l’usage au 
bois de Frétoy. 

Scellée des sceaux de Jean de Gissy, chevalier, cousin de ladite 
Osteline et de Huet de Fley, écuier, dont il n y a plus que celui 
dudit seigneur de Gissy, sur lequel on distingue un lion quoique 
à demy rompu. 

B. 10502. — Autre lettre dudit Jean de Gissy, chevalier, de 
Fan 1330, qui déclare tenir en fief, comme dessus, la moitié de 
Féminage de Noyers et l’usage au bois de Frétov, à cause d’Agnès 
d’Arsy, sa grand-mère maternelle. 

£st son sceau tout brisé sur lequel cependant on distingue un 
espèce de lion. 

B. 10503. — Autre dudit an 1331, par laquelle Jean de 
Melisey, fils de Milet de Melisey, écuier, déclare devoir garde à 
Noyers, à cause de la quatrième partie de Féminage de Noyers. 

B. 10503. — Dénombrement donné en Fan 1335 au seigneur 
de Noyers, par Guillaume de Brion, écuier, de ce qu’il tient en 
la ville et finage de Noyers. 

Çst encore son sceau bien conservé. 

B. 10555. — Dénombrement donné en Fan 1406 aux seigneurs 
et dames de Noyers, qui étoient Jean de Noyers, seigneur de 
llimaucourt, Guy de Choiseuil, à cause de sa femme, Jeanne de 
Grancey, dame de Chateauvillain, et dame Mahaul de Grancey, 
dame de Rodemac, seigneur et dame par indivis dudit Noyers, 
par Jaquot de Lose, écuier, seigneur de Flogny, à cause de 
Jeanne de Saint-Phale, sa femme, du quart de Féminage de 
Noyers, de tout le péage de Perrigny-sous-Noyers et de la moitié 
des tierces par indivis du finage de Rivière sous-Noyers, les- 
quelles choses fureot à feu messire Jean d’Arcy. 

B. 10507. — Reprise de Fief faitte en l’an 1355, du Roy de 
France ayant le bail du duc de Bourgogne par Mile, sire de 
Noyers, des chàtel, terre et châtellenie de Noyers, ressortissant 
au château de Semur. 

Est le sceau en entier de Mile de Noyers, 


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LES SIRES DE NOYERS. 


360 

B. 10480. — Beprise de fief faitte en Tan 1274, par Marie, 
dame de Champien, de ce qu'elle lient en fief de Noyers ès lieux 
de Pré, Vaux Chemilly et Poilly. 

Est son sceau demy rompu qui représente une clef. 

B. 10502. — Autre de l’an 1330, par MillotChevillars, écuier, 
de son bois de l’Affichau et de ce qu'il a en la ville d’Iroir. 

Est son sceau tout rompu. 

B. 1 0502. — Déclaration d’Etienne Chevillars, seigneur d’Iroir, 
qu’il doit garde à Noyers, pour ce que Geoffroy de Courlon avoit 
à Iroir, de fan 1330 

Est son sceau encore entier qui paroit représenter un aigle. 

B. 10500. — Dénombrement donné en l’an 1325, par Mar- 
guerite de Sarrigny, dame de Roncenay, de ce qu'elle tient à 
Sarrigny du fief de Noyers. 

Au dos est écrit : C'est le fief à la femme Adam de Roncenay, 
une maison était attenante à Jeannin de Sarrigny. 

B. 10501. — Autre de fan 1326, donné par Guillaume de 
Sarrigny, écuier, de ce qu’il tient à Sarrigny. 

Est son sceau encore entier dont la principale pièce est un 
lion. 

B. 10505. — Autre donné en l’an 1344 par Jeoffroy, sire de 
Sarrigny, en partie, écuier, de ce qu’il tient à Sarrigny (outre ce 
qu’il avoit déjà auparavant), soit de sa part de la succession 
d’Huguettc de Sarrigny, sa sœur, que de ce qu’il a acquis de 
Percevul de Ruffey et d'Eiisand, sa femme, sœur dudit Jeoffroy, 
venant du chef de ladite hilisand. 

Jean de Sarrigny, chevalier, et Guillemin de Montel y avoient 
héritages. % • 

B. 10506. — Autre de l'an 1351, donné par Adam de Ronce- 
nay, seigneur de Sarugny, en partie de la maison forte dudit 
Sarrigny et autres choses qu’il a audit lieu portant avec la dame 
de Roncenay. 

B. 10506. — Autre dudit an 1351, donné par damoiselle 
Maignence de Sarrigny, dame de Roncenay, de ce qu’elle tient 
audit Sarrigny. 

Adam de Roncenay en posscdoit à cause de sa femme. 

B. 1U506. — Autre de l’an 1352, donné par Jeannin de Sar- 
rigny, écuier, de ce qu il tient audit Sarrigny. 

Philippe d’Aissenay était son vassal. 

B. 10511. — Autre de l’an 1364, donné par Jean de Sarrigny, 
écuier, de ce qu’il tient de Noyers audit lieu de Sarrigny (Phi- 
lippe d’Acenay étoit son vassal/. Due partie lui était advenue par 


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LES SIRES DE NOYERS. 361 

la succession de feue damoiselle Elisand de Sarrigny, sa tante : 
lesdites choses sises en la châtellenie de Noyers. 

Regnaud de Mello, alors chevalier, seigneur de Ghacenay. 

Témoin, Guiot de Bouilly, écuier. 

B. 10537. — Autre de l’an 1390, donné par damoiselle Alix 
de Flavigny, fille autorisée de raessire Dreux de Flavigny, che- 
valier, et de feue dame Marguerite de Sarrigny, de ce qu’elle 
tient audit Sarrigny. 

Hérard de Gevrolles ou de Gervoles, écuier, et Jean de Sarri- 
gny y tenoient des possessions. 

Au dos, Girard de Manus, écuier. 

B. 10496. — Lettre de vente faitte en l’an 1317, par Guil- 
laume de Sarrigny {de Sarregneys) damoiseau, à Mile, seigneur 
de Noyers, chevalier, des fiefs en mouvances qu’il a audit Sarri- 
gny, savoir : le fief dame Sibille de Vauverd {de Valleviridï), 
de Jean, son fils, d’Adam de Roncenay, damoiseau, de Geoffroy, 
Jeannet ou Jeannette, Huguette et Alexandre, frères dudit ven- 
deur et de Milet de Lause [de Latisa), damoiseau, et de l’arrière 
fief de Pierre de Myat ou plutôt Nués {de Meyaco), chevalier, 
pour le prix de soixante-une livres tournois, ce qui est approuvé 
par ledit Geoffroy, son frère. 

B. 10510. — Lettre de vente faitte en l’an 1362, par Milot de 
Colavalde et Pierre de Colavalde, sires dudit Colavalde, écuiers, 
frères, tant de leurs noms que comme procureurs de dame Alips 
de Colavalde, femme de Gilles de Brioles, chevalier, sire de 
Dacon et du chatel en partie, au profit de Mile, seigneur de 
Noyers, des trois parts de la moitié de la terre de Marcilly, mou- 
vant de Noyers, et échus auxdits vendeurs par portion par la 
mort de feu Robert de Baalon, seigneur dudit Marcilly, et ce 
pour le prix de quatre-vingt-cinq florins. 

Est aussi fait mention de Huet de Breoles et de Guiot des 
Costes, écuiers, comme procureurs. 

B. 10512. — Dénombrement donné en l’an 1365, à Mile, sei- 
gneur de Noyera, par Jean de Biais, écuier, mari de Isabèau de 
Brion, damoiselle, veuve de feu Robert de Baalon, écuier, de ce 
qu’il tient à Marcilly, vers Avalon, à cause du douaire de ladite 
Isabeau, sa femme, pour cause de la mort dudit Robert de 
Baalon. 

Témoins, Guillaume de Vaux et Odot de la Doline, écuiers. 

B. 10519. — Autre de l’an 1371, donné à la dame de Noyers, 
par Simon de Latrecey, chevalier, de quelques pièces d’héri- 
tages et cens qu’il tient à Marcilly. 

Est son sceau encore entier portant deux fasces de la tète, et 
en chef sur le coin à droite un petit lion. 

Sc. hist. 24 


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362 


LES SIRES DE NOYERS. 


B. 10480. — Lettre de Tan 1275, par laquelle Henry de 
Flogny, damoiseau, et Isabeau, sa femme, donnent en gageric à 
Mile, seigneur de Noyers, chevalier, ce qu'ils ont en la terre de 
Fresne, pour une somme de cinquante livres. 

B. 10500. — Dénombrement donné au seigneur de Noyers, 
en l’an 1326, par damoiselle Adeline de Fley, de ce qu'elle tient 
en la ville et finage de Fraignc, elle lenoit des bois audit lieu à 
fief de messire Jean de la Fairez. 

Est le sceau de ladite damoiselle de Fley encore entier repré- 
sentant et portant une branche de quintcfeuille. 

B. 10502. — Lettre de Jaques de Bricons, écuier, de Fan 
1330, qui déclare devoir un mois de garde à Noyers, pour ce 
qu’il tient à Fresne. 

Est son sceau encore entier portant une barre accompagnée de 
de deux étoilles. 

B. 10506. — Dénombrement donné au seigneur de Noyers de 
l’an 1352, par lluguenin de Brccons, écuier, sire de Moulain, 
en partie de ce qu’il tient audit lieu de Fraigne. 

Brctran de Pigny, seigneur de Sancy, y avait héritages. 

B. 10506. — Autre de l’an 1352, donné par dame Maaut de 
Marson, dame de Montlain, en partie de ce qu’elle tient du sei- 
gneur de Noyers au lieu de Fraigne, à cause du douaire de feu 
Huot de Breçons, son mari. 

Les hoirs feu Jaquet de Brecons, écuiers, y tenoient héritages. 

B 10479. — Lettre de l’an 1271, portant amodiation faitte à 
un particulier de Tonnerre, par noble dame Marie de Champo- 
lain, femme de feu Pierre Bredene et par Guiot, fils de ladite 
dame, et par Guillaume, son gendre, de ce qu’ils ont à Iroir, 
Chemilly et Poilly, mouvant du fief du seigneur de Noyers. 

B. 10489. — Lettre de Dreux de Mello, chevalier, sire de 
Saint-Bris et de Chüteauchinon, de l’an 1302, qui déclare quoi 
qu’il ait fait foy et hommage de la terre et du fief de Chemilly à 
son cousin le seigneur de Noyers, de laquelle terre Droins, sire 
de Sainte-Hermine, fils dudit seigneur de Mello, en a fait aussi 
homage à sondit père, cela n’empéchera pas qu’il n’entre en la 
foy de sire de Mont-Saint-Jean, si ledit sire de Mont-Saint- 
Jean a fait foy et homage audit seigneur de Noyers. 

Est son sceau un peu rompu sur lequel on distingue deux 
fasces et semé de huit merles ou merlettes, quatre en chef, deux 
au milieu et deux à la pointe. 

B. 10494. — Lettre de Jeanne de Mello, dame de Saint- 
Verain, de l’an 1 316, qui prie le seigneur de Noyers de recevoir 


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LES SIRES DE NOYERS. 363 

en fief Min de Chevanne, écuier, auquel Guiet de Mello, frère de 
ladite Jeanne, avait donné la terre de Chemilly. 

B. 10500. — Dénombrement de Tan 1326, et procuration de 
1325 donné au seigneur de Noyers par Huet Aubert, bourgeois 
de Paris, comme ayant le bail de Guillemin, fils d’Isabeau, sa 
femme, et de feu le Min dit de Chevanne, écuier, de la moitié de 
la terre de Chemilly. 

B. 10507. — Reprise de fief faitte en l’an 1353 au seigneur 
de Noyers, par Dreux de Mello, seigneur de Saint-Bris et de 
Chemilly, en partie en la châtellenie de Noyers. 

Est encore son sceau ayant deux fasces représentées comme si 
elles étaient de sable et neuf merlettes, quatre en chef, deux au 
milieu et trois en pointe. 

B. 10536. — Dénombrement donné en l’an 1389, à madame 
de Noyers, sa cousine, par Louis, seigneur de Plancy, de ce qu’il 
a à Chemilly, à cause d’Isabeau, sa femme, et qui avait appar- 
tenu à Jean de Sainte-Pallaye, chevalier, qui l’avait vendu à 
feu Dreux de Mello, seigneur de Saint-Bris. 

Guillaume d’Iroir y en possédait. 

Est son sceau verré comme Beaufremont avec une barre sur 
le tout. 

B. 10553. — Autre donné en l’an 1404 aux seigneurs de 
Noyers, par dame Jeanne de Plancy, tant en son nom que comme 
ayant le bail d’Isabel et Claude ses sœurs, de ce qu’elles ont à 
Chemilly. 

Guillaume d’Iroir prenait avec elles un cinquième de plusieurs 
choses. 

Pierre Regnier, écuier, alors prévôt d’Auxerre. 

B. 10483. — Autre de l’an 1385, donné au seigneur de Noyers 
par Guillaume et Huez frères, écuiers, enfans de feu Mile de 
Fley, chevalier, de ce qu’ils tiennent à Flay et à Chablye. 

Leurs vassaux étoicnt Ithier de Solangy, chevalier, Jeannctde 
Neufviez, écuier, Thomas de Nuis, chevalier, Seguin Hervie 
frères dudit Ithier, Philippe de Gurgy, écuier, la femme feu 
Regnaudin d’Iroir. 

B. 10501. — Autre de l’an 1326, donné par damoiselle Mar- 
gueritte de Fiez, de ce qu’elle tient à Fiez. 

Les vassaux étoient Alexandre, son gendre, et Jean Billebaux. 

Scellé du sceau de la prévôté de Chablie encore entier. 

Au dos est écrit : c’est le fief à la femme Guillaume de Fley, 
baillié par Huet, son fils. 

B. 10502. — Lettre de Huet de Fiez, écuier, de l’an 1330, 
qui déclare devoir un mois de garde à Noyers à cause de Fley. 


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364 


LES SIRES DE NOYERS. 


Est son sceau demy rompu. 

B. 10502. — Autre dudit an 1330, par Arnoul de Verras, 
écuier, qui déclare devoir treize jours de garde à Noyers pour ce 
qu’il a à Fley. 

Est son sceau représentant un échiquier, portant en chef une 
croix et deux ronds ou roses. 

B. 10502. — Autre dudit an 1330, de Margueritte, femme de 
feu Guillemin de Fiez, écuier, qui déclare devoir un mois de 
garde à Noyers pour ce qu’elle tient à Fley. 

Scellé des sceaux encore entiers de Huet de Fley et Arnoul le 
Verrat, celui de Huet portant une croix chargée de quatre 
figures. 

B. 10503. — Dénombrement donné en l’an 1335 par Huet le 
jeune, de Fley, écuier, de ce qu’il tient à Fley du seigneur de 
Noyers, en partie venant de la succession de madame Margue- 
ritte. * 

Huet de Fley, Arnoul le Verrat et Jean Billebaux y tenoient 
héritages. 

B. 10504. — Autre de l’an 1342, donné par damoisclle Ja- 
quette, femme feu Huet le Jeune de Fley, écuier, de ce qu’elle 
tient à Fley à cause du douaire. 

Arnoul le Verrat, Alexandre de Baalo et les enfants dudit feu 
Huet y tenant héritages. 

B. 10504. — Autre de fan 1342 donné par damoisclle Marie 
fille feu Guillaume d’Argenteuil, écuyer, de quelques peu de 
rente à Fley. 

Dans cet acte, il y a pour témoins une homme et une fille 
seuemcnt. 

B. 10504. — Autre de l’an 1343, donné audit seigneur de 
Noyers, par Alexandre de Baalo, écuyer, de ce qu’il a à Fley, à 
lui advenu de la descendante de feu Huet le jeune de Fley. 

Jaquetde Brecon, écuier, y tenait héritage. 

Pour témoins de cet acte sont, Lynart de Fley et Agnès Beasse, 
monsieur Jean Charbonneau, prêtre. 

B. 10505. — Autre de l’an 1345, donné par Guiot de Leer, 
écuier, de quelque peu d’héritages et rentes à Fley. 

Témoin, Geoffroy de Serrigny, écuier. 

B. 10505. — Autre de l’an 1346, donné par Jean, fils de 
Geoffroy de Serrigny, tant à cause de lui qu’à cause de damoi- 
selle Jeanne, sa femme, fille de feu Arnoul le Verrat de Basso, 
écuier, de ce qu’il tient à Fley. 

Alexandre de Baalo, les hoirs feu Huet le jeune de Fiez, Milot 
de Fley et Jean Billebaut y tenoient héritages. 


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LES SIRES DE NOYERS. 365 

Perrin d’Annoux, écuier, à cause de damoiselle Margueritte, 
sa femme, étoit son vassal. 

B. 10506. — Dénombrement donné au seigneur de Noyers, 
Tan 1351, par André, fils d’Alexandre de Baalo, écuier, pour lui 
et ses sœurs (non dénommées), de la terre de Fley. 

Jean le Verrat y possédait. 

B. 10506. — Autre de l’an 1351, donné par Milot de Fley, 
écuier, de sa terre de Fley. 

Perrin d’Annoux, les hoirs feu Huet le jeune, Jean Billebaut 
et Alexandre de Baalo et Jean de Sarrigny y tenaient héritages. 

Ses vassaux étoient Etienne de Monceau, écuier, à cause 
d’Isabeau, sa femme, Robert de Givry, à cause d’isabeau, sa 
femme, Guillaume de Semelins, écuier, à cause d’Huguette, sa 
femme, Robert des Bordes, à cause d’Agnès, sa femme, Guiot de 
la Broce, à cause de Guillemette, sa femme, et Perrin de Nicey, 
écuier. 

C. 10506. — Autre de l’an 1351, donné au seigneur de Noyers 
par Guiout de Lée, écuier, de ce qu’il tient à Fley à cause de 
damoiselle Marie, sa femme, fille de feu Guillaume d’Argenteuil. 

Milot de Fley, écuier, Jeannin fils feu Arnoul.de Verrat y sont 
rappelés comme continans. 

B. 10511. — Autre de l’an 1364, donné au seigneur de Noyers, 
par Milot de Fley, écuier, de ce qu’il tient audit lieu de Fley. 

Nota : La femme Odard de Champigny, Robert des Bordes, 
Thévcnin le Verrat, Gilot de Montfélix y sont rappelés comme 
confinans. 

Et ses vassaux étoient ledit Robert des Bordes, Isabel de Gevry 
et ledit Gilot de Montfélix. 

B. 10512. — Autre de l’an 1365, donné audit Mile, seigneur 
de Noyers, par dame Margueritte de Saint-Florentin, dame de 
Villiers-Vineux, de ce quelle tient à Fley, et qui fut à feu 
Guillemin de Fley, écuier. 

Milot de Fley, écuier, Thévenin le Verrat, Marie de Baalo, les 
hoirs d’Alexandre de Baalo, écuiers, y sont ainsi rappellés. 

Ses vassaux étoient Regnaud dc Roncenay, écuier, Mile de 
Fley, écuier. 

B. 10512. — Autre dudit an 1365, donné audit seigneur de 
Noyers par Thévenin le Verrat, de Fley, de ce qu’il tient audit 
Fley. 

Jean du Clos, écuier, était son vassal. 

B. 10500. — Vidimus d’une lettre de l’an 1325, par laquelle 
Huet de Fley et Jean dit Coillet, dudit Fley, écuiers, déclarent 
que la haute justice de tout ce qu’ils tiennent en fief et en arrière- 


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366 


LES SIRES DE NOYERS. 


fief audit lieu de Fley, appartient à Mile, seigneur de Noyers, 
qui leur cède pour raison de ce toute la basse justice. 

B. 10538. — Dénombrement de l'an 1391, donné à dame 
Jeanne, dame de Noyers, par Thomas de Grosbois, écuier, sei- 
gneur de Fley en partie, de ce qu’il tient audit Fley. 

Thevenin le Verrat, les hoirs feu Milot de Fley, la femme 
Odard de Chamégny, Isabel de Baalo, Marie de Baalo, Jean de 
Roncenay, les hoirs Regnaut de Ronceriay. 

B. 10472. — Lettre de Hugues, seigneur de Gharny 
de l’an 1240, qui déclare que Guillaume de Lentilière {de Lenli- 
licrèns ), chevalier, et sa femme, ont donné au seigneur de 
Noyers le fief des tierces de Savoial (au lieu de Sancy), qu’ils 
tiennent à franc alleu [de proprio aloto). 

B. 10502. — Dénombrement donné au seigneur de Noyers, 
vers l’an 1330 (la date est effacée), par Pierre de Sancy, écuier, 
de ce qù’il tient au lieu de Sancy, d’une partie de la justice de 
Grimaut et de son usage au bois de Fretoy. 

B. 10500. — Autre comme c’y dessus, de l’an 1325, donné 
par Margueritte de Sancy, femme feu Monseigneur Guillaume, 
seigneur de Sancy. 

Au dos est écrit qu’il a été baillé, ce dénombrement, par 
Perinet, fils de la dite dame. 

B. 10502. — Lettre de fan 1330, de Pierre de Sancy, écuier, 
qui déclare, et son frère Jean, devoir six semaines de garde à 
Noyers pour les choses dessus dites, que sa mère, pour cause 
de douaire de Guillaume de Sancy, père du dit Pierre, tient du 
seigneur de Noyers. 

Est le sceau encore entier du dit Pierre. 

B. 10505. — Dénombrement donné au seigneur de Noyers, 
de fan 1348, par Jean de Lory ou Lery, chevalier, sire de 
Sancy, à cause de Guillaume de Cerin, sa femme et de Jean, fils 
de la dite Guillaume et de feu Messire Pierre, seigneur de 
Sancy, de ce qu’il tient au dit nom au dit lieu de Sancy. 

Hugues et Perinet, frères, enfans de feu Jean de Sancy, y sont 
rappellés comme propriétaires d’une partie du dit Sancy. 

Les tierces de Grimaut et de Noyers portaient avec Jean le 
Verrat de Basso, Pierre de Weuxelles, écuiers, et les hoirs Jean 
deMontot, Regnaud deLoichet, écuiers, étaient leurs vassaux, 
à cause de Jeanne des Granges sa femme. 

B. 10502. — Lettre de l’an 1330, par laquelle Isabeau de 
Jouz, demeurant à Thory, près Avalon, femme de feu Guiot de 
Vulpillières, écuyer, déclare devoir un mois de garde à Noyers 
pour ce qu’il tient au dit Thory. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


367 


La dite lettre scellée des sceaux encore entiers de Perrinet de 
Vuesselle et de Jaque Chienne, fievés de Messirc de Noyers : celui 
du dit de Vuesselle ayant un lamhlct à trois pendans, sur chacun 
desquels il y a trois pointes et au bout du pendant du milieu 
une étoile; celui du dit Chienne représente deux barres ou » 
bâtons en sautoir et est semé de petites croix. 

B. 10505 — Reprise de fief du seigneur de Noyers faite en 
l'an 1345 par Oudard d’Etaulcs, chevalier, maitre-d’hôtel du 
Roy, de ce qu'il tient à Thory, Préy et Marcilly sous-Pré. 

Est son sceau encore entier, qui est une bande bordée. 

B. 10509. — Dénombrement donné, en l’an 1362, au seigneur 
de Noyers, par Eude de Fontaines, chevalier, à cause de dame 
Jeanne Destaubles, sa femme (Etaulcs), de ce qu’il tient en la 
terre de Pré, partant aux hoirs Jean de Pré, et de ce qu’il a à 
Thory. 

Témoins : Jean de Muxey, chevalier, seigneur de Jours et 
chatellain de. Montréal, et Jeau de Bierrv, écuier. 

B. 10519. — Autre, de Fan 1370, donné à damoiselle Jeanne 
de Noyers par Jehanne d’Eslaulcs, dame de Pré et de Fontaines, 
de ce qu’elle tient au dit iieu de Pré et à Thory 

Les hoirs Jean de Pré y sont mentionnés comme confi- 
nans. 

Le vassal de la dame Jeanne était Thiebaut du Tramblay, pour 
ce qu’il avait à Pré, à cause de la fille de Jean de Pré. 

Scellé du sceau encore entier de la dame Jeanne, qui parait 
être comme celui cy-dessus. 

B. 10475. — Yidimus des lettres de Mile, sire de Noyers, et 
d’Helissenz, dame du même lieu, de l’an 1*273 et 1263 (trez), 
portant don à Hernaut de Villelongc, leur écuier, de leur maison 
de Montot et dépendances et ce qu’ils ont au pré de Praeles, qui 
part à la femme Gilet de Serrigny. 

B. 10518. — Dénombrement donné en l’an 1370 à Jeanne, 
dame de Noyers, par Guillaume de MonloJ, écuier, de sa maison 
de Montot, et de ce qu'il tient au dit lieu ainsi qu’à Grimaut et à 
Noyers. 

B. 10506. — Autre, de Fan 1352, donné par Guillaume de 
Montot, écuier, de ce qu’il a au dit lieu de Montot et de ce que 
Jeannette, sa fille, tient à Serrigny. 

B. 10502. — Dénombrement sans datte (vers l’an 1330) 

donné au sire de Noyers par Agnelet d’Anno, femme feu incet 

de Sanvigncs, de ce qu’elle et son fils Hugueniu, tiennent à 
Jouaocy. 

Les hoirs de Jaquinde Sernois, écuier, y confinoient. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


368 

B. 10474. — Lettre de Tan 1260 par laquelle Jeoffroy de 
Polisy le jeune, chevalier, fils de Jeolïroy de Polisy le viel, qui 
vend à Mile, sire de Noyers, en accroissance du fief de Jouancy, 
le fief de ce qu’il a au dit Jouancy, sauf ce qui pourra mouvoir 
de Jean de Saint-Sépulcre, et pour ce, devoit six semaines de 
garde à Noyers. 

B. 10502. — Lettre par laquelle Odot de Tintry, écuier, de 
l’an 1330, déclare devoir quarante jours de garde à Noyers pour 
ce qu’il tient à Jouancy. 

Scellée des sceaux de ses cousins Jeoffroy de Crusy et de Jean 
de Lentillières, écuiers, celui de Lentillières subsiste et porte 
trois cœurs. 

B. 10502. — Lettre de Jean BuignozdeSenevoy, de l’an 1330, 
qui déclare devoir vingt jours de garde à Noyers pour ce qu'il 
tient à Jouancy. 

Est son sceau très-bien conservé, qui paroîtêtre de sinople, à 
la bordure dentelée, avant en chef deux roses. 

B. 10502. — Autre, du dit an 1330, par laquelle Guillaume 
de Balecy, écuier, déclare devoir quarante jours de garde à 
Noyers pour ce qu’il tient à Jouancy et pour tout ce qu’il lient 
en la chatellerie de Noyers, à cause de Biétrix, sa femme. 

Est son sceau, ayant pour armes deux oiseaux. 

B. 10502. — Autre, du dit an 1330, par laquelle Jean d’Athie, 
écuier, déclare devoir vingt jours de garde à Noyers pour ce 
qu’il tient à Jouancy, à cause de Hodoile, sa femme, fille Jaquin 
de Sarnois. 

Est, sur son sceau, encore entier, ayant deux barres en sautoir 
à une bordure dentelée. 

B 10511. — Dénombrement donné, en l’an 1364, au seigneur 
de Noyers par Jean de Sanvignes, écuier, de ce qu’il tient à 
Jouancy, à cause de Huguenin de Sanvignes, son père, et partant 
avec damoiselle Odote de Cernois, et ce qui avait appartenu à feu 
Perrin Resmon, écuier. 

B. 10489. — Lettre de l’an 1302 par laquelle Anxeau d’Aisy- 
sous-Rougemont, écuier, et Margueritte, sa femme, du consen- 
tement de Jean, seigneur d'Ancy-le-Franc , chevalier, et de 
Margueritte, sa femme, vendent à Mile, seigneur de Noyers, 
chevalier, le fief ou mouvance de la moitié de la ville de Passilly 
et dépendances, que le dit Anxeau tenait en fief du dit Jean, 
seigneur d’Ancy-le-Franc, et que Simon de Brion, chevalier, 
tenait dit Passilly, cette vente faitte pour quarante livres tour- 
nois. 

Guillaume de Chalon, alors comte d’Auxerre et de Ton- 
nerre. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


369 


B. 10479. — Autre, du dit an 1302, par laquelle le dit Jean, 
sire d’Ancy, chevalier, prie le duc de Bourgogne de recevoir en 
fief le seigneur de Noyers pour le fief de Passilly, qu’Auxeau 
d’Aisy, écuier, tenait du dit Jean, qui le tenait lui-même du duc 
de Bourgogne, et que le dit Auxeau a vendu au dit seigneur de 
Noyers. 

Est, le sceau, encore entier, du dit Jean, sire d’Ancy, en grand, 
et représenté à cheval tout équipé et ayant pour armes deux 
lions l’un sur l’autre. 

B. 10489. — Autre, du dit an 1302, par laquelle le dit Jean, 
sire d’Ancy-le-Franc, chevalier, déclare à Mile, seigneur de 
Noyers, qu’il peut entrer en la foy du duc de Bourgogne, du fief 
qu’avait, à Passilly. Anxeau d’Aisy, écuier. 

Son sceau est moitié rompu. 

B. 10506. — Dénombrement de l’an 1351 donné au seigneur 
de Noyers par Jean dit le Verrat de Basso, écuier, de quelques 
cens et rentes à Grimaut et à Noyers-Ia-ville, et son usage au 
bois du Fretoy. 

B. 10530. — Autre, de l’an 1383, donné à la dame de Noyers 
par Guillaume de Vevre, écuier, de quelques cens et rentes qu’il 
a à Grimaut et à Noyers-la-Ville, à cause d’Isabeau de Pigny, sa 
femme. 

Scellé du sceau encore entier, portant en chef un croissant de 
la prévôté d’Argenteuil, appartenant à Jean de Sainte-Croix, 
chevalier, seigneur de Sauvigny et de Laignes. 

B. 10506. — Autre, de l’an 1351, donné par Thevenin Dusié, 
écuier, de ce qu’il tient à Grimaut et à Noyers-la-Ville, à cause 
de Jeannette de Montot, sa femme. 

B. 10527. — Autre, de l’an 1378, donné àdamoiselle Jeanne, 
dame de Noyers, par demoiselle Perenette de Chuges, veuve de 
Guillemin de Montot, écuier, de ce qu’elle tient tant à Grimaut 
qu’à Montot et Noyers, tant pour cause de son douaire que comme 
ayant le bail de ses enfans (non dénommés). 

B. 10526. — Autre, de l’an 1377, de la dite Perrenette de 
Chuges, des choses cy-dcssus et comme cy-dessus, Louis de 
Chalon ayant alors le gouvernement des châteaux et terres du 
comte d’Auxerre et de Tonnerre, ses pères. 

B. 10530. — Autre, de l’an 1383, donné à la dame Jeanne 
de Noyers par Jean d’Escutigny, écuier, de ce qu’il tient à Gri- 
maut. 

B. 10498. — Vidimus fait en l’an 1345 par Thibaut de 
Fontaines, écuier, bailly de Noyers, d’une lettre de Jean, comte 


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LES SIKES DE NOYERS. 


370 

de Joigny et sire deMarqueil, de Pan 1322, qu’il déclare de tenir 
en fief de Thomas, comte de Saint-Severin, à cause de Margue- 
ritte de Noyers, sa femme et cousine du dit comte de Joigny, 
savoir : quatre vingts arpensde bois, appelés les bois de Crêpant 
à Bernon, et trente bicbots d’avoine en la grange de feu Mcssirc 
Pierre de Bernon, et le fief que Jean de Til, sire de Til et de 
Marigny, son cousin, et Aubert de Torette tient du dit comte de 
Joigny, és lieux de Yescnes et de Quarisy. 

B. 10501. — Dénombrement donné en Pan 1326 par Jean de 
Yehnisele, sire de la Motte, de ce qu’il tient à Grimaut en la 
terre dite Argenteuil et à Noyers-la Yille. 

Demoiselle Jeanne de Bissy et la femme et les hoirs de feu 
Jean du Montot, écuier, y confinaient. 

B. 10502. — Lettre de Pierre de Yehnissele, écuier, de 
l’an 1330, qui déclare devoir quarante jours de garde ix Noyers 
pour ce qu’il tient à Grimaud et à Argenteuil. 

Est, son sceau, encore entier, ayant un lambcl à trois pendans, 
sur chacun desquels il y a trois points et à la pointe une 
étoille. 

B. 10502. Lettre de Jaque Chienne, demeurant à Noyers, 
de l’an 1330, qui déclare devoir quarante jours de garde à Noyers 
pour ce qu’il tient à Grimaut et en la seigneurie dite d’Argen- 
teuil, à cause de damoiselle Jeanne de Bissy, sa femme. 

B. 10473. — Lettre de l’an 1256, au mois de Deloy, par 
laquelle Mile, sire de Frolois, chevalier, déclare tenir en fief de 
Mile, seigneur de Noyers, ce que l’on tient de lui à Bierry et 
à Milly-les-Chablies , sauf la ligiété due au duc de Bour- 
gogne. 

Scellé des sceaux qui n’y sont plus de monseigneur Regnaut, 
seigneur de Larrey, et de monseigneur Jean, seigneur d'Ancy. 

B. 10502. — Lettre de Gauthier de Yille, écuier, de l’an 
1330, qui déclare devoir un mois de garde au cln\tea.u de Noyers 
pour ce qu'il tient à Chablies. 

Est, son sceau, encore entier, ayant un lion sur une partie, et 
sur l’autre partie ayant trois bandes comme trois bouts de 
chevrons. 

B. 10524. — Reprise de fief, de fan 1373, faitte de made- 
moiselle de Noyers, par Hugues, sire de Rigny et de Frolois, de 
sa maison de Milly, prés Chablies, et de tout ce qu’il tient au 
dit lieu. 

B. 10526. — Autre, faitte de môme, en l’an 1376, par le 
dit Hugue, sire de Rigny et de Frolois, sénéchal du conté de 

Bourgogne. 


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LES SUIES DE NOYERS. 


371 


Est son sceau représente un lion. 

B. 10529. — Dénombrement donné à Jeanne, dame de 
Noyers, en l’an 1381, par Jeanne de Ncufcliatul, dame de Rigny 
et de Frolois, de ce qu’elle tient à Milly, près Cliablies, laquelle 
dame déclare aussi tenir en fief de Noyers toute la terre de 
Bierry, près Moutier-Saint-Jean. 

A. 10476. — Lettre de Mile de Courgy, écuier, (de Corgiaco 
armiger ), de l’an 1*265, par laquelle il donne en gagerio à Mile, 
sire de Noyers, tout ce qu’il possède au dit Courgy, qu'il recon- 
noit être du fief du dit seigneur de Noyers. 

Le dit seigneur de Courgy avoit une sœur nommée Eme- 
line. 

B. 10506. — Lettre de Jean de Chateauvillain, chevalier, de 
l’an 1353, qui déclare que son oncle, le comte de Joigny, lui a 
donné deux cents livrées de terre à prendre sur certaine terre 
qu’il avoit à Chablies, et de la terre do monseigneur Gille de 
Melligny, et autre part, à compte de trois cents dix livrées de 
terre qu’il lui devoit. 

B. 10479. — Lettre, de l’an 1270, par laquelle Jean, sire de 
Tanlay, ecuier, veut qu’une pièce de terre, appelée Loiere, 
située à Commissey, et qu’il a acheté de Guillemin du Fraigne, 
écuier, soit en accroissance du Fief qu’il tient du seigneur de 
Noyers. 

B. 1 0472. —Lettre de Jean, sire d’Ancy, de l’an 1248, qui 
déclare être homme lige de Mile de Noyers, sauf le Fief de la 
comtesse de Nevers, pour la seigneurie de Chassignoles. 

Scellée du sceau de Messire de Pacy, sur lequel on distingue 
encore les armes, qui ne sont pas aisres à expliquer. 

B. 10504. — Denombremcnl succint, de l’an 1342, donné au 
seigneur de Noyers par dame Margueritte de Saint-Quantin, 
dame de Molin, veuve de Regnier de Yillers-les-Hauts, cheva- 
lier, de ce qu’elle tient à Mereul et à Argentonay. 

B. 10518. — Rôle contenant une liste des vassaux de Noyers 
de l'an 1370. v 

Nota. — Il est parlé de d’Avou ainsi qu’il s’ensuit : 

« Au dit lieu de Marcilly, ce que Messire Jehan d’Avou en 
tient de par sa femme à cause de Robert de Baalot. 

« Item à Mon tôt, ce que Messire Jehan d’Avou en tient à cause 
de sa femme. 

« Item à Noyers, ce que Messire Jehan d’Avou en tient à 
cause de sa femme. » 

B. 10505. — Dénombrement, de l’an 1345, donné au sei- 


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LES SIRES DE NOYERS. 


372 

gneur de Noyers par Anseau d’Amboise, chevalier, seigneur de 
Blere, de sa terre de Sacy, appelée le finage de Merry, à cause 
de Jeanne de Charros, sa femme. 

Messire Dreux d’Arsy et Messire Jean de Roussillon le confi- 
noient. 

Est son sceau encore entier, qui paroit d’argent, a une bor- 
dure de même, et sur l’écu bandes qui paroissent de gueules. 

B. 10504. — Autre, de l’an 1343, donné par Guillaume le 
jeune, fils d’Alexandre le Borgne, de Flavigny, de ce qu’il tient à 
Noyers, par acquisition faite par échange de Jean, fils Milot de 
Melisy. 

B. 10555. — Autre, de l’an 1405, donné aux seigneurs et 
dames de Noyers par Giles de Flavigny, écuier, de ce qu’il tient 
à Sarrigny. 

Guillaume d’Yroir et Jean de Sarrigny leconûnoienL 

B. 10496. — Vidimus, de l’an 1322, d’une lettre de Eude, 
duc de Bourgogne, de l’an 1317, du 26 juillet, portant don en 
fief lige à Etienne Chevillard, écuier, son valet, de tout ce qui 
avoit appartenu à Messire Pierre Yerron à Villers-les-Hauls, y 
détaillé comme un four au dit lieu, un demy muïd de froment à 
prendre sur les tierces du duc, et l’usage en la forêt de \ T ausse et 
autres choses y détaillées. 

B. 10553. — Dénombrement, de l’an 1405, donné aux sei- 
gneurs et dames de Noyers par Oudot de Mavoilly, écuier, 
seigneur de Jouvancy, en partie, à cause de Catherine d’Alhies, 
sa femme, fille Jean d’Athies, de ce qu'il tient au dit Jouancy. 

B. 10506. — Autre, fort succint, de fan 1351, donné par 
Huguenin de Sanvignes, écuier, de ce qu’il tient à Jouancy, et de 
son usage au bois de Fretoy comme les habitans de Noyers l’y 
ont. 

B. 10487. — Une ancienne copie informe du dénombrement 
de la terre de Noyers donné, en l’an 1296, par Mile, sire de 
Noyers, au duc de Bourgogne, lequel dénombrement est rapporté 
en i’inventaire en vélin, à l’article des fiefs d’Auxois. 

B. 10528. — Une copie non signée, mais du temps d’un état 
ou dénombrement de ce que les vassaux de Messire de Noyers 
tiennent de lui vers l’an 1330, lequel état le dit sôigneur de 
Noyers portait avec lui. 

Les filiations y relatées sont : Olhelins de Baalo, fils et hoir de 
Messire André de Baalo, pour ce qu’il a à Marcilly; Gauthier, 
fils de feu Michelot de Montphelix, ce qu’il a à Fley ; Huguenin 
de Bierry, pour raison de son neveu, fils Messire Gauthier 
d’Arsy, qu’il tient en avouerie ; Guiot, fils Messire Etienne 


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LES SIRES DE NOYERS. 


373 

Raffaut ; Bredoin, fils de Michelot de Montphelix ; Alexandre de 
Flavigny, à cause de sa femme, fille Messire Etienne Raffaut ; 
Jaquet, fils feu Guillaume Gourcol, d’Arsy, écuiers. 

Porté au domaine ducal, carton 61. — Un inventaire succint 
de plusieurs anciennes lettres concernant Noyers, dans lequel 
inventaire, fait en l’an 1429, est transcrit la copie rapportée cy 
dessus, à la fin duquel inventaire est fait un narré assez étendu 
des differentes lettres d’acquit de la terre et châtellenie de 
Noyers, fait en l’an 1419 par Margueritte de Bavière, duchesse 
de Bourgogne, des co-seigneurs du dit Noyers, ainsi qu’on va le 
voir par le détail cy après : 

Le 21 octobre 1419, le seigneur de Choiseuil, par Aymé de 
Coissy, écuier, son procureur, fait vente de la troisième partie 
du dit Noyers, et Jean Lalement, écuier, procureur d’Agnès de 
Noyers, dame de Rimaucourt, en fait vente de la sixième partie, 
moyennant neuf mille écus d’or et deux cens livres de mon- 
noie. 

Et le 29 octobre 1419, Jean de Monthenot dit Lalement, écuier, 
procureur de dame Isabel de Noyers, dame Saint-Bris et de 
Vendevre, en fait vente de la sixième partie de toute la dite 
terre de Noyers, pour trois raille écus d’or et six cens livres en 
raonnoie. 

Le 14 may 1420, Jaquet de Mondoré, écuier, procureur de 
Perrin de Mondoré, écuier, son frère, et de damoiselle Isabel de 
Rodemach, sa femme, en fait vente à la dite duchesse de la 
moitié du tiers, par indivis, de toute la dite terre Noyers pour 
trois mille écus d’or vieux à la couronne. 

Elle 11 février 1421, Jeanne, dame de Grancey et de Cha- 
teauvillain, veuve de Jean de Grancey, vendit l’autre sixième 
partie, qui lui venoit de Mahaut de Noyers, son aïeule, qui 
faisoit le tout de la dite terre de Noyers, pour le prix de quatre 
mille deux cens écus d’or. 

Nota. — Est aussi à la fin un petit inventaire des meubles 
trouvés au dit chateau de Noyers. 


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APPENDICE 


LÉGENDE 

Explicative du plan de la ville de Noyers au xiv c siècle. 


1° CHATEAU. 

1. Fossé creusé dans le roc, protégé par cinq tours, qui es- 

carpent la première défense du château au nord, du 
côté de la terre-plaine. 

2. Place d’armes, cour ou baylo extérieure. 

3. Emplacement sur lequel s’élevaient le logement des 

hommes d’armes et la chapelle de Notre-Dame de la 
Vesvre. . 

4 et 5. Second et troisième fossés à l’exlrémilé desquels étaient 
les ponts-levis. 

6. Boulevard séparant le second fossé du troisième. 

7. Emplacement du donjon. 

8. Emplacement présumé de la citerne. 

9. Chapelle Saint-Georges. 

10. Lices ou chemin entre la première et la deuxième enceinte 

donnant accès du château à l’extérieur. 

11. Ouvrages avancés, destinés à défendre l’entrée de l’avenue 

conduisant aux ponts-levis. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


375 

12. Mur de clôture, construit sur l’escarpement d’un rocher 

appelé : Saut Parabin . Ce mur, épais de 2 mètres, était 
défendu à chaque extrémité par une forte tour carrée 
à deux étages et par un fossé de IG mètres de large, 
creusé dans le roc; il formait séparation entre la ville 
et le château. 

13. Une écliauguette placée à l’angle de cette tour du côté de 

la ville permettait de surveiller au-dessous les débou- 
chés de la porte de la rue. Et une poterne placée dans 
l'angle rentrant, donnait accès de la ville dans cette 
tour et de là sur le mur communiquant au moyen du 
chemin de ronde avec la seconde tour. 

2° Noyers-Bourg, intérieur de la ville . 

14. Ancien prêche présumé des protestants. 

15. Grenier à sel. 

16. Four banal. 

17. Place du marché aux bestiaux, appelée place de la Magde- 

lainc. 

18. Grande place où se faisait le jeu de paulme de la ville. 

19. Hôtel de Ville renfermant la chambre du conseil, la salle 

d’auditoire ou palais du bailliage et les prisons. 

20. Place couverte de bâtiments soutenus par arcs et pilliers 

de bois et de pierre, dans laquelle place se faisaient les 
hellages des marchandises foraines d'étoffes, toiles, etc. 

21. Place où se tenaient les foires cl les marchés. 

22. Place du marché au blé. 

23. Place couverte de bâtiments soutenus par arcs et piliers 

de pierre et bois, sous laquelle place se fait le hellage 
des grains aux foires et marchés; sous l’un des arcs 
étaient les anciennes matrices de pierre des mesures à 
grains de la ville. 

24. Halles couvertes où se faisaient l’étalage et la vente des 

grains aux jours de foires et de marchés 


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376 LES SIRES DE NOYERS. 

25. Boucherie au-dessous de laquelle se trouvaient deux caves 

particulières, dont les portes étaient surmontées d’un 
plafond en pierre sur lequel se faisait la criée des biens 
de justice. 

26. Seconde halle couverte, servant de hellage aux marchan- 

dises de draps et autres foraines. 

27. Place commune et couverte entre la boucherie et la seconde 

halle. Sous cette place se trouvait une cave dont l’entrée 
était surmontée d’un plafond en pierre, sur lequel 
étaient exposés les malfaiteurs. 

28. Passage commun et recouvert d’un bâtiment particulier 

sous lequel passage étaient tenus le fléau et les poids 
du roi . 

29. Église Notre-Dame, paroisse de la ville et son cimetière ; 

30. Rue des Amoureux, devenue plus tard rue du Jeu de 

Paume. 

31. Ruelle d’Aa. 

32. Pressoirs banaux. 

33. Rue des Pressoirs. 

34. Ancien collège de Noyers, sur l’emplacement duquel fut 

édifié, en 1633, le nouveau collège tenu par les révé- 
rends pères de la doctrine chrétienne. 

35. Rue Franche. 

86. Passage commun, couvert d’un bâtiment, et vulgairement 
appelé : la cave des Bourdes. 

Noyers-Bourg, portes^ tours * enceinte et fossés de la ville. 

37. Porte de la Rue, de forme carrée et à un seul étage. Cette 
porte avait quatre entrées différentes : les deux pre- 
mières sous la porte proprement dite, la troisième à 
8 mètres au-delà, et la quatrième, 18 mètres plus loin; 
cette dernière était défendue par un corps de garde 
voûté. Entre les deux premières entrées s’abattait une 
herse* manœuvrée de la chambre au-dessus de la voûte. 


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LES SIRES DE NOYERS. 


377 

38. Cinquième entrée de la porte de la Rue, ouverte dans un 

mur crénelé fort épais, barrant complètement le passage 
depuis les Rochers jusqu’au sous-bief du moulin de la 
Rue. 

39. Sources extrêmement abondantes, dite fontaines de la 

Ville ou fontaines de la Rue. 

40. Moulins banaux de la Rue, autrefois fortifiés; défendaient 

la cinquième entrée et le sentier partant du Château et 
aboutissant en face du moulin. 

41. Chaussée, autrefois pavée jusqu’à la Chapelle de la Croix 

de Moutot, placée à l’embranchement du chemin de 
Tonnerre et de celui de Moutot, les villages do la Ri- 
vière et Chablis. 

42. Chaussée enclose de murs, crénelés du côté opposé au 

château, et mettant en communication la porte de la 
rue avec son poste avancé des Moulins. 

43. Porte par laquelle on allait prendre de l’eau à une fon- 

taine commune. 

44. Mur de 2 m 40 d’épaisseur, vulgairement appelé le Bastar- 

don, crénelé sur ses deux faces et recouvert d’un toit en 
laves; ce mur, défendu à son extrémité par une petite 
tour carrée, barrait entièrement le fossé, dont les eaux 
trouvaient issue par des buses pratiquées au pied du 
mur. 

45. Fossés habituellement à sec, quoique communiquant avec 

la rivière, mais pouvant cependant recevoir un blanc 
d’eau; ils avaient IG mètres de largeur et 5 mètres de 
profondeur au-dessous des meurtrières du chemin de 
ronde des remparts. Une cuvette de 2 mètres de largeur 
et 1 mètre de profondeur, toujours remplie d’eau, avait 
été pratiquée au milieu du fossé. 

46. Porte de Venoise, ayant deux entrées, défendue par une 

tour et une tourelle. Les murs de clôtures desdites 
portes étaient crénelés, le parapet regardait la ville. 

47. Fontaine de Venoise jaillissant du pied du rocher sur 

Sc. hi&t . 25 


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378 LES SIRES DE NOYERS. 

lequel s’élève la tour servant de corps de garde à la porte 
de Yenoise. Autrefois cette fontaine était fort abon- 
dante et ne tarissait jamais; aujourd’hui elle est inter- 
mittente et ne coule qu’après de fortes pluies. 

48. Mur de clôture de 80 pieds de longueur avec porte auprès 

de laquelle se trouvait un corps de garde, aujourd’hui 
appelé l’Arquebuse, parce que c’était de ce corps de 
garde que les chevaliers de l’Arquebuse tiraient l’oiseau. 

49. Tour carrée s’élevant dans l’angle rentrant du mur d’en- 

ceinte et défendant la poterne ouverte en cet endroit. 

50. Tour des prisonniers, communiquant avec une vaste salle 

voûtée, où l’on renfermait les prisonniers. 

51. Pavillon de la porte Peinte, à deux étages, couvert en 

croupe et surmonté de deux pannonceaux aux armes 
seigneuriales. Sous ce pavillon, qui était voûté, étaient 
une herse suspendue du côté de la ville et une porte du 
côté de la levée. Un pont mobile en bois était jeté en 
avant sur le fossé. 

52. Levée des fossés conduisant de la porte Peinte à la tour 

des Enfanls-Perdus. Cette levée était pavée et enclose 
de murs de 8 à 10 pieds de hauteur avec parapet cré- 
nelés, l’un sur les fossés et l’autre sur la rivière. Ce 
dernier était percé d’une porte au point A. 

53. Tour ou pavillon carré, vulgairement appelé Tour des 

Enfants-Perdus. Ce pavillon, qui datait seulement du 
xvi° siècle, présentait à la partie supérieure des espèces 
de guérites en encorbellement, reliées par des mâchi- 
coulis en pierre. Sous la voûte s’ouvraient trois portes, 
l’une avec pont-levis à bascule sur la rivière, l’autre 
avec pont mobile en bois du côté du pré de l'Échelle, et 
la troisième sur la levée des fossés conduisant à la porte 
peinte. 

54. Corps-de-garde bâti, attenant au pont au levis, sur les 

avant-becs de la première arche en pierre. Une forte 
muraille, avec porte à guichet, était jetée en travers du 
pont, du côté du faubourg et interceptait le passage. 


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LES SÎRËS DE NOYERS. 


379 

56. Terrasse des levées du pont, défendu par un mur crénelé 
s’élevant sur tout le pourtour, et fermée du côté du 
faubourg par une barrière en avant de laquelle se 
trouvait un pont mobile en bois. 

3° Noyers-Ville, aujourd'hui faubourg de Noyers. 

56. Levée dupont se continuant jusqu’à la grande fontaine, 

au devant de la chapelle de l’hospice Saint-Nicolas. 
Elle était protégée du côté du Breuil par un fossé com- 
muniquant de la rivière à la grande fontaine. 

57. Four banal. 

58. Bâtiment, cour, jardin et chapelle Notre-Dame de l’hospice 

Saint-Nicolas. 

59. Première grande fontaine. 

60. Ancien prieuré Notre-Dame de Noyers avec l’église primi- 

tive, que la tradition dit avoir été construite sur l’em- 
placement d’un ancien temple d’Isis. 

61 . Jardin du prieuré. 

62. Emplacement de l’ancien cimetière. 

63. Seconde grande fontaine. 

64. Four banal du faubourg de Noyers. 

65. Terre des Écuyers délimité par sept bornes placées en 

a b c d e f et g. 

66. Place ou avait lieu l’exposition des malfaiteurs relevant 

de la terre des Écuyers. 

67. Plateau sur lequel s’étendait la vieille ville. 


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NOTE 


Sur une famille de Noyers soit-disant descendant 
du maréchal de Noyers. 


Le nom de Noyers est encore porté par le propriétaire 
du château de Saconé, près Mauléon-Barousse (Hautes- 
Pyrénées), et par plusieurs membres de sa famille qui 
habitent ce département. Ils portent, comme les anciens 
Noyers : d’azur à l’ aigle d’or. Leur maintenue de noblesse 
date du 19 novembre 1720, et cet acte, dont il m’a été 
envoyé copie, les fait descendre d’un Antoine de Noyers, 
frère du maréchal de Noyers, qui n’a jamais existé que 
dans leurs papiers de famille. 

Tous les titres de Noyers et principalement du maré- 
chal, conservés aux archives de Dijon, sont très complets. 
Il existe môme plusieurs généalogies latines et françaises 
des alliances et des parentés du maréchal, généalogies 
qui furent faites après sa mort, à l’égard du procès que 
ses enfants eurent à soutenir au sujet de sa succession. 
Nous n’avons pas cru devoir reproduire toutes ces pièces, 
et nous avons môme renoncé à publier le Catalogue 


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LES SIRES DE NOYERS. 


381 


sommaire des actes des Sires de Noyers, qui à lui seul eul 
formé un gros volume. Mais on peut affirmer que le 
maréchal de Noyers n’a jamais eu de frère du nom 
d’Antoine. 

Que d’anciennes et honorables familles aient trouvé 
des enfants adoptifs pour prendre leur nom, cela n’a 
rien de surprenant ; mais ce qui l’est d’avantage, c’est 
de voir avec quelle complaisance les juges d’armes et 
autres officiers royaux légitimèrent les usurpations et le 
braconnage des titres nobiliaires. 


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LE CLOITRE DE BE1T-LEHM 

(bethléem) 

Par M. R. de Saulcy. 


Nous devons à la bienveillante communication de 
M. de Saulcy les notices suivantes sur deux monuments 
des plus curieux de la Palestine, et à notre collègue 
M. Boussard, architecte, les planches qui l’accompa- 
gnent et qui sont gravées d’après un procédé nouveau, 
dans lequel il reproduit les grands effets des anciens 
maîtres français. 

Ses procédés sont décrits dans la lettre suivante, 
adressée par leur auteur au président de la Société : 

Je vous remercie vivement de l'accueil fait aux quelques 
planches que je vous ai adressées sur les vestiges de l’archi- 
tecture hébraïque et dont M. de Saulcy a bien voulu me 
donner communication. Ces planches, exécutées d'après les 
dessins originaux relevés sur place, sont d’une grande exac- 
titude, et chacun trouvera dans les détails de ces monuments 


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LE CLOITRE DE BEIT-LEHM. 


383 


un motif de sérieux enseignement ou d’ardente critique. 
Nous employons à dessein le mot critique, car les découvertes 
de ces ruines ont soulevé les discussions et les dénégations 
les plus violentes; beaucoup ont prétendu, et prétendent 
encore que cette architecture appartient à la décadence de 
l’art romain et traitent de visionnaire quiconque prétend 
voir dans ces ruines les débris d’une civilisation puissante 
que les guerres religieuses ont fait complètement disparaître. 
Aujourd’hui, cependant, les hommes les plus sérieux se sont 
vus obligés à reconnaître que ces monuments avaient une 
origine véritablement ancienne et offraient de grandes ana- 
logies avec l’art phénicien; or, la situation géographique de 
la Palestine et les rapprochements historiques semblent don- 
ner raison à cette hypothèse, bien que cependant on doive 
constater qu’à ces mêmes époques chacun des peuples de ce 
continent possédait une architecture, en quelque sorte na- 
tionale et entièrement dissemblable à celle de ses voisins ' 
ainsi en est-il des Assyriens, des Egyptiens, des Phéniciens 
et enfin des Hébreux. Pour nous, qui avons été à même de 
fouiller dans les magnifiques collections de M. de Saulcy, 
il nous est resté cette conviction bien arrêtée, que les Juifs 
s’étaient créé une architecture caractéristique. On croirait 
reconnaître dans les débris de leurs monuments un art plus 
fin, plus savant que dans celle des peuples voisins, et les 
lois de l’art grec semblent y avoir pris naissance. Le tom- 
beau de Josué en est, à notre avis, un curieux exemple. 
Sans parler de l’ordonnance du plan, qui est certainement 
une œuvre savante, nous trouvons dans la construction et 
la décoration du pilastre toutes les règles de l’art grec : 
pas de base et le profil du chapiteau entièrement analogue 
à ceux usités dans l’art Grec à unie époque bien postérieure. 
Le tombeau des rois de Juda, dont je me réserve de vous 
envoyer une gravure, a pour motif principal de décoration 
un entablement d’ordre dorique complètement abâtardi ou 
complètement rudimentaire. Il possède en effet des métopes 
et des triglyphes composés de sauvage façon, et si, comme 
l’établit M. de Saulcy, ce tombeau est véritablement ancien, 


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LE CLOITRE DE BEIT-LEHM. 


384 

on ne saurait s’expliquer la présence de cet entablement 
dorique autrement qu’à l’état rudimentaire ou bien encore 
comme la décadence d’un art dont l’histoire n’aurait pas 
conservé de traces sérieuses. Nous savons tous, du reste, 
que les hypogées de Béni Hassan renferment des pilastres 
cannelés dont les fûts et les chapiteaux ont donné naissance, 
dit-on, à l’ordre dorique grec, et ces hypogées datent de 
quelque trois mille ans avant notre ère. Certes, il y a en tout 
ceci matière à de savantes recherches et nous devons nous 
féliciter d’être les premiers qui ayons ouvert cette voie à 
l’archéologie moderne, car depuis les savantes recherches de 
M. de Saulcy, l’Angleterre a pris l’initiative de nouvelles 
fouilles, qui viendront certainement éclairer ce point encore 
obscur de l’histoire des civilisations. D'autres découvertes 
très curieuses ont aussi été faites par M. de Saulcy qui a 
retrouvé dans la Palestine de nombreux exemples d’arcs an- 
tiques en ogive; la construction des voûtes parait, du reste, 
avoir été familière à ce peuple, puisque nous trouvons dans 
le Temple de Salomon la porte Sous-el-Aksa ornée de quatre 
petites coupoles magnifiquement appareillées et ornées de 
rinceaux extrêmement curieux. Enfin, le cloître de Belhlé- 
hem, dont M. Mauss, architecte, à Jérusalem, nous a com- 
muniqué lès dessins par l’intermédiaire de M. de Saulcy, est 
une découverte qui intéressera vivement nos archéologues 
français, car elle est certainement la première œuvre de ce 
genre exécutée sous la direction de saint Bernard. En effet, 
le cloître de Saint-Trophime d’Arles, connu jusqu’alors comme 
le premier de ce genre, lui est postérieur de quelques an- 
nées. L’interprétation des gravures que je vous ai envoyées 
a été, de parti pris, faite sous forme de croquis, forme qui, 
pour nous, est la seule qui soit vraie en matière d’archéologie. 
Les croquis de ce genre ont surtout pour but essentiel d’ex- 
primer la physionomie esthétique d’une ruine plutôt que 
ses détails, et le rendu en gravure doit conserver l’esprit du 
croquis; aussi le fac-similé est, en pareil cas, l’idéal de la re- 
production. Dans ce sens, et pour arriver à ce résultat, nous 
recommandons les deux procédés suivants : 


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à 

1 

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Lenerour et C u Paru 




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LE CLOITRE DE BEIT-LEHM. 


385 


Vernis mon.— Prendre une plaque de cuivre poli, la vernir 
avec un vernis composé de moitié vernis au tampon ordinaire 
et moitié suif ; aussitôt la planche refroidie la recouvrir d’un 
papier mince et granuleux et exécuter sur ce papier, avec un 
crayon ordinaire, le dessin à reproduire. Sous la pression du 
crayon le vernis s’est attaché au papier partout où il a passé 
et le dessin se trouve reproduit sur la plaque que l’on fait 
mordre avec un mélange, à parties égales, d’acide azotique 
et d’eau ordinaire. 

Gravure à la plume. — Sur une plaque de cuivre bien polie 
et nettoyée on exécute le dessin à reproduire avec une plume 
et de l’encre ordinaire de la petite vertu . (Pour fixer les gran- 
des lignes de son dessin on en fait un calque sur papier 
gélatine, on frotte ce calque avec de la fleur de soufre et 
on l’applique sur le cuivre en l’y maintenant deux heures 
avec un poids ; le dessin se trouve décalqué en noir au bout 
de ce temps.). Laisser sécher le dessin une heure, puis vernir 
la plaque avec le vernis au tampon et l’enfumer. Une demi- 
heure après mettre la plaque dans l’eau et l’y laisser trois 
quarts d’heure ; au bout de ce temps le vernis se ramollit et 
s’enlève partout où il y a de l’encre, et laisse le métal à nu. 
Il ne reste plus qu’à faire mordre comme plus haut. 

A l’aide de l’un de ces deux procédés, presque mécaniques, 
tout dessin peut être gravé rapidement par son auteur, et 
nous avons pensé, en les indiquant, être utile à ceux de nos 
collègues qui s’occupent de publications ou qui hésitent, par 
crainte d’une dépense exagérée, à publier des recherches 
souvent fort intéressantes. 

Agréez, Monsieur le Président, l’assurance de ma respec- 
tueuse considération. 

j. Boussàrd, 

Architecte de l'Administration des Postes, 
directeur du Moniteur des Architectes , 

18, rue Jean de Beauvais. 

Une des plus intéressantes découvertes qui ait été 
faite par M. Mauss, architecte du domaine de la France, 


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386 


LE CLOITRE DE BEIT-LEMM. 


à Jérusalem, est, sans contredit, le cloître qu’il a re- 
trouvé au milieu des constructions relativement moder- 
nes du couvent latin deBeit-Lehm, au milieu desquelles 
il avait été, pour ainsi dire, empâté, étouffé. 

C’est un monument d’une très grande sobriété et 
d’une régularité qui n’est pas sans grâce. Les arcades 
éclairant les galeries et ouvertes sur le préau, sont 
triples, c’est-à-dire que trois petites baies ogivales 
lancéolées, soutenues par des colonnettes jumelles, qui 
ne sont reliées entre elles que par leur base et leur cou- 
ronnement, sont pratiquées dans une grande arcature 
ogivale à tympan, pleine et resserrée dans l’épaisseur 
du mur. Les chapiteaux de ces colonnettes, d’un profil 
uniforme, se composent d’un tore que surmontent deux 
feuilles d’eau surmontées, à leur tour, par une abaque à 
volute, que couronne .une rangées de modillons carrés, 
au nombre de trois sur les faces extérieures, et de cinq 
sur les joues. Les moulures des bases sont tout aussi 
simples, car elles se composent de deux tores de dia- 
mètre différent, rachetées par une gorge que termine un 
listel appuyé sur le tore inférieur. Ces grandes baies 
triples sont séparées les unes des autres par de puis- 
sants contreforts, terminés à leur partie supérieure par 
un plan incliné sans aucune ornementation. 

Les colonnes qui, à l’intérieur des galeries, reçoivent 
les retombées des voûtes d’arête, offrent exactement les 
mêmes motifs que les colonnettes des baies. Il est bon 
de remarquer que ces dernières ont leur base en retraite 
sur la face interne du mur, de façon à former de véri- 
tables banquettes ou reposoirs, pour les moines fatigués 
delà promenade. 


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LE CLOITRE DE BEIT-LEHM. 


387 


Les PP. Franciscains, qui occupent aujourd’hui le 
couvent de Beit-Lehm, avaient formé le projet de faire 
disparaître le cloître si heureusement retrouvé, et 
d’établir sur son emplacement je ne sais quelle cons- 
truction qui n’était nullement indispensable, mais j’ai 
tout lieu d’espérer que ce projet désastreux ne sera pas 
mis à exécution, et que l’un des débris les plus curieux 
des constructions religieuses, élevées en Terre-Sainte 
pendant la courte durée du royaume latin de Jérusalem, 
sera conservé et mis à l’abri de tout danger futur. 

Il est clair que nous sommes, dans ce petit monu- 
ment, en présence d’un produit de l’école sévère des 
Cisterciens. Je pense donc que le cloître de Beit-Lehm 
n’a pu être construit que tout à la fin de la période 
latine à Jérusalem, dans ce pays où, du reste, l’arc en 
ogive règne à très peu près sans partage, précisément 
parce qu’il semble bien y avoir pris naissance. 


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LE TOMBEAU DE JOSUE 


Par M. F. de Saulcy. 


Le 23 décembre 1862, je quittais au point du jour 
Djifnah, l'ancien Gophna, pour aller visiter les ruines 
de Tibneh, ainsi que le tombeau de Josué, découvert 
par M. Victor Guérin quelques semaines auparavant, et 
signalé par lui-même à mon ardente curiosité, pendant 
mon séjour à Jérusalem. Trois heures de marche sé- 
parent Tibneh de Djifnah, et nous vînmes mettre pied à 
terre sur la petite esplanade ouverte devant le tombeau 
en .question. Celui-ci est creusé dans le flanc d’une 
montagne qui fait face à la colline que couvrent les 
ruines nommées encore aujourd’hui Kharbet-Tibneh. 

Le tombeau porte parmi les fellah du hays le nom 
de Qobr ou Qoubbet-el-Endeh. D’où vient ce nom, je 
l’ignore. 

Le sépulcre est précédé d’un vestibule taillé dans le 
roc vif et dont la façade était soutenue par deux pilas- 


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389 


LE TOMBEAU DE JOSUÉ. 

très carrés avec chapiteau orné de moulures fort simples 
(voir planches 2 et 3). Un chêne qui a poussé de vigou- 
reuses racines dans les fissures du roc, et peut-être 
aussi les tremblements de terre, ont mis la partie 
antérieure de ce vestibule en fort mauvais état. On 
m’assure même que, depuis ma visite à cet illustre 
monument, un des deux pilastres, celui de droite, s’est 
écroulé. 

Le sol du vestibule s’est sensiblement élevé par suite 
des éboulements, mais les parois latérales ainsi que 
celle du fond, sont bien conservées. Leur surface est 
littéralement couverte de lampadaires ou petites niches, 
les unes carrées, les autres demi-circulaires ou trian- 
gulaires, destinées à recevoir des lampions, lors de 
certaines fêtes commémoratives, de certains anniver- 
saires. Sur la seule paroi de gauche, j’ai compté 
soixante-et-onze de ces lampadaires: l’illumination de 
ces lampadaires devait donc être fort imposante. 

Au fond du vestibule s’ouvre une petite porte par 
laquelle on pénètre dans une' première chambre sépul- 
crale munie de banquettes, et présentant sur chacune 
de ses trois faces postérieures cinq ouvertures pareilles,, 
qui, sauf celle qui, sur la paroi du fond, occupe la place 
du milieu, ouvraient toutes sur des fours à cercueil ou 
koukim. Il y a dans cette chambre quatorze fours à 
cercueil et une porte très étroite et très basse donnant 
accès dans une seconde chambre où il n’y a jamais eu 
qu’une seule sépulture, placée au fond et dans l’axe du 
monument : c’est elle qui a reçu les restes mortels de 
Josué. 

Devant le vestibule du tombeau régnait une petite 


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390 le tombeau de josué. 

esplanade pavée en mosaïque, dont les éléments, encore 
abondants sur le sol, sont de véritables fiches en forme 
de prismes rectangulaires, absolument semblables à 
ceux des mosaïques étudiées par mon ami Emmanuel 
G. Rey, dans certaines localités antiques du pays des 
Philistins. 

L’Ecriture-Sainte parle deux fois du sépulcre de 
Josué et nomme le lieu où se trouvait ce sépulcre. 
Timnath Heras (Juges, II, 9) ou Timnath-Serah (Josué, 
XIX, 50 et XXIV, 30), par suite d’une transposition de 
lettres. La Timnath biblique n’est autre chose que notre 
Tibneh, dont les ruines couvrent, ainsi que je l’ai dit, 
une colline fort peu élevée, que les fellah nomment 
encore de nos jours Er-ras. Cette dénomination mo- 
derne rappelle incontestablement le nom biblique 
Héras nommé plus haut. 

Les Itinéraires hébraïques de la terre sainte, publiés 
par Carmoly, mentionnent à côté du tombeau de Josué 
ceux de son père Noun et de Caleb, fils de Jéphounné ; 
et de fait, à côté du tombeau muni de l’énorme dépo- 
sitif d’illuminations décrit plus haut, se trouvent plu- 
sieurs autres excavations sépulcrales dont la plus haute 
antiquité ne peut être contestée. 

Voici un fait assez curieux et qui me paraît prouver 
irrésistiblement que le tombeau que je viens de décrire 
est bien celui de Josué. 

Dans les manuscrits grecs du livre de Josué, après le 
verset 29 du chapitre XXI, on lit que Josué ayant re- 
cueilli les couteaux de pierre qui avaient servi à la 
circoncision des fils d’Israël nés dans le désert avant 
l’entrée en Terre-Sainte, les enterra à Tliamna Sakar. 


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« 


le Tombeau de josué. 391 

A propos de ce passage, auquel je ne pensais pas lors de 
ma visite à Tibneh, voici ce que j’écrivis deux ans plus 
tard dans la relation de mon voyage (tome II, pl. 23) : 

« Nous avons vu tout à l’heure que Josué avait fait 
enterrer les couteaux de pierre dont s’étaient servis les 
prêtres après le passage du Jourdain. Ces couteaux de- 
vaient être restés dans le tombeau du fils de Noun et 
très probablement les aura celui qui se donnera la peine 
d’aller les chercher. » 

Peut-être ne pensais-je pas si bien dire ! Ce qui est 
certain, c’est que M. l’abbé Richard, visitant, il y a 
trois ans, le tombeau de Josué, y a trouvé en abon- 
dance les couteaux de pierre en question, couteaux qu’il 
a présentés à l’Institut de France et à plusieurs sociétés 
savantes de l’Angleterre. Il y a là une coïncidence qui 
ne pourrait être fortuite, et le monument que nous 
avons décrit plus haut est bien certainement le sépulcre 
de l’illustre chef qui succéda à Moïse. 


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BULLETIN 

y 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

HISTORIQUES ET NATURELLES DE L’YONNE. 


Année ISVlt 

I 

SCIENCES HISTORIQUES 


LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE L’YONNE 

Par M. Challe, président de la Société. 
Séance publique du 28 mai 1874. 


çiscours d’ouverture. 

Au moment où une nombreuse affluence es't venue 
admirer la splendide exposition de notre concours régio- 
nal, il nous a' paru à propos que les sociétés savantes 
du département fissent aussi leur exhibition intellec- 
tuelle, et montrassent au public quelques produits de 
leur travail. Plusieurs de nos collègues vont, à cet effet, 
vous offrir, dans de courtes lectures, quelques spéci- 
mens de notre œuvre scientifique. Sans retarder long- 
temps le moment où vous pourrez apprécier l’impor- 
tance et l’intérêt de nos études, j’ai voulu d’abord vous 
exposer en peu de mots l’organisation de nos sociétés, 


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396 


LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE LIONNE. 

le but qu’elles poursuivent et les résultats qu’elles ont 
déjà réalisés. 

Il y a quelques semaines, M. le Ministre de l’instruc- 
tioni publque, en présidant une grande solennité litté- 
raire, mettait en relief, dans les termes suivants, les 
mérites de l’histoire : 

« C’est un penchant naturel à l’homme de rechercher 
son origine, d’explorer son passé, de remonter aux 
sources les plus lointaines de son existence, et de 
suivre, à travers les mille détours qu’elle a parcourus 
jusqu’à lui, la vie qu’il a reçue et qu’il doit trans- 
mettre. Les peuples ont aussi ce penchant, et ce n’est 
point d’ailleurs une vaine curiosité qui les pousse à 
s’y abandonner. En étudiant leurs transformations 
successives, ils découvrent les lois qui président à leur 
développement régulier, les institutions qui répondent 
le mieux à leur génie, les conditions normales de leur 
prospérité et de leur puissance. » 

Et, après avoir montré que l’histoire, si elle s’attache 
exclusivement aux faits principaux qui intéressent à la 
fois tout un pays ou toute une époque, court le risque, 
en se tenant à de telles hauteurs, de ne pas apercevoir 
au-dessous de ces grandes lignes les causes premières 
des événements qu’elle raconte, il traçait ainsi le rôle et 
constatait les services des Sociétés de province qui ont 
eu pour principal objet de leur création les recherches 
historiques. 

« C’est vous, leur disait-il, qui découvrez à toute 
heure les indices nouveaux d’où sortent les vérités his- 
toriques. Vous fouillez intrépidement les moindres 
yestiges qui s’offrent à vous, les monuments, les mé- 


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LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE l’yONNE. 397 

dailles, les inscriptions, le sol lui-même, tout ce qui 
porte témoignage des générations éteintes, tout ce qui 
a pu renfermer une parcelle de leur vie. Puis, de tous 
les points du territoire, vous entretenez des relations les 
uns avec les autres ; vous donnez ainsi à l’histoire les 
bases certaines dont elle a besoin... Vos constatations, 
contrôlées d’ailleurs par la discussion, guident sûrement 
l’historien au milieu de l’obscurité de ses études. Elles 
placent dans leur vrai jour les faits dont il doit trans- 
mettre la mémoire à la postérité. Pénétrant avec vous 
jusqu’à nos origines les plus reculées, il peut, avec votre 
secours, nous faire assister, depuis le commencement, à 
nos lentes évolutions, et nous faire voir, à travers leurs 
phases multipliées, la permanente unité du mouvement 
profond qui nous porte incessamment vers l’avenir. » 

Ces résultats si considérables; qu’un homme isolé ne 
peut atteindre, l’association de tous les hommes qui, 
dans chaque localité, portent intérêt à la science, peut 
seule les réaliser. Leur réunion en met les moyens à 
leur portée ; elle assure leur zèle par une émulation ré- 
ciproque, elle donne à leurs travaux la puissance et le 
retentissement, et leur permet d’exercer au dehors sur 
la jeunesse studieuse une utile et féconde influence. 

Cette vérité, qui avait été comprise dès longtemps dans 
d’autres départements, ne l’a été que tardivement dans 
le nôtre. On avait bien vu, avant 1789, et. encore en 
1800, une association scientifique à Auxerre; mais elle 
n’avait eu à chacune de ces périodes qu’une courte durée. 
Je crois pouvoir, sans une trop grande présomption, 
ajouter tout de suite que nous avons, dans ces dernières 
années, largement réparé le temps perdu. Il y a mainte- 


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398 LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE l’ïONNE. 

nant dans l’Yonne trois Sociétés savantes parfaitement 
organisées. 

C’est en 1844 que la première s’est formée à Sens sous 
le titre de Société archéologique. 

Son programme, excellemment exposé à la fin de la 
première année, invoquait les mêmes considérations 
que je viens de trouver dans le discours de M. le Mi- 
nistre de l’instruction publique, et, chose remarquable, 
il le faisait presque dans les mêmes termes, et il disait 
en terminant : 

« C’est donc un devoir pour les hommes studieux qui 
« habitent une contrée historique, d’explorer leur sol, 
« d’interroger leurs vieux édifices et de publier modes- 
« tement leurs découvertes, dussent-ils laisser à de 
« plus habiles le soin d’en déduire les conséquences. » 

Dès la première année, la Société de Sens publiait 
d’importants travaux sur les monuments celtiques du 
voisinage, sur les murailles de cette ville, sur la ques- 
tion alors encore discutée, mais aujourd’hui irrévoca- 
blement jugée, de l’identité de l’emplacement entre la 
ville moderne et l’Agendicum, où l’Agedincum des 
Commentaires de César, et aussi sur plusieurs monu- 
ments religieux du diocèse. 

Pendant qu’elle poursuivait ses travaux, le nombre 
de ses membres grossissait d’année en année. Il n’était 
que de 23 au début. Un an plus tard il s’élevaità 23. Il est 
aujourd’hui de 44. Elle a publié jusqu’à ce jour neuf 
volumes de mémoires qui ont, sur bien des points, rec- 
tifié des erreurs historiques et jeté de vives lumières 
sur les annales de ce vieux territoire de. la Gaule séno- 
naise, devenu au neuvième siècle une dépendance du 


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399 


LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE l’ïONNE. 

duché de Bourgogne, et bientôt après, mais pendant Tin 
siècle seulement, un comté féodal, pour être ensuite 
irrévocablement réuni à la couronne; mais qui, jusqu’à 
1789, avait conservé son étendue et ses limites dans la 
circonscription de son diocèse ecclésiastique, l’un des 
plus vastes de toute la France. 

Nous avions à exploiter ici une mine historique non 
moins féconde dans les annales de notre autonomie féo- 
dale, qui avait duré depuis le neuvième siècle jus- 
qu’au quatorzième. Et cependant Auxerre n’a suivi 
qu’après trois ans l’exemple donné par Sens. C’est en 
1847 que notre Société s’est constituée. Mais nous avons 
cru devoir l’étabbr sur de plus larges bases. Selon 
nous, l’étude du sol, de ses diverses couches, des débris 
d’êtres animés qu’elles renferment dans leur profon- 
deur, et de ses productions, tant animales que végé- 
tales, était une part nécessaire et en quelque sorte le 
prodrôme de toute histoire locale. Nous pensions d’ail- 
leurs que l’association de tous les hommes qui cul- 
tivent une branche quelconque de la science était une 
condition indispensable de la vitalité et de la durée de 
toute académie provinciale. Il nous a paru aussi que 
nous devions, pour remplir un cadre aussi élargi, nous 
affilier tous les hommes d’étude disséminés sur la sur- 
face du département. C’est pourquoi nous avons pris 
un titre qui est à lui seul un programme, celui de So- 
ciété des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne. 
Nos prévisions ont été justifiées par l’événement. Nous 
n’étions que quarante le jour de notre fondation. Bien- 
tôt nous sont venues de toutes parts de nombreuses 
adhésions de personnes qui s’occupaient de recherches 


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400 


LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE LIONNE. 

historiques ou scientifiques, et de celles qui, empêchées 
par leurs occupations de cultiver leurs sympathies pour 
la science, s’intéressaient pourtant à sa propagation et à 
son développement, et nous pouvons aujourd’hui nous 
glorifier du nombre imposant de nos membres, qui 
s’est élevé à deux cent trente. 

Nous avons, depuis, publié chaque année un volume 
bien rempli par nos mémoires et le compte-rendu de 
nos séances. 

En même temps, et dès le début, nous avons voulu 
fournir aux hommes studieux les matériaux des pre- 
miers temps de l’histoire des diverses parties de notre 
département, en publiant dans deux vastes répertoires, 
sous les titre de Bibliothèque et de Cartulaire historique 
de r Yonne, les documents, ou complètement inédits 
encore, ou contenus seulement dans les in-folio des Jé- 
suites et des Bénédictins, qui ne se trouvent chez nous 
que dans les deux bibliothèques d’Auxerre et de Sens, 
et que bien peu de personnes ont la faculté ou la volon- 
té de compulser, et en livrant au public ami de la 
science archéologique la correspondance, inconnue jus- 
qu’alors, de notre savant précurseur et patron l’abbé 
Lebeuf, qui, seul au siècle dernier, possédait et avait ap- 
profondi cette science de l’archéologie nationale, que, 
sous la direction de notre docte et si regretté maître, 
M. de Caumont, le siècle actuel a retrouvée et dévelop- 
pée avec ardeur. 

Il ne saurait m’appartenir de faire ressortir le mérite 
de ces travaux de mes doctes et laborieux collègues, ni 
celui des compositions historiques qu’ils ont fait éclore 
dans le sein de notre Société et dont ils avaient préparé 


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LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE l’ TONNE. 401 

et facilité le succès. L’académie des Inscriptions les a 
appréciés à plusieurs reprises, en nous décernant des 
mentions honorable, des médailles et des prix. Ces 
faveurs ont été récemment couronnées, dans la grande 
solennité de la Sorbonne, et par le rapport élogieux de 
M. Hippeau qui a reçu une grande publicité, et par la 
brillante récompense que M. le Ministre de l’instruction 
publique nous a accordée. Il avait déjà, ces années der- 
nières, proclamé le haut mérite de nos naturalistes, que 
l’Europe entière connaît, et dont l’éclat a fait récem- 
ment appeler l’un d’eux à la présidence de la Société 
géologique de France, en même temps qu’un autre re- 
cevait, dans la dernière session de la Sorbonne, une 
médaille d’argent pour ses travaux si universellement 
appréciés sur la géognostique de l’Algérie. 

Dès l’année 1857, la Société archéologique de Sens 
avait compris par notre exemple toute l’importance que 
l’élargissement de son programme ajouterait à son ac- 
tion et elle admettait dans son Bulletin d’intéressantes 
études sur l’histoire naturelle. La poésie aussi y appa- 
raissait quelquefois, toujours avec une discrète réserve, 
mais non sans distinction et sans succès. 

Une troisième Société scientifique s’établissait en 
1859 dans notre département. C’est la ville d’Avallon, 
dont le territoire a toujours appartenu à la Bourgogne, 
qui la créait. Je dois dire à son honneur qu’elle mon- 
trait un zèle actif et qui depuis ne s’est pas démenti. 
Quoique son arrondissement soit, sauf celui de Ton- 
nerre, le plus petit du département de l’Yonne, le 
nombre des membres était, dès l’origine, dé 29. Il s’est 
depuis, élevé chaque année. Il est maintenant de 76. 


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40 i 


LES SOCIÉTÉS SAVANTES UE l’ïONNE. 

Son programme embrassait l’histoire, les sciences, les 
lettres et les arts. Elle a publié jusqu’à ce jour dix vo- 
lumes. Si l’étendue de chacun d’ejjx est peu considé- 
rable, l’intérêt n’en est pas moins grand. Le savoir et 
le talent y abondent. On y trouve, sur l’histoire de la 
contrée, de ses églises et de ses établissements, sur la 
biographie des hommes éminents qui y sont nés, des 
renseignements très importants et très précieux. Elle 
n’a pas non plus exclu la poésie de ses publications, et 
nous devons ajouter qu’elle n’a point à le regretter. La 
fraîcheur et la grâce de plusieurs d’entre elles contri - 
buent certainement à l’agrément et au charme de son 
Bulletin. Parmi les anecdotes qui émaillent les récits 
historiques des savants membres de cette Société, il en 
est de bien curieux et parfois de fort émouvants. Dès le 
premier volume, on y trouve celle-ci qui concerne l’an- 
cienne église de Saint-Julien d’Avallon dont la cons- 
truction remontait au onzième siècle, et qui, supprimée 
comme paroisse en 1791, fut démolie en 1792, pour li- 
vrer place à un marché. Ce ne fut pas sans une vive ré- 
sistance de ses paroissiens que cette destruction fut con- 
sommée. Il y eut d’abord une formidable émeute au son 
du tocsin et une bataille à coups de pierres, quand les 
municipaux de 1791 voulurent prendre possession du 
vénérable sanctuaire. La victoire resta aux paroissiens, 
qui campèrent sur le champ de bataille. Les plus ar- 
dents d’entre eux s’enfermèrent ensuite dans l’église. 
Encouragés et approvisionnés par leurs voisins, ils 
soutinrent un siège qui ne dura pas moins de huit jours, 
et il fallut, pour les soumettre, faire venir des dragons 
de Semur et d’Auxerre. La trahison livra enfin une 


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LES SOCIÉTÉS SAVANTES DK LTONNE. 403 

porte à ces troupes, mais la garnison des fidèles n’en 
sortit qu’après avoir, dans une capitulation, obtenu les 
honneurs de la guerre. L’auteur de cet intéressant 
récit raconte encore que « les vaincus de Saint-Julien 
« trouvèrent un vengeur dans un poète spirituel, 
« quoique peu orthodoxe, qui livra, sous la transpa- 
« rence de pseudonymes, les vainqueurs à la risée 
« publique. » 

Bien que, selon le narrateur, dont j’ai adouci les ex- 
pressions, le barde avallonnais fût cynique et impie, il 
n’eût pas moins été curieux, pour l’appréciation com- 
plète de l’esprit et des passions de cette époque dans la 
petite ville bourguignonne, de lire, à la suite du récit, le 
texte des sarcasmes méphistophéliques, suffisamment 
empreints de couleur locale, que ce sceptique faisait 
pleuvoir sur la tête des deux partis. 

Tel est, Messieurs, quoique en raccourci, le tableau 
de nos Sociétés scientifiques. Nous pouvons peut-être 
en être fiers. Peu de départements en France peuvent 
se glorifier d’une aussi large représentation et d’une 
culture aussi active de la science. Mais ce n’est pas seu- 
lement à ce point de vue que nos associations sont fé- 
condes en résultats précieux pour le pays. La variété 
et l’importance des communications qui se produisent 
dans nos séances y appellent sans doute un vif intérêt. 
Mais ce qui en double le charme, c’est l’esprit de cor- 
diale confraternité qu’on y voit constamment régner. 
Leurs membres, divisés sur d’autres questions, s’y rap- 
prochent et s’entendent sur le terrain pacifique de nos 
études et s’y trouvent toujours en communauté de sen- 
timents sur les choses propres à éclairer les esprits, à 


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404 


LES SOCIÉTÉS SAVANTES DE l’ YONNE. 

élever les cœurs, et à préparer les voies d’une con- 
ciliation si désirable pour le repos et l’avenir de notre 
chère patrie. 


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GUERRES DE LA VENDÉE 

(correspondance inédite d’un des lieutenants de hoche.) 


Par M. Duchatellier. 


PREMIÈRE PARTIE 

CHARBTTE ET LA VENDÉE 

On a souvent répété que les leçons de l’histoire étaient 
peu utiles, et que bien petit était le nombre de ceux qui 
savaient en profiter. Aucune époque, peut-être, ne l’a 
mieux prouvé que celle où nous vivons, et, pour peu 
qu’on passe en revue les changements de gouvernement 
que nous avons subis et surtout l'inutilité de tant de 
tentatives, poursuivies en vue de servir des intérêts privés 
ou des ambitions irréfléchies, on ne peut manquer de 
reconnaître la parfaite exactitude de cette assertion. De 
là cet autre fait, profondément subversif de l’ordre dont 
les sociétés humaines ont un si pressant besoin, c’est que 
la civilisation, tout en semblant se développer, allonge 
chaque jour la liste sans fin des désastres qui sont comme 
le martyrologe des sociétés qui apparaissent successive- 
ment sur la scène du monde. 

Ces réflexions m’étaient suggérées à la suite de quel- 


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406 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


ques études que je venais de terminer sur les guerres 
civiles qui ont si souvent troublé notre cher pays de 
France, et elles me revenaient plus vives que jamais en 
considérant les innombrables immolations d’hommes, de 
choses et de doctrines qui ont eu lieu sous nos yeux 
depuis moins d’un siècle. Je médisais, à cette occasion, 
que, sans remonter très loin dans le passé, il y aurait à 
faire un livre très curieux, mais probablement très inu- 
tile, sur ce qu’ont toujours coûté les guerres civiles. 

En m’arrêtant, en effet, aux seuls souvenirs de la pro- 
vince à laquelle j’appartiens, je pourrais citer bien des 
familles qui, encore aujourd’hui, ne peuvent avoir oublié 
que près d’un siècle de luttes intestines pour la succes- 
sion à la couronne ducale de Bretagne, amena de tels 
désastres, que, pour les réformations de l’impôt et de la 
noblesse qui furent entreprises à la fin du xvii* siècle, 
il resta admis devant le parlement et les cours royales du 
pays, que nul ne pouvait être obligé de fournir la preuve 
de son origine et de la situation civile desa famille au-delà 
du xv° siècle, parce que, dans les temps antérieurs, 
aucun manoir, aucune ville, aucune maison rurale n’avait 
en quelque sorte échappé aux flammes et au pillage. 
Mais, malgré ces souvenirs, les mêmes pays ont vu de 
nos jours les désastres de Quiberon, les fusillades du 
Mans, et les noyades de la Loire, qui ont placé sous nos 
yeux l’interminable liste des victimes qui ont payé de 
leur sang les affreux déchirements de ces temps agités. 
Ces exemples n’ont pu arrêter ceux qui, de nos jours, ont 
essayé de détruire par le pétrole ce que la science et les 
arts ont produit depuis plus de vingt siècles. 

En nous détournant de ces sanglants tableaux, nous 
avons été amené, par la découverte récente de la corres- 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 407 

pondance inédile de l’un des acteurs les plus ardents, 
mais à coup sûr le plus honnête de ces guerres, non plus 
à compter le nombre des victimes que le fanatisme a pu 
faire tomber, mais à reconnaître les heureux moyens par 
lesquels des citoyens probes et dévoués parvinrent à faire 
rentrer dans l’ordre les populations que de justes colères 
avaient précipitées dans une lutte sans merci. 

Des circonstances inattendues nous avaient fait nous 
arrêter pour quelques mois dans un département voisin 
de Paris, où les guerres religieuses des xiv e et xvi® siècles 
ont laissé des traces, malheureusement trop sensibles, des 
crimes les plus inouis. Dans le bassin de l’Yonne comme 
sur les bords de la Loire ou dans les bocages vendéens, 
l’aveuglement de la passion a en effet produit, à plusieurs 
siècles de distance, les mêmes excès impitoyablement 
exercés sur des compatriotes qui avaient longtemps vécu 
des mêmes idées en s’oubliant dans une vie paisible et 
sans agitations. Mais si l’histoire des guerres civiles des 
siècles passés avait trouvé dans quelques hommes émi- 
nents du pays, comme MM. Challe, maire d’Auxerre, et 
Quantin, archiviste du département de l’Yonne, tous 
deux lauréats de l’Institut, des écrivains habiles, qui, 
reprenant les chartes et les souvenirs de ces anciens 
âges, n’avaient laissé en quelque sorte rien à dire après 
eux ; il s’est trouvé aussi quelques jeunes hommes qui, 
plus vivement frappés de ce qui s’est passé sous nos 
yeux, ont mis un égal prix à ne pas perdre la trace des 
événements destinés à former l’histoire de notre époque. 
Parmi ces amis des lettres je dois signaler tout parti- 
culièrement M. Ânsault, juge de paix du canton de 
Chablis, auteur de plusieurs notices, fort bien faites, 
sur la famille des sires de Toucy. 


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408 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


Ce jeune écrivain, sachant que je m’étais longuement 
occupé de l’histoire de la révolution dans les départe- 
ments de l’Ouest, voulut bien me faire savoir qu’il était 
dépositaire de deux registres contenant toute la correspon- 
dance d’un des lieutenants de Hoche, appliqué avec 
celui-ci à la pacification des départements insurgés de la 
Vendée et du Maine. 

Mis gracieusement à ma disposition, les registres de 
François Walrin, successivement employé comme adju- 
dant-général et comme général de brigade, d’abord à la 
poursuite de Charette, puis à la pacification du départe- 
ment delà Sarthe, feront l’objet de cette communication. 
Elle touchera moins au récit de la lutte elle-même qu’à 
l’exposé des principes et des moyens de persuasion qui 
conduisirent Hoche et cejeune général à s’emparer, pres- 
que sans coup férir, de l’esprit irrité des révoltés , qui 
avaient eu tant à souffrir du gouvernement delà Terreur. 

Né à Beauvais en 1772, Watrin avait vingt ans quand 
il partit comme simple soldat dans la légion Belge (le 17“ 
chasseur à cheval). Capitaine au bout d’un an, il se 
trouva porté au grade d’adjudant-général à l’armée du 
Nord (probablement sous les ordres de Hoche) , d’où il 
fut détaché vers la fin de 1 795, pour venir prendre rang 
dans le corps d’armée qu’Aubert du Bayet, en se sépa- 
rant de l’armée de Hoche, fut un instant chargé de diriger 
vers Cherbourg et les départements de la basse Norman- 
die. Mais à peine incorporé dans celte armée d’opération, 
il se trouva rappelé vers Hoche, en vendémiaire an IV, 
(octobre 1 795), avec un corps de 6,000 hommes, qui devait 
renforcer l’armée de l’Ouest. 

Cela se passait au moment où Hoche, après la victoire 
décisive de Quiberon, à la fin de l’an III (juillet 1795), 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRI.N. 409 

venait d’être saisi du commandement supérieur des trois 
armées des côtes de Brest, des côtes de Cherbourg et de 
l’Ouest. On sait comment, après avoir reçu des mains de 
Canclaux le commandement spécial de l’armée de l’ouest, 
et avoir porté son quartier général de Rennes à Nantes, 
pour agir plus directement sur la Vendée, on sait, dis-je, 
comment il demanda instamment au Comité de salut 
public de rester chargé de la seule direction de l’armée 
de l’ouest, en priant de remettre à Aubert du Bayet le 
commandement de celle des côtes de Cherbourg. 

L’adjudant-général W'atrin, en quittant l’armée de 
Cherbourg pour se joindre à celle de l’Ouest, allait ainsi 
prendre une part active dans les vives attaques que 
Hoche préparait contre Charette et la Vendée. Il ne faut 
pas oublier, à ce sujet, qu'en Vendée comme en Bretagne, 
avant l’affaire de Quiberon, cette reprise des hostilités 
avait eu lieu à la suite d’une rupture des promesses 
de soumission qui avaient été solennellement jurées 
à la Jaunais, en mai 1793, par tous les chefs Ven- 
déens comme par les chefs de la chouannerie, et que 
Charette lui-même s’était montré dans les rues de Nantes, 
marchant à côté des généraux de la République, paré des 
couleurs nationales, et acclamé parle peuple qui croyait 
à la paix. 

Hoche, après l’affaire de Quiberon et les sévères exécu- 
tions des commissions militaires qui siégèrent de jour et 
de nuit, à Auray comme à Vannes, sentait plus que jamais 
qu’un effort suprême devait être tenté pour couper court à 
tant de larmes et à tant de sacrifices imposés au pays. 

Déjà il avait dit, en caractérisant la guerre qu’il allait 
continuer, qu’une déroute pour Charette était souvent un 
avantage pour ce chef, et que, quand on croyait l’avoir 

Sc. hist. 27 


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GUERRES DE LA VENDEE. 


410 

défait, en lui tuant quelques hommes, ses partisans avaient 
un rendez-vous à dix lieues en arrière qui leur permettait 
de se porter sur les convois de manière à ce que les 
républicains fussent forcés de rentrer dans leurs canton- 
nements. 

11 concluait de là et mettait à l’ordre : Que les Républi- 
cains devant toujours vaincre, il était défendu de songer 
à faire des retraites, l’expérience ayant prouvé qu’elles 
dégénéraient toujours en déroutes ; et, recommandant à 
ses chefs de cantonnements l’occupation du pays à l’aide 
de postes retranchés, il mobilisait la plus grande partie 
de ses troupes pour les diriger sur les communes insur- 
gées. Ses instructions portaient, en outre, que les bestiaux 
et les grains seraient strictement enlevés jusqu’à ce que les 
habitants eussent remis leurs armes. Puis, que l’on fondrait 
impétueusement sur les moindres rassemblements, que l’on 
ferait enlever les chefs, soit à prix d’argent, soit autrement; 
que l’on traiterait avec humanité les femmes . les enfants et 
les vieillards, et que le pillage serait strictement proscrit. 
Et s’adressant aux habitants mêmes de la Vendée, il leur 
disait : « Que les vrais Républicains ne commettaient pas 
« de cruautés ; que ces mêmes soldats qui leur faisaient 
« prendre la fuite venaient pour leur donner le baiser de 
« paix et qu’ils ne devaient plus songer qu'à rétablir 
« leurs chaumières, à prier Dieu et à labourer leurs 
« champs (1). » 

C’est dans ces circonstances que Watrin, détaché de 
l’armée des côtes de Cherbourg, reçut l’ordre de quitter 
Houdon, petit poste placé entre Ancenis et Nantes, pour 

(1) Adresse aux habitants de la Vendée et lettre au Comité 
de salut public (Vendémiaire an IV). 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 411 

venir dans cette dernière ville ravitailler sa troupe et 
prendre les ordres du général en chef. 

Les premières lettres de Watrin, tant au général du Bayet 
qu'il venait de quitter, qu’au général Bonnaud, sous le 
commandement duquel il se trouva placé, donnent de la 
situation du pays et des troupes en expédition une trop 
juste idée pour que nous les passions sous silence. Faisant 
route avec ses six mille hommes, de Houdon à Nantes, il 
raconte qu’il a été constamment harcelé par les chouans, 
qu’il a eu dix hommes blessés et qu’en arrivant à Nantes, 
ses hommes ont été réduits à trois quarts de pain et un 
peu de riz. De là, dirigé sur le Loroux, gros village à trois 
lieues de Nantes, après deux jours de séjour, il rend 
compte à son général de division, que, parti le matin de 
Nantes, il n’a pu atteindre le Loroux qu’à trois heures du 
soir ; que les chemins étaient si mauvais, que les char- 
rettes qui portaient ses munitions ont versé et se sont 
brisées, et que celles qu’il a pu mener jusqu’au Loroux 
ont été traînées à bras par les hommes de sa troupe. 
Arrivé sur les lieux, il n’a pas trouvé une seule maison 
habitable, tout avait été brûlé. Une centaine d’habitants, 
qui étaient restés dans le village, avaient pris la fuite avec 
leurs bestiaux, et trois femmes et un homme étaient seuls 
présents. Us n’ont trouvé aucuns vivres, mais seule- 
ment quinze barriques d’eau-de-vie (1). 

Cette arrivée au Loroux avec le 62* bataillon de la 
Gironde, la 50* demi-brigade et 30 dragons, avait lieu le 
21 vendémiaire, vers le coucher du soleil. Mais dès le soir 
même, sur les dix heures, le cornet à bouquin se fit enten- 
dre de tous côtés, et Watrin se trouva forcé de faire le 

(I) Lettre du 21 vendémiaire an IV. 


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412 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


roup de feu au lieu de songer à son campement. Ses 
patrouilles furent lancées en avant. Mais bien qu’il fût 
parvenu à atteindre quelques hommes armés qui s’étaient 
cachés avec leurs femmes dans les marais, il ne put saisir 
que ces dernières, et il les renvoya chez elles en les traitant 
avec bonté (1). 

Dès cette entrée en campagne et sans qu’il ail eu le 
loisir de s’y préparer avec quelque sûreté, nous le trou- 
vons de suite appliqué à la stricte exécution des ordres du 
général en chef. Mais dépourvu en môme temps de pres- 
que tous les moyens d’exécution qui auraient été si 
indispensables au milieu des paroisses désertes, incen- 
diées et ruinées, qu’il avait à parcourir, ce ne sera qu'aux 
ressources d’une activité sans égale et d’une sagacité 
relevée par les plus nobles sentiments, qu’il devra quel- 
ques succès à peine espérés. 

En le suivant dans les cantonnements qu’il prend 
successivement à La Roche-Hullin et à Cdisson, nous le 
trouvons à la fois préoccupé de relever la trace de l’en- 
nemi qu’il doit poursuivre, préoccupé de l’approvisionne- 
ment de sa troupe et du maintien de la discipline, tout 
en essayant de contenir les passions qui débordent d’un 
côté comme de l'autre. 11 lui importe surtout de recon- 
quérir la confiance des rebelles qu'il a mission de 
soumettre. 

Nous avons déjà dit que les vivres étaient rares, qu’ils 
manquaient souvent et qu’on n’aurait su s’en procurer 
sur place. Tous les habitants se cachaient, en efiet, et 
prenaient la fuite dès que les bleus paraissaient ou qu’une 
patrouille était soupçonnée. Ses approvisionnements ne 

(1) Lettre du 22 vendémiaire an IV, au général Bonnaud. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 41 3 

pouvaient donc se faire qu’en tirant des magasins de 
Nantes les objets nécessaires à l'alimentation comme 
à l’entretien des troupes ; et encore fallait-il de fortes 
escortes pour faire arriver les objets demandés. Tout 
manque à la fois: le pain, la farine, le seules cartouches 
même. Une forge pour ferrer les chevaux, un moulin à 
bras pour moudre les grains que l’on parvint à saisir sont 
successivement demandés par les chefs de cantonnements, 
et je vois, par la correspondance de Watrin, que du 
4 brumaire aux premiers jours de frimaire, malgré scs 
instantes sollicitations près de lloclie et de l’adjudant- 
général Dulhil, attaché à son état-major, il est resté sans 
pouvoir obtenir une seule poire de souliers sur une four- 
niture indispensable de 1,800 paires qu’il demandait à 
chaque lettre qu’il adressait à Nantes. Enfin, le 16 
brumaire, ayant reçu l’ordre de se préparer à quitter 
son cantonnement de Clisson, il écrivit à Duthil : « Réilé- 
« rez ma demande pour les souliers et les charrettes. La 
« moitié des troupes ne peut pas sortir de Clisson, faute 
« de souliers. Remuez ciel et terre pour me les procurer. 
« Je vais établir un atelier de sabotiers, elles souliers ne 
« se porteront que lorsqu’on sortira. 

« Toute ma colonne est nue et manque d’habits. Les 
« chasseurs de Cassel manquent aussi d’habits verts et de 
« tambours. Vous me trouverez bien importun , mais 
« vous me pardonnerez, connaissant que c’est l’amour 
« du soldat et la discipline qui me font agir 

« Je ne croyais pas, mon cher Duthil, que j’aurais 
« autant d’agréments, je n'ai pas le temps de m’ennuyer, 
« je suis toujours en mouvement. Meunier, maréchal, 
« bourrelier, boulanger, serrurier et bientôt sabotier, 
« charbonnier et menuisier, voilà mes divers états ; joi- 


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414 GUERRES DE LA VENDÉE. 

« gnez-y celui de directeur des fortifications. Je mène la 
« troupe ferme et je vous dirai que le soldat n’est pas 
« absolument indiscipliné, mais bien pillard. S’il avait 
« de bons chefs, il serait excellent, mais les officiers sont 
« mauvais, excepté dans Cassel où il y en a quelques- 
« uns de bons. Adieu, mon cher, satisfaites-moi sur 
« toutes mes demandes. 

« Salut amical, 

« F. Watrin. » 

On conçoit facilement combien la discipline devait être 
difficile à maintenir dans ces conditions, et nous en avons 
la preuve dans les détails que nous donne la correspon- 
dance que nous analysons. 

Le 27 vendémiaire an 1Y, dès les premiers jours après 
sa sortie de Nantes, je trouve une lettre de Watrin au 
Major-Général de l’armée de l’ouest, auquel il annonce la 
destitution du commandant d’une compagnie de la 50* 
demi-brigade, qui a permis le pillage et la dévastation; et 
la suspension provisoire de trois compagnies de la même 
demi-brigade, pour cause d'insubordination. Un brigadier 
du 13® dragons est aussi cassé devant le front de la 
troupe, et il demande que ces exemples de répression 
soient mis à l’ordre général de l’armée. 

Enfin, un fusilier de la 1 07® demi-brigade qui, en mar- 
che, avait tiré un coup de fusil sur son sergent, est 
immédiatement passé par les armes, et cet exemple est 
encore mis à l’ordre. 

A quelques jours de là, étant toujours au cantonnement 
de La Chapelle-Hullin , quelques murmures s’étant de 
nouveau fait entendre dans la troupe, il écrit au chef du 
4* bataillon de Lot-et-Garonne, « Qu’il ait à faire garder 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 415 

« les arrêts, pendant huit jours, au capitaine de la com- 
« pagnie des grenadiers, et que s’il apprend qu’ils fassent 
« la moindre réclamation, il les fera désarmer et deman- 
« dera au général en chef la destitution de leurs officiers. 
« Il est étonnant, ajoute-t-il, que des grenadiers, qui doi- 
« vent marcher les premiers à l’ennemi, fassent des 
« difficultés quand il s’agit de se mettre en garde contre 
« toute surprise de sa part. » 

Arrivé à Clisson, il écrit de ce nouveau poste au com- 
mandant du Pallet, petit bourg situé sur la route de Nan- 
tes à Poitiers, que des plaintes lui sont parvenues sur ce 
que ses soldats sortaient et maraudaient dans les campa- 
gnes et les métairies du voisinage, et qu’ils y avaient 
commis des horreurs et blessé des paysans. « Tâchez de 
« me découvrir les auteurs de ces attentats, et, en atten- 
« dant, consignez, jusqu’à nouvel ordre, tout votre 
« cantonnement, et s’il le faut, mettez la moitié de la 
« troupe de garde. » 

Dans une deuxième lettre au même commandant, il 
lui dit que de nouvelles plaintes lui sont parvenues et que 
s’il peut se saisir des coupables, ils seront fusillés comme 
pillards. 

Tout manquement à la discipline était ainsi réprimé de 
la manière la plus ferme, et je vois dans une lettre du 
27 vendémiaire, au chef de la 50 e demi-brigade, que 
celui-ci dut lui rendre compte des causes qui avaient 
conduit quelques-uns des officiers de sa troupe à quitter 
le cantonnement de la Chapelle-Hullin pour aller à Nantes. 

Sa surveillance, au reste, s’exerçait avec la même acti- 
vité sur les réfugiés et les étrangers qui venaient succes- 
sivement se placer à la suite des troupes. Il écrivit, à ce 
sujet, au chef d’état-major Duthil, le 6 brumaire, afin 


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416 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


qu’il prît les mesures nécessaires pour que des gueux et 
des femmes de toute espèce, qui sortaient de Nantes et se 
qualifiaient de réfugiés, fussent empêchés de se mettre à la 
suite de ses troupes. Car, ajoutait-il, dans une autre lettre 
du 19 : « Le pillage le plus effronté s’opère, et des effets 
« sans nombre sont dirigés sur Nantes. J’organise un 
« poste de surveillance sur la route de Pallet, et je fais 

« fouiller tous les convois et les transports qui se font 

« J’envoie à Dulliil deux citoyens de Nantes qui sont 
« venus ici (à Clisson), acheter de l’argent à la troupe 
« avec de faux assignats. Les pièces à leur charge sont 
« bien en règle et j’espère qu’il en sera fait justice. » 

F.n même temps, c’est-à-dire dans le même mois, et 
toujours de Clisson, il dénonçait à Hoche un employé de 
Montaigu, et le lui expédiait pour être puni suivant les 
lois, pour avoir enlevé des marchandises confiées à sa 
garde, tels que grains, effets d’ habillement, fils, coton, etc., 
et même volé un cheval. (Lettre du 12 brumaire, an IV). 

Cependant, ce jeune adjudant-général, à peine arrivé 
à sa majorité, prenant de ses devoirs et de sa mission 
une très-juste idée, n’avait garde de se laisser aller, dans 
un sens ou dans l’autre, à un excès de confiance qui eut 
pu le jeter en dehors d’une règle de conduite qui devait 
le préserver de toute erreur capitale. En veillant, d'un 
œil jaloux, sur ses hommes comme sur les pillards et les 
réfugiés qui se pressaient sur ses pas, il ne perdait pas de 
vue les rebelles eux-mêmes, et je trouve dans sa corres- 
pondance une lettre du 24 brumaire au nouvel officier 
qui venait de prendre le commandement du Pallet, où je 
remarque les recommandations suivantes : « Vous avez 
« bien fait, mon cher Braux, d’arrêter les brigands qui 
« ont fait feu sur les réfugiés passant à la Croix Maurice. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 


417 


« Mais ne rendez rien, je vous prie, aux habitants de La 
« Haye. C’est une horreur de voir combien toutes ces 

« gens-là nous font de fausses déclarations Le 

« général en chef me mande que je ne dois nourrir que 
« les réfugiés qui me sont utiles. » (Il en employait un 
grand nombre aux fortifications de Clisson.) 

Mais c’est assez indiquer dans quel esprit et dans 
quelles conditions venait de s’ouvrir, à la fin de 1795, la 
nouvelle campagne qui devait amener la soumission de 
la Vendée et la dispersion de ses chefs. Presque tout le 
mois de brumaire (novembre et décembre), venait d’être 
employé à la concentration des troupes, et Watrin , dont 
nous suivons la correspondance journalière sur ce qui se 
passait, prenait une solide position dans la ville de Clisson 
dont il réparait les vieilles murailles. 

Avant d’atteindre ce cantonnement, il avait déjà eu 
l’occasion d’appliquer les mesures prescrites par le géné- 
ral en chef, et voici ce qu’il lui en disait le 6 brumaire 
an IV, après s’être emparé de la Chapelle-Hullin, à peu 
près à 15 kilomètres de Nantes. 


« Nous n’avons pu avoir les femmes retirées dans le 
« marais. Nous n’avons pas tiré sur elles. J’ai répandu 
« votre proclamation ; elle fera, je crois, effet. Bien des 
« femmes sont restées chez elles. Nous les avons traitées 
« avec douceur. Il y avait très-peu de brigands. Notre 
« expédition nous procure plus de 200 bêtes à cornes. 

« Demain j’aurai l’honneur de vous remercier de vive 
« voix de l’estime et de la confiance que vous voulez bien 
« me témoigner. 

« Salut et respect, 

« F. Watrin. » 


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448 GUERRES DE LA VENDÉE. 

Et, s’étant ainsi absenté une couple de jours pour aller 
à Nantes conférer de nouveau avec le général en chef, 
nous le retrouvons, le 10, lui écrivant la lettre suivante, 
toujours datée de la Chapelle-Hullin : « D’après vos 
« ordres, je vais me rendre à Clisson, pour y prendre le 
« commandement de la colonne de Delaage (adjudant- 
* général). 

« Permettez-moi de vous faire observer, général, que 
« n’étant dans ses armées que depuis environ trois semai- 
« nés, je suis peu accoutumé à ce genre de guerre. 
« J’aurais besoin d’être sous les ordres immédiats d’un 
« chef instruit, tel que Spilal (chef de la 50 e démi- 
se brigade), jusqu’à ce que j’aie acquis la connaissance 
« parfaite de guerroyer dans ce pays. Celte division exige 
« des détails infinis, et a besoin, par conséquent, d’un 
« chef d’état-major. Il me semble que je serais plus utile 
« à mon pays dans cette place que dans le commande- 
« mant d’une colonne détachée. 

« La confiance dont vous avez bien voulu m’honorer 
« m’engage à vous faire ces observations. Quelle que soit 
« votre décision, soyez persuadé, général, que j’exécu- 
« terai le plus ponctuellement possible les ordres qu’il 
« vous plaira de me transmettre. 

« Salut et respect. 

« Watrin. » 

Dès qu’il a atteint Clisson, je trouve sur son registre la 
copie signée de trois lettres, toutes les trois sont datées 
du II brumaire, jour de son arrivée, et adressées, l’une 
au chef de demi-brigade Spilal, et deux autres à Hoche 
lui-même. Il continue à demander les souliers dont sa 
troupe est dépourvue, mais il fait savoir en même temps 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 419 

au général qu’il a fait fouiller les communes de Saint* 
Fiacre, Maisdon et Saint-Lumine, et qu’en attendant des 
exemplaires de la proclamation du général, il s'est adressé 
lui-même aux insurgés qu’il a pu joindre et leur a dit 
que : « Les habitants du Loroux, de la Chapelle-Basse et 
« de Haute-Goulaine, retirés dans les marais de tioulaine, 
« étaient entrés en pourparlers avec lui, et que, comme 
« eux, ils pourraient rentrer dans leurs demeures , cultiver 
« leurs champs, adorer Dieu et exercer le libre culte de leur 
« religion, en vivant en paix avec les soldats de la répu- 
« blique, moyennant qu’ils remissent leurs armes dans les 
« vingt-quatre heures. » 

Il ajoutait que dans les fouilles qu’il avait faites, il 
avait tué une quarantaine de brigands armés qui tenaient 
la campagne ; mais que les femmes et les paysans sans 
armes avaient été traités avec douceur et que les pa- 
roisses nommaient des commissaires pour venir à lui. 
Il demandait 25 voitures pour enlever les blés qui 
avaient été découverts et annonçait que deux colon- 
nes allaient se croiser et marcher sur Montaigu, qui 
était en pleine Vendée et à peu près à 1 3 kilomètres de 
Clisson. 

Quelques renseignements obtenus pendant cette expé- 
dition lui permettent de signaler à Spital, chef de la 50* 
demi-brigade, 20 pièces d’eau-de-vie et 1 80 pièces de vin 
qui devaient être cachées dans les métairies voisines de 
Beauchêne, et nous ne pouvons douter de l’exactitude de 
ces renseignements, comme de l’activité de ce compa- 
gnon d’armes, sous les ordres duquel il aurait voulu se 
placer, car dès le 13, une lettre de Watrin à Spital le féli- 
cite sur les résultats qu’il a obtenus pour la pacification 
des marais, et se termine par cette phrase ; « Toute mon 


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GUERRES DE L.V VENDÉE. 


420 

« ambition se borne à pouvoir en faire autant dans la 
« partie qui m’est confiée. 

« Salut amical et bonjour. 

« F. Watrin. » 

Toute hésitation oependantétait loin d'avoir disparu, et 
je remarque, à la date où nous sommes, que les habitants 
de Gorges, une des communes les plus rapprochées de 
Clisson, avaient conduit Watrin à exposer de nouveau les 
conditions dans lesquelles la réconciliation pouvait se 
faire : « Loin de tomber dans l’esclavage en rendant vos 
« armes, infortunés habitants, leur disait-il, vous jouirez. 
« au contraire, de la plus entière liberté. Les armes sont 
« faites pour le soldat et non pour le cultivateur et l’habi- 
« tant de la campagne. Croyez fermement que tout ce 
« qui vous est annoncé dans la proclamation du général 
« en chef sera fidèlement exécuté. C’est à contrecœur, 
« c’est malgré nous que nous continuons cette malheu- 
« reuse guerre. Nous serions tous plus charmés de nous 
« voir réunis que de nous entr’égorger mutuellement. 
« Mais je vous annonce que si vous ne rendez pas vos 
« armes, il ne faut pas espérer la paix. Ce sont les ins- 
« tructions que j’ai reçues de mon général en chef, et je 
« me fais un devoir de m’y conformer ponctuellement. Si 
« quelques-uns de vous veulent venir me parler, ils peu- 
« vent se rendre hardiment à Clisson et je leur promets 
« garantie et sûreté. Tout pourparler deviendra inutile si 
« vous n’êtes pas décidés à me remettre vos armes. » 

Le 16 , il annonce qu’il a fait ravitailler la malheureuse 
ville de Montaigu. Ecrivant le même jour au chef de 
demi-brigade Spital, il lui fait parvenir la lettre suivante : 

« M. de La Trémouille, nommé commissaire par les 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 421 

« brigands poùr traiter avec moi de la pacification de cinq 
« à six paroisses qui m’environnent, est venu me trouver 
« avant-hier à Clisson. Je l’ai très-bien reçu. 11 paraît un 
« peu revêche à rendre les armes. Mais tous finiront par 
« là, j'en suis sûr. Il doit venir terminer aujourd’hui ou 
« demain. 

« Deux de mes espions sont à l’affût de M. de Bruc, 
« qui, véritablement, n’est pas aimé. Je le suis de près, et 
« si je peux l’avoir, je n’en perdrai pas l’occasion.. 

« Que nous serons heureux, mon cher Spital, si nous 
« parvenons à pacifier ce pays : Je ne regretterai pas 
« alors d’être venu dans la Vendée. 

« Salut amical. 

« F. Watrin. » 

Du reste, et comme pour confirmer cette lettre, il adres- 
sait, ce même jour, 16 brumaire, aux habitants de 
Gorges, ce dernier appel : 

« Je vous annonce que si demain, à dix heures du 
« matin, je n’ai pas reçu vos armes, je marche de suite 
« contre votre commune (Gorges, placé sur la Sèvre, 
« n’est qu’à deux ou trois kilomètres de Clisson) et traiterai 
« tous ses habitants comme rebelles à la loi et ennemis 
« de la République. J’ai assez attendu. Si le républicain 
« français sait pardonner, il sait aussi se battre. 

« F. Watrin. » 

On sent à chaque mot de cette correspondance faite au 
milieu du danger et des plus vives préoccupations, que le 
zèle et le feu de l'action s’alliaient, dans la lè’.e de ce 
jeune général, aux sentiments les plus nobles; l’épanche- 
ment affectueux dans le cœur d'un ami brave et jeune 
comme lui, auquel il faisait part de tout le honneur qu’il 


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422 GUERRES DR LA VENDÉE. 

aurait à assurer la paix à ces pauvres rébelles, prouve, 
d’une autre part, combien ces jeunes officiers se trou- 
vaient disposés à poursuivre le but que s’était proposé 
leur général en chef, jeune et généreux comme ils l’étaient 
eux-mêmes. 

Mais, militaires avant tout, et stricts observateurs des 
devoirs pénibles qui leur étaient imposés, ils ne fléchis- 
saient sur aucune des obligations que les circonstances 
leur prescrivaient. 

Dès le lendemain, en effet, 17 brumaire, je trouve une 
lettre de Watrin à Hoche où il lui annonce qu'il a marché 
sur le village de Gorges, mais qu’il n’y a trouvé aucun 
habitant. Ils s’étaient tous réfugiés dans les bois, et il n'a 
pu en saisir que six. On lui a cependant dit que La Tré- 
mouille et les chefs étaient rassemblés à Beaurepaire pour 
traiter de la paix. Il ajoute que quelques brigands ont été 
tués et que 50 bêtes à cornes et 3 voitures ont été saisies. 

De son côté Spital et sa demi-brigade, opérant le long 
de la Sangrase qui sejette dans la Sèvre, détachait quatre 
compagnies sur la Halle, Bodinière et Mouzillon où l’on 
disait qu’il devait y avoir des grains, mais le résultat de 
cette expédition n’était pas plus concluant que celui obtenu 
par Watrin. Je vois que le 1 9 brumaire, les conférences 
duraient encore, quoique Watrin eût fait enlever tout ce 
qu’il avait trouvé de blés et de bestiaux, en même temps 
qu’il avait fait brûler toutes les embarcations qui se trou- 
vaient sur la Sèvre et pouvaient servir au passage des 
rebellesd’un canton à l’autre. Le lendemain, 20 brumaire, 
rien n’était encore conclu, et je trouve, sur le registre du 
jeune adjudant-général, la lettre suivante à Hoche : « Je 
« vous adresse copiede la lettre insignifiante que je reçois 
« à l’instant des rebelles. En attendant qu'ils se décident 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 423 

« à la paix et qu’ils me remettent les armes , je fais faire 
« aujourd’hui l’enlèvement des grains sur Saint-Hilaire- 
« des-Bois ; je marche en même temps sur Monnières, 

« Saint-Lumine, Maisdon et Saint-Fiacre. Cette opération 
« aura un double but; d’abord de m’emparer de tous 
« les rebelles, de prendre les armes et les bestiaux, puis 
« de brûler les quelques bateaux qu’on me dit rester sur 
« la Sèvre. Je fais aussi enlever les fers des moulins 
« occupés par les rebelles. » 

Cette lettre se termine par le récit un peu long, mais 
saisissant, de la fin tragique d’un rebelle qui, renfermé 
dans le château de Clisson, était pervenu à gagner les 
remparts de la citadelle, d’où il injuriait et accablait de 
malédictions les soldats de la garnison. Ceux-ci lui di- 
saient vainement de descendre ou qu'on allait tirer sur 
lui. Il arrachait les pierres du rempart, les jetait sur les 
républicains et, écumant de rage, il s’élança sur leurs- 
bayonnettes. 

Voilà quelle était la physionomie de cette guerre fra- 
tricide que le Comité de salut public et les nouveaux 
généraux de la République avaient évidemment à cœur 
de terminer au plus tôt. Les troupes opposées aux rebelles 
marchaient en avant, mais très-lentement. Une fois ses 
derrières assurés et ses communications avec Nantes par- 
faitement établies, Watrin semble cependant ne plus 
douter du succès. Le 22 brumaire, il écrit au chef d’état- 
major Dulhil que le vrai moyen de soumettre le pays a 
été pris et que l’enlèvement des grains et des bestiaux est 
presque toujours suivi de la remise des armes que possè- 
dent les rebelles. 

« Ne balancez pas, dit-il aux habitants de Cugan, (il se 
« portait, dans ce moment, en avant de Clisson, sur la 


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424 GUERRES DE LA VENDÉE. 

« route de Monlaigu), ne balancez pas dans le choix que 
« vous avez à faire et ne me réduisez pas à la dure néces- 
« sité de sévir contre vous. Apportez-moi vos armes dans 
« les 24 heures et je vous jure, sur ma parole d'honneur, 
« que tout ce que le général en chef vous annonce dans 

« sa proclamation, sera fidèlement exécuté Vous 

« adorerez Dieu tranquillement et personne ne vous trou- 
ve blera. » 

Très-fermes et conciliantes en même temps, ces paroles 
eurent souvent leur efTet, mais voici une lettre de Watrin 
à Hoche, datée de Clisson du 23, qui laisse voir quelles 
difficultés s’élevaient à chaque pas contre les mesures les 
plus favorables à la pacification. 

« Mon général, * 

« Je vous fais conduire, par le 4° bataillon de la Dor- 
« dogne,61 habitants de la commune de Gorges et plu- 
« sieurs autres de différentes paroisses qui n’ont pas 
« encore rendu leurs armes. Vous dire, général, que 
« ces malheureux habitants n’ont pas eu la moindre 
« connaissance des lettres que je leur ai écrites et de 
« la réponse de leurs scélérats de commissaires, c’est 
« les recommander à votre humanité et à votre justice. 
« Tous ceux de cette paroisse viennent de me remettre 
« leurs armes au nombre de 63, et je suis sûr, comme 
« vous, que leur passage dans Nantes fera de suite pro- 
« noncer les indécis. 160 armes environ de diverses 
« espèces et livrées par Gorges, Mouzillon, Maisdon, 
« Saint-Uilaire-ilu-Bois, vous sontaussi conduites. J’eusse 
« bien désiré aussi y joindre, suivant vos vues, les bes- 
« tiaux pris. Mais il en a été réclamé une si grande 
« quantité, que j’ai rendus, qu'il n’en reste plus que 66, 
« pour la subsistance de la troupe. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 425 

« Depuis deux jours je fais faire un enlèvement consi- 
« dérable sur la commune de Bernardière. Les habitants 
« viennent enfin de se décider à remettre les armes et 
« vont me les apporter toutes aujourd’hui, ainsi que ceux 
« de la paroisse de Cugan. 

« Le village de Saint-Fiacre est décidément rebelle. 
« La majeure partie des habitants est, dit-on, passée 
« chez Slofflet et on n’a pu en avoir que sept, que je vous 
« fais aussi conduire. Dans une découverte faite sur la 
« Barillière, il a été tué six brigands et un de leurs chefs 
« de division, nommé Grégoire de la Barillière; il était 
« porteur de la lettre de M. de La T rémouille qui me fait 
« encore demander huit jours de délai. Je vous promets 
« bien que si quelques-uns de ces commissaires me tom- 
« bent entre les mains, ils seront, suivant vos ordres, 
« jugés militairement. 

« Mon inquiétude, maintenant, c’est qu’on ne 

« traite pas assez les habitants en véritables français. J’y 
« tiens cependant la main d’une manière très-ferme. 

« Salut et respect. 

« L’ Adjudant-général, 

« F. Watrin. » 

Dans une seconde lettre à Hoche, toujours du même 
jour, il complétait ainsi qu'il suit les renseignements qu’il 
avait déjà donnés sur les communes formant en quel- 
que sorte la banlieue de Clisson, où il avait son quartier- 
général. 

« Comme il y avait à la Bernardière, six habi- 

te tants passés chez Stofflet, qui m’ont formellement 
« refusé de remettre les armes, j’ai envoyé aujourd’hui 
« enlever les grains qui existent dans leurs propriétés. 

Scr hitt. 28 


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426 GUERRES DE 1.A VENDÉE. 

« Je suis assez content de la conduite des soldats. Ils ont 
« su faire une grande différence entre les habitants qui 
« se sont soumis à la loi, et les rebelles. Aussi les pre- 
« miers les ont aidés à charger le grain et nous ont 
« même fourni une voiture. Je fais faire aujourd'hui un 
« autre enlèvement dons de village de la Barillière, qui 
« n’a pas encore remis ses armes, et s’ils persistent 
« dans leur rébellion, il ne restera absolument rien 
« dans cette commune. » 

Toutefois, ces désarmements et ces enlèvements de 
grains et de bestiaux ne parvenaient pas à se faire sans 
quelques fâcheuses collisions. Je remarque ainsi dans la 
lettre de Watrin au général Hoche, du 24 brumaire, que 
trois rebelles et deux réfugiés avaientété assassinés, dans 
ses entrefaites, sur la route de Clisson à La Haye. Il esti- 
mait que ces crimes étaient le résultat d’anciennes haines 
particulières. Un citoyen delà commune deGorges, nommé 
René Rousseau, lui adressait en même temps des plaintes 
très-vives sur des excès commis dans cette comipune par 
les soldats qui y avaient été envoyés en expédition. 

« C’est avec plus de peine que vous n’en éprouvez vous- 
« même, que j’apprends le malheureux événement qui a 
« eu lieu dans votre paroisse. C’est bien contrairement 
« aux ordres que je donne incessamment à la troupe, de 
« respecter les personnes et les propriétés des habitants 
« qui ont rendu leurs armes. Mais vous savez qu’il se 
« trouve des scélérats partout. Vous auriez dû arrêter et 
« me conduire ceux qui se sont portés à de telles violen- 
« ces contre quelques malheureux habitants. Ne les 
« connaissant pas, je ne puis les punir. 

« Malgré les précautions et les moyens que je prends 
« pour découvrir de pareils monstres, il m’est impossible 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 427 

« de les reconnaître dans une si grande quantité de 
« soldats. 

« Il ne faut pas pour cela vous affliger et perdre con- 
« fiance en nous. Vous pouvez en toute sûreté venir à 
« Clisson. Vendredi il y aura marché. 

« Envoyez -moi les noms des hommes qui ont 
« remis leurs armes et je leur remettrai des passes de 
« sûreté. » 

Clisson et ses environs étant ainsi occupés et, en quel- 
que sorte, débarrassés de rebelles, Hoche se décida à un 
nouveau mouvement, dont le but fut à la fois de séparer 
Stofflet et Charette l’un de l’autre, et de forcer ce dernier 
à s’isoler dans les cantons que sa présence avait déjà 
épuisés en hommes comme en toutes ressources alimen- 
taires. 

En même temps que les généraux Gratien et Durut 
eurent l’ordre de se porter sur Legé et Montaigu, Watrin, 
avec une colonne de 2,000 hommes, dut se diriger sur 
Treize-Septiers, gros village placé à peu près à égale 
distance de Montaigu et de Tiffauge, et voici comment il 
rend compte de sa mise en mouvement au général en 
chef. 

« Beaucoup de mes fusiliers sont restés à Clisson, faute 
« de souliers. Une vingtaine marchent pieds nus et le 
« tiers de la colonne n’a que des sabots. 

« Le pays que j’occupe est hérissé de haies et de brous- 
« sailles. Il n’existe pas une seule maison et toute la 
« troupe est au bivouac. Demain je vais sommer les 
« villages encore indécis, et exécuter vos ordres, s’ils ne 
« se rendent pas. 

« Je n’ai reçu aucun des quatre placards que vous 
« annoncez dans vos instructions. 


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428 


GUERRES DE LA VENDEE. 


« La troupe n’a pas de couvertures, est presque nue. 
« La moitié porte des habits de paysan. 

« Je vous prie, mon général, de m'aider de vos conseils 
« le plus souvent possible. » 

Du 29 brumaire au 3 frimaire, la colonne de Watrin 
manœuvre dans les environs de Treize-Septiers et visite 
successivement la Gaubretière, Bazoges, Beaurepaire et 
Saint-Fulgent, enlevant toutes les armes qu’on lui remet, 
et plaçant les habitants qui se soumettent sous la direc- 
tion spéciale de quelques officiers. Il rend compte à Hoche 
que les hommes de la campagne sont en général occupés 
aux travaux de leurs champs ; c’était en effet le moment 
des ensemencements. Mais il ajoute que quelques actes 

d’indiscipline des soldats retardent la pacification 

« Envoyez -moi, général, de vos proclamations. Les 
« habitants de Treize-Septiers sont si malheureux, 
« que je suis obligé d’en nourrir la majeure partie. 
« C’est une bonne œuvre que je crois conforme à vos 
« intentions. » 

Dans une lettre du 3 frimaire an IV , à son ancien 
général, Aubert du Bayet, il estime qu’il y avait en ce 
moment quinze paroisses soumises et rentrées dans 
l’ordre. 

Mais s’avançant vers Tiffauges, et au moment de l’at- 
teindre, un de ses bataillons, le 3 e des Vosges, est tout à 
coup attaqué dans la Lande de Genisson, par les bandes 
réunies de Sapinaud et de Fleuriot. L’action est contra- 
riée par une pluie battante, et c’est à la bayonnette qu’on 
s’attaque. D’après le récit de Watrin à son général, une 
vingtaine de rebelles sont restés sur le carreau ; deux 
républicains ont été tués. « Les sœurs de Sapinaud sont 
« passées dans le pays de Stofflet. Sapinaud erre d’un 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 


429 


« point à l’autre. Je le suis de près et ne lui donnerai 
« pas de relâche. » 

Watrin ajoute que six barriques de poudre, qui avaient 
été cachées à la ferme de la Langerie par Sapinaud, entre 
deux murs d’un grenier, ont été découvertes, sur le dire 
même d’un fermier. « Mais ce métayer, ayant cinq enfants 
« et sa femme, ne peut plus rester sur les lieux. Il serait 
« infailliblement assassiné ; je le garde avec moi ; il me 
« sera bien utile. » 

Renforcé de nouveau par quatre bataillons de la 
107° demi-brigade, et, se trouvant ainsi à la tête d’un 
effectif de 3,265 hommes, Watrin, muni de nouvelles ins- 
tructions, reçoitdece jour, 11 frimaire (2 décembre 1795), 
la mission spéciale de s’attacher aux pas de Charette. 
Tout a été combiné pour cela, et les généraux Beauregard, 
Gralien, Durut et Digonet ont reçu, de leur côté, des or- 
dres de mouvement qui doivent favoriser l’action de 
Watrin et de sa colonne (I). L’ordre est, en conséquence, 
répété à toutes les troupes, « de se garder soigneusement, 
« de faire du pain pour quatre jours et de marcher au 
« feu dès qu’on entendra une vive fusillade. » 

Une circonstance assez ^remarquable de cette disposi- 
tion, qui rappelle Waterloo et un fait historique d’une 

(1) Cette Cologne était composée comme suit : 


107 e demi-brigade 1,500 hommes. 

Chasseurs de Cassel 460 — 

4 e bataillon de la Dordogne ....... 630 — 

Le bataillon des Vengeurs 475 — 

Le 14 e bataillon d'Orléans 160 — 

Cavalerie 40 — 


Ensemble. . . . 3,265 hommes. 


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430 


GUERRES DE IA VENDÉE. 


haute importance, c’est que cet ordre fut transmis aux 
différents corps en campagne par le général Grouchy, 
chef d’état-major près de Hoche. 

Toutefois, le but de la nouvelle expédition ne fut pas 
heureux. Au lieu de s’établir à Saint-Fulgent, non loin 
des Herbiers et des Essarts, comme il en avait reçu 
l’ordre, Watrin, en trouvant les maisons vides, et tous les 
habitants en fuite, se vit forcé de bivouaquer en dehors 
du village, n’ayant même pas un guide à sa disposition. 
D’un autre côté, l’ordre portait bien que la troupe se 
mettrait en marche avec quatre jours de pain ; mais en 
arrivant, à une heure de l’après-midi, sur la lande de 
Saint-Fulgent, après huit heures de marche, ses soldats 
n’avaient point encore reçu de pain. (Lettre à Hoche du 
1 1 frimaire.) Ce fut dans ces tristes conditions que la 
nouvelle poursuite de Charette devait ne plus se ra- 
lentir. 

Sa chute et sa capture, dans le courant de mars 1796, 
sont très connues, et l’histoire a désormais peu de choses 
à nous apprendre sur ce fait, qui décida de la fin de la 
guerre civile. 

On savait déjà, par les letfres connues de Hoche, au 
Comité de Salut Public, dans quelles circonstances de 
pénurie et d’absolu dénûment cette dernière campagne 
contre les chefs de la Vendée fut entreprise. Mais tout est 
loin d’avoir été dit sur ce sujet, et c’est à la correspon- 
dance journalière d’un des lieutenants du général en chef 
que nous devrons de savoir quel dévouement mirent, à 
cette expédition, les officiers qui en furent chargés, de 
quels faibles moyens ils furent pourvus et en même temps 
avec quelle énergie et quelle sagacité ils surent atteindre 
le but proposé. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. ' 431 

Je laisse Watrin raconter lui-même comment il va faire 
face aux exigences du moment. 

Sa lettre est datée du 12 frimaire (3 décembre 1795), et 
adressée à Hoche, qui s’était porté sur Cholet, pour ob- 
servera la fois Charette et Stofllet, entre lesquels il se 
trouvait ainsi placé : 

« Mon général, 

« J’ai fait fouiller aujourd’hui les bois de Saint-Ful- 
« gent. On y a trouvé quantité de grains et d’effets, des 
« barraques, autour desquelles étaient encore des feux 
« allumés. Je vous enverrai demain une vingtaine de 
« voitures chargées de grains. Je continuerai la même 
« opération à la pointe du jour; mais si je ne trouve pas 
« de nouvelles voitures, je ne pourrai pas enlever beau- 
« coup de grains. J’en attends neuf que doit m’envoyer le 
« commandant de Saint-Symphorien. J’avais envoyé un 
« bataillon qui était parti le matin pour correspondre 
« avec le général Burac, peut-être Durac, aux Herbiers.. 
« Il n’y a trouvé personne ni aucune trace de troupes. Il 
« y retourne demain. Un autre détachement avait ordre 
« de porter, à Chantonay, des dépêches pour Fontenay 
« et le général Digonet.Ce chef de la 107 e demi-brigade 
« me mande que l’officier qui la commandait a aperçu, 
« au Pont-Gravereau, sous Saint- Vincent , environ 
« 200 hommes de cavalerie et d’infanterie qui faisaient 
« des mouvements pour le tourner. Cet officier a re- 
« broussé chemin sans reconnaître ni tirer un coup de 
« de fusil. Je donne ordre de forcer, demain, ce passage, 
« et si les troupes que croit avoir vues cet officier sont, 
« comme je le crois, des troupes républicaines, je vous 
« l’enverrai pour que vous le destituiez, à cause de sa 
« lâcheté. 


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432 GUERRES DE LA VENDÉE. 

« Aucun habitant des environs ne reste. Je lien ai 
« trouvé qu’un, que j’ai très-bien traité, et qui porte des 
« sommations à Chavagne, Chauché et L’Hébergement. 

« J’attends des nouvelles des généraux Gratien, Durac 
« et Digonet, à qui j’ai écrit par patrouilles et lettres. 

« Demain, je ferai bivouaquer, sur la route de Mon- 
« taigu, à la hauteur du Chauché, le 14* bataillon d’Or- 
« léans, fort de 160 hommes, absolument dénués de 
« souliers. Il ne vaut ni Cassel ni les Vosges, que vous 
« m’avez enlevés. 

« Je ne puis savoir où sont Charette et Sapinaud. Si 
« vous voulez me donner Cassel et les chasseurs francs 
« de TifTauges, je resterai dans les bois deux ou trois 
« jours. Peut-être découvrirai-je quelque chose. 

« J’ai déjà fouillé la Rérie, les châteaux environnant la 
« Langerie. Sapinaud est trop fin, quoique sans grande 
« malice, pour rien laisser dans ses propriétés. 

« Salut et respect. 

« L’Adjudant général, 

« Watrin. » 

Le 14, au matin, il complétait ces renseignement, en 
écrivant de nouveau au général en chef pour lui dire 
qu’il avait fait conduire à Montaigu 140 bêtes à cornes, 
200 moutons et 8 charrettes de grains qu’il avait saisis. 
Toutefois, il ajoutait qu’il n’avait encore vu aucun habi- 
tant des communes qu’il avait fouillées, mais qu’il res- 
tait surpris des immenses quantités de blé qu’il avait 
trouvées cachées dans les bois, ainsi que de nombreuses 
traces des feux qui y avaient été allumés. 

Ces faits et ces traces de la présence des rebelles ne se 
rapportaient cependant pas à une retraite décidée de 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 433 

l’ennemi ; rien ne le prouve mieux que la lettre suivante 
de Watrin à Hoche, écrite le même jour que la précé- 
dente, mais très-tard et probablement dans la nuit. 

« Mon général, 

« Je vous écris, les larmes aux yeux, de voir que des 
« soldats, dans la bravoure desquels j’avais tant de con- 
« fiance, se sont laissés surprendre et dérouter pour un 
« moment par les brigands. Ce soir, sur les 3 heures, la 
« 107* demi-brigade fut vigoureusement attaquée par les 
« rebelles, qui l’ont cernée de toutes parts en sortant des 
« bois qui environnent le château de l’Oie. Il ne restait 
« qu’environ 600 hommes, qui, saisis d’une terreur 
« panique, ont pris la fuite à toutes jambes et n’ont pas 
« voulu se rallier à la voix de leur chef. Les brigands 
« les ont chargés jusqu’à moitié route des Quatre Chemins, 
« à Saint-Fulgent, et en ont tué et blessé environ une 
« cinquantaine. Au bruit de la fusillade, j’ai de suite 
« envoyé deux compagnies de grenadiers ; et un moment 
« après, un chasseur d'ordonnance, venant me dire que 
« la troupe se déroutait, j’ai marché sur le champ avec 
« les bataillons le Vengeur -et la Dordogne. A notre ap- 
« proche, les brigands ont pris, de leur côté, la déroute 
« et nous nous sommes emparés de la position duçhâteau 
« de l’Oie. Il est malheureux que la nuit soit venue sitôt; 
« nous les eussions poursuivis plus avant et aurions 
« repris notre revanche. Toutes les barraques ont été 
« brûlées, la majeure partie des sacs pris ainsi que deux 
« drapeaux, restés dans l’église. 

« Qu’il est dur, mon général, d’avoir à vous annoncer 
« de pareilles nouvelles. Le commandant de la demi- 
« brigade et le chef de bataillon ont fait leur devoir en 


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434 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


« bons militaires, mais le soldai, lâche, n’a pas obéi à leurs 
« ordres. Il faudrait, dans cet endroit, au moins 30 hom- 
« mes de cavalerie, car les brigands en avaient beau- 
« coup, parmi lesquels on a très-bieq distingué des 
« panaches, des ceintures et de beaux habits rouges. Je 
« saurai, dans peu, quels . étaient ces brillants cava- 
« liers. 

« Je suis ici sans un chirurgien. J’ai 29 blessés que 
« j’enverrai demain à Montaigu. 

« Demain, à la pointe du jour, j’irai, avec quatre com- 
« pagnies, revoir la 107 e , pour l’encourager, et je fouil- 
« lerai les bois en m’en revenant. Je ne puis concevoir 
« comment cette demi-brigade, qui s’est si bien distin- 
ct guée au Nord, se laisse battre et épouvanter par des 
« brigands. C’est le sort des troupes venues des armées 
« extérieures. Ils m’ont bien promis de venger leurs ca- 
« marades. J’ai le cœur navré de douleur, mais je ne 
« suis pas découragé. » 

Le lendemain 15 frimaire, écrivant à son camarade 
Vidal, commandant de la 107 e demi-brigade, et à Hoche, 
il leur annonce que, manquant de pelles et de pioches, 
il y a suppléé par des pieux en bois, à l’aide desquels il 
a démoli les imirs du parc du château de l’Oie, à hau- 
teur d’homme, pour s’y retrancher avec les bestiaux qu’il 
a saisis. Il ajoute qu’une vivandière de la 107° demi- 
brigade, qui était tombée aux mains de l'ennemi, avait 
été relâchée par Charette, qui lui a dit en la renvoyant : 
Dis à (es bleus que c’est le général Charette qui te fait 
grâce , parce qu’il méprise les femmes, et qu’il vient de faire 
tuer dix patauds. 

« Un jeune enfant, domestique d’un officier de la 107 e , 
« ayant été pris dans la même affaire, s'était trouvé 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 


435 


« conduit près de Charette et avait été renvoyé avec 
« quatre autres femmes de la même troupe. Charette, 
« dit Watrin, les a invités à engager nos soldats à dé- 
« serter. Tout fier de cette affaire, il disait qu’avant 
« quinze jours il y aurait un roi de France et qu’il égor- 
« gérait nos troupes. Cet enfant a eu l’adresse d'enlever 
« et d'apporter avec lui les cravates des drapeaux que 
« nous avons pris. » 

Au dire des historiens de la Vendée et de M. le Bouvier- 
Desmortiers, en particulier, cette journée des Quatre 
Chemins fut toutefois la dernière affaire à laquelle Cha- 
rette se décida, et, comme les derniers coups qu’il essaya 
de porter à la République. A raison de ces circonstances, 
le récit de Watrin, qui peint si bien la pétulante audace 
des Vendéens et le principal avantage des surprises qu’ils 
savaient habilement préparer, devient une page précieuse 
que nous sommes heureux d’avoir retrouvée, avec les 
détails qu’elle nous donne sur le fanatisme qui existait 
d’un côté comme de l’autre. Le dédain et la cruauté du 
chef vendéen, qui fait égorger dix pauvres prisonniers, 
quand un jeune enfant, auquel il fait grâce, est assez 
adroit pour saisir furtivement les cravates de deux dra- 
peaux, sont, en effet, de la même nature, sauf la soif du 
sang. Mais d’une autre part, les paroles amères et 
pleines de colère de Charette, annonçant la venue pro- 
chaine du roi et l’intention où il est d’égorger les répu- 
blicains dès qu’il les saisira, sont des signes irrécusables 
de la détresse désespérée où il se trouve. Aussi, les 
généraux républicains n’ont-ils pris le change sur aucun 
de ces dires, et nous les trouvons, de ce jour, plus appli- 
qués que jamais à suivre la trace du chef qu’ils doivènt 
atteindre sans tarder. Celui-ci n’engagera plus aucune 


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436 


GUERRES DE LA VENDÉE. 

affaire sérieuse et ne sera appliqué qu’au soin d’échap- 
per à la poursuite dont il devient l’objet. 

Du côté des républicains, tout se préparait dans le but 
d’une capture qui paraissait désormais inévitable. Les 
détails et les combinaisons de cette lutte nous ont paru 
très-curieux et deviennent, dans la correspondance de 
Watrin, une page précieuse sur les derniers jours de la 
guerre civile qui allait se clore, pour quelque temps au 
moins, au sein de la Vendée. 

Du 15 au 30 frimaire an IV, c’est-à-dire du 5 au 21 dé- 
cembre 1795, deux ordres de mesures sont, en effet, pris 
par Hoche et les généraux de la République. Le but ma- 
nifeste de ces ordres est : de limiter d’abord le champ 
dans lequel Charette et sa troupe se trouvent acculés, et 
secondement, d’arriver au désarmement des paroisses 
vers lesquelles convergent les troupes de la Répu- 
blique. 

Le cercle dans lequel Charette parait être refoulé de 
toutes parts se trouvait assez exactement limité par Sainl- 
Fulgent, les Essorts, le Poiré-sur-Vic et Légé. Des landes 
et des bois importants, surtout dans la partie Est de ce 
quadrilatère, étaient de nature à favoriser ses mouvements 
et sa retraite. 

Pendant quelques jours, toutefois, les chefs républi- 
cains se sont surtout appliqués à pacifier les communes 
sur lesquelles ils manœuvrent et à en désarmer les habi- 
tants. Les communes de Saint-Fulgent, de Chavagnes, de 
Chevigné, de la Rabotellière, de Saint-Àndré-Gaule-d’Arc, 
de la Boutarlière, de la Barotière, de Vendrennes et de 
Monchamps ont été amenées, après d'heureux pour- 
parlers, à remettre tout ou partie de leurs armes. Un 
brave homme, curé de la Rabatellière, s’y est surtout 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 437 

employé de la manière la plus active et s’est prêté plu- 
sieurs fois à se rendre auprès de Watrin pour traiter des 
conditions dans lesquelles se ferait ce désarmement. 

Quelques officiers vendéens, à bout de ressources, ont 
paru, un instant, également disposés à traiter de ce dé- 
sarmement, et il en est un parmi eux, M. de Rezeau, se 
disant chef de division sous les ordres de Charette, qui, 
par sa maîtresse d’abord, a laissé entrevoir qu’il serait 
disposé à entrer en arrangement (Lettre de Watrin a 
Hoche, du 17 frimaire) et qui, de sa personne, se rendit, 
le 25 frimaire, près de Watrin, qui bivouaquait, en ce 
moment, à Sainl-Fulgent. Celui-ci prévenant le général 
Gratien, qui combinait ses mouvements avec lui pour la 
poursuite de Charette, lui dit : « que M. de Rezeau est 
« venu le voir la veille ; qu’il lui a fait part d’une lettre 
« qu’il a écrite à Charette, son général en chef, bien que 
« les habitants se plaignent des rudes impositions qu’il 
« leur a fait subir sous son règne, et qu’à cette occasion, ils 
« demandent la restitution des magasins immenses de grains 
« faits pour l’armée catholique et que Charette vend, dans 
« ce moment, à son profit. » 

Un de ces mêmes jours, le 24 frimaire, Watrin fait sa- 
voir à Hoche que Sapinaud et ses officiers sont également 
disposés à se rendre, mais qu’ils craignent que la Répu- 
blique ne leur accorde pas leur pardon , parce qu’ils 
avaient signé la pacification. (De la Jonnais.) « J’ai fait 
« dire à M. Sapinaud qu’il pouvait venir me parler en 
a toute sûreté. Je vous prie, mon général, de me dire la 
« conduite que je dois tenir à son égard. » 

Mais, à peu de jours de là, malgré la reddition des 
communes que nous avons déjà citées et les ouvertures 
comme les promesses que nous venons de signaler, la 


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438 GUERRES DE LA VENDÉE. 

résistance des rebelles reprenait une activité nouvelle et 
désespérée. 

Deux circonstances déterminèrent cet acte : La pre- 
mière, c’est que dans les dernières conférences qui eurent 
lieu entre Charette et ses chefs de division , celui-ci 
n’avait voulu entendre à aucune composition avec les 
généraux de la République, et que, d’une autre part, 
dans l’entre-deux de celte crise, le général Hoche, tout à 
coup appelé à Paris, fut obligé de s’éloigner du théâtre 
de la lutte, en remettant au général Willot le comman- 
dement supérieur des troupes. 

Les rebelles espéraient pouvoir tirer parti de cette 
interruption dans la suite des ordres donnés. Et, dès le 
30 frimaire, Watrin, tout en rappelant le mouvement 
convergent des généraux Beauregard, Gratien et Burac, 
auquel il concourait lui-même, apprenait au général en 
chef Willot, que le chef de division Rezeau, qui avait 
fait semblant de se rendre, courait les campagnes, le 
pistolet à la main, pour réunir quelques cavaliers, avec 
lesquels il se proposait de rejoindre Charette. Le parc de 
Soubyse était, dans le moment, le point sur lequel se 
dirigeaient à la fois trois colonnes de troupes républi- 
caines. 

A quelques jours de là, le 4 nivôse, Charette, épuisé et 
malade, avait été vu du côté des bois du Gats (non loin 
de Dompierre). Une fouille opérée la veille dans ce bois 
avait fait rencontrer quelques rebelles, dont une vingtaine 
avaient été tués. Mais Charette restait insaisissable. 

Voici ce que Watrin écrivait, le 10 nivôse, au général 
Willot : 

N 

« D’après vos ordres, j’ai pris position aux Essarts. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 


439 


« Une de mes patrouilles vient d’arrêter six 

« habitants armés de Chauché et des Essarts. Us ont 
« rendu leurs armes. Ils viennent, disent-ils, de Fou- 
it gérai, où le chef de division Rezeau les a conduits 
« hier, au nombre de cinquante, pour se rendre aujour- 
« d’hui à Renière (1), où ils devaient rejoindre Charette, 
« qui y a couché. Le projet de celui-ci n’est point d’atta- 
« quer les cantonnements, à moins qu’ils ne soient 
« très-faibles. Il peut avoir avec lui environ 1,000 à 
« 1,500 hommes, parmi lesquels beaucoup de déser- 
« leurs. Rezeau a couru dans toutes les paroisses de sa 
« division, le pistolet à la main, pour forcer les habitants 
« à prendre les armes. Malgré ses menaces et une 
« vingtaine de cavaliers qu’il avait avec lui, il n’a pu 
« réunir que 50 hommes, que la peur lui a fournis 
« pour le moment, mais qui tous désertent. Je suis 
« aux aguets sur le chemin de l’Airière (c’est-à-dire de 
« la Ferrière à la Merlatière, où il fut pris plus tard), 
« seule route par laquelle Charette puisse passer, en cas 
« qu’il soit repoussé de quelque point. » 

Cinq jours après, Watrin écrivait de nouveau au général 
Willot, et lui disait : 

« Je suis arrivé hier au soir à la Chaise, où j’ai pris 
« position, d’après des renseignements certains établis- 
se sant que Charette et les autres chefs ont renvoyé leurs 
« troupes en leur disant que, pour le moment, ils ne 
« peuvent plus s’en servir. Lui-même erre dans les en- 
« virons avec à peu près 60 hommes qui lui restent. 

(1) Je n’ai pas trouvé cette localité et celle de Fougerai sur 
la 4» édition de l’excellente carte do M. Pékin, agent-voyer de 
la Vendée. Ce ne sont, peut-être, que de simples métairies. 


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GUERRES DE LA VENDEE. 


440 

« Il couche tantôt à côté de Poiré, tantôt du côté de la 
« Merlatière; et il occupe cette région sans avoir aucun 
« asile fixe, ce qui nous le rendra plus inaccessible que 
« jamais. Les déserteurs se cachent dans toutes les mé- 
« tairies. Us sont réduits à la plus affreuse misère; pres- 
« que tous tombent de fatigue. Trois détachements ont 
« marché cette nuit : Le premier, sur Bois-au-Bois ; le 
« deuxième, sur Cérisiers, où l’on dit Caillaud ; le troi- 
« sième, sur Saint-Florent-des-Bois, où l’on savait que 
« Charette avait couché. Mais on n’a rien trouvé que trois 
« déserteurs du 110* et six chevaux. Je me décide à res- 
« ter à la Chaise jusqu’à ce que j’aie tout fouillé. 

« Je prie Spilal de pousser de fortes reconnaissances 
« du côté de la Merlatière. Charette se retire souvent 
« dans une métairie de cette paroisse, appelée la Lai- 
« terie. » 

Enfin, continuant à manœuvrer sur les traces de Cha- 
rette, il écrivait de nouveau, le 24 nivôse, à Willot, en 
rentrant à la Chaise : 

« Nous arrivons à l’instant de notre course, qui ne nous 
« a procuré que sept déserteurs et une douzaine de che- 
« vaux. Nous n’avons rien épargné pour prendre Charette, 
« mais je suis persuadé qu’il est presqu’impossible de 
« l’avoir. Le 22, il a couché à la Ronchère, paroisse de 
« Dompierre. Nous avons suivi sa trace, mais il fait tant 
« de détours, que la nuit nous a obligés à coucher à Dom- 
« pierre. Le 23, nous dirigeant sur trois points vers le 
« Poiré, nous avons retrouvé ses traces vers Belone. Les 
« trois colonnes ont rencontré plusieurs de ses cavaliers 
« épars, qui ont fui avec tant de vitesse, qu’on n’a jamais 
« pu les atteindre. Les chasseurs de Cassel ont poursuivi, 
« pendant une heure, M. Charette, qui fuyait dans les 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 


441 


« bois du Ludien , avec une quarantaine de cavaliers, 
« mais jamais on n’a pu l’attraper. Le 23, j’ai rencontré 
« ses traces à Latouche et, voyant qu’il nous évitait, je le 
« forçai à se jeter sur la colonne de gauche, qu’il ren- 
ie contra dans une lande, près la grève, où il se mit en 
« bataille pour rallier sa cavalerie, que trois coups de 
« fusils mirent en fuite. Un moment il fît mine de vou- 
« loir tenir, mais, une décharge de mousqueterie lui 
« ayant tué sept à huit cavaliers, et son chirurgien ayant 
« été blessé, sa bande se retira à grande course dans le 
« bois des Gats, où on n’a pu les poursuivre. J'envoyai 
« de suite à la Laiterie, et du côté de la Boissière, le 
« 14 e bataillon d’Orléans et 150 chasseurs, mais sans que 
« j’aie pu donner de chevaux à cette colonne, nos che- 
« vaux étant abîmés de fatigue et les chemins affreux. Il 
« faudrait au moins 150 à 200 cavaliers, car, 'marchant 
« sur trois colonnes, chacune d’elle devrait avoir 50 hom- 
« mes de cavalerie. Charette a certainement avec lui 200 
« cavavaliers et 50 fantassins. Il a voulu faire un rassem- 
« blement du côté de Dompierre, mais il n’a pu y réussir. 
« Tous les paysans le craignent maintenant plus que 
« nous et fuient à son approche. Il erre continuellement, 
« et jamais on ne l’aura que lorsque les paysans vou- 
« dront eux-même déclarer l'endroit où il est, ce qu’on 
« aura bien de la peine à obtenir d’eux. L’or serait aussi 
« fort nécessaire. Une battue générale faite par tous les 
« cantonnements pourrait, peut-être, nous donner quel- 
le que résultat. » 

La poursuite se continua cependant, et nous avons une 
seconde lettre de Watrin, du 26 nivôse, à Hoche, qui 
était rentré la veille de son court voyage à Paris. Mais 
les républicains n'ont point encore atteint leur adversaire, 

Sc. hist. 29 


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442 


GUERRES DE LA VENDEE. 


et nous apprenons seulement, par cette dépêche de Wa- 
trin , qu’un nouveau chef de division de l’armée de 
Charette demandait, par lettre, à mettre bas les armes. 
Nous n’avons pas la lettre de ce chef de rebelles, mais 
nous avons la réponse qui lui fut faite par Watrin, et 
elle prouve outre mesure que les républicains renon- 
çaient à entrer en arrangement avec les insurgés, et qu’il 
n’y avait plus que leur soumission qui pût mettre fin à la 
guerre. 

A M. Caillaud, chef de division (26 nivôse an IV). 

« J’envoie, Monsieur, au général en chef, les condi- 
« tions auxquelles vous demandez la paix. Je vous pré- 
« viens d’avance qu’aucune d’elles ne sera acceptée, à 
« l'exception des articles 5 et 7 dont l’exécution a heu, 
« dans ce pays, par ordre du Gouvernement. Je vous 
« communiquerai la réponse du général Hoche aussitôt 
« que je l’aurai reçue. » 

Ici s’arrête la correspondance de Watrin pour ce qui 
est relatif à la Vendée proprement dite, et nulle part, je 
crois, on ne saurait trouver, malgré la parfaite modestie 
de sa correspondance et la simplicité presque naïve de 
son expression, une peinture plus vraie et plus saisissante 
des désastres et de la misère qui affligèrent si longtemps 
ce malheureux pays. 

Commis un instant à la poursuite spéciale de Charette, 
il était au moment de le saisir, quand une autre mission 
lui fut tout-à-coup confiée (I). 

(1) Tout en conservant à l'adjudant général Travot l’heu- 
reux avantage de s ôlre emparé de la personne de Charette, le 
6 germinal an IV, on trouve dans la lettre de Watrin à son 
camarade, datée de La Chaise-le-Vicomte, le 18 nivôse, le 


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CORRESPONDANCE DE P. WATRIN. 


443 


J’ai eu l'occasion d’étudier longuement, tant en Bre- 
tagne que sur les bords de la Loire, les phases nom- 
breuses de cette terrible lutte, et presque toujours, mes 
recherches comme mes appréciations ont porté sur les 
pièces originales laissées par les partis qui se sont trou- 
vés aux prises. Mais nulle part, je le répète, je n’ai ren- 
contré une série de documents plus instructifs que la 
correspondance de Watrin, et pouvant fournir, avec le 
détail intime de la lutte de chaque jour, l’expression cou- 
rante des sentiments qui animaient, d’une part comme 
de l’autre, les hommes intéressés au résultat définitif de 
ces rencontres. 

Mais, ce qui donne un caractère tout particulier à cette 
correspondance est moins l’extrême fidélité des détails 
retraçant la physionomie des événements, qui se succè- 
dent avec une rapidité vertigineuse, que le caractère des 
sentiments honnêtes et convaincus qu’on retrouve à 


véritable exposé des dispositions que devaient amener la 
capture de Cbarette. 

« Mou camarade, chargé de m’attacher aux pas de Charelte 
« avec une coloime de 1,600 hommes, je me suis rendu hier à 
« La Chaise, afin d’avoir des renseignements certains sur sa 
« marche, afin de fouiller toutes les métairies dans lesquelles 
« les déserteurs pourraient s’ôlre retirés. Je vous prie de me 
« faire passer de suite tous les renseignements que vous 
« pourrez acquérir. » 

Il est évident, d’après cette lettre, que ce ne fut qu’après 
l’éloignement de Watrin du théâtre des opérations, c’est-à- 
dire vers le 26 nivôse an IV (16 janvier 1796), que Travot dut 
se trouver chargé de la poursuite de Charetlc, qu’il atteignit 
le 26 mars 1796, dans un bois de la Merlatière placé entre les 
Essarls et Belleville, limitos du cercle resserré où Watrin 
l’avait en quelque sorte renfermé. 


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444 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


chaque page dans l’échange de la pensée des deux 
hommes, aussi jeunes l’un que l'autre, auxquels les 
destinées de la Yendée et de la France furent un instant 
remises. 

Né en 1768, Hoche ne se trouvait avoir, en effet, au 
moment de la première pacification, à la fin de 1795, que 
27 ans, quand Watrin n’avait pas encore atteint sa 
23 e année, et se trouvait déjà pourvu d’un commande- 
ment, d'après lequel il fut chargé de la double mission 
de réduire les insurgés par les armes et de les disposer 
par des procédés bienveillants à une soumission qui ren- 
dit la paix au pays. 

Sa complète déférence aux avis de Hoche, son général 
en chef, se trouve marquée à toutes les lignes de sa cor- 
respondance avec l’expression d’un sentiment de con- 
fiance et de respectueuse affection, toujours traduit par 
les termes les plus réservés. 

Mais, ce n’est pas là la seule qualité de cette corres- 
pondance du jeune adjudant-général, que sa bravoure et 
les meilleurs services avaient déjà porté à un important 
commandement. La lucidité, la précision et la méthode 
se manifestent à chaque ligne de ses dépêches ; et comme 
Watrin sert , avec d’autres jeunes hommes , dévoués 
comme lui à l’accomplissement de l’œuvre qui leur a été 
confiée, on retrouve, dans l’échange de leurs lettres et la 
libre expression de] leurs sentiments, quelque chose de 
grand et d’élevé qui fait aimer ces généreux soldats, pré- 
posés à une œuvre de pacification si difficile et si dé- 
licate. 

Je crois ne pouvoir mieux faire qu’en donnant, dans 
son étendue, la lettre, ou plutôt la note, que Hoche solli- 
cita .lui -même de son jeune lieutenant en revenant de 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 445 

Paris reprendre le commandement des troupes, après un 
mois environ d’absence. 

Hoche avait été, à cette époque, appelé à Paris, dans le 
but de lui confier le commandement de l’armée du Rhin, 
destinée à refouler les Autrichiens vers l’Allemagne. Mais 
il n’eut pas de peine à faire comprendre que son éloi- 
gnement de la Vendée pouvait compromettre sérieuse- 
ment le résultat de la campagne qu’il avait entreprise. 

Voici la note de Watrin : 

« La Chaise-le-Vicomte, 25 nivôse, an IV. 

« Mon général, 

« Permettez-moi de vous exprimer d’abord la joie que 
« je ressens, en mon particulier, de vous voir reprendre 
« le commandement de cette armée. Je ne vous dissimu- 
le lerai pas qu’outre la douleur que je partageais avec 
« les honnêtes gens de vous en voir partir au moment où 
« vous alliez terminer cette malheureuse guerre, je gé- 
« missais en moi-même d’être privé de puiser, à votre 
« école, des leçons vraiment paternelles. Je suis bien 
« sensible aux marques de confiance que vous voulez 
« bien me continuer en me demandant ma façon de 
« penser sur cette guerre. 

« Je vais satisfaire de mon mieux à vos désirs en par- 
« lant avec impartialité.Votre départ précipité a beaucoup 
« retardé la fin de la guerre de la Vendée. Vous aviez 
« pressé le désarmement et réduit, par là, Charette aux 
« abois. Son armée consistait en 2,000 hommes, qui, 
« l’épouvante dans le cœur, fuyaient incessamment dans 
« les forêts et qu’il eût été très aisé de battre. Nous sona- 
te mes restés près de trois semaines dans une inactivité 
« qui a donné à l’ennemi le temps de se reconnaître 


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446 GUERRES DE U VENDÉE. 

« et a découragé les communes qui s’étaient soumises 
« aux lois de la République. Chaque officier général agis- 
« sait dans sa partie et personne n’osait pousser au-delà 
« des limites tracées dans votre instruction du 8 frimaire, 
« relative au désacmemént (1). Enfin, le 9 nivôse a été 
« fixé pour une battue générale dans tout le pays où se 
« promenait Charette. Tous les cantonnements se sont mis 
« en mouvement, marchant sur tous les points, ce qui a 
« opéré le meilleur effet, en ce que le chef des rebelles, 
« cerné de toutes parts et serré de très-près, a senti 
« qu’on ne le perdait pas de vue. Le 14, tentant de passer 
« la Sèvre (j’ignore à quel dessein), il a été battu sur la 
« route de Montaigu à Nantes, à la Buflière et à Tiffauge. 
« Cette longue suite de déroutes a jeté la terreur dans son 
« armée et il est rentré dans les bois, après avoir con- 
« gédié une partie de ses troupes, s’être trouvé séparé de 
« ses chefs de division et n’avoir plus avec lui que 
« 1 50 hommes de cavalerie et 50 fantassins, avec lesquels 
« il erre continuellement, n’osant demeurer plus de trois 
« heures dans le même endroit. Il est harassé de fati- 
« gue ; sa cavalerie est hors d’état de marcher, et cepen- 
« dant on ne pourra l’avoir que par surprise, au poids 
« de.l’or, ou lorsqu’il sera vendu par quelque paysan, 


(1) Dans une lettre précédente à l'un de ses camarades, 
Watrin disait qu’il était resté 17 jours sans nouvelles et sans 
ordres. (Lettre du 1 er nivôse au commissaire des guerres 
Mongenot). 

Dans une autre du 3 nivôse au général Grouchy, chef d’état- 
major, il ajoutait que sur 9,000 rations de pain qui devaient 
lui parvenir, 3,784 lui étaient seulement arrivées, mais que 
les caissons étaient pleins d’objets volés. Enfin, les généraux 
et les chefs de corps avaient cessé en peu de jours de s’en- 
tendre et d’obéir. 


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CORRESPONDANCE DE K. WATRIN. 


447 


« quand il voudra se battre. Il est, en partie, abhorré 
« dans le pays. On tremble et on fuit à son approche, 
« mais aucun n’a le courage de déclarer où il se réfugie, 
« crainte d’être découvert et assassiné. 

« Les déserteurs commencent à l’abandonner, mais il 
« ne faut pas croire que ce soient le patriotisme et le re- 
« pentir de leur faute qui les fassent rentrer dans le sein 
« de la République, c’est la misère seule, la faim et l’état 
« de nuçlité auxquels ils sont continuellement exposés, 
« qui les forcent de se soumettre à des lois qui leur 
« ôtent le moyen de piller et l’indépendance qu’ils 
« trouvaient dans la bande de ce brigand. Quelques- 
« uns de ses déserteurs sont cependant de bonne foi et 
« ils font tout leur possible pour le faire prendre, mais 
« ils ne peuvent y réussir à cause des marches et contre- 
« marches continuelles qu’il fait. Ces derniers peuvent 
« être gardés dans les colonnes agissantes, mais tous 
« les autres doivent être réservés de très près, loin de 
« ce pays. Les ressources qu’offre la Vendée pour la 
« subsistance de la troupe ne sont pas, selon moi, très- 
« abondantes. La partie du Poiré qui n’a pas rendu 
« ses armes, est la seule dans laquelle une colonne 
« pourrait encore vivre quelque temps aux dépens du 
« pays. Je viens de la parcourir ; il existe encore beau- 
« coup de grains et de bestiaux ; mais les autres parties 
« sont entièrement ruinées par les enlèvements faits 
« par les troupes républicaines et par la grande con- 
« sommation faite par les rebelles. Je mets en fait que 
« chaque habitant, l’un dans l’autre, a tout au plus assez 
« de grains pour attendre la récolte prochaine. Il est 
« même des parties, comme celle du district de Clisson, 
« où je suis sûr que les habitants vont crever de faim, 


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GUERRES DE LA VENDEE. 


448 

« parce que ce pays, très-fertile en vins, ne l’est nul- 
« lement en blés. 

« L’enlèvement des grains et des bestiaux était le seul 
« moyen qui pût engager les habitants à se ranger sous 
« l’étendard de la République ; cependant on en a pas 
« obtenu tout le succès qu’on aurait pu en espérer. Il y 
« a, je crois, bien des comtnunes où il existe encore des 
« fusils. Ceux qui les possèdent ne sont pas les riches 
« métayers, les braves pères de famille, qui, paisibles 
« dans leurs foyers et contents d’adorer Dieu avec sûreté 
« et tranquillité, ne soupirent qu’après la paix ; ce sont 
« malheureusement des domestiques, des hommes sans 
« aveu qui habitaient dans les bourgs, des scélérats qui 
« n’ont rien à perdre et tout à gagner dans la guerre, qui 
« sont charmés de voir ruiner les honnêtes gens pour s’en- 
« richirde leurs dépouilles. Des cavaliers, enfin des chefs 
« de division, voilà les vrais brigands sur lesquels il faut 
« frapper, ceux qui font trembler les braves paysans et 
« les menacent de la mort, pour s’être soumis aux lois 
« du Gouvernement. De fréquentes battues et le temps 
« seul pourront les faire tomber entre nos mains. 

« De forts cantonnements sont nécessaires dans toute 
« la Vendée, pour en imposer aux habitants, mais il se- 
« rait à désirer que les troupes fussent plus disciplinées 
« et se livrassent moins au pillage, ce qu’on ne pourra 
« obtenir d’elles que lorsque les subsistances leur par- 
« viendront régulièrement et qu’elles ne resteront pas 
« quelquefois quatre ou cinq jours sans pain. Il faudrait 
« aussi que les commandants de ces cantonnements fus- 
« sent des hommes à principes et à caractère, qui pussent, 
« par leur douceur et leur fermeté, attirer la confiance 
« des habitants et se faire respecter de leurs soldats. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 449 

\ 

« Les prêtres doivent aussi exercer leur culte et être 
« traités avec bien des égards. En employant ces me- 
« sures, j’ose croire que la guerre de la Vendée sera 
« entièrement éteinte et que le peu de scélérats qui y 
« resteront seront dans l’impossibilité absolue de faire le 
« moindre rassemblement pour s’insurger. Il est encore 
« un dernier moyen, et que je regarde comme très- 
« essentiel , je veux parler des réfugiés. Cette classe 
« d’hommes est, pour la plupart, composée de gueux et 
« de pillards, qui ne respirent que la vengeance et le 
« sang, brûlant d’assouvir, à l’ombre du républicanisme, 
« des haines particulières. Ce sont eux qui, en partie, ont 
« donné au soldat l’exemple du pillage et l’y ont entraîné 
« en achetant les effets volés et pillés et en indiquant les 
« maisons à dévaliser. Craints et abhorrés dans leur 
« pays, où ils veulent faire les despotes et tout tyran- 
« niser, il serait à désirer que le Gouvernement leur 
« accordât une indemnité et les envoyât dans d’autres 
« parties de la France, afin de s’y livrer à l’agriculture, 
« car tant qu’ils resteront dans le pays, jamais la paix 
« n’y régnera. Il y en a, parmi eux, quelques-uns qui 
« sont de très braves gens ; ces derniers, réclamés même 
« par leurs concitoyens, peuvent, en restant dans le 
« pays, y opérer un très grand bien. 

« Pardon, mon général, si je vous développe mon 
« opinion sur la guerre de la Vendée; elle peut être 
« fausse en bien des points. Votre indulgence et la con- 
« fiance dont vous m’honorez peuvent seules excuser 
« ma hardiesse et ma témérité. 

« Salut et respect. 

« L’Adjudant général, 

« F. Watrin. » 


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450 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


Cette lettre, évidemment, ne dut être, pour Hoche, que 
la confirmation des idées comme des instructions à l'aide 
desquelles il avait toujours pensé que la pacification 
pouvait être obtenue. Mais elle lui prouvait, en même 
temps, qu’il avait été parfaitement compris par le jeune 
Watrin et qu’il était sûr de trouver en lui un vaillant 
lieutenant qui, dans toute circonstance, saurait le secon- 
der de la manière la plus utile. 

La dispersion des soldats de Charette et sa capture res- 
taient, à n’en pas douter, un fait de première importance 
à ses yeux ; mais, tout lui démontrait que ce but ne pou- 
vait tarder à être obtenu ; encore quelques courses, quel- 
ques cavaliers de plus, peut-être, et quelques jeunes offi- 
ciers constamment attachés à sa piste, désormais relevée 
à toutes les heures du jour, et le chef épuisé des rebelles 
allait tomber entre les mains de ses adversaires. Cela n’était 
plus douteux ; et Hoche, enlevant tout à coup Watrin à la 
poursuite qu’il avait un instant si bien menée, le détourna 
des dernières opérations de la Vendée pour lui confier la 
pacification du département de la Sarthe, où les insurgés 
de l’Ouest, tout à coup privés de leurs deux chefs princi- 
paux, Charette et Stofflet, paraissaient déjà se donner 
rendez-vous. 

C’est dans ces circonstances qu’il le fit nommer général 
de brigade, avec le commandement supérieur du dépar- 
tement de la Sarthe. 

Watrin, lors de cette nomination, qui date du 3t dé- 
cembre 1795, n’avait pas encore 24 ans accomplis, étant 
né le 29 janvier 1772. Nous reprendrons, dans sa corres- 
pondance, l’œuvre nouvelle qui lui fut confiée et qui 
restera, comme un document inépuisable, sur les me- 
sures et les dispositions honnêtes, auxquelles devront 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 


431 

toujours recourir les militaires auxquels sera confié le 
soin difficile de comprimer la révolte tout en apaisant les 
révoltés. 


DEUXIÈME PARTIE 

QUATRE MOIS DE SIÈGE DANS I.A SARTHE. 

Dans la grande insurrection des départements de 
l’Ouest contre la République, à la fin du dernier siècle, 
le département, de la Sarthe n’avait point été un de 
ceux où l’action des rebelles avait été la plus vive. Mais, 
au fond, aucun département n’avait eu plus à souffrir des 
suites de la guerre civile. La déroule des armées ven- 
déennes, dans le dernier mois de l’année 1793, en fut la 
cause ostensible. 

Ce fut, en effet, sur le territoire de la Sarthe et au 
Mans, dans le chef-lieu de ce département, qu’eut lieu le 
dénouement sanglant de la lutte acharnée que les popula- 
tions de la Vendée et des départements voisins avaient 
engagée contre le Gouvernement nouveau que la France 
s’était donné. Depuis les premiers moments de cette lutte, 
les populations, les partis et les hommes armés qui s’é- 
taient trouvés aux prises, avaient, en quelque sorte, 
renoncé , à tout accommodement, à tout esprit de com- 
position. Depuis longtemps avant que la déroute des 
Vendéens, dans l’enceinte même des murs de la ville du 
Mans, vint à avoir lieu, on avait renoncé, de part et d’au- 


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452 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


tre, à faire des prisonniers. Ceux qui étaient pris les 
armes à la main, ou simplement soupçonnés d’être 
favorables au parti opposé, étaient impitoyablement mas- 
sacrés. Peut-être les infâmes assassinats de Machecoul, 
que Souchu avait commandés, mais auquel Charette 
n’avait pas été indifférent, furent-ils, d’un côté, le point 
de départ des cruautés et des exécutions sommaires, 
signes malheureux de cette triste époque ; mais, de l’autre, 
pour justifier ces atroces représailles, on ne manquait 
pas de rappeler les sanglantes exécutions du 2 sep- 
tembre (1). Poussés dans cette voie, les combattants 
n’admirent plus que l’on dût épargner aucun des adver- 
saires qui purent être saisis. El au fort de la mêlée, les 
représentants en mission, comme les tribunaux révolu- 
tionnaires et les commissions militaires, hâtivement 
organisés à la suite des armées, n’eurent plus d’autre 
objet que d’arriver par les moyens les plus prompts, au 
complet anéantissement des rebelles qu’ils rencontrèrent 
devant eux. 

Le Mans et le département de la Sarthe en ont fourni la 
preuve la plus saisissante, après les journées du 12 et 
du 13 décembre 1793, où l’armée vendéenne vint, en 
quelque sorte, s’anéantir à la suite des sièges infructueux 
d’Angers et de Granville. 

Nous ne reprendrons pas l’histoire de ces tristes jour- 
nées ; mais, pour rendre un compte exact de la position 
du département de la Sarthe au moment où l’on dut le 

(1) Voir le livre de M. Lullier sur Y Histoire de Machecoul et 
la notice de M. Germain Berthier, ancien juge d'instruction à 
Nantes, et témoin oculaire des massacres de Machecoul, le 
13 mars 1793. 


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CORRESPONDANCE DE P. WATRIN. 


453 


replacer sous le coup de l’état de siège, en 1796, il faut 
bien que’ nous rappelions que la déroute des vendéens 
sur le territoire de ce département coûta la vie à 15 ou 
18,000 victimes et que pendant plusieurs mois, les 
commissions militaires et les tribunaux chargés de saisir 
les rebelles, restèrent en permanence en même temps que 
les hommes de la campagne, lancés à la poursuite des 
fuyards, les traquaient sans pitié et les immolaient au 
détour des routes ou le long des fossés, dans le seul but de 
profiter de leurs dépouilles. Le temps et le sang versé 
amenèrent, pour un instant, une espèce de trêve à une 
lutte que le parti de l’insurrection se trouva en quelque 
sorte forcé d’abandonner. Mais les haines restaient aussi 
vives et aussi profondes'; et si la bataille de Savenay, à 
quelques jours de la déroute du Mans, empêcha les 
insurgés du Maine de tenir ouvertement la campagne, 
leurs espérances et l’idée d’une revanche les abandonnè- 
rent d’autant moins que les noyades de Carrier ajoutaient 
chaque jour de nombreuses victimes à la liste , déjà si 
longue, de ceux qui avaient succombé dans la circonscrip- 
tion départementale de la Sarthe. Ni la pacification éphé- 
mère de l’an III, ni la sanglante catastrophe de Quiberon, 
à la fin de cette même année (juillet 1794), n’avaient été 
de nature à modifier l’esprit, non plus que les sentiments 
des populations du Maine à l’égard de la République. 

Aussi, dès que Charette et Slofïlet, après s’être un ins- 
tant montrés à Nantes parés des couleurs nationales, à 
côté des représentants de la République, eurent repris les 
armes en rompant la trêve qui n’avait duré que quelques 
jours, les populations presque entières de l’Anjou et 
du Maine ne manquèrent pas de s’associer à la prise 
d’armes que la Vendée exécuta à la fin de 1795. 


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454 GUERRES DE LÀ VENDEE. 

De nombreuses bandes se montrèrent dans la Sarthe et 
la Mayenne, et cette nouvelle levée des rebelles Tut assez 
menaçante pour qu’une grande partie des cantonnements 
formée par les républicains se trouvassent obligés de se 
replier hâtivement sur le Mans et les chefs lieux de 
district. 

Ce fut dans ces circonstances, c’est-à-dire dans les 
premiers jours de 1796, que Watrin fut appelé à se rendre 
dans la Sarthe. 

Nommé général de brigade le dernier jour de 1795, ce 
jeune officier n’atteignait sa vingt-quatrième année qu’un 
mois plus tard, le 29 janvier 1796, et c’est à quelques 
jours delà, le 1 er pluviôse an IV, qu’il fut pourvu du 
commandement militaire du département de la Sarthe. 

Le 15 pluviôse (4 février 1796), il était rendu sur les 
lieux, après s’être arrêté quelques jours à Nantes pour 
prendre les instructions de Hoche. 

En ouvrant son registre de correspondance, je remar- 
que qu’après avoir pris quelques moments pour se 
reconnaître, ses premières dépêches sont particulière- 
ment adressées à l’administration du département, au 
général divisionnaire Dumesny, qui commandait à Alen- 
çon et aux chefs des cantonnements militaires placés dans 
les districts de Sillé-le-Guillaume, de Sablé, de la 
Flèche, etc. 

Cette correspondance, fort étendue, eut surtout pour 
objet de faire rentrer, par l'intermédiaire des municipa- 
lités, les contributions arriérées, tant en nature qu’en 
assignats, de faire recouvrer sur des rôles exacts le mon- 
tant de l’emprunt forcé, et de faire dresser dans toutes 
les communes l’état des citoyens de 15 à 60 ans, afin 
d’arriver plus tard au désarmement des communes à 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 


455 


raison de cinquante fusils pour cent hommes inscrits sur 
les listes municipales. La rentrée des produits provenant 
de la gestion des domaines nationaux saisis sur les émi- 
grés et tous autres atteints par la loi, devait aussi être 
poursuivie avec activité. Enfin, pour la sûreté du pays et 
le libre mouvement des patrouilles, il prescrivait de faire, 
partout où cela serait nécessaire, des abattis de bois, 
mais surtout sur les routes du Mans à Angers, à raison 
de 600 toises sur chacun des côtés de la route. 

Quant aux relations avec les habitants que ces mesures 
exigeaient, les chefs de corps et les administrations de- 
vaient s’attacher à faire sentir aux citoyens que les dispo- 
sitions prises n’avaient d’autre but que de les débarrasser 
des chouans et des mauvais sujets qui couvraient le pays 
de ruines et le livraient au pillage. A cet effet, la douceur 
et les meilleurs procédés, ajoutait le général, devaient 
surtout être employés à l’égard de tous les habitants. 
Mais, de leur côté, les troupes, depuis trop longtemps 
immobiles, devaient toutes se mettre en mouvement de 
manière à ce que les deux tiers au moins fussent toujours 
occupées en patrouilles de nuit et de jour, emportant avec 
elles pour quatrejours de vivres, avec faculté, au-delà de 
ce terme, de prendre sur place et aux chefs-lieux des 
communes, les vivres qui leur seraient nécessaires. 

Pour la discipline des troupes, elle devait être absolue 
et rigoureuse. Le respect des propriétés et des personnes 
devait être très strictement observé, et tout pillage ou abus 
de la force sur les personnes désarmées devait être sévè- 
rement puni. 

Un arrêté spécial, daté du 19 pluviôse, résumait ces 
dispositions et déterminait en même temps ce qui était à 
faire pour l'établissement des magasins dans lesquels les 


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456 


GUERRES. DE LA VENDEE. 

produits et les ressources du pays devaient être concentrés, 
tant dans l’intérêt des troupes que pour l’approvisionne- 
ment des villes. L’article 5 de ces arrêtés disait toutefois 
que le pays insurgé devrait être seul à supporter les frais 
de l’insurrection. 

Des instructions spéciales, adressées le même jour aux 
chefs de cantonnements de Sillé-le-Guillaume, du district 
de Sablé, du district de la Flèche, du Mans et de Mont-sur- • 
Loir, prescrivaient à ces officiers de déclarer toutes ces 
localités en état de siège, et leur recommandaient de se 
mettre en rapport avec les municipalités pour faire opérer 
sur le champ les versements des contributions de toute 
nature auquel les communes étaient obligées. Un délai de 
trente heures devait seul leur être accordé pour les ren- 
trées, et, passé ce terme, l’officier devait agir militaire- 
ment, prendre des étages, les traiter avec douceur, mais 
les garder jusqu’à parfaite soumission, et enlever les 
grains et les bestiaux de la commune avec le plus d’ordre 
possible, s’en servir pour la nourriture de la troupe et ne 
remettre ce qui serait disponible que quand la commune 
aurait fait sa complète soumission aux lois de la Répu- 
blique. 

Quant aux communes qui pourraient avoir la pensée 
de résister, les chefs de cantonnement, étaient autorisés à 
exiger la remise des armes, en ne donnant pour ce second 
objet, comme pour le premier, qu’un délai de trente 
heures, passé lequel les troupes agiraient sur les ordres 
de leurs chefs. 

« Dites bien aux communes et aux habitants que vous 
« serez forcés de traiter sévèrement, que c’est à regret 
« que vous vous voyez contraints aux mesuresde rigueur, 

« mais en même temps, restez persuadés qu’avec de 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 457 

« la fermeté alliée à la persuasion et à la douceur, vous 
« ferez plus qu’avec vos bayonnettes. » 

Tel était le programme que s'était, en quelque sorte, 
tracé le jeune général, en prenant son commandement, 
et on dut voir, dès les premiers moments, qu’il lè ferait 
exécuter sans fléchir. A peine ces instructions, en effet, 
étaient-elles lancées, que des réclamations sur le mou- 
vement des troupes et l’isolement des communes qui en 
seraient dégarnies, lui arrivèrent de plusieurs points. 

« N’y ayez aucun égard, répondit-il à ses chefs de can- 
« tonnements, et dites aux municipalités, comme aux 
« administrations des districts, que si quelques localités 
« sont un instant dégarnies de troupes, les patriotes devront 
« eux-mêmes aviser à leur propre défense, assurés qu’ils 
« sont que les troupes et les patrouilles en mouvement ne 
« tarderont pas à arriver. » 

Je ne relèverai pas en détail le chiffre des troupes qui 
furent ainsi employées à ce premier mouvement de répres- 
sion. Il suffira que je dise que les districts et les cantons 
menacés eurent à leur disposition des colonnes plus ou 
moins nombreuses, composées decinqà sixcents hommes, 
dont les deux tiers prirent immédiatement la campagne. 
Presque tous les districts à la fois étaient d’ailleurs plus 
ou moins menacés par les rebelles, et il n’y en eut pas 
un qui ne fût parcouru par quelque bande de chouans 
plus ou moins redoutables. Leurs chefs étaient, comme on 
le sait, des gentilshommes du pays, et parmi ceux que 
je trouve désignés dans la correspondance de Walrin, je 
remarque MM. de Scépaux, d’Escarbouville, de Gran- 
champ, de Chamballon, le comte de Vauban, de Frotté, 
de Rochecotte, de Rochambeau, etc., etc. 

Un instant l’administration départementale et celle des 
Sc. hist. • 30 


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458 GUERRES DE LA VENDÉE. 

districts eurent la pensée, pour seconder les efforts du 
général, de réorganiser, au moins dans certaines com- 
munes, la garde nationale que les événements précédents 
avaient dispersée ; mais le général y prêta peu d’attention 
et recommanda, au contraire, par plusieurs de seslettres, 
de ne pas y songer, fondé sur ce que, dans beaucoup de 
circonstances, les armes qui avaient été remises aux gar- 
des nationales n’avaient servi qu’à armer les chouans qui 
les avaient enlevées sans résistance sérieuse. Des instruc- 
tions particulières de Hoche furent plus loin et allèrent 
jusqu’à prescrire la dissolution des corps-francs, avec 
ordre de faire rentrer leurs officiers dans les rangs de la 
ligne (1). Combien il eût été à désirer que les généraux 
improvisés de la guerre de 1870 eussent connu ces in- 
structions, ou en eussent au moinsentendu parler, comme 
d’une expérience jugée depuis longtemps par les hommes 
les plus compétents. 

Je termine ce court exposé de la situation du départe- 
ment par une lettre de Watrin à Hoche, datée du 24 
pluviôse, dans laquelle il lui dit qu’il craint de rester 
au-dessous de la confiance que vient de lui témoigner le 
général en chef en lui confiant trois nouveaux districts 
joints à ceux dont le mouvement des troupes lui avait été 

primitivement remis, « Mais qu’allez-vous dire 

« en voyant une de mes adresses aux habitants des cam- 
« pagnes, publiée par l'administration du département, 
« sans que celle-ci m’ait demandé mon avis ? Fous ailes 
« me prendre pour un philosophe et un avocat, ce qui prou- 
« vera, au reste, que j'ai toujours besoin d’un mentor et 

(1) Lettre du 21 pluviôse an IV au général commandant la 
grande division de l'est, à Alençon. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 460 

« de son indulgence. Mais vous l’ avez ainsi voulu, malgré 
« toutes mes réclamations. » 

Dès la première application des dispositions prises, 
c’est-à-dire du 24 au 30 pluviôse, la correspondance de 
Watrin signale plusieurs rencontres avec les chouans ; et 
suivant les rapports qui lui furent adressés, l’avantage 
resta presque constamment aux républicains. Sur deux 
points cependant, au château de Brulon (district de Sillé), 
les républicains s’étant écartés pour faire des patrouilles, 
les chouans'arrivèrent de nuit et mirent le feu au château. 
Sur un autre point, la colonne mobile de Eonlie, forte de 
120 hommes, ayant rencontré les chouans à Saint-Denis- 
d’Ork, fut obligée de battre en retraite, après avoir perdu 
son chef et six à sept volontaires. En se précipitant réso- 
lument sur une colonne de 700 rebelles, cette patrouille 
s’était trouvée un instant dans la situation la plus péril- 
leuse (1). 

Du reste, l’œuvre du général Watrin, quoique menée 
avec la plus grande résolution et la plus louable célérité, 
se trouvait, dans le commencement, entravéepar les plus 
sérieuses difficultés. Les administrations locales et pres- 
que toutes les municipalités, comme nous l’avons déjà 
dit, ne cessaient de se plaindre des périls incessants que 
leur faisait courir la mise en mouvement des patrouilles 
en laissant les localités les plus importantes sans troupes. 
<c Si j’en croyais les rapports qui m’arrivent de toutes 
« parts, disait Watrin au général en chef, il ne me fau- 
« drait pas moins de 600,000 hommes, pour satisfaire à 
« toutes les plaintes qui me sont adressées en m’accusant 


(I) Lettre du 29 pluviôse an IV au général divisionnaire 
Dumesny, à AlençoD. 


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GUERRES DE LA VENDEE. 


460 

« d’une cruauté inexplicable et de livrer les habitants à 
« la rage des chouans. 

« D’une autre part, ajoute-t-il dans d’autres lettres au 
« général divisionnaire, son chef immédiat, plusieurs des 
« commandants de cantonnements et parmi eux le générai 
« de brigade Gency (il commandait à Sablé), ne cessent de 
« m’objecter qu’au lieu des patrouilles et des mesures 
« de douceur prises à l’égard des habitants, il faudrait 
« revenir aux forts cantonnements et aux mesures les 
« plus sévères. » 

C’était au milieu de ces difficultés que le général devait 
chaque jour aviser au moyen d’approvisionner les troupes 
et leur procurer les vêtements et les chaussures qui, à la 
fin de l’hiver, vinrent à leur manquer complètement. La 
rentrée des impôts et des emprunts forcés lui restait tou- 
jours confiée, et il n’est pas peu remarquable de voir ce 
jeune général de 24 ans, aussi habile à faire manœuvrer 
ses troupes sur la surface entière d’un département, qu’à 
tracer d’une main très sûre les instructions par lesquelles 
il pressait les administrations du département et des dis- 
tricts pour la rentrée des denrées et des deniers publics. 

« Vous demanderez au département trois tableaux, 
« écrivait-il à ses subordonnés (24 pluviôse) : 1° Un état 
« par communes des redevances et de la quotité des con- 
« tributions foncière et mobilière dues par elles; 2° ce 
« qui est dû par chaque imposé dans les quatre espèces 
« de grains déterminées par la loi, et 3° ce qui est dû en 
« assignats, valeur nominale ; état auquel sera ajouté une 
« colonne présentant l’estimation en numéraire de la 
« valeur desdits impôts colonisée d’après le prix des' 
« grains, en 1790. » 

D'ailleurs, en suivant le détail de ces opérations, on 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 461 

remarque qu’une police bien faite fut organisée par lui 
à partir du 1 er ventôse, an IV, et lui fournit bientôt les 
renseignements les plus précis sur la plupart des mouve- 
ments que les rebelles méditaient dans les cantonnements 
de Frenay, de Sillé, de Sablé, de la Fléché et de Châleau- 
du-Loir. Toutefois, sur ce point comme sur beaucoup 
d’autres, il était obligé de se tenir en défiance contre les 
avis qui lui arrivaient de toutes parts, et je vois dans une 
de ses lettres au général divisionnaire, que de prétendus 
patriotes, se disant en mesure de tout savoir, lui ont fait 
faire bien des courses inutiles (I). Quelques chefs de 
chouans cependant, Saint-Gène et Fleur-de-Pois, tom- 
baient en ses mains et jetaient ainsi le découragement 
parmi les réquisitionnais qui s’étaient trouvés un ins- 
tant disposés à se soustraire au service militaire en se 
ralliant aux rebelles. 

A l’égard des jeunes gens de la réquisition, Hoche pre- 
nant, sur ce point comme sur tant d’autres, les mesures 
qui lui paraissaient les plus propres à calmer les esprits, 
venait de décider que ces jeunes gens pourraient rester 
dans le pays, à la condition qu’ils s’enrôlassent dans le 
corps des gardes territoriales. Mais les municipalités 
demandaient aussitôt que, d’après une loi du 2 thermidor, 
ces jeunes gens reçussent, dès le premier jour de leur 
enrôlement, la solde des troupes en campagne ; à quoi 
Watrin répondait que la République serait ruinée si on 
déférait à une demande de cette nature (2). 

- Bien que les savantes dispositions de Watrin fissent 
sentir, dès les premiers jours de ventôse, que l’insurrec- 

(1) Lettre du 3 ventôse an IV. 

(2) Lettre du môme jour. 


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462 GUERRES DE LA VENDÉE. 

tion allait se trouver aux abois, les chefs de celle-ci ne 
devaient pas renoncer facilement à une résistance pour 
laquelle toutes les ressources étaient loin d’être épuisées. 

Chaque jour, en effet, le général commandant le dépar- 
tement de la Sarthe était avisé que des conciliabules et 
des réunions clandestines se tenaient dans la ville du 
Mans et dans les châteaux et les fermes dispersés dans 
les districts. Il était avisé que la femme d’un de leurs 
principaux chefs, M“ e de Scépaux, avait trouvé un asile 
assuré dans l’enceinte même de la ville du Mans, et que 
presque chaquenuitpartaitde cette ville, pour les insurgés, 
des approvisionnements de poudre dont il ne pouvait 
parvenir à surprendre le dépôt principal ni le lieu de con- 
fection. Son activité sembla it*cependant se multiplier en 
raison même desdiflicultés qu’il rencontrait, et il signalait 
successivement à sescommandantsdecantonnements, tan- 
tôt un rassemblement qui s’était fait à Thernay, chez un 
nommé Quando, tantôt un autre dans la cave d’un adjoint 
à l’agent municipal du nom de Chaudonné, tantôt des 
étrangers qu’on avait tout-à-coup remarqués chez Jean 
Gautier, de la commune de Tufflet, et d’autres chez un 
meunier de la même commune. D’une autre part, ses 
ordres se multipliaient pour le mouvement des troupes, 
et, se mettant lui-même à la tête de forts détachements, 
il prenait la campagne pour poursuivre les rassemble- 
ments qui lui étaient signalés, principalement dans les 
districts de Sillé-le-Guillaume, de Sablé, de La Flèche, 
de Chantenay et dans les bois de la Charencé, (Charmie). 
Ce mouvement se fit à l’aide de trois colonnes, dont l’une, 
(285 hommes), par Ronez-Vegron, Courdi, La Tripo- 
nière, le camp de la Vache-Noire et Loué ; la seconde, par 
Parenné, Neuvillette, Chemiré, Saint-Denis d’Ork, Joué 


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CORRESPONDANCE DE F. W AT RI N. 


463 


et Loué, et la troisième (120 hommes), par Conlie, Neuvi- 
berné, Saint-Symphorien, Ruillé- Epineux, Charrité et 
Loué. Mais, suivant la tactique bien connue de la chouan- 
nerie, dès que les colonnes républicaines étaient signalées, 
les insurgés ne se trouvaient plus et tous étaient cachés 
ou retournés à leurs occupations journalières. 

Revenant d’ailleurs, dans ces circonstances, aux me- 
sures relatives au 'désarmement qu’on ne cessait de 
poursuivre, il répétait incessamment à ses chefs de can- 
tonnement que la plus parfaite mansuétude devait toujours 
être exercée à l’égard des rebelles, et que si quelques 
communes ne pouvaient satisfaire, soit pour l’impôt en 
nature, soit pour les réquisitions aux prescriptions légales, 
il fallait les admettre à se libérer en numéraire, et surtout 
s’abstenir de sévir contre les chefs de famille dont la po- 
sition se recommandait par le travail et le nombre de 
leurs enfants. 

Quelques succès toutefois commençaient à confirmer 
ces nobles efforts, et je vois dans une lettre à Hoche datée 
du 16 ventôse, que le commandant de Châleau-du-Loir 
avait déjà remis plus de 660 fusils et que le district de 
Saint-Calais, où se poursuivait le même désarmement, lui 
en fournirait autant. Cependant il annonçait à regret au 
général en chef que dans les districts de Mamers et de la 
Ferté-Bernard, qui se trouvaient sous les ordres du chef 
de brigade Vincent, les mesures acerbes que prenait ce 
chef étaient plutôt de nature à perpétuer l’insurrection 
qu’à l’apaiser, et que ses troupes continuaient à se livrer 
au pillage, malgré les vives réprimandes qu’il lui avait 
adressées à plusieurs reprises. 

Mais au fond, l’apaisement général commençait à se 
faire sentir, et Watrin le confirmait par une lettre intime 


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464 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


au général Hédouville, chef de l’état-major général, en lui 
disant à la date du 17 ventôse, « Que le désarmement et la 
« rentrée de l’impôt se faisaient avec assez d’activité dans 
« l’ensemble du département; mais que les ennemis les plus 
« redoutables qu’il eût, étaient les hommes qui, sous le nom 
« depatriotes , dénonçaient ouvertement les mesures qu’on 
« prenait pour terminer cette guerre. Les lettres anonymes 
« m’accablent de menaces dont je me ris, et chaque jour 

« j'entends dénoncer notre brave général Hoche Qu’il 

« est malheureux d’être ainsi calomnié, lorsqu'on vent sau- 
« ver son pays ! Et que notre sort est à plaindre, mon brave 
« général ! Quant à moi je ne me décourage pas, pourvu 
« que ces vagues dénonciations ne m’ôtent pas votre con- 
« fiance et votre amitié. » t 

Dans une autre lettre à Hoche lui-même, datée de la 
veille, il n’avait pas caché à son chef que la plupart des 
mesures de celui-ci étaient elles-mêmes dénoncées comme 
contre-révolutionnaires ; et il ajoutait aux détails donnés 
sur ces opérations que depuis qu’il était au Mans, c’est-à- 
dire depuis un mois, il s’était privé de voir quelque société 
que ce pût être, ce qui n’avait pas empêché de dire que lui 
et son aide-de-camp avaient des relations avec les enne- 
mis de la République, que son aide-de-camp avait dfné 
chez un chevalier de Saint-Louis, et qu’on espérait beaucoup 
de lui à raison de ce qu’il habitait vjie maison connue de 
quelques-uns des insurgés. 

Voilà quelle était, vers la moitié du mois de ventôse 
au IV, la position du département de la Sarthe, depuis 
que Watrin était venu en prendre le commandement. 

Mais plus les armées de Charette et de Stofflet, au cœur 
même de la Vendée et de l’Ânjou, se trouvaient compro- 
mises et serrées de près par les troupes de Hoche, et plus 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 465 

les rebelles sentaient que, tout étant au moment de leur 
échapper dans cet ancien foyer de l’insurrection, il y 
aurait un dernier intérêt à ranimer la résistance dans les 
départements de la Mayenne, de la Sarthe et de l’Orne, 
qui, depuis la déroute du Mans, à la fin de 1793, aurait 
été, en^pielque sorte, tenus en dehors du champ de lutte. 

Tout prouve, d’après les détails que nous recueillons 
dans la correspondance de Watrin, que c’est ainsi que les 
choses se passèrent du côté des rebelles. 

Nous voyons, en effet, par une lettre de ce général, du 
7 ventôse, qu’à cette date, on surprit dans le district de la 
Flèche, sur les indications d’un déserteur, un dépôt con- 
sidérable de poudre, de draps, d’équipements de cavalerie 
et d’instruments de chirurgie, destinés au vicomte de 
Scépaux. 

Une seconde lettre de Watrin au général divisionnaire 
lui assurait que, d’après des indications certaines, un 
rassemblement de 2,000 insurgés avec 50 hommes de 
cavalerie et une pièce de canon, se préparait dans le dis- 
trict de Sillé. 

C’étaitlà, évidemment, le commencement d’un nouveau 
mouvement de la part des insurgés, et nous apprenons par 
des lettres de Watrin, du 19 et du 22 ventôse, que plu- 
sieurs affaires eurent lieu dans les districts de Sillé et de 
Sablé; que deux de leurs chefs, Madelin et Saint-Paul, 
se trouvèrent à la tête des rebelles ; que le premier fut 
arrêté dans le canton de Vivouin et que le second fut 
grièvement blessé à l’épaule. Celui-ci, suivant une lettre 
du 22, afin d’avoir la vie sauve, fit connaître aux répu- 
blicains le lieu où les rebelles se réunissaient dans le bois 
de Courcelles, et des fouilles y ayant été faites, on y saisit 
sept insurgés, des fusils et des munitions. 


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466 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


Ici, toutefois, je trouve encore un détail qui prouve 
quelle attention scrupuleuse le général apportait à rendre 
à cette malheureuse guerre les caractères d’apaisement et 
d’indulgence, qu’il ne cessait de recommander. Un otfi- 
cier du district de la Flèche avait laissé massacrer sous 
ses yeux, un pauvre chouan qui s’était rendu : « Anissez 
« cet officier très-sévèrement, écrit-il (25 ventôse) , au 
« commandant de la Flèche, et faites-lui sentir que c’est 
« une chose indigne. Je vous préviens, d’ailleurs, que s’il 
« m’arrive encore une fois des plaintes, soit sur l’indisci- 
« pline, soit sur le pillage ou la négligence que vous 
« mettez à les empêcher, non-seulement je vous ferai 
« relever, mais vous serez destitué de vos fonctions. 
« N’est-ce pas une abomination de tuer un paysan qui 
« convient de bonne foi qu’il a été cbouan, mais qui vient 
« se rendre. » 

L’insurrection était cependant loin de se ralentir, et 
je vois par des lettres du 3() ventôse et du 1 er germinal, 
tant aux chefs de cantonnements qu’à Hédouville, major- 
général de l’armée, qu’à cette date, Hoche lui-même 
s’était porté sur les lieux, et que dans le seul district de 
Sablé on signalait un rassemblement de 4,000 hommes 
qu’on disait formés en bataillons, portant des uniformes 
bleus et gris et marchant enseignes déployées dans un 
ordre assez régulier. Leurs chefs portaient des écharpes 
bleues. Quelques cantonnements, surpris par ces forces, 
ne purent se faire jour qu’à la bayonnette, et il arriva que 
plusieurs républicains y perdirent la vie. En même temps 
deux de leurs officiers tombèrent aux mains des insurgés. 
Quoique blessés, ces malheureux furent impitoyablement 
massacrés sur place. L’indignation de Watrin ne put se 
contenir et les rapports qui lui furent remis sur cette 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 467 

affaire, qui s’était passée près d’Epineux, au Heu dit la 
Vache-Noire, lui ayant appris que sur le terrain de cette 
commune, un jeune volontaire avait été égorgé comme 
les deux officiers qui avaient succombé sur le territoire 
de la commune de Loué, il donna l’ordre de saisir, dans 
ces deux communes, tous les parents mâles deé chouans, 
qui se trouvaient absents et de les tenir incarcérés jusqu’à 
ce qu’ils eussent eux-mêmes dénoncé les coupables. 

Comme on le voit, c’était, d’une part, l’énergie la plus 
absolue contre les assassins et l’insurrection, en même 
temps que l’indulgence la plus complète pour leur égare- 
ment et leurs faiblesses. Mais je veux ici relater une 
épisode de la vie de ce jeune officier, qui achèvera de 
le faire connaître. 

Il s’était mis, comme tous ses officiers, en mouvement 
avec les colonnes qui tenaient la campagne, et je le trouve, 
à quelques jours de l’affaire de la Vache-Noire, dans le 
distric t de Fresnay, près d’Alençon, à la tête d’une colonne 
de 150 hommes. Arrivant de bonne heure, le 19 floréal, 
dans les allées du château du Bouchet, il aperçut sur le 
pas de la porte, une dame à laquelle il demanda si les 
chouans n’avaient pas été vus dans le canton, et si elle 
n’aurait pas quelques renseignements à lui donner. Cette 
dame, dont la voiture venait d’être dételée dans la cour du 
château, lui répondit quelle n’avait rien vu, et enga- 
geant le général à descendre de cheval pour se rafraîchir, 

elle insista pour qu’il entrât au château Mais Watrin 

ne voulut rien accepter, il remercia, et poursuivit sa route 

avec sa colonne A peine parti, quelques soupçons 

cependant lui vinrent à l’esprit, et il détacha de sa troupe 
un officier et vingt hommes pour retourner sur leurs pas 
et fouiller le château Le général était à un quart de 


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468 


GUERRES DE LA VENDÉE. 

lieue, quand une vive fusillade se fit entendre dans la 
direction du Bouchet. Son détachement, à peine entré 
dans le château, s’était trouvé cerné de toutes parts et 
plus de quatre cents hommes sortis des jardins et des 
communs de l’habitation allaient écraser les pauvres répu- 
blicains, tyuand Watrin et le gros de sa colonne ayant fait 
retour, dispersèrent les rebelles et les poursuivirent 
jusqu’à Neuvillalais et Ségrie. Ces rebelles étaient com- 
mandés par M. Descarbouville, que M m8 de Grandchamp 
était venue rejoindre le matin, en partant d’Alençon. Ni 
l’un ni l’autre ne purent être saisis; mais, par une esta- 
fette promptement envoyée à Alençon, M me de Grand- 
champ put être promptement appréhendée et mise en 
état d’arrestation jusqu’à ce qu’il fût statué sur ce guet- 
apens contre les républicains. 

On put assez facilement penser qu après avoir échappé 
de sa personne à un péril aussi imminent, le général ne 
manquerait pas de donner à celle affaire la suite qu’elle 
méritait, quoique 17 rebelles eussent payé de leur vie 
l’attaque si perfide qu’ils avaient traîtreusement préparée, 
et que MM. Chamballon et Stanislas Tilly se trouvassent 
au nombre des morts .... Il n’en fut rien et voici la lettre 
que je trouve sur le registre de Watrin, à quatre jours de 
celle où il rendait compte de la rencontre du Bouchet. 

24 floréal, an IV. 

Au général Dumesny, commandant la division de l’Est, 
à Alençon. 

, « Général, 

« L’affaire de M m ® de Grandchamp, qui a eu lieu au 
« château du Bouchet, m’étant personnelle, permettez- 
« moi d’en tirer moi-même une vengeance conforme à 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 469 

« mes principes. Je vous prie de vouloir bien retirer le 
« gendarme que vous avez mis chez elle et de la laisser 
« en pleine liberté. La cause que nous défendons est celle 
« de l’humanité; nous devons, les premiers, donner 
« l’exemple. Vous augmenterez le nombre des services 
« que vous m’avez déjà rendus et dont je vous aurai une 
« éternelle reconnaissance. 

« Salut et respect. 

« F. Watrin, » 

Mais un mois devait être encore nécessaire pour ache- 
ver de comprimer un mouvement qui restait désormais 
sans objet, et à mesure que nous avancerons vers le 
dénouement auquel sera dû la pacification de la Sarthe, 
nous reconnaîtrons, à chaque mesure commandée parles 
événements, de quelle sagacité et de quelle sagesse, alliées 
aux plus belles qualités du cœur fut doué le jeune lieute- 
nant que Hoche avait si heureusement intéressé à son 
œuvre. 

La rencontre du camp de la Vache-Noire, malgré la 
surprise des républicains au premier moment de l’atta- 
que, tourna complètement au désavantage des rebelles, 
et je remarque un ordre de Watrin qui signale à l’armée 
entière la belle conduite du bataillon desWrdennes, qui, 
fort de 200 hommes, parvintà disperser le rassemblement 
qui avait été préparé de longue main par les rebelles. 
Plusieurs de leurs chefs, comme nous l’avons dit, tombè- 
rent aux mains de Watrin, et celui-ci les déféra aux com- 
missions militaires qu’il avait instituées. 

La suite de cette prise d’armes se fit cependant sentir 
pendant tout le mois de germinal et jusque dans les 
premiers jours de floréal. 


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470 GUERRES DE LA VENDÉE. 

La correspondance du général en raconte les péripéties 
très au long et jusque dans les moindres détails. Ce furent 
d’abord les districts de Sablé et de Sillé-le-Guillaume qui 
eurent le plus à en souffrir. Mais, après l’échec de la Va- 
che-Noire, les rebelles, en se repliant vers le district de la 
Fresnay, attaquèrent Beaumont, placé à égale distance 
du Mans et d’Alençon, avec l’intention de s’emparer de la 
route nationale qui reliait ces deux chefs-lieux de départe- 
ment; mais il y fut promptement mis ordre, et j’apprends, 
parles lettres de Watrin, que le comte de Vauban, qui 
avait un instant commandé le 42° d’infanterie de ligne, 
quand ce régiment tenait garnison à la Flèche, se trouva, 
vers la mi-germinal, obligé de prendre la fuite, après 
avoir vainement essayé d’organiser quelques bandes dans 
cette région. 

D’autres chefs, plus heureux que lui, parvenaient 
cependant à se maintenir sur les bords de la Sarthe, me- 
naçant successivement Malicorne et la Suze et s’étendant, 
à l’occasion, du côté de Vallon, dansla forêt de Sillé. Mais 
la présence de ces bandes donnant à penser que le mou- 
vement des rebelles pourrait s’étendre jusqu’au départe- 
ment de la Mayenne et peut-être jusqu’à Laval même, qui 
étaient loin d’être pacifiées, il arriva que des troupes de 
Château-Gontie», qui se trouvaient sous le commandement 
du général Chabot firent tout-à-coup invasion sur le ter- 
ritoire de la Sarthe et ne tardèrent pas à y répéter le 
pillage et les excès dont elles s’étaient, en quelque sorte, 
fait une habitude sous le général qui les dirigeait. Celte 
indiscipline des nouveaux venus ne manqua pas de com- 
promettre les mesures à l’aide desquelles Watrin espérait 
faire rentrer tout dans l’ordre. 

« Leur infâme conduite mérite punition, s’empresse- 


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CORRESPONDANCE DE F. WATBIN. 


471 


« t-il d’écrire au général Dumesny, son divisionnaire, et 
« je vous prie d’en instruire le général Chabot, pour qu’il 
« punisse les coupables. Quel exemple ces scélératesses 
« donnent-elles à ma troupe, que je tiens très serrée sur ce 
« point I » 

Écrivant lui-même directement au général Chabot, sur 
de nouvelles plaintes qui lui arrivaient d’un instant à 
l’autre, et notamment du canton de Sablé, il le prévenait 
qu’il ferait arrêter par ses commandants de cantonne- 
ment les soldats étrangers qui viendraient ainsi souiller son 
territoire, car ces soldats, au lieu de nous seconder, ont déjà 
mis en fuite les habitants de Grées, de Bouëre, de Saint- 
Brice et de Boêssay, et ils ont commis partout des vols 
immenses, des assassinats et des viols. 

Sur ces entrefaites, un chef de canton appelé Y Union, 
tombait entre les mains des républicains, près de Mali- 
come ; mais d’autres rebelles se transportaient du côté de 
Saint-Mars-d’Outillé, afin de pénétrer dans le district de 
Chûteau-du-Loir, dont le terrain accidenté et quelques 
bois présentaient des chances plus avantageuses pour la 
lutte. On disait que leur troupe était forte de 700 hommes, 
dont une centaine étaient montés. Quoi qu’il en soit, une 
compagnie des chasseurs d’Evreux s’étant attachée à leur 
poursuite, fut un instant mise en déroute et obligée de se 
replier sur Ecommoy, placé sur la route du Mans à 
Château-du-Loir. 

Sur un autre point, 1,000 à 1,200 rebelles lui étaient 
signalés comme devant se réunir prochainement au Val- 
de-Pierre, entre Segré et Pezé. Plusieurs patrouilles, 
parties de Sillé, de Fresnay et de Beaumont, furent immé- 
diatement mises à leur poursuite, et il arriva dans le 
même moment que plusieurs voitures chargées de poudre 


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472 


GUERRES DE LA VENDEE. 


et venant de Paris, à destination de la Ferté, de Mamers 
et de Bonnétable, furent surprises par les républicains. 
Les personnes auxquelles ces voitures étaient adressées 
furent immédiatement livrées aux conseils de guerre 
(lettre du 27 germinal an IV), et pour corroborer ces 
mesures, Watrin, prenant àparti les communes où l’in- 
surrection se maintenait, les taxa à des amendes extraor- 
dinaires de 2,000 à 4,000 francs, en même temps qu’il 
faisait saisir comme étages les parents des jeunes gens 
qu’on savait absents et qu’on soupçonnait faire partie des 
bandes insurgées. 

« Depuis dix jours, écrit-il à Hédouville, je cours nuit 
« et jour dans les districts les plus gangrénés, et je ne 
« puis rencontrer les chouans, qui sont en grand nombre. 
« Dans notre marche, on a tué environ 40 rebelles, parmi 
« lesquels deux chefs.... De petites colonnes les ont 
« rencontrés près de Brette. Ils ont été mis en déroule 
« et ont emporté leurs morts et leurs blessés sur 
« une voiture, qui en était pleine. Nous avons eu 
« 3 volontaires tués. Je pars cette nuit pour les pour- 
« suivre avec acharnement et je fais bien soigneuse- 
« ment garder la Sarthe, depuis Beaumont jusqu’à 
« Malicorne, afin qu’ils ne puissent pas la repasser. 
« L’impôt se paie bien et surtout en nature. » (Lettre du 
6 floréal.) 

Mais voilà qu’au milieu de ces poursuites, il apprend 
que ses ordres de marche ont été divulgués par le citoyen 
La Barrère, commandant du district de Sillé, et que l’en- 
nemi est avisé de tous ses mouvements. Il ôte à ce Barrère 
le commandement dont il est pourvu, le fait remplacer 
par le chef du 2 e bataillon des chasseurs des Ardennes et 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 473 

le remet au général Dumesny, pour être poursuivi suivant 
la loi (1). 

Le pays 11 e rentre cependant pas dans l’ordre ; et je vois 
que jusqu’au 44 floréal, les renseignements qui parve- 
naient à Watrin lui signalaient de nouveaux attroupe- 
ments, parmi lesquels on avait vu des compagnies 
parfaitement organisées, vêtues d’uniformes bleus et 
rouges, et paraissant manœuvrer assez habilement. On 
les suivait à la piste au travers des bois et des gorges des 
pays, mais sans pouvoir les joindre. 

Watrin, dans sa correspondance avec son chef immé- 
diat, le général Dumesny, lui dit qu’une partie de ces 
rassemblements se forme dans le district de Fresnay, 
« et qu’il est très sûr que parmi ces rebelles il y a des 
« hommes qui ne veulent ni religion, ni roi, mais la 
« destruction de tohs les propriétaires qui ont, disent-ils, 
« joui assez longtemps, et qu’il faut qu’ils aient leur 
« tour; ce qui prouve qu’ils sont soudoyés par la faction 
« des Egaux. Je crains bien que cette faction n’excite 
« encore des querelles particulières entre les différents 
« corps de ma subdivision. Au surplus, je vais faire sortir 
« du Mans le bataillon de Valenciennes, qui est le boute 
« feu de différentes rixes que j’ai eu de la peine à apaiser.» 

Ainsi qu’on le voit, la position était loin d’être belle 
pour ce général, appelé si jeune à pacifier un département 
"que tant de circonstances troublaient dans tous les sens ; 

(1) La Barrère, commandant du district de Sillé, qui eut 
longtemps la confiance de Watrin, est signalé pour avoir reçu 
de l’ennemi de l’argent et des présents, afin de divulguer les 
ordres do marche donnés aux colonnes républicaines. Watrin 
le fil traduire devaut un conseil de guerre. (Lettre à Hédou- 
ville, du 11 floréal an IV). 

Se. hût. 31 


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474 GUERRES DE LA. VENDÉE. 

et quand il devait au moins compter sur les officiers et les 
troupes qui étaient appelés à coopérer avec lui à cette 
pacification, il arrivait qu’il rencontrait des traitres ou 
des insubordonnés là où il n’aurait dû trouver que des 
citoyens dévoués, comme lui, au rétablissement del’ordre. 
D’autre part, comme on le voit, il reste prouvé, par la dé- 
pêche qui précède, que si beaucoup d’hommes parmi les 
insurgés tenaient la campagne dans le but de combattre 
la République et de tenter une restauration monarchique, 
il y avait aussi dans ces bandes une foule de déclassés et 
de mauvais sujets, qui ne songeaient qu’au pillage et qui 
professaient ouvertement les doctrines d’égalité et de 
partage, que nous a^ons vu la Commune de nos jours 
étaler très au long. Au reste, dès son séjour au sein de la 
Vendée et dans le feu de sa poursuite contre Charette, 
Watrin signalait déjà cette tourbe de mauvais sujets qui, 
n’appartenant ni à l’agriculture, ni aux familles établies 
dans le pays, formaient le noyau des bandes armées qui 
se refusaient à toute cessation de la guerre. De sorte que, 
si, d’un côté, les doctrines de Babœuf et de la société des 
Égaux faisaient leur chemin jusque dans les rangs de l’ar- 
mée, il arrivait en même temps que, dans les partis qui 
se rangeaient sous la bannière de la résistance et de la 
religion, il se trouvait une foule d’hommes qui, plus ou 
moins impatients de la règle, venaient grossir le nombre 
des adeptes qui, dès le commencement de la révolution, 
ont professé ces doctrines subversives, destinées, depuis 
plus d’un siècle, à causer tant de ravages dans la société 
moderne. 

Combien plus admirable et plus digne d’éloge ne doit 
pas nous paraître, à ce sujet, la conduite de ce jeune gé- 
néral, qui s’engageait, en 92, comme simple soldat et 


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CORRESPONDANCE DE P. WATRIN. 475 

qui, à quatre ans de ià, tout eu poursuivant les rebelles 
de son épée, sut prendre, à leur égard, les mesures les 
plus propres à rendre la paix à son pays. 

La campagne de Watrin dans la Sarthe, comme œuvre 
de pacification, fut, en effet, une opération toute aussi 
administrative que militaire ; et il n’est pas indifférent 
encore aujourd’hui de voir comment cette partie impor- 
tante du service public était comprise par des officiers et 
des généraux en quelque sorte improvisés. Militaire , 
Watrin devait être assez naturellement enclin à s'en rap- 
porter à la vive énergie des ressources qu’il pouvait tirer 
des troupes qu’il avait sous son commandement. Mais, 
doué d’une élévation de pensée et d'une modération de 
caractère qui trouvaient un appui naturel dans les dispo- 
sitions de son général en chef, devenu, dès le premier 
jour, le modèle qu’il s’efforça de suivre, on le vit, de son 
côté, rechercher, dans la rigoureuse discipline de ses 
troupes et dans le concours actif d’un habile administra- 
teur que les circonstances avaient placé près de lui, les 
moyens les plus efficaces en faveur de l’apaisement des 
partis et de la consolidation des intérêts si longtemps 
méconnus. 

Le commissaire des guerres, Langeron, qui remplit un 
instant les fonctions de commissaire ordonnateur à l’ar- 
mée du Nord, lors de sa retraite de Belgique, en se trou- 
vant attaché à la subdivision de la Sarthe, fut, pour 
Watrin, comme un adjoint qu’il prit plaisir à consulter 
pour toutçs les dispositions relatives à la rentrée des im- 
pôts et à la levée des réquisitions. Le versement et la 
sortie des matières, dans les magasins de l’armée, se 
trouvaient, en effet, livrés, en quelque sorte, à la discré- 
tion des employés qui étaient chargés de cette branche 


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*76 


GUERRES DE LA VENDÉE. 

des services publics, et les abus les plus criants se pro- 
duisaient à chaque instant. Entrant résolûment, à ce 
sujet, dans le détail de la comptabilité des matières, la 
rigidité du général devint bientôt égale à la sagacité du 
commissaire, et je trouve, dans une lettre de Watrin au 
général Hédouville, commandant l’État-Major général de 
l’armée, l’expression sentie de tout le secours que lui ap- 
portèrent les mesures administratives indiquées par Lan- 
geron : 

« Je prends le parti de vous envoyer copie de la lettre 
« que m’adresse mon excellent commissaire. Ces ré- 
« flexions d’un homme instruit, qui me rend les plus 
« grands services pour le versement des contributions, 
« vous mettront à même de corriger quelques abus dans 
« l’administration militaire et vous reconnaîtrez, comme 
« moi, que le désir de simplifier cette partie du service 
« public a été le seul mobile de sa conduite. » (Lettre du 
22 ventôse (1). 

Cette scrupuleuse attention, portée sur les écritures et 
la gestion des magasins, ne tarda pas à lui faire découvrir 
plusieurs des abus qu’il soupçonnait ; et nous le voyons, 

(1) Il ajoutait dans celte même lettre : « Merci des bontés 
« que vous avez pour mon frère ; il m’en fait part, et je l’en- 
« gage à y répondre de son mieux. Mille amitiés aux petits 
« chats. » Ce dernier trait veut-il dire que le général, chef de 
l’état-major général, avait près de lui sa femme et ses jeunes 
enfants.? On doit le croire, et apercevoir, dans cette circons- 
tance, une indication peu douteuse de la confiance avec 
laquelle Hoche et son chef d'état-major envisageaient la fin 
probable d’une guerre que tant de cruautés et de désastres 
avaient signalée. Je vois, par une autre lettre au général 
H&rly, que celui-ci avait aussi sa famille près de lui. 


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CORRESPONDANCE DE F. W AT RI N. 477 

au milieu des préoccupations militaires qui réclamaient 
ses plus précieux moments, faire saisir deux agents infi- 
dèles, Duvigneau et Caillard, qu’il expédia, l’un à Paris, 
l’autre à Tours, avec leurs registres, pour que le mi- 
nistre de la guerre eût à se prononcer sur leur envoi 
devant un conseil de guerre (1). 

A un administrateur du canton de Loué, qui lui écri- 
vait pour obtenir le remboursement de quelques dépenses 
occasionnées par la confection de palissades et des mou- 
vements de terre relatifs à la défense de la localité, il 
répond : « qu’il n’a aucun fonds à sa disposition pour 
« couvrir des dépenses de cette nature et que le commis- 
se saire du canton doit, pour y arriver, faire un état triple 
« des dépenses qui ont été faites ; que cet état devra être 
« attesté par la municipalité, visé par le commandant de 
« place et par le district, et lui être ensuite envoyé pour 
« qu’il le fasse ordonnancer par le commissaire général 
« des guerres, qui, seul , pourra autoriser le payeur à 
« délivrer les fonds (2). » 

On s’étonne, à bon droit, de voir, dans les temps dont 
nous parlons, en pleine guerre civile, au milieu des sur- 
prises et des marches de tous les jours , ces minutieux 
détails d’administration pratiqués par de jeunes offi- 
ciers, dont les grades et l’expérience ne dataient que de 
quelques jours. Mais, ne peut-on pas se dire, à ce sujet, 
en comparant ces temps à ceux où nous vivons, que, 
dans certaines classes, au moins, cette rigide observance 
des plus simples devoirs de l’homme public s’est bien 
sensiblement altérée, témoin les fraudes et les détoume- 

(1) Lettre du 12 prairial an IV. 

(2) Lettre du 11 prairial an IV. 


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478 GUERRES DE U VENDÉE. 

ments sans nombre qui ont été signalés à l’occasion des 
approvisionnements de l’armée, dans la guerre de 4870 
et 4871 , et ne doit-on pas s’étonner encore plus de cette 
observation faite dans le procès Bazaine, à propos des 
correspondances échangées entre le Maréchal et le prince 
Frédéric -Charles , que personne n’en avait tenu re- 
gistre ? 

Ces soins donnés aux faits propres de l’administration 
n’étaient toutefois que le résultat de la règle que Watrin 
suivait en toutes choses, soit pour le maintien de la disci- 
pline, soit pour la répression de l’insurrection et l’apai- 
sement des haines que tant d’excès avaient surexcitées. 
Un commandant de patrouille s'étant permis, dans une 
commune du cantonnement de Domfront, de menacer <Fun 
coup de crosse de fusil un habitant, auquel il enlevait , en 
même temps, deux pains et des chemises, se trouva aussitôt 
saisi et mis en prison, pour être livré à un conseil de 
guerre (1). 

Des officiers du bataillon de Valenciennes s’étant aban- 
donnés à des désordres du même genre, il prononce leur 
dégradation devant le front des troupes et les renvoie à 
Valenciennes, pour leur conduite crapuleuse et immorale, 
espérant que cet exemple en imposera aux officiers, qui, 
par leur conduite, font plus d’ennemis à la République 
qu’ils ne pourront jamais en détruire (2). 

Quant aux communes qui persistent n favoriser l’in- 
surrection et qui n’ont pas voulu entendre à ses paroles 
de conciliation, ou satisfaire aux prescriptions de la loi 
pour l’acquittement de leur contribution et la remise de 

(1) Lettre du 28 germinal. 

(2) Lettre à Hédouville du 22 ventôse. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 479 

leurs armes, il reste inébranlable et impose, comme nous 
l’avons dit, à plusieurs d’entre elles, des amendes extra- 
ordinaires de 2,000, de 3,000 et même de 4,000 francs, 
qui doivent être prélevés dans le court délai de- 30 ou de 
24 heures, avec remise d'dtages pris dans les plus im- 
posés. Ainsi furent frappées les communes de Ségrie, de 
Vernie, d’Epineu, de Ruillé, de la Châtre, de Vancé, etc. 

J’en vois aussi une qui est rendue responsable de tout 
ce que les insurgés ont détruit chez un citoyen nommé 
Réné, qui s’était bravement retranché dans sa maison 
pour résister aux chouans, sans que les autres habitants 
se fussent portés à son secours (1). 

D’ailleurs, ajoutait-il, en transmettant ces ordres à ses 
officiers : « Inspirez de la confiance aux habitants par de 
« bons procédés et une discipline exemplaire ; mais 
« n'ayez aucune faiblesse dans vos opérations et con- 
« servez le plus grand accord avec les autorités ci- 
« viles (2). » 

Nous avons déjà vu, au reste, par plusieurs détails, 
combien cette discipline, recommandée par le général, 
était difficile à maintenir. Cela tenait surtout à ce que 
beaucoup d’officiers, comme nous l’avons dit, opinaient 
pour la continuation des mesures de rigueur, au lieu de 
recourir aux mesures de conciliation, regardées par lui 
et par le général en chef comme le plus sûr moyen d’ar- 
river à une pacification prochaine. Sa correspondance est 
pleine de détails intimes de lui à Hoche et au chef d’état- 
major Hédouville, sur les dénonciations multipliées que 
cette manière de faire fit naître contre lui. 

(1) Lettre du 2 floréal. 

(2) Lettre du 16 floréal. 


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480 


GUERRES DE LA VENDÉE. 

Il arriva, en effet, que les plaintes et les dénonciations 
se multiplièrent extraordinairement contre Watrin. 

Au moment même où le désarmement commençait à 
s’opérer, par suite des mesures qu’il prenait chaque jour, 
beaucoup de celles-ci furent présentées par les com- 
munes comme des actes arbitraires et d’une sévérité 
exagérée. Des pétitions du Mans, de la Flèche et de plu- 
sieurs autres communes furent adressées, à ce sujet, aux 
ministres et aux représentants du peuple siégeant à Paris 
et plus particulièrement à l’administration départementale 
de la Sarthe, qui avait son siège au Mans comme le gé- 
néral y avait son quartier général. Des explications ver- 
bales et écrites furent échangées à plusieurs reprises sur 
ce point, et le caractère comme la pensée en sont trop 
significatifs pour que nous n’en donnions pas quelques 
extraits. 

Le général commence par faire ressortir avec beau- 
coup de précision que quand il est venu, dans le mois de 
pluviôse an IV, prendre le commandement de la Sarthe, 
aucun versement de l’impôt en nature n’avait encore eu 
lieu, quoique ces versements, d’après la loi, eussent dû 
être terminés dès le mois de brumaire, c’est-à-dire depuis 
deux mois. Il fait aussi remarquer que la confection des 
rôles ne se trouvait même pas commencée au moment de 
son entrée en fonctions, et que l’administration dépar- 
tementale ne put lui remettre que l’état de la répartition 
générale expédié par le Ministre des finances. 

« Mais, aujourd’hui, ajoutait-il, que la loi doit être 
« exécutée sans que personne puisse s’en affranchir, il 
« s’élève des réclamations sur l’activité des mesures em- 
« ployées pour y arriver efficacement et pour faire payer 
« une dette sacrée envers le Gouvernement. Mais d’où 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 481 

« partent ces mesures ? Viennent-elles des communes de 
« la campagne? Non. Elles ne sont produites que par ces 
« propriétaires, habitants des grandes communes, dont 
« la force armée ne cesse de protéger les personnes et les 
« propriétés et qui, pour ces bienfaits multipliés, ont le 
« cœur fermé sur les besoins de leurs défenseurs. Ne 
« seraient-ils pas encore excités par les ennemis secrets 
« et actifs du Gouvernement républicain, dont les grandes 
« communes sont infestées, par les auteurs directs on 
«. indirects de la guerre civile qui désole depuis si long- 
« temps ce malheureux pays ? 

« Les propriétaires de la Flèche mandent aux Minis- 
« très qu’ils sont républicains, que la paix et la tranquillité 
« régnent dans leur pays. En ce cas, il n’est pas besoin de 
« troupes cantonnées chez eux. Je pourrai les employer 
« plus utilement dans d’autres cantons. Mais, si, au con- 
« traire, Hs ne sont pas encore à l’abri des excès et des 
« incursions des chouans, il faut, pour les garantir de la 
« fureur des brigands, qu’ils alimentent les troupes qui 
« les défendent et qu’ils soldent, pour cela, les contribu- 
« tions en nature. 

« C’est, au reste, pour leur donner plus de facilités, 
« que le général Hoche a cru devoir accorder aux contri- 
« buables la faculté de se libérer soit en grains, soit en 
« bestiaux, fourrages, cuirs, draps ou toile pouvant servir 
« à l’entretien des troupes, et même en numéraire, mais 
« non en assignats, qui n’ont pas cours régulier. » 

A un citoyen, président de l’administration municipale 
du canton de Bessé, qui lui avait écrit pour lui manifester 
des craintes du même genre, il répondait que « le peuple 
« de son canton devait bannir toute crainte, car les me- 
« sures prises en ce moment doivent autant comprimer 


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4 82 GUERRES DE LA VENDÉE. 

« les terroristes que stimuler les insouciants et ranimer 
« les patriotes. Les dénonciations vagues ne seront point 
« écoutées et les magistrats qui marcheront selon la loi 
« ne doivent pas les craindre. Si un agent national a été 
« arrêté arbitrairement, ce que j’ignore, le conseil mili- 
« taire qui l'a jugé en aura sûrement puni les auteurs. 
« Nous ne sommes plus et nous ne serons plus, comme 
« vous le craignez, au temps de Robespierre et de Car- 
ie rier, mais nous sommes au temps où il faut que tous 

« les vrais patriotes redoublent d’énergie Les com- 

«c munes auxquelles j’ai laissé des armes, loin de les 
« employer à servir des haines particulières, ne doivent 
« y recourir que pour la propre défense de leurs foyers, 
« la troupe de ligne seule restant chargée des patrouilles 
« et des battues nécessaires. » 

. Mais, au fond, d’où venaient ces difficultés et cette op- 
position faite au général î Fort souvent des officiers 
mêmes qui avaient le commandement des cantonne- 
ments. J’en trouve la preuve dans le compte-rendu de la 
conduite de quelques-uns des officiers qu’il avait sous ses 
ordres. Ayant à s’expliquer sur la manière de servir du 
commandant Dubois, chef du cantonnement de la Flèche, 
il se trouvait forcé de dire de cet officier qu’il était un 
ambitieux, qui n’exécutait jamais les ordres qu’on lui 
donnait sans faire ses petites réflexions ; que Dubois avait 
beaucoup de partisans à la Flèche et qu’il agissait d'ac- 
cord avec la municipalité qui était composée de terro- 
ristes ; que, cependant, il traitait avec douceur les gens 
de la campagne ; mais qu’il laissait trop sa femme s’occu- 
per des affaires militaires, et que, quand il était absent, 
c’était elle qui donnait tous les ordres , en les faisant 
signer par les autres chefs de bataillon, qui, d’ailleurs. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 483 

n’étaient bons qu’à donner leur signature, elle seule étant 
en état de remplacer le commandant { 1 ) . 

« Toutefois, disait-il, Dubois est un homme qu’on ne 
« peut définir. Il ne veut personne au-dessus de lui, aime 
« à dominer et, malgré cela, sert bien et avec activité, 

s rapportant tout à lui-même et jamais à d’autres 

t Mais je l’emploie d’une manière utile et je me sers de 
t ses défauts même pour flatter son amour-propre et le 
« faire agir. Il a des amis en assez grand nombre dans 
« le Corps législatif. » 

Puis il ajoutait : « Il est du genre du chef de brigade 
« Vincent, dont je voudrais bien que vous me débarassiez 
« et qui est beaucoup plus terroriste que Dubois. Le 
« chef de brigade Brouville, commandant au Mans, est à 
« peu près de ce genre et faux comme eux. Je les fais 
« tous aller, cependant ; et pourvu qu’ils exécutent fidè- 
« lement les ordres que je leur transmets, je me moque 
« des propos qu’ils tiennent sur mon compte et ma 
« grande jeunesse, en arrière de moi. Ma conduite est à 
« découvert, et je ne crains pas les propos des méchants. 
« A vous parler franchement, mon brave général, le ter- 
« rorisme n’est pas encore éteint, et j’ai beaucoup de mal 
« à empêcher que la troupe ne prenne cet esprit. En la 
« faisant marcher continuellement et en la faisant chan- 
« ger souvent de cantonnement, je fais diversion à tout. 

« Je n’aime pas les terroristes, mais je les regarde 

(1) Le même jour, après s’ea être déjà plusieurs fois entre- 
tenu avec le commandant Dnbois, il lui écrivait qu’en rendant 
toute la justice due à la citoyenne Dubois, qu’il estimait et res- 
pectait sous tous les rapports, il pensait qu’il était opportun 
d’aviser à ses écarts dans l’intérêt du service et pour couper 
court aux clabaudages qui avaient lieu. 


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GUERRES DE LA VENDÉE. 


484 

« cependant comme hommes bons à ménager sous bien 
« des rapports. Qu’il est malheureux que cette maudite 
« guerre force les militaires à s’occuper ainsi de poli- 
« tique ! c’est ce qui me fâche le plus (1). » 

A quelques jours de là, revenant sur le compte du chef 
de brigade Vincent, il ajoutait qu’il résultait de rensei- 
gnements exacts et précis pris sur cet officier : « qu’il 
« n’avait pas une conduite assez réfléchie ; que tantôt il 
« arrêtait des individus et tantôt les relâchait; qu’il fai- 
« sait beaucoup d’embarras des petites choses. Fait-il du 
« bien, fait-il du mal ? C’est encore un problème. Il cor- 
« respond avec l’univers entier, avec tous les Ministres, 
« avec les Réprésqitants , avec le Directoire exécutif. 
« C’est un ex-général divisionnaire. Enfin, c’est un de ces 
« grands parieurs qui disent beaucoup et font peu de 
« choses (2). » 

C’est au milieu de ces embarras et de ces tiraillements 
que la pacification commença cependant à s’accentuer 
dans la Sarthe. La prise successive de Stofllet et de Cha- 
rette, qui furent l’un et l'autre fusillés peu avant le mois 
de floréal, y contribua très puissamment ; et dès que la 
nouvelle de>ces exécutions fut répandue dans le départe- 
ment, les pourparlers ne tardèrent pas à s’ouvrir entre 
Watrin et les chefs des rebelles. 

Le premier de ces chefs qui entra en pourparlers avec 
Watrin fut, à ce qu’il paraît, un gentilhomme du nom de 
Tilly-d’Escarbouville, qui était à la tête des insurgés du 
district de La Fresnay, tenant la campagne dans cette 
région et les communes voisines du département de 

(1) Lettre du 6 prairial an IV au général Hoche. 

(2) Lettre à Hoche, du 23 floréal an IV. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 


485 


l’Orne. Un insurgé, du nom d’Avenant, auquel une pa- 
trouille républicaine avait enlevé un habit et un porte- 
feuille au moment où il faisait sa soumission personnelle, 
étant venu se plaindre au général de cette spoliation, fut 
le premier auteur des ouvertures qui s’établirent entre 
les deux partis. Cet homme s’annonça comme étant en 
mesure d'amener M. d’Escarbouville à consentir à un 
arrangement convenable. A quelques jours de là, Watrin 
expédiait, en effet, à son divisionnaire Dumesny, la lettre 
suivante, datée du 5 prairial, an IV : 

« Mon aide-de-camp vous porte la lettre de M. d’Escar- 
« bouville, chef chouan, qui commande tous les rebelles 
« du district de Fresnay, et qui fait beaucoup de mal 
« dans le pays. Vous y voyez les conditions auxquelles il 
« veut se rendre. Elles ne souffrent aucune difficulté, 
« autant que je puis le croire, à l’exception de la deuxiè- 
« me, par laquelle il demande que les déserteurs rentrent 
« dans leurs communes respectives. Je sais, de science 
« certaine, que M. d’Escarbouville a avec lui une soixan- 
« taine de déserteurs qui rentreront tous à cette condition 
« et qui, si on ne la leur accorde pas, sont disposés à 
« passer dans la colonne chouanne de Frotté, district de 
« Domfront. Cette raison doit vous décider à m’autoriser 
« de leur délivrer provisoirement des passeports pour se 
« rendre dans leurs communes, sous la surveillance des 
« autorités constituées. Je ne ferai rien sans vos or- 
« dres. 

« Il est à propos, mon général, de profiter de la 
« bonne disposition de ces Messieurs. On dit que 
« M. d’Escarbouville a, à ses ordres, environ 300 hom- 
« mes qui remettront leurs armes, et que leur exem- 


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486 GUERRES DE LA VENDÉE. 

« pie entraînera d’autres colonnes chouannes à les 
« imiter (t). » 

Cette lettre était accompagnée de la copie de celle qu’il 
écrivait le même jour à M. d’Escarbouville, et dont le 
texte suit : 

« En déposant toutes vos armes, Monsieur, et en vous 
« soumettant aux lois de la République, vous rentrerez 
« dans la libre jouissance de vos biens, si vous et vos 
« officiers n’êtes pas compris dans les listes d'émigrés. 
« La loyauté française (républicaine) vous garantit la 
« sûreté de vos personnes, et vous ne devez pas douter 
« de la stricte exécution des ordres donnés à cet égard. 

« Le général en chef, Hoche, a accordé une amnistie 
« aux déserteurs qui pourront en profiter, et a permis aux 
« jeunes gens de la réquisition de rester tranquilles chez 
« eux et de cultiver paisiblement leurs terres 

« Les lois constitutionnelles relatives à la liberté des 
« cultes seront fidèlement observées, et vous vous retire- 
« rez dans la commune d’Alençon ou dans celle de Caen, 
« comme tous le désirerez. 

« Toutes les armes et les munitions me seront remises, 
« et vous userez de tout votre crédit et votre ascendant 
« sur ceux que vous commandez, pour les faire rentrer 
« dans le sein de la République. Demain soir, je serai à 
« Beaumont et je vous indiquerai l’endroit où vous pour- 
« rez me parler. 

« Salut et fraternité. 

« F. Watrin. » 

Transmettant la nouvelle de cette soumission au géné- 
ral Hédouville, par une lettre du 6, il lui disait que la 

(1) 3 prairial an IV, lettre au géuéral Dumesny. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 487 

reddition des chefs et des chouans serait la plia belle récom- 
pense de ses travaux, et qu’il aimait 'mieux les voir se 
rendre que de les égorger. Pour les y engager plus promp- 
tement, je ne leur donne aucun moment de repos et je les 
harcelle sans cesse jour et nuit. 

Dans ce premier acte de soumission, tout ne paraît 
pas cependant s'être passé sans quelques difficultés. 
Voici, à la date du 12 juillet, ce que le général écrivait 
au commandant du cantonnement de Beaumont : 

« Ne donnez aucun passeport aux rebelles qui se ren- 
« dent, qu’ils ne vous remettent de bonnes armes. Je 
« veux absolument tous bons fusils, en état de faire feu. 
« Il ne faut pas être la dupe de ces Messieurs. Dites à 
« M. d’Escarbouville que ses conditions avec moi sont : 
« qu’il me ferait rendre environ 300 chouans, tous bien 
« armés, et qu’il faut qu’il les remplisse. Je veux de la 
« bonne foi partout. Si dans deux jours vous n’avez pas à 
« peu près ce nombre, mandez-le moi, je vous enverrai 
« cent hommes qui vivront à discrétion dans les com- 

« munes de votre district Ne continuez pas à mettre 

« sur les passeports que vous délivrez les mots : Voyager 
« librement dans la République. Ce serait leur donner la 
« faculté d’aller organiser une autre chouannerie dans 
« un autre département. Les jeunes gens du pays restent 
« chez eux et ceux qui n’en sont pas doivent être adressés 
« au général Dumesny, à Alençon. D'Escarbouville et ses 
« officiers doivent avoir des pistolets, des sabres, des 
« carabines. Ils doivent vous les remettre. Il faut être 
« ferme vis-à-vis de ces Messieurs, sans cependant les 
« insulter. Quant à Guillemet, c’est un scélérat, je le 
« sais, mais il fout le mettre en liberté, et, pour peu 
« qu’on soit politique, il faut savoir que les chouans 


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488 


GUERRES DE LA VENDÉE. 

a non rendus ont les yeux ouverts sur la conduite que 
« nous tenons envers ceux qui ont rendu leurs armes. » 

Cette lettre était confirmée par celle qu’il écrivait à 
Hoche, à la même date, et où je relève les passages sui- 
vants : 

« J’insiste surtout sur la reddition des bonnes 

« armes, et d’Escarbouville va courir le pays, avec une 
« de nos colonnes, pour tout désarmer entièrement. Il 
« s’est rendu, avec lui, quatre officiers de mérite et tels 
« que je n’en ai jamais vus dans la Vendée, savoir : Tilly- 
« d’Escarbouville, le chevalier de la Cassay et le chevalier 
« de Mont-Javoult, ce dernier, commandant une compa- 
« gnie de déserteurs, sans contredit l’élite de leurs trou- 
« pes; elle était composée de déserteurs de bataillon et 
« d’une trentaine d’Allemands ou Polonais, qui ont été 
« bien difficiles à gagner. Tous voulaient s’en aller libre- 

« ment dans leur pays et ne plus servir M. de Mont- 

« Javoult a émigré pendant six mois, puis est rentré 
« dans la Vendée, et prétend ne pas être dans la classe 
« des émigrés. Je l’envoie à Alençon pour y discuter ses 
« droits. S’il n’est pas émigré, il jouira de ses biens 
« comme les autres, et s’il l’est, le général Dumesny lui 
« donnera un passeport pour sortir de France. 

« D’autres chefs, entre autres le comte de Rochecot, 
« m’ont fait tâter et désirent se rendre. Je les poussais, 
« avec plus d’acharnement que jamais, pour les faire 
« décider plus promptement. Je me trouverai bien heu- 
« reux si je puis réussir à ramener le calme et la tran- 
« quillité dans le département -que vous m’avez confié. » 

Dès que la soumission de M. d’Escarbouville et de sa 
bande, forte de 300 hommes, fut réalisée, tous les rebelles 
du département de la Sarthe s’empressèrent d’entrer en 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 489 

pourparlers avec le général Watrin et ses chefs de can- 
tonnements. Quinze jours, du 5 au 20 prairial, an IV, 
suffirent pour amener une reddition à peu près complète 
de tous les rebelles, qui avaient si longtemps agité le pays 
et tenu en échec les forces réunies de la République. De 
nombreuses lettres de Watrin rendent compte de ces opé- 
rations et entrent dans le plus grand détail sur les incidents 
qui se produisirent. Ces lettres sont adressées à Hoche, à 
Hédouville et à Dumesny , ses chefs directs, pour leur 
dire ce qui se passe, ou à ses chefs de cantonnements, 
pour leur tracer la marche à suivre à l’égard des ouver- 
tures qui pouvaient leur être faites. Comme règle géné- 
rale, il prescrivait à ces derniers d’apporter surtout la 
la plus grande attention à ce que les troupes ne s’écar- 
tassent en rien des règles les plus strictes de la discipline. 
11 leur recommandait en même temps d’user, en toutes 
circonstances, des procédés les plus conciliants, pour ne 
pas blesser les hommes qui venaient à eux, mais de res- 
ter très fermes sur l’obligation, pour les insurgés qui se 
soumettaient , de remettre, en nombre suffisant, des ar- 
mes en parfait état de service et non des armes dété- 
riorées ou démontées. 

Quant aux mesures d’ordre général, elles consistèrent 
à faire rentrer dans leurs paroisses tous les hommes qui 
se soumettaient, quand ils étaient du pays même, et à 
diriger, sûr leurs anciens bataillons, les déserteurs qui 
rentraient, en les internant à Alençon, où résidait le géné- 
ral divisionnaire. Pour plus ample exécution de ces me- 
sures, le général Watrin allait jusqu'à penser que les 
hommes les plus compromis de l’insurrection devaient 
jouir du bénéfice des promesses données, aussi bien que 
ceux des rebelles qui n’avaient d’autres crimes, à leur 
Sc. hitl. 32 


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490 


GUERRES DE I.A VENDEE. 


charge, que le fait propre de la rébellion. Un nommé 
Guillemet, accusé d’assassinats et de pillages nombreux, 
ayant été ainsi retenu sous les verrous par le chef de 
brigade Vincent, fut relâché et mis en liberté, malgré 
la résistance de ce chef et de plusieurs terroristes. Le 
général maintenait, comme règle absolue, que la parole 
donnée devait être égale pour tous. Un instant, cet inci- 
dent parut se compliquer de quelques tendances propres 
à compromettre le fait même de la pacification, et il y 
eut lieu de se demander si la présence des patriotes, qui 
avaient été obligés de s’éloigner de leur commune et qui 
allaient y rentrer avec les armes, dont la plupart d’entre 
eux s’étaient servi contre les rebelles, quand ceux-ci ren- 
traient désarmés dans ces mêmes communes, ne serait 
pas l’occasion de collisions malheureuses et du réveil des 
haines les plus vives. 

Nous complétons cet aperçu par quelques extraits des 
lettres mêmes de Watrin : 

« Les pièces ci-jointes, disait-il à Hoche, le 13prai- 
« rial, vous feront voir clairement ce qu’est le chef de 
« brigade Vincent et quels sont les hommes qui le mè- 
« nent. Avec des êtres aussi impolitiques, nous ne par- 
ie viendrons jamais à terminer cette guerre. J’ai donné 
« les ordres les plus précis pour que Guillemet soit mis 
« de suite en liberté, et j’ai rendu sa commune respon- 
« sable des propos qui lui seraient tenus ou des mau- 
« vais traitemenfs qu’on pourrait lui faire subir. Je 
« fais venir au Mans ce citoyen Vincent, à qui je vais 
« apprendre son métier et son devoir d’une belle ma- 
lt nière. Je veux bien que ce Guillemet soit un scélé- 
« rat ; il doit, comme les autres, rester dans le pays. Les 
« chouans, non encore rendus, sont indécis. Comment 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 491 

« leur inspirer de la confiance en faussant notre parole î 
« Vous en sentez vous-même les conséquences , mon gé- 
« néral, et, tôt ou tard, on trouvera les moyens de purger 
« le pays des mauvais sujets que les circonstances forcent 
« d’y laisser. Qu’on est malheureux de servir avec des 
« hommes de parti, qui nous contrecarrent sans cesse 
« dans nos opérations et qui ne voient pas plus loin que 

« leur nez Tous les chouans commencent à se 

« rendre. Ils sont débandés, sans chefs et sans muni- 
« fions. » 

Les lettres subséquentes du 15 et du 16 prairial, tant 
au général Dumesny qu’à quelques autres , précisent, 
avec plus de fermeté, la physionomie générale des événe- 
ments : 

« Je reçois à l’instant, écrit-il au général Dumesny, 
« copie de la lettre du général La Barollière, et je vois, 
« avec bien du plaisir, qu'il pacifie entièrement le dépar- 
« tement de la Mayenne. Il demande l’état actuel des 
« districts de Sillé et de Sablé. Vous pouvez lui annoncer 
« hardiment qu’avant quinze jours, j’espère avoir rétabli 
« la paix dans le département de la Sarthe. Les chouans 
« se rendent de toutes parts avec armes et munitions. 
« Tous les capitaines de rebelles du district de Sillé écri- 

« vent pour déposer leurs armes Le comte de Ro- 

« checot est, à ce qu’il paraît, parti pour la Bretagne. 
« Plusieurs de ses officiers et des déserteurs, qui sont 
« venus me parler, travaillent à la rentrée de tous les 
« rebelles sous ses ordres. D’Escarbouville devait vous 
« parler, demain, pour Rochambeau. Je l’avais engagé à 
« le presser de se rendre à Alençon, mais la colonne de 
« ce chef vient de commettre les dernières horreurs près 
« de La Ferrière-Bochard La manière dont a agi le 


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492 GUERRES DE LA VENDÉE. 

« citoyen Vincent a, d’un autre côté, failli tout perdre et 
« et fait retourner à la chouannerie quatre déserteurs 
« qui avaient assassiné un homme près de Neuvillalais, 
« district de Fresnay. Les mauvais propos des factieux 
« sont de terribles entraves à vaincre, mais je les sou- 
« mettrai tous, malgré qne je sache que la commune de 
« Mamers vient d’écrire contre moi au Directoire exécutif, 

« en lui disant que j’étais un chouan Faites courir 

« et presser de Frotté. Tâchez de lui faire parler par 
« quelqu’un. Je sais, mon cher général, qu’il est dans 
« l’intention de se rendre. » 

Le 19 prairial, c’est à un administrateur du canton de 
Rouëz qu’il s’adresse, et il lui dit qu’il vient de parcourir, 
avec une escorte de 15 hommes, tout le pays, sans être 
attaqué. Mais, toujours en garde contre les désordres qui 
pouvaient avoir lieu du côté des troupes, il rendait un 
oilicier du canton de la Suze responsable de quelques 
objets qui avaient été enlevés par les hommes de sa 
troupe aux fermiers du Grand-lkauchène, lui imposant 
personnellement le remboursement de leur valeur en 
même temps qu’une punition sévère. 

Watrin, signalant, à la date du 18, la soumission de 
400 chouans du district de Sablé et d’autres du district 
de Sillé, disait au général Dumesny que les chefs de ces 
rebelles n’étaient outres que des paysans sans moyens et 
sans connaissances. 

« J'assure maintenant toutes les routes et les com- 
« mumcations du département, en plaçant des ean- 
« lonnements à Coulons, Brains, Chassillé, Joué et 
« Saint-Denis-d'Orques. J’écris au général Chabot pour 
« qu’il en place à Torcé et le long de la route jusqu’à 
« Laval. » 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 493 

Revenant à son général en chef, il disait à 
Hoche : 

« 

« J’ai fait rentrer tous les réfugiés dans les communes 
« où je place des cantonnements. Cette classe d’hommes 
« est ici la même que dans la Vendée, ne respirant que 
« le sang et ne brûlant que du désir d’assouvir leurs 
« haines particulières. Je vais, sous peu, les faire tous 
« rentrer. J’arrangerai cela avec le département, et je 
« rendrai les communes responsables du moindre mal 
« qui leur serait fait ; comme eux, de leur côté, le seront 
« des mauvais traitements qu’ils pourraient faire éprou- 
ve ver aux chouans qui se sont rendus. Laisserai-je ces 
« réfugiés avec leurs armes? Ce point est bien délicat, 
« vous le savez, mon brave général, et j’attends votre 
« décision pour agir. En attendant, les réfugiés, dans les 
« communes desquels il y a des cantonnements, garde- 
« ront leurs armes et seront bien tenus en bride. Mais je 
« ne crois pas du tout prudent de les laisser armés dans 
« les communes qui ne le sont pas et qui n’auront pas 
« de troupes. Cette mesure les fera sans doute crier 
« à la trahison , et ils seront soutenus par des hommes 
« tels que le chef de brigade Vincent y qui vient, avec 
« toute sa clique et le représentant Dugué-d’ Assé, de 
« me dénoncer comme chouan , au Directoire exécutif, 

« pour avoir pardonné à Guillemet Il y a encore 

« beaucoup à faire pour ramener et concilier les 
« esprits. 

« Agréez, je vous prie, mon brave général, l’assurance 
« de ma sincère reconnaissance. Je regarde mon sort 
« comme lié au vôtre, et soyez assuré que je n’épar- 


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494 GUERRES DE LA VENDÉE. 

« gnerai rien pour vous et l’affermissement de la Répu- 
« blique. 

« Salut et respect. 

« F. Watrin (1). » 

A peu de jours de là, s’entretenant de la situation géné- 
rale du pays avec le commissaire du district de Sablé, il 
lui disait que « presque tous les chouans étaient rentrés 
« avec leurs armes ; qu’il venait de s’en rendre encore 
« cinquante à Malicorne, et qu’il ne restait plus que 
« quelques brigands et quelques mauvais sujets qu’on 
« poursuivait sans relâche. L’esprit public est singulière- 
« ment changé. Dans les campagnes , la gaîté renaît 
« parmi ces pauvres habitants, et on voit bien qu’ils 
« étaient comprimés. Je vous assure qu’avec de bonnes 
« administrations civiles, le patriotisme deviendra plus 
« ardent que jamais. Mais, prenons bien garde de nous 
« endormir sur nos succès et de perdre le fruit de nos 
« travaux. Il nous reste encore beaucoup à faire pour 
« concilier les esprits et opérer le désarmement gé- 
« néral. 

« Dans tout le pays on passe avec quatre 

« hommes, mais il faut que les citoyens eux-mêmes 
« surveillent et dénoncent les ennemis du gouverne- 
« ment (2). » 

Du reste, comme cela arrive à la suite de toutes les 
guerres civiles, si quelques mauvais sujets appartenant 
au parti des rebelles, comme le disait Watrin, conti- 
nuaient à parcourir les campagnes et à y exercer des 

(t) Lettre du 19 prairial à Hoche. 

(2) Lettre du 21 prairial an IV. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 495 

sévices, je vois, par une lettre du général, datée du 23 
prairial, et adressée aux commandants des districts de 
Sablé et de Sillé, que cette région et les environs de la 
Flèche se trouvaient menacés par la présence des hommes 
d’unecempagnie franche du département de la Mayenne, 
qui avaient abandonné leurs officiers et se répandaient 
armés dans les bois. 

Dans le canton de Vallon, on signalait en même temps 
des déprédations considérables qui s’exercaient dans les 
bois des particuliers et dans les forêts de l’état, où les 
habitants opéraient des coupes ruineuses et illégales. 

La continuation de la guerre cessant, d’ailleurs, d'être 
possible pour les chouans, les sots propos et les sourdes 
menées prirent bientôt leur cours et ne manquèrent pas 
de s’emparer des esprits faibles et malveillants. Une fois, 
c’était le curé d’une paroisse voisine de Beaumont, nommé 
Mortzon, qui, s’entendant avec un rebelle du nom de 
Sans-Peur, ameutpit une foule considérable au bruit d’un 
prétendu miracle opéré en faveur d’un malheureux que le 
prêtre aurait ressuscité ; et une autre fois, c’était un faux 
bruit, d’après lequel tous les rebelles qui avaient remis 
leurs armes allaient être repris et mis à mort, ou bien 
c’étaient des prophéties auxquelles se livrait une maî- 
tresse d'école de Beaumont même (1). 

Les dernières mesures prises par Watrin pour assurer 
la pacification du département de la Sarthe, consistèrent 
donc à multiplier les petits cantonnements et les postes 
propres à rendre les routes complètement libres. Il recom- 
manda, d’un autre côté, la plus stricte discipline et donna 

(1) Lettres du 26 prairial au général Dumesny et à la muni- 
cipalité du Mans ; — du 29 an commandant de Beaumont. 


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496 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


l’ordre à tous les chefs de cantonnements, de contraindre 
les habitants, même les plus dévoués aux principes du 
gouvernement républicain , à déposer leurs armes aux 
mairies respectives de leurs communes, sauf à les y re- 
prendre en cas d’alerte. 

De ce momentil ne resta plus rien à faire dans le dépar- 
tement de la Sarthe, et j’en trouve la preuve dans la lettre 
suivante, adressée au Directoire du département, sous la 
date du 14 messidor, an IV. 

« Citoyens administrateurs, 

« Appelé par des ordres supérieurs à une nouvelle 
« destination, je laisse au général Gratien, qui a com- 
« mandé dans la Vendée, le commandement des trou- 
« pes stationnées dans ce département. Vous trouverez 
« dans mon successeur un général ami de l’ordre, des 
« lois et de l’humanité. 

« En vous quittant, citoyens Directeurs, j’emporte avec 
« moi le regret de ne plus pouvoir contribuer avec vous, 
« d’une manière aussi particulière, au bien de votre pays. 
« Mais la paix et la tranquillité qui y régnent, le doux 
« espoir de voir tous les esprits réunis et ralliés autour 
« du gouvernement républicain, la certitude que j’ai que 
« vous consoliderez de plus en plus cette tendre harmonie- 
« me console et me présage un avenir très heureux pour 
« vos concitoyens. 

« Continuez à déployer contre les ennemis du gouver- 
« nement le même zèle et la même activité que vous avez 
« montrés jusqu’à ce jour. Déjouez les complots des 
« malveillants et des royalistes. Tout ce qui concerne 
« votre pays m’est et me sera toujours cher, et j’appren- 
<c drai avec un nouveau plaisir que la paix et l’amour de 
« la république y seront inaltérables. 


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CORRESPONDANCE DE F. WATR1N. 


497 


« Agréez, je vous prie, l’assurance sincère de mon 
« estime et de mon fidèle attachement, pour vous et tous 
« les habitants de ce département. 

« Salut et fraternité. 

/ « F. Watrin. » 

A cette date, cependant, l’Orne ne paraissait pas entiè- 
rement pacifié, et M. de Frotté, qui y commandait les 
rebelles, y tint encore la campagne pendant quelque 
temps. 

Mais nous n’avons pas à y suivre Watrin et nous refer- 
mons ici les deux précieux registres que le jeune général , 
ami de Hoche et son lieutenant, nous a laissés sur les 
guerres de la Vendée. 

Une curiosité bien naturelle, nous a fait plusieurs 
fois demander à la personne à l’obligeance dé laquelle 
nous avons dû la communication des registres où nous 
avons puisé tous les extraits contenus dans cette notice, 
si Watrin n’aurait pas laissé d’autres correspondances 
sur les événements auxquels il prit part dans la suite 
de sa carrière. On pense qu’il n’en a pas laissé, ou 
du moins, sa famille n’en a jamais entendu parler. On 
ne saurait trop regretter cette lacune, car ses états de 
services le présentent comme ayant fait la première cam- 
pagne de Saint-Domingue, en 1796 et 1797, et comme 
ayant commandé une brigade d’avant-garde au passage 
du Saint-Bernard, en 1800. Un peu plus tard, il assistait 
à la bataille de Marengo, où il obtint un sabre d’honneur 
à la tête de la division qu'il commandait. 

Pourquoi faut-il qu’à si peu de temps de là on le voie 
terminer sa carrière à Saint-Domingue, où il était re- 
tourné, en 1802. 


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498 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


Commë Hoche, comme Marceau, comme Desaix et 
tant d’autres, ce vaillant soldat, déjà arrivé aux grades les 
plus élevés du commandement, succombait ainsi dans le 
plein développement de son talent et de sa force. Tombé 
à trente ans, on peut justement regretter que le pays ait 
perdu de si bonne heure les services que son expérience 
semblait promettre. 

Voulant entrer, autant qu’il m’était possible, dans la 
connaissance des circonstances qui avaient au moins 
préparé les heureuses dispositions de ce beau et 'grand 
caractère, j’ai essayé de savoir quelles avaient pu être 
ses premières années et le milieu dans lequel il avait été 
élevé. Mais, sur ce point, je n’ai pu apprendre que fort 
peu de choses. Beauvais, sa ville natale, se rappelle à 
peine qu’il fut un de ses enfants. On n’est pas bien sûr 
qu’il y ait encore des parents, et les seuls renseignements 
certains que nous avons pu nous procurer, sont ceux que 
nous ont fourni les registres de la paroisse de la Basse- 
Œuvre, qui faisait partie de la ville de Beauvais. 

D’après ces registres, et conformément aux actes produits 
par Watrin pour ses étals de services, le général François 
Watrin, né le 29 janvier 1772, était le cinquième enfant 
de Jérôme Watrin et de Reine-Félicité Larcher. Son père, 
désigné dans les actes de l’état-civil comme marchand 
brodeur sur or, se trouvait être juge-consul de la ville de 
Beauvais, en 1770. On voit par plusieurs actes de nais- 
sances, de mariages ou de décès, que la famille Watrin, 
qui souvent signa Vuatrin ou même Vaterin, aurait appar- 
tenu, pendant plus de deux siècles, à l’industrie et au 
commerce de la ville de Beauvais. Ses alliances furent des 
plus honorables, et on trouve mentionnés dans les actes 
de l’église, comme dans les études des notaires, outre un 


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CORRESPONDANCE DE F. WATRIN. 499 

certain nombre d’échevins et de juges-consuls, plusieurs 
ecclésiastiques de la famille, dont l’un, Nicolas Vuatrin, 
chanoine de la collégiale de Saint-Rémy, et curé de Saint- 
Sauveur, fut le parrain d’une sœur du général. 

On peut juger, d’après ces détails, dans quel milieu se 
trouva Watrin, et quels principes, quelle éducation il dut 
recevoir dans le sein de sa famille. Mais où et dans quel 
établissement reçut-il l’instruction littéraire dont il se 
trouva très convenablement pourvu ? Nous n’avons pu le 
savoir et nous sommes autorisés à penser que son père 
dut quitter Beauvais vers 1 780, pour se fixer à Paris, où le 
jeune François et un plus jeune frère, sixième enfant de 
la maison, auraient complété leur “instruction. D’après 
les recherches qui ont été faites à Beauvais sur les con- 
trôles de la levée des volontaires des premières années de 
la Révolution, nous devons également penser que ce fut 
de Paris que ces deux jeunes gens partirent pour rejoin- 
dre les troupes qui se portèrent, en 92, à la frontière 
du nord. Quoi qu’il en soit du nouveau séjour de F. Wa- 
trin à Paris, toujours est-il que les traditions et les prin- 
cipes de sa famille lui restèrent constamment présents à 
l’esprit, etquec’està leur salutaire influence qu’il dut de 
se trouver naturellement enclin à lutter si énergiquement 
contre les terroristes, qu’il déclarait ouvertement ne pas 
aimer, et qu’il sut arrêter si résolùment dans leurs 
entreprises. 

Nous le redisons : Cette jeune et belle figure nous a 
paru, dès que nous avons pu en apercevoir quelques traits, 
mériter, à tous égards, d’être arrachée à l’oubli dans lequel 
elle est restée trop longtemps. Pour nous, cet essai de réha- 
bilitation s’est presque présenté à notre esprit comme un 
devoir, et les études répétées que nous avons eu l’occasion 


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500 


GUERRES DE LA VENDÉE. 


de faire sur les guerres de la Vendée et de l’Ouest, nous 
ont entraîné, avec une délicieuse satisfaction, vers l’occa- 
sion nouvelle d’opposer à tant de crimes et de désastres 
un nom rappelant, avec celui de Hoche, tant de vertus et 
de loyale générosité. 

Nous terminerons cette notice par une dernière remar- 
que ; C’est que Watrin, comme Hoche,- tous deux zélés 
républicains et pacificateurs éclairés de la Vendée et delà 
Sarthe, puisèrent les principes qu’ils appliquèrent à cette 
œuvre dans l’éducation qu’ils reçurent, l’un chez un 
curé, son oncle, l’autre dans le sein d’une famille qui 
a fourni plusieurs titulaires aux chapitres de Beauvais. 
C’est ainsi, qu’à tout prendre, on retrouve dans ces deux 
jeunes hommes, placés alors à la tête de l’armée, l’expres- 
sion la plus vive et la plus élevée de ce qui fortifia et 
grandit un instant le caractère de notre nation. 

En résumé, la correspondance de ces deux jeunes géné- 
raux, en exprimant, de la manière la plus complète, les 
nobles sentiments qui les animèrent, restera pour l’his- 
toire une nouvelle preuve de ce que l’ordre et la discipline 
peuvent toujours. Elle démontre, une fois de plus, que si 
c’est à l’armée que la France dut les agrandissements 
qu’elle obtint à la fin du dernier siècle, ce fut aussi et 
surtout à l’esprit de ses soldats, à la pratique du comman- 
dement comme de la règle qu’elledut son retour marqué 
au travail et à l’apaisement des passions. Le bon exem- 
ple de l’armée se trouve ainsi la garantie la plus assurée 
de l’avenir du pays. 


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UN ÉPISODE 

DE L’HISTOIRE DE L’AUXERROIS AU XV e SIÈCLE 

(W4-M77) 

Par M. Quantîn. 


Séance générale du 28 mai 1874. 


II y a dans les coins reculés de l’Histoire certains faits 
peu connus qu’on exhume de temps en temps, et qui, 
sans donner aux événements généraux une nouvelle 
physionomie, sans changer l’ensemble des choses, four- 
nissent cependant aux amateurs de curiosités locales 
des éléments d’études particulières qui ne sont pas sans 
intérêt. 

Notre vieux Comté d’Auxerre a son historien, sans 
doute, auquel il faudra toujours recourir dans la plupart 
des cas ; cependant, malgré son ardeur et ses recherches, 
l’abbé Lebeuf n’a pas pu se faire ouvrir toutes les ar- 
chives, celles de la Chambre des Comptes de Bourgogne, 
notamment, lui sont restées inconnues. Il n’a pas pu, 
par cela même, donner à ses récits du xiv° et du xv* 


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102 


UN ÉPISODE DE L’HISTOIRE 

siècles toute l’ampleur, tout le complet qu’on doit ren- 
contrer dans une histoire locale, bien qu’à l’aide des 
comptes de la ville il ait souvent comblé cette lacune. 
Cependant, quel intérêt ces temps si troublés n’offrent-ils 
pas à l’observation des historiens ! Comme on prend sur 
le fait la nature humaine, comme les textes originaux, 
écrits sans parti pris, révèlent naïvement l’esprit des 
hommes qui sont en scène! Je n’ai pas la prétention de 
traiter ici de l’histoire tout entière de ces siècles, cela 
m’entraînerait trop loin. Je veux seulement esquisser 
devant vous le récit d’un épisode de la grande lutte qui 
s’éleva, après la seconde moitié du xv e siècle, entre 
notre dernier duc Charles-le-Téméraire et son adver- 
saire et son suzerain, le cauteleux roi Louis XI. Je cir- 
conscrirai mon récit à notre comté d’Auxerre et aux 
trois dernières années du règne du duc, de 1474 à 1477. 

Charles-le-Téméraire, celui qu’on appelait le grand 
duc d’ Occident, l’héritier de la deuxième maison de 
Bourgogne, avait recueilli de son père de nombreuses 
possessions qu’il avait lui-même accrues, et il étendait 
sa domination de la Bourgogne à la mer du Nord, et 
menaçait ainsi la France par sa puissance militaire et 
son humeur ambitieuse. Son rêve était de reconstituer 
un royaume de la Gaule-Belgique, et en acquérant les 
états de Réné II, roi de Provence ; il aurait ainsi rétabli 
ce qu’on appelait la part de Lothaire, dans l’empire de 
Charlemagne. 

La grandeur et la prospérité auxquelles les ducs de 
Bourgogne de la maison de France avaient élevé notre 
pays sont à peine croyables aujourd’hui, et les récits 
dramatiques qu’a faits de l’histoire de ces princes M. de 


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DE l’aUXERROIS AU XV e SIÈCLE. 503 

Barante, n'ont rien d'exagéré. Ils étaient aussi très- 
populaires, et, par leur genre de vie, ils s'étaient attiré 
l'affection de leurs vassaux (I). Ils passaient les temps de 
paix dans leurs nombreux châteaux, allant successive- 
ment consommer sur place les produits des domaines, 
bien conservés par leurs châtelains. Ils vivaient fami- 
lièrement au milieu de leurs vassaux, jouaient même 
avec eux aux tarots. 

Ceux-ci les voyant ainsi chaque jour, et en étant bien 
traités, avaient conçu pour eux une affection véritable. 
La grandeur de la cour des derniers ducs Philippe- le- 
Bon et Charles avait surtout frappé leurs sujets d’admi- 
ration, et leur souvenir s'est perpétué jusqu'au commen- 
cement de ce siècle dans les contrées de la haute Bour- 
gogne ; et ce n'était pas sans émotion patriotique que 

(1) Nous citerons, à l’appui de cette appréciation, l’anecdote 
que voici : 

En 1476, la femme de messire Pierre Gontier, licencié en lois 
et bachelier en décrets, procureur-général du duc Charles en 
son comté d’Auxerre, était sur le point d’accoucher. Le duc, qui 
prisait sans doute beaucoup son mari, voulut faire une chose 
qui leur fût agréable. Il prescrivit à son bailli Jean Régnier 
d’être son eprésehtantau baptême de l’enfant qui allait naître 
et de lui donner son nom. Eu conséquence, le 12 octobre, 
Jean Régnier, accompagné d’Aubert, fils de M. de Jaucourt, 
gouverneur de l’Auxerrois, et de Demoiselle Laurence Trouvé, 
femme de M° Jean Delaporte, licencié en lois, tinrent l’enfant 
« sur les Saints-Fonts. » 

Le duc, qui faisait bien les choses, fit donner, en présent à 
Madame Gontier, quatre tasses d’argent du poids de 4 marcs, 
ce qui représente, suivant le compte, la somme importante de 
36 livres tournois ou aujourd’hui celle de 1,000 fr. 


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504 UN ÉPISODE DE L’HISTOIRE 

dans mon enfance j’entendais encore parler de nos vieux 
ducs ? glorieux représentants de l’autonomie bourgui- 
gnonne. 

Mais revenons au sujet de ce récit. 

Après mille et une péripéties entre Louis XI et 
Gharles-le-Téméraire, dans le cours de leur règne res- 
pectif, après trois et quatre guerres suivies de succès 
et de revers réciproques, les deux adversaires en étaient 
arrivés, en 1474, à un état d’antagonisme absolu : il 
fallait que l’un des deux succombât et disparût. Mais 
l’un, par sa fougue et sa passion sans mesure, était bien 
plus exposé à la ruine que l’autre, qui, prudent et 
observateur, ne donnait rien au hasard. 

Au milieu de ces grands mouvements de guerre, il 
faut voir comment les officiers du duc de Bourgogne à 
Auxerre se remuaient pour le service de leur maître. 
Les comptes où nous puisons ce récit, écrits par les 
agents bourguignons sont nécessairement empreints de 
partialité. On y parle des Français comme d’ennemis, 
et, en effet, sur les frontières les escarmouches des 
troupes des deux partis étaient fréquentes. C’était un 
état permanent d’antagonisme et d’inquiétude. 

Chaque jour de ces trois années fut marqué par quel- 
que événement menaçant pour la sécurité du pays au- 
xerrois. Pendant que le duc Charles se précipitait dans 
des entreprises aventureuses et lointaines, comme son 
expédition sur le Rhin, ses officiers auxerrois, exposés 
aux coups des capitaines royaux, redoublaient d’efforts 
pour déjouer les plans de Louis XI. 

C’était tantôt en envoyant des femmes dans les villes 
et les villages frontières pour savoir où étaient les 


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DE l’aUXERROIS AO XV e SIÈCLE. 


505 


Français, tantôt en réclamant avec instance du Maréchal 
de Bourgogne des secours qu’il ne pouvait envoyer. Et 
cependant, Auxerre était la place avancée de la Bour- 
gogne du côté de la France, il fallait la prémunir contre 
un coup de main. 

Le récit des événements qui ont affecté le pays de 
1474 à 1476 est palpitant d’intérêt local. Nous allons en 
résumer les principaux traits. 

Enl474, Tristan de Toulongeon, gouverneur d’Auxerre 
et capitaine-général de T Auxerrois, redoutant, d’un côté, 
les attaques des Français qui occupaient le Nivernais, et 
de l’autre, le comte de Dammartin, maître et seigneur 
de Saint-Fargeau, envoya P. Lucas au maréchal de 
Bourgogne, qui était à Semur, pour l’aviser du danger 
et le prier, si Voutenay n’était pas tenable, « de bouter 
le feu dedans (1) ». Plus tard, il envoie auprès du maré- 
chal, à Dijon, réclamer cent lances ou au moins cin- 
quante « pour obvier aux gens du roy qui menacent 
d’envahir Auxerre. » La présence du comte de Dam- 
martin à Saint-Fargeau paraît toujours peu rassurante 
à Toulongeon, qui ajoute que celui-ci annonce qu’il va 
venir à Auxerre demander obéissance au roi. Il insiste 
pour obtenir ses cinquante lances qui devaient servir, 
en outre, à protéger l’arrivage à Auxerre des blés réunis 
à. Avalion. 

Alors les capitaines de Cravan, de Mailly-Château et 
d’Arcy, les premiers exposés à une attaque venant du 
Nivernais, réclament de la poudre à canon. On leur en 

(1) B. 2S80. Archives de là Côte-d’Or. 

Sc. hist. ' 33 


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506 UN ÉPISODE DÉ L’HISTOIRE 

envoie, mais en peti te quantité. Ils se fortifient àl’envi, 
ferment toutes les ouvertures inutiles et font le guet 
jour et nuit. 

Les craintes étaient d’ailleurs bien légitimes, car le 
capitaine et les habitants de Vézelay avaient fait des 
courses dans le comté d’Auxerre, sur Coulange-sur- 
Yonne, Vermanton et autres lieux, et avaient enlevé 
des paysans et des bestiaux; et lorsqu’on vint les 
réclamer, ils n’en tinrent aucun compte. Bien plus ! ils 
déclarèrent qu’ils arrêteraient les gens du comté qui 
passeraient sur leur territoire. (B. 2580). Il n’y avait 
plus de sécurité nulle part : Saint-Bris même, aux portes 
d’Auxerre, était menacé. 

Pierre Lucas, poursuivant d’armes du gouverneur, 
continue, à plusieurs reprises, en 1475, d’aller réclamer 
à A vallon et à Dijon auprès du maréchal, la compagnie 
demandée pour Auxerre; mais c’est sans résultat. Enfin, 
au mois de juin, étant à Semur, il trouva M. de Villar- 
noul, qui lui conseilla d’aller inviter Charles de la Viel- 
ville à venir à Auxerre: il y réussit, et amena de Semur 
le capitaine et sa compagnie. (B. 2580). 

On emploie alors un grand nombre de femmes à des 
missions secrètes. Guiotte est envoyée du côté d’Eglény 
pour savoir où les Français faisaient leurs monstres 
(revues de troupes). Elle rapporte que c’était près de 
Gien. (B. 2580). 

Deux femmes vont à Chablis pour s’assurer si les 
garnisons du roi et du sieur de Charenton y étaient. 
Elles reviennent et rapportent qu’on les y attendait. 

Deux autres femmes sont envoyées à Régennes et dans 
la vallée d’ Aillant pour savoir si le comte de Dammartin 


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DR L*AOXBRROIS AD XV* SIÈCLE. $07 

y était arrivé. Elles n’y trouvent que les francs-archers 
du pays, sorte de garde bourgeoise armée d’arcs et 
exercée de manière à être levée à la première réquisi- 
tion. D’autres femmes vont à Toucy et n’y trouvent 
également que les francs-archers. 

Mais on se servait surtout d’un messager secret, 
nommé Jacques Desloge. On lui confie de sérieuses 
missions, sans crainte qu’il soit exposé à des dangers, 
étant protégé par son caractère de prêtre. 

Le gouverneur de Champagne, le seigneur de Charen- 
ton, avait invité les habitants de Vermanton et de Chi- 
try à lui envoyer « quatre hommes des plus gens de 
bien, à Chablis » afin de traiter avec eux pour racheter 
ces places de la razzia dont il les menaçait. Les habi- 
tants s’en étaient bien gardés, mais ils en avaient infor- 
mé le gouverneur d’Auxerre qui en fit rapport en toute 
hâte à Dijon par Desloge. 

En 1475, Jacques Desloge est envoyé à Paris et dans 
d’autres lieux dé France « pour estre acertené des rap- 
ports faulx et sinistres langaiges que les ennemis se- 
moyent sur la personne de monseigneur le duc, et aussi 
sur monseigneur de Romont. » Il revient et fait rapport 
au gouverneur d’Auxerre, (c’était alors M.'deVillarnoul, 
J. de Toulongeon étant mort à Lauzanne vers le mois 
de mars 1475), qui avait réuni son conseil où étaient 
son lieutenant, Jean Thiard, seigneur du Mont, Jean 
Régnier, écuyer, bailli, le fils du célèbre bailli et poète, 
Biaise Tribolé, avocat et conseiller du duc, Pierre 
Gonthier, procureur. Jacques Desloge leur rapporte que 
le roi était à Beauvais, où il rassemblait une grosse 
armée pour marcher sur Abbeville et pour résister à la 


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508 


UN ÉPISODE DE L’HISTOIRE 


descente des Anglais qui menaçaient les côtes de la 
Normandie. Il avait vu aussi « bouter en la bastille 
Saint-Anthoine messire Jacques de Luxembourg qui 
avait été pris près d’Arras, et que Sallazard y avoit 
été tué. » Il raconte ensuite que le bruit courait dans les 
pays d’où il venait que le duc avait levé le siège de 
Nuss et avait fait sa paix avec l’empereur, ce qui avait 
produit un fâcheux effet sur les esprits. 

Ce voyage était du mois de juin 1475, puisque la 
la levée du siège de Nuss avait eu lieu le 17 de ce 
même mois. 

Ce siège de Nuss par le duc Charles, eut une grande- 
importance dans la suite de sa vie, et l’insuccès qu’il y 
éprouva précipita pour ainsi dire la crise finale. -Il avait 
voulu intervenir dans le maintien de Robert de Bavière, 
élu canoniquement archevêque de Cologne, contre Her- 
man de Hcsse-Cassel, soutenu par l’empereur; et malgré 
les représentations de ce prince, il marcha contre Herman 
et assiégea Nuss à la tête d’une grande armée qui fut 
décimée par les maladies et la mort. Ce siège, qui dura 
depuis le 5 août 1474 au 17 juin 1475, occupa beaucoup 

les esprits en Bourgogne comme à la cour de France et 
en Allemagne. 

Les officiers du duc et les habitants d’Auxerre avaient 
envoyé à Charles-le-Tcméraire un messager pour lui 
demander « de les avoir toujours en sa bonne recom- 
mandation.- » Le duc leur répondit de Nuss qu’il était 
fort content d’eux, et que s’ils avaient quelque difficulté 
dans leurs affaires, ils s’adressassent à son conseil à 
Dijon. Le pauvre messager, nommé Mignard, cordonnier 
à Auxerre, avait, dans ce long voyage, couru de grands 


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de l’auxbrrois AU XV e SIÈCLE. 509 

dangers pour sauver les lettres du duc, et il avait même 
été rançonné en Lorraine. Aussi, en récompense, le 
bailli lui fit donner 60 sous, outre le prix de son 
voyage (1). 

Mais la nouvelle de la funeste issue du siège de Nuss 
s’était répandue en Bourgogne. Les gens du conseil à 
Dijon en écrivent aux habitants d’Avallon et d’Auxerre. 
Ils y racontent l’appointement fait par le duc avec l’em- 
pereur. Le bailli de Noyers, de son côté, envoie copie 
de plusieurs lettres écrites par le duc à monsieur du 
Fay (?) sur cet appointement et sur les deux entrevues 
qu’il avait eues avec l’empereur. 

Alors le conseil d’Auxerre fait porter copie de ces 
lettres par toutes les villes et places du comté « afin de 
les consoler. » 

Mais la fin de l’année 147a et l’année 1476 voient les 
inquiétudes s'accroître. Le bruit se répand daus le 
comté que des espions, tant à pied qu’à cheval, par- 
courent les chemins et cherchent à connaître le fort et 
le faible des places. On dit que ce sont des Lorrains. 

Le gouverneur envoie des sergents dans tout le comté 
avertir les habitants de se tenir sur leurs gardes et de 
surveiller ces espions. 

Les trêves avec le roi, prorogées d’année en aunée, 
étaient mal observées. Les Français prétendaient même 
qu’elles étaient rompues depuis le mois de mai 1475. 
Le bailli d’Auxerre envoie des sergents dans les places 
fortes de Saint-Bris, Chilry, Cravan, Vermanton et 
Arcy, recommander aux habitants de faire guet et garde 

(1) B. 2580. 


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5f0 UN ÉP1S0DB DE L’HISTOIttE 

jour et nuit, comme durant la guerre, tant on redoutait 
une attaque des Français qui entouraient le comté (1). 

C’est alors que le duc, qui avait renouvelé la trêve 
avec Louis XI (13 septembre), ordonna la levée de tous 
ses vassaux pour grossir l’armée qu’il destinait à la 
conquête de la Lorraine. Le gouverneur d’Auxerre en- 
voie, en conséquence, Jean Bourdin, sergent du duc, 
dans toutes les villes et places du comté « cryer et pu- 
blier que tous nobles féaulx, vassaulx, francs-archiers 
et autres spbjects de Monseigneur, qui tenuz y sont et 
ont acoustumé de servir les armes, incontinent et sans 
délai allassent à la plus grande diligence possible devers 
Monseigneur le duc pour le servir à l’entour de Nozeray, 
sous peine d’être mis à leur dernier supplice. » (B. 
2581). 

A Auxerre, le duc demanda ensuite à ses fidèles vas- 
saux d’invoquer le ciel en sa faveur « et de faire pro- 
cessions, prières et dévotes oroisonâ pour lui. » 

On fit, sur la fin de l’été, des prières publiques et l’on 
porta en procession les reliques de l’évêque saint Vigile 
qui ne sortaient de l’église de Notre-Dame-la-d’Hors que 
dans les circonstances solennelles. 

Jacques Desloge fait un dernier voyage à travers les 
ennemis et va rejoindre le duc Charles qui assiégeait 
Nancy, au mois d’octobre 1475. Il lui portait des lettres 
du Gouverneur d’Auxerre, relatant que « journellement 
un grand nombre de gens de guerre de l’ordonnance 
du roy passoient près de la comté d’Auxerre et tiroient 
en Champagne et de là en Lorraine. » Le duc répondit 

(1) B. 2581. 


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DE l’aUXERROIS, AU XV e SIÈCLE. 5U 

être, coûtent, de L’avertissement et paya généreusement 
le messager. (B. 2581.) 

Bientôt la Lorraine est conquise et Nancy capitule 
(29 novembre 1475). 

C’est ici que se place un épisode particulièrement in- 
téressant pour notre histoire locale, et qui rappelle 
l’entrevue du pont de Montereau entre Charles VII et 
Jean-sans-Peur, en 1419. 

Louis XI, confiant dans sa finesse, recherchait depuis 
longtemps le moyen de s’aboucher avec le duc Charles, 
afin de l’amener à ses fins. Il redoutait toujours sa puis- 
sance et craignait qu’il ne s’unît encore aux Anglais et 
ne lui créât des difficultés sérieuses dans le Nord. 

LeS historiens ont parle incidemment d’un projet 
d’entrevue entre les deux souverains, mais sans aucun 
détail. D. Plauclier dit que le roi proposa de la faire à 
Auxerre (1), mais qu’il n’y eut pas moyen de fléchir le 
duc. Lebeuf croit que cette conférence n’eut pas lieu à 
cause des maladies contagieuses qui régnaient dans le 
pays (2). 

Les comptes du domaine ducal nous renseigneront 
bien davantage et minutieusement sur cette entrevue 
qui aurait pu avoir une si grande influence sur les évé- 
nements généraux si elle avait réussi. En voici le 
résumé. 

Sur la fin de l’an 1475, Louis XI fil proposer au duc 
Charles d’ouvrir une conférence entre eux, à Auxerre, 
pour arriver à une paix finale. 

fl) El Planches, IV, 448. 

(3) L*beitf, t. II, 330. 


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512 UN ÉPISODE DE L’HISTOIRE 

Le duc adressa, en conséquence, au gouverneur de 
cette ville des lettres signées de sa main, portant 
qu’aussitôt que les gens du roi seraient arrivés en quel- 
que lieu, près d’Auxerre ou de Joigny, il eût à faire 
rechercher un endroit convenable pour tenir la confé- 
rence projetée entre le roi et lui. Le gouverneur, M. de 
Villarnoul, le bailli, Jean Thyard, et les autres offi- 
ciers furent bien embarassés, car, disaient-ils, « la ma- 
tière est fort pesante et moult difficile à y besongner 
seurement pour la préservation et seureté de la personne 
de monseigneur. » Ils avaient présente à l’esprit l’issue 
funeste de la conférence de Montereau, et étaient remplis 
de défiance à l’endroit du roi. Ils trouvaient que le lieu 
de l’assemblée serait dangereux sur l’Yonne. 

Dans cette incertitude, il fut décidé d’envoyer recon- 
naître sur la rivière tous les gués et lieux dangereux, 
tous les villages et bois qui étaient sur les bords de 
l’Yonne, entre les deux villes d’Auxerre et de Joigny. 
Humbert Michel, peintre à Auxerre, fut chargé de cette 
mission, et, conduit dans une nacelle, il fit le relevé 
exact de tout ce qui pouvait être signalé utilement. 
Il fit une suite de dessins peints sur sept ou huit 
feuilles de papier que le compte appelle une plate forme, 
et qui furent envoyés au duc pour les examiner et en 
donner son avis. 

Quelque temps après ce premier travail, au mois de 
septembre 1 4 76, les officiers du duc chargèrent un sieur 
Jean Delahaye d'étudier un projet d’établissement de 
pont sur un lieu entre Auxerre et Joigny. Cet artiste 
inconnu que M. de Villarnoul trouva « fort expérimenté 
en plusieurs sciences, » se faisait fort d’établir un pont 


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DE L’AUXERROIS AD XV e SIÈCLE. 513 

sur la rivière d’Yonne, dans l’emplacement qui lui serait 
indiqué. Le gouverneur l’envoya au duc en Lorraine, 
portant avec soi, « les plates formes en peinture qu’il 
avoit de soy compilées. » Il revient le 6 octobre, après 
un voyage d’un mois, et reçoit six livres pour ses frais. 

Mais l’affaire traînait en longueur. Jean Midy, che- 
vaucheur de l’écurie du duc, résidant. à Auxerre, fut 
envoyé au duc Charles, à sou camp de Rivière, en Lor- 
raine (?) pour lui parler du projet d’assemblée entre le 
roi et lui, et pour savoir s’il avait fixé le lieu où elle 
devrait se tenir. Le même messager fut envoyé deux 
autres fois auprès du duc pour recevoir ses ordres sur 
la fixation du jour et du lieu de la conférence, afin qu’on 
pût préparer ses logements à Auxerre. Et l’on prenait 
tellement le projet au sérieux que le gouverneur 
d’Auxerre avait envoyé Jean Midy dans les villes 
de Bourgogne les plus voisines, telles que Noyers, 
Semur, Montréal, l’Isle, Avallon, pour faire réunir des 
vivres, des blés, de l’avoine et des chariots, pour trans- 
porter ces approvisionnements à Auxerre aussitôt l’ar- 
rivée du duc dans cette ville. Midy alla ensuite à Dijon 
auprès de Messieurs du Conseil afin de les prier d’écrire 
aux baillis d’Auxois, de Noyers, et « de contraindre les 
marchands de mener vivres audit pays. » (B. 2581). 

Cependant, M. de Lude, gouverneur du Dauphiné, 
s’était rendu à Joigny par ordre du roi « pour veoir et 
visiter le lieu plus convenable sur la rivière d’Yonne 
pour l’assemblée du roy et de monseigneur le duc, les- 
quelz se dévoient trouver ensemble sur ladite rivière. » 
On décida, à Auxerre, d’envoyer auprès de lui le bailli 
Jean Thyard avec deux cavaliers, qui partirent le 13 


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qN ÇPISQDg DB, q’qiSTOH\E 

septembre. Thyard était chargé d’annoncer àM> de Lude 
que M. de Cléry, gouverneur du Mâconnais, qui devait 
représenter le duc, n’était pas encore arrivé, et de l’ex- 
cuser. Un deuxième voyage eut lieu pour le même objet 
quelques jours après. 

Enfin, après de nouvelles allées et venues du bailli, 
M. de Cléry, étant arrivé à Auxerre, lit annoncer à 
M. de Lude que le mardi (26?) septembre il se ren- 
drait auprès de lui pour faire la visite projetée. 

M. de Lude fit répondre « que si s’estoit leur plaisir 
d’aller à Joigny, il leur feroit bonne chière. » Dès le 
lendemain du, retour de Jean Thyard, on envoya en 
avant des maréchaux de logis pour préparer des loge- 
ments pour cinquante chevaux. A moitié chemin de 
Joigny, ils rencontrèrent tout-à-coup un chevaucheur 
de l’écurie du roi qui les pria de s’en retourner et de 
prier leurs maîtres de ne pqs passer outre. A cette nou- 
velle, le gouverneur et les autres officiers, fort surpris, 
délibérèrent sur la route d’envoyer à Joigny Claude 
Labbé, grenotier d’Auxerre, pour savoir de M- de 
Lude les causes de ce contre-temps. 

Celui-ci répondit que depuis le dernier voyage de 
Thyard, il était arrivé un grand nombre de gens de 
guerre qu’il était pressé de faire retirer hors de la 
frontière pour ne pas écraser le pays; que, d’autre part, 
il était obligé d’aller à Montargis auprès des capitaines 
des gens du roi qui y étaient tous assemblés. Il pro- 
mettait de ne pas être absent plus de quatre jours, et 
priait le gouverneur et sa suite de prendre patience jus- 
qu’à son retour. 

Le Conseil vit dans cette réponse quelque chose de 


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DE l’aUXESROIS AU. XV? SIÈCLE. 545 

louche eft ne voulut pas s’en contenter. On résolut alors 
de rendre compte au duc de l’état de la négociation. Le 
sieur de Cintray et Jean Midy furent chargés de porter 
les dépêches dans lesquelles on signalait les dangers que 
présentait la rivière d’Yonne « où il y avoit plus de 
de trente guetz », afin que sur tout cela il prononçât. 
Le duc était toujours en Lorraine ; les envoyés eurent 
bien de la peine à le rejoindre. En revenant, Jean 
Midy fut fait prisonnier par les Lorrains, fut détenu 
pendant six semaines et perdit son cheval, ses lettres et 
tout son argent, même le florin d’or que le duc lui 
avait donné. 

Telle fut l’issue de cette négociation manquée. On 
sent là-dessous la main de Louis XI. Ce rusé monarque, 
voyant que le duc de Bourgogne avait perdu ses armées 
dans sa campagne contre les Suisses, où, à Morat 
notamment, il avait été mis en déroute; que le duc 
de Lorraine avait reconquis son duché,, comprit que 
son ennemi allait tout droit à sa perte et qu’il n’était 
plus redoutable. Il renonça donc à son projet de 
conférence, et les officiers du duc en furent pour leurs 
soins. 

Le duc Charles, en effet, ne tarda guère à réaliser les 
prévisions de Louis XI. Établi depuis le 25 octobre 1476 
devant Nancy, dont il faisait une seconde fois le siège 
avec une faible armée, débris de celles qui avaient été 
détruites par les Suisses, il fut attaqué par le duc 
Réné, accouru à la tête de 20 mille Allemands et Suis- 
ses. La petite armée bourguignonne, décimée par les 
maladies et les fatigues, ne put résister à cette masse. 
Le duc Charles, résolu à mourir, eombattit avec un 


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UN ÉPISODE DE L’HISTOIRE 


tH6 

courage terrible, et périt ainsi que la plus grande partie 
de ses chevaliers. Ce fut le 5 janvier 1477. 

C’était la fin de la dynastie des grands duc d’Occident. 
Charles ne laissait qu’une fille, la princesse Marie, qui 
ne tarda pas à épouser Maximilien d’Autriche, et qui 
porta dans cette maison une grande partie des États de 
son père. Mais la Bourgogne, qui était un fief masculin, 
n’eut pas le même sort. Louis XI se hâta d’en prendre 
possession. Notre comté d’Auxerre, comme le reste du 
duché, fut de sa part l’objet de soins particuliers, 
comme on le verra plus loin. Dès le 15 du mois de 
janvier (le duc Charles était mort le b) et n’étant pas 
encore sûr de la nouvelle qu’il avait reçue à Soloimraes 
en Vendômois, par la voie de la poste, nouveau service 
dont on lui doit l’organisation, le roi écrivit prudem- 
ment aux gouverneurs des bonnes villles de la province 
« que se ainsi estoit que M. de Bourgogne fust mort ou 
« prins, ce que Dieu ne vueille ! en ce cas ils savent 
« bien que ledict duché est de sa couronne... par quoi 
« il les avise qu’ils ne se mettent en nulles mains autres 
« que les siennes. » (1) Mais il ne tarda pas à savoir la 
vérité, et il donna des ordres en conséquence pour 
prendre possession du duché. 

Il y eut dans cette circonstance quelques résistances : 
Beaune, Chalon, Semur ne se soumirent au sire de 
Chaumont qu’après avoir été assiégées. La Picardie et 
l’Artois obéirent après quelque hésitation. Mais il y 
avait longtemps déjà que le parti français travaillait à 
l’annexion. C’est ce qu’on avait vu à Auxerre même 

(1) D. Plancher, Hist. de Bourgogne , t. IV, p. 474. 


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DE l’aUXERROIS AU XV e SIÈCLE. 517 

dès 1470 (1). En 1475, un nommé Chaulmargis, arrêté 
comme suspect d’espionnage, étant sorti de prison, 
avait déclaré que les Français, ses maîtres, avaient à 
Auxerre et dans les autres villes du comté, « plusieurs 
gens, et des plus grands du pays, qui dévoient livrer 
lesdites villes; » (2) ce qui inquiéta fort les officiers du 
duc qui ordonnèrent de faire une enquête, « afin de 
connoître les deffaillans et de les pugnir selon l’exi- 
gence du cas. » 

Le comte de Dammartin disait tout haut, à Saint- 
Fargeau, qu’il allait venir à Auxerre et dans tout le 
comté demander l’obéissance au roi. Vers le même 
temps les officiers du roi, qui étaient en Nivernais, 
avaient sommé, avec grandes menaces, les habitants 
d’Arcy, de Gourson, de Ghitry et de Coulange - sur - 
Yonne, de se soumettre au roi, et le bruit se répandit 
même à Auxerre que les habitants d’Arcy « avoient 
prêté serment de fidélité aux François. » 

Il est vrai que plusieurs des vassaux du duc (3), et 

(1) Lebeuf, Mémoires sur l'Histoire d'Auxerre, t. II, in-4®, 
p. 32t. 

(2) Compte de 1474-73, archives de la Côte-d'Or, B. 2580. 

(3) Les vassaux du duc au comtéd’ Auxerre, qui sont signalés 
par le bailli Jean Régnier,dans un dénombrement et une esti- 
mation des fiefs de ce comté faits au mois desnovembre 1473, 
comme tenant le parti contraire, c’est-à-dire celui du Roi, 
sont :Phi!ippe de Savoisy, seigneur de Seignelay ; Pierre Mo- 
reau, seigneur de Premereau; Jean Dugué, seigneur de Mouf- 
fy, en partie; Dreux de la Forêt, seigneur de" la Rippe; 
Etienne Loron, seigneur de Crain; Jacques Cousinet, sei- 
gneur en partie du Bouchât ; M. de Lude, seigneur de Chitry ; 


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618 UN ÉPISODE DE L HISTOIRE 

parmi eux Philippe de Savoisy, seigneur de Seignelay, 
devançant les événements, avaient refusé de marcher 
sous la bannière de leur souverain (1473). Le sire de 
Seignelay, qui résidait ordinairement dans son château, 
était surtout accusé d’avoir, dès 1470, essayé de « séduire 
le peuple du comté et de le tourner françois. » (1.) 

Mais la mort du pauvre prince Charles rendit bien des 
consciences à elles-mêmes ; et, d’autre part, comme nous 
allons le voir, Louis XI agit avec ses nouveaux sujets 
avec une adresse et une générosité qui laissaient peu de 
place à l’hésitation. 

Jean Rapine, maître d’hôtel du roi, et qui était origi- 

Guillaume Dorouer, seigneur de Fouronne ; Jean de la Ri- 
vière, seigneur de Méry-sur-Yonne ; Demoiselle de Saint- 
Phal, dame de Magny; l'évêque d’Auxerre ; Jean de Cullon, 
seigneur en partie d’Arcy; Arthur de Vauldré, seigneur en 
partie du même lieu. 

(Arch. de l’Yonne, Al.) 

(1) Voici l’accusation portée contre le sire de Seignelay par 
Jean Régnier, bailli d’Auxerre, en 1473. c Depuis trois ans 
en ça... et dès le commencement des présentes guerres et di- 
visions, le sieur de Sailnay s'est rendu françois, et depuis 
lors a toujours tenu et tient le party contraire à notre 
seigneur le duc, et faict de grands maulx et dommaiges en 
sa comté d’Aucerre, et encore plus qu’il n’a faict s’il eust peu, 
tant par prinse de gens et de bestes chevalines et autres 
comme à cuider, séduire et suboruer le peuple de cestedite 
conté, par divers moyens, à eulx tourner françois et réduire 
en l'obéissance du Roy ; parquoy et pour les causes dessus- 
dites, ne saurions faire aucune évaluation de la revenue de 
sa terre et seignorie dudit Saillenay qui valoit auparavant 
les guerres 120 livres tournois. » 

(Arch. de l'Yonne, A 1). 


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519 


DE I.’aUXERR 01S AU XV e SIÈCLE. 

naire d’Auxerre, avait été choisi par Louis XI pour 
amener la soumission de cette ville qui eut lieu sans 
difficulté (1) et qui entraîna celle du reste du comté, 
dont les habitants avaient déjà été avertis de la mort 
du duc Charles et invités à faire bon guet et garde, et 
à ne pas prêter serment à personne jusqu’à ce que ceux 
d’Auxerre l’eussent fait (2). 

Dès le 14 janvier 1477, Jean Rapine était arrivé à 
Auxerre et avait pris le gouvernement du comté au 
nom du roi. Et même avant son arrivée, celui-ci avait 
envoyé pour lieutenant du gouverneur Charles Blosset, 
seigneur de Saint-Maurice-Thizouaille. Jean Rapine 
avait maintenu provisoirement dans leurs fonctions le 
bailli Jean Regnier et les autres officiers du duc défunt. 
Le roi, « très content, » qui était toujours à Seloimmes 
en Vendômois, s’empressa, le 19, jour où il avait donné 
des lettres d’abolition générale aux officiers de tout 
ordre du duc, d’adresser à chacun de ceux du comté 
d’Auxerre des lettres-patentes qui les confirmaient dans 
leurs offices respectifs (3). De ce moment tout marcha 

(1) J'ai raconté en détail cette soumission dans le Bulletin 
de la Société des Sciences de l’ Tonne, t. IV, p. 269 et suivantes. 

(2) B. 2582. 

(3) Voici la liste des officiers du comté et leurs gages : 

Jean Rapine, capitaine-général et gouverneur, 300 livres 

tournois de gages ; 

Jean Régnier, écuyer, seigneur de Montmercy, bailli, 100 liv. 

Pierre Gontier, licencié en lois, procureur, 20 livres. 

Biaise Tribolé, avocat, 30 livres. 

Jean Thyard, seigneur du Mont, gruyer, 20 livres. 

Jean de Chigny , lieutenant général en la gruerie, 100 sous. 

Sc. hist. 34 


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520 UN ÉPISODE DE l’histoire 

comme auparavant (1). Il n’y eut de destitué que Jean 
de Jaucourt, seigneur de Villarnoul, gouverneur dif 
comté, qui n’avait pas voulu croire d’abord à la mort du 
duc Charles qu’annonçaient M. de la Roche et le gou- 
verneur de Champagne, et qui, malgré une invitation 
de se rendre à Auxerre, resta fidèle à la princesse Marie 
de Bourgogne, refusa de reconnaître le roi et eut ses 
gages confisqués (B. 1582). 

Telle fut la fin de l’autonomie et de la puissance bour- 
guignonnes (2). Le comté d’Auxerre, qui avait été ratta 
ché au duché par le traité d’Arras de 1435, resta bien 
encore partie intégrante de la Bourgogne sous les 

(mort îe 24 mars 1476, et remplacé par Jean Je Rôly, tabellion 
du Roi). 

Claude Labbé, receveur du domaine, 60 livres. 

Huguet Arnoul, garde des bois, 4 livres. 

Philibert Charrault, capitaine de Mailly-Ghâteau, 20 livres. 

Raymonnet Bourg de Jardres, lieutenant de Charles de Vi- 
jan, capitaine de Cravan. — Le duc Philippe-le-Bon lui a 
donné, du consentement de ce dernier, le revenu de l’office do 
capitaine sa vie durant, pour ses bons services pendant les 
guerres. 

(1) Le Receveur fit aussi, au prix de 20 sous, graver à Paris 
« un scel et contre-scel de loton armoyés des armes du Roy, 
pour sceller les lettres émanées du bailli d’Auxerre.» (B. 2382). 

(2) Relevé des principales lettres et ordonnances édictées 
par Louis XI en faveur de la Bourgogne, au moment de la 
réunion de cette province à la couronne, et qui sont dans le 
Recueil des édits , déclarations, etc., concernant l administration 
des états de Bourgogne, publiées par ordre des élus généraux 
de la province, Dijon, 1784, 1. 1, in-4° : 

1476 (77), 19 janvier. — Lettres d’abolition générale accor- 
dées en faveur du clergé, de la noblesse et c autres de divers 


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DB L’AUXERnOIS AU XV e SIÈCLE. 


524 


rapports administratif et financier, mais il rentra pour 
toujours sous l’autorité directe du roi. Il eut ses États 
particuliers jusqu’en 1671. Il eut sa quote-part spéciale 
d’impôts, son subdélégué, sorte de sous-préfet dépen- 
dant de l’intendant de Dijon, et surtout son bailliage, 
grand corps de magistrature qui se recrutait dans les 
familles bourgeoises du pays et constituait pour elle 
une espèce d’aristocratie locale. 

Mais le comté gagna, en somme, à son annexion 
définitive à la France. Il ne fut plus exposé, comme 
avant-poste de la Bourgogne, aux premiers coups d’un 
ennemi qui parlait sa langue et qui était avec lui, dans 
les temps ordinaires, sur un pied pacifique. Il cessa 
d’avoir besoin de se garder et d’être toujours sur le 
qui-vive. 

La sécurité renaissante s’accrut chaque jour sur la 
fin du règne de Louis XI et sous ses premiers succes- 
seurs. L’agriculture reprit son essor; la population se 

états », sujets et habitants des duchés et comtés de Bour- 
gogne. 

1476, 29 janvier. — Traité fait entre les états de Bourgogne 
et le3 commissaires du roi, après la mort du duc Charles, pour 
la réduction volontaire du duché, du comté d’Auxerrois, etc., 
sous l’obéissance du roi. 

1476, 18 mars. — Lettres-patentes de Louis XI, approbation 
du traité ci-dessus. 

1476, mars. — Lettres de Louis XI en faveur des états du 
duché de Bourgogne, terres de Noyers, etc., sur le fait de la 
justice et confirmation des privilèges delà province. 

Il y a encore d’autres ordonnances, mais qui n’ont pas de 
rapport au comté d’Auxerre. 


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582 UN ÉPISODE DE l’hISTOME DE l’aUXBRROIS. 

développa merveilleusement, et moins de cinquante 
ans après les événements que nous venons de raconter, 
il s’élevait sur tout le sol du comté de nombreux monu- 
ments civils et religieux qui caractérisent la période du 
gothique flamboyant et de la renaissance, et qui sont 
surtout remarquables à Auxerre dans le portail princi- 
pal et la tour de la cathédrale, et dans le comté dans les 
églises de Che vannes, C ourson, Migé, Molême, Irancy, 
Saint-Bris, Cravan, etc. 


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LES VOLONTAIRES AÜXERROIS DE 1792 


AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE 
Par M. Demay. 


Chaque période de la vie d’un peuple présente une 
physionomie spéciale, revêt une forme particulière, est 
empreinte enfin d’un cachet qui lui est propre, et les 
caractères par lesquels elle se distingue sont d’autant 
plus accentués, que la crise subie est plus aigüe, la 
transformation plus radicale. 

A quelle autre époque, plus qu’à celle comprenant les 
dernières années du xvm e siècle, la France ne pré- 
sente-t-elle pas, sous des formes plus saisissantes, un 
exemple plus évident de cet axiôme historique ? A des 
institutions, dont l’origine remontait aux époques les 
plus reculées du moyen-âge, succombant sous le poids 
des abus sans nombre , dont les yeux des moins clair- 
voyants étaient frappés ; à un ordre social tombant en 
ruines dans toutes ses parties et dont 1789 n’a fait que 
précipiter la chute, vient de succéder un ordre tout nou- 
veau. Changement si grand dans les mœurs, les lois, 


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624 LES VOLONTAIRES AUXERROIS 

la politique et la constitution sociale, que la monarchie 
française, depuis son établissement, n’en avait pas en- 
core vu un semblable. 

Cette renaissance, ce retour aux véritables principes 
de la raison et de l’humanité, basés sur l’égalité et le 
respect des droits de chacun, qui caractérisent cette 
grande époque, furent ressentis non-seulement par ce 
que la nation renfermait de plus distingué parmi 
les classes admises aux charges et aux honneurs, le 
clergé et la noblesse, mais, bien plus encore, par la 
masse de citoyens composant le troisième ordre; le 
tiers- état, naguère si dédaigné, mais qui allait effacer 
ses deux aînés, membres décrépits d’un corps politique 
condamné à disparaître à jamais. 

Grâce à son intelligence, à son savoir, à son esprit 
d’ordre et d'économie, le tiers-état s’était rendu digne du 
rôle auquel il était appelé ; on en a la preuve dans les 
cahiers qu’il nous a laissés, où les questions les plus 
graves, alors débattues, et dont beaucoup sont aujour- 
d’hui sans solution, sont traitées avec une sagesse, une 
autorité, un talent, qui témoignent, chez ses rédacteurs, 
une bien grande étendue de connaissances dans les 
sciences politiques et sociales. 

Mais les principes de 1789, dont le champ d’action ne 
dépassait pas d’abord tes limites de la France, ne tar- 
dèrent pas à se répandre au dehors, menaçant l’autorité 
absolue des souverains. Afin d’empêcher l’expansion 
des idées nouvelles et de sauvegarder leurs couronnes 
vacillantes, ils s’allièrent entre eux, et la France, dé- 
chirée à l’intérieur par les partis politiques, eut à sou- 
tenir à l’extérieur les efforts de l’Europe coalisée. 


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525 


AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 

Le salut public devenant la loi suprême, la patrie en 
danger fit appel à tous les courages, à tous les dévoue- 
ments. Les volontaires surgirent sur tous les points de 
la France, et la ville d’Auxerre, entr’autres, put s’enor- 
gueillir de voir partir aux frontières un grand nombre 
de ses enfants (1). D’autres citoyens furent appelés au 
service des armées de la République, en vertu de réqui- 
sitions et par la voix du sort. 

Si l’enthousiasme ne suffit pas pour gagner les ba- 
tailles, du moins il y aide puissamment en donnant au 
soldat la force morale pour supporter les misères insé- 
parables du métier, résister aux découragements, com- 
battre la nostalgie. Il naît des circonstances, est passa- 
ger, et s’éteint avec les causes qui l’ont provoqué ; aussi 
ne faut-il pas s’étonner si la ville d’Auxerre, qui donna 
tant de défenseurs à l’Etat pendant les guerres de la 
Révolution, resta sourde plus tard aux appels réitérés 
de Napoléon, lorsqu’il voulut organiser, en septem- 
bre 1806, à Mayence, un corps de gendarmes d’ordon- 
nance sous les ordres du maréchal Kellermann. Malgré 
les pressantes invitations du Ministre, M. deChàmpagny, 
recommandant au Préfet de provoquer le plus possible 
d’adhésions, de recevoir indifféremment les enrôlements 


(t) Le registre des enrôlements volontaires de la commune d’Atnerre, 
tenu par le citoyen Maure, commissaire en celte partie, constate, depufë le 
25 avril t792 jusqu’au 2 septembre de la même attnée, l’enrôlemfent dé 72 
jeunes gens natifs d’Auxerre. Un autre document, daté du 1 #r septembre 
I7$3, établit que lé chiffre dés volontaires auxèrrois s’élevait, à cette 
époque, à 227, non compris, bien entendu, les hoihraes fournis par lés ré- 
quisitions et la grande levée en masse. Un certain nombre même des volon- 
taires' s’&abillèrettt et s’équipèrent à leurs frais , ainsi qu’il résulte des 
mentôons mise# en marge des ènWMëtéents. 


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526 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


de tous ceux qui se présenteraient, sauf à éliminer 
plus tard ceux ne pouvant remplir les conditions exi- 
gées, qui étaient l’habillement et l’équipement, et une 
pension annuelle de 600 fr. ; malgré les lettres en con- 
séquence adressées par le Préfet aux Maires pour 
stimuler leur zèle, le résultat fut, pour ainsi dire, nul, 
car il ne se présenta qu’un seul volontaire; ce fut 
M. Berthier de Savigny, fils de l’ancien Intendant de 
Paris (1). 

C’est que le temps des grands héroïsmes était passé ; 
c’est que l’enthousiasme avait disparu. Le prestige de 
la gloire militaire, qui soutenait encore l’énergie de la 
nation, lasse de ces guerres de conquêtes, où elle se 
trouvait entraînée, n’était pas un mobile assez puissant 
pour lui imprimer un élan semblable à celui qu’elle 
avait ressenti au début de la Révolution. Après s’être 
enivrée de liberté, la France était retombée sous le 
despotisme, et les prodiges que peut, seul, enfanter 


(1) On peut juger de la pression qu’exerçait l'administration par la lettre 
suivante qu'adressait le préfet de l’Yonne au maire de la ville d’Auxerre : 

Auxerre, le 9 décembre 1806. 

Le Préfet de l’Yonne au maire de la ville d’Auxerre, 

< Notre département, Monsieur le Maire, est le seul qui n’ait point 

< fourni de gendarmes d’ordonnance. Cette exception m’afflige très-vive- 
c ment. Dans un moment où tous les départements rivalisent de zèle et 

< de dévouement, combien n’est-il pas pénible pour nous que celui de 

< l’Yonne n'imite pas un si glorieux exemple? Sans doute vous avez donné 
c à mes instructions toute la publicité convenable ; mais vous n’avez point 

< fait directement des instances aux jeunes gens ; vous ne leur avez pas 

< fait assez sentir combien il est avantageux pour eux, pour ceux surtout 

< qui désirent parcourir la carrière militaire ou suivre celle de l’adminis- 
« tration, de prendre un parti où leur première démarche les fait déjà 


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527 


AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 

l’amour de la patrie et de la liberté, les efforts d’un 
homme, cet homme fut-il doué du génie le plus puis- 
sant au service d’une ambition démesurée, ne pouvait 
les faire renaître. 

Cependant, ce système de levées en masse, suivi 
d’enrôlements volontaires considérables, dont le résul- 
tat était d’envoyer, du môme coup, aux frontières, une 
grande masse d’hommes, présentait un grand danger, 
celui de favoriser le désordre, de porter atteinte à la 
discipline, base de toute organisation militaire. Ce dan- 
ger était d’autant plus grand à cette époque, que la 
licence menaçait de remplacer la liberté, ce qui, du 
reste, pouvait bien se prévoir, car la pratique de la 


< distinguer honorablement, où ils sont assurés de trou Ter les moyens de 

< signaler leur courage et d’acquérir des droits à la bienreillance de 
« l’Empereur. 

c Faites de nouveaux efforts, Monsieur le Maire, ne les ralentissez pas 
c tant que vous n’aurez pas trouvé au moins un gendarme d’ordonnance 
« dans votre ville, je vous le recommande spécialement ; vous devez, dans 
« cette circonstance, fournir la preuve du bon esprit que vous y faites 

< régner, je compte sur un prompt résultat; 

« Je vous salue affectueusement, 

« Signé : R. de la Bergerie. > 

Pour obéir aux prescriptions de cette lettre, le maire, M. Robinet- 
Pontagny, manda à la mairie les jeunes gens dont les noms suivent: 
MM. Beaudesson de Vieux-Champs, Duplessis Zacharie, Latour, clerc de 
M. Beaudoin, Jeannet, clerc de M. Salomon, Escalier, Maret, avoué, 
Poupier, homme de loi, d’Estult de Blannay, Labarre Hippolyte, Potherat, 
Linsecq, Lapreusserie aîné, Nau-Saint-Ange, Molesme, Ménestrier l’alné, 
Letang, clerc de M. Gauthier, Leblanc, rue d’Égleny, Gougenot, clerc 
de M, Massol, et s’efforça de les déterminer à s’enrôler. J’ai tout em- 
ployé , dit-il, dans sa réponse au préfet du 16 vendémiaire an XIV, pour 
les convaincre de Putilité dont il serait pour eux d'accepter ce parti , je 
désire avoir réussi . 


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528 LES VOLONTAIRES AUXERROtS 

liberté ne s’acqüiert qu’avec le temps ; et il était bien 
difficile à un peuple aussi ardent que le peuple français, 
aux prises avec tant de difficultés, de passer subite- 
ment, sans secousses, d’un régime de compression ab- 
solue à celui de liberté extrême. 

Caustique, frondeur, aimant son libre-parler, passant 
facilement de la parole aux actes, dévoué à ses chefs, 
tout en admettant difficilement l’inégalité de rapports 
qui doit exister entre supérieurs et inférieurs, brave, 
du reste, et se laissant volontiers entraîner par celui 
qui sait faire mouvoir les fibres impressionnables de 
sa nature généreuse, le volontaire auxerrois se trou- 
vait, par son caractère naturel, susceptible, plus que 
tout autre, de subir l’influence des tendances à l’insu- 
bordination qui commençait à se manifester parmi les 
troupes. C’est ce qui arriva en effet. 

Partis d’Auxerre le 16 septembre 1792, divisés en 
deux compagnies, ayant à leur suite huit voitures des- 
tinées à la conduite des vivres, traînées par vingt-un 
chevaux de luxe réquisitionnés, les volontaires de 
l’ Auxerrois ne furent pas plutôt arrivés à Paris, heu de 
leur destination, qu’apparurent les premiers symptômes 
d’indiscipline. Le dessein formé par l’autorité d’envoyer 
ces chevaux aux frontières et la diminution de solde des 
soldats furent la cause de leur mécontentement. « Les 
« charretiers, écrivait à ce sujet, le 6 octobre 1792, le 
« citoyen Chapotin (1 ), commandant du détachement, à 
« la municipalité d’Auxerre, sont bien déterminés à 
« s’opposer à leur enlèvement ; les douze charretiers 

(I) Jean-Baptiste-Nicolas Chapotin s’était enrôlé le 29 juillet <792; il 
était alors âgé de 23 ans. 


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«29 


AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 

« m’ont en outre déclaré que si on emmenait leurs 
« chevaux aux frontières, ils ne les suivraient pas; 
« cependant je leur ai fait l’offre de ne les point quitter ; 
« ils ont rejeté ma proposition. » Il ajoute, en termi- 
nant : « Il y a aujourd’hui beaucoup de rumeur parmi 
« les volontaires d’Auxerre, ceux de Sens et de tout 
« le département et parmi tous les autres fédérés, 
« par la raison qu’ils ont été payés, jusqu’à ce jour, 
« 30 sols chacun, compris les officiers ; aujourd’hui on 
« a payé les officiers comme d’ordinaire et on n’a 
« donné que 13 sols aux soldats, ce qui les fait beau- 
« coup crier. » 

Peut-être s’étonnera-t-on de voir un officier se mettre 
en rapport direct, pour un fait aussi grave, avec une 
municipalité, plutôt que d’en référer à l’autorité mili- 
taire ou à l’administration départementale. Il faut voir, 
selon nous, en ce fait anormal, une réminiscence des 
anciens errements administratifs, un vestige de cet an- 
cien temps, où la commune, jouissant d’une autonomie 
très grande jusqu’à Colbert, mais qui alla toujours en 
décroissant depuis ce ministre, faisait, de concert avec 
le bailli, la levée des recrues , exigée par l’Intendant, 
les habillait, fournissait à leur entretien pendant quel- 
que temps, les suivait enfin, jusqu’à leur retour, d’un 
œil paternel et vigilant. 

Notons ici, qu’envisagée à un point de vue plus gé- 
nérai, l’influence de la commune d’Auxerre fut assez 
grande pendant toute la période de la Révolution ; 
qu’elle persista en face de l’administration départe- 
mentale, institution toute nouvelle, et qui n’avaût pas 
encore de racines bien profondes dams le pays. 


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530 LES VOLONTAIRES AUXBRROIS 

Après avoir pris l'avis du département (1), la muni- 
cipalité Auxerroise adressa aux volontaires, le 10 du 
même mois d’octobre, la lettre suivante, qui, sans doute, 
fit rentrer les égarés dans le devoir ; elle est remar- 
quable autant par la noblesse des sentiments qui y sont 
exprimés que par le patriotisme qu’elle respire : 

« Auxerre, le 1 0 octobre 1 792. 

« Citoyens soldats, 

« Lé citoyen Procureur de notre commune a adressé 
« au capitaine R. une copie collationnée de la réponse 
« de l’administration supérieure aux differentes ques- 
« tions qu’il nous aurait faites en votre nom. 

« Quant aux inquiétudes qui nous ont été témoignées 
« par le citoyen Chapotin, relativement aux vingt-un 
« chevaux dont nous avons disposé pour la conduite 
« des vivres, nous en avons référé au département, qui 
« a pensé que ces chevaux, étant sous la main de la 
« nation, suivant la loi, elle peut s’en servir pour le 
« service des armées, sauf à la nation, à en fournir aux 
« deux compagnies du département, si on les fait mar- 
« cher aux armées. 

« Nous apprenons avec peine la rumeur qui règne 
« parmi les volontaires du département ; l’union fait la 


(I) Voici la teneur du billet annexé à la lettre du commandant Chapotin : 

< L’administratiou, à qui cette lettre n’est point adressée , pense que ces 
c chevaux, étant sous la main de la Nation, suivant la loi, elle peut s*en 
« servir pour le service des armées, sauf à la Nation à en fournir aux deu t 
< compagnies du département si on les fait marcher aux armées. 

< Signé : Le secrétaire-général, 

< Foacibr. > 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 531 

« force des armées ; sans elle, il faut désespérer du 
« succès ; avec elle, nous triompherons de nos ennemis, 
« quelque puissante que soit leur coalition. 

« Soyez bien persuadés de ce principe, nos chers 
« concitoyens, qu’il soit la boussole de toutes vos ac- 
« tions ; qu’il n’y ait, parmi vous, qu’une idée et qu’une 
« âme ; que vos affections se dirigent vers l’intérêt 
« général et jamais vers l’intérêt particulier. Si vous 
« avez à vous plaindre de quelques injustices, adressez- 
« vous aux autorités constituées, vous pouvez compter 
« sur leur protection ; mais évitez de vous livrer aux pre- 
« miers mouvements du ressentiment, ils sont toujours 
« inconsidérés et peuvent exciter des regrets amers. 

« Réservez, contre l’ennemi, l’exercice des passions 
« raisonnables, et que le temps que vous resterez à 
« Paris ne soit pas perdu en vaines disputes, qu’il soit 
« consacré entièrement à acquérir les talents et les ver- 
« tus militaires. 

« Tels sont, soldats citoyens, les conseils que nous 
« dicte notre tendre affection pour vous ; nous vous les 
« offrons au nom de tout ce qui peut vous intéresser. 
« Les sentiments qui vous ont fait voler à la défense 
« de la patrie, nous garantissent que vos premiers pas, 
« dans la carrière que vous avez embrassée, seront 
« suivis des plus heureux succès, et qu’à l’aide des 
« conseils de la fraternité et des sentiments d’honneur 
« qui doivent animer tous les guerriers, vous parta- 
« gerez la gloire de ces généreux défenseurs, dont la 
« victoire accompagne journellement les étendards et 
« rend la République française redoutable à tous les 
« tyrans de l’Europe. » 


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LES VOLONTAIRES AOXERROIS 


532 

Mais, loin de diminuer, les actes d’indiscipline al- 
laient toujours croissant. Les volontaires, par les désor- 
dres qu’ils commettaient, indisposaient les populations, 
compromettaient même souvent le gain des batailles (1). 
La tribune de la Convention retentissait continuellement 
des plaintes portées contre eux. Dans un rapport fait à 
cette assemblée par Dubois-Crancé et Gauthier, dans sa 
séance du 9 octobre 1793, on lit ce passage signifi- 
catif : 

« La levée en masse à été plus nuisible qu’utile ; les 
« volontaires décampent par partie, et, dans les affaires, 
« se portent à tous les excès qu’entraîne l’indisci- 
« pline. » 

Les volontaires ne commencèrent à rendre de vérita- 
bles services qu’en 1794, après le décret de l’amalgame, 
qui réunissait, peur former une demi-brigade, un batail- 
lon de troupes de ligne et deux bataillons de volontaires 
ou de réquisitiohnaires. Cette opération arrêta la désor- 
ganisation, qui menaçait de devenir générale, et permit 
aux armées de la République de prendre une vigoureuse 
offensive. 

On ne saurait attacher trop d’importance au maintien 
de la discipline dans les armées ; sans elle, pas de suc- 
cès militaire à espérer, comme l’écrivait très judicieuse- 
ment la municipalité Auxerroise aux volontaires de 
l’Yonne, dans la lettre citée ci-dessus. La forte disci- 
pline des armées prussiennes, rapporte le Grand Fré- 
déric en ses mémoires, fut une des causes de la gran- 
deur rapide de la Prusse. C’est à elle aussi qu'e les Ro- 

(I) Défilé de la Croix-au-BoU, combat de Ceret, camp de Maulde, combat 
de Berslheim, Longwy. 


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AUX ARMÉES DK LA RÉPUBLIQUE. 533 

mains durent l’empire du monde ; leur discipline, dit 
Vegèce, les fit triompher des ruses des Grecs, de la 
force des Germains, de la grande taille des Gaulois et de 
toutes les nations de la terre (1). 

Cette grande épopée militaire de 1792, unique dans 
l’histoire, n’a cessé d’être un objet d’études pour les 
historiens contemporains et ceux qui leur ont succédé. 
Ils nous ont dépeint le courage indomptable de cette 
phalange de héros, les fatigues, les misères de toutes sor- 
tes qu’ils supportaient sans murmurer, les nombreuses 
actions d’éclat par lesquelles officiers et soldats se signa- 
laient. Avec eux, nous pouvons suivre pas à pas les 
marches des généraux de la République, véritables en- 
fants du peuple, ignorant, pour la plupart, les principes 
savants de l’art militaire, mais qu’un subit éclair de 
génie illuminait sur le champ de bataille. Ce qui, toute- 
fois, était resté dans l’onibre, c’était la pensée intime 
des volontaires, traduite par leurs lettres; c’était la 
manière dont ils appréciaient les événements qui se dé- 
roulaient sous leurs yeux, et dans lesquels ils étaient 
les principaux acteurs. Cette lacune, nous pouvons, 
jusqu’à un certain point, la combler par les quelques 
lettres de volontaires auxerrois, qui sont arrivées jus- 
qu’à nous, et dont un heureux hasard nous a mis en 
possession. Déposées à la commune avec d’autres pièces, 
afin d’obtenir les secours que la nation accordait aux 
défenseurs de la patrie, elles y étaient restées jusqu’à 
ces dernières années, où elles furent vendues comme 
papiers inutiles. 

Ces lettres nous ont semblé présenter de l’intérêt, non- 

(I) FlaYius Vegetius De Re militari , livre I. chap. I #r . 


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LES VOLONTAIRES AUXBRROIS 


134 

seulement par la raison que nous venons de donner, 
mais encore parce qu’elles sont l’œuvre de compatriotes. 

Le style est loin d’en être irréprochable ; la langue 
française y est bien peu ménagée ; cependant, malgré 
leur imperfection, la première impression que provoque 
la lecture de ces lettres, écrites entièrement de la main 
de leurs auteurs, jeunes gens peu habitués à manier la 
plume, mais adonnés à des professions manuelles, qui 
les avaient toujours tenus éloignés des travaux de l’es- 
prit, est que l’instruction semble plus répandue, à cette 
époque, dans le peuple, qu’on le croit généralement 
de nos jours, et qu’on pourrait presque soutenir, sans 
paradoxe, que beaucoup de nos jeunes soldats ne se- 
raient peut-être pas capables d’énoncer leurs idées sous 
une forme moins incorrecte. 

Les grands journaux étaient alors peu nombreux, 
leur prix en était très élevé ; aussi, les volontaires, sa- 
chant que leurs lettres seraient dévorées avec avidité, 
ne manquaient-ils pas d’y donner, sur les opérations 
militaires, autant de renseignements qu’ils pouvaient 
s’en procurer, cherchant même à dévoiler, d’après les 
indices extérieurs, les desseins des généraux, les entre- 
prises militaires imminentes ; aussi quelle prolixité dans 
les détails, avec quelle complaisance ils décrivent jus- 
qu’aux moindres événements dont ils sont témoins; 
quelle longue énumération des prises faites sur l’en- 
nemi : canons, boulets, obus, cartouches, etc., qu’ils 
sont fiers d’offrir à la République en témoignage de 
leur valeur. 

Le tableau navrant de la détresse dans laquelle on 
les laissait revient souvent sous leur plume, détresse 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 535 

qui aurait jeté le découragement dans des caractères 
moins fortement trempés ; mais, chose remarquable, 
leurs plaintes ne sont pas acrimonieuses, leur langage 
n’est point amer. C’est presque avec joie qu’ils suppor- 
tent leurs maux, dont ils font le sacrifice à la Répu- 
blique, objet de leur amour, centre de leurs affections ; 
cette seule pensée les soutient. Ils semblent ignorer la 
cause à laquelle étaient dues, en partie, leurs souf- 
frances, qui n’était autre que le gaspillage énorme qui 
se commettait aux armées comme ailleurs; malversa- 
tions si grandes, qu’un des plus farouches tribuns de la 
Révolution, celui dont les excès de langage ne furent 
surpassés que par le trop fameux Hébert, l’ancien ven- 
deur de contre-marques, dans sa feuille le Père Duchêne, 
Marat enfin, ne pouvait s’empêcher de pousser un cri 
d’alarme, de signaler ces coupables détournements à 
l’indignation générale. * 

« Non, jamais les dilapidations de l’ancien régime, 
dit-il dans Y Ami du peuple, numéro du 26 juin 1793, 
n’approchèrent de celles du nouveau ; elles surpassent 
dix fois celles de Louis XIV ; elles sont telles, que toutes 
les nations de l’Europe ne pourraient y suffire, car les 
frais du Gouvernement excèdent les revenus de l’Etat de 
trois milliards par an. Comment soutenir des dépenses si 
exorbitantes? Et quand il n’y aurait que ce seul vice 
dans l’administration, il est impossible que le nouvel 
ordre de choses tienne longtemps encore ; l’épuisement 
des finances, comme un chancre rongeur, doit bientôt 
conduire le corps politique à sa dissolution (1). » 

(I) Hébert, d'autre part, dans le numéro du 4 frimaire an II, de son 
journal, Le Père Duchêne, au commencement d’un article dirigé contre 
Se. hitt. 35 


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I.BS VOLONTAIRES AliXERROIS 


536 

Au milieu des événements terribles qui se précipi- . 
tenl, malgré le fracas des armes, l’agitation des passions 
politiques, au sein desquelles vivent les volontaires, les 
doux sentiments de la famille se maintiennent toujours 
vivaces, la piété filiale conserve toujours ses droits; 
leur affection pour leurs parents reste même empreinte 
d’un certain sentiment de respect, auquel il semble que . 
nous ne soyons plus habitués; ils les enveloppent d’une 
commune tendresse, se recommandant au souvenir des 
amis et des voisins qui les ont vus naître. 

On sent, à l’expansion de ces sentiments affectueux, 
qu’à cette époque les liens de la famille sont plus étroits, 
les relations sociales entre habitants du même quartier 
plus cordiales, que la vie locale, enfin, est plus déve- 
loppée que de nos jours. 

Excellents soldats, doués au plus haut degré des qua- 
lités qui constituent le génie de la nation, les volontaires 


les fripons cl las accapareurs, nous laisse entrevoir sous une forme singu- 
lièrement originale l'intensité de ce vice, trop commun malheureusement 
pendant les époques de troubles politiques : « Un sans-culotte en place, 
dit-il, est, comme saint Antoine, environné d’un million de diables, qui le 
tentent par l’appât de l’or ; toujours quelque diablesse en falbalas agace le 
patron sur son sopha. » 

Le maréchal Davout, alors chef du troisième bataillon des volontaires de 
l’Yonne (Sens et Tonnerre) signale les mêmes faits criminels dans une lettre 
écrite du camp, près Cambray, le 2 juin 1793, aux administrateurs de 
T Yonne : 

« Nous sommes maintenant occupés à débrouiller les finances du balail- 
c Ion, qu’une administration illégale de six semaines seulement a plongé 
« dans un cahos, qui, lorsqu’il sera débrouillé, mettra au grand jour le 
« brigandage; et, suivant toutes apparences, quelques individus, qui se sont* 
« justement acquis la réputation de lâches, pourront fort bien ausssi nié- 
« riter celle de fripons, ces deux qualités coincidant parfaitement. > 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 537 

de l’Yonîie se firent toujours remarquer pendant les 
guerres de la Révolution et de l’Empire, par leur bra- 
voure et leur intrépidité. 

A la bataille de Valmy, notamment, le 1 er bataillon 
auxerrois se conduisit fort honorablement, ainsi que le 
rapporte son commandant, le citoyen Binot, dans une 
lettre qu’il écrivit de Dampierre-sur- Aire 'aux adminis- 
trateurs de l’Yonne, le 12 septembre 1792 : Le 4* batail- 
lon de F Yonne, dit-il, a été fort maltraité. Et plus loin : 
Je ne peux trop, Messieurs, vous assurer de la bonne conte- 
nance et delà fermeté qu’a montrées le bataillon devant F en- 
nemi. J’en ai reçu les applaudissements de M. d’Abboville, 
lieutenant-général commandant F artillerie; je m’empresse 
de vous en faire part. 

Nous avons encore l’attestation de Davout, qui s’ex- 
prime ainsi, dans sa lettre du 2 juin 1793 précitée : 
Moi, je vous dirai que le bataillon (3° Sens et Tonnerre) 
est républicain, brave et intrépide au feu. Et dans une 
autre lettre, datée du 12 juin de la même année, où, 
après avoir fait l’éloge du bataillon, qui, touché du dé- 
sespoir de paysans, dont le village venait d’être in- 
cendié sous leurs yeux, avait réuni une somme impor- 
tante (1,277 fr. ) pour indemniser les malheureuses 
victimes de l’incendie, ajoute : « Les volontaires qui ont 
fait ce sacrifice sont cependant dénués d’habillements, 
mais, en revanche, ils sont remplis du patriotisme le 
plus pur, du républicanisme le plus énergique. » 

En présence de ces glorieuses attestations, à la vue 
des lettres de ces volontaires, où sont retracés, dans une 
si éloquente simplicité, le courage dont ils firent preuve, 
l’amour qu’ils portaient à la République, dont ils vou- 


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LES VOLONTAIRES AUXERROtS 


538 

laient assurer la conservation par la défaite de ses enne- 
mis acharnés, nous pouvons, rappelant à notre souvenir, 
non sans quelque orgueil, un des épisodes de la guerre 
désastreuse que la France vient de subir, nous dire que 
les fils n’ont pas dégénéré, et qu’ils étaient bien les 
dignes descendants des héros de 1 792, ceux qui, n’écou- 
tant d’autre voix que celle du patriotisme, mal habillés, 
encore plus mal armés, combattirent avec tant de valeur, 
à la journée de Grand-Puits, contre un ennemi aguerri, 
protégé par d’épaisses murailles et muni de tous les 
moyens de destruction les plus perfectionnés. 

Nous pourrions étendre davantage le cercle de nos 
réflexions sur ces lettres, nous ne le ferons pas, per- 
suadés qu’un plus long examen ne saurait qu’en dimi- 
nuer l’intérêt. Nous allons en donner le texte sans autre 
correction que celle de l’orthographe et en faisant 
précéder chacune d’elles des renseignements qu’il nous 
a été possible de nous procurer sur son auteur. 


Liste des jeunes gens originaires d’Auxerre, qui se sont 
enrôlés pour la défense de la patrie, du 25 avril 4792 
au 3 septembre même année : 


Age. 


Edme Morisson 21 

Lazare Pain 19 

Louis-Fraaçois Treillet 27 

Pierre Bersu 24 

Jean Grain 22 

Edme-Claude Salomon 18 

Laurent Berlliier . 18 


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AUX ARMÉES DE LA REPUBLIQUE. 539 

Age. 

Charles Ghindé 19 

Jean Bernard 18 

Louis Berthier . . \ 25 

Gaspard Zannot 23 

Pierre Picard 22 

François Pougy. 21 

François Pannetier ^ . . . 19 

Jean-Baptiste Gagneau 17 

François Ad&n. 21 

Joseph Bebarbe 23 

Biaise Vaillant 19 

Joseph .Devers 18 

Germain Thomas 15 

Edme Puissant 17 

Philippe Paulvert 17 

Claude Potenot 18 

Jean-Barthélemy Roubleau 16 

Simon Dondaine 17 

Pierre Meunier 16 

Pierre Marion 18 

Jacques Miraut 19 

Pierre Mallesson 17 

Jacques Baillct 17 

Louis Carriot 16 

Noël-Germain Defrance 17 

François Gaudon 26 

Charles Durand -18 

François Chan trier 17 

Jean-Baptiste Bougot 17 

Pèlerin Rousseau 16 

Jacques-Edme Sallé 20 

Louis-Lazare Robert 24 

Maurice Lemain 27 

Nicolas Martin 21 

Edme Drot 21 

Jacques Bonnard 23 


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540 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


Age. 

Jean-Baptiste-Nicolas Chapotin 25 

Pierre-Edme-Claude Parent 21 

Etienne Mouton 41 

François Yaladier 16 

François André 19 

Claude Delsu 19 

Edme Courtet 16 

Claude Bonnard . 18 

Marcel Laurent 16 

Guillaume Lemaire 16 

Grégoire-Prix Douce t 18 

Claude Delucenay 37 

Germain Deschamps * . 22 

Joseph Richard 18 

Philippe-Maurice Tarin 16 

Etienne Tronçon 25 

André-Nicolas Gelin 19 

Jean-Baptiste Morillon 17 

Lazare Bertrand 24 

Pierre Léger, tailleur 19 

Louis Yauthier. 17 

Louis Demoux 20 

Pierre Charrier 18 

Germain Barnou 24 

Edme Beaudet ........... 22 

Chasseurs auxerrois . 

Pierre Gailhac . . . . 25 

Jean- Antoine Dehertogh 2S 

François Le Gaux 18 

Lazare Barat 21 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 


541 


GOISEAU (PÈLERIN), 

Enrôlé volontaire le 15 mars 1793, fils d’Edme Goisoau 
et de Edmée Rochet. 

PREMIÈRE LETTRE. 

De Forbach, le 24 juin de l’année 1793, l’an deuxième 
de la République française. 

Mon cher père et ma chère mère, 

Je mets la main à la plume pour m’informer de l’état de 
votre santé, parce que j’ai appris, avec bien de la peine, que % 
vous étiez malades. Je me suis douté, aussitôt, que c’était 
peut-être du chagrin que vous aviez, parce que vous avez 
toujours été assez tendres pour vos enfants. Je vous prie de 
ne point prendre de chagrin si je suis dans les volontaires, 
il ne faut pas que cela vous fasse de la peine ; au contraire, 
vous devriez en être réjouis. Pour moi, je suis très content d’y 
être; ce n’est personne qui est la cause que j’y suis, ce n’est 
que mon bon cœur et ma bonne volonté de servir ma patrie. 

Je vous dirai, pour nouvelles, que nous nous sommes mis en 
marche, le 8 du présent mois de juin, vers Longwy et Arlon, 
où nous nous sommes battus pendant six heures, et nous 
avons perdu : 195 hommes de tués et 632 de blessés, où il y a 
eu un général de tué, un aide de camp, un commandant de 
carabiniers et plusieurs officiers, qui ont été démontés de leur 
cheval. Mais, je vous dirai que la perte des ennemis est beau- 
coup plus forte que la nôtre, que la discorde était dans leur 
armée; nous étions si proches d’eux, que nous avons tiré 
quatre obusiers chargés à mitraille, notre artillerie volante 
fondait sur eux, et nous les avons fait battre en retraite jus- 
que sous les palissades de Luxembourg, où notre infanterie 
voulait monter à l'assaut, mais le général, en voyant notre 
bravoure, nous a fait retirer. Nous nous sommes emparés de 
leurs magasins, où nous leur avons pris 1,500 quintaux de 
foin, 1,500 de paille, 600 sacs d’avoine, 600 sacs de seigle, en- 


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542 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


suite 5 naissons de pain et 3 pièces de canon ; nous avons 
vécu quatre jours à leurs dépens. Nous avons été dans la ville 
d’Arlon,qui a été mise aussitôt au pillage; après cela, nous 
somjnes revenus à notre camp. 

Vous n’avez qu’à me marquer si nous avons encore quel* 
ques morceaux de vigne de bons, quels sont les cantons qui 
sont de reste. Rien autre chose à vous marquer, sinon que 
vous n’avez pas besoin de vous chagriner davantage et à me 
faire réponse sitôt ma lettre reçue. Bien des compliments à 
mes oncles et mes tantes, cousins et cousines, aux citoyen et 
citoyenne Roux et à mes frères et sœurs, que j’embrasse bien 
tous. 

Je finis, mon cher père et ma chère mère, en vous embras- 
sant du plus profond de mon cœur. 

Je suis, pour la vie, votre très humble et très obéissant fils, 

Pèlerin Goiseau, 

soldat volontaire au 1 er bataillon, attaché à l’artillerie 
de l’Yonne, compagnie de Morillon, à l’armée de 
Moselle, au camp de Forbach. 

Cette lettre porte la suscription suivante : 

Au citoyen Edme Goiseau , vigneron , paroisse Saint-Pierre , 
rue du Puits-des-Dames, à Auxerre en Bourgogne , départe- 
ment de V Tonne. 


2° LETTRE, DU MÊME. 

Du camp d’Hornbach, ce 18 septembre de l’année 1793, 
l’an deuxième de la République française, une et 
indivisible. 

Mon cher père et ma chère mère. 

J’ai reçu votre lettre par laquelle vous me marquez que 
vous jouissez d’une parfaite santé ; pour à l’égard de moi, je 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 543 

me porte bien, Dieu merci; je souhaite que la présente lettre 
vous trouve de njéme. 

Je vous dirai que nous avons quitté là ville de Deux-Ponts 
le 5 août, pour revenir prendre notre ancienne position ; mais, 
avant de quitter la ville, nous les avons fait contribuer à 
deux millions, tant en argent qu’en papier. Après cela, l’on a 
pillé trois châteaux appartenant au prince de Deux-Ponts, 
bien environ plus de trois cents voitures, du meilleur butin, 
que l'on a chargées pour mener en France. Nous leur avons 
ramassé tous leurs bœufs, leurs vaches et leurs moutons ; où 
il y avait trois vaches, chez un paysan, nous en prenions 
deux, de peur que l'ennemi n'en profitât. Après cela, l'on a 
attendu que tous les blés aient été ramassés ; l'on a pris 
toutes les voitures des paysans pour conduire tous leurs blés 
dans les magasins de France, de sorte que cette ville est dé- 
serte et délaissée par les Français et par les Prussiens. Je 
vous dirai que le 26 août nous avons été, à deux heures du 
matin, pour tirer sur cette ville; nous leur avons tué environ 
400 hommes, tant bourgeois que soldats. D’un coup d’obus, 
nous leur avons tué dix chevaux de hussards ; mais notre gé- 
néral nous a promis que la première fois que nous irons, nous 
pillerons tout ce qu’il y a dedans et, en sortant, nous y met- 
trons le feu aux quatre coins (1). Déjà, le château et les plus 

(!) Cette menace reçut son exécution ; seulement, au lieu d’être livrée à 
la rapacité du soldat, celte malheureuse ville fut rançonnée pour le compte 
de la République en vertu d’ordres réguliers donnés par l’un de ses agents ; 
c’est ce qui ressort de la proclamation suivante : 

Au nom de la République une et indivisible. 

Nous, Agents, chargés de pouvoirs par le Comité di sûreté générale de 
la Convention nationale, ordonnons ce qui suit : 

Il est ordonné à tous les habitants de Deux-Ponts de livrer entre les 
mains du citoyen Dulphé, qui loge chez l’émigré Strulberg, premier 
écuyer, les contributions détaillées ci-après : 

Tous les fusils et armes de quelque nature qu’ils soient; tout or, 
argent, fer ou acier, cuivre, laiton, doit être livré exactement. Toutes les 
sortes de toiles neuves ou vieilles, blanchies ou non, doivent être livrées; 
il est néanmoins permis à chaque habitant de garder deux paires de draps 


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LES VOLONTAIRES AUXBRROIS 


544 

beaux appartements ont été brûlés et brisés. Je vous dirai 
que, ennuyés de les attendre venir dans notre camp, nous 
avons fait une démarche pour les aller trouver dans leurs 
retranchements, où ils avaient une très belle position, auprès 
de la ville de Pirmasens (1). Nous en sommes partis le 13, à 
neuf heures du soir, pour attaquer le 14 à la pointe du jour; 
nous étions 20,000 hommes avec leurs pièces de bataillon, et 
20 pièces de position, comptant pouvoir les faire débusquer 
de leurs retranchements, mais nous n’af ons pas pu, car l'en- 
nemi était trop en forces, il avait plus de 60 pièces de canon 
dans ses retranchements, et ils étaient bien 50,000 hommes, 
tant en cavalerie qu’infanterie ; mais il ne s'en est guèie fallu 
que nous fussions monté à l'assaut, car nos grenadiers défai- 
saient déjà leurs palissades, mais nous avons été obligés de 


et trois chemises. Tous les draps et étoffes de laine, qui sont dans les 
manufactures, boutiques ou magasins, doivent être livrées sur le champ. 
Tous chanvre, lins, crins, cordes, fils et tous les chevaux avec leurs har- 
nais, tons les bestiaux, toutes espèces de peaux ou de cuirs, toutes les 
selles et brides. Tous les habits, manteaux, vestes, culottes, bas, bottes, 
souliers et chapeaux doivent être livrés (chaque habitant ne peut garder 
qu'un habit de drap, les habits d’été et nne paire de souliers). Tous les 
grains et denrées doivent être livrés, chaque habitant ne pourra conserver 
que ce qui est nécessaire à son ménage suivant l’état qui en sera dressé 
sur la place par la municipalité. Il est imposé à la ville de Deux-Ponts 
une contribution de 50,000 livres qui doivent être payés en quarante-huit 
heures entre les mains du Commissaire des guerres Couturier, logé n° 173. 
Il est ordonné au commissaire Dulphé de yeüier exactement à l'exécution 
du présent arrêté, et de le faire exécuter dans le plus court délai par tous 
les moyens qui seront jugés nécessaires. 

Deux-Ponts, le 16 pluviôse an II (5 février 1791) de le République une 
et indivisible. 

Signé : Colloxce, 

Agent du Comité de salut publie de la Convention nationale. 

(t) Celte position était nécessaire pour assurer le.* communications entre 
l'armée de la Moselle et celle du Rhin. L’aqteur de celte lettre faisait partie 
de cette dernière. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 545 

battre en retraite (1), car les boulets, la mitraille et les obus 
nous criblaiént fort et tombaient comme grêle autour de nous. 
Si nous étions restés encore un quart d’heure, nous étions 
pris, nous et nos pièces, car nous étions pris entre deux feux 
et deux armées (2), et la cavalerie chargeait sur nous. 

Mon cher père et ma chère mère, vous me dites que le temps 
vous dure de me voir, mais j’ai bien vu l’heure, ce jour-là, que 
je ne vous verrais plus jamais. Nous avons eu deux capitaines 
de tués, le pointeur de ma pièce a eu la cuisse cassée ; ils sont 
trois d’Auxerre qui ont été tués, qui sont : Pichot, lieutenant, 
Beurtaut et Mouzon, et un député de la Convention. En com- 
mençant le feu, en partie, nos meilleurs canonniers ont péri; 
nous avons eu un caisson de brûlé auprès de moi, où étaient 
les sacs à dondaine ; nous avons eu 50 sacs dp perdus dans 
notre détachement ; mais, pour moi, je n’ai pas perdu le mJLen; 
au contraire, en battant en retraite, nous deux le fils du père 
Godon, nous avons pris chacun un sac de ceux qui étaient 
morts auprès de nous. Toute notre armée était en déroute ; 
nous avons perdu beaucoup de pièces dans des ravins et des 
montagnes très hautes, qu’il fallait monter; il était cinq heu- 
res du soir quand nous sommes revenus dans notre camp.. 
Je vous dirais bien à peu près la perte que nous avons faite, 
mais je ne veux pas vous le dire, de peur de vous chagriner (3). 
La pièce où était Berçu a été prise; le dis de notre général de 
hussards a été pris. Je vous dirai que voilà déjà un mois que 
nous sommes à l’avant-garde avec le fils du père Godon, Ber- 
trand et Adam ; nous allons à la découverte tous les matins. 
Pour à l’égard de mon chien, je l’ai perdu en route. 

Je vous prie de m’écrire si nous ferons un peu de vin. 

Bien des compliments au citoyen Métrai et à t8us les ci- 
toyens du quartier, aux citoyen et citoyenne Roux. 

(t) Défaite de Pirmasens, I \ septembre 1793. • 

(2) L’armée prussienne, commandée par Brunswick, et l’armée autri- 
chienne sous les ordres de Vurmser. 

(3) Les Français perdirent en cetle journée quatre mille hommes et 
26 canons. 


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LES VOLONTAIRES AUXERROtS 


546 

Je finis, cher père et chère mère, en vous embrassant du 
plus profond de mon cœur, et suis, pour la vie, votre très 
humble et obéissant fils, 

Pèlerin Goiseàu. 

(Même suscription qu'à la précédente). 


3® LETTRE, DU MÊME. 

De sous les murs de Mayence, le 22 brumaire, 
l’an III de la République. 

Mon cher père et ma chère mère, 

J’ai reçu votre lettre datée du 28 septembre, qui nous a fait 
un sensible plaisir d’apprendre que vous vous portez bien, mais 
bien de la peine, d’un autre côté, d’apprendre que le chagrin 
de ma mère augmente tous les jours de nous voir séparés si 
loin d’elle, mais pour à l’égard de nous, dous nous portons 
bien tous deux, et nous vous souhaitons que la présente 
lettre vous trouve en aussi bonne santé. 

Je vous dirai que nous sommes partis de Saarbruk le 6 ven- 
démiaire ; nous sommes passés à Sarrelouis, ou j’ai trouvé 
Bertrand et Berçu, et nous avons bu une bouteille ensemble. 
Berçu se portait bien, mais Bertrand était toujours malade. 
Je vous dirai que nous avons laissé Trêves sur notre gauche, 
et nous avons passé dans des pays où jamais les troupes de 
la République n’avaient passé, où les paysans nous appor- 
taient à fyoire et à manger au-devant de nous. Nous sommes 
arrivés à Chreutznach le 28 vendémiaire, où la vendange 
n’était pas encore finie, car c’est tout pays vignoble comme 
chez nous. Là, nous avons trouvé l’ennemi qui était retranché 
en haut d’une montagne, mais les Prussiens avaient déjà 
passé le Rhin ; ce n’étaient que des Hessois, des Saxons et 
des Hongrois ; mais le lendemain nous avons passé la rivière 
de Chreutznach sur un pont de planches que nous avons fait, 
où nous avons défilé l’un après l’autre, et aussitôt que nous 


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AUX ARMÉES DB LA REPUBLIQUE. 547 

avons eu passé la rivière nous sommes monté à l'assaut par la 
pluie et nous les avons poursuivis la bayonnette aux reins, 
et nous leurs avons tué beaucoup de chevaux, mais nous 
n’avons eu que quelques hommes de tués. 

Vous n’avez qu’a dire au père Martin, des Grands-Moulins, 
que nous étions quatre en tirailleurs, moi, Linard, Chaumard 
et son fils. En nous en revenant de tirailler devant l'ennemi, 
nous sommes revenus boire dans le village proche Chreutz- 
nach ; son garçon n’a pas voulu s’en revenir, il s’est trouvé 
pris de boisson. Le lendemain nous avons appris que les pay- 
sans l'avaient haché, qu’il est mort sur-le-champ. 

Nous sommes donc arrivés dans les plaines de Mayence par 
la pluie et par les plus grands mauvais temps à bivouaquer 
sans bois, et sans feu ; l’on mourrait pour voir un arbre dans 
la plaine. L'armée du Rhin est à plus de deux lieues pour 
l'eau et le bois ; nous allons être misérables cet hiver, nous 
avons déjà été quatre jours sans manger de pain ; l'on a été 
obligé de faire contribuer des pommes de terre aux paysans 
pour donner à la troupe. Nous avons été quatre jours à ne 
mangèr que des légumes, des choux, des navets. L'armée du 
Rhin a manqué de pain 11 jours. Nous avons fait des bara- 
ques, où nous allons faire notre garnison dedans cet hiver. 
Les contributions sur le pays ennemi n'ont pas été comme on 
aurait cru, les ennemis ont évacué tous les vivres à vingt-cinq 
lieues autour de Mayence. 

Il nous paraît que les Autrichiens ont envie de soutenir le 
siège, car ils ont sommé les particuliers qui n’aVcilL^t pas six 
mois de vivres à sortir de la ville sous 24 heures. 

Je vous dirai que Coblentz est pris, mais le fort ne l’est pas, 
si nous pouvons le prendre, l’armée de Sambre-et-Meuse pas- 
sera de l’autre côté du Rhin ; cela fera que nous bloquerons 
Mayence de tous les côtés. Nous allons être autour de 200,000 
autour de Mayence. 

Je vous dirai que cela fait trembler comme nos gens tom- 
bent malades, il y en a plus d’un tiers à 1’hôpital. 

Rien autre cho*e pour le présent à vous marquer que de 


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LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


548 


faire bien nos compliments à nos oncles, tantes, cousins et 
cousines, ainsi qu’aux citoyens Roux, Voirin et Métrai et au 
compère Marcilly. 

Nous finissons en vous embrassant du plus profond de notre 
cœur. 


Nous sommes pour la vie vos fils, 
Pèlerin Goiseau, 
caporal. 

Salut et fraternité. 


Voici mon adresse : Au citoyen Pèlerin Goiseau, caporal 
volontaire au 1 er bataillon de l’Yonuo, sous les murs de 
Mayence, division de gauche de Renault. 

Suscription : 

Au citoyen Edme Goiseau, vigneron, paroisse ci-devant Saint 
Pierre , rue du Puits-des Dames, à Auxerre , département de 
V Yonne. 


4 e LETTRE, DU MÊME. 

De Saarbruck, ce 1 er jour des sans-culoltides, 3 e année 
républicaine, une et indivisible. 

Mon cher père et ma chère mère, 

J’ai reçu votre lettre datée du 15 fructidor, qui nous a fait 
un sensible plaisir, par laquelle vous me marquez que vous 
jouissez d’une parfaite santé, sinon que ma mère, qui a été 
malade de chagrin. Grâce à l’Être suprême, nous nous portons 
bien tous les deux (1), je souhaite que la présente vous trouve 
en aussi bonne santé. 

(I) Pèlerin Goiseau avait un frère nommé Gérôme, qui s’enrôla comme 
volontaire de la première réquisition, le 17 frimaire an II. et partit pour 
l’armée le 26 du même mois. 


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549 


AUX ARMEES DE LA REPUBLIQUE. 

Je vous dirai, pour nouvelles, que l'ennemi a fait une sortie 
de Luxembourg, où uous leur avons tué 3,000 hommes d'un 
coup, et 1,500 hommes de cavalerie, qui ont été pris dernière- 
ment. Nous comptions aller au siège de Luxembourg, comme 
je vous l’avais marqué, mais nous avons eu contrordre, nous 
restons où nous sommes, pour garder, 1» hommes, qui sont 
répandus dans les bois, qui sont bloqués {sic). 

Voilà bien deux mois que nous sommes, jour et nuit, sur 
pied , toujours au bivouac , et à monter la garde tous les 
24 heures. Si nous regardions notre misère de près, je crois 
que nous aurions lieu de nous affliger ; mais, non, nous pre- 
nons tous notre misère en patience, et nous vivons toujours 
aussi contents et aussi joyeux tout comme si nous étions chez 
nous . Je dis bien comme vous, que je voudrais bien vous aller 
voir seulement quinze jours, et je mourrais content, mais je 
vois bien qu'il n'est pas possible de quitter, il faut patienter 
jusqu’à la fin. 

Je vous prie de me marquer quand on a été en vendanges 
chez nous, si on a fait beaucoup de vin. 

Rien autre chose à vous mander pour le présent, sinon que 
nous sommes, en attendant avec la plus grande impatience 
do vos nouvelles. Bien nos compliments à nos frères et sœurs, 
nos oncles, tantes, cousins, cousines et tout le voisinage. 
Bien nos compliments aux citoyen et citoyenne Roux, que je 
suis bien mortifié de les avoir oubliés dans ma dernière lettre. 
Bien nos compliments aux citoyens Métrai et Voirin et toute 
la famille. 

Nous finissons, mon cher père et ma chère mère, en vous em- 
brassant du plus. profond du cœur. 

Nous sommes, pour la vie, vos fils, 

Pèlerin Goiseau. 

Salut et fraternité. 


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550 


LES VOLONTAIRES AUXKRROIS 


MEUNIER (ÉTIENNE), 

Enrôlé volontaire, faisait partie du 6° bataillon de Paris, pour 
l'expédition de la Vendée, en qualité de sergent, depuis le 
26 mai 1793. Il avait un frère, nommé Pierre Meunier, qui 
s’enrôla le 22 juillet 1792, âgé de 16 ans, et fut envoyé, 
comme canonnier volontaire, au 1 er bataillon de l'Yonne . Ils 
étaient fils d'Antoine Meunier, tonnelier, demeurant au 
Grand-Gharonnes, près Paris, qu’il quitta pour se fixer 
à Auxerre, et de Marie Goyard. Antoine Meunier était né, le 
2 juillet 1730, à Ancy-le-Franc, du mariage de Edme Meu- 
nier, tonnelier, et de Marie Garlin. Marie Goyard était née, 
le 25 octobre 1730, du mariage de François Goyard, labou- 
reur, et de Nicole Lebeuf. 

LETTRE UNIQUE 

Ce 8 nivôse, an II do la République française. Indivi- 
sibilité et fraternité ; égalité ou la mort. 

Mon père et ma mère, 

Je vous écris ces mots pour m’informer de l’état de votre 
santé ; je souhaite que ma lettre vous trouve en bonne santé, 
comme je suis pour le présent. 

Réjouissez-vous, tous nos ennemis sont f.....; plus de bri- 
gands dans la Vendée, le grand coup s’est donné le 2 nivôse (1); 
nous avons terminé le coup fatal; vivent les républicains. 
J’espère vous voir pour le commencement du printemps, là, 
nous nous réjouirons et nous chanterons : Ça ira ; et puis, 
vous ferez bien des compliments aux citoyen et citoyenne N. 
et à tous les voisins et voisines. Vous ne manquerez pas 
d’aller voir mon fillot, vous lui donnerez un fusil et vous l’en- 
verrez vers moi, car il doit être assez grand pour être très 
observateur de la République. J’espère, pour Pâques, lui don- 
ner ses roulées. 

(I) Les débris de l’armée vendéenne, battues dans le Mans par Marceau, 
furent complètement anéantis devant Savenay, le 2 nivôse (22 déc. 1793). 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 551 


Je finis, mon cher père, toujours avec la plus grande amitié 
possible. 


Votre fils, 

Etienne Meunier, caporal. 


Suscription : 

An citoyen Meunier père , tonnelier, à Auxerre (Yonne). 


MIGNARD. 

Deux frères : l’un surnommé P Enfant, l’autre Valmur. 

PREMIÈRE LETTRE. 

(Armée du Nord). 

Au camp d’Aubaucheuil, entre Gambray et Douay, le 
14 juillet 1793, l’an II de la République française. 

Ma chère maman et mon cher papa, 

Valmur et Y Enfant, qui sont campés ici, s’empressent de 
vous écrire pour s’informer de Pétât de vos santés, espérant 
que la présente vous trouvera comme nous le désirons. 

Je vous dirai que toute l’armée a pris les armes le 9 juillet. 
Arrivés à la plaine destinée, nous nous sommes mis en ba- 
taille, un de nos officiers a fait lecture de la Constitution en 
présence des Représentants du peuple ; la lecture faite, on a 
fait battre un ban, et les officiers généraux, au centre, ont 
commencé à prêter le serment comme quoi ils acceptent la 
Constitution, et de suite, les citoyens soldats Pont acceptée 
en criant : Vivent la République, la nation et la liberté. Les 
Représentants du peuple ont passé dans tous les rangs ; on a 
demandé s’il y avait des soldats sachant chanter la chanson 
des Marseillaises, pour se rendre au centre avec 300 musi- 
ciens, qui ont commencé à jouer la chanson, et 150 soldats les 
accompagnaient. Les Représentants du peuple elles géné- 
raux chantaient aussi avec les citoyens soldats. Les Repré- 
sentants du peuple, criant tous : Vivent la nation et la Répu- 
blique, ont donné ordre aux commandants des corps de don- 
Sc. hist. 36 


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552 


LES VOLONTAIRES AIXBRROIS 


ner 10 sols à chaque soldat ; vous pouvez vous imaginer que le 
soldat a encore bien mieux chanté et fait voltiger les chapeaux. 

Les Représentants ont dit qu’ils en allaient tenir un procès- 
verbal et l’envoyer à l’Assemblée nationale, et nous nous 
sommes retirés. 

Le bruit court que Valenciennes est débloquée, je n’en suis 
pas sûr ; mais tout ce que je puis vous dire, c’est que le canon 
a commencé à tirer le 4 juillet jusqu’au 7 comme un feu de 
file; le 7, le canon et la fusillade ont été, pendant six heures 
d’horloge, comme une grêle. Nous avons su, depuis, que 
l’ennemi a voulu monter à l’assaut de Valenciennes et qu’ils 
n’ont pu réussir contre les armes de la République. Lamarche 
de l’ennemi sur Valenciennes était sur quatre colonnes; la 
première était la colonne des Prussiens, qui ont voulu jeter 
des pontons dans les fortifications, se munissant d’échelles. 
Les républicains français faisaient pas semblant de les voir ; 
aussitôt qu'ils en ont vu une quantité suffisante dans les 
pontons, la nation française, qui était dans les fortifications, 
a commencé à tirer des bordées de canon à mitraille, et qui 
n’ont pas laissé que de faire boire un bon coup d’eau à l’enne- 
mi. Quand la première colonne a vu qu’elle ne pouvait réus- 
sir, les quatre colonnes se sont ralliées toutes ensemble, et 
sont venues au premier pont-levis de Valenciennes, où ils ont 
tiré une vingtaine de coups de canon, mais ils n'ont pu rien 
faire, par la trop grande quantité de boulets ramés, mi- 
traille et bombes que la République leur a envoyés. Nom- 
bre de morts que l’ennemi a perdus : *2,000 à 14,000. 

Mais, au moment que je vous écris, le canon va encore bien 
fort nuit et jour, je ne sais où \ tout ce que je peux vous dire, 
c’est sur la même direction que Valencienues. L’un dit que 
toutes les portes de Valenciennes sont ouvertes, l’autre dit 
non, on ne sait lequel croire ; jnais ce qu’il y a de sûr, c’est 
qu’on fait jouer les pièces de 24 et autres sur la même direc- 
tion que Valenciennes (1). 


(I) Valenciennes capitula le 28 juillet après avoir reçu 84.000 boulets, 
20,000 obus et 48,000 bombes. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 553 

Rien autre chose, sinon que le général Gustine met une 
grande discipline dans son armée (1). 

L'armée est composée de 60.000 hommes et 16,000 hommes 
d’avant-garde de gauche ; dans cette avant-garde est le régi- 
ment où est mon frère, et je suis aussi du nombre. 

Je crois que l'intention du général Gustine est de bien lais- 
ser fatiguer l’ennemi et de laisser faire notre récolte, et 
qu'après, il leur donnera la chasse. 

Nous sommes campés dans une plaine, où il n’y a pas un 
seul arbre ; on ne peut rester sous les tentes ; on est grillé du 
soleil, noirs comme des nègres cl forts comme des républi- 
cains, qui ont en haine les rois et les nobles. 

Vous allez connaître le bon cœur de mon frère Valmnr : 
Il avait deux montres en argent, il m’en a fait présent d’une ; 
voilà ce qui s’appelle un frère, et un frère * comme on n’en 
voit guère. 

Nous finissons en vous embrassant de tout notre cœur, 
mon cher papa et ma chère maman. 

Vos deux enfants, qui chérissent leur père et mère et ne 
cessent de penser à eux. 

Mignard, dit Y Enfant. 

Mignard, dit Valmnr . 

Voilà mon adresse : 

Mignard, caporal au 22° régiment d’infanterie, compagnie de 

Paris, au camp d’Aubencheuil, auprès de Cambray, armée 

du générai Custine. 

P . S . — Il est onze heures, et je suis fatigué d’écrire sur 
mes genoux. Le canon va encore bien plus fort que celle 
nuit. 

(t) La même observai ion se trouve relatée dans la lettre adressée le 2 juin 
1793 par Davout aux administrateurs de l’Yonne. 

Depuis quelque temps, il règne aii bataillon une discipline sévère et 
républicaine qui parait vouloir s’établir dans l’armée depuis l’arrivée de 
Custines. 


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LES VOLONTAIRE^ AUXERROIS 


554 

Au momenl où je vais cacheter ma lettre, le canon et la 
fusillade vont d’une force terrible; on bât la générale dans 
l’armée ; voilà l’artillerie volante qui va, au grand galop, sur 
la route de Cambray et toute la cavalerie, et nous voilà que 
nous partons pour nous rendre dans un bois comme flan- 
queurs. 

Le 14 juillet, jour mémorable, à 1 heure du soir. — Si 
j’en reviens, je vous écrirai ce qu’il en a été. 

Adieu ! Les camarades sont déjà en bataille. 


2° LETTRE. 

Au cantonnement deCalcar, le 16 brumaire, 3« année 
républicaine, une et indivisible. 

Liberté , Egalité ou la mort . 

Mon cher papa et ma chère maman, 

Je vous ai écrit du fort de Lorange, et je suis encore à rece- 
voir réponse. Je vous assure que le retard que j’éprouve me 
donne beaucoup d’inquiétudes sur vos chères santés; j’es- 
dôre qu’à celle-ci vous me ferez l’amitié de me faire réponse, 
si vous voulez tranquilliser un de vos enfants, qui ne cesse 
de penser à vous. L’Elre suprême me favorisera ou me 
désespérera. 

Vous n’ignorez pas que nous avons pris Bios-le-Duc? La 
prise de cette ville importante procure, à la République, 
146 bouches à feu, dont 85 en bronze, 43,000 boulets, 12,000 
bombes, 9,000 fusils, 350 fusils de remparts, 120 milliers de 
poudre, du soufre, du salpêtre, des magasins considérables en 
eau-de vie, genièvre et munitions, etc. Vive la République ! 

Nous sommes repartis pour aller faire le siège de Venloo, 
comme nos tranchées étaient finies, prêtes à bombarder celle 
ville, l’ennemi nous a envoyé un trompette, qui demandait à 
capituler, capitulation faite à vie. Le général français est 
tombé d’accord; cette ville est au pouvoir des républicains, 


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555 


AUX ARMÉES DE LA REPUBLIQUE. 

et propre à faire des magasins. Nous sommes repartis pour 
aller faire le siège de Neebek, qui donne sur le bord du Rhin ; 
mais, quand nous sommes arrivés, croyant que nous allions 
rester pour faire le siège, on nous a dit que nous serions de 
l'armée d’observation, que notre division en avait fait assez, 
et de suite nous sommes repartis pour notre cantonnement de 
Calcar à un quart de lieue du Rhin. Je suis allé me promener 
sur le bord du Rhin ; tout ce que je puis vous dire, où je l’ai 
vu ça a bien une demie lieue de large et bien rapide. Cette 
ville de Neeb'îk serait très-importante pour la république. 
Il y a 40,000 français pour en faire le siège, mais malheureuse- 
ment pour nous nous ne pouvons pas la bloquer rapport au 
Rhin, ce qui ne laisse pas de lui donner du secours. Je viens 
d’apprendre aujourd’hui que nous venons de gagner les mon- 
tagnes, ce qui fera que nous viendrons à bout de la brûler. La 
garnison de cette ville importante est de 15,000 hommes, 
savoir : 1 régiment de cavalerie, émigrés, 4 bataillons infan- 
terie, émigrés, et le restant prussien et hollandais. Voilà six 
jours que le canon ne décesse nuit et jour, et l’on dit que la 
ville commence à brûler. Nous sommes à l’armée d’observa- 
tion sur le bord du Rhin 25,000 hommes. 

Nous sommes, moi et mon sergerù-major, logés chez un curé, 
qui ne parle pas du tout le français, mais nous sommes très- 
bien nourris et couchés ; il y avait au moins six mois que 
nous couchions sur la terre. 

Je ne puis pas avoir de nouvelles de Valmur, je ne sais où 
il est. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur. 

Mignard, dit P Enfant, 

Caporal-fourrier au 2 e bataillon de la 44° demi-brigade, 
3° compagnie, armée du nord, division de Van- 
damme. 

Suscription de cette lettre. : 

Au républicain Mignard , bourgeois , demeurant à Auxerre . 


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A 



556 


LES VOLONTAIRES AUXEAROIS 


BERTRAND. 

Quatre enfants au service de la nation, au 3° bataillon 
des volontaires, 

Savoir : Lazare Bertrand, Laurent Bertrand, Louis Bertrand 
et Michel Bertrand. 

Ils étaient dans les volontaires depuis la première formation 
de 1791, àSoissons, 3 e bataillon, et s’y sont comportés, dit le 
certificat qui leur a été donné comme de vrais sans-culottes 
èt vrais républicains. 

Ils étaient fils de Jean Bertrand, tonnelier, et de Jeanne 
Choppard, demeurant à Auxerre, rue neuve. 

La lettre suivante est signée par trois d’entr’eux. 

Liberté. Égalité , 

3 mo ANNÉE RÉPUBLICAINE. 

Fraternité , ou la mort. 

Du cantonnement proche Nimègue ce 25 frimaire. 

Mon cher père et ma chère mère, 

Cette lettre que je vous écris est pour répondre aux deux 
vôtres, qui nous ont fait un sensible plaisir d’apprendre que 
vous jouissez d’une parfaite santé, pour à l’égard de la nôtre 
elle est très-bonne en ce moment. 

Vous nous marquez la mort de notre oncle le Grenadier, 
nous en sommes bien fâchés, mais puisque la mort l’y appelle 
nous ne pouvons rien y faire du tout. 

Vous nous apprenez le mariage de notre frère le cadet avec 
la citoyenne Marianne de Charbuis, nous en sommes bien 
charmés, et nous désirons que quand elle sera dans la famille 
elle s'accorde bien avec tous, et nous lui désirons toute sorte 
de bonheur dans son ménage. 

Vous nous marquez que vous voudriez bien que nous soyons 
au pays pour participer aux noces ; je le désirerions b ien, mais 
cela est impossible, nos plus grandes noces c’est quand nous 


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AUX ARMEES DE LA REPUBLIQUE. 557 

combattons avec les ennemis de la république; voilà nos 
meilleurs repas. 

Je vous dirai qu'à présent nous sommes cantonnés proche 
Nimègue. Je vous dirai que Grave n'est pas encore pris; Ton ne 
veut pas encore en faire le siège afin de ne pas le brûler pour 
y faire loger nos troupes cet hiver. La ville est à deux lieues 
par derrière nous ; ils ne veulent pas se rendre, parce que 
c’est la garnison de Bois le duc qui est entrée dans cete ville. 
Sitôt la ville prise toute la garnison sera passée au fil de l'épée. 

Rien de nouveau pour le présent, bien des compliments de 
notre part à notre beau-frère, etc. 

Nous sommes toujours pour la vie vos fils. 

Bertrand Bertrand Bertrand 

(Sergent) (Caporal) (Tambour) 

Suscription : 

Au citoyen Jean Bertrand , tonnelier , demeurant à Auxerre, 
département de V Yonne, 


BOUCHARD (Edme), 

Né le 4 février 1768, fils de Jean Bouchard, cultivateur, demeu- 
rant à Auxerre, rue du Pont, et de Jeanne Nolin ; soldat vo- 
lontaire à la 3 e compagnie du 1 er bataillon de l’Yonne depuis 
le 22 septembre 1 791 . Marié le 6 nivôse an III, avec Magde- 
leine Bqguignier, née le 22 mars 1758, fille de Beguignier, 
charron, et de Anne Marceau, demeurant à Auxerre, rue de 
Biau. 

De Sarreguemines, le 1 pluviôse, an II de la République 
française. 

Ma chère mère, 

Je vous prie de m’excuser de ne vous avoir pas écrit plus 
tôt, la raison est que depuis que j'ai reçu la lettre et les 5 livres 


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LES VOLONTAIRES AUXHRROIS 


558 

que vous aviez données au citoyen Cuillier, nous avons tou- 
jours été en marche par les temps les plus affreux et les 
plus abominables; ainsi, voyez que j’étais dans l'impossibilité 
d’écrire. 

Nous sommes dans la plus grande misère, je suis dépourvu 
de tout ; c’est pourquoi je vous prie de m’envoyer absolument 
de l’argent. Si vous n’en avez pas, il faut en emprunter et vous 
le remettrez alors que vous en aurez, car il est impossible que 
je m'en passe. Je suis sans chemises, sans bas, sans souliers, 
point de mouchoirs de poche ni de col ; ainsi donc, vous ne 
pouvez me rendre plus grand service dans ma misère ; je 
n’ai point besoin de vous la décrire, vous savez vous-même 
combien elle doit être grande après avoir campé tout 
l’hiver par la pluie, la neige et les gelées. Je vous prie aussi 
de remettre à la citoyenne Basse 5 livres que son fils m’a 
prêtées. 

J’ai appris par une voix indirecte que le citoyen Gauthier 
était marié et qu’on l’avait obligé de partir ; je voudrais savoir 
si c’est avec la citoyenne Saint-Jean, et s’il est vrai qu’il soit 
parti. Je serais charmé de savoir où est mon frère, car je ferais 
mon possible pour le faire venir avec moi. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur ainsi que tous 
mes frères et sœurs, parents et amis. 

Votre très-humble et très soumis fils, 

Edme Bouchard, 

Volontaire au 1 er bataillon de l’Yonne attaché à l’artil- 
lerie, compagnie de Morillon, au quartier de Sar- 
reguemines. 


Suscriptiou : 

A la citoyenne veuve Bouchard , rue du Pont , à Auxerre , 
département de V Yonne. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 


559 


DELUG (Thomas), 

Plâtrier, proclamé soldat de la république par voie du sort 
dans la levée ordonnée par la loi du 24 juin 1793, qui eut 
lieu le 14 juillet suivant. 

PREMIÈRE LETTRE. 

Cambray, le 12 octobre, Van XI de la République fran- 
çaise indivisible. 

Mon cher père et ma chère mère, 

J’ai reçu votre réponse qui m’a fait un sensible plaisir d’ap- 
prendre que vous ôtes en bonne santé ; pour moi je me porte 
bien, üieu merci, je désire que la présente vous trouve de 
même. 

Le sujet pourquoi Gordier est parti chez lui est qu’il a fait 
le malade, et par des protestations et des lettres qu’il avait 
usurpées des aristocrates avant de partir d’Auxerre, et ayant 
montré les lettres aux commissaires, qui étaient à Versailles, 
il en a obtenu son congé. Il avait été sous-lieutenant à la place 
de Guilly. Parce qu’il en avait été ôté en route par une petite 
fantaisie, et alors il était décidé à rester ; mais lorsqu’il a vu 
que Guilly est rentré à sa place il a fait tout ce qu’il a pu pour 
avoir son congé. Mais il était si triste soldat que notre capi- 
taine n’a pas fait de difficultés pour lui signer son congé. Il ne 
frayait avec personne, et était très chiche en route, je crois 
qu’il serait mort de peur avant d’arriver à la garnison. Je 
l'avais cependant chargé de vous faire mes compliments, il me 
l’avait promis, j’aurais empêché notre capitaine de lui signer 
son congé, mais j’étais à Paris, et ne suis arrivé que lorqu’il 
avait tout ce qu’il lui fallait pour partir. Il a même emporté 
son fusil et lis habillements de la nation. Je voudrais que le 
Comité desurveillance en fût instruit pour les lui faire rendre. 
Au sujet de PifFoux il est en détachement à Gompiègne. 

Je suis charmé que tous les garçons vont nous seconder, 
nous en avons besoin pourvu qu’ils soient guerriers et hardis; 




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560 


LES VOLONTAIRES AOXERROIS 


je vous prie de me dire s’ils sont organisés en bataillon, si on 
les armera de piques ou de fusils, s'ils sont beaucoup d’Auxerre 
ou du département. Je voudrais que Richard fût vers moi, 
puisqu’il est courageux; il faudrait qu’il se déploie, il ne tar- 
derait pas à faire voir sa vaillantise contre nos ennemis. 

Nous ne sommes qu’à deux lieues du camp de l’ennemi, il 
vient môme faire des patrouilles jusqu’aux palissades et aux 
postes bivouaqués où nous montons la garde. Ils sont venus 
il y a trois jours où j’élais bivouaqué, au pont rouge, à un 
demi-quart de lieue hors de la ville où j’étais de garde, faire 
patrouille sur les une heure du matin et m’attaquer, j’étais 
dans une redoute, nous avons fait feu de file sur eux quoique 
nous ne fussions que 15 hommes, eux aux environs de 50 
tant cavalerie qu’in fanlerie. Nous les en avons chassés, et 
môme tué quelques-uns, ils ne viennent plus si souvent s’y 
frotter. Ils parcourent par patrouilles les villages voisins et 
ils prennent des vaches, nous avons aussi 'passé dans un 
village qui a été brûlé par l’ennemi. 

La garnison de la ville est assez considérable, nous sommes 
aux environs de 10,000 hommes, la ville est assez bien fortifiée 
ainsi que la citadelle. L’ennemi s’en approche et nous crai- 
gnons bien qu’il ne tarde à venir bloquer la ville, mais nous 
sommes décidés de périr plutôt que de nous rendre à des 
brigands. 

La société populaire est très-patriote, et travaille beaucoup 
au bien général. 

Vous me marquez que la misère est à Auxerre, cola me fait 
beaucoup de peine pour les pauvres gens, dont le produit du 
travail ne suffît pas pour les faire subsister. Elle est aussi où 
nous sommes, tout est extraordinairement cher. Il faut espé- 
rer que lorsque cette horde de brigands sera écrasée on verra 
renaître toutes les denrées à bon marché. 

Je suis content de ce que mon frère Louis est du comité de 
surveillance, je crois qu’il dénoncera toute personne qu’il con- 
naîtra suspecte et aristocrate, car il y a beaucoup de celte 
vermine-là à Auxerre et aux environs. 

Le grand Pierrot se porte bien, il a été tiré daus les grena- 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 561 

diers, il n'est pas si sot qu'on voulait bien le dire ; il le faisait 
bien exprès pour qu'on ne le fasse pas partir. 

Nous avons une compagnie de canonniers, une de grena- 
diers et sept de fusilliers dans notre bataillon (1). 

Rien autre chose pour le présent, sinon bien des compli- 
ments à tous mes frères, sœurs, et ainsi qu’à Richard, que je 
prie d'ètre courageux à vaincre nos ennemis, au citoyen 
Durand et à Beligon. Guilly vous fait ses compliments ainsi 
qu'au citoyen Curé. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur, et suis votre 
soumis fils, 

Deluc, 

Sous-lieutenant. 


Suscription : 

Au citoyen Deluc , marchand épicier , rue Valentin n° 4, 
à Auxerre , département de V Yonne. 


2« LETTRE. 

Thun-l’Evèque, le 5 ventôse, an II de la république 
française une et indivisible. 

Mon cher père et ma chère mère, 

C’est avec le plus grand plaisir que j’ai reçu votre 'ettre par 
laquelle vous me marquez que vous êtes en bonne santé, je 
désire que la présente vous trouve de même, pour à l'égard de 
la mienne elle est assez bonne, je me rétablis assez bien. 

Notre bataillon est fini d'être complété et nous sommes 
partis de Gambray le 1 ventôse pour nous rendre à Thun- 
l’Evêque, village entre Cambray et Bouchaiu sur la route de 

(I) Dans les armées de la République, l'artillerie était dans la propor- 
tion de trois canons par bataillon de t,000 hommes. 


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LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


562 

Valenciennes, où nous sommes cantonnés avec deux pièces 
de canon. Nous n’y sommes pas bien parce que le village n’est 
pas assez grand pour tout tenir, il y en a qui sont jusqu’à 70 
hommes dans les granges à moitié découvertes et presque 
sans paille. 

L’on ne peut rien trouver pour son argeut. l’on n’y vend ni 
vin ni bière, ni aucune autre denrée. Si l’on y trouve quelque 
chose on le paie triple et double de ce que cela coûte. Mais 
nous souffrirons et mourrons plutôt que de murmurer un seul 
moment sur notre sort , puisque c'est pour la liberté . Il y a aussi 
trois bataillons qui sont daus des villages, cantonnés près de 
nous, en sorte que nous formons sur toute la frontière du 
nord une barrière à l’ennemi, et nous espérons que sous peu 
nous irons assiéger Valenciennes. 

Les troupes viennent en abondance, et nous brûlons de 
mesurer nos forces avec celles de l’ennemi ; et de lui apprendre 
ce que peuvent les bras d’un peuple qui veut conserver sa 
liberté. Ils ne sont pas éloignés de nous, et nous les voyons 
très- souvent au village de Thun-Saint-Martin, où il n’y a que 
l’Escaut, petite rivière, qui nous sépare d’eux. 

Au sujet de la guerre de ce côté, je ne sais rien de nouveau, 
les troupes n’ont pas*cncore porté de grands coups, nous n’at- 
tendons que la réunion de nos forces ; alors le Queunois, 
Valenciennes et Coudé seront bieutôt à nous ou réduits en 
cendres. Tout jusqu’à présent va assez bien, les déserteurs 
viennent en abondance; du fer et du courage, nos ennemis 
seront bientôt exterminés. 

A l’égard de Pierre, je suis charmé qu’il soit plus raison- 
nable, et qu’il travaille, mais cherchez-lui une place où il 
puisse se produire. Le citoyen Robinet peut lui trouver ce 
qu’il lui faut. Richard e6t caporal, je ne lui parle plus, et je le 
laisse tranquille. 

Rien autre chose pour le présent, sinon bien des compli- 
ments à tous mes frères et sœurs, tantes, cousines et cousins, 
ainsi qu’à mon cousin Deluc, mes cousines Deluc, à mon 
parrain et à ma marraine, que j’embrasse de tout mon cœur, 
et tous mes amis. 


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AUX ARMÉES DR LA REPUBLIQUE 563 


Je 

fils, 


finis, et suis cher père et chère mère, votre soumis 

Thomas Deluc, 


Sous-lieutenant de la 6° compagnie, au 7° bataillon 
de l’Yonne, cantonné à Thun-l’Évêque proche 
Cambray. 


(Même suscription qu’à la lettre précédente.) 


CARTAUT (Jean), 

Né à Auxerre, fils de Gartaut et de Prudence 

Courtot, remariée avec le citoyen Villain, demeurant place 
Commune, 3. Jean Gartaut s’était enrôlé le 15 août 1792, à 
l’àge de 24 ans. 


PREMIÈRE LETTRE. 

Ce jourd’hui 13 fructidor, 2° année républicaine. 

Cher père et chère mère, 

Je me fais un grand plaisir de vous faire passer de mes 
nouvelles, attendu que je suis un moment tranquille dedans 
ma cabane, je crois que vous êtes en peine de moi, mais ras- 
surez-vous par la lettre que je vous envoie, et croyez que ma 
santé est bonne, je souhaite que la présente vous trouve de 
même tous deux, ainsi que mon frère et ma sœur, do même et 
généralement toute la famille. 

Je vous dirai pour nouvelles que nous sommes dans la 
Hollande, proche Tournoi, les ennemis sont en face, nous leur 
donnons tous les jours la chasse, mais de ce moment-ci ils nous 
voient, et ils nous font voir qu’ils savent faire demi-tour a 
droite. De plus je vous apprendrai la prise de Valenciennes, 
où nous avons pris beaucoup de canons, le nombre est de 218 
pour Valenciennes seulement, et au fort de l’Ecluse 110 pièces 
de fort calibre. 


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LES VOLONTAIRES AUXRRROIS 


564 

Aussi je crois que cela doit bien rassurer notre République, car 
partout nous n’entendons parler que de victoires remportées 
par les armées de la République. Aussi, cher père, cela doit 
bien vous donner à croire que la République est assujettie par les 
lauriers des Républicains , vous ne devez pas douter de la 
manière dont nous nous battons que nous remporterons 
des lauriers dans nos foyers. 

De plus je vous dirai que notre commandant est général de 
demi-brigade, et que je suis un des premiers capitaines dans 
le bataillon par mon ancienneté de service. 

J’ai fait changer ma cartouche pour la mettre au nouveau 
régime, car nous ne voulons point voir les armes du ci-devant 
coquin. 

Si l’on vous demande le temps que j’ai servi vous pourrez 
dire que j’ai servi depuis l’an 1784, à commencer du 4 décem- 
bre. (Vieux style.) 

Vous voudrez bien me donner connaissance de la récolte de 
notre pays, et dans quel état vous vous trouvez; si toutefois 
vous vous trouvez génés, que vous ayez besoin de quelque 
chose ne craignez pas de me le demander ; croyez qu’un fils 
doit venir en aide à ses père et mère dans la gêne, et ne crai- 
gnez rien. 

Rien autre chose à vous marquer pour le présent, que la 
santé que je vous souhaite à tous, vous n’oublierez pas de 
faire des compliments pour moi au citoyen Bonnard cl à la 
citoyenne Bonnard, ainsi qu’à tous ceux du voisinage qui 
demanderont de mes nouvelles. 

Salut et fraternité, pour la vie votre fils, 

Cartaut, républicain. 

Capitaine. 


Suscription : 

Au citoyen Villain, marchand potier , demeurant à Auxerre , 
département de V Yonne, 


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AUX A RM K ES DR LA REPUBLIQUE. 


565 


2° LETTRE. 

Go jourd’hui, 10 thermidor, 3° année républicaine. 

Cher père et chère mère, 

C’est avec la plus grande satisfaction que je m’empresse de 
vous donner de mes nouvelles de mon arrivée en Bretagne, 
sortant de la Hollande. Nous trouvons beaucoup de change- 
ments en France, et plusieurs sont gênés faute d’argent. Ce 
n’est pas qu’il manque de blé chez les fermiers, mais ils ne 
veulent plus prendre les assignats ; ils disent tous que si l’on 
a de l’aigenl blanc on en aura, ils vont jusqu’au point de 
dire qu’ils ont des assignats de quoi faire la litière à leurs 
vaches. 

De plus, je vous dirai que nous avons amalgamé avec le 
3 e bataillon de l’Yonne, et avec le régiment ci-devant 54 
auquel les capitaines ont pris rang d'ancienneté dans le batail- 
lon où ils sont tombés ; tant qu’à moi je vous dirai que je ne 
suis plus capitaine de la 8 e compagnie, je suis à présent capi- 
taine de la 2° par rang d’ancienneté, ce qui me fait le grand 
avantage que je me trouve commandant le bataillon en l’ab- 
sence du chef de bataillon. 

Je vous dirai aussi que nous sommes à border les côtes de 
la mer, car l’on craint que les Anglais fassent une descente du 
côté de l’Orient, car l’on voit de temps à autre quelques fré- 
gates croiser aux environs. 

Les Anglais avaient débarqué 10,000 émigrés à Bell Isle qu’ils 
nous avaient pris, nous fîmes une sortie, on les attaqua à 1 1 
heures du soir, l'on monta à l’assaut, on leur tua un monde 
considérable, et l’on trouva 6,000 habits, 8,000 fusils et il resta 
1 ,060 hommes prisonniers. 

Bellisle est en notre pouvoir, je vous dirai que quand nous 
sommes partis de la Hollande, l'on était près de bombarder 
Coblentz, qui est une ville capitale de l’Empire, à quoi ils se- 
ront forcés de demander la paix. 


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566 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


Rien autre chose à vous marquer pour le présent, et suis 
pour la vie votre fils. 

Jean Cartàut. 

Capitaine. 


BONNARD (Claude), 

Fils de Jean-Baptiste Bonnard et de Françoise Monnot, soldat 
volontaire au 1 er bataillon de l'Yonne, attaché à lartillerie 
depuis le 16 août 179*2, il s'était enrôlé à l'âge de 18 ans, le 
2 août 1792. 

A Saarbruck, le 3 frutidor, an II de la République 
une et indivisible. 

Mon cher père, „ 

J’ai reçu ta dernière lettre, par laquelle tu te plains de ma 
négligence à t'écrire, je t’ai pourtant adressé trois lettres cet 
hiver, Tune de Thion ville, l’autre de Longwy, et la troisième 
de Villiers-les-Montagnes, je suis étonné que tu ne les aies 
pas reçues toutes les trois. (Ne sois pas étonné si je te tutoie, 
tu n’ignores pas que c’est le style des républicains.) 

Nous sommes maintenant armés de fusils, et nous faisons 
l’exercico tous les jours, nous ne tarderons pas à rejoindre 
l’armée quand le bataillon va être suffisamment instruit. Nous 
sommes près de 900 de rassemblés. Nous avons quitté l'artil- 
lerie par ordre du représentant du peuple, ce qui n’a pas 
contenté les volontaires. 

Le citoyen Bourdois, ci-devant Champfort, vient d’ètre des- 
titué (1), et c’est le citoyen Binot qui nous commande. Nous 
sommes accablés de service, nous montons la garde tous les 
trois jours. 

(I) Bourdois-Champforl, chef du l tr bataillon des volontaires de l’Yonne, 
fut suspendu de ses fonctions le 18 germinal an H, par arrêté du Comité 
de salut public, par suite d’une dénonciation portée contre lui au tribunal 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 567 

Fais-moi le plaisir de me marquer si mon frère Alexandre a 
rejoint son corps, et dans* quel endroit il est maintenant. 

Je te prie aussi de me donner des nouvelles du pays, et si 
la récolte sera abondante, et ce que deviennent vos aristo- 
crates, car il n’en manquait pas à Auxerre. 

Tu sais sans doute que notre armée est à Trêves. Il ne faut 
pas penser à nous revoir que nos ennemis ne soient extermi- 
nés. Ils commencent déjà à pa^er cher l’audace qu’ils ont eue 
d’attaquer des hommes libres, car nos armées les culbutent 
comme de vils troupeaux. 

Donne-moi de» nouvelles de ma famille ; mon adresse est 
au citoyen Bonnard, volontaire au 1 er bataillon de l’Yonne 
compagnie Seguin, campé à Saint-Jean à Saarbruk. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur, et suis avec 
un profond respect votre fils. 

Claude Bonnard. 

Suscription : 

Au citoyen Bonnard , relieur , rue de V Horloge , marché 
aux Oignons , à Auxerre . 


GUETIN (Edme), 

De Saarlibre, ce 21 germinal l’an II de la République, 
française une et indivisible et impérissable. 

Liberté , Égalité, Fraternité ou la mort . 

Citoyen, 

La présente est pour te remercier de la bonté que tu as eue 
de me faire tenir les 30 francs que je t’avais mis entre mains 
lorsque je suis parti d’Auxerre. 

révolutionnaire; dénonciation qui fut reconnue plus tard injuste et 
calomnieuse. 

11 était fils de Edme Bourdois de Champfort et de Emerentienne 
Boumet de Venisy. La famille Bourdois était originaire de Joigny. 

Sc. hist. 37 


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508 


LES VOLONTAIRES ÀUXKRROIS 


Mon camarade, tu m’engages de me bien battre avec les 
ennemis de notre liberté, sois sûr que je ne quitterai la guerre 
que quand les ennemis de notre liberté seront réduits en pous- 
sière, et qu’il n’y aura plus que les enfants de la liberté. 

Salut et fraternité. 

Edme GTubtin. 

Suscription : 

Au citoyen Faultrier (1), secrétaire^ greffier de la commune 
d’Auxerre, à Auxerre. 


CHERTIER. 

Du cantonnement d’Andrenacht, ce 22 frimaire de la 
3* année républicaine. 

Liberté , Égalité , Fraternité. 

Mon cher père et ma chère mère, 

La présente est pour répondre à la vôtre, que j'ai reçue 
proche Cologne, étant cantonné sur le bord du Rhin. Je n’ai 
pas pu vous faire réponse sur-le-champ ; nous sommes partis 
quatre jours après pour Coblentz, d’où nous sommes revenus 
pour nous tenir eu garnison sur les bords du Rhin, dans une 
petite ville nommée Andrenacht. Il n’y a rien que du vin, il y 
"est même en grande abondance, les bords du Rhin sontrem- 

(1) Faultrier (Pierre-Augustin), avocat en Parlement, exerça les fonc- 
tion de secrétaire-greffier de la commune depuis le 4 novembre I7S6, jour 
de sa prestation de serment, ju&qu’en Tan XU, époque à laquelle il donna 
sa démission, qui fnt acceptée par le maire, le t tr prairial. 

Avant la Révolution, celle place était à la nomination du roi, sur la 
présentation de trois candidats choisis par les habitants réunis en assem- 
blée générale. Elle donnait droit au titulaire d’assister aux séances dn 
Conseil pour en rédiger les délibérations et de contresigner toutes les 
pièces émanant de la mairie. Le secrétaire-greffier était en même temps 
greffier de police ; le maire et ses échevins étant juges de police et voirie. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 569 

plis de vignes, tant d’un côté comme de l’autre ; nous le payons 
25 sols. 

Je vous dirai, mon cher père et ma chère mère, que voilà 
huit jours que j’ai les fièvres de deux jours l’un, et jusqu’à 
présent je ne veux pas aller à l’hôpital ; il y a la femme de 
notre tambour-maître qui a bien soin de moi, il faut espérer 
que cela ne sera rien. Je crois que le Rhin m’est contraire, il 
y fait un brouillard sans pareil, et toujours froid, si vous 
voulez m’envoyer quelque chose, dans ce moment-ci cela me 
soulagera bien. 

Pour des permissions, l’on n’en parle pas. Il faut que nous 
prenions Mayence pour que le Rhin soit tout en notre pouvoir, 
mais la saison est trop mauvaise, il faut attendre un peu. 

Vous devez savoir qu’il y a à la Convention trois ambassa- 
deurs, un d’Empirç de Prusse et de Hollande. Cela est bien 
vrai, si cela pouvait s’arranger à l’amiable ? De notre côté, l’un 
et l’autre nous ne faisons pas grand bruit, ils sont en faction 
de leur côté, et nous du nôtre. Ils voudraient bien avoir 
Coblenlz, mais il faut qu’ils le gagnent, ils ont le fort qui est 
de l’autre côté et nous la ville. Ce ne sont plus de ces messieurs 
qui sont dedans, ce sont les républicains. 

Vous m’avez écrit que notre tante Madelon était morte, 
tant pis. 

Rien autre chose de plus nouveau à vous marquer, sinon 
que je voudrais être bien portant. 

Je finis, mon cher père et ma chère mère, en vous embras- 
sant de tout mon cœur, ainsi que mes deux sœurs, et suis pour 
la vie votre républicain fils, 

Chertier, dit mon Bienchon . 

r 

Voici mon adresse : Chertier, tambour des grenadiers, au 10 e 
bataillon de Paris (les amis de la patrie), armée de Sambre et 
Meuse, division de Marsaut, cantonné à Andrenacht proche 
Coblentz. 


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570 


LES volontaires auxerrois 


LEMAIN (Barthélemy). 
fils d’Amatre Lemain et d’Êdmée Rousseau, 

Du camp de Falize, le 24 nivôse Tan II delà République 
française. 

Mon cher père et ma chère mère, 

Je réponds à la vôtre datée du 8 nivôse, qui m’afait un sen- 
sible plaisir d'apprendre l’heureux état de votre santé, ains* 
que celle de mes frères et de mes sœurs; pour moi, je me porte 
bien, Dieu merci, je souhaite que la présente vous trouve de 
même. 

Je vous dirai qu’il vient beaucoup de monde à notre armée, 
parce que nous allons commencer à nous battre en vrais répu- 
blicains, comme nous avons toujours fait. Nos braves frères 
d’armes se sont battus à Toulon et à Landeau pour avoir nos 
villes frontières, et nous espérons prendre Valenciennes et 
Gondé, et chasser les ennemis de nos terres. 

Il nous vient des déserteurs tous les jours, ils passent la 
rivièrequi est prise par la gelée, ils viennent se rendre libres 
et ne veillent plus être esclaves, ils veulent la liberté, et nous 
espérons que notre mal finira cette année-ci et que nous nous 
en retournerons couverts de lauriers les partager avec nos 
père et mère, frères et sœurs, et nos maîtresses ; et en même 
temps nous réconcilier avec nos parents qui nous attendent 
depuis longtemps avec patience. 

Voilà que l’on va compléter nos bataillons, de 600 que nous 
étions en arrivant au camp, nous sommes à présent deux cents 
cinquante ; en voilà près de deux cents de morts et faits pri- 
sonniers, et le reste est à rhôpital ; mais il nous arrive des 
contingents pour nous compléter. Il faut que les bataillons 
soient de 1,000 hommes, il y en a déjà de complets, le nôtre 
ne tardera pas. Nous espérons partir bientôt du camp de 
Maubeuge. 

Voilà ce que j’ai à vous marquer pour le présent. 

Bien des compliments à mes frères et sœurs ; je voudrais 


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AUX ARMÉES DE LA REPUBLIQUE. 571 

que le petit républicain soit déjà aussi fort que moi, et comme 
moi au service de la République, mais j’espère l’aller voir 
cette campagne-ci. 

Je finis, mon cher père et ma chère mère, en vous embras- 
sant de tout mon cœur, votre fils, 

Barthélemy Lemain. 

Suscription : 

Au citoyen Amatre Lemain , demeurant à Auxerre, rue du Quart 
Saint- Antoine , département de V Yonne. 


LAYENTÜREÜX (Dominique). . 

Liberté , Égalité , Fraternité . 

Du camp de Bangore, le 23 prairial an III de la Répu- 
blique française une et indivisible. 

Ma chère mère, 

Je vous écris cette lettre pour m’informer de l’état de votre 
santé, pour à l’égard de la mienne elle est très-bonne pour le 
présent, grâce à l’Être suprême. 

Je vous dirai que le 17 de ce mois l’escadre anglaise a paru 
devant Bel-Isle,et le 9 ils se préparaient à faire une descente. 
Ils avaient déjà attaqué plusieurs forts, mais nous avons tiré 
à boulets rouges, et nous leur avons fait prendre le large, où 
ils sont restés plusieurs jours. Nous avons en cette journée 
perdu huit bâtiments marchands, et une frégate qui a été 
dématée. Les Anglais ont eu plusieurs vaisseaux de dématés, 
et un surtout qui a reçu plusieurs coups de boulets rouges. 
La frégate qui a été dématée nous a dit qu’ils reviendraient 
bientôt. 

Je vous dirai que depuis un mois, nous sommes réduits à 
douze onces de pain par jour, et un demi-setier de vin ; nous 
mangeons de la viande salée ; nous sommes dans la plus 


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572 


LES VOLONTAIRES AUXERHOIS 


grande misère, le vin vaut 8 livres, le pain 6 livres et la viande 
10 écus, et l’on ne peut en avoir pour du papier. Je vous dirai 
que nous avons encore pour treize jours de vivres. 

Rien autre chose à vous marquer pour le présent, je vous 
prie de faire bien des compliments à mon oncle et à ma tante, 
etc., etc. 

Je finis en vous embrassant de tout mon coeur et en vous 
priant de me croire pour la vie votre fils, 

Dominique Lavbntureux. 

Caporal des grenadiers du 2° bataillon de la 17° demi- 
brigade, au camp de Bangore, à Bel-Isle en mer. 

Je vous prie de m’envoyer quelque chose, je vous serai bien 
obligé. 

Je vous dirai que les chouans ont été battus, on leur a pris 
leu: ’ ^ mp et tous leurs équipages ; qu’au moment où je vous 
écris l’on vient de tenir conseil de guerre, et nous allons être 
réduits à 6 onces de pain, et l’on ne parle pas de nous envoyer 
des vivres. 


Suscription : 

A la citoyenne veuve Laventurem, demeurant à Auxerre , 
faubourg Saint-Martin, département de V Yonne. 


DELSUS (Claude). 

Volontaire, parti pour la frontière le 3 août 1792 ; s’est enrôlé 
le 1 er du môme mois. Claude Delsus était né le 9 février 
1772 sur la paroisse de Saint-Pierre en vallée, il était fils 
de Jean-Germain Delsus, chaudronnier, et de Marie-Anne 
Beauvais. Ledit Jean-Germain Delsus était né, et avait été 
baptisé en l’église de Saint-Pierre en vallée, le 29 août 1745, 
il était fils de Pierre Delsus, également chaudronnier, et 
de Louise Defrance. Le père de Claude Delsus eut dix-huit 
enfants. 


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573 


AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 

(Armée de Sambre-et-Meuse) 

De Merent, ce 12®® jour de fructidor, 3® année ré- 
publicaine. 

Liberté , Égalité . 

Mon cher père et ma chère mère, 

Je vous écris pour la seconde fois, voilà environ trois mois 
que j’ai fait réponse à votre lettre par laquelle vous me mar- 
quez que vous avez été très-malade, je me suis empressé de 
vous faire réponse pour savoir de vos chères nouveîlègf, pour à 
l’égard de moi je me porte à merveille pour le présent, et je 
souhaite que la présente vous trouve de même. 

Je vous prie de me marquer la valeur des assignats en 
France, pour à l’égard du pays où nous sommes, ils sont très 
méprisés, le papier blanc a autant de valeur. Nous sommes 
misérables sans solde, on nous prend sur notre solde un liard 
par livre, c’est une très-grande misère, pour faire blanchir sa 
chemise on prend 5 livres, encore il faut être ami pour trouver 
à ce prix-là. 

Maintenant nous sommes au bivouac sur le bord du Rhin. 
A l’égard des nouvelles de l’armée, tout parait assez tranquille. 
Cependant de grands préparatifs se rassemblent du côté de 
Crevel pour passer le Rhin. Nous nous attendons à cette expé- 
dition tous les jours, nous occupons une petite lie entre 
Crevel, nous les avons chassés de ce poste le 4 du présent. 
Sitôt que nus serons passés je vous le ferai savoir. 

Rien autre chose à vous marquer pour le présent, sinon que 
je finis en vous embrassant de tout mon cœur et suis pour la 
vie votre fils + 

Delsus, 

Canonnier. 

Jé voué prie dè me marquer dés nouvelles dù pays, si Ms 
denrées sont aussi chères qu’elles étaiéut àvànt la moisson, et 
si elle s’est faite agréablement. 

Claude Delsus, canonnier dans la compagnie d'artillerie de 


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574 


LES VOLONTAIRES AUXRRROIS 


la 139° demi-brigade, 8° division, de l'armée de Sambre-et- 
Meuse, aux pièces de position à Merent près Cologne. 

Suscription : 

Au citoyen Delsus , marchand chaudronnier à Auxerre. 


MÉRAT (Antoine) 

Vigneron, volontaire enrôlé le 16 septembre 1792. Né le 1 er 
mai 1770, du mariage de Jean-Baptiste Mérat, cultivateur, et 
de Catherine Renardet. Il épousa le 6 fructidor, an II, Marie- 
Jeanne Pacot, fille de Jérôme Pacot, cultivateur, et de 
Marie Poulet, née le 28 octobre 1771. 

De Melun, ce 20 vendémiaire. 3® année républicaine 
Liberté , Égalité , Fraternité , ou la mort. 

Ma chère femme, 

Je t’écris ces mots pour te mettre hors d'inquiétude et pour 
m'informer de l'état de ta santé, ainsi que de celle de mon 
père, de ma mère, et de toute la famille dans la petite maison. 

Pour moi je te dirai que je me porte bien, ainsi que mon 
camarade Nargot, mais nous avons eu beaucoup de chagrin de 
quitter la ville d’Auxerre. Nous avons été obligés de quitter 
le coche à Montereau parce que nous étions malades de cha- 
grin; nous sommes restés deux jours à Melun, je n’ai autre 
chose à vous marquer. 

Je finis en vous embrassant du plus profond de mon cœur, 
femme, père, mère, sœur et frère, 

Antoine Mérat. 


Suscription : 

Au citoyen Jérôme Pacot, vigneron , demeurant à Auxerre, dé- 
partement de V Yonne, rue du Puits-Bourdeaux n° 4, près la 
porte du Pont. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 


575 


MARAY (Thomas), 

Volontaire. 

Du camp de Falize, ce 25 nivôse, 6 e année républicaine. 

Ma chère sœur, 

C’est pour la deuxième fois que je t’écris sans recevoir de 
tes nouvelles. Je suis dans une grande inquiétude, je ne sais 
qu’en penser, je te prie de m’ôter l’inquiétude par une 
prompte réponse. 

Pour les nouvelles où nous sommes, l’ennemi est toujours 
à sa première position, et nous, nous sommes toujours dans 
notre camp. La misère ne nous manque pas, nous couchons 
dans des barraques de paille, je vous laisse à penser si nous 
devons avoir chaud. Le service est très-rude, nous montons la 
garde tous les deux jours, près de l’ennemi. Il nous arrive des 
déserteurs en grand nombre. 

J’espère qu’au printemps nous irons chanter Ça ira dans 
Valenciennes et Condé, et nous couvrirons nos peines et nos 
travaux avec les lauriers de la victoire. 

Je finis, ma chère sœur, en t’embrassant du plus profond 
de mon cœur, et suis pour la vie ton affectueux frère, 

Thomas Maray. 


LISSY, 

Caporal au 5 e bataillon de l’Yonne. 

D’Avesne, le 24 août, l’an II e de la République fran- 
çaise une et indivisible. 

Mon cher père et ma chère mère, 

Je vous écris ces mots pour m’informer de l’état de votre 
santé, et pour vous dire que je suis bien en peine, car il y a 
un mois que j’avais donné une lettre à madame R. pour vous 


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576 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


remettre et je n'ai pas reçu de nouvelles, ce qui me cause 
beaucoup d'inquiétude. 

Je vous dirai que voilà quinze jours que nous sommes caser- 
nés à Avesnes. Je vous dirai que le 18 du mois d'août nous 
étions campés proche Barlaimont, où il y a eu uh grand 
combat. Le feu a duré vingt heures sans cesser, nous étions 
d’un côté de la rivière et l'ennemi de l'autre, tentant de passer, 
mais le courage des braves républicains les en a empêchés. 

Je vous dirai que j’étais de l'avant-garde le jour de cette 
affaire-là, et qu'ayant pris avec moi vingt hommes, nous nous 
sommes embusqués derrière des arbres, qui étaient auprès de 
la rivière, et ayant commencé à faire feu sur eux, ils nous ont 
répondu avec deux pièces de canon de 17. Je vous dirai que la 
mitraille roulait comme il faut autour de nos oreilles. Il y en 
a eu deux de tués à côté de moi, j'ai été blessé, mais très peti- 
tement. Voilà la manière dont j'ai été blessé : une balle vient 
à moi, attrape la crosse de mon fusil, me la casse, et vient 
après me frotter le ventre. Mais cela ne sera rien, grâce à 
Dieu, je souhaite qu'il ne m'en arrive pas plus, car, ma pauvre 
mère, notre vie est bien exposée tous les jours. 

Je vous prie de me donner des nouvelles du pays, comment 
tout cela va par là, cela ne va pas mal pour nous. Je vous dirai 
que nos gens sont entrés dans Tournai, ville très fortifiée, 
dont ils ont chassé l’ennemi dehors. 

Je voudrais bien savoir si cela est vrai, on nous dit que tout 
part, je vous prie de me l’écrire. Hélas, ma chère mère, je 
désirerais bien aller vous voir ce mois de septembre. 

Rien autre chose pour le présent à vous marquer, sinon que 
ma blessure va bien. Je vous prie de vous tranquilliser à mon 
égard ; je ferai tout mon possible pour éviter les accidents 
fâcheux, et en même temps les mauvaises compagnies. 

Je vous dirai que ces jours-ci il est venu uû ordre dans 
les bataillons, que ceux qui veulent s’engager dans les hus- 
sards de Chamborand pouvaient y aller ; mais vôüs savez bien 
ce que je vous ai dit : que j'étais dans un bataillon et que je 
mourrais sous les drapeaux ou bien que je remporterais des 
janviers plutôt que de les abandonner. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 577 

Je tous réponds bien que si ma tante G. savait comme noua 
sommes, elle ne se ferait pas prier pour m’envoyer quelques 
petites choses ; voilà une feuille de papier, sur quoi j’écris* qui 
m’a coûté trois sols. Je vous dirai que la plupart, pour de 
l’argent, ne peuvent satisfaire leurs besoins, tout est extrê- 
mement cher. 

Vous ferez bien des compliments à toute la famille et à 
tous les voisins, et au père M., vous lui direz qu’il soit tou- 
jours bon patriote comme à l’ordinaire. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur, et suis, 
avec le plus profond respect, votre très dévoué serviteur, 

Lissy, caporal. 


Suscription : 

Au citoyen Lissy , menuisier , demeurant dans la Grande-Rue- 
Saint-Siméon , proche le ci-devant couvent des Saintes- Maries, 
au n ù 29, à Auxerre. 


SALLÉ (Jean) 

Caporal, puis sergent au 1 er bataillon de l’Yonne, dont il faisait 
partie depuis le 22 septembre 1791, époque de la formation 
de ce bataillon. Il ('tait fils de Jean Sallé, compagnon de 
rivière, qui était né sur la paroisse Saint-Loup, le 21 avril 
1737 , et de Françoise Sussy , mariés en l’église Saint- 
Pèlerin, le 19 octobre 1762. Ledit Jean Sallé, 1 er du nom, 
était fils de Christophe Sallé, compagnon de rivière, et de 
Marie Maichand. 


PREMIÈRE LETTRE. 

De la ville conquise ci-devant, Toulon, ce 8 nivôse, 
l’an II de la République, une et indivisible. 

Citoyens père et mère, 

Je vous écris ces lignes pour m’informer de l’état de votre 


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578 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


santé; à l'égard do la mienne, elle est très bonne, je 
souhaite de tout mon cœur que la présente vous trouve de 
môme. 

Je vous apprendrai que la ville de Toulon appartient à la 
République, et que les ennemis l’ont évacuée comme des 
lâches qu’ils sont. L’armée de la République est entrée dans 
cette ville en en chassant les ennemis ; on a fait plus de 
3,000 prisonniers et proche de 5,000 de tués ; on leur a pris 
10 vaisseaux chargés de vivres. A présent, on s’occupe tous 
les jours à fusiller les aristocrates; il n’y a pas de jour qu’il 
n’y en passe 50 ou bien 100. Ils tombent au cri de : Vive la 
République ! L’armée a, dans la ville, plus de 50,000 hommes. 
Tous les aristocrates sont aux abois, car tous les jours ils 
voient tomber leurs complices sous les coups des armées 
républicaines. 

L’on est monté, la première fois, à l'assaut d’une redoute, 
où ils étaient 6,000 campés pour la garder ; mais qu’elle fut 
leur surprise, quand ils ont vu 20,000 républicains, à deux 
heures du matin, au milieu d’une pluie battante, tellement, 
que l’on ne voyait un homme à quatre pas. Le feu commença 
aussitôt qu’on arriva dans leur camp ; ils dormaient, mais ils 
furent bientôt éveillés, et, aussitôt, on les a poussés la baïon- 
nette aux reins. Après huit heures de fusillade, on les a 
chassés de cette redoute, et, le lendemain, les armées de la 
République y sont entrées. Le lendemain, on a attaqué un 
fort, nommé Malbosquet, que l’on disait imprenable ; cepen- 
dant on les en a chassés comme des lâches. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur; songez que 
je suis votre fils, sergent au 1 er bataillon de la République, 
partant de Toulon pour aller au camp de Bagnolles. 

Jean Salué. 

Je vous prie de faire bien des compliments à mon oncle P. 
ainsi qu’à son épouse, à ma cousine G., etc., etc. 

Vous ferez bien des compliments à tous les sans- culottes du 
quartier. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 579 

Suscription : 

Au citoyen Jean S allé , charpentier de bateaux , restant en la 
paroisse Saint-Loup , port Saint* Nicolas, à Auxerre , dépar- 
tement de V Yonne. 


2 e LETTRE, DU MÊME. 

Du fort Barault, le 14 prairial, 4 e année républi- 
caine. 

Mon père, 

La présente est pour m’informer de l’état de votre santé ; à 
l’égard de la mienne, elle est très bonne. 

Je suis on ne peut plus inquiet de mon frère Clément (1); 
je ne sais pas s’il est revenu ou s’il est mort. D’ailleurs, c’est 
mon frère, c’est un homme qui a des sentiments, et que j’esti- 
merai toute ma vie, ainsi que de mon frère le canonnier (2), 
de qui je n’ai reçu aucune nouvelle. 

Pour à l’égard de notre habitation, tout y est très cher ; les 
mandats perdent 90 Oio, ainsi vous pouvez juger de notre 
situation. Ici, nous ne touchons pas de numéraire, vu que 
l’on nous donne une demi-livre de viande par jour. Vous pou- 
vez penser que de vrais républicains comme nous sont mal- 
heureux, mais le Ciel protège toujours le droit, et il faut 
espérer que cela finira. 

Je vous prie de faire bien des compliments à mon oncle P. 
ainsi qu’à sa femme, à ma cousine G., etc., etc. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur, et suis, pour 
la vie, votre fils, 

Jean Sallé. 

(1) Jacqnes-Clément Sallé, volontaire de la première réquisition, partit 
aux armées le 21 frimaire an II. 

(2) Christophe Sallé, volontaire, caporal de canonniers au f' r bataillon 
de l’Yonne, en prairial an III. 


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580 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


P . S . — Nous avons la paix avec le roi de Sardaigne, noua 
sommes revenus en France avec des lauriers, et il faut que 
tous les partis coalisés mettent les pouces comme celui-ci. 
Adieu ! Vive la République française, une et indivisible ! 

Suscription : 

Au républicain Jean Sallé , compagnon de rivière , à Auxerre . 
département de V Yonne. 


3 e LETTRE, DU MâME. 

Dax, 1 er germinal, 3 e année républicaine. 

Cher père et chère mère, 

Je vous écris ces lignes pour m’informer de l’état de votre 
santé, car la mienne est assez bonne pour le moment, sinon 
que j’ai été blessé à la jambe gauche d’un coup de fusil, dont 
je suis à l’hôpital. 

La blessure que j’ai reçue, c’est l’Espagnol qui me Ta don- 
née. Nous attendons de jour en jour une attaque générale 
pour tâcher de prendre Pampelune, et de là à Madrid. Nous 
leur donnons la sérénade de temps en temps, mais ils sont 
des lâches, au premier coup de canon ils se sauvent. 

Vous me marquez que vous éprouvez beaucoup de misère, 
il faut espérer que sous peu l’abondance va renaître, et que 
la paix générale est prochaine. Ce moment tant désiré étant 
arrivé, nous nous en retournerons triomphants et couverts de 
gloire, pour jouir du bonheur qui nous attend. 

Je vous prie de faire des compliment à mes deux sœurs, 
ainsi qu’à ma tante et à mon oncle Philippe, à ma cousine 
Champeaux, à ma tante Martin, à ma cousine Doux, ainsi 
qu’à sa petite famille. Bien des compliments à Pierre Long- 
bois, ainsi qu’à Claude Philisse et à sa fille, au citoyen Gaudon 
et à son épouse, ainsi qu’au voisinage. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 584 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur, et suis, pour 
la vie, votre fils, 

Jean Sallé, 

Sergent au 6 e bataillon des Landes, 3 e compagnie, 
restant à l’hôpital de Dax. 

Salut et fraternité. 

Suscription : 

citogen Jean Sallé, compagnon de rivière , à A'u&erre, 
paroisse Saint-lmp, port Saint-Nicolas . 


SALLÉ (Jacqubs) 

Volontaire faisait partie du 1 er bataillon de l'Yonne depuis le 
6 août 4792. Il était fils de Jacques-Edme Sallé, compagnon 
de rivière, et de Jeanne Motheré, mariés à Saint-Loup, le 
22 novembre 1753. Jacques-Edme Sallé mourut le 45 juil- 
let 1775. Il était fils de Christophe Sallé, compagnon de ri- 
vière, et de Marie Marchand. Jeanne Motheré était fille de 
Guillaume Motheré et de Marguerite de Regny ; après la 
mort de son mari, elle se mit vivandière des Coches-d'Eau. 
Ledit Jacques Sallé était donc cousin-germain de Jean 
Sallé, dont les lettres précèdent. 

De Saarbruk, ce 42 vendémiaire, 3 e année républi- 
caine. 

Ma chère mère, 

Je vous écris cette lettre pour faire réponse à la vôtre que 
>*ai reçue, en date du 8 germinal, qui m’a fait un sensible 
plaisir d’apprendre de vos chères nouvelles, ainsi que de mon 
frère et de ma sœur. Pour è l’égard de moi, je me porte bien, 
Dieu merci ; je désire de tout mon cœur que la présente vous 
trouve de môme. Vous aurez la bonté de m’excuser, ma chère 
mère, si je ne vous ai pas écrit plutôt, c’est que depuis ma 


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582 


LES VOLONTAIRES AUXERROIS 


dernière lettre nous n'avons pas cessé de marcher et de nous 
trouver dans presque toutes les affaires. Je me suis trouvé à 
la prise de Trêves, que nous avons prise à l’assaut sans perdre 
beaucoup de monde. 

Je vous dirai aussi que nous ne sommes plus à l'artillerie ; 
nous faisons à présent le service d’infanterie, dont nous som- 
mes bien fâchés, parce que nous sommes accablés par le ser- 
vice; nous n'avons qu'un jour de bon, et l’autre de garde, au 
lieu qu’étant dans l'artillerie, nous avions davantage de paye 
et moins de service. Gela vient de nos officiers, qui ont de- 
mandé à faire le service d'infanterie. 

Vous me demandez des nouvelles de mon frère (1), je ne 
peux pas vous en donner, vu que voilà plusieurs lettres que 
j’écris au commandant où il est, et je ne reçois point de réponse. 

Je n’ai rien d’intéressant à vous marquer, sinon que l'armée 
de Sambre-et-Meuse a battu l'armée prussienne, le 1 er vendé- 
miaire, à plate couture ; nous leur avons pris 6 pièces de 
canon, 40 voitures de munitions et fait 700 prisonniers. 

Vous ferez bien des compliments à mon beau-frère et à ma 
sœur, ainsi qu’à mes nièces, que j'embrasse de tout mon cœur, 
ainsi que tout le voisinage, surtout le citoyen Marion, que je 
vous prie d'assurer de mes respects. Vous lui direz que sou 
fils se porte bien, et lui fait ses compliments. 

Je finis, chère mère, en vous embrassant de tout mon cœur, 
ainsi que mon beau-frère et ma sœur et leur pelite famille, à 
qui je souhaite une parfaite santé, 

Et suis, pour la vie, votre fils, 

Jacques Sallé, 

Volontaire de la 2 e compagnie du 1 er bataillon de 
l’Yonne, à Saarbruk, armée de Moselle. 

Suscriplion : 

A la citoyenne veuve Sallé , vivandièi % e des Coches-d'Eau , 
demeurant au bas de la marine , à Auxerre . 


(I.< Christophe Sallé, volontaire. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 


583 


LARIVE (Antoine), 

Couvreur, demeurant à Auxerre, rue des Fortifications; s’était 
enrôlé, pour défendre la République sur ses vaisseaux, en 
qualité de matelot, le 12 frimaire, an II. Il avait épousé 
Jeanne Cire. 

De Brest, ce 18 messidor, an II de la République fran- 
çaise, une et indivisible. 

Ma très chère femme, 

Je t’écris ces lignes pour m’informer de l’état de ta santé ; 
pour à l’égard de la mienne elle est toujours bonne, Dieu 
merci ; je souhaite que la présente te trouve de même. 

Ma très chère femme, je te dirai que nous avons eu un fâ- 
meux combat avec les Anglais ; nous leur avons donné une 
fière danse, mais ils n’en ont pas assez, car nous espérons les 
retourner rejoindre. Je te dirai, ma très chère femme, que j’ai 
bien passé ce combat, et il faut espérer que j’en passerai bien 
d’dutres, car, ma très chère femme, c’était un combat comme 
l’on n’en a jamais vu. Je te dirai que dans ce moment nous 
avons pris un vaisseau Suédois, et l’on m’a mis dessus, nous 
l’avons conduit à Lorient. Mais je te dirai que j’ai bien man- 
qué d’ètre pris par les Anglais. Deux jours après que nous 
avons eu quitté l’escadre française, à deux heures du matin, 
nous nous sommes trouvés dans l’escadre anglaise, qui était 
de 36 vaisseaux ; mais avant que le jour ne paraisse, nous 
avons forcé de voiles pour nous sauver. 

Je te dirai, ma très chère femme, qu’après que j’ai été dé- 
barqué de dessus la prise, l’on m’a réembarqué dessus un 
vaisseau nommé le Droit de V Homme , il est tout neuf et porte 
84 pièces de canon. 

Ma très chère femme, je te prie de faire mes compliments à 
tous nos frères de Seignelay ; je te prie, de même, de faire 
mes compliments à la mère Malet et à son fils, Jacques Malet,- 
et à sa femme et à son neveu ; à Beaujardin et à sa femme , 
à Baptiste et à sa femme , à la citoyenne Champfort et à tous 
Sc, hist. 38 


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LES VOLONTAIRES AUXERR01S 


584 

les voisins et voisines, principalement à M. Faufeval et à sa 
femme, de môme à Piolé et à sa femme, de même à Grégoire 
et à sa femme, au citoyen Baillet et à sa femme, ainsi qu’à 
tous mes amis, et que je leur souhaite une bonne santé comme 
à moi-même et une bonne continuation de républicanisme, 
car Antoine Larive est toujours bon républicain et prêt à cou- 
ler pour la République. 

Ma très chère femme, je te prie de me marquer s’il y a quel- 
que nouveauté dans le pays ; tant qu’à moi, je n’ai plus rien à 
t’apprendre, que l’on nous a dit que nous allons repartir pour 
retrouver le marchand de boulets. 

Je finis en t’embrassant du plus profond de mon cœur. 

Ton fidèle époux et ton mari, 

Anioine Larive. 

Ma très chèrefemme, ne t’impatiente pas après notre retour, 
j’espère avoir mon congé. Adieu, ma chère femme ! 

Suscription : 

La présente soit rendue à la citoyenne Jeanne Cire , femme 
d'Antoine Larive , couvreur , demeurant rue des Fortifications , 
proche la place de l'Orme, à Auxerre, département de l'Yonne . 
En diligence , en diligence . 


DAOUST (Jean-Baptiste). 

De Strasbourg, le 6 messidor an III de la République 
française une et indivisible et démocratique. 

Vaincre, vivre libre ou mourir, c’est ma devise. 

Au-dessous d’une gravure représentant un arbre de liberté 
que maintiennent deux figures allégoriques, Tune soutenant 
un faisceau de haches, l’autre portant le niveau égalitaire, 
sont écrits ces mots : Objet chéri des Français . 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 


585 


Mon cher pôre et ma chère mère, 

Celle-ci est pour répondre à la vôtre que j’ai reçue le 24 prai- 
rial dernier, qui m’a fait assez de peine d’apprendre l’inquié- 
tude ou vous êtes au sujet de ma santé. Vons pouvez vous 
tranquilliser maintenant, je désire que la présente vous 
trouve tous aussi bien portants que moi pour le moment. Il 
est bien vrai que j’ai essuyé une maladie sérieuse, qui a duré 
deux décades à l’hôpital et deux décades à l’auberge; cela 
m’a bien coûté de l’argent, mais qu’importe, je me porte bien 
maintenant. Voilà encore une route de 30 lieues que je viens 
de faire par une chaleur sans égale, qui m’a encore dépourvu 
du peu d’argent qui me restait. 

Nous avons quitté le département du Mont-Terrible pour 
retourner à l’armée du Bas-Rhin ; nous sommes à présent en 
garnison à Strasbourg, ou tout est fort rare et très-cher. Le 
vin se vend de 18 à 20 liv. le pot ; le pain 8 à 10 liv. la livre, 
encore l’on ne peut en trouver la plupart du temps. Les assi- 
gnats ne vont pas à 6 livres en numéraire le cent, ainsi jugez 
ce que me rendent 25 sols que je gagne par jour, cela ne me 
fait profit que de 6 liards en numéraire. L’on nous prend 
30 sols pour blanchir une chemise, ainsi jugez du bon marché 
de l’endroit. 

Vous me demandez si j’ai reçu le paquet que vous m’avez 
envoyé, oui je l’ai reçu conforme à la suscription, contenant 
une paire de bas, deux mouchoirs de poche et une part de 
gâieau, qui m’a constaté l’amitié que vous avez pour moi, 
cher père et chère mère. Je' m’attendais à recevoir ce que je 
vous avais demandé en argent, mais je pense bien que ce 
n’est pas votre faute, et que vous avez fait votre possible pour 
satisfaire à ma demande. J’espère que vous voudrez bien 
prendre part à mes traverses cette fois-ci, car j’en ai besoin, 
je vous l’assure. Si vous ne pouvez pas me faire passer 6 liv. 
en numéraire, faites au moins la moitié, et accompagné de- 
quelqu’assignat de 10 liv. J’invite mon frère à ne pas m’ou- 
blier à ce sujet, s’il veut aussi s’assurer de ma reconnaissance 
à l’avenir, sans oublier ma sœur Magdeleine et ma sœur 


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LES VOLONTAIRES AUXERROiS 


586 

Bénigne, et mon oncle Réné que j'embrasse de tout mon cœur, 
ainsi que vous, cher père et chère mère. Tâchez de me soulager 
dans mon besoin, et vous obligerez celui qui est avec amilié 
votre fils. 

Salut et fraternité, 

(Jean-Baptiste) Dàoust 

Du 11® bataillon de la Côte-d'Or, sergent delà \ n com- 
pagnie en garnison à Strasbourg, armée du Bas- 
Rhin. 

Réponse sur le champ sans retard. 

P . S . — Vous ferez bien des compliments de ma part à mon 
oncle Defrance, à ma tante, ainsi qu'à toute sa famille, à mon 
cousin Laurent et à mon cousin Charles, à ma cousine Magde- 
leine et à mon oncle Caliche, et à ma tante, à ma cousine 
Marianne ; en général à tous mes oncles, tantes, cousins et 
cousines ; je les embrasse de tout mon cœur. 

Pour des nouvelles de la guerre ; elles sont assez bonnes, 
vous devez savoir la prise de Luxembourg, ville que l’on 
disait imprenable ; l’on a trouvé au moins 500 pièces de canon, 
toutes de fort calibre. Nous espérons aller à Mayence sous peu 
de jours, l’on doit passer le Rhin bientôt du côté de Hunin- 
gue, tous les pontons y sont déjà transportés, et je crois que 
cela pourra nous avaucer la paix, et faciliter le passage à. 
Mayence, qui achèvera la paix ; aussi bien nous en avons 
besoin. 


GAGNEAU 

Au camp de Sarreguemines, le 2 octobre, l’an II de la 
République. 

Mon cher père et ma chère mère, 

La présente est pour m’informer de l'état de votre santé ; je 
me porte bien. Je suis fort étonné do ne recevoir aucune de 
vos réponses. 


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AUX ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE. 587 

Je vous dirai que nous sommes allés attaquor l’ennemi, le 
14 septembre, dans ses retranchements. Nous avons tiré le ca- 
non durant six heures ; le combat a été des plus sanglants. 
Le général a fait monter l’infanterie à l’assaut sur trois co- 
lonnes, et les pièces de canon dans chaque distance. L'ennemi 
avait 80 pièces de canon qui faisaient feu sur nous ; les obus 
tombaient comme la grêle. Ils ont tiré durant jine heure à 
mitraille, ce qui a mis notre armée en déroute (1). Je vous 
dirai que nous avons perdu 26 pièces de canon et 30,000 hom- 
mes. Je vous dirai que Gargamel a été tué ; le jeune Puchot, 
lieutenant, a eu la çuisse coupée et a été fait prisonnier, ainsi 
que beaucoup d’autres, qui vous sont inconnus. L'ennemi nous 
a repoussé de 4 lieues et nous a fait beaucoup de prison- 
niers. 

Vous ferez bien des compliments à mon frère Germain et à 
son épouse; je leur souhaite une bonne santé, ainsi qu'à tous 
mes frères et sœurs. 

Je finis en vous embrassant de tout mon cœur, et croyez-moi 
toujours votre très obéissant fils, 

Gagneau, 

Volontaire au 1 er bataillon de l’Yonne, attaché au 
7® régiment d’artillerie, au camp de Sarregue- 
mines. 


Suscription : 

Au citoyen Gagneau père, dans la rue de Paris , à Auxerre . 


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A 



ESSAI ARCHÉOLOGIQUE 

SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

ET SUR LES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL 
Par M. C. HERMELIN. 

Séance du 8 mars 1874. 


Encouragé par la bienveillance avec laquelle vous avez 
accueilli, l’an dernier, un petit travail concernant une 
crypte trouvée à Saint-Florentin, je me hasarde à vous 
présenter, aujourd’hui, une étude sur la construction des 
tombeaux et sur les cimetières en général. 

Je n’ai, certes, pas la prétention de faire ici l’historique 
de cette grave question, qui nécessiterait une plume au- 
trement habile et plus autorisée que la mienne. Un sem- 
blable travail exigerait, en outre, de la part de son auteur, 
une érudition que je suis loin d’avoir, et qui, plus est, 
serait l’occasion de recherches sans nombre, auxquelles, 
malgré tout mon désir, il m’est impossible de me li- 
vrer. 

Mon unique intention est, simplement, de vous expo- 


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SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 589 

ser, à grands traits, les variations survenues, depuis les 
époques les plus anciennes, en France, et particulière- 
ment en Bourgogne, dans la construction des tombeaux. 
Qu’il me soit permis, cependant, et à titre d’introduction, 
de dire quelques mots sur les usages établis dans une 
civilisation encore plus reculée. 

Lorsqu’on parcourt l’histoire des peuple primitifs, on 
retrouve, à chaque pas, une grande idée, que l’on voit 
commune à tous : Le culte des morts I Ce sentiment de 
respect pour ceux qui n’existent plus, ce besoin de se 
souvenir de ce qu’ils ont été, besoin qu’on rencontre au 
fond du cœur de chaque homme, nous a été donné par la 
nature. C’est là qu’on doit chercher l’origine de ces mo- 
numents, élevés à l’endroit où l’on déposait les restes 
des morts, et dont la magnificence était proportionnée à 
la gloire et à la célébrité du défunt. 

C’était aussi un sentiment d’horreur général et.profon- 
dément enraciné, si profondément, qu’il subsiste encore 
de nos jours, que celui qu’inspirait la crainte de rester 
sans sépulture après la mort. A Rome, nous voyons les 
poètes, les historiens, les philosophes, qui signalent, en 
maints endroits de leurs écrits, l’existence de ce préjugé, 
et en constatent la puissance. En vain, quelques-uns de 
ces derniers élevaient-ils la voix pour réagir contre les 
terreurs du vulgaire ? ils n’étaient pas écoutés I On ne 
tenait aucun compte des paroles de Sénèque : « L’âme 
divine, prête à sortir du corps, ne s’inquiète pas de sa 
dépouille. Qu’importe que ces restes disparaissent par le 
feu, soient recouverts de terre ou déchirés par les bêtes 
sauvages I Je ne redoute ni l’abandon de mon cadavre ni 
les crochets infâmes qui pourraient le traîner. » 


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590 SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

Il appartenait au christianisme de détruire cette crainte 
superstitieuse du peuple. On n’avait plus, il est vrai, à 
redouter les rigueurs de l'insatiable et farouche Caron ; il 
n’était plus question de payer le passage des eaux som- 
bres et lourdes du Styx, qu’on ne pouvait franchir qu’une 
fois; mais il était à craindre que le corps entièrement 
anéanti ne pût se retrouver au jour de la résurrection. Un 
mot de Lactance rend assez bien cette idée : « Si le Sei- 
gneur, dit-il, a accepté le supplice de la croix, c’esl que 
son corps devait rester entier et que la mort, sous cette 
forme, ne mettait pas obstacle à sa résurrection. » 

Saint- Augustin est obligé, au début de sa Cité en Dieu, 
de combattre l’opinion populaire. Il cherche à rassurer 
les chrétiens contre la privation de sépulture, car, à ce 
moment, des milliers de cadavres, égorgés par les bandes 
d’Alaric, gisaient, non inhumés, dans les rues de Rome : 
« Pas un cheveu de notre tête ne périra, écrit-il, et les 
bêtes qui dévorent un cadavre ne sauraient l’empêcher de 
ressusciter. » / 

Il n’était pas facile de faire pénétrer dans les masses 
une telle doctrine. Le doute qu’elle provoquait et l’inquié- 
tude qui en était la conséquence persistèrent longtemps, 
en dépit de tous les efforts. On les voit régnant en- 
core, au moins sur certains points de la chrétienté, au 
vi 8 siècle. 

Certaines peuplades barbares, dans un temps plus rap- 
proché, poussaient plus loin leur culte des morts. Parmi 
les honneurs qu’elles rendaient à leurs héros morts sur 
les champs de bataille, non contentes des tombeaux 
qu’elles élevaient à leur mémoire, elles allaient jusqu’à 
immoler , sur ces tombeaux , des prisonniers faits sur 


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ET LES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. 591 

l’ennemi, coutume horrible et si enracinée, qu’elle existe 
encore aujourd’hui dans les royaumes de Dahomey , 
d’Abeo-Kuta, d’Ashante et de Bénin, en Afrique, malgré 
le commerce continuel de ces peuples avec les Français 
et les Anglais. 


I 

MODES DE SÉPULTURES DANS LES TEMPS ANCIENS 

Dans les premiers temps du monde, nous voyons nos 
pères, nomades errants à travers les forêts, dédaignant 
de se construire un refuge qui pût les abriter, chercher 
cependant à décorer et à protéger les sépultures de leurs 
morts par des monticules ou des collines factices. On 
én trouve des exemples dans les déserts de l’Asie et jus- 
que dans les solitudes du Nouveau-Monde. Puis, à mesure 
qu’ils pénétrèrent dans de nouvelles contrées, le change- 
ment de climat et de température les contraignirent à 
prendre certaines mesures de salubrité, dictées par la 
prudence, avant d’ensevelir leurs morts comme ils en 
avaient l’habitude. Ils employèrent la crémation , c’est- 
à-dire qu’ils brûlaient les corps. La crémation fut surtout 
en usage dans les pays chauds. Lorsque la dépouille mor- 
telle était incinérée, on en recueillait les cendres et on 

i 

les enfermait dans un vase, appelé urne cinéraire, qu’on 
déposait en terre ou que l’on conservait chez soi. 

Telle était la coutume chez les Grecs, qu'on trouve 
relatée dans leurs ouvrages littéraires et notamment dans 
Homère. 

Cependant, l’histoire nous apprend que les Hébreux 
continuèrent d’enterrer les corps sans les brûler, et qu’en 


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592 SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

Colchide on enterrait seulement les femmes. Les hommes 
de cette contrée étaient enveloppés dans une peau de 
bœuf et appendus aux arbres par de grosses chaînes. 
(Poème des Argonautiques, par Apollonius.) Un souvenir 
de ce genre se retrouve en France vers le xm° siècle. 

Plusieurs cercueils, datant de cette époque et mis à 
jour dans des fouilles, ont été ouverts et ont laissé appa- 
raître des corps entourés de cuir. Hâtons-nous de dire 
que c’est un cas tout particulier et qu’on peut affirmer 
qu’il n’y avait pas là d’usage établi. Dans les ouvrages 
que nous avons consultés à ce sujet, nous en trouvons 
deux exemples : c’est au moment de la violation des ca- 
veaux de Saint-Denis, où sont déposées les dépouilles 
mortelles de nos' rois depuis les temps les plus anciens ; 
deux d’entre eux, reconnus pour avoir régné au xui® siè- 
cle, étaient complètement, enveloppés de cuir. 

II 

"MODES DE SÉPULTURES DANS LA GRÈCE 

Dans un pays comme la Grèce, où la valeur militaire 
était prisée à un si haut degré, on ne négligeait jamais, 
après une bataille, d’élever un monument à la mémoire 
de ceux que la guerre avait moissonnés, et ce souvenir 
bien juste était l'aiguillon de la gloire. De plus, afin de 
conserver à jamais les noms des citoyens dont le sang 
avait coulé pour la patrie, on les inscrivait sur des tables 
de marbre, des pyramides ou des colonnes, et leur orai- 
son funèbre était prononcée publiquement, comme le dit 
formellement Périclès au commencement de celle qu’il 
prononça en l’honneur des Athéniens morts à la guerre. 


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593 


BT LES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. 

Caton, d’un autre côté, nous apprend qu’on prononçait 
aussi des oraisons funèbres en l’honneur des femmes 
célèbres, et Cicéron rapporte que cette coutüme passa 
chez les Romains. Papilla fut la première femme à qui 
l’on rendit cette marque d’honneur. 

En outre, tout citoyen qui, pendant la vie, avait brillé 
par son mérite ou sa vertu , était enterré, aux frais de 
l’Etat, sur les grands chemins, avec un monument chargé 
d’inscriptions, qui rendaient compte aux voyageurs de la 
vie du défunt’ et de la reconnaissance de ses conci- 
toyens. ( 

Quant aux autres Grecs, c’étaient leurs parents et amis 
qui se chargeaient du soin de leur sépulture ; et, suivant 
leurs richesses, ils élevaient des temples et des chapelles 
sépulcrales pour y déposer leurs restes. La plupart de 
ces sépultures se trouvaient hors' des villes. (Montfaucon, 
Antiq., 1 re partie, t. ix.) 


111 . 

MODES DE SÉPULTURES A ROME 

A Rome, l’usage de brûler les corps était général. 
Cependant, lors de la découverte du tombeau des Sci- 
pion, découverte qui eut lieu en 1780, sous la voie ap- 
pienne, plusieurs auteurs voulurent prétendre, à la vue 
des corps conservés intacts, que la crémation n’existait 
pas chez les Romains. Mais ce n’était pas là qu’une 
unique exception, comme l’attesta suffisamment, depuis, 
le témoignage unanime des historiens qui se sont occupés 
de ce sujet. L’usage de la crémation ne cessa qu’avec le 
paganisme. 


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594 SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

Les chrétiens, à l’imitation des patriarches et des 
Hébreux, ayant une espèce de culte pour la dépouille 
mortelle dfe leurs frères, confièrent leurs restes à la terre, 
qui, suivant leur foi, devaient les rendre au dernier jour. 
Mais, pour éloigner les corps précieux de leurs martyrs des 
cendres profanes de leurs ennemis, ils firent choix des 
Catacombes, Ârenariœ, qui furent creusées, dès la plus 
haute antiquité, pour l’extraction de la terre volcanique, 
nommée Pouzzolane. On se servait, pour ces rudes tra- 
vaux, d’hommes de la dernière condition, et le plus sou- 
vent d’esclaves. Puis, quand vint l’ère des persécutions, 
ce lurent les chrétiens que l’on y employa. Ceux-ci 
avaient donc une connaissance parfaite de ces vastes 
souterrains, et par la suite, purent y faire réfugier leurs 
frères et les y cacher. 

On a voulu prétendre que les anciennes Catacombes 
avaient servi, à leur origine, de sépultures aux premiers 
Romains, et même quelles servaient encore à cet usage 
au temps des empereurs. 

Sans entrer dans une discussion à ce sujet, discussion 
qui a été glorieusement soutenue par Bosio, le savant 
auteur de la Roma sotteranea, nous pouvons affirmer 
positivement la destination chrétienne des Catacombes, 
peuplées encore aujourd’hui d’une quantité prodigieuse 
de tombeaux, qui portent, gravés, les emblèmes du chris- 
tianisme et souvent les signes du martyre. Ces tombeaux 
affectaient des formes différentes, suivant l’usage au- 
quel ils étaient destinés. Les uns, placés dans de vastes 
salles où les chrétiens se réunissaient pour leurs synaxes 
mystiques, prenaient la forme d’oratoires ; les autres, 
servant d’autels pour la célébration du Saint Sacrifice , 


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RT LES SÉPULTURES* EN GÉNÉRAL. 598 

étaient recouverts d’une table de marbre , quelquefois 
d’une simple dalle de pierre, se trouvaient situés au 
centre et |se nommaient : memoria, martyrium, titulus 
ou confessio. 

On a remarqué, quoique les cas cités fussent fort rares, 
que le tombeau d’un martyr était quelquefois un sarco- 
phage, semblable aux cercueils antiques de ce nom et 
par la forme et par les ornements. Sur la face antérieure 
et sur les côtés sont généralement gravés des traits bibli- 
ques, des scènes allégoriques, le monogramme du Christ, 
le X et le P entrelacés ou simplement le signe de la 
Croix. 

C’est ce sarcophage des martyrs qui a été adopté pouf 
type et pour modèle des autels qu’on voit dans nos églises, 
bien que la forme en ait été singulièrement altérée de- 
puis. 

Ajoutons qu’on remarquait sur toutes les pierres tumü- 
laires des sujets sculptés , empruntés à la Bible ou à 
l’Evangile. On y voyait souvent aussi quelques traits du 
langage symbolique propre au christianisme, comme le 
Poisson l%9vc, qui, par ses 5 lettres, offrait les lettres 
initiales des mots : I>j<jouî-Xp«jtoç, ©sou Ytoç, 2u>mp, 
(Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur) ; la colombe, rap- 
pelant la simplicité et Ja fidélité ; le navire dans le port, 
qui indiquait que la mort avait fait heureusement par- 
venir au port du salut ; l’ancre, qui a la même idée ; la 
lyre ; la couronne ; la palme ; les branches de laurier, 
autant d’emblèmes d’une victoire heureusement rem- 
portée et suivie du triomphe ! 

Il ne faut pas croire, cependant, que, pendant l’êre des 
persécutions, les chrétiens n’avaient pas des tombeaux 


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596 SUR LA CONSTRUCTION DBS TOMBEAUX 

élevés sur le sol. Dans un ouvrage intitulé : Les Cata- 
combes romaines, publié tout récemment, M. le comte 
Desbassayns de Richemont nous apprend qu’au m e siècle 
les chrétiens possédaient, dans la ville de Rome, quarante- 
six lieux de réunion sur terre, et qu’ils ont eu en Afrique, 
en Espagne, en Gaule et dans le nord de l’Italie des 
sépultures au-dessus du sol. Les coutumes profanes con- 
cernant la religion des tombeaux leur offraient de mer- 
veilleuses facilités. 

Les débris d’un testament romain, copiés, par un élève 
d’Alcuin, sur un marbre de Langres et découverts récem- 
ment sur un parchemin de Bâle, prouvent que les ins- 
criptions païennes leur permettaient de construire une 
chapelle ( cella memoriœ ) ; d’orner ce lieu de retraite de 
tapis , de vêtements, d’objets destinés aux repas ; d’y 
tenir des réunions périodiques, et, enfin, non-seulement 
d’y ensevelir les morts, mais presque d’y exercer leur 
culte. 

Tertullien raconte comment, en 203, des masses fu- 
rieuses renversèrent les tombeaux chrétiens de Carthage, 
et comment les édifices, élevés au soleil pendant la lutte, 
furent complètement ruinés. C’est alors que les chrétiens, 
suivant l’exemple des Phéniciens et des autres races 
sémitiques, creusèrent la terre et y cachèrent leurs 
morts. 

Les cimetières chrétiens, en opposition avec les cryptes 
juives ou païennes, toujours isolées, sont de vastes né- 
cropoles, des labyrinthes flanqués de tombes, qui s’en- 
foncent dans les entrailles de la terre, étendant leurs 
ramifications et réunissant les chambres sépulcrales creu- 
sées dans une enceinte déterminée. Ces cimetières furent 


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ET LES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. 597 

tracés et creusés par les chrétiens, qui, plus tard, ornè- 
rent la chambre sépulcrale de peintures et décorèrent les 
sarcophages de sculptures. 


IV 

MODES DE SÉPULTURES DANS LA GAULE 

Dans la Gaule ancienne, nous dit Tacite, on avait cou- 
tume de couvrir de gazons la sépulture des morts ; puis, 
à une époque plus avancée, on y ajouta une espèce de 
toit, fabriqué simplement de planches, que les riches 
couvraient de tapis plus ou moins précieux. On a attribué 
cet usage aux Celtes, aux Kimris et même à des hordes 
barbares descendant du Nord. Quoiqu’il en soit, ces 
tombeaux gaulois différent entre eux, suivant les contrées 
où on les rencontre. Les uns, formés d’un tertre conique 
de terre ou de cailloux, ont été appelés : barrows, tumu- 
lus ou lombelles; ce sont ceux qu’on trouve assez fré- 
quemment dans notre pays. Les autres, composés d’un 
grand nombre de pierres, ont été appelés : galgals. Il faut 
bien se garder de confondre ces tombeaux primitifs des 
mottes féodales du moyen-âge, avec lesquelles elles ont, 
à première vue, quelque analogie. 

Les barrows ou lumulus ont tantôt des proportions im- 
menses ayant nécessité des travaux considérables, tantôt 
de petites dimensions, par ex : 4 pieds d’élévation sur un 
diamètre de 15 à 20 pieds à leur base. Les plus grands 
sont regardés comme lieux de sépulture commune, soit 
pour tous les membres d’une même famille, soit pour un 
grand nombre d’hommes ensevelis avec honneur après 
une bataille. Dans ce cas, ils présentent certaines parti- 


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598 SUR LA CONSTRUCTION DBS TOMBEAUX 

cularités très remarquables : leur base offre généralement 
la forme elliptique, et la terre paraît amoncelée avec art 
et suivant certains principes, les mêmes pour tous. Mais 
ce qu’il y a de plus curieux , c’est l’examen intérieur de 
ces barrows. Ils sont divisés en plusieurs loges ou cham- 
bres sépulcrales, communiquant entre elles par des es- 
pèces de couloirs ou de corridors. Ces couloirs ressem- 
blent beaucoup à des allées couvertes. Comme elles, ils 
sont formés de grosses pierres brutes, placées sur champ, 
recouvertes de larges tables semblables formant un pla- 
fond ou une voûte grossière. On y trouve de nombreux 
squelettes plaçés à côté les uns des autres ; quelquefois 
des cendres , avec des armes posées sous la tête des 
guerriers ; des objets d’ornements, et souvent des vases 
en. argile ayant sans doute renfermé les dernières offran- 
des. Nos pays sont riches en découvertes de ce genre, 
comme je pourrais le prouver en citant nombre d’articles 
tirés des bulletins de votre Société. 

Quelquefois encore, on trouve les constructions, qui 
occupent le centre des barrows, cimentées ; on peut géné- 
ralement alors considérer la sépulture comme ayant une 
origine romaine. 


V 

MODES DE SÉPULTURES EN FRANCE ET PARTICULIÈREMENT 
EN BOURGOGNE 

A une époque plus récente, alors que la Gaule, moins 
barbare, se mit sous la domination d’un roi, il y eut des 
tombeaux de deux sortes : Les uns simples, de marbre ou 
de pierre, avec quelques feuillages autour, ou même le 


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ET LES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. 599 

plus souvent, sans aucun ornement ; les autres chargés 
de dessins en relief, enrichis de figures, de pilastres et 
autres ornements propres à faire honneur aux morts qui 
y avaient été déposés et aux vivants qui les avaient fait 
élever. 

Dans les premiers siècles de l’Église, ces ornements 
représentèrent des mystères, des miracles, des actions 
de Jésus-Christ et des saints, par exemple Jésus-Christ 
instruisant ses apôtres ou guérissant des malades en leur 
présence. 

Les tombeaux des rois de la première race, depuis 
Clovis, ne consistaient que dans une grande pierre profon- 
dément creusée et couverte d’une autre en forme de voûte. 
On ne voyait sur ces pierres ni figures, ni épitaphes. 
C'était en dedans qu’on gravait quelqu’inscriplion et 
qu’on prodiguait la magnificence. 

Il paraît qu’on ne commença à mettre des épitaphes 
sur les tombeaux que sous la deuxième race. Jusque-là 
on plaçait l’inscription au-dedans du sarcophage, pour 
empêcher de reconnaître le personnage qu’il renfermait 
et afin de le soustraire, dit Félibien, aux brigands , Tuu- 
êwÇvxoc qui violaient alors les sépulcres et qui fouillaient 
dans les tombeaux pour dépouiller les morts de leurs 
bijoux ou de leurs vêtements avec lesquels on était dans 
l'usage de les inhumer. Ces violations étaient si fréquen- 
tes, que Clovis, lorsqu’il publia la loi salique, fut obligé, 
dans l’article II, d’interdire le feu et l’eau à ces Tu^Sw- 
Çvxot. Il défendit même à tous ses sujets d’avoir aucun 
commerce avec eux, jusqu’à ce que, suivant la coutume 
de la nation, ils aient satisfait à la famille du défunt. 

Dans les siècles plus avancés, les ornements des tom- 

Se. hist. 39 


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600 SUR LA CONSTRUCTION DBS TOMbEAUX 

beaux ont varié, et, au lieu des figures des apôtres et des 
saints qu’on plaçait tout autour, on n’y a souvent mis que 
celles du parent du mort, pour lequel on élevait le tom- 
beau, ou d’autres représentant ces pleureuses, qui, dans 
les funérailles des anciens, accompagnaient le convoi des 
personnages illustres. Le défunt était représenté en mar- 
bre ou en pierre et placé sur le tombeau même ; à sa tête, 
se trouvait sculptée une grande figure, le plus souvent de 
la sainte Vierge, et à ses pieds, ordinairement celle du 
saint de l’église ou de la chapelle ou était construit le 
tombeau. Au-dessus, on voyait tantôt un, tantôt deux 
anges, qui, tenant entre leurs mains, au milieu d’une 
.espèce de nappe, l’âme du mort, sous une petite figure 
humaine, l’offraient à Dieu et l’élevaient au ciel. 

On trouve de ces deux sortes de tombeaux en Bourgo- 
gne. Le plus ancien de la première espèce est celui de 
saint Andoche, patron de l’église collégiale de Saulieu ; 
il est de marbre blanc et placé dans un souterrain, sur 
lequel était autrefois le chœur de la grande église. 

Quant aux tombeaux de la deuxième espèce, le plus 
ancien est celui que l’on voyait, conservé dans l’abbaye 
de Moutiers-Saint-Jean et que l’on prétend être de saint 
Jean de Reôme, premier abbé de ce monastère. Il avait 
été construit, dit-on, tout en marbre blanc ; ce qu’il y a 
de certain, c’est qu’il est tout-à-fait conforme à ces anciens 
tombeaux qui ont été tirés du cimetière du Vatican à 
Rome. Jésus-Christ et ses douze apôtres y sont représen- 
tés en relief, dans la même attitude , tenant en leur 
main gauche des papiers roulés, dont quelques-uns sont 
en partie déployés ; leurs habillements, leurs chaussures, 
leurs cheveux et leurs barbes sont toul-à-fait semblables 


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601 


ET LES SÉPULTURES EN GÉNÉnAL. 

aux habillements, aux chaussures, aux cheveux et aux 
barbes de leurs autres représentations qu’on voit sur les 
côtés des anciens tombaux des six ou septpremiers siècles 
du christianisme. 

Les tombeaux que l’on rencontre le plus fréquemment 
en Bourgogne et qui ont été le plus en usage, sont ceux 
de la première espèce. Ils sont de la plus grande simpli- 
cité et ne se distinguent par aucun ornement. Il paraît 
même qu’ils étaient aussi communs que le sont aujour- 
d’hui les bières et les cercueils de bois, puisque les lieux 
des anciens cimetières en sont pleins et que dans toute 
leur étendue on en trouve dès qu’on y ouvre la terre de 
cinq à six pieds de profondeur. 

L’usage en a duré jusqu’au xn® siècle, où dégoûté et 
fatigué de la difficulté qu’on trouvait à creuser et trans- 
porter ces pierres dures et massives , destinées à rece- 
voir les corps morts, on inventa d’autres espèces de coffres 
ou cercueils, plus aisés à faire et à transporter. 

On commença alors à recouvrir le lieu de la sépulture 
de ceux qui étaient de quelque distinction, de ces lon- 
gues et larges pierres plates que nous appelons des 
tombes et auxquelles en Italie on a conservé, aujourd’hui 
encore, l’expression : urnes, plus convenable, dans son 
ancienne destination, pour désigner lés tombeaux qui 
renferment les corps dans toute leur longueur. 

L’usage de ces tombes en pierre ne devint commun 
que dans le commencement du xni' siècle. Nous n’en 
connaissons guère que deux, en Bourgogne, qui datent 
du xii° siècle : L’une, dans l’ancienne abbaye de Saint- 
Vincent de Besançon ; l’autre, dans celle de Saint-Ger- 
main d’Auxerre. La première n’a point d’ornements 


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602 SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

autres que l’épitaphe du mort, gravée dessus en carac- 
tères de ce siècle, et qui en quatre lignes remplit toute sa 
longueur etsa largeur. La deuxième a une croix au milieu, 
avec l’épitaphe gravée en trois petites lignes au-dessus de 
la croix. 

Dans les commencements du xm° siècle, l’usage des 
tombes était déjà si commun en Bourgogne, qu’on ne se 
servait plus de ces lourds tombeaux de pierre, si long- 
temps employés pour la sépulture des morts. C’est appa- 
remment depuis cette époque que sont devenus inutiles 
tous ceux que l’on rencontre en certains lieux, amassés 
pour l’utilité publique, par exemple comme à Qtiarré 
surnommé les Tombes, à cause de ces tombeaux qu’on y 
avait transférés et qui y sont toujours demeurés depuis 
sans emploi. On en trouve encore à Saint-Pierre-l’Étrier, 
prés de la ville d’Anlun, et en quelques autres endroits 
de la Bourgogne. 

Au début du xhi® siècle, les tombes devinrent donc 
communes ; mais elles étaient simples. Les chevaliers «t 
les nobles y étaient représentés sans armoiries, portant 
une longue épée dans un ceinturon, le plus souvent pen- 
dante par-devant, depuis le bas de la poitrine jusqu’aux 
pieds ou même jusqu’à la terre, quelquefois gravée au- 
près d’eux, toute .droite, ayant la pointe en bas appuyée 
sur la terre. 

Peu après, on commença à placer sur le haut de la 
tombe et au-dessus de la tête du défunt, sculptée sur la 
pierre, deux anges tenant chacun un encensoir, dont la 
cassolette repose sur la tombe. 

- Vers le milieu du même siècle, on représentait sur les 
tombes, ceux qui faisaient profession des armes, avec 


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ET LES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. 603 

leurs armures entières, tenant de la main droite une 
lance ou une hache d’armes, dont le bas était posé contre 
terre et le haut s’élevait jusqu’à la têt%et au-dessus, et, 
de la main gauche, leur écu chargé des armes de leur 
maiçon ; cet écu descendait le long de leur cuisse gauche, 
qu’il couvrait entièrement jusqu’au genoux. Les anges, 
placés au-dessus de leürs représentations, ne tenaient 
plus leurs encensoirs posés sur la tombe, mais bien élevés 
en l’air, et dans l'attitude de l’encensement. 

Sur la fin de ce xin° siècle, l’écu fut placé plus haut : 
il couvrait la moitié de la poitrine et tout le bras gauche. 
On mit, durant tout ce siècle, deux chiens sous les deux 
pieds de la statue du mort 

Quant aux femmes, on les représentait sur leurs tombes 
avec des coiffures et des vêlements semblables à ceux 
dont elles usaient pendant leur vie, c’est-à-dire avec une 
longue robe qui descendaitjusqu’àterreetun manteaude 
la même longueur et plus ample, qui, s’étendant par der- 
rière, tombait des deux côtés le long des bras qu’il couvrait 
en partie, sans rien cacher du devant de la représentation. 
Leur coifTure consistait en un ou deux voiles, qui, cou- 
vrant le dessus de la tête, descendait le long des joues des 
deux côtés, et s’étendait au-dessous du menton jusque 
sur la poitrine ; au-dessus ou à côté de leur tète, on gra- 
vait, à droite, l’écu avec les armes de leurs maris et, à 
gauche un écu formé partie de leurs armes et partie de 
celles leurs maris. 

Au xiv® siècle, on plaçait de différentes manières l’écu, 
chargé des armes du mort. Les uns le mettaient sur la 
poitrine et le bras gauche ; les autres, au-dessous de”, la 
ceinture sur les deux cuisses ; quelques-uns l’attachaient 


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604 SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

au bras droit, d’où il pendait en bas. Sous les pieds de la 
représentation on plaçait le plus souvent un lion et quel- 
quefois deux; on*y figurait aussi des chiens, mais plus 
rarement. 

C’est en ce siècle qu’on commença à représenter, sur 
le haut des tombes, l’âme du mort, sous une petite figure 
humaine, enlevée au ciel par deux anges. Dans le même 
temps, on grava ai^ssi et représenta sur les tombes tous 
les ornements qu’on voit employés en diverses manières 
dans les tombeaux et les mausolées les plus riches. 

Enfin, dans les dernières années de ce siècle, au lieu 
des représentations ordinaires que l’on gravait sur les 
tombes du défunt, on s’avisa d’y mettre et faire graver 
leurs squelettes, avec les marques de leurs dignités ou 
sans ces marques. Saint Foix raconte que : de plus , on 
plaçait des grilles autour des tombeaux pour empêcher 
d’y toucher et de les détériorer ; et que, outre ces grilles, 
lorsqu’il s’agissait du tombeau d’un prince ou de celui 
d’un chevalier mort prisonnier, on avait le soin de le 
couvrir d’une seconde grille qui l’enveloppait entière- 
ment. 

Au xiv® siècle rien ne changea dans le détail que nous 
avons donné, si ce n’est qu’on grava des écussons avec 
les armes sur les quatre coins des tombes. 

Nous n’avons rien à dire non plus sur le xv e siècle, où 
l’on continua à suivre les plans du siècle précédent ; 
mais ces plans, par la magnificence et la recherche dont 
ils étaient l’objet, ne pouvaient durer longtemps. Ils 
subsistèrent tant qu’on enterra dans l’intérieur des égli- 
ses, comme le permettait le petit nombre d’habitants des 
villes. Quand la population vint à augmenter dans une 


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665 


BT LES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. 

proportion notable, il devint impossible d’inhumer dans 
un espace aussi restreint que l’intérieur d’une église, et 
dès lors on fut obligé d’enterrer au-dehors, mais toujours 
le long des murs extérieurs de l’église, pour rester sous la 
protection directe de son saint patron. Cela paraitra 
moins bizarre, si l’on se rappelle que l’emplacement bù 
se trouvait l’église, était un lieu sacré : res inviolata , où 
l’on était sûr de trouver abri, même contre la justice du 
pays. Ces sépultures en plein air ne comportaient plus 
cette recherche et cette délicatesse de détails dans les 
tombeaux ; l’intempérie des saisons y mettait obstacle. 
L’architecture des tombes devient alors plus sévère et 
plus massive ; on supprime tout ce qui est susceptible de 
se détériorer rapidement, et on le remplace par d’autres 
ornementations plus solides : Dalles plates, colonne bri- 
sée, urnes, etc. 

Mais la population continuant à s’accroître incessam- 
ment, ces cimetières devinrent, eux-mêrqes, bien vite 
insuffisants. Du reste, l'intérêt de la salubrité publique 
exigeait aussi qu’on les éloignât. On se vit obligé de les 
reporter en dehors du pays, où, grâce à l’espace dont on 
pouvait jouir, on fut conduit à en faire une sorte de jardin 
funéraire avec arbres, allées, gazon et fleurs. L’architec- 
ture se modifia dans ce sens : chaque tombe devint un 
petit jardin fleuri que les parents cultivaient avec amour, 
et des grilles s’élevèrent de chaque côté pour empêcher 
la profanation de ces marques de souvenir et de piété. 

Malheusement, au bout d’un certain nombre d’années, 
tous ces jardins étaient détruits par l’administration mu- 
nicipale, à la grande douleur des parents ; il fallait faire 
de la place aux autres I Cette mesure rigoureuse, et ce- 


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'6Û6 SUR LA CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

pendant nécessaire, était toujours l’objet de réclamations 
sans nombre de la part du public, qui voyait la dépouille 
des êtres qu’il chérissait, profanée, violée, et perdue à 
jamais pour lui. Un pareil état de choses ne pouvait 
durer ; il suscita l’idée des concessions à perpétuité. Dès 
lors, chaque famille, moyennant une rétribution payée k 
la municipalité, posséda pour toujours un espace de ter- 
rain dépendant du cimetière, où elle dépose successive- 
ment les dépouilles mortelles de chacun de ses membres, 
sans crainte de les voir violées et profanées. 

L’architecture des tombes s’en trouva complètement 
modifiée : on vit se creuser des caveaux capables de con- 
tenir les corps de toute une famille, puis s’élever, sur ces 
mêmes caveaux, des monuments considérables , d’une 
solidité à toute épreuve, pouvant défier les années et 
les siècles. 

Ces cimetières, situés en dehors des villes, à plus de 
cent mètres des habitations, suffisent amplement aux be- 
soins des populations. Mais il n’en est plus de même à 
Paris, Paris qui, dans son développement continu , n’a 
plus de place pour ses morts, auxquels il voue cependant 
un culte respectueux et pour lesquels il a la religion du 
souvenir. 

C’est une chose assez étrange, pour qui connaît la 
grande ville, que cette vénération de la mort, et ce n’est 
pas un des caractères les moins originaux de notre capi- 
tale, contraste saisissant dans cette existence fébrile, 
toute de surexcitation et de dévorante activité. 

Cette unanimité dans le culte des morts se manifesta, 
il y a quelques années, lorsqu 'ayant reconnu l’insuffi- 
sance des cimetières de Paris, l’administration munici- 


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607 


. ET DES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. 

pale conçut le projet de créer une vaste nécropole à 
Méry-sur-Oise, près de Pontoise. 

Ce fut tout d’abord une explosion générale contre une 
pareille idée : On criait à la profanation, et peu s’en 
fallut qu’on ne fit une émeute. 

La réflexion a, depuis, calmé cette exaltation : Quelques 
hommes de bon sens, fervents adeptes, plaidèrent cha- 
leureusement en faveur du projet ; tout le monde est 
convaincu, aujourd’hui, qu’il est impossible, sans dan- 
ger pour l'hygiène générale, de continuer à entasser les 
cadavres dans des terrains saturés de détritus humains. 

Les familles qui possèdent un caveau, une concession 
à perpétuité, sont rares : C’est un avantage que donne la 
fortune, et qui, par cela même, en restreint le nombre. 
A Paris donc, la fosse commune est la généralité , et la 
concession à perpétuité l’exception. Or, il faut avoir vu 
cette horrible promiscuité de la fosse commune pour com- 
prendre combien il importe d’y hâter la solution de la 
question des cimetières. 

La loi du 14 juin 1805 porte que toute personne qui 
meurt, doit être inhumée à un endroit reconnaissable et 
qui appartienne pour cinq ans à sa famille et à ses amis. 
Ce laps de temps de cinq ans fixé par la loi a paru suffi- 
sant au législateur pour amortir la douleur de la sépara- 
tion et surtout pour permettre aux familles de réunir les 
fonds nécessaires à l’acquisition d’un terrain en toute 
propriété. Eh bien ! la fosse commune est la violation 
flagrante de la loi de 1805, car la ville fait payer des 
concessions temporaires, et quand on n’a pas la somme 
réclamée, le cercueil est jeté dans la fosse commune, et 
alors tout espoir est perdu de retrouverjamais le cercueil 

Sc. hisi. 40 


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608 SUI) 1.4 CONSTRUCTION DES TOMBEAUX 

qui contient un père, une mère, une épouse ou une fils? 

La fosse commune I... un immense trou, profond, dans 
lequel les cercueils sont méthodiquement placés, juxta- 
posés et entassés par couches de dix eil largeur, de cinq 
ou six en hauteur. Ce tableau n’est-il pas déjà suffisant 
pour faire accepter avec empressement la création du 
cimetière de Méry-sur-Oise? 

Mais ce n’est pas là le seul motif déterminant. Un autre 
plus puissant encore est la question hygiénique, sur 
laquelle il n’y a pas de doute possible. Les émanations 
du cimetière Montmartre, avant qu’il n’eût été déclassé, 
sont un argument irréfutable. La nécessité où l’on a été 
de prendre cette mesure pour ce cimetière, s’impose avee 
la même énergie pour les cimetières du Père-Lachaise et 
Montparnasse. 

Il est reconnu aujourd’hui que l’agrandissement des 
cimetières de Saint-Ouen et d’Ivry, qui se trouvent à dis- 
tance convenable de toute habitation, et l’établissement 
d’une vaste nécropole à proximité de Paris, sont égale- 
ment indispensables pour atteindre ce double but. 

Aussi faut-il espérer que la création de cet immense 
ossuaire, qui doit donner à chacun une tombe réelle, au 
lieu d’une case dans l’odieux amoncellement de la fosse 
commune, aura lieu dans un prompt délai I 

Sur quels plans sera bâti ce nouveau cimetière î C’est 
ce que nous ignorons et ce qu’on ne peut savoir avant les 
délibérations du Conseil municipal de Paris. Mais ce qu’il 
est permis de croire, c'est qu’un des membres du Conseil, 
au nom des partisans de la Crémation (car il en existe et 
même en assez grand nombre) attirera l’attention de ses 
collègues sur la délibération suivante du Conseil munici- 


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ET DES SÉPULTURES EN GÉNÉRAL. G09 

pal de Vienne (Autriche) : « Le Conseil municipal de 
Viçnne, dans sa séance du 6 février 1874, décide qu’en 
établissant des constructions définitives pour le nouveau 
cimetière central de cette ville, il sera pris des mesures 
pour que la Crémation facultative puisse avoir lieu le 
plus tôt possible. » 

Par l’agrandissement des cimetières d’Ivryet de Saint- 
Ouen ,par la création d’une immense nécropole à Méry- 
sur-Oise, la loi de 1 805 pourra être entièrement respectée, 
et les concessions temporaires de cinq ans, pour lesquelles 
il n’y aura plus rien à payer, seront de droit : le droit au 
repos, le droit de la mort ! 

Rien alors ne viendra plus entraver la famille dans son 
désir d’honorer ses morts, et l’architecte dans la richesse 
de sa création. En outre, ce sera bien là vraiment la con- 
cession à perpétuité pour ceux qui désireront transmettre 
aux générations suivantes le souvenir d’un nom célèbre 
ou de vertus éclatantes. Nous arriverons à ce résultat, en 
dépit des gens dont les opinions radicales demandent 
l’enterrement civil, s’écriant comme Millière : 

« Je proteste contre l’érection des monuments funèbres, 
qui perpétuent les ferments de discordes; et je repousse 
des cérémonies qui transforment les sectes religieuses en 
partis politiques I » 


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CATALOGUE 


DES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE 

DE LA VILLE d’aUXERRE 


Par M. Max. Quantin. 


La Bibliothèque d’Auxerre renferme une précieuse 
collection de manuscrits formée, pendant la Révolution, 
par le P. Laire, minime, ancien bibliothécaire du car- 
dinal de Brienne, archevêque de Sens. 

Le P. Laire, h la vue de la ruine des institutions à 
l’abri desquelles il avait vécu, saisit avec passion l’occa- 
sion qui se présentait pour utiliser sa science bibliogra- 
phique, lorsque parut le décret de la Convention du 
.8-24 pluviôse an II, qui créait, dans chaque district, 
une bibliothèque publique. Il se mit entièrement au 
service de l’administration du district de Sens pour for- 
mer, dans celte ville, la bibliothèque. Bientôt, un autre 
décret du 3 brumaire an IV, en créant au chef-lieu de 
chaque département une école centrale, y rattacha une 
bibliothèque qui devait être formée des livres les plus 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS DE LA U1UL10THÈQUE. 011 

précieux provenant des communautés religieuses et des 
émigrés, et déposés dans les chefs-lieux des districts. 

Le P. Laire fut encore appelé pour constituer cette 
nouvelle bibliothèque, et il sut- choisir, avec sa grande 
connaissance des livres, au milieu de l’immense quan- 
tité des ouvrages qui étaient à sa disposition dans tout 
le département, une collection considérable, dont la 
plus grande partie nous est restée. Mais, c’est en vain 
que, mis en possession de ces livres, il réclama l’organi- 
sation de la Bibliothèque : les livres et les manuscrits en 
restèrent entassés. Bientôt après, les écoles centrales fu- 
rent supprimées et remplacées par des lycées. Alors, un 
arrêté du gouvernement, du 8 pluviôse an X, transporta 
la possession des bibliothèques de ces établissements aux 
villes où ils existaient auparavant. 

C’est en vertu de cet acte que la ville d’Auxerre devint 
propriétaire de la bibliothèque et spécialement des ma- 
nuscrits dont nous allons publier le catalogue. Le nom- 
bre de ces manuscrits était alors beaucoup plus grand 
qu’aujourd’hui ; mais des commissaires, envoyés par le 
Ministre de l’Intérieur pour recueillir en France les 
œuvres bibliographiques destinées à former la future 
bibliothèque de l’Ecole de médecine de Montpellier, en- 
levèrent de la Bibliothèque d’Auxerre 143 ouvrages 
imprimés et 31 manuscrits, ces derniers des plus pré- 
cieux et provenant, en grande partie, de l’émigré Pla- 
nelli (1), seigneur de Thorigny. 

(1) Voy. Documents relatifs à l’enlèvement de livres et de 
manuscrits, au préjudice de la ville d’Auxerre, fait par 
M. Prunelle en 1801 ; Auxerre, 1857, Bulletin de la Société des 
sciences de V Tonne. 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


612 

Après la suppression de l’École centrale de l’Yonne, 
les livres de la bibliothèque d'Auxerre demeurèrent à 
l’abandon, gisant dans les salles de l’ancienne abbaye 
Saint-Germain, et sans conservateur sérieux, le P. Laire 
étant mort dès l’an IX. Ce ne fut qu’en 1824 qu’un ser- 
vice régulier fiit enfin établi par la ville pour organiser 
ces nombreuses collections de livres. La Bibliothèque, 
qui avait été transportée dans les salles et sous les voûtes 
de la chapelle du collège, fut transférée dans les bâti- 
ments de l’ancien prieuré de Notre-Dame-la-d’Hors, par 
les soins intelligents de M. Lefebvre, ancien capitaine 
d’infanterie, devenu bibliothécaire, et classés de manière 
à assurer la conservation des livres et des manuscrits. 

Mais la collection des manuscrits ne devait pas de- 
meurer même dans l’état où l’avaient laissée les commis- 
saires de 1801. En 1835, un Forezien zélé, M. Auguste 
Bernard, ayant appris que la bibliothèque d’Auxerre pos- 
sédait quatre manuscrits importants pour l’histoire du 
comté de Forez (1), obtint du Ministre de l’Instruction 
publique et du consentement du maire de la ville, la 
cession de ces manuscrits pour la bibliothèque de Mont- 
brison. Le Ministre nous donna en échange quelques ou- 
vrages d’une valeur bien inférieure. 

Depuis cette époque, nous avons pu faire nous-même 
quelques acquisitions de manuscrits et recevoir quelques 
dons, mais tout cela n’a pas compensé les pertes qu’a 
éprouvées la Bibliothèque. 

Les manuscrits les plus importants de la Bibliothèque 
concernent surtout l’histoire des principales villes du 

(1) Ces manuscrits portent les n« 26, 37, 38 et 39 du catalo- 
gue dressé par Laire, qui les avait apportés à Auxerre. 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE d’aUXERRE. (il 3 

département et de la province. Quelques autres méritent 
également d’être signalés. Nous en donnerons pour plu- 
sieurs une analyse succincte. 

95. Recueil des Généalogies et Armoiries de l’an- • 
tienne Ihoblesse de Toscane, jusqu’en 4531. Ce manuscrit, 
d’une écriture du xvi® siccle, est rempli d’un grand 
nombre d’écussons coloriés des armes des familles nobles 
de ce pays, depuis le xiv° siècle. M. Planelli, à qui il 
avait été donné par le marquis de l’Escluse, lui donne le 
nom de la Priorisse. 

1 92. Chronique de l’Abbaye de Vézelay. C’est le document 
le plus important et, pour ainsi dire, l’unique sur cette 
grande abbaye. C’est dans cette chronique que Augustin 
Thierry a puisé les documents de sa dramatique histoire 
de l’insurrection communale des bourgeoisie Vézelay. 

173. Pouillé des bénéfices du diocèse de Sens. Ce tra- 
vail considérable présente l’état ecclésiastique et topogra- 
phique du vaste diocèse de Sens au xvii® siècle. Les 
détails qu’il renferme sur les abbayes, les chapitres, les 
paroisses, etc., sur les patrons des églises, leurs revenus, la 
population, rendent ce manuscrit extrêmement important. 

184, 180, 148 .Chroniques des abbayes de Sainte-Colombe 
et de Saint-Pierre-le-Vifde Sens, et de Saint-Germain d’Au- 
xerre. Ces chroniques ont pour auteur D. Cottron, un 
savant moine bénédictin du xvu® siècle, qui les a compo- 
sées à l’aide des chartes de ces monastères. L’érudition 
de leur auteur en fait des travaux dignes de ceux des 
grands bénédictins. On y trouve un grand nombre de 
bulles des papes et de diplômes des empereurs et des rois 
carlovingiens, dont les originaux ont disparu, ce qui rend 
ces recueils encore plus importants. 

179. Chronique de ClariUs, moitié de Saint-Pierre-le-Vif. 


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614 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


Ce manuscrit original, et du xu® siècle, est des plus im- 
portants pour l’histoire du pays sénonais, et même pour 
l’histoire générale. 

132. Chronique de Robert Abolanz, dit de Saint-Marien, 
abbaye dont il était religieux. Cette chronique est'célèbre 
et fournit des documents du plus haut intérêt pour l’his- 
toire générale et pour l’histoire locale. 

129. Gestes des évêques d’Auxerre. Ce manuscrit, écrit 
au xii c siècle pour la première partie, et continué dans 
les siècles suivants par les chanoines de la cathédrale 
d’Auxerre, est la base de l’histoire du diocèse d’Auxerre. 
Les renseignements sur la géographie du pays y abondent 
dès les temps primitifs et fournissent des éléments au- 
thentiques pour en constituer la topographie. 

1 38, 1 39. Histoire du diocèse d’Auxerre, par D . Viole, reli- 
gieux de l’abbaye Saint-Germain. Lepremierde ces manus- 
crits, 4 vol. in-f b , est l’autographe du travail de l’auteur. 11 
renferme une foule de copies de chartes et d’autres docu- 
ments qui servent de titres à la rédaction de l’histoire des 
évêques, des comtes, des barons et des établissements 
religieux. Cet ouvrage est composé avec une érudition 
rare et a servi de mine inépuisable à tous les écrivains 
de l’histoire d’Auxerre. 

Le deuxième manuscrit, coté 139, est une copie rédigée 
en français de l’histoire du diocèse d’Auxerre, par D. Viole, 
et préparée pour l’impression, qui n’a pas eu lieu. 

142. Grand cartulaire de l’abbaye Saint- Germain d’Au- 
xerre. Composé en 1266, par ordre de l’abbé Jean, par un 
écrivain nommé Gautier, dit l’Anglais, ce recueil original 
renferme une masse considérable de chartes intéressant 
le pays auxerrois, du ix® au xv® siècle. 

1 43. Cartulaire du pitancier de F abbaye de Saint- Germain 


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615 


DE LA BIBLIOTHÈQUE d’ AUXERRE. 

d'Auxerre. C’est un recueil moins important que le pré- 
cédent, mais cependant intéressant et qui renferme des 
chartes sur les propriétés de l’abbaye du xin* et du 
xiv® siècle. 

110. Rébueil concernant V histoire et la canonisation de 
saint Edmond, archevêque de Cantorbéry, dont le corps est 
conservé à l’abbaye de Pontigny. Manuscrit du xm c siècle, 
très intéressant. 

153. Recueil contenant les procès-verbaux relatifs à 
l'établissement de la coutume d’Auxerre en 1523-1525. 

189. Histoire de V abbaye de Pontigny, par D. Robinet, 
avec 2 volumes de copies de chartes, tirées du chartrierde 
ce monastère, faites par D. Depaquy au siècle dernier. 

181. Nécrologe du monastère de Saint-Pierre-le-Vif de 
Sens, xiv® siècle, suivi d’un martyrologe du même mo- 
nastère. La première partie est surtout intéressante par 
les noms des personnages qui y sont inscrits. 

Parmi les manuscrits liturgiques nous citerons le 
n° 52, Missel d’Auxerre, écrit par ordre de l’évêque 
J. Baillct, dont il porte les armes (1478-1513). Ce manu- 
scrit est orné de lettres enluminées fort belles, et surtout 
de deux miniatures représentant, l’une le Christ au 
calvaire, et l’autre le Père Éternel. 

Notre collection renferme en outre un grand nombre de 
manuscrits des xi e , xu e etxui® siècles, dont plusieurs sont 
des Traités de théologie, des Vies des Saints, des Résumés 
de sentences ou d’anecdoctes. M. Léopold Delisle, mem- 
bre de l’Institut, qui a visité au mois d’août dernier, avec 
intérêt, les collections des manuscrits de la ville d’Au- 
xerre, a rendu compte à l’Académie des Inscriptions (1) 

(1) Dans la séance du 23 octobre 1874. 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


616 

de ses remarques sur plusieurs de ces monuments. 
Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en reproduisant 
les appréciations de ce grand savant. 

« Ces manuscrits., au nombre d’environ deux cents 
volumes, n’ont pas été jusqu’ici suffisamment étudiés. 
Cette collection, peu nombreuse, paraît être le résultat 
d’un triage fait avec soin et intelligence. On y rencontrera 
très peu de ces ouvrages usuels de théologie et de droit, 
dont il y avait des exemplaires dans la moindre biblio- 
thèque du moyen âge. On y remarque, au contraire, plu- 
sieurs manuscrits historiques de premier ordre, entre 
lesquels il faut citer : 

« Deux Recueils de Vies des Saints, les Gestes des évê- 
ques d'Auxerre, le Cartulaire de Saint-Germain d’Auxerre, 
la Chronique de. Vézclay, la Chronique de Robert Abolanz, 
etc. » Sur chacun de ces manuscrits M. Delisle porte une 
appréciation extrêmement intéressante. 

En dehorsde ces recueils historiques, M. Delisle cite des 
morceaux moins considérables qui méritent d’être men- 
tionnés dans les annales littéraires de la France. Telles 
sont les pièces de vers transcrites, vers le commence- 
ment du xm° siècle, en tête d’un exemplaire du poème de 
P. Riga, et qui ont pour auteur un certain Hervé que 
les bibliographes n’ont pas nommé. II y a encore un 
abrégé de légendes de saints, dont l’auteur anonyme a 
essayé de réunir, sous un petit volume, toutes les notions 
que les simples curés devaient posséder sur les saints 
dont ils célébraient les fêtes et dont ils devaient faire 
honorer la mémoire par leurs paroissiens. L’époque à 
laquelle cet opuscule a été rédigé est révélée par une 
historiette dont le Nivernais fut le théâtre en 1225; 
l'auteur a pris soin de nous avertir que l’événement était 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 617 

tout récent. D’ailleurs la place considérable réservée aux 
saints de l’Auxerrois, les chapitres spéciaux consacrés 
aux évêques d’Auxerre, et d’autres indices analogues con- 
courent à faire penser que l’auteur écrivait dans l’Auxef- 
rois. 

« Le manuscrit n°35 de la bibliothèque d’Auxerre sou- 
lève une autre question d’histoire littéraire. Ce volume 
contient un répertoire alphabétique de lieux communs, 
d’exemples, d’historiettes à l’usage des prédicateurs. A la 
fin on lit ce vers : 

O Petre , nunc siste ; ternit labor iste nimis te. 

« Maintenant, ô Pierre, arrête-toi : il y a trop lontemps 
que re travail te retient. » Pierre, n’est-ce pas le copiste 
qui, ici, se parle à lui-même? Mais n'cst-ce pas peut-être 
Pierre Alphonse, l’auteur de X Enseignement du clergé [De 
clericali disciplinai Telle était l’opinion de Buchon. que 
M. Delisle discute, et qu’en fin de compte il repousse 
comme ne s’appuyant sur aucune indication solide. Sui- 
vant M, Delisle, le répertoire a été composé en France, 
probablement dans la première moitié du xiu c siècle: 
« L’auteur en reste, jusqu’à présent, inconnu; niais sa 
compilation présente un véritable intérêt. Les fables et 
les historiettes, qui remplissent plusieurs chapitres du 
manuscrit, sont souvent fort amusantes. Si la Société de 
l’histoire de France donne suite à son projet de publier 
un choix d’anecdotes tirées des sermonaires du xm e siècle, 
lediteur ne devra pas négliger cette compilation. » 

M. Delisle signale enfin dans la Chronique de Clarius 
plusieurs folios consacrés à donner quelques phrases en 
grec et en latin. C’est une sorte de guide de la conversa- 
tion à l’usage d’un chevalier franc, qui, sans même con- 


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CATALOGUA DES MANUSCRITS 


618 

naître l’alphabet grec (les phrases grecques sont, en eflet, 
tracées en caractères latins), voulait se faire comprendre 
des Grecs. C’est un spécimen curieux et qui peut fournir 
quelques renseignements pour l'histoire de la langue 
grecque au moyen âge. 

COLLECTION DE BASTARD. 

Une autre collection manuscrite, qui est venue enrichir 
encore la Bibliothèque d’Auxerre, est celle du Fonds de 
Bastard. Nous appellerons de ce nom un grand nombre 
de portefeuilles, contenant des copies et des analyses de 
pièces et de chartes concernant divers lieux du départe- 
ment de l’Yonne. Ces documents ont été recueillis dans 
les dépôts publics de Paris notamment, avec leplus grand 
soin et de longues recherches, par feu M. le comte Léon 
de Bastard, et ont été légués à la ville par M m * la baronne 
de Bastard, sa mère, pour exécuter ses intentions bien- 
veillantes pour nous. 11 y a dans ce fonds une mine pré- 
cieuse pour les études historiques et biographiques sur 
le département de l’Yonne. J’ai conservé à celte collec- 
tion son caractère propre, pour répondre, du reste, à la 
volonté de M mc de Bastard, portant que ces documents, 
comme les livres qu’elle a également donnés, ne sorti- 
ront point du dépôt auquel ils appartiennent. 


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DE I.A BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 


619 


THÉOLOGIE — MATIÈRES RELIGIEUSES 


| . — In-4° vélin, 387 folios à 2 colonnes. — Bible contenant 
l’Ancien et le Nouveau Testament, xm® siècle; parait d’origine 
italienne; quelques grandes lettres ornées. 

Provient de M. Chapet, oralorien. 

2- — In 4° vél., 319 fol. à 2 col. — Bible contenant PAncien 
et le Nouveau Testament, xm e siècle ; miuuscule très fine; grandes 
lettres dorées et ornées. — On lit à la fin, d'une écriture du 
xv° siècle : Frater Johannes Ponnetus, conventus Gralianopolis. 

3. — Rouleau en peau de mouton, attaché à un cylindre de bois; 
longueur, 1 m. 70, contenant le livre d’Eslher enbébreu. 

Trouvé à Mascara, en 1841. 

4. — In-8° vél., 279 fol. à 2 col. — Distinction du psautier 
attribué à maître Pierre de Poitiers ; xin* siècle. En tète, petite 
miniature du roi David. — Sur la feuille de garde, note delà main 
de Ch. -H. Fenel, doyen de Sens, concernant Fauteur, chancelier 
de l’Académie de Paris, mort en 1205. 

Incipit : « Beatns vir, etc., sciendum est quod intenlio psalmo- 
rnm est facere hommes virtuosos. Quia igitur ipse psalmus, quia 
titulus est aliorum psalmorum, propter hoc in isto tangit virtutes. » 

Fonds du Chapitre de Sens. 

5. — ln-4° vél., 71 fol. — Glose, 1° sur le Cantique des Canti- 
ques ; 2° sur le livre de la Sagesse ; xiu® siècle. — Le texte est en 
grosse minuscule et la glose, sur 2 col. latérales, en caractères 
plus fins. 

6. — In-4° vél., 57 fol. à 2 col.; ais de bois. — L’Ancien et le 
Nouveau Testament envers latins; exemplaire incomplet du poème 
latin de Pierre Riga, intitulé Aurora; — commencement du xin® 
siècle; beau caractère ; grandes et petites capitales en couleur. 


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620 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


7 . — In-4°vél., 117 fol.; l’ancien et le nouveau Tèstament, 
en vers, par Pierre Riga ; xui® siècle; à la suite sont: 

1° Epistolade itinere Alexandri ad paradisum; 

2° Traité du pape Innocent III sur les misères de la condition 
humaine. En tête du volume ont été ajoutées plusieurs petites 
pièces de vers, composées par un certain Hervé ; sur une feuille 
de garde sont des emblèmes fantastiques dans des cercles. 

Fonds Ponligny. 

8 . — In- 8 °pap., 150 fol.; œuvre de Joachim, abbé en Calabre, 
sur l’apocalypse (imprimé à Venise en 1527); cursive du xvi« siècle. 

ïneipit: « Audivi vocem magnam de templo. » — A appartenu à 
la bibliothèque de la Sorbonne. 

Fonds Planelli. 

9 — In- 4° parchemin, HO fol. — Les Sentences de maître 
Pierre Lombard; xn° siècle. 

Incipii: « Cupientes aliqnid de penuria actenuilate nostra. * 

Fonds Pontigny. 

10 — In-folio vél., 187 fol. à 2 col. — Recueil de sermons. — 
Relie conservation ; xm° siècle. 

Incipii: t Aspiciebam ego in visione noctis. • 

Fonds Pontigny. 

11. — In-folio vél., 234 fol. à 2 col. — Commentaires sur les 
quatre évangélistes et concordance des évangiles, par Zacharie le 
Chrysopolilain. 

Jncipit: « De excellente evangeliiet differentia ipsius adlegem. » 

A la fin sont une interprétation des termes des évangiles, une 
table des chapitres de chaque évangile, suivie des canons des 
évangiles encadrés dans des colonnades peintes fort curieuses; fin 
du xii® siècle. 

Fonds Pontigny. 

12. — In-4° vél, 151 fol. — Sermons pour toute l’année, sans 
nom d’auteur; xm® siècle. 

Incipii ' « Cum sacro-sancta mater ccclesia premonstrante Splritu- 
Sancto. » 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 624 

Op lit à latin de la dernière page les vers suivants : 

Transit fine brevi puerilis flosculus evi 
Et Huit ut ventus hominis jocunda juventus. 

Quidnam vixisse prodest et non senuisse? 

'Annos decrepita delet vicina Ieti 
Pontus, terra, polus michi subdilur hec tria solus 
Tempera trina rego, trinus et unus ego. 

Ponds Pontigny. 

13. — In 4°, 1 53 fol. pap. — Titre : Règlei pour les figures 
de l’Ecrilure sainte, par l’abbé d’Asfeld, en français ; xvni* siècle. 

14. — In-folio vél., 100 fol. à 2 col. — Recueil contenant: 
1° les livres sur le temple de Salomon et sur le temps, par Bède; 
2° le livre de Compotu , d’Helpéric; xn° siècle. 

Inctpit : « Hortatur nos vas eleclionis. » 

Fonds Pontigny. 

15. — ln-4°, 300 fol. pap. — Les principaux points du Talmud, 
par Cb. Gerson de Wecklet-Hausenjuif converti, traduit do Pallc- 
mand en français par M. Luc de Crayé, 1 660. 

16. — ln-4° pareil., 260 fol. — Commentaire de saint Bona- 
venlure sur le second livre des Sentences ; xiv° siècle. — Variantes 
avec le texte imprimé. 

17. — Recueil formé défragmenta de manuscrits, gr. in-folio à 
2 col., xn° siècle. 

1° Incipit : « Retractatio Aurelii Augustiui, episcopi, in libris de 
nuptiis et coDcnpiscentia. » 

On lit ensuite en lettres capitales bleues, rouges cl vertes, ces 
mots commençant par une S de couleur rouge ornée de fleurons et 
haute de 10 cent : 

Scripai duos libros ad illuslrem virum, comilem Valerium ; (16 fol.) 

2° Des fragments d!une vie de saint Bernard, 18 fol., par l’abbé 
Guillaume de Saint-Thierry, et Ernald, abbé de Bonneval, publiée 
dans l'édition des œuvres de ce Père, en 1719, t. Il; ces feuilles 
se rapportent au texte de la colonne 1 104 à la colonne 1172, mais 
avec de nombreuses lacunes ; 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


622 

3° Le premier feuillet de saint Jérôme sur Isaïe, avec une mi- 
niature représentant saint Jérôme commençant à écrire. 

Fonds Pontigny. 

18 . — In-folio, 302 fol. pap. à 2 col. — Livre de la Cité de 
Dieu de saint Auguslin, avec commentaires, etc., par maîtres 
Thomas Valois et Nicolas Trivet, Frères-Prêcheur?, légué par noble 
homme Jehan de Hangest, à l’église de Saiut-Pierre-aux-Bœufs, 
pour l'usage du curé et de ses vicaires, par son testament du 27 
novembre 1521, inséré au dernier folio ; xv° siècle. 

Fonds Pontigny. 

19 , — . in 4° Pareil., 1 10 fol. — Traité de politique ; XIV e siècle ; 
il commence par ces mots : 

« Desiderabilis debet esse tranquillitas in qua et philosophi profi- 
cuum » ; probablement le Defensor pacis de Marsile de Padoue. 

Provient de M. Chapet, oratorien. 

20 * — In 4°, 162 fol. pap. — Certaines œuvres de Saint- 
Césaire d'Arles, et des opuscules de Richard de Saint-Victor; « ser- 
mones ; de viribus animæ; de anima; de mystico somno Nabu- 
chodonosor; de visionc Danielis; variæ exposiliones orationis 
dominicæ, una de Joanne; Nider; Traclatus de potestate ligandi 
ac sol vend i ; xv e siècle. 

Fonds du chapitre de Sens et auparavant aux Célestins. 

2 |, — ln-4° vél.. 190 fol. — Livre d’Adalbert, prêtre à Her- 
mann, appelé !e S pecidum status hotmnis \ xu° siècle.— Manque 
le commencement du prologue ; on lit sur la marge de la première 
page cette annotation du P. Laire ; 

€ Extant Adalberti levitæ Flores ex moralibus sancti Gregorii 
papæ in Job, et prologum hujus edidit Martenne, t. I. Anecdoto- 
rum, p. SS. Sed Spéculum hoc status hominis, excepto Pitheo ,nemo 
novit ; Auctor, monachus benedictinus, vivebat anno 1160. » 

Fonds Pontigny. 

22 ln-4° pareil., 49 fol. — Recueil contenant des œuvres 

de saint Ambroise : 

1° Sur la mort de son frère ; 

2° Sur la mort de son père ; _ 


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623 


DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 

3° Un sermon sur rincarnatioo ; 

4° Une exposition d’Aptalio sur les sept livres d’aphorismes 
d’Hypocrale ; xu® siècle. 

Fonds Saint-Germain. 

23 . - lo -4° vél., 48 fol. — Recueil contenant : 

1° Le livre du Spéculum peccatoris, par saint Augustin ; 

2° Floretus (divers préceptes en prose et en vers) ; 

3° Sermon de saint Bernard pour exciter à la dévotion; xv® 
siècle; minuscule. 

Fonds Saint-Germain. 

24 . — Petit in folio, 218 fol., pap.et vél. — Première portion 
de la seconde partie de la Somme de saint Thomas; xv® siècle. 

Incipil : « Quia sicut Damascenus dieit. » 

25 . - Petit in-4° pareil., 103 foi., rubr. et initiales rouges. — 

Traité de Ratramn, moine de Gorbie, sur le corps et le sang du 
Christ. — Incomplet au commencement et à la fin où sont diver- 
ses prières; sur la garde est une note du Père Laire, qui estime 
ce manuscrit du x° siècle. Laire ajoute : « L’abbé Boileau s’est 
servi de ce manuscrit pour publier une traduction de Ratramn en 
françois. » • 

Fonds du chapitre de Sens. 

26 . — Grand in-4° vél., 182 fol. à 2 col. — Traité de théologie 
en quatre livres, par Durand de Saint-Pourçain, de l’ordre des 
Frères Prêcheurs ; cursive chargée d’abréviations; xiv° siècle. — 
Les derniers folios manquent. 

27 . — In-4° carré vél., 101 fol. à longues lignes, les titres des 
chapitres en onciales rouges. — Traité contre les hérésies des 
Apollinaires ;ix°au x e siécle. — Manquent te commencement et la fin. 

Fonds Saint- Germain. 

28 . — Rec. in-folio, 24 fol. parch. à 2 col., ayant fait partie 
d’un Lectionnaire ; xi® siècle. — Il renferme : 

1° (F° 1), fin delà Translation de saint Benoit, à partir des mots : 

5e. htit. 41 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


« Niantistitis quomodo sanctus ac Deo dilectus Benedic U» agonis 
sui cursum in Beneventana provintia cousu mmaverit... . ; » 

2° (F 0 4), Vie de sainl Augustin : 

« Incipit prologus iu vita sancti Augustini episcopi et confessoris, 
inspirante rerum omnium factore et gubernatore Deo ; » 

Folio 4 v° : 

< Incipit vita sancti Augustini, episcopi et confessons. Ex provin- 
cia Affrica, civitate Tagai censi, de numéro curialium, parenlibus 
honestis ; » 

3° (F 0 20 v°), Passion de saint Denys: 

« Incipit prologus in passione sancti Dyonisi. Gloriosæ marty- 
rum passiones et pretfosa Domino expectante certamina.... ; » 

Folio 21 : 

« Incipit passio martyrum Dyouisii, Rustici et Eleutherii. Posl 
domini nostri jhesu-Chrisli salutiferam passionem.,.. ; » 

4° (F 0 22 v°), Homélie pour la fête de Tous les Sainte: 

« Incipit homelia in natale omnium Sanctorum. Legimus in hil- 
ton is ecclesiasticis quod » 

La fin manque. 

29 :- ln-18, 130 fol. pap. —Titre: la Vie des Chrétiens cachée 
en Dieu ; xvn c siècle. 

{I commence ainsi : 

« L’apostre des Gentils est admirable d’appeler tout ensemble les 
chrétiens et morts et plains de vie. » 

30 . — In-4°, 240 fol. pap. — Titre: Lee motifs sincères et 
véritables de la conversion de Fauteur à la religion (catholique) ; 
xviii 0 siècle. 

L’auteur annonce à la ûn un deuxième volume. 

31 . — In-4°, 113 fol. pap. — Exposition de Libentius, prévôt 
de l’église Saint-Ruf, sur la règle de saint Augustin, copié en 
1465. 

Incipit: « Expositio Libenli, preposili ecclesie Sancti-Rufti. 

Au x\ c siècle, ce manuscrit appartenait A l’abbaye de Dilo, et il 
passa à celle de Pontigny, où il était en I7SO. 

32 * — ln-12, 202 fol. pap. — Titre: La règle de saint Augustin, 


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DE LA BIBLIOTHEQUE d’àUXERRE. 625 

évéque d’Hippone et docteur de l’Eglise, avec les saiuctes consti- 
tutions des religieux de l’ordre des Frères-Prêcheurs; xvni 0 siècle. 

— Jolie écriture. 

33. — ïn-4°,73 fol. pap. — Titre: lnilium et progressus congre - 
gationis F. F. Eremitarum discalceatorum, ordinis Sancli Augustini 
in Galliis; xvm c siècle. 

Fonds des Augustine d’Auxerre. 

34. — In-4°, 114 fol., beau manuscrit, reliure en boi9 couvert 
de cuir à tête de clous. — Recueil contenant : 

1° Des anecdotes dont les sept premières manquent, la huitième 
intitulée :« De mistica salis revelatione de morte apostatiJuliani»; \ 

2° Règle et doctrine de saint Basile ; manque aussi le commen- 
cement du dialogue ; xn° siècle. 

Fonds Pontigny. 

35. — In-4° vél., 312 fol. à 2 col., écriture minuscule ; xiv 0 
siècle. — Recueil d’anecdotes à l’usage des prédicateurs. L’auteur, 
qui vivait au xm c siècle, a fait plusieurs fois des emprunts à Pierre 
Alphonse. On y trouve des préceptes moraux classés par ordre 
alphabétique de A à X, sous chacun des mots. Des fables et des 
contes sont mêlés aux préceptes, et souvent la satyre est rendue 
plus vive par l’apologue. 

Incipit: ACCIDIA: accidiosus est sicut canis famelicus, cujus 
omnis sensus esuriunt, aures, rumores, visus, vanitales, etc.; 
ADVOCATI : non advocati sunt détériorés quara meretrices quia 
raeretrices Tendant détériorera et viliorera parlera sui, advocati 
a utero, meliorem et nobiliorem, scilicel os et linguam ; SORTI LE- 
GIUM : de sortilega qui addiscebat cuidain puelle carraen ne impre- 
gnaretur: « Saint soleil levant et c’est ruissel courant, vostrai à 
garant tant cumrae garderai d’orarae que n'aurai enfant. » Puella, 
autem impregnata fuit, quia non inlellexit vetulam. Clericus qui- 
dam apud Altisiodorum fecit brève quoddam cuidam puelle ne impre- 
gnaretur : « mon sort après, mon sort avant, ja ne connoisses home, 
ja n’auras enfant. » 

Parmi les articles traités, on trouve. Amor, avaricia, Deus, dia- 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


626 

bolus, matrimonium, mulier, prelatus, terra, tempus, verbum, 
etc., et les vices et les vertus. 

A la fin on lit: 

Explicit. O Petre, nunc siste, 

Tenuit labor isle, nimis le. 

Et plus bas : 

« Je Guillaume Guenot, de Crusy (I), preblre, ay acheté ce pré- 
sent livre à Troyes, de frère Girart de Phaucogney, cordelier, la 
somme de trois escus, l’an mil trois cens quatre vingz et dix-neuf, 
dont il est paiez en vin et en argent. » 

« Signé : G. de Crusy. » 

Sur la feuille de garde de la fin du volume, on lit le mot Seno- 
' nensis. 

Buchon signale ce manuscrit comme unique, dans un article 
publié dans la Revue de Paris, et intitulé : Situation des établis- 
sements municipaux de littérature, sciences et arts, en parlant de 
la ville d'Auxerre. 


36 * — lu 4° vél., 226 fol. à 2 col., écriture cursive. — Bible 
des pauvres de Fr. Nicolas de Hanapis, de l’ordre des Frères- 
Prêcheurs ; xiv° siècle. 

Incipit: « 1® Incipil liber de exemplis sacre scripture » ; 

2® « Àlphabelicum narralionum cujus auclor latet • ; 

Fonds Pontigny. 

37 . — In-folio vél., 162 Toi. ù 2 col. — Collection de 78 ser- 
mons latins sur toutes les fêles de l’année ; commencement du 
xui° siècle. 

Incipit : « Sermo in adventus Domini. » 

38 . In-4° vél., 86 fol. — Recueil: Livre de prédictions du 
siècle à venir, par l’évêque Julien, dix homélies, et le livre du com- 
bat des vices et des vertus; xu° siècle. — Incomplet. 


(1) Gruzy, département de PYonne. 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 627 

39. — Petit in-4°, 1 71 fol. — Sermons de M° Geoflïoi Babion, 
anglais; xu c siècle. 

Incipit : « Dicite pusillanimes confortaraini. * 

Fonds du chapitre de Sens. 

40 - — In-16, 347 fol. pap. — Sermons en français sur les 
psaumes ; fin du xv c siècle. — Incomplet au commencement. 

41 . — In-8° vél. , 322 fol. — Sermons sur tous les dimanches 
et fêtes de l’année de Frère Gilbert de Tournay, de l'ordre des 
Frères-Mineurs; xiu° siècle. 

Incipit : « Rogatus pluries ut sermones quosdam quos ad clerum 
parisiensem latina lingua predicavcram. > 

Deux lettres d’Alexandre IV à l’auteur et dédicace de l’auteur 

\ 

au Pape. — Quelques tètes de chapitres ornées de vignettes et de 
grandes lettres de forme. 

Fonds Pontigny. 

42 — In -4°, 504 fol. pap. ; reliure du xvi« siècle en bois, à 
coinset fermails ornés en cuivre; au centre des plats, un médaillon 
du Christ en croix. — Recueil de sermons en flamand, orné de 
petits médaillons peints ajoutés, et figurant des sujets religieux 
(1637-1639). 

Fonds de Bastard. 

43 - — IM° vél., 99 fol. à 2 col., bien conservé. — Rhétori- 
que divine sur l’art oratoire de Guillaume de Paris; xv« siècle. 

Incipit: « Rhetorica divina de Oratione domfni Guillelmi Pari- 
siensis. > 

Fonds Sallé, chanoine de Troyes. 

44 - — In-folio vél., 109 fol. à 2 col. — Histoire scolastique de 
Pierre Comestor ou le Mangeur, doyen de Troyes, et ensuite moine 
de Saint- Victor, dédiée à Guillaume, archevêque de Sens ; xm* 
siècle. — Beau manuscrit à lettres enluminées, riche reliure renais- 


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628 CATALOGUE DES MANUSCRITS 

sance. H commence à la création et finit par les actes des apôtres. 

Fonds Pontigny. 

45* — In-4° vél., 109 fol. — Partie de Pfaistoire scolastique 
de Pierre Comestor, suivi de plusieurs traités de théologie mo- 
rale, dont le premier, de Richard de Saint- Victor, est intitulé : 
De mystico sompnio Naiïuchodonosor régis , et que sÜ sicmma 
inventionis ; xm° siècle. — Rubriques rouges ; capitales rouges 
ou vertes. — L’histoire de Pierre Comestor s’arrête à la mort de 
Moïse. 

46- — Petit in-4° vél., 276 fol. à 2 col. — Histoires abrégées 
de l'Ancien et du Nouveau Testament; xm e siècle. 

Incipit: t Divisit Deus lucem ac tenebras ; appellavitque lucem 
diem. > 

11 finit par l’apocalypse. 

Fonds Saint-Germain. 

47- — Grand in-4° vél., 95 fol. — Harmonie des Evangiles ; 
xii« siècle, commençant : 

« Incipit ordo rerum gestarum historié Evangelice ex quatuor 
unum. In principio, etc. > 

Beau manuscrit, écriture minuscule à larges marges, sur une 
seule colonne. La première page est enrichie d’un grand I, enlu- 
miné, qui en occupe toute l’étendue. 

48- ~ Grand in-folio, 214 fol. pap. - Titre : « Crucis Chrisli de 
Procopio martyre triumphus, sive divi Procopii martyrium » ; 
immense recueil eu vers, en 12 livres, contenant la vie et la mort 
de saint Procope, martyr en Palestine en 393 ; xvn e siècle. 

Fonds Pontigny. 

49 * — Grand in-folio vél. à 2 col., 119 fol. — Commentaire 
sur les douze prophètes, par Rémi d’Auxerre; xu« siècle. 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 629 

Incipit : c Prologue sancti Jeronimi presbyte ri super xu pro- 
phetas. 

50 — In-4° vél., 138 fol. à 2 col, divisé en quaternions de 
.4 ou 5 feuillets.— (Recueil). —Commentaires sur la règle de Saint- 
Benoît, suivis de sermons pour le jour de la fête de ce saint et 
divers autres sermons ; xm° siècle. 

c Incipit prologus régulé sancti Benedicti, abbatis. Ausculta JiJi 
precepla inagistri. » 

Lettres fleuronnées; rubriques rouges. À la suite sont seize 
sermons latins, dont les derniers feuillets manquent. 

Fonds Pontigny. 

51 — ln-4° vél., 171 fol. — Missel noté d’Auxerre, précédé 
d’un calendrier qui sert à établir sa date. — Au commencement 
sont des notes du chanoine Frappier sur certaines fêtes qui y sont 
mentionnées et qui ne sont pas postérieures à la fin du xi° siècle, 
et un catalogue des livres liturgiques, manuscrits et imprimés, du 
diocèse d’Auxerre, connus en 1785. — Lettres ornées et rubriques 
en couleur; minuscule du xiu° siècle; quelques feuillets écrits 
au xv* siècle y ont été intercalés. 

Fonds du Chapitre d’Auxerre. 

52. — In-fol. vél., 331 fol. — Missel d’Auxerre fait par les 
ordres de l’évêque Jehan Baillet (1478-1513). 11 est orné notam- 
ment de peintures de grande dimension représentant le crucifie- 
ment et le Père Eternel, entouré des quatre évangélistes, etc. — 
Beau manuscrit du xv 4 siècle. 

Fonds du Chapitre d’Auxerre. 

Miniatures : la première feuille recto ornée d’une Consécration 
et encadrée d’une guirlande de fleurs ; au bas les armes de J. 
Baillet, d’azur à la bande de gueules acostèededeux amphis - 
tères d’or ; supports : deux anges. Au folio 98 le Christ en croix 
avec la Yicrge et saint Jean, et sur l’autre page le Père Eternel 
avec les quatre évangélistes. Miniatures de grande dimension et 


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630 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


très belles. Dans le corps du texte les lettres capitales richement 
ornées et enluminées. — Ce Missel a été donné à son église par 
l’évêque Baillet ; il a été relié en maroquin cl rogné. J’ai recouvré 
en 1850 le premier folio qui avait été enlevé du manuscrit pendant 
la révolution. 

53* — In-folio vél, 105 fol. à 2 col. — Pontifical Auxerrois 
contenant les bénédictions pour toutes les fêtes de l’année, etc.; 
parait avoir appartenu à Hugues d’Arcy, évêque de Laon au xiv e 
siècle. — Sur l’intérieur de la couverture on lit, d’une écriture du 
xv e siècle : Liber benedictionum domini episcopi Laudunen- 
sis. — Lebeuf y a ajouté une note qui en attribue la possession à 
l’évêque Hugues d’Arcy ; xiv e siècle. 

Fonds de l’abbaye de Saint-Jean de Laon. 

54 — Petit in-4° vél., divisé en deux tomes, 295 feuillets. — 
Bréviaire noté auquel manquent le titre et les derniers feuillets. Il 
a été relié en deux volumes par les soins du préchantre Mignot, 
qui y a mis de distance en distance des feuillets contenant des 
annotations des matières ; xiv e siècle. 

Fonds du Chapitre d’Auxerre. 

55 — in-24 parch., 199 feuillets. — Petit bréviaire auxerrois 
qui a appartenu à un chanoine du pays; en tête un calendrier avec 
les saints propres de l’Auxerrois; xv e siècle. 

On lit, après le calendrier, celte annotation : 

< Extrait des registres du dictum de sentences en recréance des 
requestes du Palais à Paris, par les doyen et chapitre de l’église 
contre Mgrl’évesque demandeur *. 

« Veu le procès, etc., au regard delà recréance requise par chacune 
desdiles parties, la court l’adjuge ausdiz deffendeurs et opposans, 
en la manière qui s’ensuit: C’est assavoir que ledit demaudeur et 
complaignant, ou ses officiers et notaires, sans congié et licence des- 
diz deffendeurs et opposans, nepevenlou doivent faire aucun exploit 
de justice spirituelle es maisons canonialles et claustralles de ladite 
église d’Aucerre sur les serviteurs desdiz chanoynes, sinon en deux 


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631 


DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 

cas, c’est assavoir, omicide et rapt. Et que lesdiz officiers et notaires 
dudit demandeur ne pevent recevoir lestamens ou codicilles des 
demourans et résidans lesdites maisous canoniales ou claustrales 
d’icelle église d’Aucerre sans le congié et licence desdiz deflendeurs 
et opposans, soit que les résidons en icelles maisons soyent chanoi- 
nes habitués ou non habitués, en ladite église ou estrangers. 

« Prononcé le deuxième jour de juillet 1465. » % 

56 - — ln-8°, 343 fol. pap. — Titres et rubriques rouges. — 
Bréviaire à l’usage d’Auxerre, écrit par M° Robot avant 1 468 ; 
(voyez au Samedi-Saint). 

Note de Lebeuf: 

« Sur la feuille de garde de la fin est la mention de la mort des 
deux frères de l'auteur, en 1468 à 1469, et celle de l’évéque de 
Longueil, en 1173. En 1480, translation des reliques de saint Cot ; 
Robot signe comme témoin (Calendrier, au 19 novembre). » 

57 - Petit in-folio vél.,219 fol. — Epistolier et évangelier 
à l’usage de Téglise d’Auxerre. A la suite est une gravure sur bois 
du xv° siècle, représentant une image de saint Thibaut; — belle 
minuscule; rubriques rouges et capitales ornées. Rogné à la re- 
liure au dernier siècle ; milieu du xu° siècle. 

Fonds du Chapitre d’Auxerre. 

58 - — In*8° Yél, 413 fol. — Bréviaire de Sens; xm° siècle, 
sauf quelques parties ajoutées au xv e . 

59 - — In 4° vél., 470 fol. — Antiphonier de l’église de Sens, 
à lettres ornées de miniatures gâtées. — Les pages bordées de 
longs ornements à crochets ; xiv° siècle. — A la fin est un feuillet 
rempli de la liste des redevanges dues par l'église Notre-Dame de 
l’Hôtel-Dieu de Provins, au xiv° siècle. — A la feuille de garde 
quelques mots de la main de Lebeuf. 

60 - — ln-4°, 119 fol. pap. — Recueil de l'office sénonou en 
général : de la sonnerie des cloches de Saint-Eiienne et autres 
cérémonies ; xvu° siècle. 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


61- In -4°, 50 fol. pap. — Ancien processionnel de l'église 
de Sens, écrit par M° Maçon ; xvii° siècle. 

H a écrit cette note à la fin : 

« Maçon senior, anno 1655, canonicus septembris sexta, hic scrip- 
sitjanuarii vigesima-oclava, œtatis, 84 ; 1710-1712. » 

62. -2 vol. in-4°, le premier 428 fol., le deuxième 281 fol. 
pap. — (Recueil). Titre : I. « Tractalus de ecclcsia pars altéra seu 
dissertatio in primum caput declaralionis a clero Galiicano, san- 
citæ anno Domini 1682, quod unum est in nobis probandum su- 
perest», II. « De ecclesiæ dignitate»; xvu° siècle. 

A appartenu à Jacques Caillai, auxerrois. 

63. — in-4°, 485 fol. pap. — Recueil en 2 vol. in-4°. intitulés: 
T. I, Tractus de Deo ; t. Il, Tractus de Divirn gratia seu de 
naturaet gratia ; xvm° siècle. 

Fonds de Saint-Germain d’Auxerre. 

64- — In-24, 160 fol. pap. — Titre: « Memoriali exbibens 
originem, progressum præsentemque stalum variarum dissen- 
tionum quas habent theologi Lovanienses cum PP. Societatis Jesu 
et nonnullis aliis, siye in maleria de Gratia, sivc in materia de 
doctrina morali et disciplina. » xvu° siècle. — Partie en latin, 
partie en français. — Plaidoyer en faveur de Jansénius et de Pascal, 
etc. 

65- — In-4°. 142 fol. pap. — Titre: « Statuts magni conventus 

Parisiensis, anno 1502. » — « Sequunlur statuta et ordinationes 
factæ par Rev. Patrcm generalem^quadragesimum a beato Fran- 
cisco fratrem Ægidium Delphin amerinum pro reformalione 

conventus Parisiensis, etc.; xvn° siècle. 




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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 


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BELLES-LETTRES 

66 — in-8°parch, 95 fol. — Lettres d’ives, évêque de Chartres. 
Iocomplet au commencement et à la fin; fin du xn° siècle. 

Fonds du Chapitre de Sens. 

67. - In-folio, 91 fol. à 2 col. (Recueil) ; xn° siècle. 

1° Grammaire latine d’après Priscien, précédée, de la fin de 
Papias, du vocabulaire commençant à la lettre R, ce qui fait sup- 
poser l’existence d’un premier volume perdu aujourd’hui ; 

2° Sancti Hieronymi presbyteri, liber interpretalianum 
hebraïcorum nominum; 

3° Abrégé de la grammaire latine sous forme de dialoguera fin 
manque) ; 

4° Historia universalis F recul fi episcopi ; 

5° Extraits chronologiques commençant par un morceau de 
Jules l’Africain ; des vers sur les empereurs romains; vers sur les 
travaux d’Hercule et autres; — Minuscule àlettrep ornées rouge 
et bleu. — Beau manuscrit. 

Fonds Pontigny. 

68. — In-4°, 62 fol. pap. reliure, raar. cit. — « Marliauus 
Mineus Capella, satyricon » ou petite encyclopédie mélangée de 
prose et de vers, suivie d’un commentaire par Rémi d’Auxerre; 
cursive gothique ; xvi° siècle. 

Fonds de Bastard. 

69. — 4 vol. in 8°, 552 fol. — Recueil et œuvres de P. Germain 
Mérat, curé de Chitry-le-Fort ; discours sur l’éloquence, l’éduca- 
lion,etc., odes et cantiques, mémoire intitulé : « Préservatif contre 
l’incrédulité; » xix° siècle. — M. Mérat était né à Auxerre le 29 
août 1 742 ; il est mort à Ghitry le 16 décembre 1825. 

Voyez notice biogr. et bibl. en tête dn volume des Discours 
littéraires. 

70- — Grand in-folio vél. à 2 col., 131 fol. — Les origines de 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


saint Isidore, évéque de Séville au vu 0 siècle, composées de vingt 
livres d’étymologies, retouchées par son disciple Branlion, évôque 
de Sarragosse, publié pour la première fois à Augsbourg, 1472, 
in-fol.; xii e siècle. 

Incipit: « Domino meo et Dei servo, Branlion episcopo, Isidoms. » 

Titres et lettres capitales en couleur. — Beau manuscrit prove- 
nant de l’abbaye de Pontigny. 

7 1 . — In- 12, 98 fol. — Recueil de chansons mises en musique 
dont quelques-unes sont du P. Chapet, ancien oralorien, mort à 
Auxerre ; fin du xvm c siècle. 

72- — In 4° vél. à 2 col., 220 fol. — Dictionnaire étymologi- 
que, par Ugulio de Pise ; xm e siècle. 

Incipit : « Cum nostri prothoplasti suggestiva prevaricatione 
humanum genus, etc. » 

A la fin on lit: 

« Iste liber perfectus est die veneris ante Brandones, anno Domini 
mcclxiu. » 

Fonds Pontigny. 

73 - In- 4°, 148 fol., fascicule pap. — 'Hymnes et autres 
poésies sacrées, en latin, par Jean Sallé, prêtre auxerrois, chanoine 
deTroyes, mort en 1767, à Auxerre. 

Don de M. Desnoyers, de Vézelay, 

74. — In -4° vél., 257 fol. à 2 col., relié en bois; lettres ini- 
tiales ornées. — Portion d’un dictionnaire commençant à la lettre 
M et finissant auV; minuscule fin du xm° siècle. — L’auteur entre 
dans des définitions assez curieuses et donne les étymologies de 
chaque mot: « Piramis dicitur quædam alla structura quadrala- 
que fiebat antiquitus super sepulcrum mortuorum. » 

75 . — In-4°, 442 fol. pap. — Les Philippiques de Cicéron, 
traduites en français, etc.; xvm° siècle. 

76- — In 4° vél. à 2 col., 76 feuillets. — Epilres de L.-À. 
Sénèque; xiv® siècle. — Contient les 88 premières épitres de 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE d’aUXERRE. 635 

Sénèque, selon Tordre et le compte des imprimés ; suivi d’une 
table des matières. 

Provient du P. Chapet, oratorien. 

77* — ln-4°, 33 fol. pap. — Titre : « Oraison funèbre de 
Marie-Thérèse d'Àustriche, reine de France, » prononcée dans 
l’église cathédrale d’Auxerre, par M. Marie, chanoine et grand- 
vicaire, le 2 octobre 1683 ; xvm e siècle. 

Fouds A. Mignot, doyen dn chapitre. 

78- — Petit in-folio, 127 fol. pap., relié en bois (Recueil) : 

1° Poésies de Fortunat, 10 livres ; 

2° Œuvres principales d’Aurélius Prudence ; 

3° Bucoliques de Virgile annotées. — Copié avant 1472. 

On lit, en effet, sur la feuille de garde de la couverture, à Tin- 
térienr: 

« Anno Domini m 0 cccc* septuagesimo quinto, in vigilia Transfi- 
gnrationis Domini nostri Jhesu-Chrisli, quasi hora tercia postmeri- 
diem, cecidit grando, cujus lapides erant grossi ad modum ovornm, 
licet ali qui grossiores et aliqui minores, et mirabilis figure. Ego, 
autero, die subsequenti boc scripsi bic. Hoc audi fuit in vale (tic) 
raqua situm est monasterium nostrum de Marcoussiaco et partibus 
adjacentibus. > 

A appartenu aui Célestins de Sens. 

79, — In-4°, 225 fol. pap. — Maximes tirées d’anciens poètes 
latins; xvu° siècle. — Catulle, Claudien, Geile, Horace, Juvénal, 
Lucain, Lucrèce, Martial, Ovide, Perse, Piaule, Propcrrc, Senêque, 
Virgile, Térence. 

80* — ln-4°, 154 fol. pap. (Recueil) ; xvi° siècle : 

1° Un poème latin : 

Incipil : « Ethiopium terras jam fervida torruit estas. » 

Et à la tin : 

« Explicit Tbeodolus ; > 

2° Boetius, sur la discipline des écoles ; 

3° Alain, poème en vers sur les Paraboles ; 


s 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


4° Autre poème en vers à la fin duquel : 

« Explicit omne punctum magistri Godefredi de cirrtate Àthe- 
niensi; » 

5° Autre poème en vers, intitulé: Spéculum puerorum ; 

6° Autre poème de Contemptis mundi ; 

7° Calon, sur les mœurs. 

Toutes ces pièces sont signées après Vexplicit , du nom du co- 
piste appelé Thévin, ou accompagnées de son parafe. 

Provient de Noël Damy, savant auxerrois, qui en a écrit le titre 
sur la couverture. 

81 . — In-folio, 83 fol. pap. — Titre: Recueil de poésies, 
fables, contes, vaudevil es, de différents auteurs ; xvui® siècle. — 
On y trouve la relation de tous les compliments et discours faits 
par MM. du Parlement de Dijon, le jour de Noél 1720. — L’auteur, 
l’abbé Clopin, faille portrait critique de tous les membres du Par- 
lement. Il y en a de curieux. 

Fonds de Glugny, seigneur de Nuits, membre du Parlement de 
Bourgogne. 

82- — In-4° pap., 32 fol. — Titre: La fontaine de Saint-Fout 
(en Beaujolais), poème en vers français dédié à Claude Bourbon, 
sieur de Sainl-Font, etc., par Jehan Godard, parisien. — Frontis- 
pice illustré de fleurons et d'une margelle de puits. 

Incipit: c Bourbon qui a toujours faict de muses grand conte. • 

83 — ïn-4°, 171 feuillets, pap. — Recueil de poésies fran- 
çaises, principalement sur des sujets pieux ou moraux, et de plus: 
« Epistre faicte quand la mortalité esloit à Paris ; déploration sur 
le trespas de feu Mgr le Dauphin. » — Ecriture gothique de 1560 
environ. -- On lit au folio de garde: « Du don de mademoiseile 
Champin, à Orléans ; à Orléans, 1566. » Et en marge, de la même 
main : « L’aucleur esloit ung moine nommé Dampelrus, grand ami 
et familier de mon père-grand. » 

84 . — In-4°, 257 fol. pap. — Titre : « Lexicon syro-latinum 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 637 

quod scripsil Pelrus tiodart, philosophus, e civitate Remensi in 
Gampaoia oriuodus ; > xvui' siècle. 


HISTOIRE 

85- — ïn-fol. Yél. à 2 col., 175- Ibl. — Rubr. r., lettre® des 
titres rouges, belle conservation. Ref. sur bois. — (Recueil). 

t° Histoire universelle de l'évêque Fréculf. 

« Incipit epistola Freculfi episcopi ad Elisacharum magistrum 
stnm. » 

2° Lettre d’Alexandre à Aristote, son maître, sur la situation de 
l’Iode ; 

3* Lettre de Cornélhis-Népos à Salloste Orispns. Il lui annonce 
qo’il a trouvé à Athènes l’histoire de Darês le phrygien, sur la 
guerre de Troyes; suit cette histoire apocryphe; 

4° Vers latins contenant des préceptes de morale ; 

5° Vers de l’évéque Fortunat, sur la consolation des morts ; 

6° Vers de Bède, sur l’arrivée dn jugement; 

7° Histoire des Bretons de Geoffroy de Monmouth; xn° siècle. — 

Fonds du Chapitre de Sens. 

86 - — 3 vol. in-folios vél. — Le Miroir hislorial de Vincent de 
Beauvais. 

Incipit: « Spéculum historié fratris Tincencii. » 

T. I va depuis de creatore mundi à l’empereur Claude, 28G fol.; 
t. H, depuis l’empereur Claude à Barlaam et Josapliat, 258 fol.; 
t. III, déficit ; t. IV, depuis Constantin ; t. V, d’Irène et Charle- 
magne jusqu’à Frédéric II, puis un chapitre dernier sur la fin des 
temps, 350 fol.; minuscule à 2 col., litres et rubr. rouges ; 
xm e siècle. 

Provenant de l’abbaye de Pontigny, où il était déjà an xv* siècle. 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


638 

87- — In-4° pap , 104 feuillets. — 12 Mémoires sur les origines 
de PHistoire de France et ses institutions primitives, par Moreau, 
chanoine d’Auxerre (autographe) ; xvm° siècle. 

Les mémoires les plus intéressants sont : de Porigine des Francs ; 
de la république armoricaine ; de Porigine de la noblesse ; de 
Porigine des fiefs ; vie de Clovis. 

88 . — In-folio, 565 fol. pap. — Titre: Mémoires pour servir à 
l'histoire de France, par Du Tillet (Recueil) : Notices généalogiques 
sur les rois de France des trois races et sur les branches qui en 
sont sorties, avec des analyses de chartes à l'appui, jusqu'à 
Charles IX inclus ; de l’autorité des roys et roynes de France ; 
des sacre et couronnements des roys et roynes; des régences du 
royaume de France ; de Messeigneurs filz de France, leurs appenuai- 
ges ; de Mesdames filles de France; des princes du sang de France ; 
privilèges, indulgences, etc., des rois et reines, de Pextrac- 
lion et remise des corps sainclz, oriflamme et foyre du Landit de 
Saint-Denys en France; testaments des roys, roynes, princes et 
princesses de la maison de France, etc.; des pairs de France; 
des maires du palais, ducs et comtes, officiers ; des conneslables, 
marcschaux et maistres des arbaleslriers ; du grand-maistre de 
France; du grand-queux ; du grand chambellan; du grand cham- 
brier; du grand pannetier; de l'amiral de France; des chevaliers 
de l'ordre du roy ; du grand escuyer de France du Conseil privé ; 
autres officiers; mémoire sur le comté de La Marche ; de couver- 
sione Francomm; xvi e siècle, 3 e tiers. 

% 

89* — ln-4°, 37 fol. pap. en mauvais état. — Titre: « Extrait 
des registres du Parlement de Paris, contenant le procès criminel 
fait à François Ravaillac après qu’il eut commis le parricide de feu 
roi Henri IV, avec le procès-verbal de la question qui lui fut don- 
née et de tout ce qui se passa en la place de Grèves lors de son 
exécution, en L610; » xvm° siècle. 

90. — - In-folio pap., 184 fol. bas. — Mémoire concernant les 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 639 

derniers troubles de France depuis 1642 jusqu'eu 1652 ; xvn° 
siècle. 

L’ouvrage commence ainsi : 

« La persécution que j’avois soufferte durant l’autorité du cardinal 
de Richelieu. • 

91 . — In-4° pap., 121 fol. — Brièves remarques sur les 
Annales occlésiasliques, jusqu’à l’an 493 ; xvn° siècle. 

92 . — ln-4°pap., 155 fol., cursive. — Théodose, de François 
Baudoin, texte latin; xvi° siècle. 

93 * — In-folio pap., 500 fol. — Titre: « Mémoires de feu 
messire Henri-Auguste de Loménie, comte de Brienne, comman- 
deur et grand-prévôt des ordres du roy, ministre et premier secré- 
taire d’Etat, contenant les événements les plu9 remarquables du 
règne de Louis XIII et de celui de Louis XIV, jusqu’à la mort du 
cardinal de Mazarin » ; xvm° siècle. 

Manuscrit donné par M. SoufHot de Merey, ancien conseiller au 
bailliage d’Auxerre, le 17 septembre 182t. 

94 . — In folio pap. ,'281 fol. — Mémoires du comte de Brienne, 
secrétaire d’Etat, 1683. Ce volume renferme la deuxième partie 
des mémoires de l’auteur, contenant une relation de ses voyages 
en Europe, depuis 1652 jusqu’à 1655; manuscrit autographe ; 
xvii 0 siècle. 

Voir notice sur ce manuscrit par M. A. Cherest, t. de 1856, ! re 
partie du bulletin de la Société des sciences de l’Yonne. 

95- — Grand in-folio pap., 327fol., rel. à clous fleuronné3, beau 
manuscrit. — Recueil en italien des généalogies et des armoiries 
' coloriées de la noblesse de Toscane, jusqu’en 1531 ; xvi° siècle. 

Le sieur de Pianelli y a ajouté cette note : 

« On le nomme vulgairement la Priorissc, qui m’a esté donné en 
troc par M. le marquis de l’Eseluse, en 1702. • 

Fonds de Pianelli, émigré. 

Sc . hist. 42 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


640 

96- - Petit in-folio pap., 171 fol. — Titre : € Tableau du 
Gouvernement ou éloge du cardinal de Richelieu; • xvni 0 siècle. — 
« C’est un recueil de poésie satyrique el la plus mordante qui ait 
été faite contre cette Eminence, » (Note du P. Laire.) 

Ouvrage composé après la mort du cardinal. 

97* — ln folio pap., 176, fol. - Compte-rendu par le cardinal 
Mazarin de l’état des finances de la France, suivi d’un projet de 
dépenses après la paix ; milieu du xvu° siècle. 

Fonds Fonligny. 

98* — ln-i°, 121 fol. — Titre: • Traité sur la noblesse fran- 
çoisc, par M. le comte de Boulainvilliers ; » xviu 0 siècle. 

L’auteur annonce 2 volumes. Il n y a que le premier à la Biblio- 
thèque; le deuxième, qui coutient les preuves ou extraits de 
chartes, manque. 

Fonds da~ Chapitre de Sens. 

99* — In-4° pap., 215 fol. — Titre : « Traité de la politique 
de France, dédiée et présentée au roi, par M. Philippe de Harlay, 
marquis de Champvallon ; 1667. • 

Note autographe du P. Laire, faisant cqnnaitre l'ouvrage: « On 
peut dire de cet ouvrage, et cela avec justice, qu’on ne peut 
trouver un tissu de flatterie pour Louis XIV et de flagornerie cour- 
tisane qui l’emporte sur ce traité de politique, et duquel, avec 
vérité, on peut dire : Pmtereaque nihil. » 

Fonds de Planelli. 

100 — In-4°pap., 119 fol.— Titre: « Mémoires concernant la 
situation actuelle des provinces du royaume part rapport au com- 
merce et ù l’industrie des villes, aux manufactures, au dénombre- 
ment des peuples, etc., en 1746. > 

101- — In-folio pap., 182 fol. — Titre: « Histoire de la prise 
des ville et chûleau de Beaune, par M. le maréchal de Biron, deffen- 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 641 

dus par le capitaine Monlmoycn, pour M. le duc de Mayenne, chef 
de la Ligue, le jour de Pâques-fleuri de Tannée 1595. • 

Recueil 80 U 3 forme d’éphémérides depuis 1538 à 1598, conte- 
nant des extraits des registres du Parlement de Dijon sur tout ce 
qui s’est passé pendant la Ligue. — Copie du xviii® siècle. 

102- — 5 vol. grand in-folio. — Titre : « Recueil des Mémoires 
sur toutes les places fortifiées du royaume, avec les plans, où Ton 
donne une idée de chaque place, etc. > 

T. I, 203 feuillets, places d’Alsace, de3 Évêchés et de la Meuse ; 
t. II, 213 feuillets, places des Flandres, d’entre Sambre-et-Meuse 
et de Picardie; l. III, 205 feuillets, places de Franche-Comté, 
Bourgogne, Dauphiné et Provence ; t. IV, 193 feuillets, places du 
Languedoc, de Roussillon, des Pyrénées et de Guyenne ; t. V, 206 
feuillets, places du Pays d’Aunis, de Bretagne, de la Loire et de 
Normandie; 1726-1727. 

Provient du maréchal Davout et a été donné par M"* de Blocque- 
ville, sa fille. 

103. — In-folio pap., 243 fol. — Recueil contenant : 

1° Mémoires pour servir à Phistoirc de l’église, de 1 729 à 1 730 ; 

2° Traité de plusieurs sacrifices des Gentils (indiens), tiré du 
livre des Chasiras, nommé par eux Darma-Chaslra ; 

3° Origine et histoire duTaiessi et des deux arbres Bilé et Aniti ; 
histoire de la mythologie indoue ; xvm° siècle. 

104 — In-folio pap., 38 fol. —Titre: « Relation du voyage de 
M. le marquis de THospital, ambassadeur de France à la cour de 
Russie,cn 1757, par le marquis deFougiéres fils, qui l’accompagna 
dans cette ambassade ; » xvm° siècle. 

Fonds de l’émigré Planelli, seigneur de Thorigny. 

105. — Petit in-folio pap., 273 fol. — Nobiliaire des membres 
du Parlement de Bourgogne, avec leurs armoiries coloriées ; 
xviii 0 siècle. 

Fonds de l’émigré Clugny. 


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642 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


106- — In -4° pap.,2 vol., 1 190 fol. — Titre: * Edits, déclara- 
tions du roi et lettres-patentes vérifiéesau Parlement de Bourgogne, 
avec les modilications qui y ont esté apportées > ; 1476-1043 ; 
xvii 0 siècle. — Delà main de M. de Clugny. 

Fonds de Clugny. 

107- — In-'i°pap., 536 fol. — Titre : « Mémoires et observa- 
tions des choses les plus mémorables et arresls delà Cour du Parle- 
ment de Dijon, selon Tordre des temps, extraits des registres •; 

1 176- 1549. 

De la main de M. de Clugny et daté de 1703, avec les armes do 
la famille de Clugny. Résumés sous forme chronologique recueillis, 
minutieusement. Les faits y sont rapportés avec une impartialité 
absolue et sans commentaires aucuns, et fournissent des docu- 
ments curieux sur l’histoire de la province de Bourgogne. 

108* — ln-folio pap., 366 fol. — Titre: « Journal de 
tout ce qui s’est passé pendant le commandement de M. le comte 
de Tavanes en Bourgogne et Bresse, et pays adjacents », de 1720 à 
1722. — Relation des mesures prises pour préserver les villes et 
bourgs do la province de l’invasion de la peste. — Etablissement 
d’une garde de santé dans chaque ville, etc. 

109° — In-8° vél., 127 fol., écriture cursive, rubriques rouges. 
— Recueil contenant plusieurs vies des saintes et des sermons en 
français. On y voit notamment les vies de Notre-Damo-des-Neiges, 
do sainte Anne, de sainte Barbe et de sainte Catherine. 

Explicit : • C’est la fin de la belle légende de madame sa i note 
Catherine, escripte par Fr. Bonaventure Dubien, Tan mil cinq cens 
quarante, àLongchamp. — Jhcsus en soit louez, amen. » 

• C’est pour honorables dames sœur Katherine de Bainctz, pour 
scs filles et bonnes amyes, et par cspécial sœurJchanne de Maitly. » 

Le volume, relié richement, porte sur le plat le nom cl les armes 
de Johanne de Mailly, qui sont à trois maillets . 

MO - In -folio vél. à 2 col., 154 fol., couv. d’ais de bois. 


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DIS LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 643 

— Recueil contenant sons forme de leçons: Vila beali Edmundi, 
Canluariensis arcliiepiscopi et confcssoris; — scrmo venerabilis 
Alberli, arcliiepiscopi Livonie in translatione sancli Edmundi 
arcliiepiscopi et confessoris Canluariensis ; — hisloria canoniza- 
tionis sancli Edmundi, elc. t par le même Albcrl; — Miracula beali 
Edmundi. 

Jusqu’au folio 112, l’écriture est en grosse minuscule du xm° 
siècle ; à la suite esl un recueil, du 113° au 15't® folio, en écriture 
petite minuscule h 2 col., avec belles lettres llcuronnées, conte* 
nantie récit des miracles do saint Edme. 

L’abbé Lebeuf, parlant des auteurs qui ont écrit sur la vie de 
saint Edme de Cantorbéry, signale Bertrand et Jean, religieux de 
Pontigny, qui vivaient au milieu du xin» siècle. 11 faut, dit il, y 
ajouter Robert Ricli, frère de saint Edme, et Mathieu Pàris, qui. 
profila d’un écrit de Jean de Pontigny. (Lebeuf, Mém. sur l’Hist. 
à' Auxerre, t. Il, 193) fin du xm° siècle. 

Fonds Pontigny. 

1 1 1 . — ln-4° vél. à 2 col., 127 fol. — Vie des Saints pour 
tous les jours de Tannée. L’auteur vivait en 1225 ; (fol. 80); xiti 0 
siècle. 

Incipit : « Cum plurimi sacerdotes sanctorum passiones et vita 
non habeant... » ExpUeii : « Àbbreviatio in gestis et miraculis sanc- 
torum. » 

A la suite est la vie de sainte Marthe, d’une autre écriture du 
môme siècle en 7 feuillets. 

* Folio 80 v°. — Anecdote sur un miracle arrive après la mort 
d’un chevalier ignorant : 

« Miles quidam seculo renudeians ordinem Oislerciensem intra- 
vit, et quia litteras nesciebat, erubescente- monachi lam nobilem 
personam inter laltcos deputari, dederunt et magislrum ut aliquan* 
tulum litteras diceret; ut bac occasione inter monachos permane- 
ret. Sed cnm diu sub magislro fuisset, et non omnino prêter bec 
duo voeabula (ave Maria) discere potuisset, hoc tamen tam caride 
relinuit ut quocumque deambularet ea ineessabiliter ruminabat. 
Post mortem ejus, quidam convenus per cimiterUm deambulans, 


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644 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


forluito ad sepulchrum ejus venit. El ecce videns liliura super illud 
crescens, et litteris intus deforis descriptum invenU. Miralus de 
lilio, plus miralus de litleris ; vocalis mouachis hoc ostenditur, et 
cum inlilioat’e Maria legissent,audicns hoc abbas, ad speclaculum 
venit et ipse oculus hoc probasset, episcopum, qui tune aderat, 
ad videndum adduxit. At ille, cum terram de tumulo effbdi preci- 
pisset, invenit quod radit lilii de orc defuncti procederel. Et 
inlerrogans monachos quid fecissct ? Inlelleiit hoc solum quod 
solum didiscuit cum quanta devotione didicisset. > 

Fonds Saint- Germain. 

1 12. — in-8° Yél., 85 fol. — Vie de saint Eloi, évéque de 
Noyon, par saint Ouen, dit Dodon. — Lettres du pape Urbain II 
et d’ives de Chartres, sur les sectes hérétiques ; la première 
est celle des Simoniaques, et la deruière celle des Eutycbéens ; et 
un opuscule sur les premières sectes hérétiques. — Autre de 
Fulbert, évêque de Chartres, contre les Juifs; xu e siècle. 

Fonds du Chapitre de Sens, et au xv* siècle à l’abbaye de Jouy ; 
au xvm* à M. le doyen Fenel. 

||3. — In-4° pap., 75 fol. — Titre: « La sainte vie et les 
haultz faitz dignes de mémoire de Mgr sainct Loys,roy de France: » 
xvt° siècle. 

Il commence ainsi : 

« Monseigneur sainct Loys, vin® de ce nom, fils duroy Loys vu*. > (sic.) 

A la suite est un mémoire copié sur un grand tableau existant 
dans la nef de la chapelle du collège royal de Champagne, dit de 
Navarre, à Paris, et contenant la justification de saint Louis, accusé 
d’avoir ruiné la France par ses croisades, 9 feuillets. 

Enün le volume est terminé par deux ordonnances de saint 
Louis, en 1256, et de Philippe-le-Bel, en 1294. 

Fonds Pontigny. 

1 1 4. — Grand in-folio vél., 212 fol. à 2 col. — Titre : « Incipit 
liber de nalaliciis seu passionibus sanctorum, a kalcndis februarii 
usque ad kalendas aprilis. 

« Incipit Prologus in vita beale Brigide, Virgin is. » 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 645 

Recueil des vies d’un grand nombre de martyrs et de saints, 
savoir : 

Sancte Brigide, virginis, vila ; 

Sancti Ignacii, episcopi, “passio ; 

Epistola sancti Cipriani,ad plcbcm de Celerino leclore; 

Sancti Trifonis passio ; 

Sancti Filee, episcopi, passio; 

Sancte Agathe, virginis. passio ; 

Sancti Aroandi, episcopi, vita ; 

Sancti Vedasti vita; 

Sancte Dorothee passio; 

Sancti Severini, abbatis, vita; 

Sancte Eufrasie, virginis, vita ; 

Sancti Saturnini, presbyteri cum sociis, passio ; 

Sancti Valentini, episcopi, passio; • 

Sancti Blasii, episcopi, passio; 

Sanctorum Faustini, presbyteri, et Jobitc, diaconi, passio ; 
Sancte Juliane, virginis, passio; 

Sancti Polchronii, episcopi, cum sociis, passio ; 

Sancti Silvini, episcopi, vita ; 

Sanctus Matheus apostolus (de electione) ; 

Inventio capitis sancti Johannis, precursoris Domini ; 

Sancti Alezandri, episcopi civitatis Alexandrie, vita ; 

Sancte Austreberle vita; * 

Sancti Albini, episcopi Andegavensis, vita et miracula ; 

Sancti Focere, episcopi, passio ; 

Sanctorum Perpetue et Felicitalis, passio ; 

Sanctorum Satyri, Saturnin!, Revocati, Perpetue et Felicitatis, 
passio ; 

Sanctorum Philemonis, Coraule et Arriani presidis, passio ; 
Sanctorum Quatraginta martyrum, passio; Domitianus, Eunoi* 
chus et alii; 

Sancti Gregorii, pape, vita (65 folios) ; 

Sancti Pauli, episcopi, vita; 

Sancti Longini, passio ; 

Sancti Geretrudis, virginis, vita ; 

Sancti Johannis Penariensu, vita; 

Sancti Kaloceri, passio; 

Sancti Vulfrani, Senonensis archiepiscopi, vita; 

Sancti Benedicti, abbatis, vita ; 

Sancti Ermelandi, abbatis, vita ; 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


Sancli Hyrenei, episcopi, passio; 

Sancti Johonnls Heremite, vila; 

Sancti Eustasii, abbatis, vita. 

Belles lettres capitales en couleur rouge ou bleue; rubr. R.; 
xii e siècle. 

Fonds Ponligny. 

115 - ln-folio vél., cap. et rub. r., 172 fol., divisé en qua- 
ternions de quatre feuilles. — Vies de saint Grégoire, 1, pape, de 
saint Antoine, par saint Alhanase, de saint Hilarion, par saint 
Jérôme ; xn° siècle. 

Incipil : « Grcgorius genere romanus arte philosophas Gordiani, 
viri clarissimi et beale Silvie, filius. » 

La première lettre, le G, est rempli d’une miniature figurant 
saint Grégoire assis, exposant sa doctrine à l'un de ses disciples. 
— Lettres capitales et rubriques rouges. 

Fonds de l’abbaye de Quincy. 

116* — In-4° pap., 141 fol. — Titre : « Slatula magni conven- 
ais Parisiensis, anno 1502. » — Statuts faits par Fr. Bloi Delpbin 
Amerio, en 1502 ; par Paul de Parme, en 1533 ; par J. Calvin, en 
1543 ; par frère Fr. Gonzague, en 1582, etc.; xviu° siècle. 

Fonds des Frères-Mineurs d’Auxerre. 

||7. — ln-12, pap. — Titre : « Règlements de la congrégation 
de l’Oratoire.... à l'institution de Paris; 1768. 

On lit en note : 

« Ce règlement a été copié par le confrère Desut, mort en odeur 
de sainteté à Salins, au mois de février 1770. » 

Provient de M. Chapet, oratorien. 

1 18* — In-4° pap., 90 fol. — Titre : « Electiones superiorum 
et décréta capitulorum gencralium congregationis nostræ. » 

Ce manuscrit contient les listes des supérieurs élus dans les 
congrégations générales de l’ordre de Saint-Benoît de la réforme de 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 

Saint-Maur, avec les décrets rendus dans les mômes congrégations 
depuis 1636 à 1699. — Il est d’écritures différentes et de l'époque 
de chaque assemblée ; xvu° siècle. 

Fonds de Saint-Germain d’Auxerre. 

119. — In-4° pap., 68 fol. — Catalogue des généraux et autres 
supérieurs des monastères de l’ordre de Saint- Benoit, de la congré- 
gation de Saint-Maur, de 1702 à 1769. Les listes sont demains 
différentes à mesure des assemblées, et signées des secrétaires 
respectifs. 

120- — In-folio pap., 180 fol. — Titre : t Malricula monacho- 
rum professorum, congr. Sancli-Mauri in Gallia, 1715 à 1775. » — 
Liste des moines par ordre de profession, avec leur ôge, leur pays, 
le lieu de profession et la date de leur décès; Paris, 1718, avec 
un frontispice gravé représentant saint Benoit donnant sa règle à" 
saint Maur. 

Source inconnue. 

121- — Petit in-folio pap., 29 fol. — Titre : « Nouveau Catalo- 
gue chronologique des abbés de Gisteaux, depuis sa fondation 
jusqu’en 1727» ; xvin 0 siècle. 

122- — In-4° pap., 230 fol. — Titre: « Catéchisme des pré- 
tendus parfaits, tiré de la vie de sœur Marguerite-Marie Alacoque », 
imprimé ù Paris chez la veuve Mazièrc, de l’édition de l’année 
1729, avec des notes critiques. En tête est une lettre autographe 
de Mgr Langnct, archevêque de Sens, du 5 août 1733, à M. Olivier, 
docteur en théologie, prêtre de la paroisse Saint-Paul à Paris, 
dans laquelle il lui reproche de l’accuser & tort do quétisme en 
attaquant son livre de la vie de la mère Marguerite Alacoque ; 
xvin 0 siècle. 

I23> — In-folio pap., 63 fol. — Titre: « Alliances et généalo- 
gies des ducs de Lorraine dès Clodomir en l’an 319, jusqu’à 


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648 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


Charles IX présentement régnant. » — Nombreux blasons coloriés; 
xvi° siècle. 

124. — In- 4° pap., 2 vol. — Histoire de la maison de Viole, 
et généalogies des familles qui y sont alliées. De la main de dom 
Viole, prieur de Saint-Germain d’Auxerre. — Armoiries coloriées 
des familles alliées aux Viole et tableaux généalogiques; xvn° 
siècle. 

125. — lu -4° pap., 40 fol. — Titre : « Chronique abrégée de 
l’ordre militaire de Saint-Lazare de Jérusalem, etc., par noble et 
égrégié messire Jean -Marie de la Mure, chanoine de Montbrison, 
chevalier prieur desdits ordres, historiographe de France et desdils 
ordres;» 1660. 

126- — In-4°pap., 75 fol. — Titre: « Abrégé de l’histoire 
véritable de la possession des religieuses de Loudun, arrivée en 
1632 jusqu’en 1638, écrite par le révérend père J. Seurio, jésuite, 
l’un des exorcistes; » 3° partie, xvin® siècle. 

127. — In-4° pap., 44 fol. — Titre : « La merveilleuse histoire 
de l’esprit qui depuis naguères est apparu au monastère de Saint- 
Pierre de Lyon, par M. Adrian de Moutalembcrt, aumôuier du roi 
François I er ; » à Rouen, chez Nolin Gautier, 1529. 

C’est la copie de l’imprimé. 

128* — Grand in-folio pap., mar. r. dent. — Recueil factice 
de documents manuscrits sur l’Auxerrois, extrêmement importants, 
provenant de la bibliothèque de M. de Villenavc, n° 1038 du 
catalogue. Les articles sont au nombre de 27 et d’une écriture 
très fine et datés des années 1708 et 1715. 

On y voit notamment : 

Unpouillédu diocèse d'Auxerre; — des listes de paroisses; — 
des caries topographiques de sept paroisses ; — des tables des 
paroisses, des fiefs et des hameaux en dépendant ; — notices histo- 
riques sur les abbayes et les collégiales, les chapelles et prieurés ; 


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649 


DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 

— documente divers; — carie du diocèse, dédiée à Monseigneur 
de Caylus, par Je sieur Oudin; — description du pays et comté 
d’Auxerre, et de tout le diocèse, extraite des mémoires manuscrite 
des Intendants, en 1698; — prérogatives, droite et seigneuries 
de l’èvêché, fiefs qui en sont mouvante ; — liste et histoire des 
évêques depuis saint Pèlerin jusqu’à Mgr de Gaylus, et catalogue 
des évêques avec leurs armoiries; — remarques sur les change- 
ments de l’édifice de la cathédrale; — extraits des coutumes du 
comté et bailliage d’Auxerre, et procès-verbal de la rédaction 
d’icelles, en 1561. 

Nota : L’auteur de ces cahiers paraît étranger au pays. Il dit 
que, « à son voyage à Auxerre, en 1698, il a vu les ruines de 
l'abbaye Saint-Marien, » cahier n° XXII. 

Fonds de Bastard. 

129 — In-4° vél., 198 fol. — Gestes des évêques d’Auxerre, 
par Alagus et Rainogola, qui vivaient au ix® siècle, continués suc- 
cessivement par divers chanoines de la cathédrale. 

Incipit : « Incipiunt Gesta Ponlificum Autissiodorensium. » 

Ce manuscrit précieux est une copie de l’œuvre originale, faite 
au xii« siècle pour une partie, continuée aux xin 0 et xiv° siècles, 
puis reprise aux xvi° et xvn« siècles, par des chanoines; xn° au 
xvii 0 siècle. 

Publié par Labbe, Bibliothèque manuscrite, p. 245, et Bibl. 
histor . de l’Yonne, I, 309.' 

Fonds du Chapitre d’Auxerre. 

130. — In-4°pap., 1 07 fol. — Copie du Gesla Pontificum Autis- 
siodorensium, et qui se termine à la vie de J. Amyot (voir manu.se. 
n° 128). 

Ecriture du commencement du xyii* siècle. 

131- — Grand in-folio pap., 110 fol. — Titrç: c Catalogue 
auxerrois, comprenant la liste des évêques jusqu’à N. Colbert 
(1676); des prévôts, doyens et autres dignitaires de la cathédrale ; 


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650 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


des abbés et abbesses du diocèse d'Auxerre, etc.; » xvn c siècle. 

L'ouvrage est terminé par un catalogue intitulé: Cinietièrç 
auxerrois . C'est une notice et en plusieurs endroits une copie 
tiguréc des épitaphes qui existaient autrefois dans les églises d’Au- 
xerre. 

\ 

132* — Grand in-folio vél. à 2 col., 163 fol. — Chronique de 
Robert, moine de Saint-Marien d’Auxerre, divisée en six âges, 
commençant à l’origine du monde et terminée à l’an de Jésus- 
Christ 1203. En tôle est une chronologie dont les quatre pre- 
mières pages manquent et qui commence à lan 2393 : Judices, 
Moyses, etc.; puis des séries de rois des Grecs, des Egyptiens, des 
Perses, des Romains, etc ; — la liste des générations depuis Adam ; 

— un catalogue des contrées composant tes trois parties du monde 
connu les montagnes, les fleuves, les îles, les villes ; — la liste 
des papes, des empereurs romains, des rois de France jusqu’à 
Philippe-Auguste, dont le règne n’est pas terminé ; — une concor- 
dance entre les règnes des papes et des empereurs ; — des tableaux 
généalogiques des chefs hébreux. — Le sixième âge, celui de 
Jésus-Christ, commence à la page 126. Une colonne contient la 
liste du Christ et des papes, une deuxième celle des empereurs. Le 
texte historique remplit le reste. — L’arrivée de saint Pèlerin et 
de ses compagnons, envoyés à Auxerre par le pape Sixte I ct , vers 
l’an 270, commence la série des faits locaux, qui se continue par 
des notices sur les évêques d’Auxerre, les monastères fondés, etc; 

— La liste des empereurs se continue par ceux d’Oricnt, tout en 
mentionnant les faits relatifs aux rois francs. Les empereurs carlo - 
vingiens succèdent aux orientaux, & partir de Charlemagne; et les 
empereurs allemands succèdent aux premiers. L’auteur affecte de 
négliger les rois carlovingiens. 

Manuscrit original écrit de la même main jusqu’à la page 310. 
Il contient divers dessins curieux, peints bleu, vert et rouge ; 

— fol. 32 v°,uq grand chandelier à sept branches, emblématique, 
ayant 6ur la courbe du pied quatre oiseaux ; aux folios suivants, 
des généalogies des patriarches formées de cercles multiples reliés 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 651 

les uns aux autres; une colonnade romane, des lettres ornées 
d'animaux, etc.; xn° siècle. 

Au xvi° siècle, ce manuscrit a été annoté par un écrivain local 
érudit, qui a rédigé une notice sur son auteur (fol. 39 v°). 

Camuzat a publié celte chronique en 1608.— Lebeuf en a rendu 
compte dans ses Mémoires sur V Histoire d' Auxerre , H, 421 . 

Nota: Le 19 juillet 1793,. le Père Jean-Baptiste-Adrien-NOrbert 
Lelong, curé de Notre'-Dame-la-d'Rors, a remis ce manuscrit 
même au directoire du district d'Auxerre, qui en a ordonné le 
dépôt dans ses archives (Registre des délibérations.) 

Fonds Saint-Marien d’Auxerre. 


133- — In-4° pap., 105 fol. — Abrégé de la chronique de 
Robert, moine de Saint-Marien d'Auxerre. 

Inclpit: t In presenli libro descri bi tu r qualiter ab inieio U9que 
nunc mundus fluxerit.. .• 

Ce manuscrit n'est, suivant une note de Lebeuf, qu’un abrégé 
rédigé l’an 1475. 

Au verso du 73° folio, on lit: 

* Explicit quoddam extractum abrevialum Hugonis canonici 
Sancli-Mariani prope Autissiodorum per meM... in villa Autissio- 
do rensi, anno^Domini millesimo quad ragent es imo septuagesimo- 
quinto, die mercurii xu* mensis aprilis post Pascha. » 

A la suite sont des extraits de pensées d’auteurs classiques latins, 
ajoutés par le même écrivain. — 1475. Cursive gothique. 

Fonds du Chapitre de Sens. 

134. — Grand in-folio, pap., 323 fol. — Titre: « Martyrologe 
auxerrois. » Recueil d'éphémérides sacrées et profanes, par M.Elic 
Bargedé. Les faits y sont à leur ordre de jours et de mois ; les 
faits généraux et les faits particuliers à lliisloire du diocèse d ? Au- 
xerre,en deux séries distinctes avec table des matières ; xvn° siècle. 

135* — Grand in-folio pap., 2 vol. in-fol. — Titre: « Histoire 


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652 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


de la ville et des diocèse et comté d'Auxerre, par Charles Henri 
Bargedé, assesseur au siège criminel d’Auxerre. » — Le premier 
volume contient l’histoire des évêques, chapitres et collégiales, et 
e pouillé du diocèse ; 235 fol. 

Le deuxième volume, de 371 fol., renferme: 

1° Des épbémérides depuis saint Pèlerin jusqu’au xvn® siècle ; 

2° L’histoire des comtes d’Auxerre ; 

3° Celles des barons de DoDzy, Toucy, Saint-Verain; 

4°'Les abbayes Sainl-Germaia et Saint-Marien d’Auxerre, elautres 
monastères, couvents et hôpitaux du diocèse ; 

5° Le collège d'Auxerre. 

Lebeuf y a ajouté quelques notes. 

Cet ouvrage est souvent semblable à celui de D. Viole, porté 
ci-dossous n° 1 39 ; xvn 0 siècle. 

Fonds de Saint-Germain. 

136 - — In-folio pap., 384 feuillets. — Même .ouvrage que le 
n°135, mais avec des notices sur les saints locaux. Il est écrit 
de la môme main et terminé par un Martyrologe anxerrois . 

Ecrit au moins en 1658, selon la mention portée au fol. 454 v°. 

137 - — In-folio pap., 590 fol. — Copie de l’histoire ecclésias- 
tique du diocèse et des cojntes d’Auxerre, par Dom Viole, n° 139, 
écrite au xvur siècle. 

138 . — In-folio pap., 4 vol. rel. en parch. — Mémoires sur 
l’histoire du diocèse d’Auxerre, rédigés par Dom Georges Viole, 
prieur de l’abbaye Saint-Germain. — Titre: 1 er et 2 vol., Gesta 
Episcoporum Autissiodorensium et calalogus dignitatum ejusdem 
ecclesiæ ; 

T. III. Historia abbatum, etc., monasterii Sancli-Germani Aulis- 
siodor., neenon et comilum Autissiodor.; 

T. IV. Pouillé, évéques et histoire des églises de la ville et du 
diocèse d’Auxerre. 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE d’aUXERRE. 653 

A l'appui du texte sont des copies de chartes on grand nombre. 

Manuscrit en grande partie autographe ; xyii® siècle. 

Fonds Saint-Germain d'Auxerre. 

139- - 3 in-folios pap., 3334 fol. d’une seule pagination. 

— Tilre: « Histoire du diocèse d’Auxerre composée par le P.Dom 
Georges Viole, religieux au monastère de Saint-Germain d’Auxerre. » 

Ce travail, rédigé en français sur le précédent, parait avoir été 
préparé pour l’impression. 

Le premier volume a des annotations de la maia de D. Viole. 
Il comprend l’histoire des évêques d’Auxerre jusqu’à P. de Broc, 
avec leurs armoiries, depuis le xn e siècle ; de plus l’histoire des 
dignitaires du chapitre cathédral et des églises collégiales du dio- 
cèse et des diverses églises et chapelles de la ville d’Auxerre; 

Le deuxième, l’histoire de l’abbaye de Saint-Germain et des 
autres monastères du diocèse; 

Le troisième, la continuation de l’histoire des monastères, 
prieurés, hôpitaux, etc., du diocèse, et celle des comtes d’Auxerre 
et des barons de Donzy, Toucy et Saint-Verain, et un pouillé du 
diocèse; xvn® siècle. 

Fonds Saint-Germain d'Auxerre. 

| 40, — In-4° pap., 1. 1, 308 fol. — Tilre « Recueil de M. Liger, 
chanoine d’Auxerre, sur divers usages de l’église d’Auxerre. » 

Office divin; — fondations; — résidence; — droits du cha- 
pitre ; — rapports avec l’évôque ; — affaires avec Mgr de 
Condorcet ; — charges de l’évêché ; — règlement; — Prétentions 
du doyen Amyot; — dignitaires du chapitre ; — chanoines. 

141- — In-4°pap.,t. 11, 275 fol. — Tilre: «Recueil de U. Liger, 
etc. » — prébendes ; — les quatre filles de la cathédrale et 
le collège; — députés aux personnes distinguées, visites, services 
religieux; — discipline, règlements de mœurs; — extraits 
de registres de conclusions du xvi c siècle ; — transaction de 1 391 ; 

— juridiction du chapitre ; — lettre au chapitre de Rouen sur les 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


654 

droits des églises cathédrales, en 1762; — régale; — articles de 
l’union du comté d'Auxerre au duché, en 1668 ; — statuts du 
chapitre ; — extraits des délibérations sur les affaires temporelles 
du chapitre; — juridiction spirituelle; — police du cloître; — 
gouvernement du diocèse pendant la vacance du siège; — vente 
de maisons canoniales ; — usages du chapitre ; — relation de ce 
qui s’est passé àCravan en 1761, entre H. Frappier, chanoine, et 
le curé Chauvand. 

On lit sur la deuxième feuille de garde du t. I er , de la main de 
Laire : < Ce recueil, fait par M. Liger, chanoine, a été donné à (a 
bibliothèque de la ville d’Auxerre par M. Frappier, chanoine, etc., 
et 2 vol. — Laire. 

142 .- In-folio & 2 col., 216 fol. vél. — Titre: « Grand car- 
talaire de l’abbaye de Saiut-Gerroain d’Auxerre. » 

Incipit: « Quoniam procedente cursu temporis de die in diem,...» 

Le compilateur continue et annonce que l’abbé Jean fit, en 
1266, transcrire les chartes du monastère par un écrivain 
nommé Galtcrius Anglicus, sous la surveillance et la direction de 
Gui deMunois, grenctier, et de Gui Bocon.préchantre. — Voir en 
outre Lebeuf, Hist.d' Auxerre , II, 196. 

Ce manuscrit contient: 

1° Les bulles des papes depuis Eugène 111 jusqu’au xvi* siècle; 

2° Les chartes des rois et des empereurs (ix°-xn° siècle) ; 

3° Les chartes des comtes d’Auxerre, des seigneurs du même 
pays, des évêques, des comtes de Champagne, de Bar, etc., divisées 
entre les offices du monastère; xin e -xvi° siècles. 

Fonds Saint- Germain d'Auxerre, an 1266. 

|43. — In-folio vél., à 2 col. 138 fol. — Titre: « Cartepiten- 
tianm conventus Sancti-Germani Autissiodor. » 

1° Table en encre rouge des 304 chartes du manuscrit; 

2° Texte des chartes. 

P. de Courlenay; — Mathilde, comtesse de Nevers; — Simon 


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655 


DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 

Boiché, de Vézelay; — H Bailledard, d’Auxerre; — mailre Jean 
de Saint-Loup ; — Anseau, de la Porte fi$cali$\ — Jean Ferry, 
prévôt d’Auxerre: — Krmengarde, abbesse de Grisenon ; — P., curé 
d’irancy, etc., y figurent; xm°-xiv° siècles. 

Fonds Saint-Germain d’Auxerre. 

144- — In-folio pap., 98 fol. — Titre: « Abrégé du grand et 
du petit carlulaire de l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre, fait 
par D. Gérard Ternat, religieux de ladite abbaye, l’an 1678. » 

Ce manuscrit contient : 

1° L’analyse de toutes les chartes du grand carlulaire de Saint- 
Germain, n° 142, avec une table géographique; 

2° L’analyse, par ordre alphabétique^ de lieux, des chartes du 
cartulaire du Pitancier, n° 143. 

Fonds de Saint-Germain d'Auxerre. 

145 — In 4° parch. et pap. — Censiers de l’Infirmier de 
l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre. — Titre: « C’est li cens à 
l’anfermier, qui fut Mgr Hue Bailledart à payer.... l’an 1304, etc. • 
Ces cens sont dus sur des héritages sis à Auxerre ; 1 304 à 1456. 

Fonds Saint-Germain. 

146- — In-folio pap., 97 feuillets — Procès-verbal de visite 
des prieurés dépendant de l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre, 
par ordre du cardinal de Lorraine, abbé, fai te par son vicaire général 
Nicolas de Marconvillc, en 1543, contenant le détail des biens et 
revenus de chaque prieuré; — Saint-Florentin; — Griselles, 
Saissy-lcs-Bois ; — Moutiers ; — Saint-Verain ; — Chàtillon-en- 
Bazois, etc. 

Manquent folios 191 et 192. 

Fonds Saint-Germain d'Auxerre. 

147 — In-folio pap., 31 feuillets écrits. — Titre : « Liber chrono- 
logies rerum memorabilium quæ ab anno Domini m° dc xxx in hoc 
monasterio Sancli Germani Aulissiod. notatudigna accedcrunt. • 

Sc. hist. 43 ’ 


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636 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


Cc3 éphémérides sont intéressantes pour l’histoire <TÂuxerrc et 
des pays voisins. En outre, il y a des relations des luttes de préro- 
gatives avec le chapitre ; — peinture des cryptes cl restauration en 
1655 ; — passage de la reine Christine (1 ei septembre 1656) ; — 
achat de livres pour la bibliothèque (1657); — réception de la 
Reine-Mère et de Mazariu avec Louis XIV (1658), etc. 

Terminé à l’an 1691. 

Fonds Saint-Germain. 

148- — In-folio pap., 401 fol. — Titre: «Chronicon auguslis- 

simi ac perilluslris cænobii Sancli Gcrmani Àltissiodorensis 

D. Viclore Colronio, congrégations Sancli-Mauri monachobenedic- 
lino, 1652. » 

Ce manuscrit contient l'histoire des abbés depuis la fondalion du 
monastère jusqu'à Loménie de Brieonc (1662), avec des textes et 
des discussions critiques érudiles (1652). 

Fonds de Saint-Germain d’Auxerre. 

149- In-4° pap., 58 fol. — Recueil : « Ordo à l’usage de 
l'abbaye Saint-Germain • pour les fêtes fixes et les fêtes mobiles, 
avec cérémonial pour les différents offices ; — fonctions du sa- 
crislc, du trésorier; — règle à observer pour montrer les tom- 
beaux et en expliquer les emblèmes et les épitaphes, suivie de la 
description de ces tombeaux; — réception de f évêque h sa pre- 
mière entrée dans l’église Saint-Germain ; xvn° siècle. 

Fonds Saint-Germain. 

150- — In-folio vé!., 20 fui., rel. mar. citron déni. — Qbiluairo 
de l'abbaye Saint-Pierre d'Auxerre. Incomplet et n’allant que jus- 
qu'au mois de mai. Le texte primitif d.dc de 1483. On y a ajouté, 
dans les siècles postérieurs, un grand nombre de mentions inté- 
ressantes pour les familles auxcrroiscs ; à la suite est un calendrier 
du xv° siècle, qui s’arrête au mois d’oclobre. 

Ce manuscrit a appartenu à Monleil. 

Fonds de Daslard. 


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657 


DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 

151- — In-4° pap., 67 fol. — Tilre : « L’histoire de l’abbaye 
de Saint Père d’Auxerre depuis la réformalion. » Chronique écrite 
par un religieux de la réforme de Sainte-Geneviève, et qui con- 
cerne surtout les événements arrivés de son temps dans le 
monastère. Introduction sur l'origine d’Auxerre et de l'église 
Saint-Père. 

L’auteur raconte en termes fort vifs et fait un portrait peu flatté 
des anciens religieux que son ordre remplaçait en 1635. Pané- 
gyriques de plusieurs Pères; — scènes populaires, tumulles dans 
les églises Saint-Père et Sainl-Eusèbe à l’occasion de la réception 
des religieux de sainte Geneviève; milieu du xvn° siècle. 

Fonds du prieuré de Saint-Père d’Auxerre. 

152* — In-4° pap., 183 fol. — Ephémérides nécrologiques des 
Pères de l’ordre des Cordeliers delà province de France, et spécia- 
lement des couvents d'Auxerre, Sens et Vézelav, du xiv° au xvii® 
siècle. — Lacune du 23 au 31 décembre; xviii 0 siècle. 

Fonds des Cordeliers d’Auxerre. 

153. — In-folio pap., 310 feuillets, reliure en bois. — Recueil 
contenant les procès verbaux relatifs à l’établissement de la cou- 
tume d’Auxerre en 1523-25 ; — procurations des seigneurs et des 
communautés d’habitants et autres; — dires des habitants de Sens, 
de Donzy et Villeneuvc-le-Roi; — précédés de l’ordonnance de 
Charles V, de 1371, créant le bailli de Sens en litre de bailli d’Au- 
xerre, avec siège royal en celte ville ; — arrêt du parlement de 1391 
déclarant que les terres de l’évéchô d’Auxerre ressorliront au bail- 
liage royal dudit lieu ; — lettres de Louis XI contenant création 
du bailliage royal d’Auxerre proprement dit (1477); copie du 
premier tiers du xvi° siècle. 

154- In-4° pap., 44 fol., mar. v. dent. — Traité chronologique 
de la ville d’Auxerre, et où il est traité de sa dernière pris 2 par les 
Calvinistes et de sa reprise par les bourgeois de celte ville ; les 
excès qu'y commirent les religionnaires,et la prise de cinq autres 


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658 


catalogue des manuscrits 


tilles du môme diocèse, La Charité, Gien, Donzy, Entrains et 
Taingy 

Ce manuscrit a appartenu à M. Richcr, puis au sieur Joux, sui- 
vant lequel Userait une copie d’un mémoire de D. Viole. — Lcbeuf 
s’en est servi pour son Histoire de la prise d* Auxerre. 

Fonds de Bastard. 

I 55- — In-4° pap., 73 fol., reliure mar. v. — Discours sur la 
procession qui s’est faite en la ville d’Auxerre, le dimanche des 
octaves de Pasqucs prochaine?, autrement de Quasimodo (1668;, 
divisé en cinq parties principales : 

1° Où il est parlé du sujet de cette procession ; 

2° De la surprise de la ville d’Auxerre par les Calvinistes; 

3° Du mal qu’ils y ont fait durant six mois ou environ qu’ils en 
ont esté les roaistres ; 

4° De la surprise de cinq autres villes du diocèse faite par les 
mesmes Calvinistes, et des excès qu’il y ont commis ; 

5° A la fin une note sur les tapisseries du chapitre Saint-Etienne 
représentant le martyre de ce saint, qui avaient été enlevées par 
les huguenot?, puis vendues à un gentilhomme des enviroos 
d’Auxerre, qui les restitua gratuitement au chapitre; xvn° siècle. 

Fonds de Bastard. 

156- — In 4° pap., 83 fol. — Titre: « Discours sur la proces- 
sion qui s’est faite en la ville d’Auxerre le dimanche des oclavcs 
de Pâques prochaines, autrement dit le dimanche de Quasimodo » ; 
(1668) ; copie du x vu® siècle d’un manuscrit de Dom Viole. 

157. — In-folio pap., 176 fol. — Catalogue de la Bibliothèque 
du chapitre cathédral d’Auxerre, dressé vers 1770 par Arrault et 
autres chanoines. 

158. — In-folio pap., 183 fol. — « Catalogua duplex hisloricus 
et alpliabcticus librorum monasterii Sancti -Germain Aulissiodo- 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 659 

rensis, ordinis Sancti-Benedicli congrcgalionis Sancü-Mauri ia 
Francia (1683)-; » 

Fonds Saint-Germain, puis du Chapitre d’Auxerre. 

159 - In- 4°pap., i 05 fol. — Titre: « Deuxième registre des 
conclusions de la Société des sciences et belles-lettres d’Auxerre ; » 
— 1760-1772; — tableau des officiers de la société depuis son 
établissement en 1719; — analyse de mémoires historiques et 
scientifiques lus par les membres; — relations avec l’évôque 
d’Auxerre, le prince de Condé, etc.; — lettre du duc de La Vril- 
lière du 19 décembre 1771 portant avis de suspension des 
réunions de la société, par ordre du roi. 

160 - - Six in-4° pap. — Titre: « Collection de Mémoires 
académiques cl autres travaux littéraires, de feu M. Lepôre, secré- 
taire perpétuel de la Société des sciences et belles-lettres d’Auxerre, 
recueillis par M*"*. » 

Tome 1 er , 64 fol. — Eloges historiques de l’abbé Lebeuf et de 
M. Martin, maître apothicaire à Auxerre. — Rapport sur les 
mémoires lus ù la société en 1 758, composés par MM. Sylvestre 
Houssct, Lesseré, l’abbé Précy, Lcpèrc (sur la population du comté 
d’Auxerre en 1673), Robinet; — 1759 : mémoires do MM. Rondé 
(sur les tombeaux au moyen-âge), Chapotin (idem, Sainl-Amatre), 
Housset, Liger; 

T. H, 144 fol. — Mémoires de M. Lcpôie sur la physique et la 
chimie, les monnaies antiques, etc.;— voyage aux eaux de Pougues, 
etc ; — Revers; — population du comté en (673; — état de la ville 
d’Auxerre en 1752 ; — mesures; — géométrie, etc.; 

T. 111, 137 fol. — Discours physico-géographique sur le globe, 
les races humaines; — physique; — mécanique; — musique; — 
plain-chant ; — musique des anciens ; — astronomie ; — méridienno 
d’Auxerre ; — description de la fosse Dyonnc à Tonnerre; sur la 
fumée des cheminées ; 

T. IV, 145 fol. — Des mesures usuelles de la ville et du comté 
d’Auxerre ; — recherches sur les mesures en général ; 


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660 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


T. V, 1 12 fol — Essais sur les cloches en général ; — sur les 
cloches d’Auxerre cl des environs, eide Paris; 

T. VI, 104 loi. — Lettre de M. Lepèrc à divers savants, avec 
leurs réponses, de MM. Bouguer, l’abbé de Seraut, Caron, Bonne, 
Trébuchel, de La Claude, de Lalande, Morel, Cassini fils, toutes sur 
des questions malhématiques (de 1749 à 1751). 

Les mémoires vont de 1750 à 1771, et sont des copies de la 
môme main. 

161. — In-8° plaq. de 14 pages. — Vie de M. Racine, prêtre, 
chanoine de Notre Dame de la Cité d’Auxerre, mort ù Paris le 15 
mai 1755 (Extrait des Nouvelles ecclésiastiques du 24 juillet 
1755.) 

Fonds do Bastard. 

162* — In-8°; 70 pages, rel.vcau rouge à lilets, aux armes de 
M. de Berlier. — Etat des revenus des terres de la barounie de 
L'Isle, contenant le détail de chaque terre, et montant à 1 18,680 
livres; manuscrit de la fin du xvm° siècle, écrit avec le plus grand 
soin. 

Fonds de Bastard. 

I63‘ — lu- folio vél., 150 fol. — Ponlifical de Sens, orné de 
lettres fleuronnôes en couleur; xv c siècle commençant. 

On lit sur la garde de la fin : 

< Loubcmbcrg, maistre de Parlilleric du roi des Romains, Pan mil 
quatre cens quatre vingt dix-huit, à Vienne, au mois de décembre.» 

Annoté par Lebeuf et Laire. 

164 — In-4°pap., 140 fol. — Titre: • Martyrologium métro- 
politaine ac primitialis ecclesiæ Senonensis » 1654, suivi d’un 
Index topographique des lieux qui y sont mentionnés, 1654. 

165. — In 4° vél., 199 f. — Actes de saint Savinien et saint 
Potencien et translation de leurs corps, par Odorann, moine de 
Saint-Pierre-le-Vif au xi c siècle. 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE d'aUXEHKE. 661 

Incipit : 1111 Kal. novembris Senones civitale, natale bcalorum 
mari i ru m Saviniani et Potentiani, Àllini, Eodaldi, Victorini et 
Serolini, cum sociis suis, su b Scvero ducc. 

Publié en partie par Mabillon sæc. Bened. VI, pars I, et Biblio- 
thèque historique de l’Yonne, t. II, in-i°. 

A la suite : 

1° Sermon de luvenlione sancte Crucis, attribué à Varnier, 
moine de Westminster; 

2° ïlistoirc ecclésiastique, par Hugues de Fleury (publiée par 
Ducliesne, t III). 

Minuscule du xu° siècle massive et peu régulière; rubriques et 
capitales rouges; lignes tracées à la mine de plomb. Les cahiers, 
au nombre de huit, sont composés de quaternions, numérotés au 
verso de la dernière page, le neuvième incomplet contient quel- 
ques actes de divers saints sénonais. 

Fonds du Chapitre de Sens, n° 14 du catalogue. 

166. — In-8° pap., 109 fol.,rubr. rouges, cursive du milieu du 
xvi 8 siècle. Cérémonial de l’église de Sens. — Titre: < liée sunt 
que proanliquis consuetudinibus et ccrcmoniis ecclesie melropo- 
litane Scnonensis consuevcrunt observari. » — Vêtements, entrée 
au chœur ; — de la psalmodie ; — liste des archevêques avec des 
notices et des adjonctions jnsqu’à Bouthillier de Chavigny (1730); 
— à la suite des chapitres sur les différents dignitaires de Pégtisc 
depuis l’archevêque aux chanoines* leurs droits et leurs fonc- 
tions; — les deux sièges de l’archevêque, l’un en pierre qui est 
le siège pontifical, et l’autre en bois, la première stalle à droite 
daus le chœur. 

Provient du Chapitre de Sens ; fonds de Baslard. 

|$7. — In-folio pap., 22 fol., rel. veau. — Titre: « Sacrorum 
virorum lam qui pro> Chrislo suul passi, quam ponltficum et viro- 
rum clarorum epilaphia (Ex sehc&s et collectaneis manuscriptis 
Jacobi Tavelli). » De la main de Jacques Taveau. 

Ce recueil est composé de morceaux poétiques écrits eu l’hou- 


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662 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


neur des saints, des martyrs et d’autres personnages. 11 se termine 
par une pièce de vers sur l’antique cité de Lyon ; xvi° siècle. 

Fonds de Baslard. 

168. - Petit in-folio pap., 73 fol. — Additions ou plutôt 
commentaires sur l’histoire des archevêques de Sens (écrits en 
laliû par J. Taveau), composés par J. Maulmirey, conseiller au pré- 
sidial de Sens, neveu de Taveau, et de la main de Maçon, chanoine 
de Sens, qui les a écrits de 1704 à 1712. 

Le doyen Fenel a inscrit à la garde une notice intéressante sur 
ce manuscrit. 

Fonds du Chapitre de Sens. 

169* — Jn-8° pap., 1 16 fol. — Titre : 

1° « Calendrier des Testes particulières des saints... honorés en 
la ville et aux environs de Sens, avec des remarques biographi- 
ques et agiographiques ; • 

2° « Catalogue des archevêques de Sens, contenant les choses 
les plus remarquables qu’ils ont faites et qui se sont passées dedans 
et es environs de cette ville. » 

Le dernier archevêque est Louis de Gondrin. 

Aja suite est un Abrégé de la Vie de sainte Colombe , pa- 
tronne des Sénonois. 

170. — In-8°pap.,K»5 fol., écriture minuscule. — Titre: « Cata- 
logue des archevesques de Sens, contenant les choses les plus 
remarquables qu’ils ont fait et qui se sont passées en celte ville 
pendant leur vie. » Ce travail commence à saint Savinien et s’arrête 
à M. de Montpezat, mort en 1688. 

A la suite est la description de la première entrée de l’arche- 
vêque de Sens dans sa ville épiscopale ; — listes des évêques des 
sièges suffraganls ; — division de l’archevêché en doyennés ; — des 
archidiacres, etc. 

Fonds de Bastard. 


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663 


DR LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 

17 1« — Petit in folio pap., 102 fol. — Recueil de prières sur 
l’histoire ecclésiastique en général et sur celle du diocèse de Sens, 
par Maçon, chanoine de l'autel Notre-Dame de la cathédrale de 
Sens, donné par lui aux Chartreux de Valprofonde en 1707 (auto- 
graphe). 

Il contient: Topographie ecclésiastique de l’archidiaconé de 
Sens; — notice sur les provinces et les églises des Gaules; — 

— listes des papes ; — des empereurs romains ; — des rois 
de France ; — not ée sur les cités des Gaules ; sur le doyenné, les 
doyens et les préchantres de Sens; — table des archevêques de 
Sens avec notices historiques allant jusqu'à Mgr de Gondrin. 

172- — In*4° pap., 254 fol. paginés, titres et rubriques rouges. 

— Recueil d’épitaphes et de stances et autres pièces, en vers latins, 
par Pierre Bureteau, prêtre, religieux célestin àSens; xvi® siècle. 

Inciplt : c Prologus ta opus sequens: cum etenim, omnium utilis 
ac jucunda cognilio disciplinarum mortalibus extimetur, hystoric 
iamen cognitionera fore utilissimam arbitramur. > 

L'auteur annonce que son dessin est de consigner dans, son livre 
les épitaphes qu’il a recueillies avec soin lui-même, dars divers 
volumes, sur des bustes ou des tombeaux et des dalles des églises. 
Les pièces commencent aux héros du siège de Troie ; puis Fau- 
teur passe aux Grecs, aux Romains, à Jésus-Christ, à la Sainte- 
Vierge, sur le panégyrique de laquelle il s’étend longuement. 

Le recueil contient en outre un grand nombre d’autres pièces 
sous forme de panégyriques de papes, de saints et de martyrs. 

Pièces relatives au Sénonais. 

Vers à la gloire de la ville de Sens, dont les guerriers ont con- 
quis Rome, par Lubin Rousseau, de Sens, licencié en lois et lieu- 
tenant général du bailliage (1* 45). 

Inscription de la tombe de sainte Colombe, vierge, martyrisée à 
Sens en l’an 276 (P 0 66). 

Creditur hic tumbam, gtadiumque subiisse Colombam. 

Hic sibi dum plorat, vox diva venito pérorât 

Cum roseis sertis, celis ita migrât apertis. 


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664 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


Capsa décora salis, datur ossibus hinc revocalis. 

Quesumus cxora pro nobis virgo décora ! 

Bpilaphe d’Hugues, archevêque (le Sens, mort en 1168, et 
inhumé sous un lombeau dans le chœur de l’église de Saint- Picrre- 
le-Vif (f° 139). 

PrescHis hic Seaonis corpus requiescit Hugoni> ; 

Sil cornes ipse bonis regno supere regionis 
J uns pacificus, moderator, pacis amie us, 

Verus catholicus qui nulli vixit iniquus. 

Cul (or eral fidei ; Del ci sedem rcquiei, 

Filius ille Dei qui lux est \era diei. 

Les épitaphes des archevêques de Sens : sainl Loup, Scwin, 
Aosegise, Maynard, Pierre de Corbeil, les trois Cornu, Guitkmmc 
de Broce, Pierre de Charny, Philippe, Guillaume de Melun et J. de 
Sallazar ; de Pierre Avrard, abbé de Saint-Marien d’Auxerre, mort 
en 1456 (P 57), mentionnée par Lebcuf, qui dit en marge avoir 
vu la tombe de cet abbé en 1716 (f° 201). 

Aulres épitaphes de: Thomas de Contours, abbé de Sainl-Remy, 
mort en 1384 (P 3 158 v°); Louis Brochet, official de Sens, mort en 
1497 (P* 2 16) ;Eloi Charavel, de Sens, docteur en théologie, Jacobin 
de Sens (P 3 235) ; Michel Gaudaire, official do Sens (P> 236) ; 
Michel le Caron, docleur en médecine, chanoine d’Auxerre, mort 
en 1528 et. inhumé derrière le mallre-autel de la cathédrale de 
cette ville. — Lebeuf a annoté ainsi cette inscription : « La tombe 
« de ce chanoine a été brisée lorsqu’on a restauré l’église ; » (au 
xvni 0 siècle). 

Vers sur la mort de Roland et celle de Charlemagne (P 3 * 84, 85). 

Citons encore divers morceaux : Dicts sur la prise et la destruc- 
tion de la ville de Dole, en vers alternatifs français et latins (P 3 210), 

Dole qui franche 8e disoie 
Nunc facta es sub tribulo, 

Ainsy comme l'ancienne Troyc, 

Civilas plena populo. 

Le rouleau des morts de sainl Bruno, fondateur (les Chartreux, 
mort en 1 101 ; tous te» ùüuli sont en vers (P* 105 à 125); 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 

La vie cl les mœurs de Pierre duTerrail, chevalier Bayard, par 
Symphorien Champier, et plusieurs épitaphes (f° 239 v° à 243), en 
latin et en français. 

Sur quelques pages restées blanches dans le manuscrit primitif, 
Jacques Taveau, écrivain sénonais, qui l’a possédé, a ajouté quel- 
ques pièces de vers, tantôt sous forme d’épitaphes, tantôt sous 
celle de strophes en l’honneur de divers personnages ou relatives à 
certains monuments. 

Inscriptions : Sur les fonts baptismaux de Saint-Jean de Latran ; 
sur le tombeau d’Ansegise, archevêque de Sens (f 1 97) ; — de 
Lisscmlc de Scignelav, dame de Champlost, el de Beilold, cellericr 
de l’église de Sens (P* 102); — de Guillaume, comte de Joigny, 
inhumé dans !e prieuré Notre-Dame de celte ville et de Thibaud, 
comte de Champagne, mort en 1151 (f° 144 v°) ; de Jean etThibaud, 
fils d’Etienne, comte de Sanccrre, inhumés dans le chapitre de 
l’abbaye de Barbeau; — d’Isembard, chevalier, frère de l’arche- 
vêque Sewin ; — Numeraculfus, clerc, inhumé dans le cimetière d e 
Saint-Sauveur-des-Vignes, près Sens, et d’Anselme, seigneur de 
Béon, près Joigny (0° 151); — de Théotechilde, fille de Clovis, 
fondatrice de l’abbaye de Saint-Pierrc-le-Vif de Sens, enterrée à 
droite du maître-autel; — d’Yolande, comtesse de Nevers, pre- 
mière femme de Jean Tristan, fils de Saint-Louis, et ensuite de 
Robert, comte de Flandre, inhumée au couvent des Frères-Mineurs 
de Ne vers (f° 152). 

Note de l’abbé Lebeuf (f° 1) : 

« Ce manuscrit a été compilé à Sens vers l’an 1530, environ. 
11 renferme plusieurs curieuses épitaphes d’archevêques de Sens, 
d’évêques, d’abbés eu Picardie et Normandie et ailleurs, et de plu- 
sieurs seigneurs. » 

Note du P. Laire sur la feuille de garde : 

» Ce manuscrit a pour auteur Pierre Bureleau, de l’ordre des 
Célestins,et religieux à Sens. Ce manuscrit renferme autantel même 
plus de choses inutiles que de bonnes. Mais celle partie, quoique 
la moindre est très utile et rend môme ce manuscrit très précieux, 
où les poètes et les historiens peuvent retirer un avantage qu’ils ne 


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666 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


trouveraient pas ailleurs. Quelques-uns en ont déjà même profité, 
cl l’abbé Lcbeuf, dans le Mercure de 1 rance, en a parlé très 
avantageusement. • 

Son auteur est mort au dcuy-ième tiers du xvt® siècle, et ce ma- 
nuscrit est l’original. 


173 . - Grand in-folio p 272 fui. — Tilrc: « Touillé des 
bénéfices du diocèse de Sens, divisé par doyennés, avec une carte 
de la partie nord, dressée par Sanson, en 1660,» de la main 
d’Ametle, secrétaire de l’arcbevéché ; — notices sur le vocable, 
les patrons, les communiants; 1690. 

174 - — In-4° pap., 296 fol. — Titre: « Calendrier sénonois; 
recueil d’éphémérides dressé par Le Riche » et écrites au moins 
en 1709 (voyez au 16 octobre) : 

1° Faits historiques intéressant le Sénonais et l’église de Sens, 
par ordre de dates de mois et de jours ; 

2° Extraits des remarques de M. Chaumont, chanoine, égale- 
ment par ordre de dates et par mois ; 

3° Copie du livre des partitions de l’église de Sens, de 1687 à 
1695; 

4° Copies de comptes de la Chambre et des aulres offices du 
Chapitre de Sens (1662); 

5° inventaire des litre du grand archidiaconé de Sens, en 1676 ; 

6° Inventaire des litres de la chapelle Saint-Laurent, en Thôlel 
archiépiscopal, par J. Le Riche (1637); 

7® Des chanoines de Saint-Jean-Baptiste (1633) ; 

8® Des chanoines de Saint-Pierre (1672). 

Autographe de la main de J. Le Riche, chanoine. 

175 . — In-4® pap., 452 pages, rel. veau rayé, filets dentelle. 
— Pouillé du diocèse de Sens, de la main du doyen Fcncl et com- 
mencé en 1690. Fenel y annonce (p. 3), qu’il est dù à M. Amelle, 
chanoine de Sens, secrétaire de Mgr de la Hoguelte, et qu’il en a 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 667 

changé l'ordre el la disposition. — Notices sur Ic3 conciles, les 
maisons religieuses, les saints locaux, etc; xvm e siècle. 

Fonds de Bastard. 

176- - In-4 0 pap., 90 fol., — Pouillé et bénéfices du diocèse 
de Sens, en 1770, dressé par orJre alphabétique, contenant les 
noms des paroisses et des patrons, le vocable des églises et le 
chiffre des communiants. 

177. — In-4°pap., 162 fol., rei. veau à filets et dentelle. — 

« Marlyrologium Senoncnsc dircctum per D. Joannem-Bap- 

tistam Driot, presbiterum.... mi iropolilanæ Senonensis ccclesiæ 
canonicum, » mort en 1673. 

Ce manuscrit est de la main du chanoine Maçon, daté de 1675. 

Fonda de Bastard. 

178- — In-8° pap., 112 fol., mor. v. — Supplément du bré- 
viaire monastique à l’usage de l’abbaye Nolre-Dame-les-Sens ; 
xviii 0 siècle. 

Recueil de leçons en français sur divers saints du Sénonais, 
pour la plupart. — Le texte encadré et ornéçà el là de petits sujets 
à la plume. 

Fonds de Bastard. 

179- ln-4° pareil., 133 fol. — Chronique originale de Clarius, 
moine de l’abbaye de Saint-Pierrc-le-Vif de Sens, depuis la nais- 
sance do Jésus-Christ jusqu'à l'an 1 106, continuée jusqu'à 12G7, 
par d’autres auteurs; publiée par d’Achery, Spicilegium, t. II; 
fin du x e siècle. 

A la suite sont : 

1° Des copies de bulles el de chartes, concernant l’abbaye de 
Saint- Pierre- le-Vif et antérieures au xm e siècle ; 

2° Un dialogue latin et grec à l’usage d‘un voyageur (croisé?) 

180* — In-folio pap., 551 fol — Titre: « Chronicon ecclcsiæ 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


pcrcelcbris ac cœnobii regalis Sancli-Pelri-Vîvi-Senonensis, ab 
'anno Incarnations dominicæ scptuagesimo ad annurn ejusdem 
Domini 1 650, » par D. Victor Cottron. — Histoire latine des abbés 
appuyée de chartes ; — plans de l’église Saint-Pierre; dessin de 
la châsse de saint Savinicn avec les inscriptions qui l’entourent; 
écussons des abbés, etc. (1650). 

Fonds de Saint-Pierre* le-Vif; original écrit par D. Cottroa 

181. — In-4° vél., 97 fol. — Titre : «Necrologium monasterii 
Sancti-Petri-Vivi (dioc.-Senon) ; — Marlyrologium Sancli-Petri Vivi, 
cui addunlur leclioncs SS. evangel. pro fcslis annuis. • 

La première partie est précieuse pour les mentions qu’elle ren- 
ferme des noms des archevêques de Sens, des abbés de Saint- 
Pierre et d’autres personnages du pays. — On y voit entre autres 
celte mention : • 4 kalend. febr., obiit magistcrTierricus deVasti- 
neo, fisicus; — XIV kal. martis, obiit magisler Johannes Anselli, 
ligator librorum, » qui légua au monastère une maison, rue de la 
Tournelle, à Sens; xiv° siècle. 

Provenant de la collection Peignot, selon le catalogue n° 440, et 
donné par M. le comte de Bastard, en 1858. 

182. — In-folio pop., 226 fol., rcl. maroq. rouge. — Recueil 
des épitaphes et des inscriptions de la ville de Sens (fonné par les 
soins de M. Th. Tarbé, imprimeur dans celte ville), levées et 
copiées avec soin dans la cathédrale et les églises paroissiales, les 
monastères et les édifices civils, publics et particuliers, avant et 
depuis la révolution de 1789. — Armoiries delà ville, du chapitre 
et des abbayes; — dessins de la tour de plomb et du grand portail 
de la cathédrale ; — plan par terre de la cathédrale après la restau- 
ration du xviii 0 siècle; — plan du labyrinthe de la cathédrale, 
détruit en 1768; — inscriptions des cloches de la cathédrale et de 
l’horloge. 

Nota. — Les inscriptions sont au nombre de plus do neuf cents; 
beaucoup sont ornées d’armoiries; m° au xix c siècle. 

Fonds de Ba* tard (a appartenu à Petit de Julleville.) 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 

I 83* — Petit in-folio pap., 72 fol. — Titre: • Brevis exi- 
miarum rcrum in abbatia Sancü Petri-Vivi gcslarum, juxta 
seriem ôbbatuni ipsinsmct cœnobii, et veterum et recenliorum 
monumentis; » (1644). 

A la fin, copie d'une inscription de la châsse de saint Savinien 
et de deux chartes du ix® siècle, pour l’abbaye Saint-Remi de 
Sens. 

184 — în folio pap., 266 feuillets, — Titre: « Chronicon 
rerum inagis notabilium cœnobii Sanctæ-Colnmbæ Senoncnsis, ab 
anno 275 ad annum 1648, auctore D. Viclore Cotlron, monacho 
congrégation^ Sancli-Mauri, » avec des copies de chartes, dessins 
d’écussons d'abbés, etc.; xvu° siècle. 

Fonds Sainte-Colombe de Sens. 

185 — ln-8°pap., 77 fol. — Histoire des monastères deSaint- 
Pierre-le-Vifet de Saint Remv, avec des copies de diplômes des 
rois et des bulles des papes. 

Ecrite par Fr. Nicolas Relin, religieux et cellérier de l’abbaye 
Saint-Remi de Sens, en 1591. 

186. — In-4° pap., 62 fol. — Manuscrits de l’abbé Chastcllain. 
— Extraits de divers auteurs sur des questions historiques et 
théologiques ; xvm® siècle. 

Fonds de Bastard. 

187- — In 4° pap , 30 fol. — Recueil de matières des confé- 
rences ecclésiastiques tenues à Sens et ailleurs, de 1726 h 1739. 

Fonds de Bastard. 

188- In-4° pap., 374 pages, rel.en chagrin violet. — Recueil 
formé de la réunion de trois tomeo reliés en un, manuscrit auto- 
graphe de M. de Loménic de Brienne, ârehovéque do Sens et car- 
dinal. Il a pour titre : « Plan historique et abrégé de la religion. » 

C'est line suite de dissertation? fort érudites sur tous les points 




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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


des livres saints, avec des appréciations des opinions des philo - 
sophes et des savants modernes. 

Fonds de Bastard. 

189. — In-8°, 3 vol. pap. — Titre: Tome 1 er , Abrégé chrono- 
logique do l’histoire de l'abbaye et des abbés de Pontigny, de 
l’ordre de Citeaux, au diocèse d’Auxerre, par Dom Robinet, reli- 
gieux de l’abbaye de Chàlis et procureur de Pontigny. 

Notices : sur les abbés de Pontigny ; — sür les abbayes de la 
filiation do Pontigny ; — liste des principaux fondateurs et bienfai* 
tours de Pontigny ; — état de la filiation de Pontigny au 1 er juillet 
1 790 ; — liste chronologique de toutes les abbayes d’hommes de 
l’ordre de Citeaux, fondées dans le monde chrétien ; — notice histo- 
rique sur l’ordre de Citeaux et tableau de son gouvernement ; — 
notice chronologique de tous les ordres et congrégations de reli - 
gieux et de religieuses ; — prima nascentis ccmobii et ordinis 
Cisterciensis hi$toria\ — notices chronologiques et topogra- 
phiques de toutes les abbayes d’hommes de l’ordre de Citeaux. 

T. II, III, copies des chartes de toute espèce, concernant 
l'abbaye do Pontigny ; fin duxvm 0 siècle. 

Fonds dom Depaquy, ancien religieux de Pontigny. 

190. — In -8° pap., 140 fol. — Titre: « Abrégé historique de 
l’abbaye et des abbés de Pontigny, ordre de Citeaux; • xvin® 
siècle. 

Notice sur chaque abbé jusqu’à Joseph Caron ; — catalogue des 
abbayes qui dépendent de Pontigny et de ses filles ; — catalogue 
des principaux bienfaiteurs et fondateurs de l’abbaye de Pontigny, 
papes, rois, seigneurs, évéques, etc. 

Fonds Pontigny. 

Manquent pages 1 à 6, 129, 132. 

191- — Imfoliopap., 70 fol. — Calaloguslibrorum bibliothccæ Pon- 
thiaeensis, digcslusa F. Joannc Depaquy, Pontiniacensi religioso: 
1778. 


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DE IA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 671 

192. — In-4° vél.,188 fol. - Chronique de Pubbaye de Vézclay, 
par le moine Hugues de Poitiers (1156-1167), précédée d’une 
histoire de Porigine des comtes de Nevers, publiée par Labbe, 
S/icilége, 1 . 1 , 559. 

Indpit : « Omnibus Christi fidelibus pictate, amore, desiderioque, 
etc. » 

Ori y remarque deux lacérations, l’une de 26 folios, Pautre de 6 ; 
publiée en cet état par d’Àchery, Spicilége, If, 498, in-folio, et 
III, 554, in-4°. 

Ce manuscrit précieux est l’original même de la chronique 
d’Hugues de Poitiers; xii® siècle. 

Voir notice do M. Cherest dans Vèzelay, Etude historique , 
t. î, 307. 

Fonds de Bastird, Bibl. d'Auxerre , ancien n° 106. 

193 — ln-8° pap.,65 feuillets — Titre: « Description de l’an- 
cienne et moderne et nouvelle ville de Tonnerre, antiquité dos 
églises, hôpitaux et abbayes y étant, et un discours de ce qui s’est 
passé de notre temps. » — Recueil des Villes, bourgs et bourgades 
qui en ressortissent, tant au doyenné, bailliage et châtellenie, 
qu’élection et grenier à sel du comté dudit Tonnerre, par P. 
Petijean, 1592; copie du xvin e siècle, incomplète. 

Don de .\ï. l'abbé Carré, maître de pension à Auxerre. 

1 94. — In-4° et in-folio pap., 2 vol. — Recueil de notices sur 
les familles nobles du département de l’Yonne et lieux voisiüs, 
anciennes et modernes, et surtout de celles du Sénonais ; — ar- 
moiries, etc., par P. Tarbé, de Sens, vers 1820. 

Fonds Tarbé, de Sens. 

195. — ln-2° pap., 251 fol. — Titre: « Mémorial biographique 
et anecdotique sur les députés ou membres des diverses assemblées 
législatives de France, sur les membres du Sénat, de la Chambre 
des Pairs et du Tribunal appartenant au département de P Yonne, 
ou à l’ancien diocèse de Sens par leur naissance, leur domicile, 

Sc.hist. 44 


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672 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


elc.; — notices sur les préfets de l’Yonne et les sous-préfets des 
arrondissements ; » xix° siècle. 

Fonds Tarbé. 


SCIENCES ET ARTS 

1 96. — In-folio vél. à 2 col, 224 fol. — Commentaires latins 
sur les livres de la morale d’Aristole, par Jean Buridan, imprimé a 
Paris en 1518; cursive chargée d’abréviations; xv e siècle. 

Indpit : Bonitatis et nobililatis excelienciam moralis philosophie 
extoliit Aristoteles. » 

197. — Petit in-folio vél., xiv c siècle commençant, à 2 col., 110 
fol. — Commentaire de Gilles de Rome, sur le livre de Pâme. 

A la tin : 

Explicit super ‘libro de anima a fratre Egidio de Roma ordinis 
fratrum hereraitarum sancti Augustini. 

A la lin on lit ces mots: 

« Iste liber est Sancte-Marie de Pontigniaco, cujus usum habet 
frater Guillermus de Briennone. > 

Fonds Pontigny. 

198- — Petit in-folio pap. et parch., à 2 col. 241 feuillets, in- 
complet. — Cursive chargée d’abréviations; xv c siècle. — Recueil : 

l« Du gouvernement des princes, par Fr. Gilles de Rome, de 
l’ordre des Ermites de Saint-Augustin ; 

2° Sentences des philosophes ; 

3° Recueil d’allégories mystiques. 

Fonds Pontigny. 

199- — In-4° pap., 2 vol., 215 et 274 fol — Titre: « La 
métaphysique et l’éthique de Spinosa, sou esprit et sa vie, par 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 673 

H. le comte de Boulainvilliers. — La vie est de Lucas, médecin à 
Leyde ; xviii® siècle. 

200. — In-4° pap., 1 vol., 239 feuillets. — La vie et l'esprit de 
Spinosa, par M. le comte de Boulainvilliers ; xvm e siècle. 

On lit sur la garde intérieure de la main de Laire : 

« On trouve icy, outre la vie de Spinosa, l'explication du système 
de Spinosa, mais j’en ignore le nom de l’auteur. » 

201 * — ln-4° pap., 36 fol. — Exposition du système de 
Spinosa et sa défense contre les objections de M. Régis, par M. de 
Boulainvilliers ; xviii* siècle. — Sur le plat, un écusson au lion 
rampant, an chef de trois fleurs de lis. 

202® — In-4° pap., 545 pages écrites. — Titre: « Institutions 
de physique, dictées au collège d'Auxerre, par M. Fr. Pasumot, 
ingénieur géographe du roi, des académies de Dijon et d'Auxerre, 
etc., 1769. — On y a ajouté un frontispice, et à la fin 4 planches 
gravées et une manuscrite. 

203 . — In-8° parch., 62 fol. — (Recueil). — Ysagogæ Johan- 
nicii ad Tcgni Galieni ; — liber Aphorismorum Ypocratis ; — liber 
pronosticorum Ypocratis ; — liber Tegni Galieni de corporibus. — 
Minuscule chargée d'interlignes et de noies marginales du même 
temps et très Fines. Le dernier traité est incomplet; xn° siècle. 

L’écriture semble indiquer pour origine à ce manuscrit l’abbaye 
de Ponligny. 

204 . — In 4° vél., 95 fol. — Recueil incomplet: 

1° La chirurgie de M e Roger ; 

2° Traité d'hygiène intitulé Diètes particulières ; 

3° Le poème médical de Gilles avec un long commentaire de 
Gilbert; xiu° siècle. 

Fonds Pontigny. 

205 . — In-folio pap., 24 fol. — Titre: ccVeterum mensurarum 


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674 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


et ponderum reslitutio et collalio cum noslris, mense februario 
1573. • 

Ce manuscrit a appartenu à Pierre Daniel, d’Orléans, qui l’a 
copié lui même et y a ajouté cette noie à la première page: 

Poslquam hune ex scripsi librum permissu generosissimi viri 
Alexis, medici regii, ejusdem autlior dominus temporancus simi- 
lem propria manu seriplum ad me misit per eundem medicum 
regium, die 7juniianno Christi 1573. » 

A cet ouvrage est joint un imprimé intitulé : « de ponderibus et 
pretiis veterum nummorum; » Authorc Edouardo Brerewood, 

. Londini, apud J. Billum, 1614, in 4°. 

206 - — In-4° vél., 266 foi. A 2 col. — Recueil <*crit par un 
nommé Jean Olivier. 

1° Un traité sur le monde visible et invisible, intitulé Megacos- 
mus; 

2° Archilrenius, dédié à Gautier, archevêque de Jlouen ; 

3° Alanus, de complanctu naluræ contra sodomilas ; 

Explicit Alanus de Insula de compianlu nature : Delur pro pena 
scriptori pulcra puella, et cetera. 

4° Table des lettres de Sénèque ; 

Explicit tabula in epistolas Seneci ad Lucilium ordinata tempore 
obsidionis Parisiensis, anno 1398, finita die tercia xv e ,mensis julii, 
in Sanclo-Bernardo. 

5° Un traité moral sur l’œil, probablement de Pierre de Limoges ; 

6° Condamnation d'hérésies professées à Paris au xni 0 et au 
xiv° siècle; 

7° Exposition des livres de la Cité de Dieu de saint Augustin, à 
la fin de laquelle se trouve le nom du copiste; 

8° Table des métamorphoses d’Ovide ; 

9° Poème de Vetula> attribué à Ovide, par Léon de Byzance, 
imprimé à Cologne en 1190, à Lubeck en 1471; etc.; 

10° Vie et mœurs des anciens philosophes. 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE d’aUXEKRE. 675 

On lit ù la lin du morceau de la Cité de Bien: 

Scriptor sum talis monslrat mea liltera qualis, 

Nomen scriptoris Johannes plenns amoris ; 

Hoc scripsi totum pro Christo det mihi potum. 

Scriptor scripsisset melius si voluisset. 

J. Olivehii, dyocesis Trecorensis. 

Cursive du x\® siècle. 

207- — in-folio pap., 238’ fol. — Titre: « De Arcanis numeris 
et temporibus libri sex, auctore Michale Violeo archimnndrila 
Euvertiano » (Saint-Euverte d’Orléans). — A la suite, Commentaire 
sur le cantique des cantiques ; fin du xvi° siècle. 

Ce manuscrit a été apporté à Saint-Germain par D. Viole, prieur 
auxvii 0 siècle. 

Fonds Saint-Germain d’Auxerre. 

208® - Ifl- 8° pap., 209 feuillets — Titre: « Scienlia naturæ 
son phisica disputalio de nalura phisicæ. » 

Fonds du couvent des Frères-Prêcheurs de Vaison. 

209- — In-4° pap., 114 fui. — Réflexions criliques sur 
l’organisation actuelle de l’art de guérir en France, et sur les 
modifications qu’il paraîtrait utile d’y être apportées (sic), par le 
docteur ë.-H. Roché, ancien chirurgien des armées, etc.. Juin 
182t. 

210- — ln-4° pap., 353 fol. — Eléments de botanique, ou la 
méthode pour connaître les plantes, par M. Bonnet, pharmacien à 
Auxerre; 1760. 

211. -In- 8° pap., 66 fol. — Manuel de botanique, première 
partie, par Pierre-Germain Mérat, curé de Ghitry-le-Fort, avec 
celle épigraphe : 

Viens connaître ces fleurs si richement ornées; 

Que l’aurore embellit des perles da matin. 


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676 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


Que la nature abonde en beautés variées 1 
Trésor inépuisable et toujours sous ta main. 

xvm e siècle. 


DROIT 

212.— In-4° vél. à2 col., 236 fol.— Eléments de droit canon, par 
Geoffroy de Trano ; lettres ornées, numéroté en chiffres arabes au 
milieu du folio à la marge ; xiv° siècle. 

Jncipit: « Glosarum diversitas intelligentiam textus nonnunquam 
obtenebrat. > 

Fonds Pontigny. 

2|3. — In-4° vél., 141 fol. — Traité de la puissance de 
l’Eglise, par frère Alexandre de Sancto-Elpidio, de l’ordre des 
Ermites de Saint-Augustin, imprimé à Lyon en 1498, et dans la 
Bibliotheca Pontificia de Roccàberti, Rome, 1695; cursive du 
xiv° siècle. 

Jncipit : Incipit Tractatus de ecclesiastica potestate, editus a 
fratre Alexandro de Sancto-Elpidio, sacre pagine professore, etc. » 

Fonds Saint-Germain. 

214- — In-4° pap., 312 fol, — Titre: « Extrait du livre de 
M. de Marca, de Concordia sacerdotiiet imperü, etc.; xvu* 
siècle. 

On lit à la premièrs page: « On m’a dit qu’il est de MM. de 

Bezons, Pelletier, et , conseillers d’Etat. Signé: Fr. Courtot, de 

Vézelay, de l'ordre des Frères-Mineurs d’Auxerre. 

215- — In-4° pap., 134 fol. écrits. — Bulles des papes 
Alexandre VI et Jules II à leur légat le cardinal d’Amboise, arche- 
vêque de Rouen; cursive du xvi° siècle. - La première est du mois 
d’août 1 501 . Il y en a 78 et d’autres pièces émanées du Parlement. 
Ces documents sont de diverse nature. — Il y en a de relatifs aux 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 677 

droits du légal ; à la juridiction ecclésiastique ; à la guerre contre 
les Turcs, etc. 

Fonds Saint-Germain d’Auxerre. 

216- — In-4° pap., 531 fol — « Ragionamento délia curia 
Romana ; • xvni® siècle. 

Ce recueil, sur la jurisprudence de la Curie romaine, traite des 
différents tribunaux qui la composent et des offices qui en dépen- 
dent. 

217- — Recueil italien manuscrit, sur papier, in-4°, 431 feuil- 
lets, contenant : 

1° Discorso del cardinal commendono sopra la corte di Roma ; 

2° Relalione délia corte di Roma e di riti da observarsi in essa 
magislrali et officie, con labora giuriditione falta del anno 1611 di 
gennaro ; 

3° Relacionc del conclave al quale fu crealo papa Paule V ; 

4° Relacione di Roma del signor Antonio Senaro ; 

5° Discorso sopra la corte di Roma del gran duca Cosmo de 
Medici ; 

6° Discorso al cardinale Ferdinando de Medici, como debbe 
governarsi nella corte di Roma; 

7° Discorso al gran duca Francisco de Medici, sopra alcune cose 
délia parte che devc cercar d’haversi ; 

8° Relacione di Roma a tiempo di Pio quarto el Pio quinto del 
clarissimi Ambasciadiore veneto ; 

9° Memorie de occurencie alla giornata, de 1471 à 1524 ; 

10° Parliculæ responsionis factæ per Pium secundum Pont. 
Max., ad oratores Caroli, Francorum regis, qui in eorum orationis 
imputaverunt papam deparcialilateet injusticiæ occasione invesli- 
turæ regni Siciliæ factæ in personam Alphonsi, et aliis; 

1 1° Relatione délié cose di Spaoia et villa di Madrid corte del Re 
catolico, l’anno 1611 ; 

12° Instruclione de alcune cose appartenente al buon governo 


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678 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


del regno di Napoli, cavnta d’una lillera del conte Olivarès, l’anno 
1597 ; xvii 0 siècle. — À appartenu à l'abbé de Mcsgrigny. 

Fonds Ponligny. 

218* — In-4° pap., 357 et 58 pages. — Recueil. Traité de 
l’autorité du roi dans l'administration de l’église gallicane; — mé- 
moires sur les sacrements; lin du xvii 0 siècle. 

219- — In-4° pap., 327 feuillets. — Institutions au droitcano- 
nique français ; xvii® siècle. 

220. — In-4° pap. ,220 fol. — Titre : « Institutiones canonicæ, 
auctoreDario Guicciardi, in aima romance sapientiæ universitati, 
J. V. professore. » — Belle écriture renaissance du xvi® siècle en 
usage en Italie. 

Fonds Planelii. 


SUPPLÉMENT AU CATALOGUE DES MANUSCRITS 


221. - H cahiers. — Catalogues des livres et des manuscrits 
composant les bibliothèques des établissements religieux ci-après, 
dressés par les commissaires bibliographes de l'administration dé- 
partementale et autres, de 1791 à l’an III : 

A Auxerre, l’évêché, le chapitre, les abbayes Saint-Germain et 
Saint-Marien ; — à A vallon, les Pères Minimes; — l’abbaye de 
Ponligny, livres et manuscrits (2) ; — à Sens, la Bibliothèque litté- 
raire ; — les Chartreux de Valprofonde. — Catalogues des livres 
légués au chapitre d’Auxerre par MM. Viel et Potel, chanoines. 

222. ~ 5 cahiers. — Catalogues des livres des bibliothèques 
des émigrés, MM. Contaut, d’Auxerre; Martineau ; Planelii ;Tardieu- 
Maleissie. — Catalogue de Loménie, de Canisy, etc.; à la Ha : 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 679 

1° Un catalogue des livres italiens provenant de Loménie, de la 
main du Père Laire, contenant 1061 articles; 

2° Catalogue de gravures provenant de l'émigré Planelli et de la 
famille Loménie, par le môme. 

223. — 4 cahiers. — Extrait du catalogue des livres de la 
Bibliothèque du district de Joigny. — « Catalogue des livres appar- 
tenant ù la Nation dans le district de Mont- Annonce » (émigrés et 
maisons religieuses). Ce travail a été dressé en Pan III par J. 
Depaquy, commissaire bibliographe du district, ci-devant abbé de 
Pontigny. — Notice des livres à extraire des catalogues du dépôt 
littéraire de Mont-Armance, pour la formation de la bibliothèque 
de l'Ecole centrale. 

224. — 7 catalogues divers, de la main du Père Laire: 

1° Catalogue de 3 manuscrits Planelli (publié par Bernard, dans 
sa Notice sur la bibliothèque Lavalette) : 

2° Catalogue des manuscrits du chapitre de Sens (publié par 
Salmon, Cabinet historique ,t. 11). 

Manuscrits et principaux livres emportés ù Auxerre. — Inven- 
taire des tableaux et gravures provenant du château de Thorigny, 
à emporter au Directoire (de Sens). — Catalogue des marbres bustes, 
statues, tableaux, bas-reliefs, inscriptions du district de Sens. — 
Inventaire des meubles et effets transportés de Pazzi. — Catalogue 
d'ouvragc6 sans désignation d'origine. 


COLLECTION MANUSCRITE 

DES TRAVAUX DE M. LE COMTE LEON DE BASTARD. 

Ce recueil est composé de portefeuilles remplis d’ex- 
traits de chartes et de manuscrits des grandes collections 
publiques de France et de l’étranger, et concernant les 


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680 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


pays de l’Yonne. M. de Bastard y a réuni aussi des 
extraits de documents généraux sur l’histoire de France, 
et des notes biographiques et bibliographiques sur les 
écrivains du département de l’Yonne. 

I . — Documents généraux sur toutes sortes de sujets, classés 
par ordre alphabétique, du moyen âge à nos jours : 

Abbayes; monastères; blason; Bourgogne (ducs, états de); 
finances ; justice; légendes; lettres dans les Gaules ; Malte ; mo- 
ralistes ; noblesse, fiefs ; nouvelles ecclésiastiques ; parlement ; 
Siciles (Deux); travaux publics, chemins, etc. (histoire des); 
etc., etc. 

2- — Documents généraux sur l’histoire de France, de 
1576 à 1596. 

3. — Notes générales chronologiques (1500-1575). 

Extraits d’ouvrages imprimés et de manuscrits sur l'bistoire 
de France, notamment sur les guerres civiles. 

4- — Auxerrois. — Diplomata (an 473 à 744). — Recueil. — 
Analyse du t. I des Diplomata , Chartœ, Epistolœ , Leges, 
édité par Pardessus, Paris, 1843. 

« On a relevé dans cet ouvrage tous les documents intéressant 
les pays qui forment aujourd’hui le département de l’Yonne, et ex- 
trait tout ce qui concerne les pagus de Sens, Auxerre, Avallon et 
Tonnerre, mai 1853. > 

In-4», cartonné. 

5. — Auxerre. — Chartes , documents (358-1500). 

Copies de chartes, extraits tirés des Archives nationales, etc. 

Evêques et clergé ; comtes d’Auxerre et de Nevers ; ville d’ Au- 
xerre; métiers. 

6- — Auxerre. — Documents (1500-1850). 

Recueil factice d’extraits ou copies de pièces manuscrites. 


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681 


DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 

fragments d’ouvrages imprimés, concernant les évéques, le 
clergé, 1 eê impôts, le bailliage, les manufactures, les passages 
des rois. 

\ 

7. — Liste chronologique des chartes imprimées, tirées des 
grandes collections de Bréquigny et autres, et relatives au pays 
auxerrois (510 à 1289). 2 vol. in-4°. 

8. — Table des Mémoriaux de la Chambre des Comptes, 
en ce qui concerne les pays de l’Yonne (an 1290 à 1629). Petit 
in -4°. 

9 . — Auxerrois. — Extraits des manuscrits du British 
Muséum , sur saint Edmond, Thomas Becket, saint Germain, 
d’Eon, Bèze, du Perron, Loménie de Brienne, Alanusde Insulis, 
etc. 

Pouillés de Sens ; dénombrement du comté de Joigny (1688). 

Pontifical de l’église de Sens. 

10 - — Copie du Pouillé du diocèse d'Auxerre en 1581, 
Bibliothèque royale n° 8412 (V. Lebeuf, t. II). — Réglement 
de l’évéque Amyot pour le paiement des messes, etc. 

Biens de l’abbaye Saint-Germain. 

Liste des fiefs etc., du comté d’Auxerre. 

Pontifical de Laurent Pignon, évéque d’Auxerre, juin 1436, 
bibliothèque royale, n® 1222, fonds Colbert, 5984, 76 f®»; analyse 
de ce manuscrit; description des miniatures qu’il renferme. 

Obituaire do Saint-Etienne d’Auxerre (copie annotée). Biblio- 
thèque royale 894, fonds Colbert, 2573, publié par Lebeuf, t. II, 
p. 246 et suiv. 

1 1 . — Coûté d’Auxbrre. — Notes extraites des manuscrits 
de dom Viole (an 511 à 1362). 

Notes sur Eunnius Mummole. — Livres à consulter sur le 
comté d’Auxerre (524 à 1003). 

12- — Yonne et lieux voisins. — Localités diverses. — Copies 


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A 



682 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


et analyses de chartes tirées de la bibliothèque et des archives 
nationales, des archives de l'Yonne et de collections privées. 

— Documents modernes imprimés sur divers personnages et 
lieux; vn e -xix e sièclés Lettres À-G. 

13. — Yonne et lieux voisins. — Localités diverses. — Copies 
et analyses de chartes tirées de la bibliothèque et des archives 
nationales, des archives de l’Yonne et des collections privées. 

— Documents modernes imprimés sur divers personnages et 
lieux; vii°-xix° siècles. Lettres D-R. 

14* — Yonne et lieux voisins. — Localités diverses. — Copies 
et analyses de chartes tirées de la bibliothèque et des archives 
nationales, des archives de l’Yonne et de collections privées. 

— Documents modernes imprimés sur divers personnages et 
lieux ; yii 0 -xix® siècles Lettres S-V. 

15- Auxerrois (pays du département de l’Yonne tout 
entier). Documents à consulter ou consultés : Archives et biblio- 
thèque nationales, fonds Delamarre, Fontette, Gaignières et 
autres ; bibliothèques Sainte-Geneviève et Mazarine. 

Catalogues de documents; xu e -xvm e siècles. 

16- — Auxerrois (pays du département de l’Yonne tout 
entier). Ville d'Auxerre, documents sur les évéques. — Extraits 
de manuscrits, copies de dépêches ; lettres des échevins d’ Au- 
xerre, etc., par années et par lieux (1550-1596). 

17- — Auxerrois (pays du département de l’Yonne tout 
entier), xvi° siècle. Extraits de manuscrits et d'imprimés ; — 
copies de dépêches et lettres originales concernant les guerres 
de la Ligue, par années et par lieux. Bibliothèque nationale 
(1580-1597). 

18* — Auxerrois — Extraits d’auteurs imprimés sur le 
xvi° siècle. — Lebeuf, prise et histoire d’Auxerre; Grésy, vie 
d’Amyot; Blignîères, essai sur Amyol (1576-1600). 


Jt 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 683 

19 — Auxerrois. — Extraits d'auteurs imprimés sur le 
xvi c siècle. — Lebeuf, prise et histoire d’Auxerre; Camuzat, 
du Bellay, mémoires; Bèze, histoire des Eglises réformées ; de 
Thou; Castelnau (1500 à 1575). 

20. — Auxerrois. — xvi® riècle. Copie de documents tirés 
des fonds de la bibliothèque nationale : lettres de Chartes IX ; 
du duc de Lorraine, de Tavannes, Coligny, Sansac, etc. ; lettres 
des officiers municipaux d’Auxerre; traités de reddition des 
principales villes du département et de soumission à Henri IV ; 
1562-1594. 

2 1 . — Abbaye Saint-Germain d'Auxerre. — Extraits de 
manuscrits; recueil contenant l’abrégé de l’histoire de l’ab- 
baye de Saint-Germain d’Auxerre, dressé l’an 1682 et copié Tan 
1684. 

Petit fascicule qui porte pour titre : « Index chronologicus 
eorum duntaxat S. GermaDi quæ monasterium specialiter 
contingunt », écrit de la main de D. Gottron, et s’arrêtant à l’an 
1648; in-4°, 290 f°*. (Bibl. nat., man. fr. 916, fonds Saint-Ger- 
main). 

22. — Abbaye de Saint-Germain d’Auxerre. — Documents 
divers; liste des chartes imprimées (816-1238) ; table du cartu- 
laire ; notes par ordre alphabétique. 

23* — Abbaye Saint-Germain d’Auxerre. — Noies par ordre 
chronologique : donations; confirmations de biens et privilèges 
(748-1436). 

24 - Abbaye Saint-Germain. — Livres consultés; actes 
d'affranchissements ; prieurés; cartulaire de la Pitancerie; listes 
des abbés; vie et écrits de saint Germain. 

25 - Martyrologium et obitüarium ecclesiæ Beatonm 
Maria et Lazari Avalonensis^WA. nat., manuscrits n° 5187, 


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CATALOGUE DES MANUSCRITS 


684 

A, écriture du xiv e siècle ; il y a des faits datés du xv°. Copie de la 
main de M. de Bastard. Ce manuscrit s'arrête au X des calendes 
d’octobre. H n’est souvent qu'un abrégé du martyrologe d'Adon. 

26- — Avàllon. — Lettres du duc de Lorraine, de Tavannes 
et autres, aux habitants d’Avallon pendant la Ligue ; analyse de 
pièces des portefeuilles Fontette sur ce temps. 

27. — Chablis. — Extraits de documents provenant des ma- 
nuscrits Maret de Chablis: notes chronologiques remontant au 
iv 6 siècle 6ur l’église, le prieuré Saint-Cosme, les droits du roi et 
de l’abbaye Saint-Martin de Tours, etc. ; lettres de Henri IV 
pour la soumission des habitants de Chablis, en 1594. 

28* — Ligny-le-Chatel. — Analyse de documents sur 
Ligny et les villages de son canton, tirés des cartulaires de Pon- 
tigny et du Trésor des chartes (xi°-xiv e siècle). 

29’ — Noyers. — Notes historiques tirées des manuscrits de 
la bibliothèque nationale et des auteurs imprimés ; articles 
pour la reddition de Noyers par le baron de Vitteaux, en 1595; 
documents sur les évènements qui ont affecté Noyers pendant le 
xvi° siècle; critique d’un article de M. Le Maistre, intitulé un 
Episode du siège de Noyers en 1868. 

30* — Noyers. — Chronique de Noyers, par Gaspard Marin 
(Analyse de la) ; notes chronologiques ; copies de chartes sur les 
seigneurs, le pays et l’église (xiii e -xvn° siècles); généalogie des 
sires de Noyers; documents tirés de la bibliothèque nationale. 

3 1 . — Abbaye de Pontigny. — Copies de chartes tirées du 
Trésor des chartes, 6érie J ; analyse du grand cartuiairc, biblio- 
thèque impériale, fond lat., 5465 ; chartes copiées sur ledit car- 
tulaire; analyses (xn e -xvi° siècles). 

32. — Sens. — Ville, archevêques et églises. — Extraits divers 
et nombreuses copies de chartes tirées de la bibliothèque natio- 
nale et des archives; des Olim; rouleaux du parlement de Paris; 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 685 

procès-verbal de l’assemblée provinciale de 1699; affaires du 
Jansénisme (v e siècle-1654). 

33- — Sens. — Extraits : sur les archevêques, la ville et les 
offices généraux; sur le massacre des protestants en 1562; 
bailliage ; lettres de Catherine de Médicis ; mémoires du temps ; 
fonds de la Bibliothèque impériale; siège de Sens en 1590; 
soumission à Henri IV, en 1594 (1515-1599). 

34- — Tonnerre. — Comtes ; ville ; analyse des chartes ; 
généalogie des comtes, par David Andry ; procès pour le droit 
de porter le nom de Tonnerre entre les branches de la famille 
de Clermont (1856-57) (500-1857). 

35- — Vézelay. — Chronologie placée en tête du manuscrit 
106 de la Bibliothèque d’Auxerre, de l’an 1 à l’an 1324 ; notices 
sur Girard de Roussillon, fondateur de Vézelay ; notes chrono- 
logiques (821 à 1500) ; lettres de Henri IV pour la soumission de 
Vézelay, et le seigneur de Pluveau, gouverneur de cette ville. 

36- — Vézelay. — Analyse du manuscrit n° 106 de la 
Bibliothèque d’Auxerre (1), contenant la chronique de l’abbaye de 
Vézelay au xn e siècle; fragments inédits de cette chronique ; 
examen de l’histoire de Vézelay par M. Flandin ; pièces justi- 
ficatives. 

37- — Abbaye de Vézelay. — Privilèges ; analyse de la 
chronique ; juridiction civile et religieuse ; relations avec les 
comtes de Nevers; la commune; documents divers (ix*-xii° 
siècles). 

38- — Vézelay. — Minutes d’une notice de M. de Bastard sur 
l’insurrection communale de Vézelay; notes diverses ; articles 
sur l’histoire de la commune de Montpellier, par M. Germain, 
professeur à la faculté (1852). 

(I) Aujourd’hui n* 192. 


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686 


CATALOGUE DES MANUSCRITS 


39. — Affranchissement des communes (notes sur T). — 
Historique ; analyse de chartes sur divers pays de l’Yonne; idem % 
de la France du nord. Colonat, féodalité, municipalité romaine. 

40 . — Collège des Grassins à Paris et famille des Gras- 
sins; copies et analyse de pièces relatives à ce collège, fondé à 
Paris pour les enfants de Sens par Pierre Grassin, en 1569; 
documents tirés des archives nationales, H 2670, 2761, et archi- 
ves historiques, registre MM 447 et M 145. 

Généalogie de la famille et copies d’actes tirées de la Biblio- 
thèque impériale, cabinet des litres. 

41 . — Bèze (Théodore de). — Notes bibliographiques et bio- 
graphiques, sur Théodore de Bèze, né à Vézelay, écrivain, défen- 
seur de la réforme au xvi° siècle, tirées de catalogues de livres 
mis en vente et autres, et de documents généraux. 

42 Collection de pièces et de lettres relatives au chevalier 
dtEon (manuscrit du British Muséum, 1 1 339); analyse de dossiers 
de papiers, quittances de sommes payées à M. et M me Lautem, 
à Londres, où d’Eon demeura de 1763 à 1789, sauf deux années; 
détails de dépenses diverses ; copies de lettres de d’Eon plus im- 
portantes à M. Lautem, et notamment 6ur son sexe ; mention de 
Beaumarchais ctde Morande; lettres: à M. de Yergennes (1779) ; 
à M. le comte de Mansfield (1778) ; notes contre Beaumarchais, 
etc. (1763-1788). 

43 . — Eon de Beaumont (Documents sur). — Analyse de 
documents anglais, Annual register\ lettres d’Horace Walpole ; 
extraits de gazettes anglaises; attestations officielles du sexe mas- 
culin de d’Eon mort en 1810 ; catalogue de ses ouvrages et de 
sa bibliothèque tirés du British Muséum. 

(Tout ce dossier est de la main de M. de Bastard). 

44 . — Jean de Ferrières, vidame de Chartres. — Notes 
généalogiques sur la famille des Ferrières, seigneurjdes Presle, 
Villeprenois, Maligny et autres lieux (xiv e -xvi e siècles). 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE DAUXERRE. 68? 

45- Jean de Ferrières, vidame de Chartres au xvi° siècle. 
— Documents divers qui ont servi à l'exécution de l’ouvrage fait 
en 1858, par M. de Bastard sur ce personnage ; correspondance à 
ce sujet ; ouvrages consultés ; liste des personnes auxquelles 
l’ouvrage a été donné; lettres de remerciement. 

46- — Lafin (Jean de) ou de Beauvoir-la-Nocle, conseiller 
d'Etat, ambassadeur du roi en Angleterre, seigneur de Maligny, 
du milieu à la fin du xvi e siècle ; extraits de documents manus- 
crits de la Bibliothèque nationale, etc. 

Latin (Prégent de), fils de Jean, dit le vidame de Chartres 

Lafin (Philippe et Jacques de). — Analyse d’un manuscrit 
intitulé : Procès sur la cession faite par Henri IV au seigneur de 
Lafin, vidame de Chartres, de ses droits aux seigneuries de 
Beaussard, etc. (1595). Bibliothèque nationale, fonds Saint- 
Germain, n° 616 ; extraits divers sur des personnages du nom de 
La Fin (xiv^-xv® siècles). 

47- — Notes biographiques sur des personnages politiques, 
savants et autres appartenant au département de l’Yonne ou s’y 
rattachant par quelqu’endroit, tirées des archives et de la Biblio- 
thèque nationale. Lettres A-G (xiv°-xvn° siècles). 

48- — Notes biographiques sur des personnages politiques, 
savants et autres du département de l’Yonne, ou s’y rattachant 
sur quelqu’eudroit ou y étant étrangers. (Bibliothèque et archives 
nationales, lettres H-Z, xv 0 -xvn° siècles). 

49 - Costumes, moeurs et usages de la cour de Bourgogne 
bous le règne de Philippe-lc-Bon (1455-1460), ouvrage en sept 
livraisons de planches, avec texte développé à l’appui. 

Extraits d’auteurs du xv e siècle, sur les mœurs et usages, par 
ordre alphabétique. 

50* — Catalogue et description de manuscrits de la 
bibliothèque du Vatican provenant du fonds de la reine de 
Suède, par M. de Bastard, dans un voyage fait à Rome avec 

Sc . Mit . 45 


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688 CATALOGUE DES MANUSCRITS 

M. Guessard. Ces manuscrits concernent plus spécialement des 
saints et d’autres personnages de l’Yonne dont les vies y sont 
transcrites au milieu d’autres, savoir: 

N 08 88. Cbronicon Autissiodorense, seu anonymi monachi 

Sancti-Mariani Àutiss. chronologia. 

— 140. Saint Germain, x e siècle. 

— 187. A. Saint Amatre, xi° siècle. 

— 455. Geoffroi de Courlon, xm e siècle. 

— 480. — xiv e siècle. 

— 481. Saint Corcodome, saint Mamert, saint Germain, 

xii° siècle. 

— 528. Vie de saint Pèlerin, xi e siècle. 

— 539. Vie de saint Germain, xm 6 siècle. 

— 541 . Vie de saint Amatre et de saint Germain, xn e siècle. 

— 577. Œuvres d’Odoran, moine de Saint-Pierre-le-Vif , 

xi° siècle. 

— 589. Vie de saint Germain d’Auxerre, xi e siècle. 

— 646. Vie de saint Germain, martyr, xn° siècle. 

— .755 Extraits de la chronique de Sainte-Colombe, xi® 

siècle. 

— 1127. Synode d'Auxerre au vi e siècle, x e -xi° siècle. 

— 1845. Chronique en latin qui commence à Pharamond et 

descend jusqu’à la mort de Charles V, en 1380; 

signature de Jehan, évêque d’Auxerre (latin). 

5 1 . — Catalogue de 'portraits de rois et reines de France, 
princes, grands seigneurs et dames du xvi° siècle, d’après un 
catalogue dressé par Duchesne; 

Titre : Portraits dessinés par Foulon et autres. 

Vol. 1, N e, 42 d (au dos), n° 7032, 56 : 118 portraits. 

Vol. 2, N c, 42 h, n° 1359, 171 : 183 portraits. 

52. — Iconographie . — Catalogues de portraits de person- 
nages des pays de l’Yonne; collection Gaignères et cabinet des 
estampes : évêques d’Auxerre, archevêques de Sens, abbés de 
Pontigny, personnages divers. 


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DE LA BIBLIOTHÈQUE » AUXERRE. 689 

53- — Lettres de l’abbé Lebeuf. — Sources : Extraits de 
catalogues de lettres de Lebeuf qui ont passé dans les ventes ; 
catalogue des lettres du manuscrit fr. D. F. 42, Bibliothèque 
Sainte-Geneviève, datées de 1717 à 1720. 

Analyse par noms d’auteurs de la correspondance de savants 
avec Lebeuf, Bibliothèque royale, manuscrits fr. supp., n° 2440, 
de 1715 à 1755 ; lettres autographes du même manuscrit ; notes 
biographiques pour éclairer la correspondance de Lebeuf, par 
ordre alphabétique de personnages. Ces divers documents ont 
servi aux auteurs de la Correspondance de l’abbé Lebenf , 
Auxerre, 1866, 2 vol. in-8°. 

54* — Collection Béthune à la Bibliothèque nationale. — 
Catalogue des lettres de personnages politiques du xvi 6 siècle, 
dont plusieurs concernent le département de l’Yonne. 

55* — Répertoire bibliographique , 1 vol. in-R — Cata- 
logue de la main de M. de Bastard, contenant les chapitres 
suivants : 

Auxerre, documents divers par ordre chronologique ; 

Sens, documents divers id. 

Yonne, département; 

— localités diverses, A-V ; 

Auteurs auxerrois et sénonais, A-V ; 

Iconographie ; 

Autographes. 

56. — Bibliographie départementale de l’Yonne . — Ano- 
nymes et pseudonymes ; recueils d’ouvrages généraux (catalogue 
de), par ordre alphabétique de matières ; imprimeurs de Sens et 
d’Auxerre (xv^xix 0 siècle). 

57 à 6 1- — Bibliographie de l’Yonne . — Fiches par noms 
d’auteurs (xvi°-xix° siècles), lettres A-Z. 

62- — Catalogue d’autographes d’hommes marquants des 


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690 CATALOGUE DES MANUSCRITS 

pays de l’Yonne, du xvi° au xix° siècle, lesquels ont passé dans 
les ventes depuis 1852 à 1859. 

Ces autographes, analysés sommairement, sont classés par 
ordre alphabétique de leurs auteurs. (Lettres A-V). 

63. — Liste d'autographes émanant de personnages du 
département de l’Yonne (œuvres, lettres ou signatures). 

Adry (Jean-François-Félicissime) (œuvre). 

Bèze (Théodore de). 

Boileau (Jacques). 

Bordes. 

Bourbotte (Sa défense). 

Brienne (Loménie de). 

Caylus (De), évêque d’Auxerre. 

Champion de Cicé (Jean-Baptiste-Marie), évôque d’Auxerre. 
Chastellux (Marquis de). 

Clément, chanoine d’Auxerre. 

Clément du Tremblay. 

Colbert (Jean- Baptiste). 

Courtalon, curé de Saint-Savine, de Troyes. 

Cousin, d’Avallon. 

Daguesseau (J. -B. Paulin). 

Dufey (de l’Yonne). 

Du Perron (Jacques-Davy), cardinal. 

Fortin de la Hoguette, archevêque de Sens. 

Frappier, chanoine d’Auxerre. 

Gondrin (Louis-Henri de Pardaiihan de), archevêque de Sens. 
Guémadeuc (De), maître des requêtes. 

La Fare (cardinal), archevêque de Sens. 

Laün (Jacques et Préjean de). 

Laire, bibliographe. 

Lepeletier de Saint-Fargeau (Louis-Michel). 

Lepeletier (Félix). 

Le Roy, principal du collège d’Auxerre. 

Luynes (Paul d’Albert de), cardinal, archevêque de Sens. 


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691 


DE LA BIBLIOTHÈQUE D AUXERRE. 

Marie-Casimire d’Arquien, reine de Pologne. 

Mathoud (D. Claude-Hugues), religieux à Sens. 

Maure, conventionnel. 

Mocquut de la Guerre, d'AvalIon, (poëme). 

Régnault de Beaune, archevêque de Sens. 

Rétif de la Bretonne (Nicolas-Edme). 

Simiane (Alphonse-François), abbé. 

Tarbé (Théodore). 

Trébuchet, d’Auxerre. 

Tuet, de Sens. 

Villetard (Alexandre), représentant du peuple. 

Yonne : administrateurs, représentants du peuple, membres 
du Corps législatif, députés (signatures); an v h 1816. 

64» — Meà. Manuscrits divers . — Traduction de Shakes- 
peare (1857); droit romain, notes prises aux cours de l’Ecole de 
droit (1842-1843); critique du salon de 1844; thèse pour la 
licence en droit (1844) ; mémoire sur la peine de mort ; voyage 
en mars 1845 avec M. de Sauicy à Malte, en Grèce, à Naples, etc 
(notes historiques) ; voyage en Italie au mois d'août 1849, avec 
M. Guessard, pour une mission à Rome, afin d’éludier les ma- 
nuscrits de la reine de Suède au Vatican (notes quotidiennes). 
Notes historiques et archéologiques par ordre alphabétique. 


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CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE 


A SAINT-FLORENTIN 


Par U. SALOMON. 


I. 

Nous devons à notre jeune et nouveau collègue, 
M. Camille Hermelin , la révélation de l’existence d’une 
crypte qui est digne de fixer l’attention des archéolo- 
gues et dont aucun de ceux qui ont étudié l’histoire de 
la ville de Saint-Florentin n’a fait mention. On n’en 
voit, en effet, aucune trace dans les nombreux documents 
trouvés dans le cabinet de l’honorable M. Moreau- 
Dufourneau père, qui était très instruit de tout ce qui 
concernait sa ville natale. 

A l’époque de 1858 ou 1859 , lors des grands travaux 
de restauration de l’église paroissiale , surpris de l’état 
d’imperfection dans lequel cet édifice avait été élevé, et 
par suite de son état d’insolidité et de vétusté précoces, 
j’ai voulu, après avoir interrogé les pierres et m’être 
éclairé sur la date de sa construction , interroger aussi 


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CRYPTE 00 CHAPELLE SOUTERRAINE. 693 

l’histoire locale antérieure à cette époque , et j’ai eu le 
bonheur de trouver dans le précieux Cartulaire publié 
par la Société des Sciences historiques de l’Yonne, 
plusieurs chartes qui ont satisfait ma curiosité; c’est 
alors, qu’à l’aide de ces documents, je me suis décidé 
à publier une notice intitulée : Les Églises de Saint- 
Florentin (1). 

Effectivement, il avait existé plusieurs églises : 
d’abord l’église paroissiale primitive, sous le vocable de 
saint Martin ; une autre, qui était la chapelle du Châ- 
teau , sous le patronage spécial de saint Florentin ; une 
troisième était celle d’un monastère édifié auprès du 
château; enfin, l’église paroissiale actuelle avait été 
construite longtemps après la destruction de celle de 
Saint-Martin, laquelle était hors des murs ; encore cette 
nouvelle église ne faisait-elle que remplacer un pre- 
mier édifice qui paraît n’avoir eu qu’une existence 
éphémère. 

Les chartes que j’ai consultées m’ont autorisé à affir- 
mer que le château proprement dit, le castrum Florenti- 
num si l’on veut, occupait une éminence située hors la 
ville, au sud , à proximité de l’autre éminence qui a 
retenu jusqu’à nos jours le nom de Prieuré. 

La crypte signalée par M. C. Hermelin m’étant in- 
connue, je ne pouvais en parler. 

Il était réservé à notre collègue, plus heureux que 
moi , de tirer de l’oubli ce monument; c’est ce qu’il a 
fait dans une notice qui a eu les honneurs de l’insertion 
en Bulletin de la Société en 1873 (2). Et je ne puis que le 

(1) Bulletin de la Société, vol. de 1859, p. 326. 

(2) Vol. de 1873, page 331 . 


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694 


CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE 


féliciter d’avoir , par une aussi intéressante révélation, 
marqué, ainsi qu’il le dit très à propos, ses premiers pas 
dans la science si difficile de V archéologie. 


II. 


Notre crypte, qu’il qualifie d’ église souterraine, est , 
dit-il, située au centre de la ville, en face de l’église pa- 
roissiale actuelle; elle a de longueur 8 m 80 sur 8“ 55 de 
large ; elle forme trois travées; les voûtes sont ogivales, 
elles sont soutenues par deux piliers en pierre , et la 
hauteur de ces voûtes est de 4 m 30. — L’escalier en 
spirale par lequel on y descendait existe encore ; il se 
compose de vingt-trois marches ; la partie d’escalier qui 
montait aux voûtes de la chapelle supérieure, a été 
détruite par M. Laubry depuis qu’il habite la maison 
qui remplace cette chapelle supérieure. 

M. G. Hermelin a comparé les voûtes et les piliers 
avec les voûtes et piliers du cellier et du grenier de l’ab- 
baye de Pontigny ; il y a parité , ce qui l’a autorisé à 
faire remonter au commencement du xn° siècle la cons- 
truction de cette crypte. 

J’insiste sur ce mot : la crypte, par la raison qu’en 
parlant de la chapelle supérieure qui a disparu , il émet 
l’opinion qu’elle datait du ix° siècle. 

« Qu’est-ce que cet édifice à la construction duquel 
« l’art merveilleux des architectes du moyen-âge a pré- 
« sidé et qui cependant est enfoui dans le sol et caché 
« à la lumière du jour? »» 

Telle est la question que se pose notre collègue, et sa 
réponse est que l’édifice complet (chapelles haute et 


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A SAINT-FLORENTIN. 


695 

basse, mais d’abord la haute) était la chapelle du château. 

Une autre question se pose naturellement : Où était le 
château? Et sa réponse est : « Le château occupait fem- 
« placement de t église actuelle. » 

Ma notice de 1859 lui est connue, et il a nécessaire- 
ment pris connaissance de l’appendice contenant copie 
des chartes extraites du Carlulaire , dont les deux pre- 
mières concernent le prieuré (ancien monastère). Par ces 
documents il a appris que, dans mon opinion, le châ- 
teau, ainsi que le monastère, étaient hors la ville, qu’ils 
se tenaient, et qu’il y avait là deux chapelles celle du 
château et celle de l’ancienne abbaye: la première, 
celle du château, ayant pour titre le nom de Saint- 
Florentin, « Sita in castello, Sancti-Florentini de nomine 
dicto, » la seconde, du monastère, « quod dicitur Sancti- 
Florentini veteris (1)> » 

Mon opinion était , ce me semble , suffisamment for- 
mulée ; cependant notre collègue ne la prend pas au 
sérieux. A son avis, j’ai passé « légèrement sur les temps 
« anciens, dont j’ai fait simplement mention sans y atta- 
« cher d’autre importance. » 

C’est ainsi que, ne partageant pas mon opinion, et ne 
se pénétrant pas de l’esprit autant que du texte des 
chartes qui éclairent sur les temps anciens, il a persisté 
à placer le chastel au milieu de la ville, et à considérer 
comme chapelle du château la chapelle dont il a décou- 
vert la crypte et dont il fait remonter l’existence au 
ix* siècle (pour la partie supérieure). 

(1) Cette dernière transformée en maison d'habitation depuis 
moins de quarante ans, est encore reconnaissable, tant à l’ex- 
térieur qu’à l’intérieur. 


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696 CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE - 

Il me serait très agréable de pouvoir reconnaître l’er- 
reur qui m’est attribuée et de n’avoir à adresser à notre 
jeune collègue que des paroles d’approbation ; mais j’ai 
le regret d’être obligé de dire que les raisons qu’il fait 
valoir à l’appui de son sentiment ne m’ont point con- 
vaincu; et comme, en- matière d’histoire, il importe 
d’être dans le vrai, je me vois dans la nécessité de dé- 
montrer, ce que j’ai la certitude d’établir, que je ne me 
suis pas trompé. — Amieus!.... sed magis arnica veritas f 


III. 


Une idée très simple se présente tout d’abord à l’es- 
prit: la chapelle d’un château fait d’ordinaire partie des 
bâtiments du château. Il devait en être ainsi de celle 
dont nous nous occupons, la charte de 1357 l’indique : 
«c assise devant lechastel, » et celle de 1038, encore 
plus positive et qui mérite à tous égards la préférence , 
l’indique en ces termes : « Capellam in honore sanctorum 
« martyrum Christi Florentini et Hilarii dicatam, ..quœest 
a sita in castello, ejusdem Sancti- Florentini de nomine 
« dicto. » Il faut donc admettre que la chapelle était 
dans le château. Donc, en supposant le château construit 
sur la butte, fort élevée, maintenant occupée par l’église 
paroissiale, il est nécessaire que la chapelle ait été cons- 
truite sur cette même éminence; au lieu de ceia, la cha- 
pelle dont il n’existe plus que la crypte était séparée 
du château par la voie publique, qui, de même qu’au- 
jourd’hui, traversait la ville, et sur un terrain très bas et 
tellement bas que, pour arriver de la rue à la hauteur de 

l’église, il faut monter quarante fortes marches (près de 

" \ 


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A SAINT- FLORENTIN. 


697 

cinquante mètres). Elle n’était donc ni dans le château, 
ni dans son enceinte, et cela étant, il faudra chercher 
ailleurs la chapelle du château ; en' tous cas, il demeure 
acquis qu’il n’a pas existé de chapelle sur la place même 
de l’église , et il est permis de croire que celle dont la 
crypte se retrouve, n’était autre qu’une chapelle privée. 
— Mais poursuivons. . . 

N’est-il pas vrai que les châteaux bâtis au temps de 
la féodalité étaient hors des villes, dont ils étaient indé- 
pendants? Sans sortir de nos contrées, nous voyons qu’il 
en était ainsi à Seignelay, Saint-Julien-du-Sault, Ligny- 
le-Châtel, Saint-Sauveur , Noyers, etc., — à Saint-Julien, 
la vieille chapelle du xn® siècle est encore debout; 
pourquoi n’en aurait-il pas été de même à Saint-Flo- 
rentin? Ici, la position convenable est tout indiquée; les 
terrains élevés du Prieuré, de la Frique et même du Pa- 
radis, situés en avant de la ville , étaient ce que l’on 
pouvait désirer de plus propre à l’assiette de fortifica- 
tions ; et le terrain extérieur offrait une étendue libre 
bien suffisante pour ce que notre collègue appelle le 
vol du chapon ; terrain qui, pour le dire en passant, 
aurait absolument fait défaut pour un château placé au 
centre de la ville, dont l’enceinte était d’ailleurs si res- 
treinte. 

Au surplus , la fameuse charte de 1038, à laquelle il 
faut revenir, est un titre qui ne laisse point place à l’équi- 
voque ; je ne l’ai donnée que par extrait dans mon ap- 
pendice, parce que elle est fort longue ; mais, notre collè- 
gue l’a trouvée in extenso dans le Cartulaire général (1). 

Par cet acte, Thibaut, comte de Champagne, « donne 

(1) T. !•', p. 173, 174 et 175. 


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698 CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE 

« à Dieu, à Saint-Germain, à son monastère d’Auxerre, 
« en la personne de l’abbé, une chapelle dédiée à la 
« sainte Mère de Dieu et aux saints martyrs Florentin et 
« Hilaire, dans laquelle sont conservées avec vénéra- 
« tion les reliques ( ossa ) de ces témoins de Notre-Sei- 
« gneur ; chapelle située dans le château qui porte le 
« nom du môme saint Florentin, avec le monastère ap- 
« pelé de Saint-Florentin-le-Vieux, qui fut autrefois ab- 
« baye: et cela avec tous les biens que ce monastère 
« possède justement, et ceux qui lui seront donnés dans 
« l’avenir, tels que vignes, prés, bois, moulins, terres, 
« les hommes libres ou serfs, etc. (1). 

Je l’ai dit quelque part: cet acte était plutôt une 
restitution qu’une donation. Comme tant d’autres sei- 
gneurs, le comte avait usurpé le domaine de l’abbaye, 
il le restituait, et il ajoutait en plus la chapelle du châ- 
teau, confiant ainsi à la piété de l’abbé et des moines la 
garde et conservation des précieuses reliques qui y 
étaient déposées; mais il réservait le château et sa dé- 
pendance. 

On sait que l’abbaye est devenue un simple prieuré, 
dont le prieur était nommé par l’abbé de Saint-Germain 
d’Auxerre, et que l’abbaye a conservé jusque à sa sup- 
pression légale toutes ses propriétés. 

Or, le monastère faisant l’objet de la donation, avait 
son siège près du château Florentin , c’est-à-dire hors 
delà ville; l’un et l’autre occupaient donc les terrains 

(i) Dom Viole, Hist. des Abbés de Saint-Germain , Mss. du 
zvii* siècle, Bibliothèque d’Auxerre. — Archives de l’Tonne, 
Recueil de chartes sur le prieuré de Saint-Florentin, fonds de 
Saint-Germain, (Note du Cartulaire). 


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A SAINT-FLORENTIN. 699 

qui portent encore le nom de prieuré et ceux attenant, 
notamment la frique. 

En présence de ce document respectable , il n’est pas 
possible de placer le chastel et le monastère sur l’em- 
placement actuel de l’église paroissiale, et de plus les 
deux chappelles , — celle de Saint-Florentin propre- 
ment dite et celle de Saint-Florentin-le-Vieux, — les- 
quelles avaient alors chacune son prieur. 

La ville n’avait rien de commun avec ces deux éta- 
blissements; ils constituaient un important domaine 
complètement indépendant. 

Un siècle après la charte, une bulle du pape Inno- 
cent II, du 24 mars 1138, adressée à l’abbé de Saint- 
Germain (1), nous apprend que la chapelle donnée par 
le Comte était desservie par des chanoines sous l’auto- 
rité de l’abbé, que le Souverain-Pontife approuve et con- 
firme la détermination prise par l'archevêque de Sens, 
de la réunir à ladite abbaye, avec pouvoir donné au 
prélat de subtituer aux chanoines, dont l'ordre et le 
nombre tendent à diminuer et à s’annéantir, des moines 
de l’ordre de Saint-Benoît, qui vivraient suivant la 
règle dit fondateur et desserviraient la chapelle, « salvo 
nimirum jure Serumensis ecclesiœ atque subjectione. » 

Ainsi, le monastère de Saint-Germain avait déjà un 
siècle de possession de la chapelle de Saint-Florentin, 
et se trouvait complètement substitué aux droits du 
comte de Champagne, qui s’était réservé le castel et ses 
dépendances. 

Il paraît que les vicomtes avaient aussi des droits 
particuliers. Voulant que l’abbaye n’éprouve aucun 

(1) Cartulaire général , t. I er , p. 328. 


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700 CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE 

embarras, ils suivent l’exemple des comtes ; eu consé- 
quence, par une charte de 1140 ou 1145 (1), le vicomte 
Eudes, du consentement de sa femme Agnès et de ses 
enfants, donne et concède à Saint-Germain d’Auxerre, 
à Gervais, abbé et à son chapitre, tout ce qu’il a et pos- 
sède dans ou sur l’église de Saint-Florentin ; cette 
charte est faite en présence et avec l’approbation de 
Thibaut de Blois, comte de Saint-Florentin et de sa 
famille. 


IV. 

Tel était l’état des choses au milieu du xn® siècle, 
d’après des titres respectables. 

C’était l’époque des donations et des fondations pieu- 
ses, et aussi celle de la construction de nos cathédrales 
et de nos plus beaux édifices religieux. — C’est aussi 
dans ce siècle, et au commencement , suivant M. Her- 
melin, qu’a été construite la crypte dont nous nous oc- 
cupons, et il est rationnel d’affirmer qu’on ne s’est pas 
contenté de faire la crypte ; le personnage qui ehtrepre- 
nait cette importante œuvre a dû la couronner par une 
chapelle monumentale dans le môme style. 

Tel n’est pas cependant l’avis de notre collègue; sui- 
vant lui, il existait en cet endroit une chapelle bâtie au 
ix° siècle , et c’était dans cette chapelle que , dans ce 
môme siècle , avaient été provisoirement déposées les 
reliques des saints martyrs Florentin et Hilaire. 

Ici, nous devons donner la parole à notre collègue : 

(1) Carlulaire général , t. I er , p. 349. 


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* 


A SA I NT- FLORENTIN . 704 

« Le seigneur qui possédait le château Florentin , en 
« l’an 833, avait deux sœurs, qui rapportèrent des reli- 
« ques tant de saint Florentin que des glorieux martyrs 
« saint Hilaire et saint Aphrodite, ses compagnons. A 
« leur arrivée, le 6 juillet 833, ces reliques furent dépo- 
« sées dans la chapelle du château, où elles restèrent 
« près de deux ans. Le b mai 83b, ces reliques furent 
« transportées dans une église que les pieuses sœurs 
« firent bâtir tout exprès sur une éminence qui porte 
« encore le nom de Prieuré; cette église fut placée sous 
« le vocable de Saint-Florentin. » 

Par un acte solennel, on substitua à saint Martin 
de Tours, jusque-là patron de la ville, saint Florentin, 
martyr. 

Trois siècles plus tard, sous la chapelle du château la 
crypte fut construite ; et M. Hermelin fixe cette cons- 
truction souterraine au commencement du xii® siècle. 
Son opinion à cet égard s’appuie sur la parfaite simili- 
tude qu’il a remarquée entre cette œuvre et le cellier de 
Pontigny, qu’on sait, dit-il, remonter à 1 114 . 

Vient ensuite la mention des grandes inquiétudes 
causées par la crainte des suites d’une lutte entre le 
comte de Champagne et le roi Louis-le-Jeune. — Alors, 
continue notre auteur, les habitants tremblèrent de crainte 
pour les saintes reliques, ils résolurent de cacher la 
châsse du saint en lieu sûr; ils ne trouvèrent rien de 
mieux à leur portée si ce n’est la chapelle du château, 
et ils imaginèrent d’établir sous son emplacement une 
crypte où les reliques seraient à l’abri du vainqueur, etc. 

C’était bien, parait-il, vers le milieu du siècle, car les 
chiffres de 1141 te 1142 sont posés. 

Enfin, d’après le même récit, la ville fut miracu- 


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702 CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE 

leusement épargnée, mais l’alerte avait été vive ; il pa- 
raît que la construction de la crypte n’avait pu être 
achevée au moment de l’inquiétude, car il est ajouté 
qu’après l’alerte on t acheva complètement. 

Il nous est facile de répondre à cet exposé. 

D’abord, notre collègue a emprunté à la légende ce qui 
concerne le voyage des sœurs du prétendu seigneur de 
Saint-Florentin, ainsi que le don par elles fait des reli- 
ques; à cet égard le doute est bien permis, car on n’a 
rien d’authentique sur quoi il soit possible d’asseoir 
une opinion. 

Si la chapelle (sans crypte) existait en 833, les reli- 
ques, d’où qu’elles soient venues , ont pu y être dépo- 
sées ; mais s’il est démontré qu’elle n’existait pas , la 
légende sera trompeuse. 

Il est prudent de laisser ce point en suspens ; nous y 
reviendrons : en tout cas, il serait plus sûr d’admettre 
que, si les reliques ont été obtenues en 832 ou 835, 
n’importe par quelle voie, elles ont été déposées directe- 
ment dans la chapelle qui est indiquée comme placée sur 
l’éminence qui porte encore le nom de prieuré, ou à 
proximité. 

Or, la charte de 1038 citée plus haut nous apprend 
que les reliques des saints martyrs existaient précisé- 
ment dans une chapelle située sur cette éminence. Cette 
chapelle était dédiée spécialement à la Sainte Mère de 
Dieu, et elle était dans le château qui était nommé le 
château de Saint-Florentin ; in castello Sancti-Florentmi 
de nomme dicto (1). 

(I) Autrement, sans inversion : in castello dicto de nomine 

Sancti-Florentini. 


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A SAINT-FLORENTIN. 


703 

C’était bien là le vrai château, précédemment le cas- 
trum florentinum, et il n’y en avait pas d’autre ; tout ce 
qui est allégué de contraire est dénué de toute authen- 
ticité. 

De 1088 à 114 5, rien n’a changé en ce qui concerne le 
château et la chapelle qui contenait les reliques. La do- 
nation faite par le vicomte à cette époque et dont nous 
avons déjà fait mention, ne permet pas d’en douter. 

Nous comptons donc trois siècles de possession de 
ces reliques dans la vraie chapelle du château , en pre- 
nant pour point de départ la date donnée par la légende, 
832 ou 833. 

En résultat, les comtes de Champagne n’ont pas pen. 
dant trois siècles — et ensuite — possédé d’autre cha- 
pelle que celle qui a été réunie à l’abbaye, réduite depuis 
des siècles en simple prieuré ; jamais ils n’en ont pos- 
sédé dans la ville ; donc, celle qui a existé avant — ou 
avec — la crypte, n’était pas la chapelle du château; — 
donc, il n’y avait pas de château sur l’emplacement oc- 
cupé de nos jours par l’église. 

D’ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que la garde 
des reliques ne regardait pas les habitants ; elle était 
Commise soit aux chanoines, soit aux moines qui desser- 
vaient la chapelle donnée par le comte Thibaut, lequel 
s’était déchargé sur eux de ce soin pieux. 

S’il en était ainsi, quelque grandes qu’aient pu être 
leurs inquiétudes à la date indiquée, en leur supposant 
un motif réel , les habitants n’ont pu avoir la pensée 
d’en dépouiller les légitimes possesseurs , et dès lors, la 
construction d’une crypte pour les cacher ne s’explique 
pas et n’a pas sa raison d’être; et puis, à qui fera-t-on 
croire qu’on ait essayé de construire sous une chapelle 

Se. hiit. 46 


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704 . CRYPTE OC CI1APE1.I.E SOUTERRAINE 

du ix° siècle une crypte monumentale dans le style du 
xii° ! Les architectes de ce siècle n’étaient pas gens à 
tenter un pareil tour de force. Nous ne devons , ni ne 
voulons insister davantage sur un point aussi élémen- 
taire. 

Disons plus tôt, ce qui est plus que vraisemblable et 
qui devra être reconnu pour vrai, qu’au milieu du 
xii® siècle, lorsque, de tous côtés , on élevait à grands 
frais de magnifiques églises, ce qui, soit dit en passant, 
[trouve qu’on jouissait d’une sécurité suffisante, il s’est 
trouvé à Saint-Florentin un homme riche , puissant et 
religieux, qui a voulu se donner la satisfaction de faire 
en petit ce que les monastères et les évêques faisaient en 
grand, et dès lors, notre édifice a du être construit, mais 
en entier, dans le style de l’époque, xn® siècle. 

Enfin, maintenant qu’il est démontré que la construc- 
tion entière date de ce siècle , nous pouvons affirmer ce 
que nous avons avancé plus haut, qu’au ix° siècle il 
n’existait pas de chapelle en cet endroit. 

Il nous reste à faire une dernière réflexion au sujet de 
la crypte : quant à sa prétendue destination elle était 
entièrement occulte, nous dit-on. Elle ne communiquait 
avec la maison qui la surmontait que par un petit esca* 
lier dérobé, dont l’entrée même était alors dissimulée 
dans un endroit secret et retiré de cette maison. 

A cela , nous répondrons qu’une construction aussi 
remarquable par ses proportions comme par son style 
n’était en aucune manière occulte ; qu’elle a dû appeler 
l’attention de tous, surtout si (par impossible), on ad- 
met avec notre collègue l’existence d’une chapelle supé- 
rieure ancienne ouverte au public; ou plutôt, si l’on 
considère, ce qui est positif, qu’il s’agissait de la cons- 


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A S AI NT-FI.ORENTIN . 


705 


traction d’une double chapelle (basse et haute); d’ail- 
leurs, dans l’une comme dans l’autre hypothèse , on ne 
peut dire que la crypte était cachée par une maison qui la 
surmontait. Ce serait anticiper singulièrement sur les 
événements. En effet, l’édifice du xii® siècle est , en en- 
tier, resté debout jusqu’au xiv° , époque à laquelle la 
chapelle supérieure ayant été détruite, il a été élevé sur 
la voûte de la crypte une habitation ordinaire sembla- 
ble à celle qui existe actuellement (1), et la crypte est 
devenue, comme elle l’est encore , un fort beau cellier. 

Quant à l’escalier, il ressemble à tous ceux que l’on 
construisait à cette époque , et il ne faut pas oublier 
qu’il se continuait jusqu’aux combles de la chapelle su- 
périeure, puisque notre collègue s’est assuré que cette 
partie, devenue inutile, n’a été détruite que depuis moins 
de trente ans. 

Enfin , nous disons, avec l’abbé Bourrassé « que les 
« cryptes monumentales que nous voyons sous nos édi- 
te fices religieux des xr et xn° siècles (2) ont été cons- 
« truites par imitation des catacombes et autres lieux 
« secrets, où Tes premiers chrétiens se cachaient pour 
« échapper aux persécuteurs. » C’est aussi à cette pieuse 
idée et nullement à la nécessité qu’est due la construction 


(lj II est à remarquer que le rez-de-chaussée des maisons, de 
ce côté de la rue, est au niveau de celle rue, tandis qu’il faut 
monter plusieurs marches pour entrer dans celle qui couvre 
la crypte. Ainsi la voûte a toujours été plus élevée que le sol 
delà rue. Cette partie du monument n’était donc pas enfoncée 
sous le sol et complètement occulte. Elle était, au contraire, très 
apparente. 

(2) Les églises de Saint-Germain et de Saint-Etienne d’Au- 
xerre en possèdent qui sont remarquables entre toutes. 


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"00 CRYPTE OU CIIAPP.LLK SOUTERRAINE 

de notre remarquable crypte. Qu’importe, du reste, que 
saint Bernard et Thomas Becket, aient visité cette crypte 
laquelle, aussi bien sans doute que la chapelle supé- 
rieure était ouverte à tous? on n’en saurait rien con- 
clure, sinon que ces vénérables personnages ont voulu 
satisfaire leur dévotion ou leur curiosité. Saint Bernard 
ne se cachait pas ; il prêchait hardiment devant les rois, 
les princes et le peuple, dans la basilique de Vézelay et 
même en dehors, sur le côteau de la Cordelle ; quant à 
l’archevêque de Cantorbéry, persécuté, il pouvait fuir, 
mais il ne se cachait pas; on le rencontrait à Sens et à 
Pontigny, et il montait au jubé de l’église de Vézelay, 
pour fulminer contre ses persécuteurs une sentence 
d’excommunication. 


V. 

Nous croyons avoir complètement justifié nos alléga- 
tions et rétabli des faits qui ont leur importance , nous 
nous sommes appuyé sur des documents authentiques 
dont il n’est pas possible de contester la valeur et dont 
le sens est positif; aussi, nous aimons à croire que notre 
collègue ne pourra refuser de reconnaître qu’il s’est 
trompé; qu’il se console : Errare humanum est ! 

Mais, en méditant sur les faits historiques qui font 
l’objet de celte étude, et tout en ayant la conviction que 
j’étais dans le vrai, il me restait cependant un désir; je 
me disais : puisque la chapelle et la crypte n’ont jamais 
pu être une annexe ou une dépendance d’un château 
dont l’existence est chimérique, il serait intéressant de 
savoir quelle a été la destination de ce monument. Exis- 


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A SAINT-FLORENTIN. 


707 

tait-il près de lui un établissement religieux ou de cha- 
rité, monastère ou maison Dieu? J’attachais un très grand 
intérêt à trouver quelque document sur ce point qu’il 
importait de ne pas laisser sans solution. 

J’ai donc poursuivi mes recherches, et je crois que 
j’ai été assez heureux pour réussir au-delà de mes espé- 
rances. J’ai compulsé notre précieux Cartulaire, m’ar- 
rêtant sur chaque charte où il est fait mention de Saint- 
Florentin, — et enfin, à la date de l’année 1175, — j’ai 
trouvé une charte que je pourrais appeler, en style judi- 
ciaire, le titre d’origine de propriété de notre monu- 
ment (1). 

Nous avons mentionné plus haut la donation faite en 
1145 par le vicomte, au monaslère de Saint-Germain, de 
tout ce qu’il y avait dans ou sur l’église de Saint-Flo- 
rentin. 

Cette fois, c’est encore un vicomte, et probablement 
le fils du précédent — du nom de Rallier ( Haerius ) — 
« lequel, à la prière de sa vénérable épouse Ada , et 
« avec le consentement de leur fils, — donne et con- 
« cède au même monastère la chapelle que , par le don 
« et avec la permission de l’archevêque de Sens, il avait 
« édifiée dans l’enceinte de sa maison de Saint-Florentin. 
« — Et il fait don de cette chapelle, comme il la tenait 
« de la générosité du Prélat. » 

Cette construction était évidemment très récente, car 
la lettre W indique Guillaume de Champagne qui occu- 
pait le siège archiépiscopal depuis 11G8 seulement (21. 

(1) Cartulaire, I. II, p. 26*2. 

(2) Cette chapelle, faisant l'angle de deux rues, devait avoir 
son entrée au nord, du côté de l’habitation du Vicomte, qui 


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708 CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE 

Ainsi, le 'vicomte Rahier avait une maison particu- 
lière dans la ville, il y avait fait bâtir la chapelle , et 
pour assurer sa desserte ainsi que sa conservation, il la 
donnait au monastère , qui déjà avait été comblé des 
faveurs du comte et aussi de celles de son père (1). 


VI. 

En résumé, notre collègue a fait connaître la remar- 
quable crypte à laquelle personne ne pensait et dont on 
doit souhaiter la conservation. — Et, à mon tour , j’ai le 
mérite de prouver que la chapelle, ainsi que sa crypte, 
était chapelle privée, dont la construction est connue. 

Il est démontré que le tout a été construit de 1168 à 
1175. 

Cette chapelle n’a donc jamais été chapelle d’un chà- 


possédait nécessairement en cet endroit un certain enclos 
sous le nom de Courquillon probablement. 

(1) Texte i année 1175- — In nomine Patris et Filii et Spiritus 
Sancti. Amen. 

Ego Raerius, vice cornes Sancti-Florentini, notum fieri volo 
omnibus tam presentibus quam futuris , quod capellam quam 
dono et consensu domini W, Senonensis arcbiepiscopi intra 
ainbilum domus meæ de Sancto-Florentino ædifîcaveram — 
ad preces venerabilis Adæ conjugis nostræ, assensu etiam et 
voluntate filii nostri Willelmi et uxoris suæ Agnelis , — mo- 
naslerio beati Germani Aulissiodorensis, libéré et absolut© 
sicut eam Dominus Senosensis mihi donaverat — dono dedi et 
monachis ejusdem monasterii apud Sanctum-Florentinum 
degentibus perpetuo possidendum concessi. 

Luminaria vero in eadem capella de meo proprio adminis- 
trabunlur, pro hoc ilaquc bencflcio meo, venerabilis Humbal- 


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A SAINT-FLORENTIN. 709 

teau qui aurait existé bien antérieurement sur l’empla- 
cement de l’église actuelle (1). 

Enfin, il n’y a jamais eu de château en cet endroit. 

Ainsi se trouve vérifié et confirmé tout ce que j’ai dit 
dans ma notice de 1859. 

Pour ne rien oublier , je dois, en terminant , faire ob- 
server que, si dans ma relation de la réception du comte 
de Saint-Florentin en 1769, insérée dans l ’ Annuaire de 
1860, j’ai parlé de la visite au château (hôtel-de-ville), je 
n’ai certes pas eu la pensée de laisser croire que le châ- 
teau des comtes de Champagne ait existé en cet endroit; 
c’eût été un anachronisme ! Il s’agissait simplement du 
palais juridictional, édifice que M. Philipeaux de la Vril- 
lière, alors seigneur, avait fait construire vers 1701, 
lors de la suppression et de l’aliénation des fortifications 
de la ville. Il y avait établi le siège de sa seigneurie : — 
la mairie, la justice, les prisons, le grenier à sel, etc. — 
C’était donc, relativement à cette destination ainsi qu’au 
titre seigneurial qui y était attaché, un château, mais un 
château moderne, dont il n’y a pas lieu de s’occuper. 

Octobre 1 874 . 

dus sancti Germani abbas totus queconventus omuiutn bouo- 
rum quœ apud ipsos et in omnibus locis ipsorura flunt, me et 
uxorem meam et filium nostrum et Aguelem conjugem suam, 
et omnem progenium nostrum participes eflecerunt, et scripti 
sui autoritate firmaverunt. 

(1) Dans les chartes concernant la fondation de l’église au 
xix» siècle, cet emplacement est qualifié Place vague ou Motte 
de la Tour. Il avait donc existé une tour, mais rien de plus. A 
celte même époque, la villo était fortifiée et avait plusieurs 
tours, dont une seule, dite la Tour des Cloches , est encore de- 
bout. 


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710 


CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE 


NOTES COMPLÉMENTAIRES 

Dans la pensée de M. C. Hermelin, le château occu- 
pait l’emplacement de l’église actuelle ; or, suivant lui , 
c’était « le château fort, château qui était seul au dedans 
« de l’enceinte, et cette enceinte de la forteresse était 
« fermée par de hautes murailles, sept tours, et des 
« fossés de circonvallation doubles, en plusieurs en- 
« droits. » 

Or, cette enceinte embrasse ce que nous reconnaissons 
tous comme formant la ville ou cité. 

Mais, toujours selon notre collègue, pendant long- 
temps, « tout cet espace formait (avec son chàteau-ibrl 
« la forteresse; le château, pour sa défense, ayant bc- 
« soin que rien n’entravât sa vue et sa liberté d’action. » 

Cette étendue était ce que l’on peut appeler, dit-il, 
le Vol du chapon. 

Enfin, dans cette hypothèse, un seul bâtiment avait 
trouvé grâce : ce fut « la Chapelle du château. » 

Et il est bien entendu que celte chapelle était celle 
du ix e siècle, dont il ne reste aujourd’hui que la crypte 
du xii®. 

Nous savons maintenant que la crypte et sa chapelle 
sont bien de la fin du xn e siècle, que la chapelle était 
propriété privée, bâtie dans l’enceinte de la maison que 
le vicomte possédait dans la ville, et dès lors elle n’a pu 
être au ix e siècle la chapelle du château, puisqu’elle 
n’existait pas. 


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A SAINT- FLORENTIN. 


711 

Le prétendu château était donc seul au milieu de la 
vaste enceinte fortifiée? Quelle importance avait-il donc? 
C’eût été presque une citadelle ?... 

Il est sage d’écarter toute exagération, et il est tout 
rationnel d’admettre ce qui d’ailleurs est la vérité, que 
l’enceinte bien connue renfermait la petite ville; on voit 
encore des restes de ses murailles à l’aspect du sud, et 
l’une des sept tours est encore debout à l’angle sud-ouest, 
sans que l’on puisse assigner à ces remarquables restes 
la date du ix° siècle. 

A défaut de la chapelle qui n’existait pas, et parce que 
le prétendu château-fort u’exislait pas non plus, les pré- 
cieuses reliques apportées au ix° siècle, suivant la 
légende, ont été déposées... où ?... non dans ce château, 
ni dans l’enceinte fortifiée, mais, dans une chapelle si- 
luée sur une éminence qui porte encore le nom de 
prieuré, chapelle qui, de l’aveu de notre collègue, était 
sous le vocable de Saint-Florentin; et la charte de 1088, 
laquelle a, sur la légende invoquée par lui, le mérite de 
l’authenticité, parle de celte chapelle dans laquelle 
« étaient conservées avec vénération les reliques. » 
comme située dans le château qui... lui et non la cha- 
pelle.... portait le nom de Saint-Florentin ; — in castello 
Sancto Florentino de nomine dicto... C’était bien le lieu 
qui a conservé le nom de Prieuré, car il est fait mention 
du monastère existant à côté du château et qui est com- 
pris dans la donation de la chapelle dite de Saint-Flo- 
rentin, parce qu’elle conservait les reliques du nouveau 
patron. 

Or, c’est bien cette chapelle qui a été détruite lors 
des guerres, aussi bien que les autres édifices qui, 
comme elle, étaient en dehors de la grande enceinte. 


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712 CRYPTE OU CHAPELLE SOUTERRAINE. 

Elle a été détraite, porte la charte de 1336, parce qu’elle 
était préjudiciable au chastel. 

Il est à remarquer que, par cette charte, ou plutôt par 
celle antérieure (de 1357), le roi (Charles V) avait fait 
don aux habitants d’un emplacement, lieu dit sur le 
Tertre pour y faire et édifier une église ; comprenant aussi 
une maison qui s’y trouvait et qu’il possédait de son pro- 
pre domaine; « mais ce lieu ne fut pas trouvé convenable 
« à raison des caves, celliers et autres empêchements. » 

En conséquence, il décida que celte maison et ses 
dépendances seraient pour la demeurance du curé; et, 
pour la construction de l’église, il octroya aux habitants 
une moite vague, appelée la Motte de la Tour (1). 

C’est sur cette place vague et peu spacieuse que 
l’église actuelle a été édifiée sans difficulté, c’est à dire 
l’architecte n’a rencontré ni caves, ni souterrains, ni 
substructions ; ce qui prouve surabondamment que le 
château-fort n’a jamais existé en cet endroit. 

(1) Le tertre était aussi une motte ou éminence ; c'est eu ce 
lieu qu'était édifiée la maison d’habitation ou de séjour « de 
« la reine Jehanne de Bourgogne, aïeule du roi, au temps 
« qu'elle tenait la chaslelleuie de Saint-Florentin. » (Charte 
« de 1357). » 

Là était doue, en réalité, la maison seigneuriale. 


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CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES 

A LA SORBONNE 


RAPPORT DE M. HIPPEAU 

Secrétaire de la section d’Histoirc et de Philologie. 
(Août 1874 ) 


Des travaux sérieux ont recommandé au comité des 
travaux historiques la Société des sciences historiques et 
naturelles de l’Yonne. 

Créée en 1847, elle se composait alors de quarante 
membres ; elle en compte aujourd’hui deux cent trente. 
Depuis cette époque, elle a publié chaque année un vo- 
lume de son bulletin, où sont traités des sujets d’histoire 
et d’archéologie locales. 

Pour mettre à la disposition des travailleurs les textes 
originaux où se trouvent les sources de l’histoire de lu 
province, elle a, dès l’année 1850, publié en deux vo- 
lumes in-4°, sous le titre de Bibliothèque historique de 
f Yonne, un recueil de chroniques, légendes et documents 
divers, dont les uns n’avaient jamais été imprimés, et 
dont les autres étaient enfouis dans les in-folios de Ba- 


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714 CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES 

luze, de Labbe et des bénédictins. Quatre ans après a 
commencé, soiis le titre de Cartulaire général de l’ Yonne, 
la publication de trois volumes contenant plus de trois 
mille chartes. Cette publication, dirigée par M. Quanlin, 
archiviste du département, a attiré, à plusieurs reprises, 
l’attention de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 
qui a, dans son concours d’antiquités nationales, accordé, 
en 1855, une mention honorable au premier volume, et, 
en 1861, une médaille au second. Le troisième, qui a 
paru récemment et qui est consacré au xm° siècle, n'esl 
pas moins remarquable. La géographie de la cité d'Auxerre 
et du pagus de Sens a valu aussi à son auteur, M. Quan- 
lin, une mention très honorable. M. Quantin l’a fait pré- 
céder d’un mémoire dans lequel il décrit l’état moral, po- 
litique, religieux et administratif de la contrée à l’époque 
du xm e siècle. 

Ce sont les publications dues à l’érudition aussi solide 
que variée de M. Quanlin qui ont en grande partie valu 
cette année à la Société des sciences de l’Yonne les suf- 
frages du comité. 

En 1863, la Société a publié, en deux volumes in-8°, 
V Histoire des guerres du calvinisne et de la Ligue dans les 
contrées qui forment aujourd’hui le département de T Yonne. 
Ce travail n’intéressait pas seulement l’histoire locale, 
car les chefs des deux partis, le maréchal de Saint-André, 
le cardinal de Guise, le prince de Condé, l'amiral de Co- 
ligny, Dandelot et le cardinal de Châlillon ayant de grandes 
possessions et de somptueuses résidences dans ce pay s, 
c'est là que commencèrent constamment les prises d’ar- 
mes pendant les dix premières années de ces sanglantes 
guerres. 


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A LA SORBONNE. 


715 ' 


Ce livre excellent, dû à la plume exercée du savant et 
laborieux président de la Société des Sciences historiques 
et naturelles de l’Yonne. M. A. Challe, a été honoré, par 
l’Académie des Inscriptions, du second prix Gobert. L’au- 
teur, obéissant à un scrupule respectable, s’était demandé 
s’il était bien à propos de remettre en lumière les tristes 
souvenirs que réveille l’histoire de trentç années de dis- 
cordes sanglantes, de guerres acharnées, de dévastations 
et d’excès de tout genre, dans une contrée connue jus- 
que-là pour la douceur de ses mœurs, et où jamais les 
passions n’avaient approché du degré de violence qu’elles 
présentent à cette douloureuse époque. 

Mais i! a pensé qu ■, quelles qu’aient été les fureurs de 
nos devanciers, on peut tirer de précieux enseignements 
du spectacle des crimes commis par les deux partis, et 
des catastrophes qui les ont successivement accablés, 
pour éviter à jamais le retour de semblables calamités. 
Les terribles leçons, sans doute, que donne l’histoire des 
guerres politiques ou religieuses (nous ne le savons que 
trop) ne produisent pas toujours l’effet qu’on devrait en 
attendre; mais il ne faut point se lasser de les mettre 
sous les yeux des peuples et de leur rappeler les fautes 
auxquelles ils doivent imputer leurs désastres, et les ver- 
tus qui leur permettent de les réparer. L’aflligeant tableau 
des malheurs et des souffrances de la patrie, la pitié 
qu’ils inspirent augmentent encore l’affection qu’a pour 
elle toute âme bien née, et, en voyant à quels excès con- 
duit le déchaînement des passions, on comprend mieux 
le prix de la tolérance, de la modération et de la sagesse. 

C’est encore à M. Challe qu’est due l’intéressante Elude 
sur deux cantons de l'ancien Nivernais et de l’ancien Gilti- 


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746 


LES SOCIÉTÉS SAVANTES 

nais, publiée en 1 872 par la Société des sciences histo- 
riques de l’Yonne. 

Ces deux cantons ont été réunis au département en 
1789, mais il avaient leur histoire séparée et, comme le 
fait voir M. Challe, une histoire très tranchée et abondant 
en faits graves et quelquefois fort émouvants. 

En 1864, la 'Société, avec l’aide de l’administration 
départementale, qui avait mis à sa disposition les agents- 
voyers vicinaux, a procédé à la recherche de toutes les 
voies romaines de la contrée. Les renseignements dus à 
cette importante opération ont été exposés avec les détails 
nécessaires, accompagnés d’une carte générale, de plans 
et de profils des voies découvertes, dans un mémoire de 
MM. Quantin et Boucheron, agent- voyer en chef, direc- 
teurs de cet important travail. 

Une des publications les plus intéressantes, sans con- 
tredit, de la Société de l’Yonne, est celles des lettres de 
l’abbé Lebcuf, ce savant historiographe de Paris, cet ar- 
chéologue érudit qui, au siècle dernier, avait compris 
toute 1 importance de l’archéologie monumentale du 
moyen-àge, cette science que notre siècle a retrouvée et 
développée. Vous m’approuverez, messieurs, si je saisis 
cette occasion pour rappeler ici le nom des hommes qui 
ont contribué le plus à en répandre le goût et à en vulga- 
riser les résultats. M. de Caumont, dont la mort, annon- 
cée ici-même l’année dernière, (car les sociétés, comme 
les familles, dont quelques-unes sont parfois si cruelle- 
ment éprouvées, ont aussi leurs jours de deuil), avait 
causé une bien vive émotion parmi les nombreux amis 
de ce digne et excellent missionnaire de la science. 

Les Lettres de l’abbé Lebeuf ont eu pour éditeurs 


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A LA SORBONNE. 


. 717 

MM. Chérest et Quantin. Elles abondent en renseigne- 
ments instructifs et curieux. Nous connaissons l’abbé 
Lebeuf, sa vie et ses œuvres, si bien appréciées par 
notre confrère, M. Hippolyte Cocheris, dans son intro- 
duction à la nouvelle édition de V Histoire du diocèse de 
Paris. Sa correspondance, qui présente un intérêt géné- 
ral, en offrait un tout particulier à la Société historique 
de l’Yonne. Lebeuf est, avec Sainte-Palaye, le plus illustre 
représentant des études historiques dans l’Auxerrois; 
l’honneur de rendre hommage à sa mémoire appartenait 
donc surtout à la ville qui l’a vu naître et à la compagnie 
qui se place sous le patronage de ce nom respecté. Quatre 
sources principales ont fourni aux éditeurs les lettres 
qu’ils ont publiées : la collection de la Société des sciences 
historiques de l’Yonne, celle de M. de Fontaine, et deux 
recueils conservés à la bibliothèque Sainte-Geneviève 
de Paris. 

La plus abondante est la seconde. Elle se compose de 
trois volumes in-4° contenant à eux seuls 147 lettres auto- 
graphes, écrites de 1713 à 1752. La famille Garsemont 
de Fontaine, à laquelle la première collection appartient, 
n’a pas hésité à la mettre à la disposition des éditeurs. 
En offrant à M. de Fontaine l’expression de leur gratitude, 
ils rendent un juste hommage au noble sentiment qui 
fait préférer à la satisfaction stérile de posséder seul un 
trésor littéraire, le plaisir d’en procurer la jouissance à 
tous ceux qui s’intéressent aux études historiques. L’au- 
teur de la préface du premier volume de cette correspon- 
dance, 31. Chérest, avoue, avec une franchise qui l’honore, 
que l’on aurait tort d’y chercher ce que l’on admire dans 
les productions les plus connues de l’abbé Lebeuf. 


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718 . CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES 

Quand le célèbre écrivain, dit-il, eut atteint la maturité 
de sun âge et conquis la plénitude de son talent, il pro- 
digua dans ses ouvrages, et jusque dans les moindres 
fragments de sa correspondance journalière, les trésors 
de son immense érudition. Au lieu de restreindre l'acti- 
vité de son esprit aux minuties de l’histoire locale, il 
scruta les antiquités de la France entière. C’est qu’alors il 
avait, par des lectures sans nombre, par des recherches 
opiniâtres, par des voyages intelligemment dirigés, et 
par un commerce fécond avec les savants les plus illustres 
de l’époque, accumulé des matériaux de tout genre que 
la mort ne lui permit pas d épurer entièrement. Les pre- 
mières lettres publiées sont des œuvres de sa jeunesse ; 
elles s’arrêtent à l’année 1725, lorsqu'il comptait à peine 
trente-huit ans. Jusqu’à cette époque, le sous-chantre de 
PAuxerrois avait consacré les forces les plus vives de son 
intelligence à la liturgie et à l’agiographie. Il s'était jeté 
avec ardeur au plus fort des querelles qui, sur les ques- 
tions qu’il traitait, divisaient l’Eglise. 

Les lettres dont nous parlons ne contiennent donc pas, 
comme celles du second volume, les épanchements d’une 
existence paisible et respectée de tous, mais les luttes et 
les déboires du théologien, de l'homme de controverse et 
de polémique. Le deuxième vo'ume de sa correspondance 
présente un tout autre caractère. Il y annonce et prépare, 
pour ainsi dire, les travaux dont il veut s’occuper et qu’il 
a l’intention de publier dans un des nombreux recueils 
qu’il a si longtemps enrichis. Ce sont souvent de véri- 
tables dissertations sur les sujets les plus divers, et l’on 
n’admire pas moins la fécondité de ses aperçus que la 
sagacité dont il fait preuve dans ses recherches. Quelques 


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A LA SORBONNE. 


719 

mois d’éloge au savant* laborieux auquel la Société de 
l’Yonne a offert un juste hommage ne me parait pas dé- 
placé dans une enceinte où sont réunis en si grand 
nombre les dignes émules qui ont recueilli ses traditions. 

Les publications que je viens d’indiquer n’ont pas 
épuisé l’activité des membres de la Société historique de 
l’Yonne. Elle a publié, en 1868, les deux derniers vo- 
lumes d’une Etude sur Vézelay, par M. Chérest, dont le 
premier avait paru dans son Bulletin de 1862. Cet ou- 
vrage a été apprécié à l'époque du concours des Sociétés 
savantes, en 1869, par notre confrère M. Jourdain. En 
faisant connaître l’intérêt qu’il présente, il avait en même 
temps révélé un important service rendu à la science par 
M. Chérest. Dans l’exemplaire unique qui existe de la 
Chronique de Vézelay, par Hugues de Poitiers, vingt-six 
feuillets ont été lacérés du haut en bas vers le milieu de 
leur largeur. 

M. Chérest a pu, à force de patience et d’habileté, res- 
tituer, sinon le texte même de la chronique, mais du 
moins les événements racontés par le chroniqueur et 
embrassant une période de trois années, de 1152 à 1155. 
M. Augustin Thierry a fait connaître la lutte opiniâtre des 
bourgeois de Vézelay contre les moines de l’abbaye de 
Sainte-Marie-Madeleine. L’illustre historien, que préoc- 
cupait surtout l’étude du mouvement communal, s’est 
borné à mettre en saillie les principaux actes du drame 
terrible et complexe dont le chroniqueur lui avait fourni 
les éléments. Il n’avait pas oublié de peindre, à côté des 
bourgeois combattant pour leur indépendance, le repré- 
sentant de la féodalité laïque, le comte Guillaume de 
Nevers, s’alliapt aux gens de la commune pour humilier 

Sc. Ilif-t. <17 


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720 


CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES 


l’orgueil des abbés de la Madeleine, et s’enrichir, s’il le 
pouvait, de leurs dépouilles. 

Mais ce n’était pas seulement la turbulence des bour- 
geois ou la rapacité du comte de Nevers qui inquiétaient 
les moines de la Madeleine : c’étaient encore les tendances 
unitaires des Clunisiens, qui prétendaient soumettre à. 
la même règle toutes les abbayes bénédictines de France 
et imposer leur suprématie à Vézelay comme ailleurs. 
C’étaient aussi les efforts de l’evêque d’Autun pour faire 
valoir leur autorité diocésaine. C’était, enfin, la politique 
envahissante du roi de France qui, dans le conflit de 
tant de prétentions diverses, cherchait l’occasion d’une 
nouvelle conquête. Les moines de la Madeleine ne vou- 
lant pas plus céder aux comtes de Nevers qu'aux bour- 
geois, àCluny qu’à Âutun, au roi de France qu’à tous les 
autres, la lutte devait se prolonger et se prolongea, en effet, 
indéfiniment. L’auteur de l'Étude sur Vézelay l’a suivie 
dans toutes ses phases, jusqu’aux événements qui, en 
1 31 2, assurèrent le triomphe de l’autorité royale. Mais là ne 
s’est pas arrêtée son œuvre : il a exposé de la manière la 
plus complète les relations de l’abbaye, soit avec les pou- 
voirs laïques, soit avec les habitants, jusqu’au moment 
où une bulle pontificale du 30 janvier 1 538, enlevant à 
l’ordre de Saint-Benoît une de ses plus fameuses mai- 
sons, supprima le monastère et le remplaça par un col- 
lège de chanoines. 

L’histoire de la collégiale de Vézelay, depuis son éta- 
blissement jusqu’en 1790, n’est nullement dépourvue 
d’intérêt. Quant à la petite ville autour de laquelle s’é- 
taient agitées tant de passions ambitieuses, ’M/Chérest 
aime à rassembler tous les traits qui mettent en relief 


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A LA SORBONNE. 


721 

l’énergie de ses habitants et la constance avec laquelle ils 
ont toujours défendu leurs droits et leur indépendance. 
Ils adhérèrent de bonne heure aux doctrines du protestan- 
tisme, et, pendant les crises orageuses du xv® siècle, les 
franchises municipales, qui devaient bientôt disparaître 
au milieu des splendeurs de la monarchie absolue de 
Louis XIV, avaient atteint un développement qu’elles 
n’avaient jamais connu dans les siècles précédents. 


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LES 0UVR01RS CAMPAGNARDS 


Par M. J.-B. MICHOU 


En 1842, j’avais 21 ans, et j étais instituteur à Chanip- 
eevrais. Je venais de lire les Orateurs parlementaires, 
nouvellement parus, quand, un jour, je vis entrer dans 
ma classe un homme à l’œil respectable, que je reconnus 
aussitôt au portrait placé en tête du livre en question. Il 
« sollicita humblement de moi l’honneur d’un moment 
d’entretien (sic). » 

Il me parla de la nécessité d’habituer les petites filles 
à l’ordre, à la propreté, en un mot à leur rôle futur de 
femmes de ménage. Je lui répondis que, bien jeune et à 
peine débutant dans la carrrière, je regardais l’éducation 
de la petite fille comme la base fondamentale de tout 
système rationnel d’éducation ; que, s’en écarter, c’était 
vouloir poser la pyramide sur sa pointe. 

M. de Cormenin parut extrêmement surpris de voir sa 
théorie adoptée avec foi par un jeune homme, presque 
un enfant. Alors il me développa ses idées sur les ouvroirs 


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LES OUVROIRS CAMPAGNARDS. 


723 

campagnards et me proposa d’en annexer un à ma classe. 
Je le menai chez le curé, homme des plus intelligents, 
qui promit son concours, mais qui, relevé de sa troisième 
ou quatrième interdiction, ne tarda pas à me laisser toute 
la charge de l’œuvre, pour se lancer dans des désordres 
qui le firent interdire à toujours. Le maire, M. Delaboire, 
me seconda mieux. 

Les ouvroirs de M. de Cormenin étaient de modestes 
réunions de petites filles, qui, sous la conduite d'une lin- 
gère ou couturière, honnête femme, se livraient à des 
travaux de couture, de tricot, de raccommodages. Les 
broderies et les autres ouvrages de luxe en étaient impi- 
toyablement bannis. Jusqu’en 1843, époque où je fus 
appelé au collège de Joigny, mon petit ouvroir donna les 
meilleurs résultats. Avant moi, les enfants venaient à 
l’école en laissant volontiers leurs sabots à la maison. En 
un an, j’avais pu, m’appuyant sur les exigences des ins- 
pecteurs, obtenir des sabots, des chaussons et même des 
bas; mais je n’avais jamais pu arriver à voir ces bas et 
ces chaussons non troués, les mères n’ayant pas le temps 
de manier l’aiguille, ou plutôt ne sachant pas s’en servir. 

Quand l’ouvroir fut institué, les petites filles réparèrent 
d’abord leurs vêtements ; puis je les engageai à travailler 
à la blouse du frère et plus tard à celle du cousin, puis du 
condisciple étranger. Dès ce moment, plus de trous; 
l’ordre et la propreté régnaient en maîtres, et le gamin 
le moins soigneux se montrait empressé à faire reprendre 
un accroc. 

Je dois avouer que les autorités scolaires goûtèrent peu 
la modeste institution. Elles auraient voulu plus d’appa- 
rat; elles auraient, d’après les règlements, voulu que la 


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LES 0UVHOWS CAMI’AGNÀIIDS. 


724 

maîtresse fût pourvue d’un diplôme. La pauvrette ne sa- 
vait ni a, ni b] mais, dans l’accomplissement de sa tâche, 
elle apportait un zèle admirable, et montrait une douceur 
exemplaire. Il fallait aussi de ma part un zèle vraiment 
apostolique, pour venir à bout des préventions qui nous 
obsédaient. Quand je fus parti, tout s’écroula. 

Notre ouvroir avait peu de ressources; une subvention 
de 40 fr. accordée par le ministre. Au début, M. de Cor- 
menin avait envoyé un ballot de fil, aiguilles, coton à 
coudre et à marquer, canevas, ciseaux, dés, boutons, etc. 
J’ai toujours admiré le terrible pamphlétaire, faisant trêve 
à sa misanthropie, pour aller lui-même , chez le mercier, 
acheter toute une pacotille destinée à de petites filles de 
campagne. J’ai toujours admiré la plume, qui lançait tant 
d’invectives au pouvoir, se reposer en m’écrivant : 
« Quand les petites filles sauront bien coudre, ce qu’elles 
auront de mieux à faire, ce sera de tricoter des bretelles, 
des bas de coton pour elles-mêmes, et d’apporter de leur 
logis, dans leurs paniers, leur linge et vêtements et ceux 
de leurs frères et sœurs ou parents pour les raccommoder. » 
(V. une des lettres ci-jointes.) 

Je m’étonnais et je m’étonne encore qu’un homme si 
haut placé, qu’un homme si fort de la pointe de la plume, 
écrivît au plus humble des pédagogues de village : « J’ai 
l’honneur de... » et finît toutes ses lettres par cette for- 
mule : « Je suis votre très-humble et très-obéissant servi- 
teur. » J’ai revu très souvent M. de Cormenin. J’ai passé 
une journée entière chez lui à La Motte-Vimory, près de 
Monlargis, avec lui, sa sœur et son beau-frère, marquis et 
m/rquise. Je l’ai toujours trouvé le même, parlant peu, 
interrogeant beaucoup et s’excusant de sa hardiesse. Il 


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LES OUVROIRS CAMPAGNARDS. 


725 


me consulta souvent sur des questions d’instruction pri- 
maire; le Post-Scriptum de sa lettre du 11 novembre 
1843 le prouve. Il me parla de son pamphlet universi- 
taire bien longtemps avant de le publier. 

M. de Cormenin passait pour utopiste. Beaucoup de 
laits qu’il m’avait prédits se sont réalisés. Que n’a-t-on 
cru cette nouvelle pauvre Cassandre? Que ne croit-on 
d’autres prophètes encore vivants ! Nous n’aurions peut- 
être pas à dép'orer tant de malheurs. 

Plus de trente ans se sont écoulés depuis l’essai des 
ouvroirs. Mon illusion m’est restée : je crois que l’avenir 
du pays est attaché à l’éducation des filles, mais à uneédu- 
cation rationnelle. Je ne crains pas de le dire : aujour- 
d’hui on ne fait que des grandes dames, ou des hypocrites, 
ou des libres-penseuses. Quant aux devoirs de famille, il 
n’en est pas question. 

L’histoire nous montre les vertus de nos pères pour 
nous engager à faire de même, et leurs fautes pour que 
nous n’y tombions pas nous-mêmes. Pourquoi la Société 
des Sciences historiques ne prendrait-elle pas l’initiative 
de la grande réforme par les femmes ? C’est la femme qui, 
au moyen âge, nous a sauvés de la barbarie : c’est elle 
qui , aujourd'hui , peut nous garantir de la décadence. 
Veillons et agissons I 

Saint-Florentin, 2 octobre 1874. 

P. S. — Je possède encore sept ou huit lettres do M. de Cor- 
menin; mais elles ont un caractère trop personnel et trop 
intime pour que je m’en dessaisisse. L’Ecole normale doit en 
avoir une écrite à mon sujet. 


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726 


LES 0UYR0IRS CAMPAGNARDS. 


Ce 10 août. 


Monsieur, 

Vous vous rappelez peut-être que j’ai eu l’honneur de vous 
voir en passant à Champcevrais et que vous me menâtes chez 
M. le curé de votre commune qui, ainsi que vous, accueillit 
fort bien mon projet d’oüvroir pour les jeunes filles. 

Avez-vous eu la bonté d’y songer, et M. le curé a-t-il vu 
M. de la Boire ? Je vous ai dit, je crois, que la dépense consis- 
terait en une indemnité de 50 fr^ 

pour la lingère ou couturière qui prendrait les petites 
filles pendant trois ou quatre mois d’hiver et trois 
heures par jour ; 

En un peu de bois que M. de la Boire, m’avez-vous 
dit, donnerait volontiers. 

En renouvellement de ciseaux, fil, aiguilles, etc. . . . 10 fr> 

Mettez pour gratification 10 fr. 

70 fr. 

Je me chargerai pour la première fois de la fourniture de 
fil, aiguilles, ciseaux, dés, etc. pour 12 ou 15 petites filles. 

Sur cette somme de 70 fr., j’aurai du ministère de l’instruc- 
tion un mandat de 40 fr. C’est donc 30 à 40 fr. tout au plus à 
trouver par souscription, quête, ou aide de la commune. 
J’avais oublié de vous dire que celte institution tient lieu "de 
salle d’asile aux petites filles qu’ou n’envoie guères à l'école 
qu’à 7 ans, qui peuvent aller à l’ouvroir dès 5 ans et demi, 
parce qu’elles commencent à travailler sous les yeux de leurs 
aînées, qui sont complaisantes pour elles. 

Je regarde cette œuvre comme devant puissamment aider, 
par une meilleure éducation des femmes, à la régénération 
morale de cette époque et comme étant digne, sous ce rap- 
port, de toute la sollicitude des gens de bien. 

Le Ministre m’y encourage fort, car c’est un homme d’esprit 
qui, au premier mot que je lui en ai dit, a senti tout le parti 
qu’on peut en tirer. J’espère, monsieur; que vous voudrez 


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LES OUVROIRS CAMPAGNARDS. 727 


bien, ainsi que M. le curéel M. de la Boire, me prêter voire 
aide dans cette circonslance. 

Ayez la bonté de me faire un mot de réponse le plus tôt 
possible. Je me mets entièrement à votre disposition. Je suis 
prêt à vous donner tous les détails d'éclaircissement sur telle 
œuvre que j’ai déjà fondée, au surplus, dans cinq communes 
où elle a très-bien, réussi. Je me suis d’ailleurs assuré le con- 
cours empressé de M. le sous-préfet de Joigny, et lorsque vous 
vous serez entendu, vous, M. le curé et M. le maire sur les 
bases de l’ouvroir combinées avec celles de la classe, ainsi que 
sur le choix 4e la maîtresse et les probabilités de la réussite, 
je vous dirai la marche qui vous restera à suivre. 

JTai l honneur d’ètre, 

Monsieur, 

Votre très-humble et très -obéissant 
serviteur, 

Cormenin. 

Place de la Madeleine, 26, Paris. 


Montargis, le 31 décembre 1842. 


Monsieur, 

Je reçois votre lettre ce matin et vous voyez, à l'empresse- 
ment que je mets à vous répondre, l’intérêt que je porte à 
votre ouvroir et à un défenseur aussi zélé et aussi inteilligent 
que vous. Ces petites résistances d’amour-propre que vous me 
signalez ne m’étonnent point. Chaque commune a ses préju- 
gés, ses points d’honneur mal entendus, ses humeurs de ter- 
roir. Il faut les subir avec patience. Vous comprenez, monsieur, 
que ce n'est pas san6 obstacles , sans de petits dégoûts , ni 
sans soins et peines, que je suis parvenu à fonder cette an- 
Dée-ci treize ouvroirs tant dans le Loiret que dans l’Yonne. 
Mais j’en suis amplement dédommagé. Car, à l’heure qu’il est, 
mes 13 ouvroirs, pris dans leur ensemble, contiennent envi- 
ron 300 jeunes iilles, et c’est un beau résultat. Vous n’en avez 


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LES OUVROIRS CAMPAGNARDS. 


728 

encore que 8 ; mais c’est à la difficulté qu’il faut mesurer le 
succès. Nous n’en avions que 15 l’an dernier dans la commune 
où j’habite et nous voici arrivés au chiffre de 26. 

Ayez en 12 beulement et votre ouvroir sera fondé. Les pe- 
tites préventions se jdissiperont et le succès de l’œuvre se 
développera avec son utilité. J’engage votre directrice à faire 
marquer les enfants sur le canevas avec le coton rouge. Ordi- 
nairement elles commencent par là : elles font toutes les 
lettres de l’alphabet, puis les chiffres, et puis elles écrivent 
au bas, en coton rouge, leur nom et leur prénom. Cela les 
amuse et les flatte beaucoup. Elles sont enchantées lorsque 
leur marquoir est fini : elles le montrent à leurs mères et le 
gardent comme une pièce de travail. Cela d’ailleurs leur ap- 
prend môme mieux leurs chiffres et leurs lettres que d’écrire 
sur l’ardoise ou sur le papier. 

Il faudrait aussi prier madame de la Boire, si elle est à 
Champcevrais, de venir quelquefois inspecter les jeunes filles. 
Cela leur donnerait de l’émulation. Je sais que M. de la Boire 
est un excellent homme. Je présume aussi que celle de M. le 
curé, qui s’intéresse à l’ouvroir, sera très utile. Je dois rendre 
au surplus cette justice à messieurs les curés que partout ils 
ont senti parfaitement les avantages incontestables qu’un ou- 
vroir bien dirigé apporterait dans l’éducation des jeunes vil- 
lageoises. 

Je vous prierai, monsieur, de m’écrire à Paris où je retourne; 
en le faisant dans les premiers jours d’avril, vous aurez le 
temps d’expérimenter l’ouvroir. Je ne doute pas plus de votre 
réussite que de votre zèle. Au surplus, j’ai déjà eu occasion 
de remarquer que leur établisement est plus facile dans le 
Loiret que dans l’Yonne, quoique les villages soient plus ag- 
glomérés dans l’Yonne ; ce qui est déjà une immense condition 
de succès. Notre arrondissement de Joigny est plus discuteur. 
Vous direz peut-être qu’il ressemble à son mandataire. Mais 
si je suis un peu vif en politique, je suis en administration 
pratique, fort conciliant, et ami bien décidé du progrès intel- 
lectuel et surtout de l’amélioration morale du peuple. Si nons 
ne nous occupons pas de soulager les souffrances et d’éclairer 


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LES OUVROIRS CAMPAGNARDS. 


729 

l'ignorance des classes pauvres, qui donc, mon Dieu, s'en oc- 
cupera? Je n'aime pas la politique creuse, et un peu de bien 
fait aux pauvres vaut mieux, à mes yeux, que les plus belles 
théories. 

Je vous prie, monsieur, de me rappeler au souvenir de 
M. de la Boire et de M. le curé, et d'agréer les assurances de 
mon dévouement. 

Cormbnin. 

P. S. — Partout le chiffre des filles de l'ouvroir surpasse le 
chiffre des filles de l'école et presque partout aussi où s'éta- 
blit un ouvroir, le chiffre des filles de l’école augmente. Cela 
se conçoit. 


2 novembre 1843. 


Monsieur, 

Je finissais de répondre à M. le curé de Champcevrais lors- 
que j’ai reçu votre lettre. M. le curé pourra vous transmettre 
les détails que je lui donne. 

Les ouvroirs campagnards n'ont et ne doivent avoir que de 
très modestes proportions. C’est un lieu de travail et de refuge 
où les petites filles vont coudre, marquer, raccommoder, tri- 
coter pendant les trois heures de la journée qui leur sont lais- 
sées par l'instituteur. 

Quand les petites filles sauront bien coudre, ce qu'elles au- 
ront de mieux à faire, ce sera de tricoter des bretelles, des bas 
de coton pour elles-mêmes et d'apporter de leur logis, dans 
leurs paniers, leur linge et vêtements et ceux de leurs frères 
et sœurs ou parents pour les raccommoder. 

Tout ceci est de la plus grande simplicité, et c’est par là que 
l'œuvre est bonne. 

Votre bon esprit, monsieur, votre désir du bien, vous sug- 
gérera mille petites améliorations de détail qui sont propres 
aux habitudes et aux besoins de votre localité et que je ne puis 
ici deviner. 

C'est demain jeudi 3 novembre que les ouvroirs commen- 


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/ 



LES OUVHOIRS CAMPAGNARDS. 


730 

cent. J’opère sur une échelle de douze communes, et les résul- 
tats d’expériences diverses que j’en tirerai, me permettront, 
un peu plus tard, de vous en faire part. 

Il importe que vous viviez en bonne intelligence avec la 
maltresse de l’ouvroir. L’éducation intellectuelle et l’éducation 
matérielle doivent se prêter un mutuel secours, et elles le 
peuvent parfaitement bien. M. le curé, qui est un prêtre 
éclairé et bienveillant, vous secondera et vous trouverez les 
mêmes dispositions chez M. le maire. 

Je m’estimerai fort heureux si j’ai pu être la cause de quel- 
que bien pour votre commune, d’autant plus intéressante à 
soigner, qu’elle est plus retirée dans les terres et plus élo i 
gnée des villes populeuses. 

J’accepte avec reconnaissance la proposition que vous me 
faites de me tenir au courant des petits travaux et des pro- 
grès de notre ouvroir, et je vous prie de me croire, monsieur, 

Votre bien dévoué serviteur, 
Cormenin. 


11 novembre 1843. 


Monsieur, 

Vous m’annoncez par votre lettre du 9 novembre une nou- 
velle à laquelle je ne m’attendais guère?. 

Il ne faut cependant pas se désespérer, et si nous perdons 
cette femme, il faut en trouver une autre Réunissez-vous avec 
M. le curé et M. de la Boire et cherchez quelque nouvel expé- 
dient. 

J’ai une commune voisine où la maîtresse ne peut recevoir 
chez elle, mais elle s'entend avec le maître d’école, et elle va, 
à des heures convenues, donner des leçons à l’école même. 
On en agit comme dans les pensions, où vont les maîtresses 
de langue, de piano, de chant, etc. 

La couturière ou lingère que vous choisirez, peut aller 
dnriper h votre école des leçons aux petites filles pendant 


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J.E8 OUVROIRS CAMPAGNARDS. 


731 


l’heure de récréation des garçons. Je suppose qu’il y ait deux 
heures de récréation, ce serait deux heures de leçons. Ne fut-ce 
qu’une heure et demie, il ne faudrait pas se rebuter pour 
cela. Il est, au contraire, iiqporlant de continuer, parce que 
plus tard vous pouvez retrouver une autre femme à domicile. 
Votre frère ou tout autre instituteur peut se marier à une 
femme sachant le métier de couture. Il faut songer à l’avenir. 
Le bois que donnait, je crois, M. de la Boire, il pourrrait le 
donner à cette lingère ou couturière, et ceci ajouté à une 
somme d’argent, la déciderait à venir donner des leçons. D’ail- 
leurs, la surveillance du maire, du curé et la vôtre pendant 
les heures de leçons . préviendrait les inconvénients qui peu- 
vent résulter, en effet, pour certaines personnes de l’enseigne- 
ment à domicile. Ainsi, par exemple, une jeune personne peut 
donner plus facilement une heure et demie, deux heures de 
leçons à l’écoîe. 

Je vous propose cet expédient provisoire, que j’emploie dans 
une commune avec succès. Essayez, voyez et faites-moi ré- 
ponse. 

Si vous n’y pouviez réussir, vous auriez la bonté de me ré- 
pondre et je vous dirais où il faut remettre les petites fourni- 
tures. Mais j’espère que vous réussirez. 

J’ai l’honneur d’être, 

Monsieur, 

Votre très-humble et très-obéissant 
serviteur, 

Cormknin. 

/>. S. — Je dois voir sous peu M. le recteur d’ Académie et 
je lui parlerai de la situation des instituteurs. Si vous aviez 
quelques idées sur la formation d’une caissse de prévoyance 
et de secours mutuels pour les instituteurs, donnez-moi les. 


Monsieur, 

J’ai retrouvé à mon retour d’un long voyage, que je viens de 
faire en Espagne, vos deux lettres du mois de septembre. J’ai 


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732 


FÆS 0UVR0IRS CAMPAGNARDS. 


reçu également une autre lettre de M. l'inspecteur des écoles 
primaires de l'Yonne, qui m'exprime pour vous toutes sortes 
de bonnes sympathies. Je ne doute donc pas que vous en 
serez bientôt avantageusement # payé et comme vous le méri- 
tez. N'oubliez pas qu'au besoin je suis toujours prêt à vous 
appuyer. 

Un mot de votre ouvroir de Champcevrais : 

La maîtresse a dû recevoir pour l'année écoulée : 


1° Gratification du Ministre de l'intérieur 10 fr. 

2° Mandat du Ministre de l'instruction 40 fr. 


50 fr. 

De plus, la commune ne lui donne-t-elle pas quelque légère 
subvention, et enfin ce bon M. de la Boire n’y ajoute-t-il pas 
aussi ou quelqu'argent ou du bois? 

Je présume donc qd’elle a continué l'ouvroir et je vous prie- 
rai de vouloir bien m'adresser ici à Paris, comme à l’ordinaire, 
le tableau des enfants qui le fréquentent actuellement. 

Je crois aussi que vous ferez bien de faire adresser directe- 
ment au Préfet de l'Yonne, par M. de la Boire, une demande 
en subvention pour cette année-ci. Le Préfet est très-bien dis 
posé. De mon côté et sur le vu de votre tableau, je ferai prier 
1 e ministère de l'intérieur de continuer la subvention gratifi- 
cative . 


J’ai l'honneur d’ètre. 

Monsieur, 

Voire très-humble et très-obéissant 
serviteur, 

Gormexix. 


Ce 1 er janvier 1845. 


A» 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

HISTORIQUES ET NATURELLES 

DE L’YONNE. 


DEUXIÈME PARTIE. 


SCIENCES NATURELLES 


VINGT-HUITIÈME VOLUME 
TOME VII DE LA 2 e SERIE. 

i**4 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

HISTORIQUES ET NATURELLES DE L’YONNE. 


Année 1994. 

Il 

SCIENCES NATURELLES. 

CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE 

Par le D r P. Populus 


AVANT-PROPOS 

De nombreux et importants travaux sur la faune de 
l’Yonne ont été publiés déjà par la Société des sciences ; 
ce sont ceux de M. Paul Bert sur les Mammifères, les 
Oiseaux, les Reptiles et les Poissons ; de Robineau-Des- 
voidy sur les Diptères et sur deux familles de Coléoptères, 
les Longicornes et les Phytophagis; de M. Joffreys sur 
les Mollusques terrestres; de M. Charles de la Brûlerie, 
sur les Périndélides et les Carabides ; de M. Mabille et de 
M. Loriferne, sur les Lépidoptères. A ces publications je 
viens joindre aujourd'hui le catalogue des Hémiptères 


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4 CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

hétéroptères. Je n’ai pas besoin d’insister sur l’utilité de 
ces faunes locales, qui seules pourront permettre la créa- 
tion d’une géographie entomologique sérieuse ; malheu- 
reusement l’élude des Hémiptères a été fort négligée 
jusqu’ici, et bien peu de Sociétés départementales ont 
publié le catalogue de leur faune ; je n’en connais que 
deux qui concernent les Hémiptères, celui de M. Belle- 
voye, dans le bulletin de la Société d’histoire naturelle 
du département de la Moselle, en 1866; et celui de 
M. Lethierry, dans le mémoire de la Société des sciences 
et arts de Lille, en 1869. Ces catalogues, s’ils étaient plus 
nombreux, permettraient de comparer la richesse relative 
de chaque département au point de vue entomologique ; 
malgré leur petit nombre, j’ai essayé d’établir cette com- 
paraison dans le tableau synoptique ci-contre, en indi- 
quant par familles le nombre des espèces, recueillies 
dans les trois départements de la Moselle, du Nord et de 
l’Yonne : 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 


5 



NOMBRE D’ESPÈCES 

FAMILLES 

^ 

DANS 




la'Moselle. 

le Nord. 

l’Yonne. 

Pentatomides 

52 

36 

63 

Coréïdes 

21 

14 

30 

Bérytides 

4 

3 

10 

Lygéïdes 

44 

43 

51 

Tingides 

17 

13 

19 

Aradides 

5 

4 

2 

Capsides 

/ 

CO 

QO 

79 

• 101 

Anthocorides 

10 

12 

15 

Saldides 

5 

7 

3 

Phymalides 

1 

0 

1 

Réduvides 

13 

11 

13 

Hydrométrides 

■a 

11 


Naucorides 

WM 

1 


Népides 

B 



Notorectides 



4 

Corisides 

B 

11 

10 

Total 

272 

250 

332 


Le département de, l’Yonne comporte donc 60 espèces 
de plus que la Moselle et 82 de plus que le Nord ; il est 


t 


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6 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

vrai que ces chiffres n’ont rien d’absolu, puisque nous 
n’avons ni les uns ni les autres recueilli toutes les espèces 
qui peuvent se trouver dans nos départements respectifs ; 
mais l’approximation étant probablement la même pour 
chacun de nous, on peut admettre que le département de 
l'Yonne est sensiblement plus riche en Hémiptères que 
les départements du Nord et de la Moselle. Cette conclu- 
sion pouvait, du reste, être facilement supposée quand on 
considère la différence énorme qui existe entre les 
plaines fertiles de l’arrondissement de Sens et les mon- 
tagnes granitiques de l’Avallonnais , entre les vallées 
humides et boisées de la Puisaye et les coteaux calcaires 
des vignobles de l’Auxerrois. La variété infinie des sites 
indique à l’avance une grande variété dans la faune, et, 
en effet, les insectes d’Auxerre et d’Avallon ne sont pas en 
général ceux qu’on rencontre dans l’arrondissement de 
Sens. Je signalerai entre autres une localité fort limitée 
comprise entre Auxerre, Chablis, Coulanges-la-Vineuse 
et Irancy ; cette petite contrée est habitée par une faune 
très méridionale ; elle est spécialement caractérisée par 
la présence d’une belle cigale, la Cicada hœmatodes, 
Panzer, qu’on y trouve en grande abondance pendant les 
fortes, chaleurs de l’été; cet Homoptère se rencontre en- 
core un peu entre Auxerre et Joigny, mais au-delà il 
n’existe plus du tout. 

Je n’aurais pu mener à bonne fin ce travail si j’avais 
été livré à mes seules forces ; il m’eut fallu parcourir à 
plusieurs reprises nos cinq arrondissements, ce que mes 
occupations ne m’eussent pas permis; j’ai dû recourir à 
l’obligeance de plusieurs de nos collègues qui ont recueilli 
des Hémiptères dans l’Yonne ; je leur offre ici mes remer- 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 7 

ciements pour le bienveillant concours qu’ils m’ont prêté. 
M. Charles de la Brûlerie a bien voulu me remettre les 
chasses qu’il a faites aux environs de Saint-Florentin ; 
M. Loriferne a recueilli pour moi bon nombre d’espèces à 
Sens et à Pont-sur- Yonne ; enfin M. Poulain, maître- 
adjoint à l’école normale de Versailles, qui chaque année 
consacre ses vacances à des recherches entomologiques 
dans plusieurs parties du département, a été mon princi- 
pal collaborateur, non-seulement en fournissant à ce cata- 
logue un très grand nombre d'espèces qui m’étaient 
inconnues, mais encore en m’aidant à déterminer les 
espèces douteuses, soit par lui-même, soit avec l’aide de 
savants entomologistes avec lesquels il est en relations 
suivies. Je ne dois pas omettre non plus de mentionner 
ici les intéressants renseignements que j’ai puisés dans 
les notes laissées par Robineau-Desvoidy ; j’ai même 
trouvé dans les débris de la collection qu’il a laissée au 
Musée d’Auxerre plusieurs espèces propres à la Puisaye, 
et que je n'ai retrouvées sur aucun autre point du dépar- 
tement. 

La synonymie de l’ordre des Hémiptères étant fort em- 
brouillée, j’ai cru devoir la donner aussi complète que 
possible; j’ai, du reste, suivi, pour la classification, le 
catalogue du docteur Puton et l’ouvrage de Fieber, les 
plus complets que nous possédions à cette heure. Je donne 
ici, dans l’intérêt des personnes qui voudraient commen- 
cer l’étude des Hémiptères, la liste des principaux auteurs 
cités dans ce catalogue : 

Amyot. — Entomologie française. Rhynchotes. Paris, 1848. 
Amyot et Audinkt-Sbrvillb. — Histoire naturelle des in- 
sectes. Hémiptères. Paris, 1843. 


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8 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


Blanchard. — Histoire naturelle des insectes. Paris, 1840. 

Brullé. — Histoire naturelle des insectes, t. IX. Paris, 1836. 

Curtis. — British entomology. London, 1823-1840. 

Douglas aDd Scott. — The british Hemiptera. London 1865 . 

Fabricius. — Systema Rhyngotorum. Brunswigæ, 1803. 

Fieber. — Die europaïschen Hemiptera. Wien, 1861 . 

Germar. — Monographia cimicum Suecûe. Hafniæ, 1818. 

De Geer. — Mémoire pour servir à l’histoire des insectes , 
t. III. Stockholm. 1778. 

Goureau. — Bulletin de la Société des sciences historiques 
et naturelles de l’Yonne , passim. 

Kirschbaum. — Rhynchoten der Umgebung von Wiesbaden. 
1854. 

Laporte de Castelnau. — Essai d’une classification systé- 
matique sur les Hémiptères, in Magazin de zoologie de 
Guérin-Menneville. Paris, 1833. 

Linné. — Systema natures , 1767. 

Meyer-Dur — Verzeichniss der Schweizer Rhynchoten 
Capsini. 1843. 

Mulsant et Rey. — Histoire naturelle des Punaises de 
France. Paris, 1865-70. 

Puton. — Catalogue des Hémiptères hétéroptères d’Europe. 
Paris, 1869.' 

Signoret. — Annales de la Société entomologique de France , 
passim. 

Spinola. — Catalogue des Hémiptères hétéroptères. Gènes, 
1837. 


Ce catalogue devra nécessairement être complété plus 
tard ; je prie les personnes qui s’occupent d’entomologie 
de me faire connaître les Hémiptères qu’elles pourront 
trouver dans l’Yonne ; ces renseignements, que je rece_ 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 9 

vrai avec reconnaissance, seront insérés dans les supplé- 
ments que je devrai faire. 

Coulanges-la-Vineuse, le 25 novembre 1873. 


HETEROPTÈRES 


1 re Division. — GÉOCORISES. 
(Gymnocerata, Fieber). 

V* Famille. — PENTATOMIDES. 
(Megapeltides, Fleber. — Longiscutes, Am. Serv.) 


A. S CUTELLERIEN S . 

Coptoflomn, Lap. 

1. G. GLOBUS, Fabr. Cimex scarabœoïdes , Rossi. — Assez 
commun en été dans les jeunes taillis de chêne. Vincelles, Migé. 

Coreomelae, White. 

1. G. SCARABÆOIDES, Lin. Corimelœna, Fieber. Thyreo - 
coris, Schr. — Très rare; sous la mousse, au pied des chênes, 
en septembre et octobre. Val-de-Mercy, Auxerre ; Sens (Poulain). 

OdontoseellB, Lap. 

1. 0. FULIGINOSUS, Lin. Ursocoris . Hahn. Arctocoris , 
Germar. Odonscélis , Muls. et Rcy. — Rare (Robineau-Desvoidy) ; 
j'en ai trouvé un individu à Jussy, dans les bois des Brosses, au 
mois de juin. 


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10 CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

2. 0. DORSALIS, Fabr. — Très rare ; Saint-Florentin (La 
Brûlerie). 

Piaeasta, Germar. 

1. P. PEDEMONTANA, Fabr. P. Allioni, Fieber. — Très 
rare; M. Poulain en a reçu de M. Dillon un exemplaire trouvé 
aux environs de Tonnerre. 

Odontotargug, Lap. 

1 O. GRAMMICUS, Lin. Pachycoris , Burin. Bellocoris 
purpurèolineaius , Hahn. Odontarsus, Muls. et Rey. — Assez 
rare ; dans les prés humides et au bord des bois. De juin à sep- 
tembre. Escolives, Jussy, Auxerre. 

Eurygaster, Lap. 

1 E. MAURUS, Lin. Tetyra, Fabr. Bellocoris , Hahu. 
Holomesus, Amyot, 14. — Très commun partout en été, dans 
les blés, seigles et orges. 

2. E. MAURUS, var : pi dus , Fabr. — Très commun, 
comme la précédente espèce avec laquelle on la rencontre habi- 
tuellement. 

3. E HOTTENTOTUS, Fabr. Cimex mourus ^ Wolff. — 
Moins commun que les précédents, il vit aussi sur les céréales. 

4. E HOTTENTOTUS, var : niger , Fabr. — Très rare ; je 
n’en ai trouvé qu’un exemplaire en juillet dans les bois de Vin- 
cellcs. Robineau-Desvoidy l’indique aussi comme très rare aux 
environs de Saint-Sauveur. 

draphoioma, Lap. 

1. G. LINEATUM, Lin. Tetyra nigrolineata , Fabr. Scu- 
tellera, Lamaik. Trigonosoma, Burm. La punaise siamoise , 
Geoff. Graphosoma , Amyot, 15. — Commun pendant tout l'été 
sur les ombellifères ; Coulanges, Migé, Auxerre, Gourson. Je le 
crois plus rare dans le reste du département. 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 


11 


Podopfi, Lap. 

2. P. INUNCTUS, Fabr. Cimex neglectus, Rossi. Tetyra 
tangira, Fabr. Podops, Amyot, 20. — Assez commun à Sens 
en juillet et août, au pied des peupliers, dans les prés des Noüvs- 
Bouchard (Poulain). Robineau-Desvoidy le trouvait à Saint- 
Sauveur, au bord des grands marais, sur les fleurs aquatiques 
et principalement sur les renoncules. 


B. GTDNIENS. 

Cydnus, Fabr. 

1. G. NIGRITA, Fabr. ( 7 . picipes , Fall. C. zophosoïdes , 
Rainbur. Cyrtomenus , Am. Serv. Aethus, Dali. 8cotethus> 
Amyot, 36. Cadmthus, Amyot, 37. — Peu commun $ je fai 
trouvé une seule fois en abondance dans les détritus laissés par 
une inondation de l’Yonne. en septembre, à Vincelles, Escolives ; 
Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy) ; Saint-Florentin (La Brû- 
lerie). 

2. G. FLAVICORNIS, Fabr. Philammus, Amyot, 38. — Très 
rare dans nos pays ; Saint-Florentin (La Brûlerie) ; Robineau- 
Desvoidy le trouvait assez rarement à Saint-Sauveur, dans les 
prés humides, en septembre. 

3. C. MELANOPTERUS, Her. Sch. — Robineau-Desvoidy en 
a pris une feme.lle à Saint-Sauveur, en mai, dans les racines 
d’une borraginée. 


Hracliypelta, Am. Serv. 

I . B. TRISTIS, Fabr. Cimex aterrimue, Forst. C. niger, de 
Geer. Brachypelta , Amyot, 33. Cimex spinipes , Schrk. — 
Très rare aux environs d’Auxerre, en mai. Robineau-Desvoidy 
Ta trouvé en fauchant dans les prés humides de Saint-Sauveur. 


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12 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

Sehirus, Am. Serv. 

1. S. MORIO, Lin. Cimex affinis, Her. Sch. Cydnus, 
Amyot, 34 — Assez rare à Coulanges; Robineau-Desvoidy dit 
avoir trouvé la larve en assez grande abondance dans les racines 
de cynoglosse. 

Tritomegas, Am. Serv. 

[Cantophorus, Muls. et Rey. Sehirus , Fibber). 

Sous-genre : Tritomegas , Muls. et Rey. 

1. T. BICOLOR, Lin. Cimex nubilosa, Harr s. Tritomegas, 
Amyot, 43. — Assez rare dans les bois de Vincelles et du Val- 
de-Mercy en septembre. Sens (Loriferne). Rare à Saint-Sauveur 
sur les labiées (Robineau-Desvoidy). Assez commun en août et 
septembre au pied des peupliers dans les prés des Noues Bou- 
chard, prés de Sens (Poulain). 

Sous-genre : Cantophorus , Muls. et Rey. 

2. C. DUBIUS, Scop. Cimex albomarginatus, Schrk. C. al - 
bomarginellics, Fabr. Sehirus , Amyot, 41 .Pentatoma cincta , 
Pal. Beauv. — Je ne l’ai trouvé qu’une fois, le 15 juin, au bois 
des Brosses, près Coulanges. Robineau-Desvoidy l’indique comme 
vivant en abondance sur le thymus serpillum et le teucrium 
chamædrys dans les collines les plus arides des environs de 
Saint-Sauveur, en août. 

Sous-genre : Adomerus , Muls. et Rey. 

3. A. BIGUTTATUS, Lin. Distactus, Amyot, 44. Très com- 
mun de juin à novembre, sous la mousse, au pied des vieux 
chênes; Coulanges, Avallon, forêt d’Othe; Sens (Poulain). 

finathoconufl, Fieber. 

I. G. ALBOMARGINATUS, Fabr. ffemizonus, Amyot, 41. 
— Rare à Saint-Sauveur, au printemps, dans les joncs et les 
renoncules aquatiques (Robineau-Desvoidy). 


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DU DÉPARTEMENT DE LIONNE. 


13 


G. SCIOCORIENS. 

Seftocorft», Fallen. 

1 S. TERREUS, Schrk. S. umbrinus, Fall. — Très rare; je 
ne l’ai trouvé qu’une seule fois dans les prés de Vincelles. 

2. S. MACROCEPHALUS, Fieber. — Commun à Coulanges et 
aux environs dans les bois et les prés humides. 

3. S. CURTIPENNIS, Muls. et Rey. S . microphthalmus , 
Fl. S. umbrinus, Panz Fieber. — Très rare; je ne l’ai ren- 
contré qu’une seule fois dans les prés de Vincelles. 


D. ÆLIENS. 

Ælla, Fabr. 

1. Æ. ACUMINATA, Lin. Æ. rostrata, Boh. Fieber. Assez 
commun dans les mois de juillet et d’août dans tout le départe- 
ment. 

2. Æ. ROSTRATA, de Geer. Muls. et Rey. C’est, parmi les 
Ælicns, l’espèce la plus commune ; on la trouve partout et pen- 
dant toute l’année dans le département. 

3. Æ. PALLIDA, Küst. Fieber. Æ . rostrata , Muls. et Rey. 
— Rare aux environs de Coulanges. 

4. Æ. KLUGII, Hahn. Æ . neglecta , Dali., Æ . acuminata, 
Costa. — Très rare ; je n’en ai trouvé qu’un seul exemplaire à 
Coulanges. 

JElftodea, Dohrn. 

1. Æ. INFLEXA, Wolff. Cimex perlatus , Fall. O. griseus 
nigropunctatus, de Geer. Pentatoma lineolata , Muls. Eysar - 
coris , Amyot, 64. Platysolus inflexns , Fieber. — Robineau- 
Desvoidy l’a trouvé à Saint-Sauveur sur la piloselle. 


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U 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


E. EUSARCORIENS. 

Rubleonla, Dorhn. 

1 . R. INTERMEDIA, Wolff. — Pentatoma lunatum y Her. 
Sch. AcroscMzus, Amyot, 56. Apariphe intermedia, Fieber. — 
Peu commun ; je l’ai trouvé plusieurs fois, en septembre, dans 
les bois du Val-de-Mercy. Robineau-Desvoidy le donne comme 
très rare en Puisaye. 

Starla, Dorhn. 

I. S. LUNATA, Hahn. Pentatoma impressum , Her. Sch. 
Cimex lobulatus , Ramb. Rhacostethus lunatus , Fieber. — 
Très rare ; Coulanges. 

Eusarcortg, Hahn. 

1. E. MELANOCEPHALUS, Fabr. Cimex venustissimus , Sch. 
Mélanocephalus , Amyot, 57. — Rare, sur les labiées à Saint- 
Sauveur (Robineau-Desvoidy). Sens (La Brûlerie). 

2. E. PERLATUS Fabr. Cimex fucatns , Rossi. E. œneus , 
Scop. Fieber. Gabisa , Amyot, 60. Mogbissvà, Amyot, 59. — 
Très rare ; Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy). 

Onylfta, Muls. et Rey. 

% 1.0. BIPUNCTATA, Fabr. Pentatoma amœna , Brullé. Sta- 

gonomus, Amyot, 58. — Assez rare, bois du Val-de-Mercy, 
septembre. Très rare à Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy). 


F. PENT AT OMIEN S . 

Stradifta, Hahn. 

1. S. ORNATA, Lin. Eurydema, Amyot, 49. — Commun 
partout en été, sur les crucifères, et en particulier sur le chou 
auquel cette espèce est fort nuisible. (Voir Goureau, Bulletin de 
la Société des sciences de l’Yonne, 1861, p. 255). 


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DU DÉPARTEMENT DE LIONNE. 15 

2. S. PIGTA, Herr. Sch. Presque aussi commune que la S. 
ornata avec laquelle on la rencontre habituellement. 

3. S. DECORATA, Her. Sch. — Plus rare que les espèces 
précédentes.’ 

4. S. FESTIVA, Lin. Eurydema thesgicum, Kol. Pentato- 
ma fimbriolata, Hey. Cimex dominulus , Scop. — Très rare. 

5. S. OLERACEA, Lin. Ospriodes, Amyot, 50. Très commune 
partout, surtout la variété à taches jaunes qu'on rencontre bien 
plus fréquemment que la rouge. On trouve souvent des individus 
dont les taches ont une couleur orangée et qu’on ne saurait 
rapporter à l’une plutôt qu’à l’autre variété. 

mormldca, Am. Serv. 

Sous-genre : Carpocoris, Muls. et Rey. 

1. C. BACCARUM, Lin. Pentatoma nigricornis , Her. Sch. 
Mormidea nigricornis , .Fieber (pars.) Cimex fisdpinns, Boh. 
Mormidea , Amyot, 65 (pars.) — Commun partout en été dans 
les bois et les prairies artificielles ; je l’ai trouvé à Coulanges, 
Auxerre, Avallon, Toucy, Sens et dans la forêt d’Othe. 

Sous-genre : Cadophila, Muls et Rey. 

2. C. NIGRICORNIS, Fabr. Cimex pvdicus, Poda. C . œryngii y 
Germar. C . purpuripennis , de Geer. Pentatoma baccanm , 
Dali. Mormidea nigricornis, Fieber (pars.) Mormidea^ Amyot, 
65 (pars.) — Moins commun que le précédent ; se trouve dans 
les mêmes endroits. 

Sous-genre : Antheminia , Muls. et Rey. 

3. A. LYNX, Fabr. Pentatoma helianthemi , L. Duf. Car- 
pocoris pusio, Kolenat. Fieber. Anthemethns , Amyot, 54. — 
Saint-Sauveur ; Robineau-Desvoidy l’indique comme étant com- 
mun à la fin de l’été dans les endroits sablonneux. 

Sous-genre : Doly coris, Muls. et Rey. 

4. D. VERBASCI, de Geer, Muls. et Rey, Dali. Mormidea 


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46 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


baccarum, Fabr., Latr., Fieber. Pentatoma confusa , Westr. 
Acromecia et Pentatoma , Amyot, 52 et 53. — Très commun 
partout dans les bois et les prairies depuis le premier printemps 
usqu’ù rentrée de lhiver. Je Fai trouvé dans tout le départe- 
ment. 

Dryocorin, Muls. et Rey. 

1 . D. SPHAGELATUS, Fabr. Cimex lynx , Panz. Pentatoma 
annnlata . Muls. et Rey. Holcostethus sphacelatus, Fieber- 
Dryocoris, Amyot, 55. — Assez commun en été dans les bois » 
Val-de Mercy, Arcv-sur-Cure, forêt d’Othe. 

Pentatoma, Olivier. 

1 . P. JUNIPERINA, Lin. P . juniperi , Fieber. Pitedia, 
Amyot, 61. — Assez commun sur le genièvre dans les bois du 
Val-de Mercy. Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy) ; bois de 
Soucy, près de Sens (Poulain). 

Cimes, Linné. 

1. G. VIRIDISSIMA, Poda. C.prasina, Lin., Fieber. Pro- 
copops, Amyot, 62. — Commun partout pendant tout Pété dans 
les prairies et dans les bois. Cette espèce présente de nombreuses 
variétés de couleur ; voici celles que j’ai trouvées dans le dépar- 
tement : 

Variété B. Muls. et Rey. Cimex dissimitis, Fabr., Latr., 
Fieber. Aussi commune que l’espèce type. 

Variété G. Muls. et Rey. Cimex discolor, Wolff. — Plus rare 
que les espèces précédentes. 

Variété D. Muls. et Rey. Cimex subrubescens, Gorski. — 
Très rare; Coulanges; Saint-Sauveur (Robineau Desvoidy). 

Perlbalus, Mulz. et Rey. 

1. P. VERNALIS, Wolff. Cimex vernalis y Fieber. — Com- 
mun dans certaines parties du département; Coulanges, forêt 


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DU DÉPARTEMENT DE LIONNE. 1? 

d’Othe. Je l’ai trouvé aussi dans les prés de la Cure, près des 
grottes d’Arcy. Mai, j%in et juillet. 


G. AGANTHOSOMIENS. 

Plezadarua, Fieber. 

1 . P. INCARNATUS, Germar. Raphigaster purpuripennis, 
Dali., Hahn. Cimex lituratus, Klüg., Burm. P . Degeeri , Fie- 
ber. — Très commun partout dans les prés pendant tout l’été. 

Variété : P. ALLIACEUS, Germar Pentatoma juniperina, 
L. Dufour. Porphyrendia, Amyot, 68. — Moins commune que 
l’espèce type avec laquelle on la rencontre encore assez souvent. 

RaphftgMter, Lap. 

1. R. GRISEUS, Fabr. Cimex nebulosus , Poda. Cimexpunc - 
tipennis, Illiger. Pentatoma stigmatica , P. de Beauv. Jtaphi - 
gaster , Amyot, 69. — Très commun partout dans les jardins ; 
c’est une des punaises dont l’odeur est la plus forte. 

AcantHosama, Curtis. 

1. A. HOEMORRHOIDALIS, Lin. — C. pabulinus, Harris. 
Clinocoris , Hahn. ~ Assez rare en général, on le trouve sur- 
tout sur le tremble. Robineau-Desvoidy ne l’a pris qu’une seule 
fois à Saint-Sauveur ; j'en ai plusieurs exemplaires venant de 
Vincelles, de Vézelay et principalement d’Auxerre. 

Meadorus, Muls. et Rey. 

1. M. LITURATUS, Panzer/ Acanthosoma picta y Newman. 
A. clypeata , Burm. Cyphostethus lituratus, Fieber. Cùnex 
collaris y Fabr. Saranus f Amyot, 75. — Quarré- les-Tombes, 
sur le genêt d’Espagne, en août ; rare à Saint-Sauveur, sur le 
genièvre (Robineau-Desvoidy); cette espèce, ainsi que les deux 
suivantes, ne parait pas très rare en Puisaye. 

Sc, nat, 2 


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48 


CATALOGUE DBS HEMIPTERES 


Oxjdalng, Muls. et Rbt. 

0. 1. DJSNTATUS, de Geer. Cimex hmagaster, Schr. C. 
lüuratus, Fabr. P entât (ma Stollii, Lep. et Serv. Homato - 
gaster^ Amyot, 73. — Assez rare; Robineau - Desvoidy l’a 
trouvé sur le chêne. 

Elagmogtetliiig, Fieber. 

1. E. INTERSTINCTUS, Lin. Cimex betulœ , de Geer. C. 
agathinus, Fabr. Elasmostetlms griseus , Fieber. Mearus , 
Amyot, 74. Rare ; Robineau-Desvoidy l’indique comme spécial 
au bouleau. 


H. ASOPIENS. 

Trgpleorlt, Hahn. 

1. T. RÜFIPES, Lin. — Commun toute l’année; Coulanges, 
Auxerre, Avaîlon, Sens. 

Pleramerug, Am. Serv. 

1. P. BIDENS, Lin. Asopus, Burm. Arma, Hahn. Picrome - 
rus, Amyot, 27. — Assez commun sur la fin de l’été dans les 
haies et dans les prés humides. Coulanges, Vincelles, AvaRon ; 
Saint-Florentin (La Brûlerie). 

Arn»*, Hahn. 

1. A. CUSTOS, Fabr. Asopus , Burm. Stiretrus, Blanchard. 
— Assez rare ; on le trouve depuis le commencement du prin- 
temps jusqu’à l’entrée de l’hiver. Vézelay, Auxerre; Saint- 
Sauveur (Robineau-Desvoidy); Sens (Poulain). 

Agapng, Burm. 

1. A. PUNCTATUS, Lin. Zicrom, Sahlb. Xkacognatus, 
Fieber. Enstictus > Amyot, 31. — Très rare ; Seint-Sauvear 


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DU DEPARTEMENT DE LIONNE. 49 

(Robineau-Desvoidy). D’aprôs ses notes, cette rare espèce ne 
vit que sur le saule; on la trouve surtout au mois de mai. 

Jalla, Hàhn. 

1. J. DUMOSA, Lia. — Très rare; je n’en ai trouvé qu'un 
individu mort, dans des détritus d’inondation, à Vincelles, en 
septembre. 


Zlerona, Am. Sert. 

t. Z. CGBRULEA, Lin. — Assez commun, Vincelies, Migé, 
Auxerre. M. Poulain le trouve très abondamment dans les vignes 
des environs de Sens au moment des vendanges. 


2® Famille. — CORÉIDES. 

(Supéricomes, Am. Serv.) 

Spatboeera, Fieber. 

1 . S. LATICORNIS, Schill. Atractus cinereus , Lap. Atrac - 
tocerus, Amyot, 81. — Très rare ; un seul individu mâle trouvé 
à Sens par M. Poulain. 

2. S. LOBATA, Her. Sch. Syromastes obscurus , Germ. 
Thamarucus, Amyot, 108. — M. Poulain en a trouvé un seul 
dans les Noues-Bouchard, près Sens, au pied des peupliers, en 
septembre. Il en existait un exemplaire dans la colleetioi* de 
Robineau-Desvoidy, sans indication de provenance. 

Bathyflolen, Fieber. 

1. B. NUB’lLUS, Fallèu. Arenocoris , Hahn. Pseudophloeus 
dentipes, Boh. Atractus , Dali. — Assez rare; Coulanges, Vin- 
celles, Pierre-PerthuiB, dans la mousse sur les rochers, en sep- 
tembre. Sens (Poulain). 

Pieudophlœui) Burm. . 

1. P. FALLENII, Schill. Pseudophlœus, Amyot, 106. Atrac- 


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20 CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

tus lüuratus , Curtis. Pseudophlœus Dallmanni, Am. Serv. 

— Assez rare; dans les bois de Vincelles, en octobre. Sens 
(Poulain). 

2. P. WATLII, Her. Sch. Corens , hispanus , Rambur. — 
Moins rare que le précédent, Vincelles, Coulangeron ; Sens, dans 
les prés des Noues Bouchard, en septembre (Poulain). 

Ceraleptii0 9 Costa. 

1. C. SQUALIDUS, Costa. C. leptocerus, Fieber. — Très 
rare ; je n’en ai trouvé que deux exemplaires ; Coulanges. 

2. C. LIVIDUS, Stein. C . squalidus, Fieber. Chalacus , 
Amyot, 100. — Collection Robineau-Desvoidy, sans renseigne- 
ments sur la provenance. 

3. C. GftACILICORNIS, Her. Sch. Cacosmus, Amyot, 99. 

— Plus commun que les précédents ; Coulanges, Avallon. 

Coreus, Fabr. 

1. C. PILICORNIS, Burm. C . hirticornis, Panz. Merocoris, 
Hahn. Coreus, Amyot, 94. Dasycoris , Dali, Muls. et Rey. — 
Très commun. en été dans tout le département, dans les bois et 
les prés. 

Stenoeepli*liifl 9 Latr. 

1. S. AGILIS, Scop. Cimex nugax , Fabr. Dicranomerus, 
Hahn. Stenocephalus, Amyot, 83. — Commun partout, surtout 
au printemps et au commencement de l’été sur les différentes 
espèces d’euphorbe; Coulanges, Sens, forêt d’Pthe, Toucy; 
Saint-Florentin (La Brûlerie). 

2. S. NEGLECTUS, Her. Sch. — Presque aussi commun que 
le précédent ; il se trouve dans les mêmes localités. 

]Hegulotomu « 9 Fieber. 

1. M. LIMBATUS, Kltlg. Alydus pamdus, Gorski. Huphus, 
Amyot, 86, Muls. et Rey. ~ Je n’ai jamais trouvé cet hémip- 


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DU DÉPARTEMENT DE l’YONNB. 21 

tère; Robineau-Desvoidy l’a rencontré à Saint-Sauveur; mais 
il l'indique comme étant très rare. 

Camp topas, Ah. Serv. 

1. C. LATERAL1S, Germ. Anisoscelis, Brullé. Alydus gera- 
nii , L. Duf. Camptopus , Amyot, 85, — Très rare dans le dé- 
partement; M. Poulain en a trouvé un individu en fauchant 
dans les bois de Soucy, près Sens, en septembre. 

Alydafl, Fàbr. 

1. A. CALCARATUS, Lin. A. tibialis, Fabr. Alydus , Amyot, 
87. — Très commun dans nos terrains calcaires, Coulanges, 
Auxerre, Cerisiers, Sens, sur la fin de l’été. Robineau-Desvoidy 
le trouvait plus rarement à Saint-Sauveur. 

SyroniasteM, Làtr. 

I. S. MARGINATÜS, Lin. Cimex auriculatus, de Geer. 
Syromastes fundator, Hoff. Syromastes , Amyot, 78. — Très 
commun partout, dans les bois, pendant toute l'année. 

Verloflfia, Spinola. 

1. V. RHOMBEA, Lin. Cimex quadratus , Fabr. Verlusia , 
Amyot, 77. — Commun dans l’herbe des bois ; Coulanges, 
Avallon, Pierre-Perthuis ; Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy) ,* 
Sens (Poulain). 

2. V. SULCICORNIS, Fabr. F. rotundiventris , Spin. — 
Très rare à Coulanges ; Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy). 

Ctonoeerus, Latr. 

1. G. JUNIPERI, Dabi. G. Venator , var .:juniperi, Kol. 
G . triquetricomis , Boitard. Triquetricornis, Amyot, 98. — 
Très commun sur le genièvre, en septembre; Val-de-Mercy, 
Avallon ; Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy) ; bois de Soucy, 
près Sens (Poulain). 

2. G. VENATOR, Fabr., Muls. etRey. — Coreus chloroti- 


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22 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


eus, L. Duf. C. crudus , Newm. Gonocerus , Amyot, 97. — 
Assez rare à Coulanges. D’après les notes de Robineau-Desvoidy 
la larve vit sur le Rbamnus frangula ; l’insecte parfait se ren- 
contre au printemps. 

F.noplop», Am. Sert. 

1. E. SAPHA, Pabr. Enoplops , Amyot, 79. - Assez rare 
dans le département; Vincelles ; Sens (Poulain). 

Teraplta, Am. Sert. 

1. T. HYOSCIAMI, Lin. Terapha, Amyot, 103. — Très 
eommun partout dans les bois et les prairies pendant tout l’été. 

Hbopalufl, Sghill. 

1. R. ABUTILON, Rossi. Cimex crassicornis, Fabr. Corizus 
sulstriatus, Klüg. C . capüatus , Panz. C . Panzeri, Fieber. — 
Très commun ; Coulanges, Toucy, forêt d’Othe; Sens (Poulain). 

2. R. CRASSICORNIS, Lin. Moins commun que le précédent, 
mêmes localités. 

3. R. SIGNORETI, Muls. et Rey .Cimex magnicornis , Fabr. 
Corizus magnicornis, Sign. Assez commun aux environs de 
Coulanges ; forêt d’Othe. 

Corlzuft, Fall. 

1. C. CAPITATUS, Fabr. Cimex nervosus , Scop. — Commun 
dans tout le département, Coulanges, Auxerre, Avallon, Toucy, 
forêt d’Otbe ; Sens (Poulain). 

2. C. CONSPERSUS, Fieber. C . gvttatus, Sign. — Très rare, 
Coulanges. 

3. C. PARUMPÜNCTATUS, Schill. C . pratensis et magni- 
cornis , Fall. — Très commun pendant l’été dans tout le dépar- 
tement. 

4. C. RUFUS, Schill. C. rufescens, Kol. Très rare; je 
n’ûn ai trouvé qu'un individu dans la forêt d’Othe. 


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DU DÉPARTEMENT DE LIONNE. 


23 

5. C. DISTINGTUS, Siga. — Rare, Coulanges. M. Poulain Ta 
trouvé en abondance dans les bois de Soucy, près Sens, sur les 
bruyères, en septembre. 

Braehyecipenui, Fieber. 

1 . B. TIGRINUS, SchiU. Corims laticeps , Boh. C . gem- 
matus , Costa. — Je n’en connais qu’un exemplaire que m’a 
envoyé de Sens M. Loriferne. 


.3 e Famille. — BÉRYTIDES. 

ÏVeldeti, Latr. 

1. N. TIPULARIUS, Lin. Gerris , Fabr. Berytm , Fall. 
Sphalarocoris , Flor. — Cette espèce n’est pas très rare dans la 
mousse au pied des chênes dans les bois de Vincelles et du Val- 
de-Mercy ; Saint-Sauveur (Robiueau-Desvoidy) ; Saint-Florentin 
(La Brûlerie) ; Sens (Poulain). 

Berytufl, Fabr. 

1 . B. SÏGNORETI, Fieber. Très rare dans le département ; 
je n’en connais qu’un individu mêle trouvé à Sens par M. Pou- 
lain. 

2. B. MONTIVAGUS, Meyer-Dür. B. rotundatus, Flor. — 
Assez commun aux environs d’Auxerre et de Coulanges, sous la 
mousse, au pied des vieux arbres, en septembre et octobre ; 
Sens (Poulain). 

3. B. CLAVIPES, Fabr. Je le trouve plus rarement que le 
précédent, à la même époque et dans les mêmes localités ; Sens 
(Poulain). 

4. B. CRASSIPES, Her. Sch., Fieber. Très rare; je n’en 
ai trouvé qu’un exemplaire dans les bois du Val-de-Mercy, en 
septembre. 


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CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


24 

5. B. MINOR, Her. Sch. Assez commun dans les bois de 
Vincelles et du Val-de-Mercy ; Saint-Sauveur (Robineau-Des- 
voidy) ; Sens, bois de Màlay (Poulain), de juillet à octobre. 

6. B. HIRTICORNIS, Brui. B.pilicornis y Flor. — Assez 
rare; bois de Vincelles, sous la mousse, en septembre et octobre. 
Val-de-Mercy (Loriferne) ; Saint-Sauveur (Robineau Desvoidy) ; 
Sens, bois de Mâlay (Poulain). 

7. B. COMMUTATUS, Douglas and Scott. Très rare dans 
nos contrées ; Sens (Poulain), octobre. 

8. B. LONGICOLLIS, Muls. et Rey. Cette espèce parait 
fort rare ; je n'en ai trouvé qu'un individu sous la mousse au 
pied d’un chêne, dans les bois du Val-de-Mercy, en septembre. 

D’après les notes manuscrites de Robineau- Desvoidy , les 
Berytus seraient assez communs dans la Puisaye, aux environs 
de Saint-Sauveur ; malheureusement sa collection était tellement 
détériorée que je n’ai pu en retrouver qu’un petit nombre d’es- 
pèces. 

Hetaeaifetlftufl, Costa. 

1. M. ELEGANS, Curtis. Berytus punclipes 9 Germ. B . an - 
nulatus , Burm. Campsocoris transylvanica, Fuss. Armanus , 
Muls. et Rey. Ramea , Amyot, 90. — Commun pendant tout 
l’été, d’avril à octobre dans les herbes des bois et sous les 
mousses, aux environ^ de Coulanges. Je l’ai rencontré également 
à Avallon et à Vézelay. M Poulain le trouve très communément 
aux environs de Sens. 


4 e Famille. — LYGÉIDES. 

(Inféricornes, Am. Serv.). 

Pyrrhoeorlu, Fall. 

1. P. APTERUS, Lin. P. calmarien$is 9 Fall. Pyrrochoris , 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 25 

Àrayot, 177. — Très commun partout pendant toute Tannée, 
môme l’hiver, surtout au pied des tilleuls. 

Tetralaeeu*, Fieber. 

I. T. RQESELl, Schml. — Cette espèce paraît très rare dans 
le département; M. Poulain en a trouvé un individu sous les 
arbres de la promenade du Midi, à Sens. 

Ijyffæu*, Fabr. 

1. L. SAXATILIS, Scop. Z. kunkeli, Muls. lygœus, Amyot, 

113. — Très commun partout dans les bois et les prairies depuis 
le printemps jusqu’à l’automne. 

2. L. PUNCTUM, Fabr. Cimex apuans, Rossi. Z. ventralis , 
Kol. Stigmopkorus, Amyot, 115. — Très commun, Coulanges, 
Auxerre, Avallon. Pendant l'hiver, on trouve ces insectes réunis 
en quantité considérable dans les crevasses de l’écorce des gros 
arbres, chênes, noyers, etc. 

3. L. FAMILIARIS, Fabr. Z. venustus, Bob. Sodîis, Amyot, 

114. — Très rare ; je n’en connais qu’un individu pris dans le 
département par M. de la Brûlerie, en septembre, à Tonnerre. 

4. L. EQUESTR1S, Lin. Cimex spectosus, Scop. Metulla 
Amyot, 111. — Commun partout en été le long des murailles. 

L)g»o«oma, Spin. 

1. L. PUNCTATOGUTTATUM, Fabr. Z. gnttatus , Ramb. 
Z. schummeli , Schiil. Stigmorhanis , Amyot, 116. — Très 
commun au pied des arbres et dans le creux des rochers à Aval- 
Ion, Vézelay, Pierre-Perthuis, Val-de-Mercy. Septembre et oc- 
tobre. 


Dahl. 

1. N. THYMIjWolff. Heterogaster ericœ, Schiil. H. punc- 
tipennis , H. Sch. Heraria , Amyot, 105. — Très commun 
partout dans les prés pendant les grandes chaleurs de Tété. 


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26 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

Ophthalmleu*, Schill. 

1 . 0. ATER, Fabr. Gfeocoris y Fall. S aida, Fabr. Holoscytus , 
Amyot, 172. — Très rare; Coulanges, Vincelles, juillet. 

Pllnthlaui, Latr. 

t. P. BIDENTULUS, Her. Sch. — Assez commun d’août en 
octobre; Coulanges, Arcy-sur-Cure ; Sens (Poulain). 

2. P. BREVIPENNIS, Latr. Plinthisus, Amyot, 157. — 
Assez commun dans la mousse et dans les herbes des bois, en 
septembre et octobre ; Vincelles, Val-de-Mercy ; Se os (Poulain) . 

Drymui, Fieber. 

1. D. SYLVATICUS, Fabr. Drymophilus , Amyot, 158. — 
Assez commun dans les prés humides d’Escolives. Commun 
dans les bois des environs de Sens (Poulain). 

IselanocorlM, Fieber. 

1 . I. HEMIPTERUS, Sahlb. Pachymerus staphiliniforntis, 
Hahn. P . pallidiptnnis , H. Sch. P . angustulus , Boh. P. ocu- 
latus, Flor. Hypnophilus, Dougl. and Sc. Tinopterix y Amyot, 
161. — Assez rare, Coulanges, octobre et novembre. Sens (La 
Brûlerie). 

JVteffAlonotiiM, Fieber. 

1. M. PRÆTEXTATUS, Her. Sch. Pachymerus femoralis , 
Boh. Rhyparochromus maculipennis , Curtis. Rhyparocro - 
mus , Amyot, 140. — Commuu à Sens, près de Saint-Paul et 
dans les Nouës-Bouchard. Sens (La Brûlerie). 

2. M. CHIRAGRA, Fabr. Pachymerus tïbialis , Hahn. Chi - 
ronosus, Amyot, 139. Mehophus , Amyot, 145. — Rare, Cou- 
langes ; Saint-Florentin, (Poulain) ; Sens (La Brûlerie). 

3. M. PILIGORNIS, Muls. et Rev. — Très rare, dans les bois 
des environs de Coulanges, en septembre. Je l’ai trouvé à la 
même époque A Pierre-Perthuis, dans des touffes de eedum acre. 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 


n 


Pt«romeia«, Am. Sbry. 

1. STAPHYLINIFORMIS, Schill. P. staphylinoides, Rurm. 
P. bmchypterus, Boh. Aphanosoma italiens, Costa. Pterot - 
metus, Amyot, 160. — Assez rare; dans les bois de Vincelles et 
de Jussy, profondément enfoncé dans la terre au pied des arbres, 
de mai à octobre. Sens (La Brûlerie). Robineau-Desvoidy l’a 
rencontré aussi à Saint-Sauveur. 

Perfttreelma, Fieber. 

1. P. NUBILUS, Fall. P . geniculatus, Hahn. P.irroratus , 
Curtis. Œdobrachium , Amyot, 149. — Très commun dans les 
bois et dans les prairies, de juillet à octobre, Vincelles, Avallon; 
Sens (Poulain). 

2. P. LUNIGER, Schill. Lygœus sahlbergi , Fall. L. sylves- 
triSy Fabr. Pasatns , Amyot, 150. — Moins commun que le 
précédent. Coulanges, Auxerre, Avallon ; Sens* (Poulain) ; Saint- 
Florentin (La Brûlerie). 

TropftstelhttSy Fieber. 

I. T. SPiNIGERELLUS, Boh. P. sabuleti , Fall. P. kolose- 
riceus , Scholtz. T . ochropterus , Fieber. Psammophilus , 
Amyot, 141. — Commun sous la mousse au pied des chênes, de 
mai à novembre; Coulanges, Sens, Avallon; Saint-Florentin 
(La Brûlerie). 

Aeompos, Fieber. 

1. A. RUFIPES, Wolff. O. lonicerœ , Schill. Pachymems , 
pallipes , H. Sch. Beosus clavatus , Sahlb. P . dubmsi, Ram- 
bur. P . bisignatus , Boh. Talens , Amyot, 151. — Très rare; 
Sens et Saint-Florentin (La Brûlerie) ; Saint-Sauveur (Robineau- 
Desvoidy). 

i^anui, Fieber. 

1. S. RUSTICUS, Fall. Stygnocoris , Dougl. and Sc. — Assez 
rare à Coulanges ; Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy). 


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28 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


2. S. SABULOSUS, Schiil. Lygœus pedestris, Fall. Pachy - 
mervœ pubescens , Curtis. — Plus commun que le précédent à 
Coulanges ; je l’ai également trouvé à Saint Léger-Vauban dans 
des fagots de genêt, en septembre. Sens, Fontaine la-Gaillarde 
(Poulain). 

3. S. ARENAR1US, Hahn. Paehymerus curtulus % Costa. 
P. obtusus , Curtis. Ammethus % Amyot, 152. — Très rare; 
M. Poulain en a trouvé un individu à Sens; M. Cb. de la Brû- 
lerie m’en a envoyé deux exemplaires venant de Saint-Flo- 
rentin. 


F.remoeorlt, Fieber. 

Les deux espèces déjà décrites de ce genre*. l’E. erralicus, 
Fabr. et l’E. plebejus, Fall. n’ont pas encore été rencontrées 
dans notre département ; mais nous avons trouvé, M. Poulain et 
moi, dans les bois de Migé et du Val-de-Mercy, en septembre, 
sous les mousses, plusieurs exemplaires d’une espèce nouvelle 
de ce genre, à laquelle nous avons donné le nom d’Eremocoris 
Icaunensis (1), et dont voici la description : 

1. E. ICAUNENSIS. — Tête conique noire, bec jaune clair, 
premier article des antennes rouge à la base, brun noirâtre à 
l’extrémité, les autres uniformément grisâtres. Pronotum noir, 
une ligne médiane en arrière du sillon transverse et deux taches 
de chaque côté de cette ligne sur la partie postérieure du prono- 
tum, rouges de rouille; dilatation latérale membraneuse blanche, 
élargie aux extrémités du sillon transverse. Cories d’un brun 
noirâtre velouté, la mésocorie et l’exocorie blanches à la base; 
une petite tache blanche arrondie au bord externe de l’exocorie 
vers les trois quarts de sa longueur. Membrane d’un brun en- 
fumé avec les nervures blanc-jaunâtres et ne tache de même 
couleur à l’angle externe. Toutes les pattes couleur de rouille 

(I) De Icauna , Yonne. 


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DU DÉPARTEMENT DE ï/ YONNE. 29 

ainsi que les cuisses intermédiaires et postérieures. Cuisses anté- 
rieures presque noires, très renflées. Dessous du corps noir. 

Cette espèce diffère de TE. erraticus par sa taille plus grande, 
sa couleur plus foncée, ses cuisses antérieures plus grosses, et 
la présence d'une ligne médiane rouge sur la partie postérieure 
du pronotum ; le corps est plus élargi en arrière, le deuxième 
article des antennes est entièrement grisâtre, tandis que dans 
l’erraticus sa moitié basilaire est d'un brun rougeâtre ; enfin, 
l’E. Icaunensis a le cia vus noir bruu à la base, tandis que la 
tache antérieure blanche des cories chez Terraticus s’étend sur 
le clavus comme sur l'exocorie et la mésocorie. L’E. plebejus, 
Fallen, diffère des deux autres espèces par la couleur uniformé- 
ment brune de sa corie. 

fleolopostetliufl, Fieber. 

1. S. CONTRACTUS, Her. Sch. Necudum , Amyot, 155. — 
Très commun dans tout le département, sous la mousse, dans 
les bois. De mai à novembre. 

2. S. NERVOSÜS, Fieber. — M. Poulain en a trouvé un in- 
dividu dans les bois de Rupcouvcrt, près Sens, en septembre. 

3. S. PICTUS, Schill. Lygœus podagricw , Fall. — Assez 
rare ; Coulanges, Avallon ; Sens (Poulain). 

4. S. PODAGRICUS, Flor. S. adjunctus , Douglas and Scott. 
— Assez rare ; Coulanges, Auxerre, septembre et octobre. 

5. S AFFINIS, Schill. Pachymervs decoratns , Hahn. S. 
ericetorum , Lethierry. — Très rare ; M. Poulain en a trouvé 
deux exemplaires à Sens; j'en ai un, de Sens également, qui 
m'a été envoyé par M Ch. de la Brûlerie. 

Trapezonotuz, Fieber. 

1. T. NEBULOSUS, Fall Nassir . Amyot, 128. - Assez 
commun dans les bois des environs de Coulanges de mai à 
septembre. 


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30 


catalogue des hémiptères 


1. T. AGRESTIS, Fait. Rkyparochromu* pini, Haho. Jussa 
rus , Amyot, 126. — Très rare; Coulanges, août et septembre. 

2. T. ULRICH!, Fieber. — Assez commun à Coulanges, dans 
les bois, sous la mousse au pied des arbres, de mai à octobre. 

Dteuehes, Dohrn. 

1. D. LUSGUS, Fabr.. Lygosus qmdralus, Paozer. Ischno- 
tarsus , Fieber. Beosus , Amyot, 135. — Très commun ; Cou- 
langes, Auxerre, Avallon; Sens (Loriferne); Saint-Florentin (La 
Brûlerie) 


Rhyparoehromui, Curtis. 

1. R. ROLANDRI, Lin. Cimex bimaculatus , Lin. C . Fuloo- 
maculatuSy de Geer. Calyptonotus , Dougl. and Scott. Rhom- 
bospilus , Amyot, 122. Assez commun dans les bois des environs 
de Coulanges, d’avril à septembre; Sens ; (Loriferne, Poulain); 
Saint-Florentin (La Brûlerie). 

2. R. LYNCEUS, Fabr. Physancalus , Amyot, 130. — Cette 
espèce paraît très rare ; je n’en ai trouvé qu’un seul individu 
dans les bois autour de Toucy. M. Poulain en a trouvé dans le 
bois de Rupcouvert, prés de Sens. Robineau-Desvoidy l’indique 
cependant comme étant assez commun à Saint-Sauveur, le long 
des haies, sur les talus des fossés. 

3. R. PINI, Lin. Xanthochilns, Amyot, 124. — Très com- 
mun toute l’année, dans les bois; Coulanges, Auxerre, Toucy, 
Avallon; Sens (Poulain); Saint-Florentin (La Brûlerie). 

4. R. PEDESTRIS, Panz. R, Mundulus, Dohrn. R . Imignis, 
Boh. Raglius , Amyot, 133 — Assez commun toute l’année 
dans les bois des environs de Coulanges; on le trouve habituel- 
lement sous l’écorce des vieux chênes. Sens (Poulain). 

Beosus. Am. Serv. 

1 . B. SATURNIUS, Rossi. Pachymems rhombens , Fieber. 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 31 

Podochvms, Amyot, 125. — Commun aux environs de Cou- 
langes, dans les bois et sur les coteaux arides; août et septem- 
bre. Sens (Poulain). 

Emblethlfl, Fieber. 

1 . E. PILIFRONS, Zett. E. Platychilus, Fieber. Pachymerus 
marginepunctatus , Her. Sch. — Assez commun en septembre 
et octobre, sous les mousses dans les bois humides ; Val-de- 
Mercy, Migé ; Sens (Poulain) ; Saint-Florentin (La Brûlerie). 

Isehnorhytteliui, Fieber. 

I. I. RESEDOE, Panz. L. Didymus , Zett. Fieber. Hetero - 
g aster, Schill. Lyctus , Flor. Clidocerus, Amyot, 168. — Assez 
commun sur la bruyère, en octobre, dans les bois des environs 
de Sens (Poulain). 

Playgadlevift, Fieber. 

1 . P. SEMICOLON, Fabr. Heterogaster af finis, Her. Sch. — 
Assez rare aux environs de Coulanges ; très commun à Sens, sur 
l’ortie (Poulain). 

2. P. ARTEMISIÆ, Schill. Heterogaster coronillœ , Kolenat. 
— Très rare; Sens (Poulain). 

3. P. URTICÆ, Fabr. Heterogaster, Amyot, 164. — Très 
commun partout pendant toute l’année, dans les pr^s et sur les 
touffes d’ortie. 

Platyplax, Fieber. 

1 . P. SALVIÆ, Schill. Heterogaster Walt U, Kol. H. Inermis , 
Rambur. Neggechus , Amyot, 163 v — Assez commun dans les 
prés et dans les bois ; Escolives, Jussy. On trouve cette espèce 
principalement sur la Salvia pratensis, en juin et juillet. 

Cymiii, Hahn. 

1. C. GLANDICOLOR, Hahn. Heterogaster claviculus, Var., 
Schill. — Assez rare; on le trouve surtout dans les jeunes taillis 


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CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


32 

de chêne, au premier printemps, mars, avril et commencement 
de mai ; Vincelles, Val-de-Mercy. 

2. C. CLAVICULUS, Fallèn. Lygœus caricis , Fall. Cymus } 
Amyot, 170. — Plus rare que la précédente espèce, elle appa- 
raît aussi plus tard, vers les mois d’août et de septembre; Cha- 
rentenay, Migé; Sens (La Brûlerie). 

Stenogaater, Hahn. 

1. S. MODESTUS, Fallèn Oxycarenus Spüzyi, Fieber. He- 
terogaster basalis , Her. Scb. H. Schillingii , Scholtz. Sté- 
no g aster Falleni , Sahlb. — Très rare aux environs de Cou- 
langes; Saint-Florentin (La Brûlerie). M. Poulain l'a trouvé une 
fois en abondance au pied des arbres dans les jardins maraî- 
chers des environs de Sens, en septembre. 

2. S. LEUCOPTERUS, Fieber. — Cette espèce parait très-rare ; 
je n'en ai trouvé qu'un individu à Coulanges, en juin. 

Klaeroplax, Fieber. 

I. M. HELFERI, Fieb. Heterogaster fasciatus , H. Scb. 
Stenogaster insignis , Costa. Pedeticus marmoratus , Lap. — 
Rare; M. Poulain en a trouvé un exemplaire à Sens en sep- 
tembre, en fauchant dans les herbes des bois. 

Hetopoplax. Fieber. 

1. M. DITOMOIDES, Costa. Cymus origani, Kolenat. — Je 
n’ai jamais trouvé cette espèce dans nos contrées; M. Loriferne 
m’en a envoyé un individu, qu’il a trouvé dans les environs 
de Sens, en septembre. 


5®° Famille. — TINGIDES. 

(Membraneux, Am. Serv.) 

ZoBitietfiue, Lap. 

1. Z. MACULATES, Lap. Z. Variabilis, Fieber. Piesma , 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 33 

Lep. Serv. Zommus, Amyot, 301. — Assez rare; Coulanges, 
septembre. 

2. Z. LAPORTEI, Fieber. Très rare; M. Poulain en a 
trouvé deux individus auprès de Sens. 

3. Z. CAPITATUS, Wolff. Piesma maculata , Am. Serv. 
Piesma , Amyot, 303. — Plus commun que les espèces précé- 
dentes; Coulanges, Auxerre; Saint-Sauveur (Robineau-Des- 
voidy) ; Saint-Florentin (La Brûlerie). — Très commun à Sens 
dans les jardins maraîchers au pied des aulnes, en septembre 
(Poulain). 


Laceometopiifl, Fieber. 

1. L. CLAVICORNIS. Lin. Cimex tigris , Geof. Eurycera 
nigricornis , Lap. E . obscurus , Steph. Eurycera, Amyot, 
287. — Très rare ; Sens (Loriferne). 

2. L. TEUCRII, Host. — Très rare; Pont-sur-Yonne. M. Pou- 
lain en a reçu deux exemplaires qui viennent aussi des environs 
de Pont-sur-Yonne. 


lffloiiAiitlila, Lap. 

Sous-genre : Platyckila , Fieber. 

1. P. SINUATA, Fieber. Catoplatus auriculatm, Costa. 
Monanthia cardui, H. Sch. — Très rare ; je n’en ai trouvé 
qu’un seul exemplaire à Coulanges. 

2. P. CARDUI, Lin. Acanthia clamcornis , Panz. Mephissus 
Amyot, 294. — Très rare, Coulanges; Sens (Poulain). 

3. P. CîLIÀTA, Fieber. Tingis reticulata , H. Sch. — Commun 
à Sens dans les prés de Saint-Paul (Poulain). Saint- Sauveur 
(Robineau-Desvoidy) . 

Sous-genre : Tropidochila , Fieber. 

4. T. PILOSA, Fieber. Monanthia angusticollis , H. Sch. 
M . villosa , Costa. Derephysia reticulata , Spin. — Très com- 

Sc. nat. 3 


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Æ 



CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


34 

mun en août et septembre sous la mousse au pied des chênes, 
dans les bois du Val-de-Mercy. 

5. T. COSTATA, Fabr. Catoplatys , Amyot, 288. — Saint- 
Florentin (La Brûlerie). 

6. T. ALBIDA, Her. Sch. M. Scheferi , Fieber. — Très rare; 
Auxerre, en septembre. Saint-Ma rtin-sur-Oreuse, dans les prés 
(Poulain). 

Sous- genre: Physalochila, Fieber. 

7. P. SCAPULARIS, Fieber. M . simplex , H. Sch. — Très 
rare ; je l’ai trouvé une seule fois dans les prés qui bordent la 
Cure, près des grottes d’Arcy. 

8. P. WOLFII, Fieber. Acanthia echii, Wolff. Tingis 7m- 
muli . Fali. — Moins rare que le précédent; Coulanges, Auxerre, 
Avallon. 

9. P. HUMULI. Fabr. M. convergens , Kltlg. NoJiarus, 
Amyot, 293, — Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy) ; Saint- 
Florentin (La Brûlerie). 

Dlctyonota, Curtis. 

1. D.CRASSICORNIS, Fali. Tingis pilicornis, H. Sch. Pies - 
ma marginatum , Burm. — Assez commun en septembre dans 
les bois de Vincelles et du Val-de-Mercy. Saint-Florentin (La 
Brûlerie). Commun à Sens dans les prairies (Poulain). 

Derephysla, Spin. 

1. D. FOLIACEA, Fali. Derophysia , Amyot, 278. — Très rare 
à Coulanges. Sens, dans les prés des Noues-Bouchard, août et 
septembre (Poulain). 

Tinffift, Fabr. 

1 . T. PYR^ GeofT. Cimex appendiceus y Vill. Tmgis, Amyot, 
277. — Très commun sous les feuilles des poiriers, auxquels il 
cause de très grands dégûts (Goureau, Bull, de la Soc. des Sc. 


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35 


Dü DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 

ktst. et nat. de FYonne , 1863, p. 77.) Il est connu des jardi- 
niers sous le nom de Tigre . Je l’ai trouvé en quantité considé- 
rable à Pont-sur-Yonne et à Auxerre. D’après M. le colonel 
Goureau, il n’est pas commun à Santigny, ni dans les environs. 

2. T. MACULATA, Her, Sch. T. Pyri, H. Sch. T . Sub- 
globosdy H. Sch. — Très rare ; Coulanges, juillet. 

* Orthoatlra, Fieber. 

0. 1. OBSCURA, Her. Sch. Momanthia pusüla, Burm. Cida - 
'TUSy Amyot, 286. — Assez commun sous les mousses, Coulanges, 
Val-de-Mercy ; Saint-Florentin (La Brûlerie). Sens (Poulain). 


6 mc Famille. — ARADIDES. 

(Corticicoles, Am. Serv.) 

Aradua, Fabr. 

1* A. DEPRESSUS, Fabr. Coreus spmiger , Schill. Piestoso- 
ma, Amyot, 310. Très rare; Auxerre, sous les mousses au pied 
des peupliers. Sens, un individu trouvé par M. Poulain au pied 
d’un saule, dans les Noties-Bouchard, en octobre. M. Charles de 
La Brûlerie en a trouvé plusieurs exemplaires à Sens et à Saint- 
Florentin. ' 

Anearui, Curtis. 

1. A. LÆVIS, Fabr. Âradus avenius, L. Duf. Brachy - 
rhynchus , Brullé. Aneurus,.kmyQl y 305. — Très rare dans le 
département; je n’en connais que deux exemplaires trouvés à 
Saint-Florentin par M. Ch. de La Brûlerie. 


7™e Famille. — CAPSIDES. 

(Bieellules, Am. Serv). — Phytocorides, Fieber). 

JVfanalocorla, Dahlb. 

1. M. FILICIS, Lin. Æcopteris , Amyot, 245. — D’après Ro 


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36 CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

bineau-Desvoidy, cette espèce serait commune en été sur les 
fougères, dans les bois des environs de Saint-Sauveur. 

Ulirf 0, Fabr. 

1. M. LÛEVIGATUS, Lin. M. Virens , Hahn. Miris, Amyot, 
181. — Très commun partout pendant les grandes chaleurs de 
l’été dans les prairies et les céréales. 

2. M. HOLSATUS, Fabr. Pheloderes , Amyot, f82, 2. — 
Moins commun que le précédent ; Coulanges, Toucy, Auxerre, 
Avallon, Sens. 

3. M. LATERALIS, Fabr. Amyot, 182, 3. — Assez rare ; Cou- 
langes, Auxerre. 

Brachytropls, Fieber. 

1. B. CALCARATA, Fall. Miris dentatns , Hahn. Blaptome- 
rns , Amyot, 179. — Peu commun en juillet, dans les prairies; 
Coulanges; Sens (Poulain). 

RTotostlri», Fieber. 

1. N. ERRATICA, Lin. M. hortonm, Wolff. M . trüici, 
Curtis. A/, caucasica , Kol. Pheloderes, Amyot, 182. 1. — Com- 
mun dans tout le département, en été, dans les moissons. 

Iiobostetlius, Fieber. 

1. L. VIRENS, Lin. M. Lœmgatvs, Hahn. CMorotus, 
Amyot, 180. — Assez commun dans les prairies, en été; Cou- 
langes, Auxerre. 

raégalocerœn, Fieber. 

1. M. LONGICORNIS, Fall. M. megatoma, Muls. Ramamns , 
Amyot, 184. — Assez rare, juin, Coulanges. 

Trlgonotylufl, Fieber. 

1. T. RUNICORNIS. Fall. M. Pulchellus , Hahn. Porphyro - 
chorsuSy Amyot, 183. — Assez rare, dans les bois et les prairies ; 


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Dü DÉPARTEMENT DE i/YONNE. 37 

Coulanges. Il n’est pas rare dans les prés des environs de Sens, 
en septembre (Poulain). 

Leptopterna, Fieber. 

1. L. DOLOBRATA, Lin. M. lateralis, Wolflf. J/, picticeps, 
Curtis. Lopomorphus, Dougl. and. Scott. Peselus , Amyot, 
200. — Commun partout dans les blés au moment de la moisson. 

2. L. FERRUGATA, Hahn. M. abbreviatus , Wolflf. — Unpeu 
moins commun que les précédents, dans les blés et les prairies, 
en juin et juillet. Escolives, Vincelles. 

Oncognathua, Fieber. 

I. 0. BINOTATUS, Fab x.Distagonnm^ Amyot, 211. — Assez 
rare ; Coulanges, en juin et juillet. 

Camptobroehlfl, Fieber, 

1. C. PUNCTULATUS, Fall. Phytocoris lutescens , Schill. 
P . varipennis , Hoflfg. Tritœnia , Amyot, 246. — Commun de 
juin en août; Coulanges, Avallon, Auxerre; Sens (Poulain). 

2. C. FALLENII, Hahn. — Assez commun à Sens sur le til- 
leul, en septembre (Poulain). 

Pantlllua, Curtis. 

1. P. TUNICATUS, Fabr. Conometopns, Gieber. Miltochlœ - 
na , Amyot, 214. — Très rare, juin; Vincelles, Bois des Brosses. 

Uomodemus, Fieber. 

1. H. ROSEOMACULATUS, de Geer. Lygœus ferrugatus, 
Fabr. Cime: z? digrammus , Gmel. Capsus rosatus , Schr. 
C7. cruentatus , Vill. C . ribis, Schr. Enrhodestlies, Amyot, 
226. — Assez commun aux environs de Coulanges, sur les gra- 
minées, en juin, juillet et août. 

2. H. MARGINELLUS, Fabr. Phytocoris scriptus, Hahn. — 
Rhabdesthes , Amyot, 203. — Très commun à Coulanges de 


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38 CATALOGUE DES HEMIPTERES 

juin à septembre ; commun à Sens dans les prés. Il n’est pas 
rare à Saint-Sauveur sur la bryone (Robineau-Desvoidy). 

Caloeoris, Fieber. 

1. C. STRIATELLUS, Fabr. Derœocoris^ Kirschb. Paryphes- 
theSj Amyot, 208. — Assez rare, en mai et juin, dans les bois 
de Migé ; Sens, dans l’herbe des clairières des bois (Poulain). 

2. C. FULVOMACULATUS, de Geer. — Très rare, Coulanges ; 
en août et septembre. 

3. C. BIPUNCTATUS, Fabr. — Dispüodes , Amyot, 227. — 
Commun partout pendant tout Tété dans les prés et les luzernes. 

4. C. CHENOPODII, Fall. Jd- lœvigatus , Wolff. M. Mnota- 
tus, Habn. brevicollis , Mey. Dür. — ,Très commun dans tout 
le département, dans les prés pendant tout l’été. 

5. C. SET1CORNIS, Fabr. Phytocoris apicalis , Hahn. P . la - 
teralis, Fall. M. tïbialis Wolff. M. annulus, Brûl. Penthes- 
thetus, Amyot, 217. Très commun de juin à septembre dans 
les prés humides ; Migé, Vincelles, Escolives; Sens (Poulain). 

6. C. REICHELI, Fieber. — Je n’en ai jusqu’à présent trouvé 
que deux individus à Coulanges. 

Hiridi«i0, Fieber. 

1. M. QUADRIVIRGATUS, Costa. Miris hortorum , Wolff. 
GrammomuSi Amyot, 185. — Assez rare, dans les prés des 
bords de l’Yonne, à Escolives. 

Phytoeorli, Fall. 

t. P. ULMI, Lin. Leptostasis . Amyot, 202. — Assez rare aux 
environs de Coulanges et d’Auxerre. 

2. P. DIVERGENS, Mey-Dür. P. ulmi , Her. Sch. P . longi- 
cornis , Wolff. — Assez commun dans les bois du canton de 
Coulanges en juillet et août; Joigny, Quarré-les-Tombes ; Sens 
(Poulain). 


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DD DÉPARTEMENT DE l/ïONNE. 39 

3. P. DIMIDIATUS, Kirschb. P. hirsutulus, Flor. — Assez 
rare; Coulanges; Sens (Poulain). 

4. TILIÆ, Fab. Diastictus, Amyot, 212. — Très rare; je ne 
ne l'ai trouvé qu'une fois dans les bois de Migé, en juin. M. 
Poulain a trouvé la larve en abondance sur le tilleul, en août. 

Pycnopterna, Fieber. 

1. P. STRIATA, Lin. Placoderes, Amyot, 199. — Un seul 
individu venant de Robineau-Desvoidy, sans renseignements. 

Rhopaloiomui, Fieber. 

1. R. ATER, Lin. Capsus , Amyot, 260. — Très rare; Sens 
(Poulain). 

Var. A : R. TYRANNUS, Fabr. — Assez commun de juillet 
à septembre à Coulanges ; Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy) ; 
Sens, dans les prés de Saint-Paul (Poulain). 

Var. B : R. SEMIFLAVUS, Lin. Lygœus flavicollis, Fabr. 
Cro eus, Fourc. — Assez rare, Coulanges ; Sens (Poulain). 

Capsus, Fabr. 

I. C. CAPILLARIS, Fabr. Piggulus , Amyot, 256. — Com- 
mun en été sur l’ortie, Coulanges, Vézclay; M. Poulain l’a 
trouvé dans un jardin sur des rosiers et des pommiers. 

Var. A : C. DANICUS, Fabr. — Un peu plus rare que le pré- 
cédent ; même habitat. 

Var. B : C. TRICOLOR, Fabr. C. fulvomaculatus, Her. Sch. 
— Très commun, de juin à septembre, avec les précédents. 

Xiopus, Hahn. 

1. L. GOTHICUS, Lin. Cimex supereïliosus , Lin. Capsus 
albomarginatus, Fabr. Scriptus. Coqb. Lineolaius, Brûl. 
Albostriatus, Bur. Rubrostriatus, Her. Sch. Lojrus, Amyot, 
206. Triphlyctis, Amyot, 207. 

Var. A : L. RUBROSTRIATUS, Her. Sch. — Commun par- 


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40 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

tout en été dans les prés et les luzernes, Coulanges, Auxerre ; 
Sens (La Brûlerie). 

Var. B : L. ALBOMARGINATUS, Fabr. — Très commun 
dans les vignes en juin et juillet; Coulanges, Irancy, Tonnerre. 
IL a fait beaucoup de ravages dans les vignes depuis une dizaine 
d’années ; il devient plus rare depuis deux ou trois ans. On le 
connaît dans le canton de Coulanges sous le nom de (frisette , et 
dans le Tonnerrois sous celui de Joquot (Voir Bulletin de la 
Soc. des Sc. hist. et nat. de l’Yonne, 1867, p. lui). 

Campyloneura, Fieber. 

1. C. VIRGULA, H. Sch. — Hadocratus , Amyot, 192. — 
Assez commun en juin et juillet dans les prés de Vincelles. Rare 
dans les prés à Sens (Poulain). 

ütocorlft, Fieber. 

1 . L. TRIPUSTULATUS, Fabr. Phytocorwpastimcœ , Hahn. 
Cardiaspis, Amyot, 248. Disparganum, Amyot, 249. — 
Assez rare à Coulanges ; commun à Sens dans les prés (Poulain). 

Polymeruft, Hahn. 

1. P. HOLOSERICEUS, Hahn. Systratiotus, Dougl. and Sc. 
— Assez rare à Coulanges. Je l’ai trouvé aussi à la ferme des 
Iles, près d’Auxerre, en septembre, dans les fleurs de chardons. 

Charagocliiliift, Fieber. 

I. C. GYLLENHALI, Fall. Polymerus, Amyot, 250. — 
Très commun partout, toute l’année, dans les prairies et dans les 
bois. * 

Cyphodema, Fieber. 

1. C. MEYER-DURI, Fieber. — Assez commun aux envi- 
rons de Coulanges, dans les prés, de juin à septembre. 

Iiystift, Hahn. 

1. L. PRATENSIS, Fabr. Phytocoris alpina, Kol. Capsus 


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DU DEPARTEMENT DE L’YONNE. 41 

gemellatus, H. Sch. C. umbellatorum , Panz. Phytocoris, 
Amyot, 238. — Très commun partout en été dans les prairies. 

2. L CAMPESTRIS, Fabr. Capsus artemisim , Schill. — 
Comme le précédent dont il parait n’être qu’une variété. 

3. L. RUBRICATUS, Fall. L . rufescens , Hahn. Capsus 
rubicunduSy Meyer-Dür. — Beaucoup plus rare que les précé- 
dents. 

4. L. CONTAMINATUS, Fall. Catamianus, Amyot, 230. — 
Très rare; Coulanges, Vincelottes, en juillet. Sens, dans les prés 
des Noues-Bouchard (Poulain). 

5. L. PABULINUS, Lin. Lygus , Amyot, 229. — Cette es- 
pèce paraît assez rare dans nos pays ; je l'ai pourtant trouvée 
quelquefois à Coulanges et aux environs d’Auxerre, dans les prés 
humides, en mai et juin. 

6. L. FLAVOVIRENS, Fieber. — Très rare ; M. Poulain l’a 
trouvé dans les prés de Saint- Paul, à Sens, en septembre. 

Pœelloieytufl) Fieber. 

1. P. UNIFASCIATUS, Fabr. Miris semi/lavus , Wolff. 
Phytocoris lateralis, Habn. P . marginatus, Hahn. Desmo - 
chlcena, Amyot, 242. — Très commun dans les prés, de juin à 
octobre. Coulanges, Auxerre, Sens (La Brûlerie). 

2. P. DALLMANNI, Fall. Lygceus vulneratus, Wolff. Me- 
sostractus , Amyot, 233. — Rare ; je l’ai rencontré une seule 
fois en abondance dans un champ de moutarde, à Escolives, en 
septembre. 

Hadrodema, Fieber. 

1. H. RUBICüNDA, Fall. Capsus rubricatus , Meyer-Dür. 
Miltemma, Amyot, 237. — Très rare ; Coulanges. 

Orthop*, Fieber. 

1. 0. PASTINACÆ, Fall. Capsus luddus , Kirschb. — Assez 


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42 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

rare; Vincelottes, sur des salicaires au bord de l’Yonne, en 
juillet. Très commun à Sens sur le bord des ruisseaux dans les 
prés humides de Saint-Paul (Poulain). 

2. 0. PELLUCIDUS, Fieber. — Rare, juin,. Escolives, Sens 
(Poulain). 

3. 0. FLAVOVARIUS, Fabr. — Très commun partout sur 
les fleurs des prairies pendant tout l’été. 

4. 0. KALMII, Lin. Phytocoris flavovarius, Hahn. Capsus 
pauperatus, Her. Sch. Transversale, Fabr. Gramineus, 
Fabr. Chloraspida, Amyot, 247. — Très commun en été, avec 
la précédente espèce. 

Stiphroftoma, Fieber. 

1. S. LEUCOCEPHALA, Lin. Strongylocoris , Costa. Attus, 
Burm. Leucocephalus, Amyot, 253. — Pas commun, en juin et 
juillet dans les prés de Charentenay et de Migé. 

UaUlfas, Hahn. 

1. H. LUTEIC0LL1S, Panzer. H. ocrocephalns , Fieber. 
Capsus propinquus, Her. Sch. Crocoderus , Amyot, 248. — 
Commun dans l’herbe des bois de juin à septembre ; Val-de- 
Mercy, Migé. 


Cylloeorlt) Hahn. 

1 . C. HISTRIONICUS, Lin. Lygœus agilis, Fabr. Nacassus, 
Amyot, 188. — Assez rare, dans les bois des environs de Cou- 
langes, en mai et juin. 

Globleepi, Latr. 

1 . G. SPHEGIFORMIS, Rossi. G . capito. Le Pel. et Serv. 
Capsus decoratus, Mey. Dtir. C . bifasciatus, Hahn. Sphegi - 
formiSy Amyot, 258. — Très rare; un seul exemplaire trouvé 
à Coulanges en septembre (Poulain). 

2. G. FLAVONOTATUS, Boh. Cyllecoris /larxmaculaius, 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 43 

Vz. DistinguenduSy Her. Sch. QuadHflavormculatWy de 
Geer. Tetraspilus , Amyot, 189. — Assez commun dans les bois 
de Migé et du Val-de-Mercy, de mai à août, Sens (Poulain). 

3. G. FLAVOMACULATUS, Fabr. — Très commun en juin 
et juillet dans les prés d’Escolives ; on le rencontre souvent avec 
le précédent. 

Æthorrliliivis, Fieber. 

1. Æ. ANGULATUS, Fabr. Derammum , Amyot, 191. — 
Assez rare, Coulanges, en juillet. 

Pacliylopa, Fieber. 

1 . P. CHLOROPTERUS, Kirschb. — Très rare ; M. Poulain 
en a trouvé un individu dans les prés de Saint-Paul, à Sens, en 
septembre. 


littocorta, Fieber. 

1. L. ERICETORUM, Fall. — Assez rare dans les bois du 
Val-de-Mercy, en août. M. Poulain le trouve communément sur 
les bruyères en fleurs, en septembre, octobre et môme eu novem- 
bre, quand le temps est beau, à Sens. 

Orthotylut, Fieber. 

1 . 0. ANGUSTUS, Her. Sch. Litosoma , Dougl. and Scott. 
— Très rare ; je n’en ai trouvé que deux individus à Coulanges, 
en août. 

2. 0. NASSATUS, Fabr. Lygmicterocephalus, Hahn. Cyr - 
tochloris, Amyot, 228. lcterocephalus % Amyot, 232. — Très 
rare aussi dans nos contrées. 

3. 0. PRASINUS, Fall. Capsus viridineroi$> Kirschb. 
Lygus ) loralis , Hahn. — Moins rare que les précédents; je le 
trouve en juin et juillet sur les noisetiers à Coulanges. 

4. 0. DIAPHANUS, Kirschb. — Très rare ; je n’en connais 
qu’un exemplaire trouvé à Auxerre. 


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44 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


Meteroeordyloe, Fieber. 

1 . H. UNICOLOR, Hahn. Heterotoma pulverulenta, Klüg. 
Melanemma, Amyot, 222. — Assez rare ; Coulanges, Auxerre. 
Robineau-Desvoidy le trouvait assez fréquemment à Saint* 
Sauveur sur les diverses espèces de Galium. 

Heterotoma, Latr. 

1. H. MERIOPTERA, Scopoli. Capsus spissicomis, Fabr. 
Meriopterus, Amyot, 261. — Assez commun en été sur les 
ronces le long des chemins et des sentiers ; Coulanges, Avallon, 
Sens (Poulain). 

Orthoceplialus, Fieber. 

1. 0. SALTATOR, Hahn. Pachytoma, Costa. Scœrophila, 
Amyot, 273. — Peu commun, dans les prairies, Coulanges, 
Cerisiers ; Sens (Poulain). 

2. 0. MUTABILIS, Fall. Capsus pïlosus, Hahn. Evalassus, 
Amyot, 267. — Rare, Coulanges, Sens (Poulain). 

3. 0. MINOR, Costa. C apsus hirtus , Curtis C ■ parallelus , 
Meyer Dür. Pachytoma, Amyot, 271. Chlamydatus, Amyot, 
272. — Très commun partout en été ; la femelle parait beau- 
coup plus commune que le mâle. 

Atraetotomu», Fieber. 

1. A. MAGLNICORNIS, Fall. Heterotomus, Amyot, 262. — 
Assez rare dans les haies en juillet et août ; Migé, Charentenay. 

Harpaeera, Curtis. 

1 . H. THORACICA, Fall. H. Burmeisteri, Curtis. Capsus 
antennatus, Muls. C. curoipes, Mey. Dür. C. circum/lexus, 
Costa. — Très rare; Coulanges; Sens, dans les prés de Saint- 
Paul (Poulain). 

Anaterapa, Fieber. 

1. A. SETULOSUS, Meyer Dür. — Cette espèce, fort rare 


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DU DÉPARTEMENT DE i/YONNE. 45 

partout, se trouve tous lès ans en grande abondance dans une 
localité très limitée au milieu des prés humides d’Escolives. Elle 
commençe à paraître vers la fin de juin, et on la trouve encore 
au milieu du mois d’août. 

Oncotylas, Fieber. 

1.0. DECOLOR, Fall. Lopus chrysanthemi , Hahn. Capsus 
palliatus , Perris. Chloroscotus , Amyot, 224. — Très rare, 
Coulanges. 

Tlnleeplialiift, Fieber. 

1 . T. HORTULANUS, Meyer Dtir. — Commun en juin et 
juillet dans les prés et dans i herbe des bois aux environs de 
Coulanges. 


Plaglognathnfl, Fieber. 

1 . P. ARBUSTORUM, Fabr. — Assez commun aux environs 
de Coulanges en juillet et août. Nous trouvons aussi la variété 
Irunnipennis, Meyer Dtir, qui cependant parait être moins 
commune dans nos contrées. 

2. P. FULVIPENNIS, Kirschb. — Très rare, Coulanges. 

3. P. VIRIDULUS, Fall. — Assez rare à Coulanges, Sens 
(Poulain). 


Apoeremnas, Fieber. 

1 . A. AMBIGUUS, Fall. C . obscnrus, Kirschb. C. betulœ , 
Kirschb. — Assez rare en mai et juin, Coulanges. 

2. A. VARIABILIS, Fall. — Assez commun ; Coulanges, Vin- 
celottes, dans les herbes au bord de l’Yonne ; août. 

Pftalluft, Fieber. 

1. P. VARIANS, Meyer Dür. Psallus decoloratus , Muls. — 
Assez rare, en juin et juillet, Coulanges, Yincelottes au bord de 
la rivière. 


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CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


46 

Affiillicifltea, Fieder. 

1. A. VERBASCI, Her. Sch. — Assez commun de juin à sep- 
tembre dans les prés des environs de Coulanges. 

2. A. PULICARIUS, Fall. Capsus saliens, Wolff. — Assez 
commun en été dans les prés de Vincelles etd’Escolives. 

Ptlophoru*, Hahn. 

1. P. CLAVATUS, Lin. Capsus Ufasciatus , Fabr. Camaro- 
notus, Fieber. Pilophorus, Amyot, 203. — Assez commun en 
juin et juillet dans les bois de Migé et de Jussy. 

Phyluft, Hahn. 

1. P. MELANOCEPHALUS, Lin. Phytocoris revestüus , Fall. 
Miris pallens , Fabr. — Assez commun sur les noisetiers dans 
les bois des environs de Coulanges, en mai et juin. On le trouve 
aussi jusqu’en septembre sur les noisetiers des jardins. 

2. P. CORYLI, Lin. P. pallipes , Hahn. — On le rencontre 
habituellement avec le P . melanocephalus, sur les noisetiers. 

3. P. AVELLANÆ, Meyer Dtir. — Beaucoup plus rare que 
les précédents ; bois des Brosses. 

Hoplomacliuft, Fieber. 

1 . H. THUNBERGII, Fall. Lopus hieracii, Hahn. Thunber • 
gonymus, Amyot, 235. — Habituellement très rare dans notre 
département ; je l’ai trouvé une seule fois en abondance dans les 
bois de Vincelles, en août. 

Paehyzyphai) Fieber. 

1. P. LINEELLUS, Muls. Capsus croceipes , Costa. — Assez 
rare; environs de Coulanges, août. 

Amblytylu*, Fieber. 

i. A. AFFINIS, Fieber. — Assez rare, en juin et juillet, dans 
les prés de Charentenay et du Val-de-Mercy. 


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DU DÉPAfcTEMENT DE L’YONNE. 


47 


üfacrocolevia, Fieber. 

1. M. PAYKULII, Fall. Capsus maculipennis , Her. Sch. 
C. elegans , Curtis. Paykulonymus , Amyot, 234. — Très com- 
mun en juillet et août sur les fleurs de réséda et de scabieuse, 
dans les coteaux arides de Vincelles et de Charenteoay. 

ülacpolophaiy Fieber. 

1. M. COSTALIS, Fieber. — Très rare; Coulanges. 

2. M. NUBILUS, Her. Sch. — Assez commun en juin et 
juillet, sur les fleurs de chardon et de genêt, Charentenay. 

fttalaeoeoris, Fieber. 

1. M. CHLORIZANS, Fall. Cklorostactus , Amyot, 193. — 
Cette espèce parait fort rare dans nos contrées; je ne l’ai ren- 
contré qu’une seule fois au bois des Brosses, en octobre. 

Braehycerœa, Fieber. 

1. B. ANNÜLATA, Wolff. — Stictospirus , Amyot, 195. — 
Très commun dans les bois de juin à septembre, Coulanges, 
Toucy, Auxerre, forêt d’Othe ; cette espèce parait plus rare à 
Sens, dans les prés et dans les bois (Poulain). 

Dleyphua, Fieber. 

1. D. ERRANS, Wolff. Idolocoris , Dougl. and Scott. — 
Assez rare en août et septembre; Coulanges, Arcy-sur-Cure, 
Sens (Poulain). 

gpeeftes Ineertae sedii. 

1. CAPSUS LUTEUS, Her. Sch. — J’ai trouvé cette espèce 
en assez grande abondance en juillet et août sur les fleurs du 
genêt et sur le réséda, à Charentenay. 


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48 


CATALOGUÉ DES HÉMIPTÈRES 


8™ Famille. — ANTHOCORIDES. 

A. ANTHOCORIDES. 

Temnogtethafl, Fieber. 

1. T. PUS1LLUS, Her. Sch. Anthocoris àlbofasciatus , Fie- 
ber. À. lugubris , Boh. — Très rare, Coulanges, août. Sens 
(Poulain). 

Antlioeorift, Fallèn. 

1 . A. NEMORALIS, Fabr. Lygœus austriacus, Fabr. Galba - 
mm ulmi, de Geer. Rhinarius , Hahn. Hylophyla , Amyot, 
313. Nicnahia % Amyot, 314. — Je l’ai trouvé une seule fois en 
abondance sur des tilleuls, en juillet, à Coulanges. 

2. A. NEMORUM, Lin. Lygœus / asciatus , Fabr. A. sylves- 
tris , Panz. Anthocoris , Amyot, 312. — Commun dans les bois 
en été; Coulanges, Avallon, Sens; Saint-Florentin (La Brûlerie). 

üyetoeori*, Hahn. 

1. L. DOMESTICUS, Schill. Xylocoris dimidiata , Spin. X . 
parisiensis, Am. Serv. Anthocoris bicuspis , H. Scli. Distin - 
guenduSy Flor. Lencarmia , Amyot, 320. Harmocoris , Amyot, 
318. — Très commun au mois de mai dans les habitations; 
Coulanges. On le trouve encore, mais en petit nombre, dans les 
prés et dans les bois, en été. Rare à Sens, septembre (Poulain). 

Piezofltetlaiia, Fieber. 

1. P. GALACTINUS, Fieber. Anthocoris pulchellus, Zett. 
Xylocoris albipennis, Her, Sch. — Très rare; M. Poulain en a 
trouvé un individu à Sens dans les bois de Rupcouvert, en sep- 
tembre. 

2. P. BICOLOR, Scholz. Xylocoris latior , Muls. et Rey. X. 
obliqmts , Costa. Rnfipennis, Flor. — Très rare ; Sens (La 
Brûlerie). 


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OU DÉPARTEMENT DE LIONNE. 


49 


3. P. RUFIPENNIS, L. Duf. Xylocoris corticalis, Hahn. 
Xylocoris , Amyol, 322. — Rare; M. Poulain en a trouvé quel- 
ques exemplaires dans les bois de Rupcouvert, en automne, 
sous des écorces de pommiers. M. Ch. de La Brûlerie en a aussi 
recueilli aux environs de Sens. 

Trlphlep», Fieber. 

1. T. NIGER, Wolff. Rhinarius obscur us, Hahn. S cotent - 
brechus, Amyot, 317. — Assez commun en été sur les fleurs de 
la famille des composées ; Coulanges; Sens (Poulain). 

2. T. ULRICHII, Fieber. Anthocoris cursitans , Fall. — 
Assez rare; Coulanges, août. 

3. T. LATUS, Fieber, Anthocoris luconm, Sahlb. — Rare ; 
M. Poulain en a trouvé deux individus aux environs de Sens, en 
septembre. 

4. T. MINUTUS, Lin. Lygœtis fruticxm, Fall. Anthocoris 
compresskornis , Sahlb. Exorliinus, Amyot, 315. — Très 
commun partout en été dans les fleurs de chardons. 

Cardlafttetliiift, Fieber. 

1. C. TESTACEUS, Muls. — Cette espèce parait assez com- 
mune aux environs de Saint-Florentin (La Brûlerie). Très rare à 
Sens (Poulain). 


B. MICROPHTSIDES. 

Myrmedobla, Bœr. 

1. M. COLEOPTRATA, Fall. Bryocoris palustris , Fall. 
Microphysamyrmecobia , Mark. Motachrus, Amyot, 323. — 
Tels sont les noms sous lesquels la femelle a été décrite ; le 
raûle a # été décrit par les auteurs sous les noms suivants : An- 
thocoris exïlis, Fall. A. subtilis , Sahlb. A. curtisii, Flor 
Iodotropus , Fieber. Dipyxidium, Amyot, 316. — M. Poulain 
Sc. nat. 4 


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50 CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

en a recueilli une femelle à Sens ; le mâle parait être plus 
commun. 


G. AGANTHIDES. 

(Lecticoles, Am. Serv.) 

Acanthla, Fabr. 

1. A. LECTULARIA, Lin. Cimex, Amyot, 312. — Trop com- 
mun dans les habitations. 


D. CERATOCOMBIDES. 
Cryptostemma, H. Sch. 

1. C. ALIENüM, H. Sch. Anthocoris brebaphes, Amyot. — 
Très rare ; Sens (La Brûlerie). 


9 rae Famille. — SALDIDES. f 
(Oculés, Am. Serv.) 

Salda, Fabr. 

l.S. SALTATORIA,Lin. S.alpina, Sco\>.Salda, Amyot, 327. 
Cette espèce ne parait pas très commune dans le département de 
FYonne ; j’en ai trouvé quelques exemplaires à Escolives et à 
Auxerre. M. Poulain et M. de la Brûlerie en ont recueilli quel- 
ques-uns aussi dans les environs de Sens. Juin à Septembre. 

2. S. PALLIPES, Fab. Var. OCELLATA, Costa. — Je Fai trou- 
vée une seule fois en juillet au bord d’une mare à Escolives. 

3. S. CINCTA, Her. Sch. S. elegantula, Flor. — Auxerre. 
Assez commun aux environs de Saint-Florentin (La Brûlerie). 


10™ Famille. — PHYMATIDES. 

Phymata, Latr. 

1 . P. CRASSIPES, Fabr. Syrtis, Fabr. Phymata , Amyot, 275. 


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DU DÉPARTEMENT DE LIONNE. Si 

— Cette espèce se trouve dans Jes bois, principalement sur les 
fleurs de coronille, de mai à octobre ; mais elle est généralement 
assez peu commune. Bois du Val-de-Mcrcy et de Migé. 


ll me Famille. — RÉDUVIDES. 

(Nudirostres, Am. Serv.) 

Plœarla, Scop. 

1. P. ERRATICA, Fall. Cimexculiciformis, deGcer. — Peu 
commune ; on la trouve généralement dans les habitations où 
elle commence à paraître vers le mois de mai ; on la rencontre 
aussi quelquefois dans les bois sur Jes écorces. Coulanges ; Saint- 
Sauveur (Robineau-Desvoidy) ; Sens (Loriferne). 

Pysolampla, Germar. 

i.P. PALLIPES, Fabr. Cimex bifurcatus, lÀw.Emesa dentir 
collis, Fall. Acanthia denticulata, Rossi. Ochetopus spinicol- 
lis , Hahn. Pygolampis, Amyot, 348. — J'en ai un exemplaire 
qui a été trouvé à Saint-Florentin par M. de La Brûlerie; je ne 
crois pas qu’il en ait été trouvé d'autre dans le département. 

Harpaetor, Lap. 

1. H. ANNULATUS, Lin. Rhinocoris , Amyot, 341. — Assez 
rare, dans les bois, de mai à septembre. Coulanges, Ouanne, 
Auxerre. 


Coranoi, Curtis. 

1. C. GRISEUS, Rossi. Colliocoris, Hahn. Harpaetor mun - 
nus , Rambur. Chathapus, Amyot, 343. — Très rare; Coulan- 
ges, au commencement de l’été. 

Reduvflas, Fabr. 

1 . R. PERSONATUS, Lin. Reduvius, Amyot, 340. — Com- 


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52 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

mun dans les maisons, toute l’année; il fait la chasse aux pu- 
naises des lits et aux mouches. Coulanges, Auxerre; Sens 
(Poulain). 

Pirates, Am. Serv. 

1 . P. STRIDULUS, Fabr. Pirates , Amyot, 332. — Assez com - 
mun sous les pierres, d’août à novembre ; Coulanges, Avallon ; 
Sens (Loriferne); Saint-Sauveur (Robineau-Desvoidy). 

IVfetastemma, Am. Serv. 

1. M. GUTTULA, Fabr. Reduvicus staphylinus, Tigny. 
Postemma> L. Duf. Prostemma , Amyot, 333. — Très rare, 
sous les pierres et sous la mousse au pied des arbres ; Vincelles, 
Ouanne ; août et septembre. 

• 2. M. BRACHELYTRUM, L. Duf. Brachelytrops, Amyot, 
334. — Plus commun que le précédent dont il n’est peut être 
qu’une variété ; Coulanges ; Sens, sous des pierres (Loriferne) ; 
Sens, au pied des peupliers dans les prés de Nouês-Boucbard 
(Poulain); Saint Sauveur (Robineau-Desvoidy); septembre et 
octobre. 


tfabl», Latb. 

1 . N. BREVIPENNIS, Habn. — Hypapterus , Amyot, 336. 
var. 1. — Assez commun tout l’été dans les prés et les bois ; 
Coulanges, Auxerre, Avallon ; Sens (Loriferne). 

2. N. SUBAPTERUS, de Geer. Redwoius apterus , Fabr. 
Aptns , Hahn. Hypaptems , Amyot, 336, var. 2. — Très com- 
mun partout pendant toute l’année. 

3. N.BREVIS, Scbolz. Nabis punctatus, Costa. — Assez rare 
à Coulanges, en septembre; Saiut-Sauveur (Robineau-Desvoidy) ; 
il est plus commun dans les bois des environs de Sens (Poulain). 

4. N. FERUS, Lin. Mirisvagans, Fabr. N. cinerea , Oliv. N . 
Testaeeus , Scop, Ndbis % Amyot, 338. — Très commun partout 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 53 

pendant toute Tannée dans les champs et dans les bois, princi- 
palement sur les ombellifères. 

5. N. PILOSULUS, Foçster-Fieber. N flavomarginatus, 
Dougl. and Sc. — Peu commun, Coulanges, Val-de-Mercy ; Sens 
(Poulain). 


12“* Famille. — HYDROMÉTRIDES. 

(Slagnigrades, Am. Serv. — Amphibiscores, Am.) 

Hydrometra, Fabr. 

1. H. PALUDUM, Fabr. Gerris, Fabr. Gerris. Amyot, 352. 
var. I. — Assez rare, sur les mares, à Escolives. 

2. H. NAJUS, de Geer. Gerris aptera , Schum. G . Cana- 
lium, L. Duf. C. pausarius, Curtis. Aquarius paludum, 
Schell. Apterogena, Amyot, 353. — Rare, Vincelles. 

3. H. LACUSTRIS, Lin. — Gerris , Amyot, 352, var. 3. — 
Très commun sur les eaux stagnantes dans tout le département. 

Telia, Latr. 

1. V.CURRENS, Fabr. 'Hydrometra aptera, Fabr. Aptenia, 
Amyot, 355. — Très commun partout sur les mares et au bord 
des petits cours d'eau. 

Hydroësoa, Burm. 

i. H. SCHNEIDERI, Scholz. — Microvelia, Westw. — Très 
rare; Escolives, juillet, au bord des eaux courantes. 

Umnobatea, Burm. 

1. L. STAGNORUM, Lin. Cimex actes, de Geer. Emesa sla - 
gnortm, Fait. Hydrometra, Amyot, 35t. — Très commun par- 
tout au bord des mares bourbeuses. 


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54 


CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 


2 mo Division. — HYDROCORISES. 
(Gryplocerata, Fieber) 

13 mo Famille. — PÉLOGONIDES. 

Aucun représentant de cette famille n'a été rencontré jusqu’à 
présent dans le département de l’Yonne. 


1 4 me Famille. — NAUGORIDES 
(Pédiraptes, Am. Serv.) 

itaucorl», Lin. 

1. N. CIM1COIDES, Lin. Naxiptera, Amyot, 359. — Assez 
commun; Escolives, Toucy; Sens, Pont-sur-Yonne (Loriferne). 

2. N. MACULATA, Fabr. N- aptera , L. Duf. Naucoris, 
Amyot, 360. — Plus rare que l'espèce précédente ; Escolives ; 
Sens (Loriferne). 


15 rao Famille. — NÉPIDES. 
nrei»a, Lin. 

I. CINEREA, Lin. Nepa, Amyot, 36t. — Très commune 
partout, dans la vase, au fond des mares et des cours d’eau peu 
rapides, d’août à novembre. 

Ranatra, Fabr. 

I. LINEARIS, Lin. Ramtra, Amyot, 362. — Assez commun 
dans les étangs, Vincelles, Escolives; Sens, dans les mares cur 
le plateau de Rupcouvert (Poulain). 


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DU DÉPARTEMENT DE L’YONNE. 


55 


1 6 me Famille. — NOTONECTIDES. 

(Pédirèmes, Am. Serv.) 

IVotonecta, Lin. 

1. N. GLAUCA, Lin. N. Fabricü , Fieber. — Notonecta, 
Amyot, 359. — Très commune dans toutes les mares. 

2. N. MARMOREA, Fabr. — C'est la variété la plus com- 
mune dans nos contrées. 

3. N. FURCATA, Fabr. N. Melanota , Riss. — Plus rare que 
les précédentes; Charentenay, Escolives ; Sens (Poulain) ; Saint- 
Florentin (La Brûlerie). 

Ploa, Fabr. 

1. P. MJNUTISSIMA, Fabr. Notonecta cinerea anelytra , 
Geoff. Ploa , Amyot, 368. — Très rare, Vincelles, Escolives ; 
Sens (Poulain). 


17 mo Famille. — CORISIDES. 

Corlfta, Geoff. 

1. C. GEOFFROYI, Leach. C . punctata , Burm. Sigara 
striata , Fabr. Corixa, Amyot, 363. — Commun partout. 

2. C. HIEROGLYPHICA, L. Duf. Hieroglyphica , Amyot, 
365. — Assez rare, Escolives; plus commune à Sens dans les 
ruisseaux de Saint-Paul (Poulain). 

3. C. NIGROLINEATA, Fieber. — C . lineolata , H. Sch. 
C . lineata , Rambur. C. lateraUs , Leach. — Assez commune, 
Escolives, Auxerre ; Sens (Poulain). 

4. C. FOSSARUM, Leach. — Peu commune, Escolives, Vin- 
celles ; Sens, dans les ruisseaux de Saint-Paul (Poulain). 


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56 CATALOGUE DES HÉMIPTÈRES 

5. C. MCESTA, Fieber. — Rare, Escolives; Sens (Loriferne) ; 
Fontaine-la Gaillarde (Poulain). 

6. C. LIMITAT A, Fieber. Sigara undulata, Fall. C . Fossa - 
rum , Fall. C. stagnalis. Leach. — J’en ai trouvé un seul indi- 
vidu à Toucy, en août, dans une mare argileuse. 

7. C. LINNOEI, Fieber. — Je n’en ai trouvé qu’un exemplaire 
dans un petit ruisseau à Escolives. 

8. G. STRIATA, Lin. C. basalis, Costa. Hexarabdus , Amyot, 
364. — Commune dans les mares, à Pont-sur- Yonne; plus rare 
à Escolives. 

9. C. FALLENII, Fieber. C . undulata , Fall. C’est l’espèce la 
plus commune dans le département; Escolives; Pont-sur- Y r onne 
(Loriferne) ; Fontaine-la-Gaillarde (Poulain); Saint-Florentin 
(La Brûlerie). 

10. C. SAHLBERGI, Fieber. C . striata , Sahlb. — C. regu - 
taris , Her. Sch. — Très commune dans les mares et les ruis- 
seaux d’Escolives. 


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LÉS OISEAUX 


NE DÉTRUISENT PAS AUTANT D’iNSECTES NUISIBLES 
QU’ON LE CROIT GÉNÉRALEMENT, 

Par M. Ch. Bazin. 


Les oiseaux sont-ils réellement les destructeurs nés 
des insectes nuisibles, et, par suite, des auxiliaires 
puissants contre les ravages de ceux-ci, ainsi qu’on l’a 
proclamé bien haut dans ces derniers têmps? Telle est 
la question que s’est posée dernièrement un des ento- 
mologistes les plus distingués de France, M. Édouard 
Perris, vice-président du Conseil de Préfecture des 
Landes, question qu’il a résolue dans le sens diamétra- 
lement opposé à la solution généralement admise (1). 
Nous avons d’autant plus d’attrait à analyser son cons- 
ciencieux travail, que nous avions nous-même quelques 

(1) Les Oiseaux et les Insectes. parM. Edouard Perris, vice- 
président du conseil de préfecture des Landes, membre de 
plusieurs sociétés savantes. — Extrait des .Vim. de la Soc. 
royale des Sc.de Liiçe, 1870. 

Sc. nat. 5 


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58 NOTE SUR LES OISEAUX. 

observations militant en faveur de ses conclusions. Ce 
n’est donc pas simplement pour céder au plaisir secret 
de combattre une opinion généralement reçue, que nous 
nous livrons à ce petit travail ; mais c’est parce que, 
convaincu nous-rnôme, nous nous appuyons en outre 
sur les raisons données par un éminent observateur. On 
se rappelle encore tout le bruit qui fut fait autour de 
cette question il y a quelques années ! C’était sous l’Em- 
pire, le Sénat prêtait une attention recueillie au chaleu- 
reux plaidoyer d’un de ses membres, M. le premier 
président Bonjean, en faveur des oiseaux, considérés, 
d’une manière générale, comme les ennemis acharnés 
des insectes nuisibles. L’éminente Assemblée arrivait 
à conclure, sans rencontrer de contradicteur, qu’il fallait 
recourir à tous les moyens de protection en faveur des 
oiseaux, parce qu’ils étaient pour nous les meilleurs 
auxiliaires contre les ravages des. insectes. De là, recom- 
mandations à Messieurs les Préfets de prendre des 
arrêtés pour protéger l’existence du plus grand nombre 
d’oiseaux possible ; circulaires à Messieurs les Institu- 
teurs pour leur enjoindre d’engager leurs élèves à con- 
templer, sans y toucher, les nids d’oiseaux qu’ils ont 
tant de plaisir à visiter ; articles de journaux, notices 
agricoles, pour faire appel aux sentiments généreux des 
chasseurs qui exterminent sans pitié et sans distinction 
les oiseaux qu’ils rencontrent au bout de leur fusil. 
Malgré ce bel élan de sénateurs convaincus, malgré ce 
concert d’attendrissement à l’endroit des petits oiseaux, 
nous conservions, comme nous venons de le dire, des 
doutes sur leurs qualités éminemment utilitaires, et 
dans l’intention de nous éclairer, nous sollicitions une 


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NOTE SUR LES OISEAUX. 


59 


audience du premier président Bonjean, dans l’espoir 
que celui qui avait si bien parlé sur le sujet qui nous 
préoccupait, parviendrait à dissiper nos doutes. Les 
assertions des hommes supérieurs doivent fixer l’atten- 
tion et méritent examen. Il arrive quelquefois que les 
hommes dont les journées sont le mieux remplies trou- 
vent encore à consacrer quelques moments à l’histoire 
naturelle, si la tournure de leur esprit les y porte, et 
souvent ces quelques moments suffisent pour qu’une 
intuition subite jette quelque clarté sur des questions 
jusque-là obscures. Me voici donc en présence de M. le 
premier président Bonjean, avec l’intention d’explorer 
ses connaissances en histoire naturelle et d’en tirer 
profit; mais mon espoir fut bien vite déçu; il me fit tout 
simplement l’aveu qu’il n’avait fait par lui-même au- 
cune observation, que tout son bagage scientifique 
appartenait à M. Florent Prévost, attaché au Muséum 
d’histoire naturelle de Paris, et il était si peu disposé 
lui-même à s’aventurer sur ce terrain, que dès le début 
de la conversation, il prenait la tangente pour se retrou- 
ver sur le terrain brûlant de la politique. Ce n’était plus 
mon affaire. Je sortis donc, conservant des doutes et 
même dans certains cas particuliers ayant des faits qui 
combattaient les idées reçues. 

J’en étais là, lorsque j’eus connaissance du mémoire 
de M. Perris, attaquant de front les conclusions qui 
demandaient d’une manière générale la protection des 
oiseaux. M. Perris était en présence de M. Florent 
Prévost, puisque M. Bonjean se mettait lui-même hors 
de cause. M. Florent Prévost, savant distingué, avait 
démontré, en disséquant des estomacs d’oiseaux, que 


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60 


NOTE SUR LES OISEAUX. 


beaucoup d’entre eux vivent d’insectes. Il avait corro- 
boré cette observation par d’autres faits à l’appui. De 
savants agronomes apportaient dans la balance le poids 
de leur opinion, et c’est au milieu de ce concert, dont 
l’harmonie n’avait pas jusqu’ici été troublée, que 
M. Perris ose élever une voix discordante, il s’en excuse, 
mais il le fait en apportant dans le débat des observa- 
tions si concluantes, qu’au lieu de chercher à l’excuser, 
il faut plutôt le remercier au nom de la science. Qui 
d’ailleurs aurait plus le droit que M. Perris de prendre 
la parole en pareille matière? Adonné depuis son enfance 
à l’étude de l’histoire naturelle, s’y livrant avec passion, 
il s’est trouvé initié non-seulement au genre de vie des 
oiseaux, mais aussi et surtout aux mœurs des insectes 
qui font l’objet de ses prédilections. M. Florent Prévost, 
ornithologiste de grande valeur, mais étranger à l’étude 
des insectes, ne pouvait voir la question que par un de 
ses côtés, c’est-à-dire d’une manière incomplète. 

M. Perris, au contraire, se présente armé de pied en 
cap, et nous allons voir l’usage qu’il fait de ses connais- 
sances profondes et variées. Pendant que tout le monde 
parlait sur la question avec plus ou moins d’autorité, il 
laissait dire, il continuait à observer, et quand il s’est 
senti prêt, il a pris la parole à peu près contre tous. Oui, 
avoue M. Perris, un nombre incalculable d’insectes de- 
vient la proie des oiseaux; mais parmi ces insectes, 
combien y en a-t-il qui soient nuisibles ? Evidemment 
toute la question est là, car personne ne songe à faire 
dépendre l’utilité des oiseaux de la destruction des in- 
sectes qui nous sont complètement indifférents ou même, 
comme il arrive souvent, qui nous sont utiles. 


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NOTE SUR LES OISEAUX. 


. 61 

M. Perris explique d’abord ce qu’il entend par insectes 
nuisibles. Il range dans cette classe ceux qui sont incom- 
modes aux hommes ou aux animaux utiles, ceux qui 
causent des dommages réels aux plantes industrielles 
ou alimentaires, en un mol aux végétaux grands et 
petits, qui servent à l’homme et aux animaux ; ceux 
enfin qui, doués d’un instinct merveilleux, mais dan- 
gereux, discernent l’état morbide des arbrisseaux et 
des arbres et contribuent à lutter leur ruine. C’est avec 
raison que M. Perris écarte de la catégorie des insectes 
nuisibles ceux qui n’attaquent que les végétaux entiè- 
rement morts ou qui ne causent que des dégâts inappré- 
ciables. Pour se faire une idée de l’importance do ces 
dégâts suivant chaque espèce d’insectes, on pourrait se 
reporter aux consciencieuses études du colonel Goureau, 
publiées dans les Annales de la Société. M. Perris, de 
son côté, dans un calcul approximatif, établit que sur 
34,600 espèces connues d’insectes en Europe, il n’y a 
pas plus de 330 espèces véritablement nuisibles. Ainsi 
sur 100 insectes pris par les oiseaux, il peut en moyenne 
s’en trouver un qui soit malfaisant ; sur les 00 autres, 
la plupart nous sont indifférents, et un certain nombre a 
la mission de nous être utiles. Mais, dira-t-ou, pour qu’il 
y ait de grands dégâts commis, il n’est pas nécessaire 
qu’un grand nombre d’espèces d’insectes soient nuisi- 
bles, il suffit que dans un nombre limité d’espèces, un 
grand nombre d’individus exercent des ravages. 

M. Perris a prévu l’objection, et pour y répondre, il 
passe à l’examen attentif de chaque espèce. Les indi- 
vidus qui ont tel nom, comment vivent- ils? quelle 
quantité de nourriture absorbent-ils ? Ainsi de suite. 


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NOTE SUR LES OISEAUX. 


62 . 

chaque espèce est passée en revue et quand elle est 
reconnue nuisible, il ne reste plus qu’à voir si dans telle 
ou telle circonstance, elle devient la proie des oiseaux. 
Tel est le travail d’observation auquel se livre M. Perris. 
Ce n’est pas si vite fait que de dire : les insectes man- 
gent beaucoup d’insectes nuisibles. Si l’étude est longue, 
pénible, au moins est-elle concluante. 

En commençant par les Coléoptères et en suivant un 
ordre méthodique la brochure que nous analysons, parle 
d’abord des larves d’un petit insecte [meligethes viri- 
descens ), qui, vivant cachées dans les fleurs des choux, 
des colzas ou bien dans les siliques, dévorent les organes 
floraux et les graines. Quel cas peuvent faire d’insectes 
si petits les oiseaux qui fréquentent les potagers ou les 
champs, à une époque de l’année où ils trouvent ailleurs 
une proie plus succulente et plus en évidence ? Ils la 
méprisent et le mal se produit en dehors de leur pro- 
tection. 

Après ces microscopiques ravageurs, arrivent les 
hannetons. Si on est d’accord sur un point, c’est bien 
sur le mal que font les diverses espèces qui composent 
ce genre ; mais la question est de savoir s’ils ont vrai- 
ment à redouter la voracité des oiseaux. A l’état d’in- 
sectes parfaits, les hannetons sont nocturnes, ils ne 
volent qu’au moment où il n’y a plus que les engoule- 
vents et les oiseaux de proie nocturnes qui cherchent 
leur pâture. Ces derniers, pour la plupart, ne mangent 
de hannetons qu’à défaut de meilleur gibier; et d’ail- 
leurs que peuvent faire ces oiseaux si clair-semés contre 
les phalanges si nombreuses de hannetons! Mais le jour, 
dira-t-on ? Le jour, tous les hannetons, sauf l’espèce qui 


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NOTE SUR LES OISEAUX. 


63 


sert de jouet aux enfants, sont cachés dans les herbes 
touffues ou bien sous terre. Les hannetons vulgaires 
qui n’ont pas cet instinct, se tiennent au moins cachés 
sous les feuilles des arbres, où les oiseaux ne les trou- 
vent pas facilement, et en outre peu d’oiseaux sont de 
taille à les attaquer. A l’état de larves, les hannetons 
n’ont guère à craindre que les corbeaux et quelques 
autres oiseaux piocheurs. Or, les corbeaux n’arrivent 
en troupe, dans nos pays, qu’au moment où, fuyant le 
froid qui commence, les vers blancs, autrement dits les 
mans, se sont enfoncés en terre et sont ainsi hors de 
leur atteinte. A l’époque des semailles, ce qu’il existe de 
corbeaux dans une région viennent visiter ces champs 
nouvellement ensemencés, ils y dévorent ce qu’ils peu- 
vent déterrer de froment et de seigle; si dans ce travail 
d’exploration il se rencontre quelques vers blancs ou 
quelqu’autre insecte, naturellement ils en font leur 
profit; mais ils ne les trouvent qu’en petit nombre, les 
observations de M. Perris en font foi. 

Certains insectes, que notre savant naturaliste fait dé- 
filer devant nos yeux, en veulent aux arbres, et leurs 
œufs déposés sous les écorces donnent naissance à des 
larves ravageuses ; les pics et les mésanges savent les y 
trouver; accordons donc que voilà parmi les oiseaux des 
espèces qui peuvent être considérées comme réellement 
utiles, et que si on leur faisait une guerre sérieuse, il 
faudrait les protéger. 

Il existe de petits insectes qui attaquent les biblio- 
thèques, dont ils rongent rapidement les ouvrages, 
sortes de vrillettes qui sont redoutables, comme celles 
qui rongent nos meubles lorsqu’une fois elles se sont 


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NOTE SUR LES OISEAUX. 


64 

installées au milieu des livres et des liasses de papiers* 
Ici, on en conviendra facilement, les oiseaux n’ont rien 
à voir ; passons donc sans nous arrêter à une foule de 
tribus qui n’ont aucun intérêt au point de vue qui nous 
occupe, et arrivons aux charançons, tribu qui renferme 
une série effrayante d’espèces, un nombre incalculable 
d’individus; mais parmi lesquels nous n’avons qu’un 
petit nombre d’ennemis. Ce nom de charançon appelle 
de suite l’attention sur l’espèce qui ravage le grain de 
nos greniers. Les oiseaux iront-ils les trouver au milieu 
des tas de blés ? Personne n’a osé dire que les moineaux 
qui pénètrent, quand ils le peuvent, dans les greniers, 
y soient attirés par ces insectes et qu’ils dédaignent le 
grain pour leur faire la chasse. D’autres charançons qui 
occasionnent certains dégâts échappent aux oiseaux en 
se cachant dans les feuilles ou en se tenant le jour immo- 
biles contre l’écorce des arbres dont ils ont la couleur. 
Leurs larves, qui vivent souvent au détriment des 
fleurs, n’ont pas non plus à redouter les oiseaux. Cer- 
taines espèces attaquent les arbres résineux. L’hiver, il 
est vrai, les mésanges et les pics font la chasse aux 
larves de ces insectes, mais d’ordinaire le mal est fait, 
l’arbre est déjà perdu : après la mort le médecin. 

Les choux et les navets donnent pâture à quelques 
espèces de charançons; l’un d’eux pond dans les sili- 
ques des colzas et fait perdre beaucoup de graines 
oléagineuses. Tous sont nuisibles à un haut degré, mais 
leur petitesse les préserve du bec des oiseaux, et leurs 
larves sont trop bien cachées pour que ceux-ci s’amu- 
sent à les dénicher. 

La famille des Scolytides n’est pas moins funeste aux 


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NOTE SCR LES OISEAUX. 


65 

végétaux que la précédente. Si un arbre est souffrant, 
ils l’attaquent et pour beaucoup d’arbres, notamment 
pour les résineux, la maladie est, par l’action des Scoly- 
tides, inévitablement suivie de la mort. Les diverses 
espèces, soit en rongeant le liber et le cambium, princi- 
paux organes de la circulation de la sève, soit en se 
logeant dans les jeunes pousses, arrivent au même 
résultat. Ces insectes de petite taille, car elle varie de 
un demi-millimètre à six millimètres, de couleur som- 
bre, aux mœurs nocturnes, ont peu à craindre les 
oiseaux, et c’est à peine si quelques-unes de leurs larves 
fortement abritées, succombent l’hiver à l’instinct des 
pics et des mésanges affamés. 

Les Bruchus qui vivent aux dépens des pois, des 
lentilles, des fèves, échappent aux oiseaux; ils sont 
petits et ne paraissent pas de leur goût. M. Perris a vu 
des carrés de pois au milieu desquels la fauvette babil- 
lardé avait bâti son nid, infestés par les Bruchus’, la ni- 
chée les respectait. Seront-ils inquiétés par les moineaux ? 
Pas davantage. Beaucoup de moineaux se jettent dans 
les carrés de pois, mais qu’y cherchent-ils? Approchez- 
vous et vous verrez que ces maraudeurs, bien plus nui-- 
sibles que les insectes auxquels ils devraient faire la 
chasse, mettent en pièce les gousses pour en manger 
les grains. Le moineau est un pillard qui exerce ses 
déprédations dans les moissons, dans les jardins, dans 
les greniers, sur les raisins mûrs de nos treilles, et je 
ne saurais, dit notre savant naturaliste, m’associer à 
l’espèce de culte que lui ont voué certaines personnes, 
plus crédules sur leur prétendue utilité que touchées 
de leur instinct de rapine et de gaspillage. 


,4T 


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66 


NOTE SUA LES OISEAUX. 


Après les Bruchides viennent les Longicornes, dont 
les larves vivent dans un grand nombre de sortes de 
bois. On peut les appeler des gâte-bois, mais à l’excep- 
tion d’une seule espèce, qui attaque les charpentes et 
dont on ne peut dire que du mal, les autres ne font que 
profiter de la négligence de l’homme, car il suffit d’a- 
battre les arbres morts et d’écorcer les arbres abattus 
pour prévenir leur invasion. Larves, elles vivent toutes 
à couvert et bravent les oiseaux; insectes parfaits, ils 
sont presque tous nocturnes et quelques-uns de taille à 
se faire respecter. Ne forçons pas les choses ; les oiseaux 
uniquement insectivores, consomment quelques longi- 
cornes des plus petites espèces diurnes ; mais que sont 
sur la masse ces destructions? quelque chose d’insigni- 
fiant. Dans le Midi, la luzerne est souvent salie et dévo- 
rée par un insecte vulgairement appelé négril (colaphus 
ater); les Provençaux ne comptent pas sur les oiseaux 
pour en diminuer le nombre, ils savent bien que les 
oiseaux ne s’en préoccupent pas. Inutile de nous arrêter 
à parler d’autres espèces de coléoptères qui ne causent 
que des ravages moins sensibles, ou qui, comme les 
puces de terre, scientifiquement appelées des Alticides, 
dévorent certains semis de nos jardins ; leur petitesse 
les fait dédaigner des oiseaux, qui n’ouvriraient pas le 
bec pour les avaler. Quittons, avec M. Perris, l’ordre 
des Coléoptères, et passons à celui des Orthoptères. 
Tout le monde connaît les ravages de la Courtilbère et 
sa manière de vivre. Elle circule sous terre et par le 
froid s’enfonce profondément. Les oiseaux ne creusent 
pas ses galeries pour aller la chercher. Les criquets, 
vulgairement appelés sauterelles, sont bien dn-goût des 


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NOTE SUR LES OISEAUX. 


67 


oiseaux et de la volaille ; mais quel mal font-ils ? Un 
mal presqu’inappréciable. Les services rendus par les 
oiseaux à leur égard, ne peuvent donc pas non plus 
entrer en ligne de compte. Nos criquets ne sont pas les 
mêmes que ceux qui, sous le nom de sauterelles, occa- 
sionnent souvent ces immenses ravages dont on parle 
en Afrique. Si les nôtres eussent été aussi destructeurs 
que ces derniers, nous eussions trouvé l’occasion de 
complimenter les oiseaux des champs et des basses- 
cours. 

Dans la famille des Névroptères, les termites sembla- 
bles à des fourmies blanches, dévorent les bois de cons- 
truction, les boiseries, les planchers. Insectes dange- 
reux par leur nombre, ils ont causé à l’arsenal maritime 
de Rochefort des pertes notables et ont forcé d’enfermer 
les archives de la préfecture de la Rochelle dans des 
boîtes de zinc. .Les oiseaux n’ont pas de prise sur ces 
ennemis cachés; ils ne font pas non plus grand mal à 
la tribu des guêpes, ennemies déclarées des abeilles et 
de nos fruits. De même, personne ne les a vus chassant 
les pucerons, dont la fécondité amène quelquefois d’ir- 
réparables dommages : témoin les ruines causées par 
le Philloxera vastatrix, sorte de puceron dont tout le 
monde se préoccupe depuis que l’on sait avec quel pré- 
judice, pour certaines régions, il attaque les racines de 
la vigne. Que peuvent les oiseaux contre les Thryps, les 
Cécydomies qui, dans certaines années, causent aux 
céréales des préjudices considérables ? leur petitesse les 
sauve, et leur vie cachée aussi. 

Ne nous arrêtons pas à quelques autres espèces incom- 
modes ou nuisibles qui savent échapper à l’estomwc 


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68 NOTE SCR LES OISEAUX. 

des oiseaux d’une manière ou d’une autre, et arrivons 
de suite à la famille des papillons ou lépidoptères, qui, 
à l’état de chenilles, causent parfois de graves domma- 
ges. Voyons, avec M. Perris, si les oiseaux vont s’en 
repaître à s’en donner des indigestions ? Eh bien, non, 
quoiqu’on en ait dit. Les chenilles nuisibles qui se dé- 
veloppent à ciel ouvert, sont très velues ; ces poils qui 
hérissent leur corps les font respecter par les oiseaux, à 
l’exception du coucou et,' pendant l’hiver de la mésange 
charbonnière. Toutes les autres chenilles vivent à cou- 
vert ou enveloppées de toiles de soie dans lesquelles les 
oiseaux n’aiment pas à fouiller. Or, que peuvent quel - 
ques coucous, quelques engoulevents, quelques mé- 
sanges, contre une si innombrable population? Certai- 
nement peu de chose. Quaut aux autres oiseaux, ce 
n’est que par exception qu’ils en glanent quelques-unes. 

En se résumant, M. Perris arrive à ces conclusions : 

1° Les oiseaux ne sont réunis en troupes plus ou 
moins considérables qu’aux époques de migrations de 
l’automne et du printemps, c’est-à-dire quand la plupart 
des insectes sont infiniment moins nombreux que durant 
la belle saison ; 

2° Les oiseaux détruisent énormément d’insectes, 
mais ces insectes sont en très grande partie indifférents ; 
d’autres même sont éminemment utiles, et les espèces 
réellement nuisibles, comparées à l’ensemble, se ré- 
duisent à un petit nombre, de sorte que les oiseaux, 
tout en faisant une grande consommation de ces petites 
bêtes, ne servent guère nos intérêts ; ils peuvent même 
nous nuire en supprimant tant d’insectes carnassiers ou 
parasites qui nous rendraient de grands services, sans 


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NOTE SUR LES OISEAUX. 69 

compter qu’ils n’épargnent pas nos fruits ni nos graines 
confiées à la terre ou récoltées ; 

3° Les insectes dont nous avons le plus à nous 
plaindre, sont les uns assez grands pour braver les 
oiseaux, les autres (et ce sont ordinairement les plus 
redoutables), trop petits pour appeler leur intention; 
beaucoup sont nocturnes, d’autres vivent sous terre ou 
dans les habitations, et d’une manière comme de l’autre 
échappent aux recherches des oiseaux ; 

4° Les larves et les chenilles, qui sont plus particu- 
lièrement auteurs des dommages, vivent presque toutes 
cachées ou enveloppées de toiles comme il vient d’être 
dit plus haut, et ne paient aux oiseaux qu’un très faible 
tribut. 

C’est sur ces considérations, fruit de l’observation et 
de l’expérience, que M. Perris appelle l’attention et la 
contradiction. Qu’on les soumette au contrôle le plus 
sévère avec l’intention droite de connaître la vérité, 
M. Perris n’a pas d’autre désir. Quant à lui, il se sent 
possédé d’une telle conviction, qu’il ose sans présomp- 
tion défier toutes les critiques. 

Nous avons dit que nous nous sommes trouvé tout 
porté à admettre la théorie de M. Perris, par les quel- 
ques observations que nous avions faites dans le même 
sens. C’est surtout en étudiant les chenilles de deux 
sortes de papillons, que nous avions cherché à recon- 
naître si les oiseaux les attaquaient. Ces deux chenilles 
sont: 1° celle de la tortrix viridana, qui a causé tant de 
dégâts dans nos bois il y a quel pies années, et 2° celle 
du bombyx dispar, qui n’a guèie été moins préjudiciable 
aux chênes de nos bois et qui, en outre, a nui aux 


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76 : NOTE SDK; LES OISEAUX, 

arbres fruitiers. Le Bulletin! de la Société a publié la 
notice que je lui adressai à ce sujet, et j’y disais que 
j’avais en vain épié les oiseaux pour voir si ils touche- 
raient à ces chenilles au milieu desquelles ils vivaient. 
Ils- n’avaient qu’à ouvrir le bec et à prendre, et cepen- 
dant, malgré mes observations réitérées, je ne les 
voyais pas se donner ce souci. J’avais aussi étudié de 
près,, pendant plusieurs années,, un petit insecte qui a 
causé de grands ravages dans nos récoltes d’il y a quel- 
ques années. Eh bien ! ce petit insecte si malveillant, 
appelé Cécidomyie du froment, je ne l’ai vu devenir la 
proie d’aucun des oiseaux qui rôdaient autour de nos 
champs de blés, et cependant j’y regardais de près. 

Tout ce qui vient d’être dit des oiseaux dans leurs 
rapports avec les insectes, n’a pour but que de chercher 
à rétablir la vérité des faits, mais nullement de vouer 
les oiseaux aux engins de destruction de toutes sortes 
qui les menacent. S’ils ne détruisent pas, à beaucoup 
près, autant d’insectes qu’on l’avait supposé un peu trop 
légèrement, ce n’est pas une raison pour voir sans gémir 
la diminution du gibier et le massacre abusif de ces 
charmants chanteurs qui égaient nos forêts, nos boca- 
ges, nos champs et nos jardins. 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

v 

HISTORIQUES ET NATURELLES DE L’YONNE. 

Année 1194. 

II 

SCIENCES NATURELLES. 

LE VER A SOIE DU CHÊNE 

(BOMBYX iama-maï) 

Par M. Ch. BAZIN 

Séance du 28 mai 1874. 


Le ver à soie du mûrier est introduit depuis longtemps 
dans le midi de la France. 

Aujourd’hui, la question est de savoir si nous réus- 
sirons à acclimater, dans les régions moins chaudes de 
notre pays, le ver à soie du chêne, venant du Japon, 
appelé Bombyx Iama-Maï. En d’autres termes, il s’agit 
de se rendre compte, si nous avons l’espoir de le faire 
prospérer, de manière à jeter un jour ses produits dans 
la consommation ; si par suite de l’abondance de cette 
production nous serons appelés, dans un avenir prochain, 
pour peu que tel soit notre bon plaisir, de nous habiller, 
économiquement et journellement, de vêtements de 
soie, comme le font les Japonais. A l’exemple de Japo- 
Sc. nat. 6 


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' 1 2 LE VER A SOIE DU CHÊNE 

naises de distinction, nos dames de haut rang seront- 
elles tenues par les prescriptions de la mode de revêtir 
jusqu’à 50 robes de soie l’une sur l’autre pour se distin- 
guer des femmes du peuple, qui n’en auraient qu’une 
ou deux à la fois ? Si nous devons voir l’avénement de 
cette mode luxueuse, qu’on ne s’inquiète pas trop du 
du poids pour les épaules, d’une garde-robe aussi 
complète ; les voyageurs nous affirment que ces 50 robes 
ne pèsent pas au total au delà de 4 ou 5 livres, tant 
leur tissu soyeux est léger. Quoi qu’il advienne, le ver 
à soie du chêne méritait bien qu’on pensât à lui, lorsque, 
dans le midi de la France, l’on vit diverses maladies 
décimer les vers à soie du mûrier. Il était depuis long- 
temps cultivé au Japon, et ses produits, à ce qu’on 
rapporte, sont à ce point estimés, qu’ils servent à la 
confection des étoffes de luxe pour l’usage de la famille 
du souverain, de préférence à la soie que donnent les 
vers du mûrier, également élevés au Japon. Mais, préci- 
sément, cette haute valeur faisait punir de mort qui- 
conque livrerait, à l’étranger, les œufs de ce précieux 
insecte. 

C’est en affrontant cette sanction pénale, qu’il y a 
une douzaine d’années, on envoya en France les pre- 
miers œufs, qui furent distribués par les soins de la 
Société d’ Acclimatation. 

Depuis cette époque, les Japonais ont paru jaloux 
d’établir des relations amicales avec nous. Ces rapports 
ont pu leur faire abandonner quelques-unes de leurs 
coutumes. Peut-être qu’en nous voyant faire, ils auront 
trouvé plus commode de se saluer en ôtant leurs coiffu- 
res au heu de se saluer en ôtant leurs souliers, comme 


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BOMBYX 1AMA-MA1. 


73 

c’était l’usage autrefois, au dire des voyageurs. Ils 
auront peut-être aussi renoncé à trouver que les dents 
noires soient un signe de beauté. Abandonner ces 
croyances et ces usages du vieux temps, leur aura, je 
suppose, moins coûté que de lever cette barrière, qui 
empêchait les œufs du ver à soie du chêne de sortir de 
leur pays ! Je n’ai pas, en effet, entendu dire que les 
ambassadeurs japonnais, récemment venus en France, 
aient garni leurs valises d’œufs du ver à soie du chêne 
pour nous offrir une des richesses de leur pays, ni 
qu’ils nous aient donné leurs instructions verbales pour 
l’éducation de ces vers précieux. 

On en est donc réduit, pour les essais d’acclimatation, 
à la traduction d’un traité japonais, traitant ce sujet 
d’une manière plus ou moins confuse, et aux renseigne- 
ments que les premières tentatives ont pu donner. On 
marche à tâtons, on se trouve bien d’un essai , mal 
d’un autre, et pour résultat, on arrive à une production 
plus ou moins abondante de cocons soyeux. Le problème 
est à l’étude : les naturalistes sont appelés à se mettre 
de la partie, et une société des sciences, comme la nôtre, 
peut convier ceux de ses membres, qui étudient de pré- 
férence les phénomènes naturels, à suivre de près ces 
tentatives intéressantes, qui peuvent devenir un jour 
un objet de richesse pour le pays. 

L’année dernière, j’ai commencé, en petit, un élevage 
de ces vers à soie dans le département. Prenons-les ab 
ovo et suivons-les dans les différentes phases de leur 
existence. 

Ils sortent de l’œuf vers le milieu d’avril. Cette année, 
les premiers ont paru le 12 avril et les plus retar- 


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74 


LE VER A SOIE DU CHÊNE 

dataires le 24 du même mois. La grande masse s’est 
suivie de près à deux ou trois jours de distance. On 
voudrait les voir tous paraître au même moment, les 
soins à donner à leur éducation et à la ponte des papil- 
lons se trouveraient simplifiés. On s’est même demandé 
si, pour les faire arriver à peu près en même temps tous 
à l’époque où ils fileront leur cocon, il ne serait pas à 
propos de sevrer un peu de nourriture les plus précoces 
et d’entourer de plus de sollicitude les retardataires? 
L’expérience résoudra cette question. 

Les vers éclos, comment les nourrir et comment les 
installer ? 

Pour les nourrir, c’est bien simple : si les feuilles 
de chêne ont commencé à s’épanouir, il suffit de cueillir 
des branches, de les placer dans des vases ou baquets 
remplis d’eau pour que les feuilles restent plus long- 
temps fraîches, et par le procédé qu’on jugera le plus 
simple, de mettre les jeunes chenilles en présence de 
ces feuillages, avec certaines précautions, pour qu’elles 
ne tombent pas de trop haut, si elles font un faux pas 
en passant d’une feuille à l’autre. C’est qu’elles n’ont 
pas, comme un grand nombre d’autres espèces de che- 
nilles, la faculté de secréter à propos un fil protecteur 
pour amortir leur chûte. Elles semblent vouloir réserver 
toute leur soie pour filer le beau cocon dont nous nous 
emparerons à notre profit. Ne trouvons donc pas mal 
qu’elles agissent ainsi, seulement avisons à les proté- 
ger en cas de chûte. 

Nous venons de dire qu’il faut les mettre en présence 
de feuilles de chêne ; mais, dans certaines années, la 
végétation est en retard, et on pourrait avoir des che- 


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BOMBYX MMA-MAÏ. 75 

nilles écloses sans avoir de nourriture à leur donner. 
Pour être prêt à tout événement, on a conseillé soit de 
forcer de petits chênes mis en pots - et placés dans une 
serre, soit de retarder l'éclosion des œufs en les tenant à 
la gelée pendant l’hiver ou même en les mettant dans 
une glacière. Le premier de ces moyens, celui d’avoir 
des chênes forcés, n’est pas à la portée de tout le monde , 
il est un peu eu dehors des habitudes ayant cours, et 
devrait, ce semble, être mis de côté. Quant au second 
moyen, qui consiste à retarder l’éclosion ; s’il ne s’agis- 
sait, pour obtenir ce résultat, que de tenir les œufs 
exposés à toutes les intempéries de l’hiver, sans toute- 
fois être obligé de les renfermer dans une glacière, que 
tout le monde n’a pas sous la main, quant à ce moyen, 
dis-je, si on le réduit à son expression la plus simplifiée, 
il est d’une réalisation bien facile; mais je me demande 
si, en exposant les œufs aux plus grandes rigueurs des 
froids d’hiver, on ne serait pas dans le cas d’affaiblir 
leur tempérament? Il faut savoir que dans l’œuf le ver 
est de bonne heure tout formé avec ses pattes, ses poils 
sur le dos, sa tête cornée, tel, en un mot, qu’il existe au 
moment où il perce sa coque pour paraître au grand 
jour : ce n’est pas comme dans l’œuf de poule, où le 
poulet ne prend forme que vers la fin de l’incubation. 
Il est là, comme la marmotte, endormi et vivant sans 
prendre de nourriture ; c’est bien le cas de dire : qui 
dort, dîne. Mais comme il est reconnu que, dans une 
certaine mesure, l’air est nécessaire dans le cours de 
cette vie léthargique, il serait plus exact de dire qu’il 
vit alors de l’air du temps. 

Eh bien ! ce petit être, complet dè§ cette époque de sa 


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76 LE VER A SOIE DU CHÊNE 

vie, supportera-t-il impunément dans sa prison les froids 
les plus rigoureux de l’hiver, lui qui, lorsqu’il est sorti 
de l’œuf, préfère la douce chaleur aux froids qui régnent 
quelquefois en avril et en mai ? C’est la question qu’on 
doit se poser. Il faudra donc marcher avec circonspec- 
tion dans ces essais tendant à retarder l’éclosion. J’avais 
voulu me tenir dans un juste milieu, en mettant, cet 
hiver, mes œufs dans une chambre sans feu, évitant le 
chaud, évitant le froid. Je comptais, pour leur première 
nourriture, sur un chêne pyramiral qui , bien abrité, 
donne habituellement ses feuilles avant les autres chênes 
des bois. Il était, en effet, plus avancé que ses voisins, 
cette année comme toujours, tout en subissant dans une 
certaine mesure le retard que la végétation éprouva 
cette année ; et, si au 1 2 avril ses bourgeons étaient 
bien rebondis, ils n’étaient pas encore des feuilles. Il 
fallut épanouir avec les doigts ces rudiments de feuilles, 
qui donnaient, les premiers jours, une nourriture à 
peine acceptable. 

J’avais bien la ressource du cognassier qui était en 
pleines feuilles. Je n’en fis toutefois l’essai, au lieu du 
chêne, que sur quelques chenilles qui s’en repurent 
dans ces premiers jours difficiles à passer. Je n’osai 
généraliser en donnant un feuillage accepté, il est vrai, 
mais qui n’est pas indiqué comme nourriture normale ; 
je craignais qu’il n’eût, sur le tempérament de la che- 
nille ou sur le rendement de la soie, une influence 
fâcheuse. Une observation un peu suivie pourra tracer 
une ligne de conduite sur le meilleur expédient à em- 
ployer. Quoiqu’il en soit, pour être prêt à tout événe- 
ment, il est bon de prévoir les années où l’apparition 


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BOMBYX IAMA-MAÏ. 77 

des feuilles du chêne se trouve en retard et chercher à 
se tirer d’affaires à son avantage. 

Où doit-on installer les vers à soie du chêne ? 

Le mieux semble être de partager le temps de leur 
existence en deux époques. Dans la première, où la 
température peut être encore froide, où les vers à soie 
sont petits et plus délicats, il semble préférable de les 
tenir dans une chambre aérée pendant le jour ; et lors 
de la seconde époque, de les faire jouir du plein air, 
avec un simple abri contre le trop fort soleil et les 
pluies trop abondantes. J’ai voulu, cette année, essayer 
d’exposer, dès leur première jeunesse, quelques che- 
nilles à ce grand air extérieur, je n’ai risqué celte édu- 
cation que sur quelques-unes d’entr’ellcs, me confor- 
mant à la prescription qui dit de ne pas mettre tous ses 
œufs dans le même panier. Le résultat final m’apprendra, 
je crois, que c’était prudent d’agir ainsi. 

Les chenilles ont une existence d’environ 2 mois 1/2, 
plus ou moins, suivant la température. A mesure qu’elles 
grossissent, elles finissent par ne plus pouvoir tenir 
dans leur peau, et elles en changent quatre fois, comme 
les autres chenilles du même ordre. Chacune de ces 
mues est un moment d’engourdissement, de souffrance, 
pendant lequel elles ne mangent pas. Si à l’époque des 
changements de peau elles se privent pendant quelque 
temps de toute nourriture, et si, dans le premier âge, 
elles consomment peu de feuilles, il n’en est pas de même 
après leur quatrième mue surtout. Elles ont grossi, elles 
tiennent beaucoup plus de place, elles mangent davan- 
tage, il faut donc donner des branches de chêne en 


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78 LE VER A SOIE DU CHÊNE 

abondance et veiller à ce que les feuilles soient toujours 
fraîches. Les vases remplis d’eau dans lesquels les 
branches trempent les conservent plus longtemps en 
cet état, et en outre, pour peu qu’il fasse un peu chaud, 
il est bon de les arroser deux ou trois fois le jour. Les 
chenilles elles-mêmes se trouvent à merveille de cette 
hydrothérapie. 

On a dit qu’elles ne pouvaient se rencontrer sur les 
feuilles sans se battre, ce qui porterait à penser qu’il 
faut leur livrer un grand espace pour éviter ces ren- 
contres et ces prises de corps. Ce serait une erreur qui 
donnerait lieu à des précautions exagérées et ferait 
croire à des difficultés de pure imagination. Les natu- 
ralistes savent que les chenilles ont à se garer des in- 
sectes parasites qui ont pour mission de venir déposer 
sur leur corps les œufs d’où naîtront les ennemis qui 
les dévorent. Les chenilles, pour les éviter, ont l’ins- 
tinct de donner à leur corps un brusque balancement 
qui les chasse, et c’est ainsi, que si une chenille en 
rencontre une autre sur une feuille, elle peut, par mé- 
garde, prendre une compagne pour une ennemie et 
avoir l’air, au premier abord, de se courroucer contre 
elle. La reconnaissance se fait, il n’y a pas de prise de 
bec, et il ne faut pas s’inquiéter de ces rencontres. 

Les voilà arrivées à toute leur grosseur, il n’est pas 
nécessaire de les changer de place pour qu’elles filent 
leur cocon. Dès que les branches sont assez abon- 
dantes, chacune saura bien trouver sa place pour accro- 
cher son cocon de soie au milieu des feuilles. 

Les chrysalides restant une quarantaine de jours 
dans leur cocon avant de sortir papillons, souvent 


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79 


BOMBYX IAMA-MAÏ. 

même moins longtemps, il ne faudrait pas attendre les 
dernières limites de ce temps, dans le cas où on vou- 
drait faire dévider la soie. Si on a au contraire l’inten- 
tion de faire naître des papillons pour avoir de la graine, 
on n’a qu’à attendre et à disposer les cocons dans l’en- 
droit où les papillons doivent se trouver pour la ponte. 
Toutefois, comme on a remarqué que les mâles éclo- 
saient avant les femelles, on a conseillé, pour retarder 
de quelques jours l’apparition des premiers, de les 
mettre dans un endroit frais, et pour avancor la nais- 
sance des secondes, de les tenir à l’exposition du midi. 
Pour ce triage, on n’a qu’à ranger dans la première 
catégorie les cocons les plus légers, qui sont ceux des 
mâles, et dans la seconde, les cocons les plus lourds, 
qui sont ceux des femelles. Voulant me rendre compte 
de ce qui se passerait en dehors de ces précautions, 
j’avais abandonné les choses à leur cours naturel dans 
ma première éducation de l’année dernière. Aussi , 
comme produit d’une cinquantaine de papillons que 
j’obtins alors, n’ai-je eu qu’environ 500 vers à soie cette 
année, ce qui est un produit incomplet. Peut-être 
dois-je m’en prendre encore, comme partie de ce déficit, 
à l’espace trop restreint dans lequel j’enfermai mes 
papillons. Pour le bien, il faut disposer, en leur faveur, 
d’un grand cabinet, d’une mansarde inoccupée, d’un 
réduit quelconque dans lequel l’espace ne leur soit pas 
trop marchandé. 

Après avoir parcouru le cercle de cette existence 
remplie de métamorphoses, de changements à vue, nous 
voilà revenus à notre point de départ, à l’œuf qu’il 
faudra conserver et soigner jusqu’à l’éducation de l’an- 


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80 LE VER A SOIE DU CHÊNE 

née suivante. Cet œuf, qu’on appelle graine quand il 
s’agit de ver à soie, est marbré de blanc et de gris ; il 
arrive aussi quelquefois que des œufs, mais en petit 
nombre, sont entièrement blancs. Ils n’en sont pas moins 
bons. En ouvrant le corps d’un papillon femelle, on voit 
comment la chose se passe. Les œufs sont entièrement 
séparés de la couleur brune que revêt chaque œuf au 
moment de la ponte. Il arrive alors que si la matière 
colorante n’est pas tout à fait en rapport avec le nombre 
d’œufs que la mère va pondre, les derniers venus reste- 
ront blancs. C’est la petite exception, disons-nous, qui 
se trouve dans ce cas. Les autres ont pour enveloppe 
cette matière colorante, vernis préservatif contre les 
intempéries. Cette couleur poivre et sel est bien la 
même que celle de l’écorce du chêne, et quand ils y 
sont déposés, les nuances se confondent pour les faire 
échapper, s’il se peut, aux investigations de leurs en- 
nemis. 

Si les œufs sont marbrés de blanc et de gris comme 
l’écorce qui les reçoit en dépôt, les chenilles sont vertes 
comme les feuilles qu’elles dévorent. C’est une loi assez 
générale que les insectes, chenilles ou autres, emprun- 
tent la couleur du milieu dans lequel ils sont appelés à 
vivre ou à se cacher. Je puis, à ce propos, citer l’exem- 
ple assez frappant de deux espèces de chenilles que j’ai 
élevées il y a quelques années. Elles appartiennent à 
deux espèces de papillons, voisines l’une de l’autre par 
les caractères entomologiques. Elles vivent ensemble 
sur les betteraves, où, dans certaines années, elles cau- 
sent quelques dégâts ; les unes vertes commes les 
feuilles, au milieu desquelles elles restent cachées, les 


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BOMBYX 1AMA-MAÏ. 


81 


autres bhmes, s’enfouissant pendant le jour au pied de 
la betterave dans la terre, dont elles ont la couleur, et 
ne sortant que le soir pour gagner les feuilles. L’instinct 
de la conservation a dit aux unes qu’étant vertes, 
elles pouvaient se cacher dans les feuilles ; aux autres 
qu’étant brunes, elles devaient s’abriter sous la terre 
pendantle jour. Cette remarque que j’indique ici sur le 
rapprochement des nuances me décidera, cette année, à 
placer, dans l’endroit que je destinerai à la ponte des 
papillons de l’Iama-Maï, de grandes plaques d’écorces 
de chêne, pour voir s’ils n’y déposeront pas leurs œufs 
plus volontiers que partout ailleurs. Ils se gardent bien 
de conlier les œufs qui vont leur survivre aux feuilles 
de chêne voisines de celles qu’elles ont dévorées. Ils ont 
la parfaite connaissance que sur les feuilles vertes, la 
couleur brune des œufs trahirait leur présence. Ils sa- 
vent que lorsque ces feuilles passent aux teintes brunes, 
qui servent de livrée aux œufs, elles seront dispersées 
aux quatre vents, emportées par les tourbillons, et que 
si leurs œufs leur étaient confiés, les jeunes chenilles, 
lors de l’éclosion, seraient loin des feuilles nouvelles 
qu’elles doivent alors trouver à leur portée. Au con- 
traire, étant fixés sur les branches, ces œufs donneront 
naissance à des chenilles qui gagneront facilement les 
feuilles sortant des bourgeons dans le voisinage. 

Je m’imagine donc que de faire pondre les papillons 
du ver à soie du chêne dans le premier endroit venu, 
loin des troncs de chêne que leur instinct leur dit de 
rechercher, c’est les contrarier vivement dans leurs 
penchants naturels ; c’est un manque de bon procédé 
qui peut avoir une influence fâcheuse sur le succès de 


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82 


LE VER A SOIE DO CHÊNE 

la ponte. Si le corbeau fait son nid sur le sommet des 
arbres, si au contraire le rossignol place ses œufs contre 
terre, le Bombyx Iama-Maï, lui, doit pondre sur l’écorce 
du chêne, chacun a pour sa ponte une place spéciale 
qui lui est assignée. Il est vrai que dans l’état de do- 
mesticité, le Bombyx Iama-Maï pondra ailleurs si on ne 
lui donne pas du chêne ; mais est-on bien sûr que ce 
soit sans inconvénient ? En général, les animaux, grands 
et petits, aiment à obéir aveuglément à leur consigne, 
et si on se met à la traverse, on s’expose à les voir 
quelquefois se porter aux résolutions les plus ex- 
trêmes. 

En résumé, dans cette éducation du ver à soie du 
chêne, il y a des écueils à éviter, il y a des problèmes 
à résoudre ; mais, en somme, les soins à donner ne 
présentent pas des difficultés insurmontables. Il faut s’y 
faire la main, comme à toute chose, et s’avancer un peu 
à tâtons, parce que le flambeau de l’expérience n’éclaire 
pas encore tous les points de la route à parcourir» Est-ce 
que nous ne serions pas plus embarrassés que la pre- 
mière ménagère venue, si, sans préparation, on nous 
mettait sur les bras toute une basse-cour à soigner? 
C’est qu’il y a à s’astreindre à un apprentissage ici 
comme partout. Mais, d’abord, il ne faudrait pas avoir 
de répugnance pour cette besogne. Qui parle d’insectes, 
qui parle de chenilles, soulève de la part d’un grand 
nombre de personnes une répulsion irraisonnée, mais 
irrésistible. On tient sur leur compte toute espèce de 
mauvais propos. On dit souvent : laid et paresseux 
comme une chenille, quoique je connaisse nombre de 
chenilles richement vêtues de leur livrée de soie et de 


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BOMBYX UMA-MAÏ. 83 

de velours et bien alertes pour trouver les feuillages qui 
leur conviennent et aussi pour nous faire le plus de 
mal possible. Cependant, dans le cas particulier qui 
nous occupe, je l’accorde, notre chenille n’est pas très- 
dégourdie, et elle serait, dans le premier âge surtout, 
capable de se laisser mourir de faim, si on ne lui met- 
tait pas le morceau sous la dent ; mais qu’elle soit laide, 
que toutes les chenilles soient laides, que tous les in- 
sectes soient laids, je ne puis me résigner à le trouver ; 
et sur ce point, je suis de l’avis de Charles Nodier, qui, 
dans son style enchanteur, nous a dépeint avec des 
nuances de langage, d’une délicatesse exquise : les 
rubis, les topazes, les saphirs, les émeraudes, qui scin- 
tillent sur les élytres des coléoptères ; les reflets métal- 
liques, les teintes azurées qui jettent leur éclat sur les 
ailes des papillons. Toutes ces splendeurs ne suffisent 
pas pour faire tomber les préjugés et reconcilier avec 
l’étude de ces merveilleuses petites créatures. Aussi, 
pour ne pas trop fronder l’opinion, ai-je évité le plus 
possible de prononcer le nom de chenille dans cette 
notice. J’ai encore mieux aimé me servir du nom de 
ver à soie, quoique l’expression soit tout à fait impropre 
et que le nom de ver ne soit pas fait non plus pour ral- 
lier toutes les sympathies ; mais il y a le second mot 
qui fait oublier le premier, qui l’abrite de son pavillon 
et lui donne le droit de cité. 

Au reste, j’ai tout lieu de croire’que si le succès cou- 
ronnait les essais d’acclimatation et faisait sortir un 
jour cette éducation du domaine des sciences naturelles 
pour la faire entrer, toutes voiles déployées, dans celui 
de l’industrie, les répugnances s’inclineraient devant le 


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84 LE VER A SOIE DD CHÊNE 

succès final, devant le miroitement des échevaux de 
soie. On regarderait le produit sans s’inquiéter des ou- 
vrières, qui sont ces chenilles dont on déteste la race. 

En cas de réussite, notre département, en grande 
partie boisé, serait parfaitement disposé pour accueillir 
cette industrie. Dans les villages, on pourrait avoir, en 
chênes, les clôtures des jardins, des concises, au lieu 
de les avoir en essence de bois quelconque. En longeant 
ces haies de chêne, en revenant d’autres travaux, les 
femmes, les enfants cueilleraient, pour les élèves de vers 
à soie, la provision du jour sous un hangar quelconque ; 
l’élevage se ferait, confié à la ménagère ou aux enfants, 
de même que les couvées de poulets ou les bandes 
d’oies, ce qui a lieu, au reste, dans le Midi pour les 
vers à soie ordinaires. 

Dans les fermes, si l’éducation se faisait un peu plus 
en grand, il serait possible d’avoir, par exemple, aux 
alentours des bâtiments, des chênes étêtés, connus sous 
le nom de têtards, dont les pousses successives servi- 
raient à l’alimentation des chenilles. 

Les propriétaires, dans les régions boisées du dépar- 
tement, auraient le loisir de se livrer avec facilité à cet 
élevage sur une échelle plus grande encore. Il n’y au- 
rait pas à craindre que la matière première fit défaut. 
En élaguant de côté et d’autre, dans les bois, les branches 
vagabondes et inutiles , on trouverait le nécessaire. 
On appliquerait, par exemple, le système d’élagage 
proné dans ces derniers temps et utile incontestablement 
pour les baliveaux. L’éducation du ver à soie du chêne 
entraînerait à sa remorque cette méthode d’élagage des 
jeunes bois, qui mérite d’être recommandée. 


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BOMBYX IAMA-MAÏ. 


85 

Enfin, dans les villes, on déviderait, on tisserait ce 
que les campagnes auraient produit de cocons. Auxerre 
pourrait devenir une autre ville de Lyon. Elle a déjà 
son commerce de vins, elle aurait en plus celui de la 
soie. Ces deux produits vivraient côte à côte dans des 
rapports d’autant plus intimes qu’ils ne se feraient 
pas concurrence. Le glouglou du vin plaît à de nom- 
breuses oreilles, le froufrou de là soie ne déplaît pas à 
certaines autres. Ils s’harmoniseraient ensemble, pour 
contenter à peu près tout le monde. Toutefois, à ce pro- 
pos, ne faisons pas trop vite, une nouvelle édition de 
la fable du pot au lait ; ne bâtissons pas de châteaux 
en Espagne. Gardons encore ce précieux insecte sous 
l’œil du naturaliste, soumis à ce régime de ménage- 
ments, qui convient à son tempérament encore impar- 
faitement connu. Quand le traitement qui lui ira le 
mieux sera déterminé de point en point, il n’y aura 
plus d’inconvénient à lui faire quitter ses lisières, pour 
le confier aux personnes qui voudraient l’élever au 
point de vue industriel. Si, en fin de compte, l’éduca- 
tion de riama-Maï rencontre trop de difficultés, il y 
aura d’autres espèces voisines à essayer. Non pas, je 
crois, le ver à soie de l’ailante ni quelques autres du 
môme genre, qui donnent des cocons d’un dévidage trop 
difficile, mais le Bombyx ou Saturnia Pernyi, qui, 
comme l’Iama-Maï, vit sur le chêne et semble promettre 
de bons résultats. Les Allemands sont en train de lui 
donner la préférence. Ils disent que l’avenir lui appar- 
tient. J’ai, sur leur appréciation, en ce qui concerne les 
essais qu’ils ont tentés, des données de fraîche date. 
Mais ont-ils bien raison de penser à abandonner l’Iama- 


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86 


LE VER A SOIE DU CHÊNE 


Maï pour adopter définitivement le Pemyi ? Le mieux 
serait, je crois, de les élever parallèlement comme j’ai 
l’intention de le faire. Au reste, que ce soit l’un, que 
ce soit l’autre de ces vers à soie qui ait un jour la 
palme du mérite, peu importe pour notre département, 
qui, avec l’abondance de ses bois, essence de chêne, est 
en mesure de les nourrir, même tous deux à la fois, et 
sur une échelle aussi étendue que l’imagination la plus 
exigeante puisse le désirer. 


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CONGRÈS INTERNATIONAL 

D’ANTRHOPOLOGIE & D’ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUES 

SESSION DE STOCKHOLM 

Par M. COTTEAU 


Séance du 8 Novembre 1874. 


Le Congrès d’Anthropologie et d’Archéologie préhisto- 
riques a tenu, cette année, à Stockholm, sa septième 
session. L’attrait que présentait un voyage dans les pays 
Scandinaves si rarement visités des touristes français, 
l’importance des questions qui devaient être discutées, 
l’intérêt des excursions projetées, avaient attiré un grand 
nombre d’adhérents. Cent quatre-vingts français au moins 
s’étaient fait inscrire, et parmi eux plusieurs de nos com- 
patriotes auxerrois. En faisant ce voyage de Suède, j’avais 
un double but : je ne voulais pas seulement assister aux 
séances et 'aux excursions du Congrès, je désirais aussi, 
et avant tout, étudier les collections d’histoire naturelle 
de Copenhague et de Stockholm, et notamment les ma- 
gnifiques séries d’Échinodermes vivants que possèdent 
Sc. nat. 7 


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88 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

ces musées. Sans les avoir jamais vus, je connaissais 
depuis longtemps, par leurs travaux et par les lettres que 
nous avions échangées, M. Lütken et M. Lovén, qui ont 
organisé ces collections, mais je tenais beaucoup à me 
mettre en rapport plus direct avec eux. A tous les points 
de vue, le programme que je me proposais a été large- 
ment rempli ; je suis revenu enchanté de ce beau voyage, 
ravi de tout ce que j’avais vu, émerveillé des réceptions 
splendides qui nous ont été faites, profondément touché 
de l’accueil sympathique de tous les habitants. 

Vous paraissez désirer que je vous présente, comme je 
l’ai déjà fait pour le' Congrès de Bruxelles, le résumé de 
cette longue excursion; je le fais bien volontiers, au cou- 
rant du souvenir, sans prétention scientifique, en vous 
demandant la permission de mêler de temps en temps 
au récit de l’archéologue les impressions du naturaliste, 
et quelquefois aussi celles du touriste. 

Le Congrès s’ouvrait à Stockholm le 7 août. Le 30 juillet 
je prenais, le matin, le chemin de fer du nord, en com- 
pagnie de deux excellents amis, M. le comte de Saporta, 
botaniste éminent, mon collaborateur dans la Paléonto- 
logie française, et M. Ludovic de Maussion, qui au retour 
du voyage, devait être si rapidement et si cruellement 
enlevé à sa famille et à ses amis. Le premier jour, nous 
couchions à Cologne et le lendemain à Hambourg, où 
nous étions rejoints par mon frère et l’un de ses amis, 
M. Vaury. Nos compatriotes d’Auxerre étaient partis quel- 
ques jours plus tôt, et nous devions nous retrouver tous à 
Stockholm. Le 2 août, à onze heures du soir, j’arrivais à 
Copenhague, après avoir traversé en chemin de fer le 
Holstein, le Sleswig, la Fionie et une partie de l’île de 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


89 


Seeland. La route est longue et le trajet dure seize heures, 
mais le temps était superbe ; si le Holstein et le Sleswig 
manquent de pittoresque, la Fionie et le Seeland, avec 
leurs belles cultures, leurs magnifiques forêts de hêtres, 
offrent des paysages plus variés. Deux fois, du reste, à 
Fredericia et à Nybord, on quitte le wagon pour prendre 
le bateau à vapeur; c’est une diversion qui fait paraître la 
route moins longue et moins monotone. 

Je restai deux jours* à Copenhague : ma première visite 
fut pour le musée d’histoire naturelle ; c’est un véritable 
palais, récemment construit, et qui a coûté plus de 
quatre cent mille rixdalls. Dans une immense salle inté- 
rieure, très élevée, vitrée par le haut et richement dé- 
corée, sont placés les squelettes des grands mammifères 
vivants et fossiles. Autour de cette salle s’étendent trois 
étages de doubles galeries renfermant toute la série des 
collections. Je rencontrai, dans son laboratoire, M. Lüt- 
ken, le savant professeur de zoologie, et je visitai avec lui 
en détail les collections des animaux inférieurs, et no- 
tamment la série des échinodermes, qui est très belle, 
parfaitement installée et renferme plusieurs types d’une 
extrême rareté. Presque toutes les espèces se trouvent à la 
fois dans l’alcool et desséchées. Je passai de longues heu- 
res au milieu de ces richesses. C’est en examinant ces 
collections et en étudiant les espèces fossiles recueillies 
dans le Seeland, à Faxœ, que je formai le projet de voir, 
à mon retour de Suède, cette localité classique pour 
l’étude de la craie danienne. M. Lütken devait être, à 
cette époque, absent de Copenhague, mais il me donna 
tous les renseignements nécessaires et me promit d’écrire 
à un de ses amis, M. Freuchen, qui habite Faxœ. Je vous 


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90 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

dirai plus tard combien ses indications et ses recomman- 
dations me furent précieuses. 

Je tenais également à visiter, pendant mon séjour à 
Copenhague, le musée des antiquités du nord, assuré- 
ment l’un des plus riches du monde et si parfaitement 
organisé par son éminent directeur, M. Worsaae, aujour- 
d’hui ministre de l’intérieur. J’avais connu M. Worsaae à 
Paris, en 1867, lors du congrès préhistorique ; je l’avais 
rencontré, il y a deux ans, à Bruxelles. Au moment où 
je visitais le musée, M. Worsaae se trouvait dans les 
salles, et j’eus la bonne fortune d’entendre, sur quel- 
ques-uns des objets les plus précieux, ses savantes obser- 
vations. 

La première salle renferme les débris de l’âge de la 
pierre taillée, recueillis, pour la plupart, dans ces amas 
de cuisine connus sous le nom de kjokkenmoddings ; 
ce sont des instruments tranchants en silex et en os, des 
bois de cerfs percés d’un trou, des aiguilles, des poinçons, 
des peignes en os, destinés sans doute à la fabrication du 
fil, des lames de silex dentelées en scie, des os d’animaux 
brisés et fendus pour en extraire la moëlle, tous ces ob- 
jets mêlés à de nombreuses valves isolées d’huîtres, de 
bucardes et de moules, dont les animaax ont été mangés. 
Une des vitrines montre la coupe verticale d’un de ces 
amas de kjokkenmoddings, prise à Meilgard, en Jutland, 
à environ trois kilomètres et demi du rivage actuel, et 
donne une idée de l’aspect que présentent ces entasse- 
ments de débris de cuisine mêlés à des instruments en 
os ou en silex. 

La deuxième et la troisième salle sont consacrées à 
l’âge de la pierre polie. C’est là qu’on peut admirer toutes 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


91 


ces belles haches en Silex, dont quelques-unes atteignent 
quarante centimètres de longueur et sont polies et aigui- 
sées avec tant de soin, ces flèches de formes si variées, 
aiguës, triangulaires ou à ailerons, avec un pédoncule 
pour les fixer à la hampe, ces têtes de lances finement 
retouchées sur les bords et très habilement dentelées des 
deux côtés, ces racloirs en forme de demi-lunes et de 
croissants, ces couteaux en silex, tantôt droits ou légère- 
ment recourbés, toujours taillés avec une rare perfection 
et dont la poignée est quelquefois artistement ornée. A ces 
objets en silex se joignent des grains de colliers en ambre, 
des poteries plus ou moins grossières, des instruments en 
os, des haches, des ciseaux et des lissoirs destinés sans 
doute à abattre les coutures des peaux de bêtes. 

La quatrième et la cinquième salle représentent l’âge 
du bronze ; la civilisation a pris un grand développe- 
ment ; les objets qui remplissent les vitrines varient à 
l’infini et souvent sont ornementés avec beaucoup d’art et 
de goût. Presque tous ont été recueillis dans des sépul- 
tures et appartiennent à deux périodes : la période d’en- 
sevelissement, qui correspond au premier âge du bronze, 
et la période d’incinération correspondant au deuxième 
âge du bronze. Mêlés aux épées, aux poignards, aux 
haches de toutes formes, aux faucilles, aux trompettes de 
guerre, se trouvent des objets en or très nombreux et très 
précieux, des bracelets, des colliers, des diadèmes, des 
bagues, des feuilles minces et couvertes d’ornements re- 
poussés, destinées à garnir les boucliers en bronze. Dans 
le tumulus de Treenhoi, en Jutland, qui remonte à la 
première période du bronze, on a trouvé, renfermés dans 
un cercueil en bois, des vêtements en tissus de laine ; 


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92 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


leur conservation est parfaite ; ils se composent d’un 
bonnet de laine voisin de ceux que portent aujourd'hui 
encore les paysans norwégiens, d’un manteau, d’une es- s 
pèce de jupon et de deux châles à grandes franges. Les 
tourbières du Danemarck ont fourni également beaucoup 
d’objets appartenant à l’âge du bronze, notamment une 
série de vases en or provenant de la tourbière de Lavinds- 
gaard-Odense ; ils étaient déposés dans un grand vase de 
bronze, et munis de manches terminés en tête de cheval, 
fies vases étaient destinés sans doute à un culte religieux. 
Des moules en pierre et en bronze pour la fonte des ha- 
ches, des monceaux de métal brut et de culots, recueillis 
dans les tourbières , indiquent que si l’industrie du 
bronze n’est pas originaire du Danemarck, elle s'y est 
développée, et que les objets de métal qu’on y rencontre 
ont été, en partie du moins, fabriqués dans le pays. 

Les salles suivantes, au nombre de quatre, sont occu- 
pées par de nombreuses antiquités représentant l’âge du 
1er, cette dernière étape de la civilisation antéhistorique 
qui, dans le Danemarck, se prolonge depuis lé ni® siècle " 
jusqu’à l’établissement définitif du christianisme, vers le 
commencement du xi c siècle. L’argent et le verre font 
leur apparition à peu près en même temps que le fer. 
Des milliers d’objets de toute nature, recueillis dans les 
tombeaux et les tourbières, remplissent les vitrines. Beau- 
coup d’entre eux, qu’il serait trop long d’énumérer ici/ 
sont décorés souvent avec un art inouï, et annoncent une 
civilisation toute différente de celle du bronze. Des 
monnaies grecques ou romaines, trouvées dans certaines 
fouilles et mêlées à ces objets, leur donnent une date à 
peu près positive, et indiquent les relations que ces peu- 


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SESSION DE STOCKHOLM. 93 

plades, dont l’histoire tout entière est demeurée incon- 
nue, avaient avec les autres habitants de l’Europe. Que 
d’antiquités curieuses à étudier I Quel intérêt à suivre, à 
travers les siècles, ce développement des arts qui subis- 
sent successivement, tout en conservant un caractère 
d’originalité locale, l’influence romaine, orientale et by- 
zantine. Des pierres runiques trouvées sur divers points 
du Danemarck, caractérisent la dernière période de l’âge 
du fer. Toutes ces séries sont d’autant plus intéressantes 
quelles proviennent presque exclusivement du Dane- 
marck. 

A Copenhague, je pris encore le temps de visiter le 
magnifique château deRosemborg, renfermant tant d’ob- 
jets d’art ayant appartenu aux divers souverains du Dane- 
marck : des tableaux, des statues, de superbes armures, 
des émaux, des porcelaines, des faïences, d’admirables 
bijoux, des meubles d’une grande richesse, reliques pré- 
cieuses qui rappellent les splendeurs de ce petit pays et 
le rôle qu’il a joué, pendant les derniers siècles , dans 
l'histoire de l’Europe. Comme le musée des antiquités du 
Nord, le musée de Rosemborg, avec les trésors qu’il ren- 
ferme, est placé sous la haute direction de M. Worsaae. 

A peu de distance du château se trouve le nouveau jar- 
din botanique. Il est à peine terminé et les ouvriers y 
travaillent encore, mais, dans quelques années, ce sera 
assurément l’un des plus beaux et des mieux installés 
que je connaisse. -L’emplacement qu’il occupe est im- 
mense ; les serres chaudes et tempérées sont vastes et 
nombreuses ; les stations préparées pour les plantes alpi- 
nes, pour les plantes marécageuses et d’eau douce, pour 
les végétaux des tourbières sont parfaitement appropriées 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


94 

à leur destination scientifique, et en outre très artiste- 
ment disposées au point de vue pittoresque. 

Le 5 au matin je quittais Copenhague. Le Congrès de- 
vait ouvrir le 7, et deux cents lieues au moins nous sépa- 
raient encore de Stockholm. Du reste, les membres du 
Congrès, français ou étrangers, arrivaient de toutes parts; 
déjà, la veille, j’en avais rencontré plusieurs à l'hôtel, 
dans les rues, dans les musées. Sur le bateau à vapeur 
qui, de Copenhague, conduit à Malmœ se trouvaient, en 
même temps que nous, M. de Quatrefages ; M. Bertrand, 
le directeur du musée de Saint-Germain ; M. Sélys- 
Longchamps, qui me donna des nouvelles de M. d’Oma- 
lius-d’Halloy, son beau-père, cruellement atteint de para- 
lysie depuis quelques mois ; M. Evans, président de la 
société géologique d’Angleterre ; M. Franck, le directeur 
du musée ethnologique’ de Londres ; M. Worsaae, avec 
lequel j’avais déjà renouvelé connaissance la veille, et 
beaucoup d’autres ; je revis aussi quelques-uns de nos 
amis de l’Yonne : M. Bonneville, M. Leclerc de Fourolles , 
M. Denormandie. 

A Malmœ, on prend le chemin de fer de Stockholm. La 
route, bien qu’un peu monotone, ne manque pas de 
charme et d’intérêt ; les paysages sont gracieux et variés. 
Il s’agissait, du reste, d’un pays tout à fait nouveau pour 
moi, et je ne pouvais me lasser de regarder ces forêts de 
sapins, de pins et de bouleaux, ces maisonnettes en bois, 
peintes en rouge et toujours si coquettement posées, ces 
beaux lacs aux eaux tranquilles, parsemés d’tles ver- 
doyantes, découpés à l’infini, tantôt couvrant quelques 
hectares à peine, tantôt, ainsi que le Wener ou le Wetter, 
ayant plus de cent kilomètres de longueur, sillonnés de 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


95 


bateaux à vapeur et se perdant à l’horizon comme une 
mer intérieure. J’admirais surtout l’aspect du sol, qui, 
partout, est littéralement couvert de graviers et de blocs 
granitiques anguleux plus ou moins considérables, entas- 
sés pêle-mêle, et démontrant, d’une façon si claire, si 
évidente, les phénomènes gigantesques dont cette contrée 
avait été le théâtre à l’époque glaciaire I • 

Je n’oublierai jamais ce beau voyage : avec M. de Sa- 
porta, M. de Maussion et son neveu, mon frère et M. Vaury 
nous occupions un wagon. Mon frère, qui avait déjà fait 
cette route et la savait par cœur, nous indiquait à l’avance 
les villes, les villages, les lacs. M. de Saporta se préoccu- 
pait surtout de l’état de la végétation ; il nous faisait ob- 
server (pie les hêtres, si magnifiquement développés dans 
la Fionie et le Seeland, avaient à peu près disparu ; que 
les chênes devenaient rares ; que les pins, les sapins pre- 
naient, au fur et à mesure qu’on s’avançait dans le nord, 
un aspect particulier, et ses remarques doublaient pour 
moi l’intérêt du voyage. Puis, quand la route devenait 
un peu plus monotone, nous mettions sur le tapis quel- 
ques questions scientifiques à l’ordre du jour : entre 
M. de Saporta, un peu transformiste, et moi, quelque peu 
partisan de la fixité des types, la discussion aurait pu se 
prolonger indéfiniment, si quelque splendide moraine, 
quelque bloc erratique plus pittoresquement posé que les 
autres, en nous ramenant aux beautés de la route, ne 
nous eût promptement mis d’accord. 

Pour ne pas voyager la nuit et bien voir le pays que 
nous traversions, nous nous sommes arrêtés le soir à 
Jœnkœping, sur les bords du beau lac Wetter, et le lende- 
main nous en repartions à huit heures. Le nombre des 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


'90 

membres du congrès augmentait à chaque station. A celle 
de Laxa, j’eus le plaisir de me retrouver avec deux Auxer- 
rois : M. Leras et M. Rétif, qui, partis un peu plus tôt, 
avaient fait un détour pour visiter Christiania. Je pus 
également , à celte même station , serrer la main de 
M. Hamy, l’un des secrétaires de la société d’Antropologie, 
et dont j’ai déjà eu occasion de vous parler dans mon 
compte-rendu de la session de Bruxelles. M. Hamy venait 
également de Christiania, où il avait été étudier le musée 
fort curieux d’Anthropologie. A sept heures du soir nous 
arrivions à Stockholm, et nous trouvions dans la gare, 
pour nous recevoir et nous guider, M. Landberg, l’un des 
aimables secrétaires du congrès et que j’avais rencontré 
plusieurs fois à Paris. Une heure après j 'étais, ainsi que 
mes compagnons de route, parfaitement installé dans le 
Grand-Hôtel, qui, pour l’étendue, le confortable et la per- 
fection du service, peut rivaliser avec l’hôtel du Louvre 
ou le Grand-Hôtel à Paris. Le lendemain matin, avant de 
quitter ma chambre, je reçus la visite de M. Lovén, pré- 
venu depuis quelques jours de mon arrivée. M. Lovén est 
un des savants les plus éminents de l’Europe : ses beaux 
travaux sur les- animaux inférieurs, notamment sur les 
Mollusques et les Échinodermes, lui ont valu le titre si 
recherché de correspondant de l’Institut de France. 
M. Lovén m’inspira de suite une vive sympathie, et les 
relations que j’eus avec lui, pendant mon séjour à Stoc- 
kholm, sont un des meilleurs souvenirs que je rapporte 
de mon voyage. 

La séance d’inauguration du Congrès avait lieu , à 
deux heures, au Riddarhuss ou Maison des Chevaliers. 
Ce palais remonte au temps de Gustave-Adolphe et appar- 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


97 


tient à la noblesse suédoise, qui l’avait mis gracieusement 
à la disposition du Congrès. La salle des séances, entière- 
ment décorée de blasons, présente un grand caractère. Au 
moment où s’ouvre cette première réunion, elle est, mal- 
gré son étendue, à peu près remplie par les membres 
du Congrès. Indépendamment de ceux que j’avais ren- 
contrés pendant le voyage, je remarque, parmi nos compa- 
triotes, M. Berthelot, M. Cazalis de Fondouce, M. Chantre, 
M. Gimet, M. Oppert, M. Daly, M. le D r Magitot et beaucoup 
d’autres ; parmi les membres étrangers : M. Desor, M. Ca- 
pellini, M. Pigorini, M. Zittel, M. Dupont, M. Leemans, 
etc., etc.... Les membres suédois, norvégiens et danois 
sont nécessairement en grand nombre. C’est avec un vif 
plaisir que je retrouve, toujours plein de force et d’éner- 
gie, le doyen des archéologues de la Suède, le vénérable 
et savant M. Nilsson, que j’avais déjà eu l’honneur de voir 
plusieurs fois à Paris chez M. Hébert. Plus de cinquante 
dames, membres du Congrès et venues de tous les pays, 
assistaient à la séance, et des places leur avaient été ré- 
servées à droite du bureau. A cette séance, j’eus encore la 
bonne fortune de serrer la main de M. Camille Doucet, 
l’aimable et spirituel académicien ; il était accompagné de 
sa femme, de sa fille, de sa nièce, M ® 0 Ameline, et de 
M. Ameline, juge d’instruction à Corbeil. Visitant la Suède 
en touristes, ils avaient profité de leur séjour à Stockholm 
pour assister au congrès. J’eus l’occasion de me trouver 
plusieurs fois dans leur agréable compagnie, soit aux 
séances, soit aux excursions, soit aux fêtes qui nous 
étaient données. 

Cette première séance a été consacrée aux discours 
d’ouverture et à la formation du bureau. Lorsque les 


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98 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


membres du congrès préhistorique de Bruxelles avaient 
choisi la ville de Stockholm pour siège de la session de 
1874, la présidence avait été offerte au prince Oscar, qui, 
depuis, a été appelé au trône de Suède par la mort de 
son frère. Le roi a cru devoir alors renoncer à la prési- 
dence et prendre le titre de protecteur de la session. A sa 
place, M. le comte Hanrilton, membre de l'académie des 
sciences de Suède, grand chancelier des universités Sué- 
doises, a été nommé président par acclamation. Les au- 
tres membres du bureau ont été choisis parmi les archéo- 
logues et les anthropologistes les' plus distingués de 
chaque nation ; la France a eu sa large part : M. de Qua- 
trefages a été élu un des vice-présidents, MM. Cazalis de 
Fondouce et Chantre ont été nommés secrétaires, MM. Ber- 
trand et Berthelot, membres du conseil. 

Dans cette séance d’ouverture, M. Hans-Hildebrand, 
secrétaire général du congrès, et qui s’était occupé avec 
tant de soin et de dévouement de son organisation, a pré- 
senté le résultat des recherches préhistoriques faites jus- 
qu’ici en Suède ; il a insisté sur les découvertes les plus 
récentes eUrésumé en quelques mots les principales 
questions qui devaient être discutées dans le sein du 
Congrès. 

Au sortir de la réunion, M. Lovén m’emmena avec M. de 
Saporta au muséum d’histoire naturelle, où je visitai en 
détail ces belles collections moins richement installées 
peut-être que celles de Copenhague, mais qui me paru- 
rent plus complètes encore. Les salles relatives à la Scan- 
dinavie fixèrent surtout mon attention. Que de richesses ! 
que d’espèces curieuses et rarissimes, notamment parmi 
les poissons et les crustacés I Un de ces crustacés, dont le 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


99 


nom m’échappe, vit à la fois dans la Baltique et dans les 
eaux douces ; il est probable qu’à l’époque quaternaire, 
lorsque la mer s’est retirée, l’espèce est restée dans les 
lacs et s’y est acclimatée peu à peu, s’habituant à vivre 
dans des eaux qui devenaient de moins en moins salées. 

Avec quel intérêt j’examinai les animaux inférieurs, 
pêchés à de grandes profondeurs dans les mers du Groen- 
land et du Spitzberg, et classés avec tant de soin et de 
savoir par JH. Lovén. Plusieurs espèces fort rares d’as- 
téries et d’ophiures manquaient à ma collection. Avec sa 
bienveillance habituelle, M. Lovén s’empressa de m’offrir 
toutes celles que le musée possédait en double. Pendant 
mon séjour, je revins souvent au musée de Stockholm ; 
c’était pour moi une satisfaction bien grande de pouvoir 
m’entretenir de mes chère oursins avec M. Lovén, qui 
les connait si bien et qui vient tout récemment d’en 
faire l’objet d'un travail très important, en ce moment 
sous presse. C’est encore au musée que je fis la con- 
naissance de M. Nordenskiold, professeur de minéralo- 
gie, intrépide voyageur qui, cinq fois, est allé au 
Groenland et au Spitzberg, et a dépassé le 82 e degré de 
latitude. Jeune encore, M. Nordenskiold est une des gloi- 
res scientifiques de la Suède ; il fut charmant pour moi 
et mit une amabilité parfaite à me faire voir les collec- 
tions précieuses qu’il a rapportées de ses voyages à 
l’extrême nord, des séries fort belles de fossiles apparte- 
nant aux terrains anciens, triasiques et jurassiques, des 
plantes miocènes qui rappellent une flore presque tro- 
picale, et démontrent qu’à une époque relativement rap- 
prochée de nous, la température de ces régions était loin 
d'être ce qu’elle est aujourd’hui, des météorites, les plus 


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100 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


volumineuses qui existent, trouvées au Groenland dans les 
terrains tertiaires. 

Le soir de la première séance , une fête donnée par la 
ville réunissait tous les membres du Congrès au Djur- 
garden, dans les jardins et le restaurant d’Hasselbacken. 
La position de ce lieu de réunion très fréquenté deshabi- 
tantsde Stockholm, est vraiment ravissante ; de la terrasse 
d'Hasselbacken , la jvue s’étend sur le lac Mœlar et sur la 
ville : toute la journée le ciel avait été brumeux ; dans la 
soirée le temps devint beaucoup plus clair et nous permit 
d’admirer le splendide panorama que présentait la ville 
de Stockholm éclairée par le soleil couchant et se reflétant 
dans les eaux tranquilles du lac. Nous pûmes jouir à loisir 
de ce beau spectacle, car à Stockholm, dans la saison où 
nous étions, le soleil ne disparait que fort tard de l’hori- 
zon, et à dix heures il fait encore jour. Tout concourut du 
reste à rendre charmante cette fête de bienvenue que la 
ville nous offrait si gracieusement le jour de notre arrivée : 
la musique, avec ses airs nationaux, des illuminations, des 
feux d’artifice et de bengale , des rafraîchissements de 
toutes sortes et servis à profusion, un excellent souper au- 
quel plus de douze cents personnes ont pris part, et par- 
dessus tout l’accueil cordial et profondément sympathique 
des Suédois, qui tous paraissaient si heureux de nous faire 
les honneurs de la fête. Personne n’oubliera le toast porté 
dès le début par M. d’Ugglas , le premier magistrat de 
Stockholm. Je le vois et je l’entends encore à la tribune 
improvisée : c’est un homme de grande taille, à la figure 
distinguée, à la voix retentissante et sympathique. Après 
avoir porté un toast à la santé du roi, protecteur du con- 
grès, il nous a souhaité à tous la bienvenue dans un fran- 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


101 


çais très pur et sans accent, avec des paroles'énergiques, 
chaleureuses , partant du cœur et couvertes de mille ap- 
plaudissements. 

Le lendemain , 8 août, commençaient les travaux du 
congrès qui s’est prolongé jusqu’au dimanche 16 août. Ces 
huit jours ont été bien remplis; toutes les questions ins- 
crites au programme et d’autres encore ont été longuement 
discutées. Chaque jour deux séances avaient lieu, l’une à 
dix heures et l’autre à deux heures. Deui journées ont été 
consacrées à de très intéressantes excursions ; je vous en 
parlerai d’abord : la première avait pour but une visite à 
Upsal, à l’antique Œstra Aros, qui fut autrefois la capitale 
de la Suède, et l’étude, à quelque distance de cette ville, 
d’un tumulus gigantesque, qui avait été ouvert à grands 
frais et avec beaucoup de soin, afin que les membres du 
Congrès pussent en constater facilement la disposition 
intérieure. A huit heures du matin, un train spécial et 
gratuit nous emmenait à Upsal, au nombre de plus de ~ 
mille, tous membres du Congrès; le trajet dura deux 
heures; après avoir dépassé la ville d’Upsal, dont la 
belle cathédrale se profile à l’horizon , on ne tarde pas à 
voir, à droite du chemin de fer , une série de petites col- 
lines aux pentes arrondies ; c’est l’emplacement de l’an- 
cienne nécropole, ce sont les tumuli d’Upsal; trois d’entre 
eux se remarquent de loin à leur énorme dimension , à 
leur forme conique, et renferment, suivant la tradition, les 
restes d’Odin, de Thor et de Frey, ces rois légendaires de 
la Scandinavie. En approchant on reconnait bientôt celui 
qui a été ouvert pour le Congrès ; déjà, du reste, une foule 
nombreuses, venue des environs, se pressait aux alentours. 

Le train s’arrêta juste en face du tumulus, éloigné d’un 


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102 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


kilomètre du chemin de fer. Cette ancienne et gigantes- 
que sépulture est très curieuse à examiner; pour en saisir 
les proportions, il faut se trouver à la base. C’est une véri- 
table montagne élevée de mains d’hommes ; sa hauteur est 
de plus de vingt mètres, sa longueur de trente-cinq à 
quarante, mais comme elle se trouve placée sur un tertre 
naturel déjà d’une certaine élévation, elle parait beaucoup 
plus large et beaucoup plus haute. Le tumulus avait été 
ouvert dans une grande partie de son étendue, et il était 
facile d’en étudier la structure : la base est une argile 
compacte et durcie, sur laquelle repose une petite émi- 
nence de sables noirâtres, mélangés d’ossements calcinés; 
ce sont les débris du bûcher au milieu duquel de pré- 
cieux ornements en or, des restes de vêtements, un frag- 
ment d’os, sur lequel était gravé un amour, ont été trouvés 
au moment des fouilles. Quelques grosses pierres ap- 
portées de loin et qui gisaient encore dans le tumulus, 
recouvraient et protégeaient cet amas noirâtre. Au-dessus 
s’étendait une couche de sept à huit mètres d’épaisseur 
de sables et de graviers, puis une couche, plus épaisse 
encore d'argile durcie, formant avec le sable une ligne 
très tranchée ; le tout était recouvert par une assise très 
mince de terre végétale et d’humus. Monté sur une des 
pierres dont nous venons de parler, le secrétaire général, 
M. Hildebrand, nous donnait, au centre même du tumu- 
lus, des explications scientifiques du plus grand intérêt : 
il nous montrait comment ces couches puissantes de sable 
et d’argile, et qu’au premier aspect on aurait pu croire 
déposées naturellement et par un phénomène géologique, 
étaient bien réellement l’œuvre de l’homme et formées de 
matériaux pris dans le voisinage même ; if nous disait que 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


103 

la couche épaisse d’argile qui s’étendait au-dessus des 
sables était, suivant les rites funéraires, destinée à empê- 
cher l’infiltration des pluies ; que les amis du mort , der- 
nier hommage rendu à sa mémoire, avaient apporté suc- 
cessivement cette argile dans des corbeilles ou dans des 
sacs, et que cette couche variait ordinairement d’épais- 
seur en raison de l’importance du défunt ; il nous faisait 
voir, dans l’argile même que les fouilles ont mise à dé- 
couvert, la trace de ces apports successifs et multipliés. 
Puis, cherchant à préciser l’Age de cette antique sépulture, 
il ajoutait que les ornements en os et en or rencontrés au 
milieu des ossements calcinés , caractérisaient l’époque 
romaine et Scandinave du iv e siècle, et donnaient ainsi 
une date presque certaine à ce monument, qui n’en appar- 
tenait pas moins à une époque préhistorique pour la Suède, 
et dont l’origine était devenue légendaire. 

Il était près de onze heures quand nous quittions le 
tumulus. Une demie-heure après nous arrivions à Upsal; 
là nous attendait une réception tout à fait originale. Les 
étudiants avaient tenu à faire aux membres du Congrès un 
accueil digne de la vieille et célèbre université. Bien qu’en 
vacances, ils étaient revenus presque tous et se trouvaient 
à la gare en grande tenue, coiffés de leurs casquettes 
blanches bordées de velours noir, et, avec leurs bannières 
déployées; ils s’étaient joints aux autorités d’Upsal pour 
nous souhaiter la bienvenue. Après les discours et les 
hourras obligés, le Congrès se dirigea vers l’Université et 
le jardin botanique , situés à l’extrémité de la ville. Les 
étudiants nous précédaient avec leurs bannières, et fai- 
saient entendre avec beaucoup d’ensemble et d’har- 
monie, des chants suédois anciens et patriotiques. La 
Sc. nat. 8 


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î 04 CONGRÈS international: 

foule qui nous accompagnait était énorme, les maisons 

étaient pavoisées de drapeaux et les fenêtres garnies de 

monde. 

Cette promenade presque triomphale à travers la ville, 
celte musique, ces chansons nationales que nous ne 
comprenions pas, mais qui cependant avaient quelque 
chose de saisissant, ont laissé, j’en suis sûr , dans l’esprit 
de tous ceux qui ont assisté à cette fête, un souvenir qui 
ne s'effacera pas. L’université d’Upsal domine la ville ; 
c’est un vaste et beau bâtiment qui renferme la bibliothè- 
que, de 200,000 volumes , les salles de cours , les labora- 
toires, etc. Les étudiants nous conduisirent au jardin 
botanique, qui est à droite de l'Université. Ce jardin, l’un 
des plus anciens de l’Europe, a été créé par Linnée; ce 
n’est pas sans une émotion profonde, que je pénétrai sous 
ces ombrages séculaires et que j’admirai ces vieux arbres 
plantés par le grand naturaliste. Sa statue en marbre 
blanc se trouve dans le vestibule qui conduit aux serres; 
avant toutes choses, je voulus aller la saluer et rendre 
ainsi hommage, autant qu’il était en moi, au véritable fon- 
dateur de l’histoire naturelle, à notre maître à tous! 

Ce fut avec une réelle satisfaction, qu’au retour de 
mon pèlerinage à la statue de Linnée, j’aperçus, sous 
les ombrages du jardin, d’immenses tables dressées et 
garnies d’un abondant et excellent déjeûner; les étu- 
diants et surtout les commissaires de la fête, qui se 
reconnaissaient à de larges rubans rouges portés en sau- 
toir, tenaient à nous servir eux-mêmes, et cela avec un 
empressement et une bonne grâce que je ne saurais dire. 
Jamais hospitalité ne fut plus aimablement et plus large- 
ment offerte. Avec le champagne commencèrent les toasts, 


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SESSION DE STOCKHOLM. 405 

très nombreux comme d’habitude. Parmi les meilleurs 
et les plus applaudis, je citerai celui de M. Desor, à la 
vieille université d’Upsal, celui de M. de Saporta,àLinnée, 
le premier des botanistes; celui de M. de Quatrefages, aux 
étudiants d’Upsal ; ce dernier toast, qui correspondait si 
bien à la pensée que nous avions tous, a été couvert d’una- 
nimes applaudissements et de hourras mille fois répétés. 
Les étudiants étaient dans l’enthousiasme, et, séance 
tenante, ils ont offert à M. de Quatrefages une de leurs cas- 
quettes blanches, ce qui est une grande marque de faveur. 
Le savant et sérieux professeur s’en couvrit aussitôt, et le 
soir, en revenant à Stockolm, il la portait encore et en 
paraissait très heureux. Les dames étaient nombreuses 
à l’excursion; avant de quitter le jardin, chacune d’elles 
reçut des étudiants, attention charmante et délicate , un 
très joli bouquet, en souvenir de la fêle. 

Avant de reprendre le train spécial qui nous attendait 
à la gare, nous avions deux heures à passer à Upsal. Nous 
en profitâmes pour voir la ville , toujours accompagnés 
des étudiants qui s’étaient partagé les membres du Con- 
grès et cherchaient de mille manières à se rendre utiles 
et à nous être agéables. Je visitai d’abord , tout près d 
jardin botanique, l’Université ( Carolina rediviva), et dans 
la bibliothèque, je vis le fameux Codex argenteus, traduc- 
tion gothique des Quatre-Évangiles. Ce livre remonte au 
iv* siècle, et est imprimé à la main, en caractères en relief 
très anciens. Delà, je suis allé à la cathédrale , qui date 
du xv® siècle ; c’est la plus grande et la plus célèbre du 
Nord, mais en la comparant à nos monuments gothiques, 
elle m’a paru au-dessous de la plupart de nos cathédrales 
de second ordre ; elle renferme quelques objets d’art pré- 


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106 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

eieux, et plusieurs mausolées intéressants. Dans l’un d’eux 
repose Carolus Linnée, princeps botanicorum. 

Nous avons visité ensuite les différents musées , qui 
n’offrént que peu d’intérêt à côté de ceux de Stockholm, et 
une école élémentaire admirablement installée, avec 
ses salles d’études, sa salle des conférences, son gym- 
nase, et remarquable surtout par le confortable et la 
propreté exquise qui régnent partout. 

A quatre heures le signal du départ est donné ; les 
étudiants , les habitants du pays nous reconduisent en 
grand nombre. Au moment où le train s’ébranle, les mou- 
choirs, les casquettes s’agitent, les hourras, les cris 
d’adieu retentissent ‘de tous côtés, et il en fut ainsi, 
non-seulement à la gare d’Upsal, mais aux autres stations. 
Partout une foule nombreuse nous attendait et nous 
saluait au passage. A six heures nous étions de retour 
à Stockholm. 

La seconde excursion, non moins intéressante que la 
première, bien que d’un caractère tout différent, était des- 
tinée à visiter l’tle de Bjœrkœ, et le château royal de 
Gripsholm. Cette fois ce n’était plus en chemin de fer , 
mais dansdes bateaux à vapeurque l’excursion devait avoir 
lieu.- Le roi de Suède, absent de Stockholm au moment 
de l’ouverture du Congrès, assistait la veille à la séance , 
et avait annoncé qu’il ferait partie de l’excursion; les 
membres du bureau avaient été invités à prendre place 
dans le bateau royal. A huit heures , trois bateaux à va- 
peur, pavoisés de drapeaux , nous attendaient sur le quai 
de Riddarholmen et furent bientôt envahis et remplis par 
les membres du Congrès. Il faut près de deux heures pour 
se rendre à l'île de Bjœrkœ, qu’on devait visiter d'abord. 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


107 


Rien de ravissant comme le trajet sur le lac Mœlar, assu- 
rément le plus beau de la Suède; rien de pittoresque 
comme ces myriades d’îles, au milieu desquelles le ba- 
teau s’engage ; leur aspect varie à chaque instant : tantôt 
elles sont ornées de chûlets et de gracieuses maisons de 
campagne, et elles descendent jusqu’au bord de l’eau en 
pentes verdoyantes et adoucies; tantôt les rivages sont 
abruptes, escarpés , couronnés de forêts. Souvent elles se 
réduisent à de petits îlots formés de blocs de granité en- 
tassés, au milieu desquels ont poussé quelques bouleaux 
ou quelques sapins. 

Au sortir de Stockholm, le bateau glisse entre les îles, 
et les longe quelquefois de très près, mais bientôt l’ho- 
rizon s’élargit, et le lac, comme une vaste mer, s’étend 
presque à perte de vue; puis les îles se multiplient, 
se rapprochent et le lac se resserre de nouveau pour 
s’élargir un peu plus loin ; on passe tout près de l’île 
de Kunsgatt (île du Chapeau), dont les rives sont très 
escarpées , très hautes , couvertes à peine de quelques 
rares broussailles, et qui présente au sommet, un poteau 
surmonté d’un vaste chapeau en fer blanc. Suivant la 
légende que nous raconte un suédois, ce chapeau marque 
l’endroit ou .un des rois de ce pays laissa tomber son 
couvre-chef, en se précipitant à cheval du haut de la 
falaise dans les eaux du lac, pour échapper aux ennemis 
qui le poursuivaient. 

L’île Bjcerkœ ne tarde pas à se montrer à l’horizon ; 
nous la reconnaissons de loin à ses rives élevées, un 
peu dénudées, et à la foule déjà nombreuse des curieux 
qui se pressent à l’endroit où nous devons débarquer. 
Nous arrivons à peu près en même temps que le bateau 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


royal; des vivats et des hourras nous saluent au mo- 
ment où nous mettons le pied à terre , et nous passons 
sous des arcs de triomphe en feuillages que les habitants 
de l’île ont élevés en l’honneur des membres du Congrès. 
Il s’agissait de visiter, dans l’ile de Bjœrkœ, l’emplacement 
d’une ville préhistorique, relativement considérable. Au- 
cun vestige n’existe à la surface du sol ; mais des fouilles 
importantes , récemment exécutées à l’intention du Con- 
grès, ont mis à découvert des restes de constructions 
souterraines et une quantité énorme de débris de cuisine, 
au milieu desquels se trouvent de nombreux objets de 
l’industrie qui permettent de reconnaître les mœurs, les 
usages , l’état de civilisation des anciens habitants de ces 
contrées. A quelques centaines de mètres de la ville, 
s’étend une série innombrable de petits tumuli, aujour- 
d’hui couverts de sapins et de bouleaux. C’était le cimetière 
ancien ; malheureusement plusieurs de ces tumuli ont été 
éventrés et fouillés à différentes époques pour en extraire 
les objets précieux qui accompagnaient les restes des 
morts, mais il en est encore beaucoup qui n’ont pas été 
ouverts. 

Les membres du Congrès se dirigèrent d’abord vers 
les tumuli; pressés les uns contre les autres comme 
de petites collines, et au nombre de plus de deux mille, ils 
occupent, sur les bords du lac, une vaste étendue de ter- 
rain. Monté sur une de ces collines, M. Stolpe, qui dirige 
avec tant de soin les fouilles entreprises au frais de l’Etat 
dans l’île de Bjœrkœ, nous a exposé le résultat de ses 
découvertes ; quoi de plus saisissant que ces explications 
données sur les lieux mêmes , en face de cette ville dis- 
parue depuis tant de siècles et remplacée par des champs 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


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que la charrue cultive. Le roi est à la droite de M. Stolpe, 
les membres du bureau l’entourent , les autres membres 
du C ngrès s’étagent et se groupent sur les pentes du ter- 
tre lumulaire. M. Stolpe s’exprime en excellent français, 
sa voix est claire et retentissante; aucune de ses savantes 
explications ne m’échappe. Je vais essayer de les résumer 
en quelques mots ; 

L’emplacement de la ville, d’après les fouilles qui ont 
été faites, occupe environ six hectares, partout recouverts 
d'une couche épaisse de cendre, de charbon, d’os d’ani- 
maux et de rebuts de cuisine. C’est dans cette couche, 
accumulée pendant des siècles, qu’ont été rencontrés un 
grand nombre d’objets appartenant à la civilisation du 
dernier âge du fer, des bijoux en or et en argent, des 
agrafes, des anneaux, des aiguilles, des vases, des fibules 
en bronze ornées de têtes de dragon, une foule de perles 
en verre, en cristal de roche, en cornaline, en agathe, 
en ambre , etc. , des épées , des pointes de flèche , des 
couteaux, des ciseaux, des peignes de tisserand, dès 
gouges de charpentier, un instrument de supplice, un car- 
can probablement , le tout en fer ; une foule d’objets en 
os, des aiguilles, des peignes, des cuillers , des manches 
de couteaux, des pièces d’échec, plus de trois cents patins 
de toutes grandeurs, très ingénieusement fabriqués avec 
des os de bœuf et des cornes d’élans ou de rennes ; des 
pesons en argile durcie, des milliers de fragments de 
poterie et de vases en verre, des pièces à frotter en verre, 
ayant servi à lisser les étoffes, des poids pour les filets, 
des pierres à aiguiser, des moulins à bras, des étoffes et 
du fil, etc., etc. M. Stolpe, en outre de ces débris de toute 
nature, signale deux trouvailles, deux trésors évidemment 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


enfouis ; le plus important, trouvé à trente centimètres de 
profondeur, dans une sébile de fer, plate, renfermait un 
grand nombre de bracelets et de fibules en argent et beau- 
coup de monnaies antiques également en argent. 

M.Stolpe, dans les débris de cuisine, a dCf déterminer 
la présence de plus de cinquante espèces d’animaux 
sauvages ou domestiques, parmi lesquels, en dehors 
de ceux qui habitent aujourd’hui la Suède, il a re- 
connu un certain nombre d’espèces provenant de 
localités éloignées, et qui indiquent que ces peuples 
avaient des relations commerciales assez étendues, et 
poussaient leurs excursions jusqu’au fond de la Bal- 
tique. Les habitations, construites en bois et en osier, 
n’ont laissé d’autrés vestiges que des fragments d’argile 
durcie et calcinée, portant encore l’empreinte des doigts 
qui les ont pétris et des brindilles d’osier que cet argile 
servait à calfeutrer. Ces maisons, bâties en pisé, comme 
quelques cabanes actuelles de la Scanie, ont sans doute 
été détruites à la suite d’un incendie considérable. La 
ville était défendue, du côté du sud, par une enceinte 
fortifiée, formée de grands blocs de granité brut et qui 
subsistent encore. Une pareille enceinte la protégeait 
également du côté des tumuli, sur lesquels elle avait 
accès par six issues différentes. Quant aux tumuli, ils 
contiennent des ossements brûlés, souvent déposés dans 
une urne en terre cuite, des ornements de bronze, des 
os d’animaux domestiques, et présentent tous les carac- 
tères des sépultures de l’âge du fer. 

Suivant M. Stolpe , cette ville, entièrement détruite , si 
longtemps oubliée et dont l’origine se perd dans la 
nuit des temps, serait la ville de Birka, célèbre par 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


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son commerce, et dans laquelle Ansgarius, d’après 
la tradition , prêcha , pour la première fois , le chris- 
tianisme aux sectateurs d’Odin. Elle florissait surtout 
entre le vu® et le x° siècle. Au commencement du 
xi® siècle, elle fut détruite par des pirates de la Bal- 
tique. Une croix en granité qu’on aperçoit de loin, a 
été élévée, il y a quelques années, près de l’emplace- 
ment de la ville détruite, sur un des points culminants 
du rivage, à la mémoire d’Ansgarius, et rappelle que 
la première prédication de l’Évangile en Suède a eu lieu 
à Birka. 

A la suite de ces explications intéressantes, les mem- 
bres du Congrès se répandirent au milieu des fouilles. 
Mêlés à la terre noirâtre et charbonneuse, se montrent des 
milliers d’ossements de cerf, d’élan, de mouton, de bœuf, 
de cheval, de sanglier, etc. , les mâchoires sont presque 
intactes; les os longs sont brisés pour en extraire la moelle. 
Plusieurs d’entre nous furent assez favorisés pour ren- 
contrer , au milieu de ces ossements , quelques objets 
curieux de l’industrie. 

Une collation champêtre nous attendait près de la 
croix de granité, et l’on y fit honneur, malgré tous les 
débris de cuisine dont quelques membres du Congrès 
s’étaient chargés. Le roi paraissait heureux de cette 
excursion, et circulait au milieu de nous, se mêlant à 
quelques groupes et exprimant son opinion sur les faits 
dont nous avait entretenus M. Stolpe. Sa Majesté vint 
à passer près de M. de Maussion, de M. Vaury et de 
mon frère. Vive le roi I cria M. de Maussion. Le roi se 
retourne. « Vous êtes Français, Monsieur, je vous recon- 
nais à votre accent, permettez-moi de vous remercier 


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112 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

eide vous serrer la main. » Le roi serra également la 
main de M. Vaury et de mon frère et s’entretint quel- 
ques instants très familièrement avec eux. Dans la soirée, 
M. de Maussion, en me racontant cet épisode de notre 
excursion, me disait : ce sera un des meilleurs souvenirs 
de mon voyage. Pauvre et cher ami, il ne devait point 
en conserver longtemps la mémoire ! 

Après le déjeuner, nous quittâmes l’île de Bjœrkoe, 
au milieu des cris d’adieu et des hourras de la foule, 
et les bateaux reprirent leur course à travers les Iles 
du lac; deux heures après, nous arrivions à la petite 
ville de Mariefred , près de laquelle s’élève le château 
de Gripsholm. Cet édifice, qui remonte au xiv e siècle, 
a longtemps servi de prison d’Etat; dans ces derniers 
temps, il a subi de nombreuses réparations destinées à lui 
rendre son ancien aspect ; aujourd’hui, c’est un musée 
comme celui de Versailles; il renferme plus de deux mille 
portraits représentant toutes les célébrités historiques; 
scientifiques et littéraires de l’Europe. On y voit en outre 
une salle d’armes et quelques antiquités curieuses. 

Après avoir visité le château, je descendis dans les 
jardins qui s’étendent sur les bords du lac. Des tables 
étaient dressées à l’ombre des grands arbres, et un de 
ces excellents repas, auxquels nous avait habitués l’hos- 
pitalité suédoise, nous fut servi. A six heures, nous re- 
prenions nos bateaux pour rentrer à Stockholm à dix 
heures, au milieu des coups de canon, des feyx de ben- 
gale et d’artifice, des illuminations qui se reilétaient dans 
les eaux du lac, des hourras et des vivats partant de 
toutes'les maisons de campagne, et qui fêtaient ainsi le 
retour du Congrès. 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


113 


J’ai maintenant à vous parler des séances, alternant 
avec les excursions. Le compte-rendu in extenso sera 
publié, ainsi que tous les mémoires qui ont été lus ou 
présentés; je me bornerai à vous dire quelques mots des 
questions les plus intéressantes. La première inscrite au 
programme était celle-ci : Quelles sont les traces les plus 
anciennes de l’existence de l’homme en Suède ? M. le baron 
Kurck, MM. Worsaae, Evans, Desor, de Quatrefages, Ber- 
trand, prennent part à la discussion. Il en résulte que, 
suivant toute probabilité, l’homme n’existait pas dans 
la Scanie à l’époque glaciaire. Cette hutte de pêcheur 
dont les débris, suivant M. Martins et quelques autres 
auteurs, ont été découverts à Sodertelje, dans des dépôts 
glaciaires , serait , d’après MM. Torell et Hildebrand, 
relativement moderne, et ensevelie dans des éboulements 
de sable glaciaire à une époque récente. M. Desor vient 
appuyer cette opinion ; il ne peut croire à l’existence de 
l'homme glaciaire en Scandinavie : les découvertes qui 
ont été faites en France, en Allemagne, et tout récemment 
en Suisse, près de Schaflouse, nous montrent dans ces 
régions, à l’époque glaciaire, des restes de l’industrie 
humaine mêlés à des débris d’animaux Scandinaves et à 
une flore même boréale. Puisque l’on trouvait à cette 
époque, dit M. Desor, sous une latitude de 47 à 48 degrés, 
la faune et la flore qui existent aujourd’hui à une latitude 
de 20 degrés plus au nord, comment était-il possible à 
l’homme de vivre dans cette dernière contrée, quand il 
avait de la peine à vivre à 20 degrés plus au sud ! Ce 
qu’il y, a du reste, de certain, et ce qui corrobore entiè- 
rement les paroles de M. Desor, c’est que dans la Suède, 
jusqu’ici, aucun débris pouvant se rapporter à l’époque 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


paléolithique, n’a été recueilli; on y trouve bien des silex 
éclatés, taillés et non polis et d’un travail plus ou moins 
grossier, mais, ainsi que l’a dit le baron Kurck, ils se 
rencontrent toujours mêlés aux silex polis ou finement 
retouchés. Ces formes, si diverses d’aspect et de travail, sont 
contemporaines et caractérisent la même époque. Les 
deux Ages de la pierre, si distincts en Danemark, sui- 
vant M. W'orsaae, sont confondus dans la Suède en une 
seule et même période. La civilisation a commencé en 
Danemark beaucoup plus tôf qu’en Suède ; le Jutland et 
les côtes de l’ouest étaient habités depuis longtemps, que 
la Scanie,et à plus forte raison les régions du nord, étaient 
encore sous les eaux et couvertes de glaciers. Ce n’est que 
lentement et peu à peu que l’âge de la pierre s’est avancé 
vers le nord ; l’époque des Kjokkenmoddings n’existe pas 
en Suède. 

La deuxième question du programme : Comment se 
caractérise Vâçje de la pierre polie en Suède ? Faut-il attri- 
buer les antiquités de cet dqc à un seul peuple, ou peut-on 
établir la co-e.vistencc de plusieurs tribus qui ont habité les 
différentes parties de la Suède? a été l’objet de plusieurs 
communications importantes, sans qu’on soit arrivé, 
cependant, une solution bien positive. MM. Nilsson, 
Montelius, Rygli, Hildebrand, de Quatre Cages, W'orsaae, 
etc., etc., ont pris successivement la parole. M. Nilsson 
pense que les traces les plus anciennes de l’homme en 
Suède ont été rencontrées sur le littoral méridional de la 
Baltique, entre Telleborg et Falstabo. Près de cette der- 
nière localité, et se prolongeant aujourd’hui dans la mer, 
se trouve une tourbière, formée dans les eaux douces, et 
qui dénote l’existence d’une terre réunie alors à l’Aile- 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


115 


magne, dont elle constituait la limite septentrionale. Dans 
cette tourbière se rencontrent des ossements de renne et 
des outils de pierre qu’on peut considérer, suivant le sa- 
vant archéologue, comme les vestiges les plus anciens de 
l’existence de l’homme en Scandinavie. 

M. Montelius, relativement à cette question, a présenté 
une carte archéologique de la Suède : il distingue dans 
l'âge de la pierre polie quatre espèces de sépultures : les 
dolmen, les sépultures à galeries, lçs grands cercueils 
en pierre et les sépultures sous tumulus; il en fait 
connaître la distribution, et démontre que les tombeaux 
de l’âge de la pierre polie, dans les provinces méridio- 
nales de la Suède, se trouvent principalement le long 
des côtes et des cours d’eau. 

A l’appui de sa carte archéologique, M. Montelius 
met sous les yeux du Congrès un tableau synoptique de 
tous les objets de pierre trouvés en Suède, au nombre de 
plus de 37,000. Les outils de silex, plus nombreux que 
ceux de pierre dure, vont en diminuant au fur et à me- 
sure qu’on s’avance vers le nord, et finissent par dispa- 
raître tout-à-fait. Dans ces contrées, deux peuples distincts 
paraissent s’être servis d’instruments de pierre. Le peuple 
du nord, d’origine lapone, fabriquait des outils en schiste 
noir, tandis que les populations du midi employaient 
principalement le silex. 

M. Rvgh ajoute qu’en Norwège les antiquités en silex 
sont très rares , qu’elles le deviennent de plus en plus 
dans le nord, et qu’on cesse absolument de les rencon- 
trer vers le 65 e degré de latitude. Elles sont alors rem- 
placées par des instruments en schiste noir, en grès, 
de forme toute ^différente, ayant appartenu à un 


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416 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

peuple distinct et que M. Rygh considère comme les 
ancêtres des lapons. A ces objets en schiste sont associés 
des instruments en os et en bois de renne, abondants 
surtout vers le cap nord et au-delà du cercle polaire. 
Ces antiquités, dit-il, sont particulières aux Lapons qui, 
au commencement de ce siècle, en étaient encore à l’âge 
de la pierre polie. 

Envisageant la question à un autre point de vue, 
M. Hildebrand examine la distribution générale des 
dolmen dans l’Europe, et se demande si ces tombeaux, 
qui partout présentent un aspect à peu près identique, 
doivent être attribués à un peuple unique ou à différentes 
tribus ; il admet de préférence cette dernière hypothèse et 
pense que si plusieurs peuples ont adopté une forme de 
sépulture à peu près semblable, c’est par suite de l’idée 
toute naturelle qu’ils ont eue d’imiter pour le tombeau 
des morts la demeure des vivants. Du reste, ajoute 
M. Hildebrand, si les dolmen les plus éloignés se res- 
semblent, considérés dans leur ensemble, ils diffèrent 
essentiellement dans les détails, et ces différences tendent 
à établir que ces sépultures sont l’œuvre de plusieurs 
tribus distinctes. Revenant aux dolmen de la Suède, 
M. Hildebrand donne de précieux renseignements sur la 
forme des dolmen et des sépultures à galeries de la 
Westrogothie èt de la Scanie. Les animaux domestiques 
existaient déjà en abondance : dans un tombeau de la 
Scanie, rapporté à cette époque, M. Hildebrand a trouvé 
le squelette entier d’un chien et de nombreux débris de 
bœuf, de cheval et* de cochon, appartenant tous à des 
races domestiques. 

A l’occasion de la discussion de cette question, il a 


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SESSION DE STOCKHOLM - . H 7 

été donné lecture d'un mémoire de M. de Mortillet, 
qui vient confirmer l’opinion de M. Hildebrand et 
conclut à la non -existence du peuple des dolmen. 
M. de Mortillet,. que nous avons eu le regret de ne pas 
voir aux séances du Congrès, s’appuie non seulement 
sur les variations que présentent les dolmen, suivant la 
région où on les observe, mais aussi et principalement 
sur la diversité des débris humains trouvés dans ces 
monuments, et qui paraissent caractériser des populations 
bien distinctes. Le dolmen, d’après M. de Mortillet, est 
une dérivation de la grotte sépulcrale; l’ensevelissement 
a d’abord eu lieu dans la grotte naturelle, mais les grottes 
devenant rares, on s’est mis à creuser des grottes artifi- 
cielles ; puis on en a fabriqué de toutes pièces avec des 
matériaux rapportés : ce sont les dolmen. Toutes les tran- 
sitions existent donc, dit M. de Mortillet, entre les deux 
extrêmes, la grotte naturelle sépulcrale et le dolmen ; ce 
dernier n’est qu’une des formes d’un usage funéraire qui 
s’est répandu de proche en proche chez des peuples 
nombreux et divers; il ne peut, par conséquent, servir à 
caractériser un peuple spécial. 

La question du commerce de l’ambre jaune a occupé 
plusieurs séances du Congrès. L’ambre est une substance 
organique fossile, de la classe des combustibles, et d’un 
aspect à peu près semblable à celui de la résine. On le 
rencontre dans les terrains tertiaires inférieurs en masses 
mamelonnées et noduleuses, d’un volume très variable. 
L’ambre se taille à la manière des pierres précieuses ; il 
est cassant, d’une dureté médiocre, et peut cependant 
recevoir un beau poli. Aux époques du bronze et du fer, 
et même à l’âge de la pierre polie, on s’en servait pour 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


fabriquer des perles, des bracelets et autres ornements. 
D’où proviennent les bijoux d’ambre jaune qu’on ren- 
contre dans les dolmen et les sépultures antiques de 
presque toute l'Europe?... Cette question devait nécessai- 
rement être traitée au Congrès de Stockholm, car on sait 
que l’ambre jaune est abondant sur les côtes méridionales 
de la Baltique et celles de la mer du Nord. Suivant 
M. Stolpe, suivant M. le docteur Wiberg, ces régions ont 
été dans l’antiquité les deux points de départ du com- 
merce de l’ambre. A l’âge du bronze, il est déjà employé 
fréquemment en Suède, mais à l’âge de fer il devient 
d’un usage beaucoup plus fréquent. M. Stolpe cite la 
trouvaille de Jœnkœping qui renferme environ deux cents 
pièces d’ambre. C’est vers cette époque qu’il a dû être 
transporté dans un grand nombre de pays éloignés, et 
notamment en Italie, à Marzabolto, à Villanova et chez 
les Etrusques. Ce n’est que beaucoup plus tard, suivant 
lui, que l’ambre originaire de Sicile a été connu, et il ne 
pourrait être confondu avec celui qui provenait des rives 
de la Baltique. Les monnaies grecques recueillies dans 
la presqu’île de Sameland, la Baltia des anciens, démon- 
trent que les Grecs de la mer Noire venaient s’appro- 
visionner dans cette région. Des trouvailles grecques et 
romaines, échelonnées, pour ainsi dire, permettent de 
reconnaître les routes que le commerce des régions du 
midi avec celles du nord, a suivies à diverses époques, 
tantôt par l’Olbie et le Dnieper, tantôt par la Vistule, 
l’Oder et le Danube, et à une époque plus récente, après 
la conquête des Gaules, par l’embouchure de l’Elbe, le 
Rhin et le Rhône jusqu’à Marseille. 

M. Capellini ajoute quelques détails intéressants sur 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


119 


l’ambre italien : celui de Sicile, qui n’est pas certaine- 
ment celui des nécropoles, est mentionné pour la pre- 
mière fois, en 1639. Aldrovande cite, d’après Strabon, 
l’ambre de Bologne ; il est vrai que cet ambre est in- 
connu de nos jours , mais il pouvait néanmoins exis- 
ter, et peut-être l’ambre rougeâtre de Villanova et de 
Marzabolto était-il de l’ambre Bolonnais. C’est à Felsina, 
d’après M. Capellini, que commencent à se montrer des 
morceaux d’ambre jaune provenant incontestablement 
des régions du nord. En résumé, le savant archéologue 
de Bologne croit que les étrusques se sont d’abord ser- 
vis de l’ambre qu’ils avaient chez eux, et que ce n’est 
que plus tard que leurs relations de commerce avec les 
peuples du nord leur ont procuré de l’ambre jaune 
venant des bords de la Baltique. Suivant M. Pigorini, 
les ornements en ambre jaune ne se rencontrent pas 
en Italie avant l’âge du fer. 

M. Cazalis de Fondouce pense que le commerce de 
l’ambre existait en France longtemps avant l’âge du 
fer. Dans le trésor de Réalon, qui est de l’âge de 
bronze, M. Chantre, dit-il, a reconnu une perle d’am- 
bre, et lui-même, dans le midi de la France, à la 
Roquette, commune de Saint-Pargoire, dans le, départe- 
ment de l’Hérault, a recueilli plusieurs perles d’ambre 
dans une sépulture mégalithique, présentant par sa 
forme la plus grande analogie avec la Chambre des Géants 
de la Dordogne, M. Cazalis n’hésite pas à rapporter 
cette sépulture à l’époque des Dolmen du midi de la 
France, à la fin de l’âge de la pierre polie, à l’époque de 
transition de cet âge à celui du bronze. 

M. Wirchow ne croit pas que les hommes de Villanova 

Se. nat. 9 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


et de Marzabotto aient employé l’ambre italien ; ils se 
servaient de l’ambre jaune du nord qu’ils échangeaient 
contre des objets d’ivoire et de bronze ; le cimetière 
d’Harstadt témoigne de ce double courant, et présente 
associés des objets de bronze italien de Villanova et 
une grande quantité d’ornements en ambre jaune de la 
Baltique. 

Le développement de l’âge du bronze et de l’âge du fer 
en Suède et les nombreuses questions qui s’y rattachent 
ont occupé plusieurs séances du Congrès. Quel est le 
chemin suivi par l’industrie du bronze? Est-elle origi- 
naire de Scandinavie et s’est-elle répandue ensuite dans 
les régions méridionales? Ou bien est-elle venue du midi 
pour s’implanter dans le nord, s’y développer et y pren- 
dre un caractère spécial? Question difficile, sur la solution 
de laquelle les avis sont depuis longtemps partagés, et 
que les discussions savantes du Congrès de Stockholm 
n’ont pas encore tranchée d’une manière définitive. 

Suivant M. Hildebrand, la civilisation du bronze a son 
originalité spéciale en Suède : les épées, les poignards 
ont une forme qui leur est propre, et cette industrie a été 
la souche commune de toutes les civilisations du bronze 
dont on reconnaît l'existence en Europe. Si, à la fin de 
l'âge du bronze, ajoute M. Worsaae, la Scandinavie a reçu 
des produits du midi et de la Méditerranée, au début de 
cette période, elle a eu son industrie indigène avec des 
formes qui lui sont particulières. M. SchafThausen et 
plusieurs autres membres du Congrès soutiennent, au 
contraire, quejiour les premiers temps, il n’y a pas eu 
de forme originaire des pays Scandinaves ; l’industrie du 
bronze est venue du midi et s’est développée dans les 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


121 


pays du nord beaucoup plus lard que partout ailleurs, et 
c’est alors seulement, qu’abandonnant sa forme primitive, 
elle a produit des types propres à la Scandinavie. 

A l’industrie du bronze en Suède se rapportent les 
sculptures si intéressantes dont quelques roches portent 
l’empreinte, dans certaines provinces, et notamment 
dans celle de Bohusland. M. Montelius et M. Bruzelius 
appellent successivement l’attention sur ces antiques et 
curieux monuments. M. Bruzelius décrit les sculptures 
qu’il a découvertes récemment en Scanie, et qui repré- 
sentent, fortement gravés dans la pierre, des navires avec 
leurs équipages, des cercles croisés, des hommes armés 
de marteaux qui rappellent parfaitement ceux de l’âge 
du bronze, des épées, des traces de pas, des hommes à 
cheval, des spirales simples ou doubles, etc. Toutes ces 
sculptures, quelles que soient les localités dans lesquelles 
elles ont été signalées, se ressemblent plus ou moins. La 
nature des objets représentés, les outils dont on a dû 
nécessairement se servir pour les produire, tout indique 
que ces monuments appartiennent à l’âge du bronze. 
Telle est également l’opinion de M. Desor : ces sculptures, 
suivant lui, correspondent aux pierres à écuelles de la 
Suisse. Qui sait, dit le savant naturaliste de Neuchâtel, 
si un jour ces signes ne nous fourniront pas des données 
sur ces temps anciens ; ce souci de transmettre aux géné- 
rations futures un souvenir figuré, indique déjà un degré 
avancé de développement. 

L’âge du bronze, considéré dans son ensemble, forme- 
t-il une époque bien nette, bien tranchée et parfaitement 
indépendante de l’âge du fer? Peut-il se subdiviser en 
deux phases distinctes ? M. Worsaae pense que l’âge du 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


bronze est complètement indépendant de l’âge du fer, 
non-seulement en Scandinavie, mais dans la France, 
dans l’Italie, dans la Grèce même. En Danemarck, celte 
période se subdivise nettement en deux époques particu- 
lières, et il en est de même en Suède, suivant M. Hilde- 
brand. M. Chantre retrouve cette subdivision en France, 
et admet pour l’âge du bronze deux périodes différentes : 
la première est représentée par des trouvailles auxquelles 
on a donné le nom de trésors, et qui se rencontrent pres- 
que toutes vers les cols des Alpes. Les objets recueillis 
dans ces conditions sont d’origine étrangère; ils ont à 
peine servi et démontrent, d’une manière évidente, que 
l’industrie du bronze a été importée d’Italie en France. 
La seconde période est caractérisée par des objets prove- 
nant de l’industrie locale, et qui sont la preuve què le 
travail du bronze est devenu indigène ; telles sont les 
palafittes du lac du Bourget, les nombreuses fonderies des 
vallées du Rhône, de l’Isère et du Jura, et notamment la 
fonderie de Larnaud, qui offre une série des plus inté- 
ressantes d’ustensiles et d’outils de fondeur. A l’appui 
de son opinion, M. Chantre fait passer sous les yeux du 
Congrès plus de quatre-vingts planches magnifiques, 
représentant les objets recueillis dans les stations qu’il 
vient d’indiquer, et signale les rapports qui existent 
entre plusieurs de ces objets du bassin du Rhône et ceux 
de la Scandinavie. 

L’avis de M. Bertrand diffère de celui de M. Chantre. 
Si, dans le nord l’âge du bronze se présente avec des 
caractères indépendants, avec une civilisation très nette 
et qui s’est prolongée pendant longtemps, il n’en est pas 
de même dans les régions du midi. En Italie, c’est à 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


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peine s’il existe à la base des terramares quelques ob- 
jets de bronze isolés ; partout ailleurs , en Grèce, en 
Gaule, en Suisse, la civilisation pure de l’âge du bronze 
est presque nulle, et se confond le plus souvent avec 
le premier âge du fer. A plus forte raison, M. Ber- 
trand n’admet pas que cet âge du bronze, si vaguement 
défini dans nos contrées, puisse se diviser, comme le vou- 
drait M. Chantre, en deux phases distinctes. M. Gazalis de 
Fondouce est moins exclusif que M. Bertrand : il reconnaît 
que l'âge du bronze est quelquefois difficile à saisir dans 
le midi de la France ; cependant il existe, et, suivant lui, 
les grottes artificielles de la Provence appartiennent 
certainement à cette période. . 

Je citerai encore l’opinion de M. Desor, qui me pa- 
raît, dans l’état actuel de la science, le dernier mot 
de la question. On a prétendu, a-t-il dit, qu’il n’y avait 
pas d’âge du bronze; oui, si l’on se place à un point de 
vue étroit et doctrinaire ; mais si l’on envisage les choses 
comme elles sont, on est forcé de reconnaître, avec 
M. Chantre, que telle forme, tel mode d’ornementation 
ne se sont produits qu’après tel autre, et caractérisent 
par conséquent des étapes dans le développement de la 
civilisation du bronze; ces étapes sont peut-être im- 
proprement appelés des âges, mais c’est un fait réel, e 
' il faut un mot pour l’exprimer. 

L’âge du fer, si largement représenté dans- les antiqui- 
tés Scandinaves, et dont les musées de Stockholm et de 
Copenhague nous offrent de si magnifiques séries , n a 
occupé que peu de temps le Congrès. Déjà cette civili- 
sation se rapproche des temps historiques. En Suède, des 
trouvailles de monnaies et de bijoux d’origine grecque et 


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m 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


romaine, mêlés à des objets Scandinaves de l’âge du fer, 
nous montrent que la période préhistorique s’est pro- 
longée, dans les pays du nord, beaucoup plus longtemps 
que partout ailleurs. Je mentionnerai seulement une 
communication de M. Vedel : l’île du Bornholm lui a 
fourni des milliers de sculptures appartenant à cet âge et 
antérieures au contact avec la civilisation romaine. Je 
rappellerai également un mémoire de M. Lorange sur 
l’âge du fer en Norwége. Un nombre considérable de 
tumuli, répandus sur tout le sol de la Norwége, depuis 
Christiansand jusqu’au cap du Nord, ont été explorés 
par cet intrépide archéologue; les plus anciens renfer- 
ment des objets en bronze et en fer d’un travail et d’un 
style où ne se révèle aucune influence romaine ; le corps 
a été brûlé en même temps que les objets, et les cendres 
sont contenues ordinairement dans des vases en terre. 
D’autres tumuli se caractérisent par de petites cham- 
bres formées de dalles, et renfermant, dans des vases en 
bronze, les cendres des morts; les objets qui accom- 
pagnent ces vases sont en or ou en bronze; ce sont des 
bijoux, des ornements, des haches, des pointes de lances 
et de flèches, des umbos de boucliers, souvent d’un beau 
travail. Quelques-uns de ces objets, notamment les bijoux 
en or ,-sont d’origine romaine. M. Lorange cite un vase 
en bronze fort curieux, portant cette inscription : Liberti- 
nus et A prus- postier unt. Les tumuli les moins anciens con- 
tiennent de grandes chambres formées également par des 
dalles; les ossements y sont tantôt brûlés, tantôt non 
brûlés , accompagnés d’objets qui n’ont jamais subi l’ac- 
tion du feu, de vases en terre, en bronze et en verre, d’ar- 
mes, de bijoux dus à l’industrie norvégienne et aussi 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


125 

d’origine romaine. Ces derniers, qui ne manquent presque 
jamais, dit M. Lorange , dans les tumuli de la dernière 
époque, permettent de les relier d’une manière certaine 
à l’histoire des régions méridionales, et de les rapporter 
du in® jusqu’au vu® siècle après Jésus-Christ. 

Indépendamment des questions inscrites au programme 
et toutes relatives aux temps préhistoriques dans la Suède, 
plusieurs communications, concernant des sujets tout à 
fait étrangers aux Etats Scandinaves, ont été présentés 
successivement pendant la durée du Congrès. Si le but 
principal de ces grandes réunions est d’étudier le pays 
dans lequel a lieu chaque session, des séances spéciales 
sont en outre réservées aux membres qui désirent appeler 
l’attention de l’assemblée sur des observations laites 
dans d’autres pays. Nous avons, dans cet ordre d’idées, à 
mentionner quelques travaux importants. 

M. Hamy, qu’on entend toujours avec un vif plaisir, a 
fait une communication très appréciée sur le terrain qua- 
ternaire de Grenelle, près Paris. A l’aide des documents 
recueillis par feu M. Martin, M. Iianiy démontre que dans 
cette station on rencontre la superposition parfaitement 
établie des diverses époques de l’âge de la pierre en 
France. L ’Elephas antiquusse montre d’abord, à 7 mètres 
environ de profondeur; puis viennent successivement 
l’Hyppopotame, le Mammouth, et enfin le Renne. Au point 
de vue archéologique, des modifications analogues se re- 
' produisent : dans le fond se trouvent les haches du type 
de Saint-Acheul ; vers le niveau des blocs erratiques, se 
montrent des silex qui ont une affinité toute particulière 
avec ceux des cavernes de Croc-Magnon, dans le midi. Il 
n’est pas jusqu’aux documents anthropologiques, qui ne 


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126 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


viennent confirmer cette curieuse superposition : à la plus 
grande profondeur a été recueilli un crâne qui offre assu- 
rément beaucoup de ressemblance avec ceux de Canstadt 
et d’Eguisheim ; au niveau des blocs erratiques paraît un 
type tout différent, ayant une grande analogie avec celui 
de Croc-Magnon ; plus haut, dans les alluvions à ossements 
de renne, ce type est accompagné d’un autre type brachy- 
céphale. Ainsi, ajoute M. Hamy, dans cette localité, lesdon- 
nées géologiques coïncident d’une manière absolue avec 
les documents fournis par l’archéologie et l’anthropologie. 
Les sablières de Grenelle pourront, grâce aux recherches 
assidues de M. Martin, être regardées comme un type ex- 
cellent des gisements quaternaires du nord de la France. 

M. Gazalis de Fondouce a présenté au Congrès un 
mémoire tendant à établir qu’il n’existe aucune lacune 
entre l’âge du renne et l’époque néolithique. Envisageant 
successivement la question au point de vue de l’anthropo- 
logie, de la géologie, de la paléontologie et de l’industrie, 
M. Cazalis démontre que s’il existe des différences entre 
les deux époques, elles n’ont rien de tranché et d’absolu ; 
le changement, suivant- lui, s’est opéré lentement et s’est 
poursuivi sans interruption, depuis le commencement de 
l'époque paléolithique jusqu’ànos jours. Pendant ce temps, 
dit-il, des races d’hommes ont vécu juxtaposées dans nos 
climats, et chez certaines de ces races, a pu s’élaborer en 
partie l’âge néolithique. Le climat, devenu peu à peu plus 
doux dans nos contrées, y a attiré successivement de nou- 
velles races d’hommes qui ont apporté , dans les arts et 
dans l’industrie, des éléments nouveaux , et lui ont im- 
primédes impulsions de nature à en modifier la direction, 
quelquefois d’une façon complète. 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


127 


M. de Saporta a fait connaître le résultat de ses obser- 
vations sur le climat de l’époque quaternaire. La ques- 
tion est délicate, fortement controversée et loin encore 
d’être résolue. Si, d’un côté, la présence d’animaux arc- 
tiques, comme le renne, le bœuf musqué, le glouton et la 
marmotte, indiquent une température rigoureuse; d’un 
autre côté, les éléphants, les rhinocéros, les hippopo- 
tames et la Cyrena fluviatilis marquent plutôt l’existence 
d’un climat tempéré. L’étude des végétaux peut aider à 
la solution de la question, bans ce but, M. de Saporta 
signale les empreintes végétales que vient de découvrir 
M. Chouquet, dans un tuf quaternaire situé entre Moret 
et La Celle, dans la vallée du Loing, non loin du confluent 
de cette rivière avec la Seine. Parmi ces empreintes il 
faut mentionner en première ligne le figuier, Ficus carica, 
accompagné de ses fruits à l’état de moule, et pres- 
qu’aussi nombreux que ses feuilles elles-mêmes. M. de 
Saporta donne la liste des végétaux que M. Chouquet a 
rencontrés avec le Ficus carica et qui tous se retrouvent 
dans les tufs quaternaires de Çpnstadt ou dans ceux du 
midi de la France, et il en conclut que le dépôt de Moret 
sert de lien commun et démontre qu’en allant du midi au 
nord, et de la Provence à Canstadt, en passant par Paris, 
la végétation se modifiait alors moins brusquement qu’à 
l’époque actuelle. En somme-, dit M.de Saporta, diffusion 
des espèces européennes plus uniforme que de nos jours, 
climat très humide, température plus élevée à la latitude 
de Moret, plus uniforme sans doute dans toute l’Europe, 
à cette époque; ce seraient là les conditions climaté- 
riques sous l’empire desquelles aurait vécu et se serait 
étendue la race humaine, dite de Canstadt, telle que l’ont 


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\ 28 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

définie MM. de Quatrefages et Hanry. En examinant les 
mollusques qui accompagnent les plantes de Moret, ajoute 
M. de Saporta, M. Touraouer est arrivé aux mêmes con- 
clusions. 

M. Dupont a entretenu le Congrès de {'existence des ani- 
maux domestiques dans les temps préhistoriques. Cette ques- 
tion est importante, car il est évident que l'introduction 
des animaux domestiques a été un progrès, puisqu’ainsi 
la subsistance de tous les jours s'est trouvée soustraite 
aux hasards incertains de la chasse et de la pêche, et que 
l’homme a eu dès lors des loisirs qu’il a pu consacrer à son 
développement intellectuel. Suivant M. Steenstrup, les 
principales espèces domestiques seraient originaires des 
pays où elles se trouvent. Ce fait ne paraît pas démontré 
à M. Dupont d’une manière absolue. L’éminent directeur 
du musée de Bruxelles prend comme exemple l’histoire 
du cheval. Cette espèce, dit-il, est très abondante à l’âge 
de la pierre taillée ; elle forme alors la base de l’alimen- 
tation de l’homme, comme le bœuf l’est de nos jours. Or 
le cheval disparaît complètement comme aliment à lâge 
de la pierre polie, dans le midi, en Angleterre, etc. Ne 
peut-on pas se demander si le cheval n’a pas disparu 
de nos pays pour y revenir plus tard, importé comme 
en Amérique? Dans ce cas notre espèce domestique ne 
descendrait pas de l’espèce quaternaire. 

M. Chantre a présenté au Congrès un rapport très 
détaillé sur un projet de légende internationale, pour la 
construction des cartes archéologiques préhistoriques. 
Tous les travaux publiés antérieurement, relatifs à ce 
siyet, sont résumés dans ce rapport, qui contient la lé- 
gende nouvelle que notre jeune et savant archéologue a 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


129 


adoptée dans sa carte paléothnologique du bassin du 
Rhône. Une commission a été désignée par le bureau 
pour étudier le rapport de M. Chantre. 

M. Pigorini nous a fait connaître ses nouvelles re- 
cherches sur les terramares d’Italie; il décrit notamment 
les faits observés par lui dans les fouilles de la terramare 
de Casaroldo, et annonce que le gouvernement italien, 
accueillant la proposition votée par le Congrès de Bologne, 
a décrété que cette terramare, qui appartient à l’âge du 
bronze, serait conservée perpétuellement comme monu- 
ment national. 

M. Cbapelain-Duparc, au nom de M. Lartet et au sien, 
a communiqué le résultat de fouilles pratiquées, cet hiver, 
dans la grotte d’Uruty, à Sordes, vers les confins du 
Béarn et de l’ancien pays basque. Cette grotte a présenté 
deux sépultures superposées, l’une de l’époque paléoli- 
thique, et l’autre de l’époque néolithique. La première 
est caractérisée par un crâne humain et partie du sque- 
lette, avec cinquante-cinq dents d’ours percées, la plupart 
sculptées ou gravées, par des silex du type des cavernes de 
la Vézere, et par deux foyers superposés renfermant des 
os de cheval et de boeuf. La seconde sépulture, de l’âge 
néolithique, contient les restes de trente-trois squelettes au 
moins, ayant les mêmes caractères anthropologiques que 
le crâne rencontré plus bas ; les squelettes sont accom- 
pagnés de silex remarquables par un travail plus fini 
que celui des plus belles pièces Scandinaves en pierre, 
et dont quelques-unes présentent des traces de perçage. 
M. Chapelain - Duparc insiste sur l'absence complète 
d’hiatus, qui existe entre le dernier foyer de l’âge du 
renne et la sépulture néolithique, et sur la persistance 


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130 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


sur place d’un même type humain, n 'offrant aucune 
variation de l’un à l’autre des deux âges de la pierre 
rencontrés dans cette caverne. 

Déjà, au Congrès de Bruxelles, M. de Baye nous avait 
communiqué le résultat de ses recherches dans les grottes 
préhistoriques de la Marne, et avait signalé les sculptures 
de l’âge de la pierre polie, gravées sur les parois de ces 
grottes ; il nous a fait part de ses nouvelles découvertes 
et a décrit quelques-unes de ces sculptures, représentant 
des essais de figure humaine, des oiseaux, des haches 
avec leurs gaînes. 

Le dimanche 16 août, à deux heures, a eu lieu la clô- 
ture du Congrès, en présence du roi et de la reine, qui 
avaient assisté à un grand nombre de séances. M. Desor, 
dans une improvisation brillante, chaleureuse, s’est 
chargé d’adresser les remerciements et les adieux du 
Congrès au roi, à la ville de Stockholm, à la Suède tout 
entière, dontles populations, par leur accueil sympathique, 
ont manifesté si vivement leur amour et leur respect 
pour la science. « L’institution des congrès, a dit M. De- 
sor, a grandi peu à peu ; chaque année ses racines se 
sont implantées plus vigoureusement dans le sol ; chaque 
année ses rameaux féconds se sont étendus et multipliés, 
et le gland planté à la Spezia est devenu un chêne su- 
perbe et magnifique, qui vient d’atteindre, à la réunion 
de Stockholm, l’apogée de son développement 1 » Avant 
de se séparer, le Congrès a choisi, sur la demande qui lui 
en a été faite, et à la satisfaction de tous, la ville de Peslh, 
pour être, dans deux années, le siège de la huitième 
session. 

La veille au soir, le roi avait offert aux membres du 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


131 


Congrès une fête d’adieu, au château de Drottningholm, 
dans file de Lofen, sur le lac Mælar, à une heure à peine 
de Stockholm. Ce château, résidence habituelle du roi 
pendant l’été, est entouré d’un très beau parc. Le ves- 
tibule intérieur, du style Louis XIV, avec son double 
escalier décoré de statues, présente un grand caractère. 
La réception, du reste, était splendide; aux membres du 
Congrès, le roi avait réuni les principales notabilités 
suédoises, et plus de mille personnes remplissaient les 
salons, et notamment la grande salle du palais dont les 
murs sont décorés de portraits en pied de tous les princes 
régnants du temps du roi Oscar. Les dames étaient en 
grande toilette, et les hommes, pour la plupart, constellés 
des décorations les plus variées. A neuf heures, le roi, 
accompagné de la reine, de la reine-mère et des dames 
d’honneur, fit son entrée, puis il se mêla dans la foule, 
aimable pour tous et causant avec plusieurs d’entre nous. 
A la fin de la soirée, on servit un magnifique souper 
auquel prirent part tous les invités. M. Worsaae porta 
un toast au roi pour le remercier de la protection qu’il 
avait accordée au Congrès, et de la sympathie qu’il n’a- 
vait cessé de lui témoigner. Sa Majesté répondit par 
un discours fort remarqué et très applaudi, plein de 
pensées nobles et libérales sur le développement intel- 
lectuel de la Suède. 

A onze heures, les bateaux à vapeur qui nous avaient 
amenés nous reconduisirent à Stockholm. Un spectacle 
féerique et dont aucune description ne peut donner une 
idée, nous attendait sur tout le parcours. Les maisons 
de campagne, étagées sur les îles au milieu desquelles 
nous passions, avaient illuminé en l'honneur du Con- 


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133 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

grès; de tous côtés on tirait des feux d’artifice, on 
allumait des flammes de bengale ; le lac était sillonné 
de petites barques garnies de girandoles aux mille 
couleurs. Ces lumières, variant à l’infini, suivant la 
marche du bateau, se réflétaient au loin dans les eaux 
tranquilles. Par moments une gerbe d’artifice, plus in- 
tense que les autres, éclairait les îles et le lac à de grandes 
distances et jusque dans leurs profondeurs les plus obs- 
cures, puis tout rentrait dans l’ombre pour s’éclairer de 
nouveau quelques instants plus tard. Tout cela produi- 
sait un effet vraiment magique; aussi des hourras et des 
bravos d’admiration s’élevaient incessamment de nos ba- 
teaux, et du rivage, on .y répondait par d’autres hourras 
et d’autres bravos ! 

Les dix jours que j’ai passés à Stockholm ont été aussi 
complètement remplis que possible. Le temps que les 
excursions et les séances m’ont laissé de libre, je l’ai em- 
ployé à visiter la ville, ses monuments et ses musées. Je 
vous ai déjà parlé du musée d’histoire naturelle, je vous 
dirai quelques mots du musée national, que j’ai visité à 
plusieurs reprises et toujours avec beaucoup d’intérêt. Il 
est situé sur le quai, non loin du Grand-Hôtel, dans un 
très beau bâtiment moderne du style Renaissance, ter- 
miné en 1863. Devant la façade principale se trouve un 
portique très admiré, en marbre verdâtre de Suède. Le 
rez-de-chaussée est occupé par le musée préhistorique, 
qui renferme d’inestimables trésors appartenant aux âges 
de la pierre polie, du bronze et du fer. La première salle 
est consacrée à la pierre polie : les vitrines qui l’en- 
tourent contiennent la collection générale. Les haches, 
les instruments en silex, au nombre de plusieurs milliers, 


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SESSION DE STOCKHOLM. 433 

sont classés d’après leur nature et les caractères qui les 
distinguent. Certaines séries sont très remarquables, 
notamment les haches polies, si variées dans leur forme 
et dans leur grandeur, et les marteaux en silex, percés 
d’un trou, dont quelques-uns laissent voir, d’une manière 
évidente, comment ces trous, si réguliers et comme polis 
sur les bords, ont été fabriqués; on admire, également, 
•faisant suite aux haches et aux marteaux, des flèches 
triangulaires, des pointes de lance, des grattoirs mille 
fois retouchés et d’un travail exquis, puis des objets en 
os, des ornements, des aiguilles, des harpons, rappelant 
par leur forme les flèches barbelées de l'époque du renne, 

Dans les vitrines qui occupent le milieu de la salle 
les objets ont été classés suivant les localités, et le résul- 
tat de chaque fouille est à part. Presque toutes les anti- 
quités qui remplissent cette salle proviennent de la 
Scanie et de la Vestrogothie. Si un reproche peut être 
adressé à cette splendide collection, c’est d’être trop 
considérable et de renfermer peut-être un trop grand 
nombre d’olyets identiques. 

Les antiquités de l’âge du bronze et du fer, avec leurs 
diverses subdivisions, remplissent les salles suivantes. 
Que de richesses accumulées dans les vitrines et prove- 
nant presque toutes de la Suède I... de magnifiques épées 
en bronze, des poignards ciselés et ornementés, des fers 
de lances, de haches de toutes les formes, des vases tra- 
vaillés très artislement, des couteaux, des faucilles, 
des broches avec les ornements caractéristiques pour le 
nord, de grandes fibules, des umbos de boucliers, des 
moules en bronze ou en pierre ayant servi à fabriquer 
plusieurs de ces objets, puis des milliers de bijoux en or • 


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134 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

et en argent remontant au premier âge du fer, des 
colliers, des bracelets, des bagues, des épingles, de 
splendides diadèmes, des peignes en ivoire, des ai- 
guilles, des poinçons, etc., des quantités considérables 
d’ornements et de perles d'ambre, puis, réunis à ces 
objets, qui sont pour la plupart les produits de l’in- 
dustrie locale, des médailles grecques, romaines ou 
byzantines, des antiquités dont l’origine romaine est- 
certaine, et notamment un grand vase de bronze con- 
sacré, suivant l’inscription, à Apollon. Parmi les anti- 
quités rapportées à l’époque du bronze, j’ai remarqué 
avec beaucoup d’intérêt quelques-unes de ces pierres 
énormes, couvertes de sculptures bizarres, prises sur 
les rochers de l’Ostrogothie, et qui ont été au Congrès, 
ainsi que nous l’avons dit plus haut, le sujet d’une com- 
munication spéciale. 

Le musée national comprend en outre une série d’ob- 
jets du moyen âge, une collection d’armes, un cabinet de 
numismatique, une galerie de sculptures et une galerie 
de tableaux. Toutes ces collections, la galerie de tableaux 
surtout, méritent d’être examinées avec soin, et si j’ai un 
regret, c’est d’avoir eu trop peu de temps à leur consa- 
crer. 

J’ai visité aussi avec intérêt le musée ethnographi- 
que, qui renferme, parfaitement modelés et de gran- 
deur naturelle, les types des principales populations de 
la Scandinavie, les hommes, les femmes, les enfants re- 
présentés avec le costume qui leur est propre, dans leur 
hutte et leur cabane, saisis pour ainsi dire au milieu des 
occupations de la vie. Déjà, à l’exposition de 1867, la 
. Suède avait envoyé à Paris plusieurs de ces types, devant - 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


135 

lesquels s’arrêtaient toujours de nombreux visiteurs. Au 
musée ethnographique la collection est beaucoup plus 
complète, et en quelques heures, on peut passer en revue 
toutes les populatoins du Nord, depuis les Dalécarliennes, 
vêtues d’étoffes bariolées et éclatantes, jusqu’aux Lapons, 
couverts de peaux de bêtes. La collection renferme, en 
outre, exposés dans des vitrines, les armes, les usten- 
siles, les outils, les instruments, les engins de pêche etde 
chasse, etc., employés dans chaque province; et de 
plus des albums de photographie reproduisant avec 
détails les costumes et les vues du pays. Cette collection 
ethnographique sert de complément aux belles séries d’an- 
tiquités que renferme le musée national ; là-bas, c’est la 
civilisation dans son origine et dans ses premiers déve- 
loppements ; ici c’est, en dehors des villes, la Scandinavie 
actuelle, avec ses mœurs et ses usages, et si l’on examine 
les armes, les ustensiles de chasse et de pêche, dont on 
se sert encore dans certaines provinces du nord, on est 
frappé de la ressemblance que présentent quelques-uns 
de ces instruments avec ceux de même nature des temps 
préhistoriques, étude comparative qui peut jeter quelque 
lumière sur l’origine et la migration des peuples. 

Le musée Hammer est digne également qu’on lui rende 
visite. C’est une collection particulière renfermant plus 
de cent mille objets anciens de toute nature, provenant 
en grande partie de la Suède. Émaux, bois sculptés, 
bijoux en or et en argent, objets religieux de toute espèce, 
faïences, verreries, porcelaines, meubles, tapisseries, ta- 
bleaux, etc., tous ces objets, dont quelques-uns sont d’une 
valeur considérable, ont été réunis depuis longues an- 
nées par un bijoutier très riche, M. Christian Hammer, et 

Sc. nai. . 10 


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136 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


forment, au point de vue de l’industrie artistique an- 
cienne et de l’histoire du travail dans sa plus large accep- 
tion, un ensemble des plus remarquables. M. Hammer 
nous fit les honneurs de sa collection avec une bienveil- 
lance extrême, et comme j’admirais un magnifique vase 
de Nevers polychrome, tradition italienne, il rn’en offrit 
gracieusement la photographie. Indépendamment de son 
musée, M. Hammer possède à Djurgarden, sur le bord 
du lac Mælar, non loin des jardins d’Hasselbacken, une 
jolie villa, remplie d’objets d’art les plus précieux. Le 
soir de la clôture du Congrès, M. Hammer voulut bien 
nous convier tous dans sa villa à une fête qui se prolongea 
fort avant dans la nuit \ le temps, d’ailleurs, s’écoula vite, 
tant il y avait de choses à voir. Parmi les objets d’art 
j'admirai surtout deux grands vases et une glace en vieux 
saxe, qui sont bien les plus magnifiques pièces de porce- 
laine que a e connaisse. Rien ne manquait à la fête, ni la 
musique, ni les flammes de bengale se reflétant dans le 
lac, ni le festin du soir arrosé de vin de champague et 
terminé par les toasts de rigueur. Je partais le lendemain 
et je pus une dernière fois serrer la main de M. de Nord- 
deschiold, et faire mes adieux à M. Nilsson et à sa fille, si 
aimable et si charmante. 

La ville de Stockholm par elle-même, en raison surtout 
de sa situation tout exceptionnelle, est une des capitales 
les plus curieuses de l’Europe, et ce n’est pas sans raison 
qu’on l’appelle la Constantinople du Nord. Bâtie au milieu 
des eaux, sur des îles et des presqu’îles, elle offre un as- 
pect ravissant qu'on ne retrouve nulle part et qui varie à 
l’infini. Vu des hauteurs de Mosebacke le panorama qu’elle 
présente est vraiment splendide : d’un côté, le lac Mælar, 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


137 

de l’autre le fiord, qui conduit à la Baltique, parsemés 
d'tles verdoyantes; à vos pieds s’étend la ville avec ses 
églises, ses palais, ses musées, ses quais pleins d’ani- 
mation, ses ponts jetés d’une île à 1 autre, ses centaines 
de petits bateaux à vapeur servant d’omnibus, et à l’ho- 
rizon, formant comme une vaste ceinture, des rochers de 
granité tantôt nus et stériles, tantôt couverts de bois et de 
maisons de campagne. C’est le soir surtout que la vue de 
Mosebacke est admirable. À Stockholm, comme dans tous 
les pays du nord, le ciel est presque toujours d’un blanc 
mat, et la ville, même dans les plus’ belles journées, 
semble noyée dans un petit nuage de vapeur; mais le 
soir, lorsque le soleil se couche par un temps pur, le ciel 
prend des teintes transparentes et rosées ; les objets les 
plus éloignés se dessinent nettement, et la ville, éclairée 
et dorée par les derniers rayons du soleil couchant, forme 
alors un panorama dont on ne saurait vraiment se faire 
une idée? 

Ce que j’ai surtout apprécié pendant mon séjour à Stoc- 
kholm, ce sont les habitants, c’est leur sympathie si vive 
pour nous autres Français, c’est leur désir de nous être 
utiles et de nous rendre agréables les instants que nous 
avions à passer parmi eux. Celte bonne disposition, je l’ai 
trouvée non seulement chez les Suédois, membres du Con- 
grès, mais partout, dans toutes les classes de la société, 
chez tous ceux avec lesquels nous étions en rapport. Le 
séjour de Stockholm est commode pour les étrangers; la 
vie y est agréable et facile. Après des journées sérieuse- 
ment employées aux travaux du Congrès, aux excursions, 
aux visites des musées, que de délicieuses soirées nous 
passions soit à Djurgarden, soit dans les jardins de Ber- 


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138 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


zelius, soit à Stromparterren. Presque tous les jours, 
M. de Saporla, M. de Maussion et son neveu, mon frère 
et moi, et quelques autres amis, nous dînions ou plutôt 
nous soupions en plein air, sur la terrasse du restaurant 
d'Hssselbacken. 

Le temps était ravissant et la température très douce; 
nous entendions une musique excellente et nous avions 
sous les yeux une des plus belles vues de Stockholm. 

La cuisine, tout en étant fort bonne, s'éloignait un peu 
de la nôtre, et nous ne nous en plaignions pas. En même 
temps que des beefsteak saignants et des écrevisses très 
grosses et très bien préparées, nous mangions du renne 
fumé et de l’élan rôti mêlé à des confitures de mûres 
arctiques, etc. A Hasselbacken je rencontrais souvent 
M. Lovén, M. Nordenskiold,etnos soiréesse prolongeaient ' 
quelquefois jusqu’à minuit, en causant sciences et voyages 
et en buvant du punch suédois mêlé d’eau glacée. 

Le 17 au matin, je partis pour Christiania. Mon frère, 
comme toujours, nous avait tracé notre itinéraire : au lieu 
d’aller directement par le chemin de fer, il nous fit 
prendre le bateau à vapeur d’Œrebro; le trajet est un peu 
plus long, mais il nous permit de faire le voyage sans 
fatigue, de traverser dans toute son étendue le beau lac 
de Mælar, et de pénétrer plus avant dans l’intérieur de 
la Suède. Le premier jour, à cinq heures, nous arrivions à 
Koping, après un trajet de près de quarante lieues sur le 
lac, au milieu d’îles ravissantes et par un temps magni- 
fique. Le soir nous couchions à Œrebrodans un hôtel très 
confortable. 

Œrebro est une charmante petite ville, située au milieu 
de frais pâturages, sur le bord d’une rivière qui coramu- 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


<39 

nique au grand lac d’Hjelmaren. Son antique château, sa 
petite église du xm e siècle et quelques vieilles maisons 
lui donnent une physionomie particulière. 

Le second jour nous arrivions, dans la soirée, à Kongs- 
vinger, en pleine Norwége. Au fur à mesure qu’on s’éloi- 
gne d’Œrebro, l’horizon se resserre, les collines s’élèvent, 
et la route devient de plus en plus pittoresque. 

Nous étions très bien installés et presque seuls dans 
un de ces grands wagons dont les compartiments 
communiquent entre eux, et nous pouvions à loisir 
admirer les paysages qui se déroulaient soit à droite, 
soit à gauche. 

La route, pendant longtemps, longe le lac Wener, le 
plus grand de la Suède ; on passe près de Christinehamn, 
célèbre par ses forges, ses usines et son commerce de 
fonte et de fer; on arrive à Carlstad, puis à Kil, puis à 
Brunsberg; on traverse, sur un pont long de 2,200 pieds 
et à une hauteur de 11 0 pieds, le beau lac de Vermelen ; 
on aperçoit à droite la petite ville d’Arvika avec ses forges 
et ses verreries, et enfin, à 9 heures du soir, on s’arrête à 
Kongsvinger, sur les bords du Glommen, pour y passer la 
nuit, car, en Norwége, les trains ne marchent que le jour. 
La ville est à droite, sur la hauteur, à un kilomètre en- 
viron de la gare; j’étais logé à la gare même; de l’hôtel on 
entendait gronder les eaux du Glommen. 

Avant de monter dans ma chambre, malgré l’heure 
avancée, j’allai voir le fleuve de plus près. Le temps était 
à l’orage; de gros nuages noirs poussés par le vent par- 
couraient rapidement le ciel ; la lune brillait par inter- 
valles. Je m’arrêtai longtemps sur le pont qui traverse le 
Glommen, à une centaine de mètres environ de la gare 


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140 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


Le fleuve, très large en cet endroit et bordé de rochers 
escarpés, était vraiment superbe. Ses eaux rapides et 
tumultueuses, tantôt noires comme de l’encre, tantôt 
brillantes et argentées, lorsque la lune se dégageait un 
instant, se brisaient contre les piliers du pont; elles 
roulaient, comme tous les fleuves de Norwége, une 
quantité considérable de troncs de sapins qui s’en- 
gouffraient pêle-mêle sous les arches et souvent avec 
un grand fracas, pour reparaître un peu plus loin au 
milieu des flots bouillonnants. Au loin s’étendaient de 
hautes collines couvertes sans doute de sapins et qui 
paraissaient d’autant plus élevées, que leur sommet se 
perdait dans la nuit sombre. 

Je n’oublierai jamais cette visite nocturne au Glommen, 
l’un des plus grand fleuves de la Scandinavie; il était 
plus de minuit quand je rentrai à l’hôtel. 

Nous partions le lendemain de bonne heure. Le chemin 
de fer cotoie longtemps le Glommen, et je pus admirer à 
loisir ses eaux, parfois calmes et tranquilles et s’étendant 
au loin comme un vaste lac, le plus souvent rapides, res- 
serrées et se brisant en cataractes au milieu des rochers, 
partout chargées de troncs de sapins quelles transportent 
à de grandes distances. A onze heures nous arrivions à 
Christiania, et une heure après nous étions installés à 
l’hôtel Victoria. N’ayant que peu de temps à rester en Nor- 
wége, je visitai, le jour même de mon arrivée, les divers 
musées réunis tous sur la place de l’Université. Le musée 
des antiquités du Nord, beaucoup moins complet que 
celui de Stockholm et de Copenhague, offre cependant de 
l’intérêt, car il renferme en grande partie des objets re- 
cueillis dans la Norwége. Les âges de la pierre polie e( 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


141 


beauté des environs de Christiania, et de l’admirable 
situation de cette ville. La vue d’Oscarshal est fort belle. 
D’un côté s’étend le fiord à perte de vue, avec ses îles 
élevées, profondément découpées, couvertes d’une • végé- 
tation qui paraît noire à force d’être vigoureuse; à gauche 
est Christiania avec son port couvert de vaisseaux, ses 
monuments et ses riches maisons de campagne, et 
derrière la ville, une ceinture de montagnes très hautes et 
cependant boisées jusqu’au sommet. 

La ville de Christiania par elle-même n’a rien de bien 
séduisant, et quelques heures suffisent pour visiter son 
port, ses églises, ses jardins et ses promenades; mais si la 
capitale de la Norwége ressemble aux autres villes, il n’en 
est pas de même de la Norwége elle-même, célèbre à 
juste titre par la beauté sauvage et souvent grandiose de 
ses sites. L’excursion d’Oscarshol n’était qu’une prome- 
nade; M. de Saporla et moi nous tenions beaucoup à pé- 
nétrer plus avant dans le pays, aussi le lendemain, nous 
partîmes avec mon frère pour Hœnefoss, afin d’y visiter les 
chutes de la Bægna. La veille au soir j’avais fait mes adieux 
à M. de Maussion et à son neveu. Ils partaient pleins de 
santé et ravis de tout ce qu’ils avaient vu. Que j’étais loin 
de penser, en faisant mes adieux à cet excellent ami, que 
je lui serrais la main pour la dernière fois I 

La contrée que traverse le chemin de fer qui conduit à 
Hœnefoss est très pittoresque. Les paysages les plus 
variés se déroulent sous les yeux du voyageur. En quittant 
Christiania, le chemin est souvent placé à mi-côte de 
montagnes très élevées; d’un côté il domine le fiord, de 
l’autre il est dominé par des rochers escarpés de granité 
ou de porphyre. 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


H2 

Au sortir du long tunnel de Rœken, on découvre 
tout-à-coup un des panoramas les plus splendides et 
du bronze ne sont représentés que par un nombre de 
pièces assez restreint, et qui par leurs caractères se rap- 
prochent de celles qu’on rencontre en Suède et en Dane- 
marck. Les différentes périodes de l’âge du fer sont bien 
plus riches, et certains objets méritent une attention toute 
particulière. J’ai remarqué notamment des bracelets, des 
colliers en or massif, ornés avec beaucoup d’art, et qui, 
tout en caractérisant l’âge du fer, paraissent remonter au 
ix® siècle. 

Le musée zoologique est parfaitement installé et classé. 
La collection générale d'oiseaux et de poissons est très 
considérable et d’une grande valeur scientifique, mais, 
comme à Stockholm, j’examinai principalement la sériedes- 
animaux Scandinaves et surtout celle des radiaires. M. le 
professeur Esmark, que je rencontrai à son laboratoire, 
nous fit, avec une bienveillance extrême, les honneurs du 
musée, et voulut bien m’offrir très gracieusement quel- 
ques Echinides précieux pour moi, pêchés dans le fiord 
de Christiania, Schizaster fragilis, Brissopsts lyrifera, etc. 

Le soir même nous fîmes, en voiture, une charmante 
promenade aux environs de Christiania; le but de cette 
excursion était la visite d’Oscarshal, villa royale bâtie sur 
le bord du fiord. 

De la tour qui domine Oscarshal, on a une vue très 
étendue sur le fiord et sur la ville. Cette promenade de 
quelques heures suffit déjà pour donner une idée de la 
les plus étendus que je connaisse : d’une hauteur de 
plus de quatre cents pieds, l’œil plonge au loin et em- 
brasse dans leur ensemble la fertile et large vallée du 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


143 


Lier, la ville de Drammen, les nombreux petits villages 
dispersés dans la vallée et le fiord qui, dans le lointain, 
ferme l’horizon avec ses îles de verdure. Le chemin de fer 
fait ensuite un long détour, traverse un immense pont sur 
pilotis, et vient rejoindre la ville de Drammen, qui compte 
20,000 habitants et est une des plus peuplées de la Nor- 
vège, après Christiania. 

A partir de Drammen, le chemin de fer reste dans 
la vallée et longe à droite pendant longtemps le fleuve 
de Dramselven qui communique au Tyrifiord, et trans- 
porte comme toujours, dans ses eaux, des troncs de 
sapin, s’accumulant sur certains points en quantité 
considérable. Le chemin cotoie bientôt, toujours sur la 
droite, le Tyrifiord lui-même qui devient un grand lac, 
dont par moments on ne distingue plus la rive oppo- 
sée. Sur la gauche, pendant tout ce trajet s’élèvent de 
hautes montagnes, tantôt couvertes de sapins, tantôt 
abruptes et dénudées. Sur le flanc de ces montagnes, 
et souvent à de grandes hauteurs, on aperçoit çà et là 
des torrents qui tombent en cascades ou s’engouffrent 
dans des gorges profondes, au milieu des rochers, et 
viennent se jeter dans le fiord. Sur certains points la 
vallée s’élargit un peu, les pentes de la montagne s’a- 
doucissent, et de gracieux petits villages, des fermes avec 
leurs maisonnettes en bois peints, leur toit couvert de 
mousse et de verdure, viennent animer le paysage. 

On traverse successivement les stations de Skjœrdalen 
etd’Asck; puis on quitte le fiord, et vers le soir on arrive à 
Hœnefoss, but de notre excursion. Hœnefoss est souvent 
visité des touristes ; l’hôtel est confortable, et nous fûmes 
heureux d’y trouver un bon souper et un bon lit; de ma 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


144 

chambre on entendait parfaitement le fracas de la chute 
et on distinguait les vapeurs blanchâtres qui s’élevaient 
au-dessus des eaux bouillonnantes. Les chutes sont au 
nombre de trois : les deux premières, qui n’en font pour 
ainsi dire qWune seule, sont à deux kilomètres au-delà 
de Hcenefoss ; la troisième est au milieu mêmedu village. 
Le lendemain matin, de bonne heure, nous visitions lei 
deux plus éloignées; elles sont réellement très curieuses 
et rappellent, avec un site plus sauvage encore, la chute 
du Rhin à ScbalTouse. Le volume d’eau qui se précipite et 
s’engouffre à travers les rochers est considérable. 

Au moment où nous admirions cette chute, un ma- 
gnifique arc-en-ciel s’étendait d’une rive à l’autre du 
fleuve, et ajoutait à la beauté du spectacle. La troisième 
chute, qui a lieu dans l’intérieur du village, produit encore 
un effet plus saisissant; elle est moins rapide, moins res- 
serrée, mais beaucoup plus étendue ; les eaux sont plus 
tumultueuses, plus tourmentées et se brisent avec plus 
de fracas et de force contre les rochers qui surgissent de 
tous côtés au milieu des flots et les divisent à l'infini. 
On aime à suivre des yeux les troncs de sapin qui rou- 
lent à travers ces chutes, disparaissent un instant dans 
les eaux écumantes, sans s’arrêter jamais aux anfrac- 
tuosités des rochers. 

Après notre visite aux chutes, je laissai mon frère, M. 
Vaury, M. Leclerc de Fourolles et un de ses amiscontinuer 
leur route vers Randfiord et s’enfoncer plus avant dans 
les montagnes de la Norwége. Tout en regrettant vivement 
de ne pouvoir les suivre, M. de Saporta et moi, profitant 
d’une excellente calèche qui retournait à vide, nous re- 
vînmes à Christiania par le côté opposé du Tyrifiord. La 


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SESSION DE STOCKHOLM. 145 

route tout entière est ravissante : tantôt elle circule dans 
la vallée et cotoie le fiord, tantôt elle s’élève dans les mon- 
tagnes, au milieu des rochers abruptes et sauvages, et tra- 
verse de magnifiques forêts de sapins; parfois elle est 
comme suspendue au-dessus du fiord, et l’on se croirait 
sur la route de la Corniche, entre Nice et Cènes. A Sund- 
volden, nous fîmes, à pied et par un temps superbe, l’as- 
cension du Krogkleven ; il faut une heure pour monter, 
une demi heure pour descendre ; le chemin est très pitto- 
resque; du sommet on jouit d’une vue admirable, sur le 
fiord découpé comme une carte géographique, et sur la' 
vallée du Ringerike, si fertile et si bien cultivée ; dans le 
lointain on distingue parfaitement les hautes montagnes 
deNorwége, couvertes de neige et de glaciers. 

En dehors des paysages si variés, et qui se renouvelaient 
sans cesse, la route nous intéressait vivement, soit au 
point de vue botanique, soit au point de vue géologique. 
A chaque instant, M. de Saporta et moi nous descendions 
de voiture soit pour cueillir une plante, soit pour casser 
une pierre. J’essayais de reconnaître les principales 
roches que nous traversions. Le porphyre, avec noyaux 
de feldspath, si largement développé dans cette région, 
constitue la montagne de Krogkleven, dont nous avions 
fait l’ascension et descend jusque sur les bords du fiord 
de Hols. Le granité le remplace au fur et à mesure qu’on se 
rapproche de la ville de Drammen, puis, en contact avec 
ces roches éruptives se montrent des terrains calcaires très 
anciens, sans fossiles sur les points où je pus les voir, et 
appartenant sans doute aux couches siluriennes et dévo- 
niennes. Hœnefossest à plus de 60 kilomètres de Chris- 
tiania; il était près, de dix heures quand nous rentrions à 


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CONGRÈS INTERNATIONAL. 


146 

l'hôtel, c’est à peine s’il faisait nuit depuis quelques 
instants. 

Nous trouvions à notre adresse un gracieux envoi de 
M. le chambellan de l’Université, M. Holst, 'que nous 
avions été voir la veille. C’était une série de livres, de bro- 
chures, de cartes publiées en Norwége, et qui nous étaient 
offerts au nom de l’Université : de la botanique, de la 
climatologie, pour M. de Saporta; de la géologie et de la 
minéralogie pour moi. 

Le lendemain, après un séjour bien court en Norwége, 
suffisant cependant pour nous en faire une idée, nous 
prîmes le bateau à vapeur la Vesta, qui conduit directe- 
ment à Copenhague. La traversée dure environ trente 
heures ; par ce moyen nous évitions un très long détour 
en chemin de fer; nous traversions le beau fiord de Chris- 
tiania dans toute son étendue ; nous nous arrêtions quel- 
ques heures à Gottembourg, et nous arrivions, le lende- 
main de notre départ, à Copenhague. 

Avant de débarquer nous pûmes admirer, dans toute 
sa splendeur, le fameux passage du Sund : la mer, assez 
mauvaise la veille et dans la matinée, était calme et lim- 
pide comme un lac; des centainesde vaisseaux, au milieu 
desquels se dirigeait notre bateau, attendaient un vent 
favorable pour franchir le passage. Les côtes de Suède 
et de Danemarck, sont à peine à quelques kilomètres de 
distance et notre bateau passa tout’ près de la jolie ville 
d’Elseneur, de l’antique et puissant château de Kronborg, 
bâti à l’extrémité du Danemarck la plus Rapprochée de 
la Suède. 

En m’arrêtant à Copenhague, j’avais pour but de réali- 
ser mon projet d’excursion géologique à Faxœ, dans le 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


147 

milieu de Seeland. Cette course devait me prendre deux 
jours. Après une nuit de repos, je lis mes adieux à mon 
fidèle et très aimable compagnon de route, M. de Saporta, 
qui avait besoin lui-même à Liège pour ses éludes bota- 
niques, et que je devais retrouver la semaine suivante à 
Mons. 

Je vous dirai encore quelques mots de cette excursion 
de Faxœ qui se rattache trop directement à mon voyage, 
pour que je la passe sous silence. Je pris seul, à 8 heures 
du matin, le chemin de fer de Korsor. À la station de 
Hasler, je trouvai une voiture qui me conduisit à Faxœ, 
où j’arrivais à midi. M. Freuchen auquel M. Lütken avait 
bien voulu écrire, fut pour moi d’une amabilité parfaite ; 
il fit porter immédiatement mon petit bagage chez lui, et 
je devins son hôte. 

M. Freuchen me conduisit dans les carrières situées 
à deux ou trois centaines de mètres du pays. Elles sont 
immenses, exploitées à ciel ouvert sur une surface de plu- 
sieurs hectares, et occupent plus de trois cents ouvriers. 
Les calcaires extraits servent en grande partie à la fabri- 
cation de la chaux ; on en exporte chaque année en Alle- 
magne, en Russie, pour plusieurs centaines de mille 
francs. Les carrières ne sont pas très profondes, cepen- 
dant les couches sont souvent disloquées, et la coupe n’est 
pas toujours facile à relever : elle se compose, à la base, 
d’une craie dure, compacte, mal stratifiée, dont l’épaisseur 
varie entre quatre et cinq mètres, d’un calcaire corallien 
à briozoaires, à polypiers, à oursins, d’une puissance d’en* 
viron deux mètres, et d’un dépôt d’alluvion plus ou moins 
développé. Les fossiles sont assez rares dans les car- 
rières de Faxœ, mais les ouvriers avaient été prévenus à 


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448 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


l’avance par M. Freuchen, et je pus emporter plusieurs 
exemplaires fort précieux du Cidaris Faujasi, du Pyrina 
Freucheni (4), de l’Holaster Faxoeiisis, et des crustacés par- 
faitement conservés. Le point de contact entre la couche à 
briozoaires et les alluvions est intéressant à examiner : les 
calcaires crétacés sont quelquefois parfaitement polis à 
leur surface, et marqués de stries très apparentes, toutes 
dirigées dans le même sens et dues sans doute à un phé- 
nomène glaciaire. A Soleure, en Suisse, à la partie supé- 
rieure des calcaires kimméridgiens, en contact avec les 
alluvions, j’avais déjà remarqué des stries lout-à-fait 
identiques. En quittant les carrières, M. Freudien nie 
conduisit chez le chef des ouvriers qui avait réuni depuis 
longtemps une série de fossiles, parmi lesquels je pus 
choisir tout ce qui m’intéressait. Cet homme excellent 
paraissait heureux de m'être agréable ; il ne savait pas un 
mot de français, mais par l’intermédiaire de M. Freuchen, 
qui le parlait un peu, il ine fit savoirqu’il avait vu M. Hé- 
bert, il y a quelques années, et qu’il avait conservé de 
notre éminent compatriote un très bon souvenir. Nous 
rentrâmes à la maison où nous attendait un excellent 
dîner pris en famille, et auquel une délicieuse soupe aux 
cerises donnait un caractère local qui n’est jamais à dédai- 
gner. M. Freuchen avait quelques fossiles de Faxoe qu’il 
s’empressa de m’offrir. 

M. Lütken m’avait tout, particulièrement recommandé 
de visiter les falaises de Hoirup. A 7 heures, une voiture 


(1) Cette espèce a été dédiée par M. Desor à M. Freucben 
père, naturaliste zélé et intelligent, autrefois pasteur & Faxœ 
[Synopsis des Éehinides,fossiles x p. 191). 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


149 

préparée par les soins de M. Freudien, nous conduisit à 
Store Heddinge, qui n’est plus qu’il quelques kilomètres 
de la mer. Nous devions y passer la nuit et le lendemain 
de bonne heure aller à la falaise. 

A l’auberge de Store Heddinge, se trouvait le docteur 
du pays, M. Rosen, queM. Freuchen connaissait depuis 
longtemps. Apprenant que j’étais français et géologue, le 
docteur Rosen me üt l’accueil le plus aimable qu’on 
puisse imaginer, et se mit entièrement à notre disposi- 
tion. « Etes-vous matinal, me dit-il, et voulez-vous, de- 
main , à la falaise de Hoirup, voirie soleil se lever 
dans le Sund, je vous attendrai, à quatre heures, à la 
porte de l’auberge avec ma voiture. » J’acceptai bien 
volontiers, et le lendemain, à quatre heures et demi, 
sur le bord de la mer, j’admirais un des plus beaux spec- 
tacles qu’il soit donné à l’homme de contempler. Le 
temps était magnifique; le soleil, comme un vaste disque 
de feu, semblait émerger du sein des eaux, ses rayons 
se reflétaient au loin sur les flots et éclairaient les bâti- 
ments, qui, poussés par un vent favorable, se dirigeaient 
vérs le Sund; à droite l’île de Moën se dessinait très 
nettement au-dessus de la mer, avec ses hautes et pitto- 
resques falaises de craie blanche. A Hoirup, je descendis 
par un étroit sentier sur le bord de la mer. La falaise 
que j’eus tout le temps d’étudier, a peut-être quarante 
mètres d’élévation ; elle est formée à la base d’une craie 
blanche, tachante, friable avec cordons de silex noirs et 
quelques débris écrasés d’oursins que je rapporte à l’Echi- 
noconus Rœmeri. Au-dessus est une bande de craie un peu 
plus résistante, pétrie de briozoaires et de pointes brisées 
du Cid. •Faujasi, Hardouini etc. Cette couche, dont l’épais- 


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150 


CONGRÈS INTERNATIONAL. 


seur est de 1 mètre à 1 mètre 50, est surmontée par une 
craie plus dure, plus compacte, exploitée avec la scie et 
traversée par des cordons de silexj noirs ; son épais- 
seur est de 12 à 15 mètres. Cet ensemble est surmonté 
par une couche d’alluvion dont la puissance est très 
variable. La craie de la partie supérieure étant plus com- 
pacte, forme une corniche saillante et très remarquable 
qui surplombe au-dessus de la mer et règne tout le long 
de la falaise. M. Freuchen et M. Rosen me ramenèrent à 
Store Heddinge. Le docteur me présenta à sa femme, à sa 
fille, à son fils, étudiant en médecine à Copenhague, 
en ce moment en vacances. Pendant notre course à la fa- 
laise, M. Rosen avait chargé son fils de réunir les fossiles 
et les instruments eu silex qu’il possédait, et à côté de la 
table du déjeûner, s’en trouvait une autre couverte de 
tous ces objets, qui m’étaient gracieusement offerts. Peut- 
on rencontrer une hospitalité plus aimable et plus géné- 
reuse? 

« 

Après le déjeuner, M. Rosen me conduisit chez un hor- 
loger de Store Heddinge, qui possède une collection très 
complète de silex taillés et polis, haches, grattoirs, cou- 
teaux, flèches, fers de lance, marteaux de toutes formes, 
recueillis dans le Seeland; quelques spécimens sont vrai- 
ment magnifiques et d’une réelle valeur; l’ensemble est 
aussi completque possible. Cet horloger possédait en outre 
quelques fossiles qu’il voulut bien me donner, notamment 
des radioles des Cid. Hardouini et alata qui me tirent 
grand plaisir. L’heure s’avançait, je pris congé de l'excel- 
lentdocteur, et je continuai ma route avec M. Freuchen, 
qui voulut absolument m'accompagner jusqu’à la fin de 
mon excursion et me conduire à Herfœlge, dans une 


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SESSION DE STOCKHOLM. 


151 

petite carrière riche en échinides, indiquée sur l’itiné- 
raire que m’avait tracé avec tant de soin M. Lütken. 

De Store Heddinge à Herfoelge, la route traverse tantôt 
des champs admirablement cultivés, parsemés de fermes 
et de hameaux, tantôt de magnifiques forêts de hêtres. Je 
n’avais qu’une heure à passer à Herfoelge, je trouvai bien 
vite la petite carrière signalée près de l’église et j’y recuei- 
lis de très beaux radioles des Cid. Hardoiiim, alata, 
peromata et un Echinocorys que je crois nouveau, des 
huitres, desbrachiopodes. Il nous fallait encore une demi- 
heure pour nous rendre à la station de Kjoge où je fis 
mes adieux bien sincères, bien affectueux, à M. Freuchen, 
qui pendant deux jours s’était mis à ma disposition avec 
tant de bienveillance et de générosité. Je revins à Co- 
penhague très satisfait de mon excursion, chargé de 
fossiles et de haches, heureux surtout de l’accueil char- 
mant et sympathique que j’avais reçu de tous côtés, et 
dont ma qualité de Français était certainement la pre- 
mière cause I 

Le lendemain je repris le chemin de fer de Korsor ; je 
traversai de nouveau le Sleswig et le Holstein, je m’ar- 
rêtai à peine à Hambourg, et j’arrivai <1 Mons, la veille de 
la réunion de la Société géologique. 

Malgré l’intérêt qu’a présenté cette session si bien pré- 
parée, si bien dirigée par MM. Cornet, Briard et Houzeau, 
je ne pourrais entrer dans les détails sans sortir du cadre 
que je me suis tracé. C’est pendant la réunion de Mons 
que je reçus la triste nouvelle de la mort de M. Ludovic 
de Maussion, qui, arrivé chez lui le 28 août, était mort le 
3 septembre. Cet événement affreux, que M. Henri de 
Maussion» son neveu et notre compagnon de voyage, m’ap- 

Sc. nat. il 


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1 52 CONGRÈS INTERNATIONAL. 

: * - - .('•«<, i . ! , ■ . . 

prenait p.ar une lettre touchante, fut pour moi comme un ' 
cpnp de foudre. M. de Maussion était un de mes meilleurs 
amis. Ce voyage, pendant lequel nous ne nous étions pas 
quitté^, avait augmenté encore l’affection que j’avais pour 
lui, et m’avait mis à même d’apprécier davantage ses 
éminentes qualités. Sa mort viendra toujours jeter un 
voile de tristesse et de deuil sur les souvenirs les plus 
agréables de ce beau voyage! 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

HISTORIQUES ET NATURELLES 

DE L’YONNE. 


TROISIÈME PARTIE. 


COMPTES-RENDUS DES SÉANCES 


VINGT-HUITIÈME VOLUME 
TOME VIII DE LA 2 e SÉRIE. 

1994 


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MEMBRES DU BUREAU. 


MM. 

Président A. Challe. - 

) A- Chkrest. 

Vice-Présidents j G . Cotteau. 

Vice-Président honoraire M. Quantin. 

i H. Monceaux. 

Secrétaires j A Savatier-Laroche 

Arcliivisle E. Lorin. 

Trésorier Ch.Joi.y. 


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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ DES SCIENCES 

HISTORIQUES ET NATURELLES DE L’YONNE. 


Année 1994. 

III 

COMPTES-RENDUS DES SÉANCES 

Janvier, Février, Marc, Avril et Mal. 


SÉANCE DU 11 JANVIER 1871. 

PRÉSIDENCE DE M. CHÉUEST, VICE-PRÉSIDENT. 

I.e procès-verbal delà séance de décembre est lu et adopté. 

M. Cliéresl, président de la réunion, en l'absence de 
M. Clialle, retenu chez lui par une indisposition, prend la 
parole ensuite pour annoncer que notre collègue, M. Cotleau, 
vient de recevoir la nouvelle de sa nomination de Président 
de la Société géologique de France. II félicite la Société de 
l'honneur insigne rendu à l’un de ses membres et il adresse 
en même temps à M. Cotteau des paroles de félicitation pour 
la haute position scientifique qu’il a su conquérir et faire 
consacrer par ses collègues et ses émules de la Société 
géologique, la première Société parmi les Sociétés scientifi- 
ques de France. 


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IV 


PROCÈS-VERBAUX. 


— H. le président dépouille ensuite la correspondance 
et signale particulièrement une notice par notre collègue 
M. Grasset, sur un cadran solaire en plomb très curieux, 
déposé au musée de Varzy et sur lequel est gravée la date de 

1514. 

M. Cotleau dépose en même temps la 26 e livraison des 
Ecliinodermes de la paléontologie française de d’Orbigny, 
dont il est l’un des continuateurs. 

Nominations. — MM. Konarsky, étudiant en droit à 
Paris, et Hérold, avocat à Auxerre, présentés à la dernière 
séance, sont admis comme membres titulaires. 

Présentations. — M. Lanier, propriétaire à Auxerre, 
ancien secrétaire en chef de la mairie de Sens, est pré- 
senté comme membre titulaire par MM. Jossier et Quantin. 

— M. Octave Falateuf, avocat à Paris, est présenté comme 
membre titulaire par MM. Chérestet Déligand. 

— M. Courot, avocat à Auxerre, est présenté parMM.Clialle 
et Monceaux. 

— M. Eugène Hatin, homme de lettres à Paris, est pré- 
senté comme membre correspondant par MM. Monceaux, 
Quantin et Chéresl. 

Il sera statué sur ces différentes nominations conformé- 
ment au règlement. 

— M. Chéresl donne lecture d’une lettre par laquelle 
M. Garnier, archiviste de la Côte-d’Or, annonce l’envoi, pour 
la bibliothèque delà Société, d’un exemplaire de l’Inventaire 
sommaire des archives départementales de la Côte-d’Or. Cet 
envoi est fait au nom du Conseil général de la Côte-d’Or à 
toutes les sociétés savantes des départements formés de 


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SÉANCE DU 11 JANVIER. V 

l’ancienne Bourgogne ou ayant avec elle des rapports poli- 
tiques. 

L'envoi de nos publications est sollicité en même temps 
pour la bibliothèque des Archives. La Société décide que 
ses publications seront adressées A M. l’archiviste de la 
Côte-d’Or et que cet établssement public figurera à l’avenir 
sur la liste de ceux qui reçoivent le Bulletin. 

— M. Colteau prend la parole ensuite et expose, dans 
une improvisation chaleureuse, la vie si bien remplie du 
savant naturaliste Agassiz, qui vient de mourir aux États- 
Unis, sa patrie d’adoption. Il rappelle successivement les 
travaux principaux de cet homme de génie, qui mil en 
si grand honneur l’étude des sciences naturelles en Améri- 
que et lui fil faire des pas de géant, grâce à la munificence 
du gouvernement de Washington. La mort d’Agassiz est une 
perte immense, dit M. Colteau en terminant, car cet homme 
illustre possédait des qualités que l’on trouve rarement 
réunies et qui sont d’une si grand-* utilité pour le professeur ; 
il joignait à son génie un organe sympathique, une belle 
figure et une facilité d'élocution extraordinaire. 

— Après cette communication écoutée par l’Assemblée 
avec le plus vif intérêt, M. Chérest donne lecture de l’élude 
qu’il a préparée sur les faïences de l’Auxerrois; il donne 
lecture spécialement du chapitre qui a trait à la fabrique 
d’Auxerre et établit, contrairement A la croyance générale- 
ment admise, qu’aucune fabrique n’a été créée antérieure- 
ment A la Révolution. 

Après cette lecture la séance est levée. 


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VI 


PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCE DU 1 er FÉVRIER 1874. 

PRÉSIDENCE DE M. CHALLE. 

M. le Préfet de l’Yonne, président d’honueurde la Société, 
assiste à la séance. 

Le procès-verbal de la séance de janvier est lu et adopté. 

H. le Président communique à l’Assemblée la circulaire 
qu'il a reçue de M. le Ministre de l’Instruction publique, lui 
annonçant que la réunion annuelle des délégués des sociétés 
savantes aura lieu à la Sorbonne, les 8, 9 et <0 avril pro- 
chain. Les membres de la Société qui auraient des commu- 
nications à faire ou des mémoires à envoyer, sont priés d’en 
avertir M. le Président. A l’occasion de cette réunion, des 
billets de chemin de fer à prix réduits seront mis à la dispo- 
sition des membres qui voudront y assister. La liste des 
personnes déléguées devant être envoyée au Ministre avant 
le 20 mars, M. le Président invite les membres de la Société 
qui ont l’intention de se rendre à Paris à se faire inscrire 
auprès de MM. les secrétaires d’ici au 1 er mars. 

Correspondance imprimée. — M. Challe énumère ensuite 
les différents ouvrages adressés à la Société pendant le mois 
de janvier et fait une analyse des Mémoires les plus impor- 
tants. 

Il communique en même temps deux lettres autographes 
du président Chardon, offertes à la Société par Mademoiselle 
Camelin. 

Dons. — M. Isidore Roze a envoyé pour le médailler de la 
Société une médaille en argent de l’ancienne société de Ton- 
nerre. 


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SÉANCE Dü 1 er FÉVRIER. VH 

M. de Smyllère a fait don d’une dent de ruminant, trouvée 
dans les carrières de sable du faubourg Saint-Amatre, à 
d’Auxerre. 

Nominations. — MM. Lanier, Falateuf et Courot, pré- 
sentés à la dernière séance, sont nommés membres titulaires. 

M. Eug. Ilatin est nommé membre correspondant. 

Présentations. — M. Georges Rouillé, imprimeur, est 
présenté par MM. G h a 1 1 e et Quaulin. 

M. Labrune, architecte à Auxerre, est présenté comme 
membre titulaire par MM. Demay et Quantin. 

Il sera statué sur ces nominations à la prochaine séance. 

Lectures. — M. Quentin communique à l’assemblée plu- 
sieurs lettres autographes émanant de divers personnages, 
dont plusieurs se rattachent au département par leur lieu de 
naissance. Il insiste sur l’importance historique de ces pièces 
et invite les membres de la Société qui auraient en leur 
possession des documents manuscrits, à les communiquer et 
à en faire don à la bibliothèque de la Société. Il lit une lettre 
de J. Villetard aux officiers municipaux d’Auxerre au sujet 
de l’installation d’un lycée à Auxerre. Il cite ensuite une 
lettre de l’abbé Tuet à Merlin, ministre de la justice, des 
lettres de A. Deville à l'abbé de Feletz, de M. de Longpérier 
à M. Chnrton, du général de Monlholon à M. Bonard en 
1848, enfin une lettre très remarquable du général Davout, 
refusant d’autoriser l'érection de son buste en marbre dans 
l’une des salles de l’hôtel-de-vilie d’Auxerre, ainsi que la 
municipalité l’avait décidé. Une partie des pièces intéressantes 
communiquées par M. Quantin, sera imprimée au bulletin, 
ainsi que le décide l’Assemblée. 

— M. le Président donne ensuite lecture d’un mémoire de 


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VIII 


PROCÈS-VERBAUX- 


M Demay, à propos d’une lettre écrite par les bourgeois de 
Joigny (en 1420), à Henri V, roi d’Angleterre, pour se 
plaindre de leur comte, Guy de la Trémonille. Cette lettre, 
quoique déjà imprimée dans un recueil de pièces, était passée 
inaperçue. Elle prouve la fausseté de la tradition qui attribue 
à un siège soutenu par la ville contre les Anglais, une 
échelle que l’on y conserve dans l’église de Saint-Thibaut. 
L’inscription qui mentionne celte fausse tradition n’est que 
du siècle dernier. M. le Président remercie M. Deraaÿde son 
intéressante communication. 

Rien n’étant plus à l’ordre du jour, la séance est levée. 


SÉANCE DU 8 MARS 1874. 

PRÉSIDENCE DE M. CH ALLE. 

Le procès-verbal de la séance de février, lu par M. Mon- 
ceaux, secrétaire, est adopté sans observation. 

Correspondance. — M. le Président donne connaissance 
d'une lettre par laquelle M. le Secrétaire de la section d’his- 
toire et d’archéologie au ministère de l’instruction publique 
demande au Président de la Société des renseignements sur 
les travaux et publications de la Compagnie; il est annoncé 
en même temps par celte lettre que la 'Société est l’une de 
celles qui sont désignées pour concourir pour le prix de 
1,000 fr. qui sera décerné à la prochaine réunion des Socié- 
tés savantes à la Sorbonne. 

— Madame la marquise de Blocqueville a écrit également 
une lettre à H. le Président pour le remercier de la corn mu- 


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SÉANCE DU 8 MARS. ,X 

nicaiion de la lettre du maréchal Davout au conseil muni- 
cipal d’Auxerre, dont il a été question à la séance de février. 

— M. le Directeur de l 'Indicateur de l'archéologue, 
recueil mensuel qui se publie chez Reinwald, libraire, rue 
des Saints-Pères, 15, propose l’échange de celte publication 
avec le Bulletin de la Société. La Société, consultée, accorde 
l’échange demandé. 

— M. le Président communique encore une lettre à la- 
quelle on a joint un numéro de l'Echo bayeusais du 28 fé- 
vrier, contenant un article bibliographique sur M. de Cau- 
mont, de regrettable mémoire, et un projet de souscription 
pour élever à ce savant un monument sur 1 une des places 
publiques de Bayeux. M. le Président propose à la Société de 
concourir à l’érection de ce monument en prenant part à la 
souscription. Cette proposition est accueillie favorablement, 
et la souscription de la Société est fixée à 100 francs. 

Dons. — M. Chaumier, garde champêtre, fait don d’un 
lot de pièces de monnaies diverses trouvées à Auxerre. 

— M. Mignot offre une monnaie de billon de l’empire du 
Brésil. 

— M. Challe offre également un lingot de bronze trouvé 
dans les fouilles du palais de justice d’Auxerre; cet objet, 
malgré son aspect grossier, a beaucoup d’intérêt, car c est un 
très rare échantillon de la monnaie primitive des Romains, 
l 'Æs rude. 

Nomination. — M. Labrunc, architecte, et M. Rouillé 
fils, imprimeur, présentés à la séance de février, sont nom- 
més membres titulaires. 

Présentations. — M. Girard, notaire à Auxerre, est pré- 


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X PROCÈS-VERBAUX. 

senté comme membre titulaire par MM.Challc et Piétresson. 

— M. Hcrmelin fils est présenté également comme mem- 
bre titulaire par MM. Challe et Hermelin. 

— M. le Président dépose sur le bureau les comptes de 
M. le Trésorier pour l'exercice 1873. L’examen de ces comp- 
tes est renvoyé à une commission composée de MM. Métairie, 
Dondennc père et Savatier-Laroche. 

Le projet du Budget pour 1874, présenté par le Bureau, 
est ensuite soumis à l'assemblée, et les différents articles en 
sont adoptés dans la teneur suivante: 


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SÉANCE DU 8 MARS 


XI 



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XII PROCÈS-VERBAUX. 

Lectures et communications. — M. Ernest Petit, de 
Vausse, dépose sur le bureau le travail considérable qu’il a 
entrepris sur les barons de Noyers et qu’il vient de terminer. 
M. le Président félicite notre Collègue d’avoir mené à bien 
une œuvre aussi importante, qui va mettre a jour l’histoire 
de Noyers et de ses seigneurs, et M. Quentin est prié de faire 
un rapport spécial sur le mémoire de M. Petit. 

— M. Micbon a envoyé à la Société un Supplément au 
Dictionnaire du patois dans le département Ce travail 
de notre collègue sera joint à celui qu’il a déjà envoyé 
et qui a été soumis à l’examen d’une commission spé- 
ciale. 

— M. Monceaux dépose, au nom de Kl. Ravin, un Addenda 
d la flore de l’Yonne, qui est le résumé des excursions bota- 
niques faites par plusieurs de nos collègues pendant l’anuée 
1873. Plusieurs espèces nouvelles pour la flore de l’Yonne 
sont signalées dans ce résumé : 

1 . Anemone pyheslris, L. — Bazarnes, bois. 

2. Adonis eestivalis, L. — Moissons, Mont-Saint-Sulpice ! 

3. Ranu/iculus aconitifolms, L. — Bussièrc. (M. Lucand]. 

— Bords de la rivière au-dessous de l’étang. 

4. Peoniacorallina, Retz. — Prégilbert. (Badin, instituteur). 

— Cette belle espèce, recueillie dans le bois de Tourbenay au 
siècle dernier par Mérat, vient enfin d’ôtre retrouvée. 

5. Hutchiasia petrœa, R. Br. — Rochers calcaires à Arcy. 

6. Spergula peniendra, L. — Bussières. (M. Lucand); bords 
de la rivière, au-dessous de l’étang. 

7. Hypericuin perforalum , L. — Variété Lincolatim, 
Hyp Lincolatmiy Sord. — Bois au-dessus du pillage de Bus- 


V 


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SÉANCE DU 8 MARS. 


X1ÏI 


sières. (M. Lucand)! Ne diffère de l’espèce type que par ses 
feuilles plus étroites et ses pétales .pourvus de lignes noires au 
lieu de points. 

8. Oxalls aceiosella , L. — Bois au-dessus du village de 
Bussières. (M. Lucand)! 

9. Circea lutetiana , L. — Bois au-dessus du village de 
Bussières. (M. Lucand) ! 

10. Gerenaïim pyrenaicum, L. — Moissons, Esnon. 
(M. Barrey) I 

1 1 . Medicago apiculata , Wild. — Dans les moissons, Esnon. 
(M. Barrey). On la distingue du M . maculala par ses stipules 
profondément déchiquetées en lobe3 cétacés, par ses fruits sou- 
vent réunis, au nombre de cinq à huit. 

12. Spirea filipendula , L. — Auxerre, dans les prés de Cas- 
soir. (M. de Marsilly) ! 

13. Fragaria colüna y Ehrh. — Bois, Joigny. (Général de 
Marsilly) ! Bazarnes ! 

14. Rosa arvina , Krock. — Coteaux herbeux, près la fontaine 
d’Herbaux, Cravantl bois Saint-Georges. (Général de Marsilly)! 

15. Rosa terébenthaincea , Bess. — Dans les bois. Yincelles 1 

10. Moniia rivularis, Gmel. — Bussières, fontaine prés de 

l’étang. (M. Lucand). Se distingue du M. minor par ses tiges 
étalées radiantes, ses graines ponctuées. 

17. Corrigiola littoralis , L. — Dans les champs. Sainte- 
Magnance. (M. Lucand) ! 

18. Sedum villosim, L. — Bussières, chemin de Rouvray, 
près l’étang. (M. Lucand) 1 

19. Falcaria Ritini> Host. — Olte espèce, observée d'abord 
dans une chambre d'emprunt à Bricnon, s’est répandue partout 
au bord des champs. 


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XIV PROCÈS-VERBAUX. 

20. Tordïlium wiaximum, L. — Talus du chemin de la 
conduite des eaux de Sainte-Geneviève, entre l'arquebuse et le 
cimetière, à Auxerre I Pied du château de Mailly-le-Chàteau ! 

21. Torilis nodosa, Gœrtn. — Mailly-le-Chàteau! au pied 
du château, vers les figuiers. 

22. Dipsacus pilosus , L. — Bussières, bords du chemin dans 

le village. (M. Lucand) ! * 

23. Doronicum austriacum , Jacq. — Dans les bois de la 
Pierre qui-\ire, Saint-Léger. (M. Lucand)! Cette espèce, nouvelle 
pour la flore de l’Yonne, se distingue nettement du D. Parda- 
lianches, L., par ses tiges munies de feuilles jusqu’au sommet, 
ses capitules en corymbes. 

24. S eue cio Fuschii , Gmel. — Bois près Champmorlin, 
Sainte-Magnance. (M. Lucand) ! 

25. Pliytenma spicatim , L. — Bois humides, Mont-Saint- 
Sulpice ! 

26. Lysimachia Nemoruui , L. — Bois de la Pierre-qui-Yire, 
Saint-Léger. (M. Lucand)! 

27. Vcronica Montana , L. — Dans les bois au-dessus du 
village de Bussières. (M. Lucand)! 

28. OroiancJte Rapmn , Thuil. — Bois au-dessus du village, 
Bussières. (M. Lucand) ! 

29. Melissa ofjicinalis , L. — Chaussée de l’étang du Colom- 
bier à Beauvilliers. (M. Lucand) ! 

30. Thesium dimrieatum , Jan. — Rochers calcaires. 
Bazarnes ! 

31. Luznla Maxima, D. C. — Marécages do la Pierre-qui- 
Yire. Saint-Léger. (M. Lucand) ! 

32. Luznla nivea , D. C. — J uncus niveus , L., Sp. 468. — 
Se distingue des autres espèces du même genre par sa panicule 


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SEANCE DU 8 MARS. XV 

terminale d’un blanc brillant, composée de fleurs réunies en tête. 
Bois. Saint-Léger I 

Cette plante, nouvelle pour la flore de l'Yonne, a été recueil- 
lie à la Pierre-qui-Vire par M. Lucand ! 

33. Iris fœtidissima , L. — Bois, Bazarnes I 

34. Aceras antropophora , B. Br. — Coteaux boisés, Bazarnes! 
Gizy-les-Nobles! 

35. Orchis simia, L. — Coteaux boisés, Bazarnes. 

36. Orchis militaris , L. — Coteaux herbeux, Mont-Saint- 
Sulpice. Clairières des bois, Gizy-les-Nobles l 

37. Orchis coriopJiora , L. — Prés humides, Brienon, 
(MM. Barrey et Deligne) l 

38. Orchis viridis , AU. — Prés humides, Brienon. (MM Barrey 
et Deligne.) 

39. Limodorum abortivum , Swartz. Bois, Vincclles! 
Bazarnes l 

40. Carex paniculata> L. — Dans la prairie de Senevièvre. 
Brienon I 

41. Carex canescens , L. — Cette espèce, nouvelle pour 
l'Yonne, se distingue du C . remota par ses épillets réunis au 
sommet de la tige, dépourvus la plupart de bractées, du (7. 
elongata par ses épillets ovoïdes dressés au nombre de 4 à 7. 
Lieux marécageux des terrains granitiques, la Pierre-qui-Vire, 
près Saint-Léger. (M. Lucand). 

42. Carex elongata , L. — Bussières. (M. Lucand) ! 

43. Carex hornschuchiana , Hopp. — Prairie de Séneviôre, 
près Brienon l 

44. Carex lœvigata % Smith. — Marécages de la Pierre-qui- 
Vire, près Saint-Léger. (M. Lucand) ! 

45 Festuca rigida , Kunth. — Lieux secs, Gizy-les-Nobles 1 
Mailly-le-Château 1 

Comp . rend . 2 


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XVI PROCÈS-VERBAUX. 

46. Ophioglossum mdgatum , L. — Prés humides, Brienon. 
(MM. Deligne et Barrey)! 

47. Osmwida Regalis , L. — Bords du Trainclin, à la Pierre- 
qui-Vire. (M. Lucand)! 

48. Asplénium septentrionale. — Rochers , à Bussières. 
(M. Lucand) ! 

49. Equisetum Telmateïa , Ehrh. E. — Eburneum , Schreb. 
E. fluviatile , Duby. — Tige fertile, nue, dressée, fistuleuse, 
blanche ; Gaines lâches noires au sommet, divisées en une tren- 
taine de lanières cétacées ; tige stérile beaucoup plus grande que 
la tige fertile blanchâtre, pourvue de ramifications nombreuses, 
rapprochées ; gaines munies de dents terminées par une soie. 

Lieux humides. Bouilly, aulnaies, près du chemin de Bouilly 
à Brienon. (Barrey) ! mars, avril. Calcaires. R. R. 

— La séance est terminée par la lecture de M. Hermelin 
sur Y Archéologie des tombeaux . 

L’heure avancée ne permet pas la lecture du travail de 
M. Bazin, sur la Destruction des Insectes parles oiseaux. 
Ce mémoire sera lu à la prochaine réunion. 

La séance est levée à 4 heures du soir. 


SÉANCE DU <9 AVRIL 1874. 

PRÉSIDENCE DE M. CHALLE. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
Nominations. — M. Girard, notaire à Auxerre, et M. Ca- 
mille Hermelin sont nommés membres titulaires. 

M. le docteur Giraud, médeciu-adjoinl à l’asile des aliénés 


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xva 


SÉANCE DU 1 9 AVRIL. 

de Qualremares, près Rouen, cesse d’être membre titulaire 
et devient membre correspondant. 

Présentation. — M. Berthelot, à Auxerre, est présenté 
comme membre titulaire par MM. Challe et Cotlêau. 

Dons. — M. Charles Gallot, en exprimant ses regrets de 
ne pouvoir assister, pour cause de maladie, aux réunions 
de la Société, offre pour le musée un tableau, copie de 
Prud’hon, l’Amour quittant le lit de Psyché. 

— M. Brun offre deux clefs d’un travail fort ancien. 

— M. Mignot, trois pièces de monnaie: t u obole de Phi- 
lippe III ; 2° couronne de Charles VII en argent; 3° un mé- 
reau de plomb; ces trois pièces ont été trouvées à Auxerre, 
rue Darnus. 

— M. Desmaisons donne, de son côté, un projectile 
autrichien, retrouvé dans les murs du lycée de Sens, et qui 
avait été lancé sur celte ville en 1814. 

— M. Mignot dépose sur le bureau une acquisition de la 
Société : 1° un écu d’or de Charles IX, de 1566 (la date en 
chiffres romains), trouvé à Vaux ; 2° une monnaie d’argent 
d’Henri III, duc de Bar de 1296 à 1302, trouvée à Vincelles. 

— M. le Président lit une lettre de M me de Blocqueville 
remerciant de la communication à elle faite des documents 
produits à la dernière séance sur le maréchal Davout. A ce 
sujet il est donné connaissance de deux autres documents, 
lettres dans lesquelles Davout raconte deux traits honorables 
de sa vie, la résistance par lui oppposée à une émeute mili- 
litaire soulevée contre l’évêque de Mende, M. de Caslellane, 
et une souscription faite en faveur de populations réduites à 
la misère par un incendie, dans le pays même où l’on faisait 


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XVIII PROCÈS VERBAUX. 

I 

campagne, dans le bataillon de volontaires dont il était com- 
mandant: union remarquable des sentiments de fermeté et de 
générosité charitable chez cet illustre homme de guerre. 

— Divers échantillons minéralogiques et une collection 
d’anciennes brochures, adressés par M me de Blocqueville, 
sont déposés sur le bureau. 

— M. le Président annonce que pendant le concours ré- 
gional il sera tenu à Auxerre une séance où seront convo- 
quées la Société d’études d'Avallon et la Société d’archéologie 
de Sens. Cette réunion aura lieu le jeudi 28 mai. U. le Prési- 
dent indique quelques-unes des communications importan- 
tes qui y seront faites. 

Correspondance. — Il est donné lecture de lettres de nos 
collègues, M. Boussard, architecte à Paris, annonçant l’en- 
voi de dessins de la Palestine, de M. Jules Rey, de la 
Société de l’Aube et de M. Viault, curé de Pailly. 

— Notre collègue, M. Eugène Perriquet, avocat à la Cour 
de cassation, offre à la Société le Traite' théorique et prati- 
que de la Propriété et de la Transmission des Offices mi- 
nistériels, qu’il vient de publier, et qui contient de savants 
aperçus historiques sur ce sujet. Un compte-rendu ultérieur 
de cet important ouvrage sera fait par M. Savatier-Laroche, 
secrétaire. 

— Les divers Bulletins adressés par les sociétés corres- 
pondantes sont analysés par M. le Président, qui attire 
l'attention de la Société sur une notice du Polybiblion, 
concernant un ouvrage de M m0 de Blocqueville, les Soirées 
de la Villa des Jasmins, dont un exemplaire, relié avec 
luxe, doit être incessamment offert à la Société. 

— Le volume de 1 873 du Bulletin de la Société des anti- 


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SÉANCE DU 49 AVRIL. 


XIX 


quaires de Picardie publie la Correspondance inédite de 
Turehne avec Michel Lelellier et Louvoie; celle publication 
est due à M. Edouard de Barthélemy. Comme documents 
ayanl trait à l’histoire locale, M. le Président y signale quel- 
ques lettres intéressantes au sujet des événements de la 
Fronde en 1652 et aux mouvements militaires et politiques 
qui ont précédé ou suivi la bataille de Bléneau, dans laquelle 
le roi, la reine-mère et le cardinal Mazarin faillirent être 
pris par Condé. 

— M. le Président signale encore, dans le Bulletin de la 
Société nivernaise de 1873, le récit des excursions des 
membres de cette société dans l’Yonne l’année dernière, 
récit célébré par des poésies de M. Millien, de Saint-Réve- 
rien, et en outre il donne connaissance de la notice dç 
M. Grasset, de Varzy, sur les artistes qui ont enrichi le 
musée de Nevers. 

— M. le Président fait à la Société le compte-rendu des 
séances de la dernière réunion des Sociétés savantes à la 
Sorbonne, où notre Société a obtenu, avec deux autres seule- 
ment, un grand prix de mille francs pour ses travaux histo- 
riques. 

La médaille de bronze décernée en même temps est dépo- 
sée sur le burèau. 

La Société décide que le rapport fait par M. Hippeau et 
contenant l’analyse des travaux de la Société des Sciences 
de l'Yonne, sera inséré intégralement au Bulletin. 

— 11 est donné lecture de deux notices : 

4° Celle de M. Bazin, les Oiseaux ne détruisent pas autant 
d’insectes qu’on le croit généralement. 


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XX 


PROCÈS-VERBAUX. 


2° Un chapitre de celle de M. Ernest Petit, de Vausse, 
Histoire des Sires de Noyers et du Château de Noyers. 

A trois heures et demie la séance a été levée. 


SÉANCE DU 3 MAI 4874. 

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. 

En l’absence de MM. les Secrétaires, qui n'ont pu assister à 
la réunion et se sont fait excuser, M. Bonneville fils est prié 
de remplir les fonctions de secrétaire. 

M. le Président annonce la trouvaille, à Saint-Martin-sur- 
Ouanne, d’un pot contenant deux cents pièces de monnaie 
(xiv e siècle) très oxydées. 

C’était une époque de grands désastres pour le pays : les 
Anglais, qui occupaient Malicorne, réclamaient des contri- 
butions et menaçaient de brûler Saint-Martin. Un habitant 
aura enfoui ce trésor. 

M. le Président parle ensuite de la restauration du tom- 
beau de saint Uugues de Moniaigu dans l’église de Saint- 
Germain. M. Quanlin a proposé de relever contre la muraille 
de l’église Saint-Germain la pierre tombale qui porte encore 
des dessins fins et curieux, quoique non contemporains de 
la mort de l’évêque, et la commission de l’Hôtel-Dieu ac- 
cepte la translation. Saint Hugues de Montaigu, 54"“ évêque 
d’Auxerre, de 1 1 1 5 à 4 1 36, généreux et ami des arts, a con- 
sidérablement embelli son palais épiscopal, et nous lui de- 
vons la belle et complète galerie byzantine de la préfecture, 


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SÉANCE DU 3 MAI. 


XXI 


reste peu commun de l’architecture civile de cette première 
moitié du xiii° siècle. 

M. le Président énumère les publications des Sociétés cor- 
respondantes parvenues depuis la dernière séance, et dé- 
pouille la correspondance manuscrite. 

M. Boussard, architecte, annonce l’envoi des planches 
gravées de son travail sur les monuments de la Terre-Sainte, 
ainsi que d’une note, si la Société admet son travail dans le 
Bulletin. 

La Société de Mons demande l’envoi des tomes i à ni du 
Cariulaire de l'Yonne de M. Quantin. Le Cercle archéolo- 
gique exprime son vif désir de posséder dans sa bibliothèque 
celle œuvre si importante. Sa demande est acceptée. 

M. Quanlin communique une noie de M. Bazin, de Fume- 
raut, signalant une pierre dressée dans les bois de Bontin, 
sans, du reste, traditions ni légendes qui s’y rattachent dans 
le pays. Son nom de Pierre-Frite est la corruption évidente 
de Pierre-Fille. 

Nominations. — La Société vote sur l’admission de 
M. Berlhelot, présenté à la dernière séance par MM. Challc 
et Cotteau. M. Berlhelot est admis à l'unanimité. 

Dons. — M. Perretle, rue Saint-Pèlerin, offre à la Société 
un mortier ea pierres, de façon grossière, muni d’anses, 
trouvé dans les travaux d’un puits, à quatre mètres de pro- 
fondeur, dans l’emplacement de la rue des Vieilles-Tanneries. 

M. le Président remarque que les explications, relative- 
ment à l’usage de ces mortiers, sont diverses et douteuses 
jusqu’à présent. Peut-être servaient-ils de mesure pour les 
grains. 

— M. Cotteau offre à la Société, de la part de M. Hébert, 


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XXI! 


PROCÈS-VERBAUX. ■ 


deux brochures : Comparaison de l'Eocène de là Belgique 
et de l’ Angleterre avec celui du bassin de Paris, et Dis- 
cours à la réunion de la Société géologique de France. Il 
offre, en son nom, la xi c livraison de son travail Echinides 
rares et peu connus. 

— M. Cotteau annonce ensuite aux membres de la com- 
pagnie l’achèvement du travail de classification de notre 
musée, si riche au point de vue paléontologique. Ce travail 
a lieu depuis trois ans, et M. Cotteau a été aidé par quelques 
amateurs, et spécialement par notre collègue U. Foucard, 
plein de zèle et de dévouement, qui y est venu presque tous 
les jours, et par M. Marcel Bonneville. En 4848, il n’y avait 
pas un fossile au musée d’Auxerre, et maintenant aucune 
collection départementale n’est comparable. Effectivement, les 
étages géologiques se suivent pour ainsi dire sans manque- 
ment du sud au nord du département, fournissant ample- 
ment aux recherches des travailleurs, dont les dons considé- 
rables nous ont enrichis successivement ; il faut citer parmi 
eux MM. Lorin, Gallois, ancien président du tribunal d'Au- 
xerre, Vacher, Baudoin, architecte, Perriquet, Robineau- 
Desvoidy, Pauitre des Ormes, Salomon, Uescoitrtives, Ri- 
cordeau, Guérin. 

Notre musée représente toute la série des terrains juras- 
siques et crétacés reposant sur le granit, base et charpente 
des couches sédimentaires et sur l’arkose, qui n’est pas 
encore une roche stratifiée, mais qui provient d’émissions 
siliceuses dans l'eau. Cette roche se développe remarquable- 
ment autour d’Avallon. Du reste, de telles émissions gazeuses 
et siliceuses se reproduisirent plus tard, jusque dans les pre- 
miers dépôts jurassiques, où elles s’emparèrent des fossiles 
et les pénétrèrent. Ensuite nous avons le Lias avec ses sub- 


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SÉANCE DU 3 MAI. 


XXIII 


divisions, sinémurien, lias moyeD, lias supérieur, dont cha- 
cune est ici avec ses fossiles propres. Les mers liasiques 
virent l’apparition et la multiplication des grands reptiles 
dont M. Moreau, d’Avallon, nous a envoyé une mâchoire 
(Ichlhyosaurus), en même temps que se développaient des 
espèces d’ammonites de formes variées et gigantesques. Les 
calcaires de Vassy nous ont donné leurs fossiles caractéris- 
tiques, des vertèbres de sauriens et des morceaux de lignite. 

La grande oolilhe débute chez nous par une couche cal- 
caire marneuse, dans laquelle les bivalves, pris sur le fait 
de leur existence et de leurs habitudes, présentent encore leur 
position naturelle, les pholadomies le tube en haut. Cette 
couche, avec tous ses curieux détails, est largement visible 
sur la route de Cliamoux à Cbâtel-Censoir. Les crustacés y 
sont répandus, et notre collection possède un morceau im- 
portant de Palinurus de cet étage. 

Le jurassique continue parle callovien etl’oxfordien ferru- 
gineux de Gigny, tous ici représentés. 

Les coral-rag inférieur et supérieur ontdouné à MM. Robi- 
neau-Desvoidy et Paultre des Ormes des pièces nombreuses 
et remarquâmes qui forment aujourd’hui dans nos vitrines 
un trésor exceptionnel. Ainsi, on peut voir la Nerinea Des- 
voidyi, de taille extraordinaire, et dont aucun exemplaire 
comparable n’a été retrouvé depuis, malgré les fouilles. Les 
puissants massifs coralligènes de Merry, Mailly, Lainsecq, 
sont construits en polypiers innombrables, très nombreux 
par conséquent aussi dans notre musée, et on rencontre à la 
base de ces véritables récifs coralliens un fait intéressant; 
c’est la prédominence des Echinides dans la localité de 
Druyes. Ils sont par milliers en quelques hectares, et le tra- 
vail des champs les découvre et les renouvelle chaque année. 


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XXIV 


PROCÈS- VERBAUX. 


Des émissions siliceuses ont rempli leur test, qui a disparu 
le plus ordinairement. Un instituteur du pays, M. Guérin, 
nous a donné sa riche collection. Notre corallien est le plus 
riche du monde: il a fourni ici plus de deux cents espèces. 

Il est surmonté stratigraphiquement par le calcaire à as- 
tarte et le kimméridge. Nous avons de ce terrain, outre les 
ossements et vertèbres donnés par MM. Duché et Salomon, 
à remarquer la mâchoire trouvée parM. Paultre des Ormes, 
au moulin du Bàtardeau, près d’Àuxerre. Elle a été figurée 
par Cuvier. Le Portland, qui forme nos horizons d’Auxerre, est 
le dernier terme de cette série jurassique, si complète et si 
féconde dans l’Yonne, et grâce aux travaux et aux études de 
MM. Foucard et Lambert dans nos environs, ainsi qu'à leurs 
dons, il remplit une vitrine. 

Le Néocomien est, dans l’Yonne, la base du crétacé, car 
nous n’avons ni les couches d’eau douce ni les couches de 
Purbeck qui ailleurs se rencontrent d’abord. Cette superposi- 
tion immédiate du Néocomien au Portland est visible dans 
nos ravins des environs d’Auxerre, où les premières masses 
calcaires crétacées se présentent comme une corniche. 

Les espèces y sont singulièrement nombreuses, et dans 
cette multitude d’êtres d'une nouveauté absolue, aucune n'a 
été léguée par le groupe jurassique et n’a transgressé les li- 
mites d’une série dont les types ont disparu sans retour; on 
assiste en réalité à la création d'une faune tout-à-fait indé- 
pendante. Le Néocomien est largement représenté par les 
collections Paultre des Ormes et Robineau-Desvoidy, ainsi 
que par le résultat des fouilles faites, à Gy-l’Evéque, par 
M. Cotteau lui-même, et on peut étudier là des gisements 
géographiques différents. Ici commence la belle collection 
Ricordeau. SI. Ricordeau s’était d'abord limité à Seignelay, 


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SÉANCE DU 3 MAI. 


XXV 


et pendant trente ans, persévérant et infatigable, non seule- 
ment il cherche les échantillons, mais les classe, les étudie, 
et il n’y a rien encore à changer à ses habiles déterminations. 
Ses recherches passent du Néocomien dans la couche rouge, 
base de l’Aptien, et la localité de Pien, où cette petite couche, 
difficilement saisissable ailleurs, apparaît, lui fournil beau- 
coup de pièces rares. Mais c’est surtout à Gurgy, où les 
hautes berges de la rivière sont taillées dans les argiles 
noires à Plicalules qui constituent véritablement l’Aptien, 
que cet explorateur a formé, en recueillant minutieusement 
et scrupuleusement une multitude d’objets, une collection 
d'autant plus précieuse que ce gisement s'épuise et se perd, 
et il serait aujourd’hui impossible de récolter là ces milliers 
de petits fossiles, ces rares espèces que nous tenons de sa 
générosité bienveillante. Ces fosiles, pénétrés de fer sulfuré, 
s’exfolient à l’air et peuvent disparaître complètement. Mais 
on s’est aperçu à temps des menaces de la décomposition. Les 
soins de M. Foucard, qui les a soumis à une préparation chi- 
mique, les ont sauvés et assurent indéfiniment la durée 
d’une collection maintenant irréalisable. M. Ricordeau a 
donné aussi de l’Albien de Seignelay. Cet Albien se poursuit 
jusqu’à Saint-Florentin, où il est très fossilifère, et de là nous 
son! venus les Gastéropodes si délicatement conservés, que 
M. Descourtivcs offrit au musée. Celte partie de la collec- 
tion a été complétée par M. Salomon. Et de même que celui 
de Gurgy, le gisement de Saint-Florentin est anéanti, la car- 
rière de grès est livrée à la culture. Beaucoup d’espèces, 
qui sont à nous, ne pourraient plus être acquises sans des 
fouilles dispendieuses, et doivent demeurer uniques. 

A la suite de l’Albien, le département contient les trois 
divisions de la craie proprement dite cénomanienne, turo- 


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XXVI 


PROCÈS-VERBAUX. 


nienne et sénonienne. Dans ces formations, nous voyons, 
pour la dernière fois, l’Ichthyosaure, qui, depuis le lias, 
a passé par toute l’épaisseur des dépôts jurassiques et va 
disparaître de l'animalisation du globe, ainsi que les 
Ammonites, qui ont multiplié prodigieusement leurs diffé- 
rences de taille et de forme et qui ne sont plus dans les 
mers actuelles. 

Enfin, pour le quaternaire, nous avons les dents et d’au- 
tres débris des jgrands mammifères, de t’Elephas primige- 
nius, et de nombreux ossements de cette époque des grottes 
d’Arcy. 

Le géologue trouvera ainsi dans notre collection un en- 
semble de paléontologie locale que, vu les éléments consti- 
tutifs de notre sol si heureusement combinés, ne pourrait 
obtenir aucun autre musée départemental, ensemble presque 
sans lacunes, et il pourra, au milieu d’immenses richesses 
et de renseignements multipliés, traverser tous les étages qui 
se trouvent dans nos vitrines comme en réalité ils se trou- 
vent dans le pays. C’est pour l’étranger, qui désirerait faire 
uue excursion, un livre dans lequel il trouvera l’indication 
des localités les plus profitables. 

Les objets sont classés dans les vitrines qu’ils doivent 
occuper. Cependant, il reste devant nous l’énorme travail-dé 
la spécification, qui complétera bientôt cependant, on a le 
droit dé l’espérer, celte collection considérable. 

La Société entend, avec l'intérél le plus grand, les expli- 
cations fournies par l’honorable M. Cotteau sur l’établisse- 
ment et l’organisation de notre salle de géologie, et lui 
témoigne, par ses applaudissements, toute sa gratitude du 
dévouement et du soin qu’il y a apportés. 

M. Quantin fait lecture de la suite du mémoire de M. Ernest 


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xxvu 


SÉANCE GÉNÉRALE OU 28 MAI. 

Petit, sur les sires et le château de Noyers. Celte partie est 
relative au maréchal de Noyers. 

Après cette communication la séance est levée. 


SÉANCE GÉNÉRALE DES SOCIÉTÉS SAVANTES 
DU DÉPARTEMENT 

28 MAI 1874. 

M. le préfet assiste à la séance. Il prend place â côté du 
président. 

M. Challe, président de la Société, appelle au bureau 
M. du Châtellicr, membre de l’Institut, et MM. les délégués 
des autres Sociétés savantes du département; savoir, M. le 
duc de Clermont-Tonnerre, M. le comte de Rochechouart, 
M. l’abbé Prunier, M. Picard, M. Moreau et M. Bardin. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé. 

M. Albert de Sainte-Anne est proposé comme membre 
titulaire, par MM. Challe et Quentin. Il sera statué à la pro- 
chaine séance sur son admission. 

M. le Président prend la parole pour exposer l’origine, les 
travaux, les services et la situation actuelle de la Société ar- 
chéologique de Sens, de la Société des Sciences historiques 
et naturelles de l’Yonne, et de la Société d’études d’Avallon. 
Il félicite le département de l’Yonne du zèle éclairé et des 
succès de ces associations scientifiques, aussi bien que de 
l’esprit de cordiale confraternité qu’on y voit constamment 
régner. « feu de départements en France peuvent, dit-il, se 


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XXVIII 


PROCÈS-VERBAUX. 

glorifier d'une aussi large représentation et d’une culture 
aussi active de la science. » 

M. du Chàtellier donne ensuite lecture d’une relation dé- 
taillée des opérations militaires dans les départements de la 
Loire-Inférieure, de la Sarlltc en 4795, de l’adjudant-général 
Watrin, pour mettre à exécution les instructions pacificatri- 
ces du général Hoche. Ce récit est tiré du livre de corres- 
pondance qu’a conservé la famille de ce jeune adjudant- 
général, qui habite lè département de l’Yonne, livre où sont 
iransciiles textuellement les lettres et instructions, jusqu’à 
ce jour inédites, du grand et illustre général Hoche, lesquelles 
éclairent d’une vive lumière le système habile et généreux 
qui lui fit mettre fin en six mois à cette longue guerre, si 
acharnée et si dévastatrice. 

M. Berthelot prend ensuite la parole pour rappeler les 
découvertes qui, dans ce département, ont mis au jour de 
nombreux et précieux débris des époques pré-historiques, et 
il rend compte des fouilles qu’il vient de faire dans les grottes 
d’Arcy et qui ont accru le nombre de ces importants témoi- 
gnages des âges de pierre. 

M, Quantin lit un mémoire sur les événements advenus au 
pays auxerrois dans les longs démêlés qui divisèrent 
Louis XI et Charles-le-Téméraire. C’est en compulsant les 
comptes du domaine ducal à Auxerre, conservés aux archives 
de la Chambre des Comptes de Dijon, que N. Quantin a pu 
recueillir sur ces temps de précieux renseignements. Il fut 
question, en 4463, d’un projet d’entrevue près d’Auxerre, sur 
la rivière d’Yonne, entre le duc et le roi, tous deux également 
défiants et astucieux. Tous les gués de l’Yonne entre Auxerre 
et Joigny furent à cet effet sondés et mesurés. Mais l’entre- 
vue, qui parut dangereuse à tous deux, ne put se réaliser. 


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SÉANCE GÉNÉRALE DU 28 MAI. XXIX 

M. Chéresi devait lire ensuite un récit de l’invasion an- 
glaise dans notre contrée en 1358 et années suivantes. Mais 
l’heure,avancée ne lui permettant pas de se faire entendre, 
ce travail est renvoyé à une séance ultérieure. 


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Année fl 894 


COMPTES-RENDUS DES SÉANCES 


Juillet, Août, Novembre, Décembre. 


SÉANCE DU 12 JUILLET' 1874. 

PRÉSIDENCE DE M. CH ALLE. 

Le procès-verbal de la séance publique qui a eu lieu 
le 29 mai, concurremment avec la société archéologique 
de Sens et la société d’Ètudes d’Avallon, est lu et 
adopté. 

Correspondance. — M. le président donne connais- 
sance de divers documents qui lui ont été adressés, et 
relatifs au congrès international des sciences géographi- 
ques, qui se réunira à Paris au printemps de 1875. Les 
membres de la société qui voudront s’associer à une 
œuvre dont l’intérêt ne saurait leur échapper, peuvent, 
dès maintenant , prendre connaissance des différentes 
questions qui seront traitées pendant la durée du Con- 
grès. 

— La société française d’archéologie pour la conser- 
vation et la description des monuments historiques a 

Comp. rend. 3 


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XXXII 


PROCÈS-VERBAUX. 


envoyé le projet de règlement élaboré par le comité 
permanent de la société. 

— La société malacologique de Belgique, à Bruxelles, 
envoie un exemplaire de ses statuts. Elle demande 
l'échange de ses publications avec celles de la Société 
(Accordé.) 

— M. Abel Jeandet, membre correspondant, adresse 
à la société, pour sa bibliothèque , une brochure dont il 
est l’auteur et qui a pour titre : Cinq mois aux archives 
de la ville de Lyon. 1 er avril — 30 août 1873. 

— M. le président énumère ensuite différents Bulle- 
tins émanant des sociétés correspondantes, parvenus 
au bureau pendant le mois. 

Dons. — Il est fait don : 1° par M. Roger, cantonnier à 
Auxerre, d’une médaille ancienne trouvée dans les tra- 
vaux du pavage à Auxerre ; 2° par M. Mignot, d’une 
vertèbre d’un grand cétacé provenant de la collection de 
M. Bernard d’Héry; 3° par M. Martin au nom de M. Ca- 
mille Viviers, instituteur à Saligny, d’une carte du dio- 
cèse de Sens , lithographiée d’après la carte de l’abbé 
Outhier, qui la dressa sur la demande de Mgr Languet 
de Gergy, archevêque de Sens, et la fit réviser par 
l’Académie des sciences, d’après les travaux de Cas- 
sini. 

Nomination. — M. Albert Burat de Sainte-Anne, 
propriétaire à Champvallon, présenté à la dernière réu- 
nion, est élu membre titulaire. 

Présentation. — M. le docteur Emile Moreau, natura- 
liste, 7, rue du Vingt-Neuf Juillet, à Paris, est présenté 
comme membre titulaire, par MM. E. et F. Rétif. 


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SÉANCE DU 12 JUILLET. XXXIIf 

Il sera statué sur cette nomination conformément au 
règlement. 

Tables du Bulletin . — KL Quantin entretient ensuite la 
Société de Futilité qu’il y aurait à la publication des 
tables décennales du Bulletin. Un travail de ce genre a 
déjà été entrepris pour la première série qui comprend 
les annéee 1847-1858; il serait désirable qu’il fût con- 
tinué ; un membre de la Société, M. Demay, entrepren- 
drait volontiers les tables qui intéressent la partie des 
sciences historiques, si un autre membre voulait rédiger 
la partie qui intéresse les sciences naturelles. La Société, 
entrant dans les vues de M. l’archiviste, décide que la 
publication des tables sera entreprise; elle désigne 
MM. Demay et Berthelot pour la rédaction desdites 
tables, suivant un plan qui sera arrêté de concert avec 
le bureau. 

Communications . — M. Quantin fait encore la commu. 
nication suivante au sujet d’une lettre inédite de Lebeuf : 

« J'ai l'honneur de communiquer à la Société, de la part de 
M. Benoit, ancien conseiller à la Cour d'appel à Paris et notre 
ancien collègue, la copie d'une lettre inédite de Lebeuf, qui a 
été vendue récemment par le libraire Charavay, à Paris. Cette 
lettre est adressée à M. Rambaud, chanoine de Lisieux, au 
mois de janvier 1754. C’est une des lettres les plus récentes 
que nous connaissions de Lebeuf. Et cette môme année de 
1754 fut pour ainsi dire la dernière année où Lebeuf ait con- 
servé la plénitude de ses facultés, ayant été frappé de paraly- 
sie au mois de mai suivant. Cette lettre est digne de l’auteur 
de tant de travaux archéologiques sur la France. Elle y ex- 
prime, entre autres choses, avec énergie, tout le regret qu’il 
éprouve de voir que « personne n'ait encore eu le cœur de 
dessiner le monument de l'arc-de-triomphe d'Orange. » 

< M. Benoit, bien qu'ayant cessé de faire partie de notre 
Société, n'y demeure pas tout-à-fait étranger. Il cherche tou- 


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XXXIV 


PROCÈS-VERBAUX. 


jours à nous témoigner de la sympathie. Un des actes les plus 
honorables qu’il ait faits à cet égard, c’est d’avoir fait rétablir, 
sur les registres de l’état-civil de Paris, les actes de décès 
entiers de Lebeuf et de Pascal Fenel. » 

A Paris, ce 12 janvier 1754. 

Monsieur, 

J’apprends, par la lettre que vous m’avez fait l’honneur de 
m’écrire sur la fin de la dernière année, que vous et vos amis 
avez pris bien des peines pour déterrer l’isle que je cherche, 
et qu’elles ont été vaines. Je puis vous dire que je n’ai point 
inventé cette isle, et il faut, comme vous dites fort bien après 
eux, que cette isle, où il y avoit un abbé, ait été dans une 
autre position que celle que lui assigne le Gallia Christiana . 
Mais ne peut-il pas arriver qu’une isle ait été emportée par 
un débordement? Vous en convenez. 

Autre pensée : Dom Étienne Du Laur, qui assure qu’en 
1225 il y avoit au diocèse de Yaison un abbé de l’Isle appelé 
Magister Rolandus, a peut-être pris pour abbé un supérieur 
pu prévost du chapitre de l'isle proche Pernes, qui peut-être 
se faisoit qualifier abbé, comme il y en a eu et il y en a encore 
en plusieurs collégiales; et ce serait ce Du Laur qui auroit 
pris un diocèse pour un autre. 

Si par hasard cette abbaye revenoit sur l’eau, je vousprie- 
rois de m’en donner avis. 

Mais puisque vous êtes plein de bonne volonté, je prends 
encore la liberté de vous charger d’une autre commission qui 
ne presse pas. Il n’est pas que d’ici à six mois vous viendriez 
en Provence, et que vous n’&yez quelque connaissance directe 
ou indirecte à Orange. Il m’est échappé, en considérant l’Arc- 
de-triomphe qui s’y conserve, d’examiner de près s’il y avoit 
sur ce monument des marques d’un combat naval et de vic- 
toires gagnées sur mer, c’est-à-dire des vaisseaux, au moins 
des poupes ou des proues, des rames, etc. J’ai cru n’y en point 
voir, et j’inférois que ce n’étoit qu’au sujet de quelque victoire 
emportée sur terre qu’il auroit été érigé. Il ne faut que des 
yeux attentifs pour s’en apercevoir; mais il faut pour cela 


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SÉANCE DU <2 JUILLET. 


XXXV 


être dans le pays. Personne n’a encore eu le cœur de faire 
dessiner parfaitement ce monument. 

Vous ôtes, Monsieur, résident dans un pays où les curieux 
d’antiquités ne tourmentent pas beaucoup les habitans pour 
leur en fournir. Je n’ai pas laissé d’en trouver lorsque j’y ai 
été, mais c’est à dix lieues par-delà Lisieux et proche Caen. 
Los mémoires de notre Académie en feront mention. 

* Permettez que je vous fasse des souhaits aussi sincères que 
ceux que vous avez eu la bonté de me faire, et accordez-moi la 
grâce de me croire avec une respectueuse estime. 

Monsieur, 

Votre très humble et très obéissant serviteur, 
Lebeuf. 

J’ai vu M. l’abbé de Dréard quelques jours après son arrivée. 
Je n’ai pas encore pu lui rendre ma visite. 

L’adresse est : 

Monsieur Rambaud , 
chanoine de V église de Lisieux , 

à Lisieux. 

Cette lettre autographe et signée occupe deux pages. Le 
post-scriptum seul est sur la troisième page ; l’adresse sur la 
quatrième. 

— Le même membre, sous le titre de 2 e note sur 
Jean Cousin, fait le résumé suivant : 

Il a été publié dans le Bulletin de la Société, de 1869, une 
note biographique sur J. Cousin, dan3 laquelle j’ai réuni 
tous les faits authentiques que renferment les archives pu- 
bliques sur ce peintre célèbre et, au fond, peu connu. Dans 
le dépouillement que j’ai fait depuis cette époque, des ar- 
chives des anciens monastères sénonais, j’ai eu la bonne 
fortune de trouver de nouveaux documents sur J. Cousin, 
que je crois utile de publier. Les faits qu’ils relatent n’ofifrent 
pas encore la preuve qu’il soit l’auteur de telles ou telles 
œuvres qu’on lui attribue, mais ils concernent plus particu- 
lièrement son état social, et, sous ce rapport, ils sont curieux. 


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XXXVI 


PROCÈS-VERBAUX. 


On y apprend qu’en 1534, il était propriétaire, à Sens, d’un 
jardin, au lieu dit Merceau. En 1537, il possédait aussi des 
terres sises à Collemiers, près Sens, qu’il avait achetées de sa 
belle-mère, veuve de Colas Couste. 

En 1548, J. Cousin habitait encore Sens, et payait une rede- 
vance pour son jardin du Merceau, qui passa en 1558 à Pierre 
Bouvier, apothicaire de la môme ville. 

Le document de 1537 établit donc que J. Cousin était marié 
alors avec la fille de Nicolas Couste, qui était d’une famille de 
procureurs, qui compta plus tard des lieutenants particuliers 
au bailliage, à Sens. Ce nom d’une des femmes de Cousin ne 
figure pas parmi celles que l’histoire lui donne. Remarquons 
également que sa prétendue alliance avec la famille des 
Bowyer, seigneurs de Monthard, près Soucy, descendants 
d’un archer écossais de Charles VII, est tout-à-fait douteuse. 
Le document de 1458 que nous publions ci-après, rectifie les 
choses . Il s’agit d'une famille Bouvier, de Sens, et dont l'al- 
liance avec les Cousin paraît certaine (1); un sieur Pierre 
Bouvier, apothicaire, probablement beau-frère de J. Cousin, a 
racheté son jardin du Merceau à cette époque. 

Voici ces textes, qui augmentent ce que ma première note 
avait déjà fait connaître sur Jean Cousin. 

1534. Septembre. — Censier de l’abbaye Saint-Jean de Sens, 
f° 24 r H. 420. 

« De maistre Jehan Cousin, paintre, demorant à Sens, ou 
lieu de Mathurin Harpin, pour ung jardin qu’il tient du curé 
de Saint-Léon, contenant environ deux quartiers, séant en la 
paroisse dudict Saint-Léon, au lieu dit Marceau, tenant d’un 
long au rup de Mondereau, d’autre au grand chemin commun, 
pour ce : 2 deniers parisis. » 


(1) Un acte du 4 septembre 1581 cité dans l'Inventaire des 
archives de la ville de Sens , in-4°, p. 7, vient à l’appui de nos 
observations. — On y lit : Baptême de Marie et Etienne, 
enfants d'E. Boucher et de Rachel Bouvier. Parrain, Etienne 
Bouvier, pharmacien, marraine, Marie Cousin. 


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SÉANCE DU 42 JUILLET. XXXVII 

Et en marge : 

« En Pan cinq cent cinquante-huyt, Pierre Bouvier, apothi- 
caire, demeurant à Sens, ou lieu dudict Cousin. » 

1537. — Censier de Collemiers, abbaye Saint-Remy, H. 

« Jehan Cousin, painctre de Sens, pour les terres qu’il tient 
à Collemiers et qu’il a acquises de sa belle-mère, veuve de feu 
Colas Coste, 2 s. parisis. » 

1548. — Censier de l’abbaye Saint-Jean, f° 4, H. 421. 

« Jehan Cousin, paintre, demeurant à Sens, pour un jardin 
contenant deux quartiers de terre, assis en la paroisse de 
Saint-Léon, tenant d’un long au ru de Môndereau, 2 deniers 
par. » 

En marge : 

« Il a toujours payé jusqu’en l’an 1558. » 

J’ajouterai à ces notes deux textes sur Jean Cousin, publiés 
par V Intermédiaire des curieux du ?5 janvier 1865, et emprun- 
tés à un Censier de l’abbaye Saint-Germain de Paris, de niai 
1547 à 1595. 

« 1547. — De maistre Jehan Cousin, painctre, pour sa mai- 
son et jardin assis en ladicte rue Desmarest (aujourd’hui 

rue Visconti, précédemment des Marais). 

1595. — De Claude Alexandre et sa femme, ayant les droicts 
des héritiers, hoirs ou ayant cause de feu M. Jehan Cousin, 
pour une maison et appartenances, assises en ladicte rue Des- 
marest.... » 

— M. le Président entretient ensuite l'assemblée d'une 
difficulté que le bureau n'a pas cru devoir trancher sans 
avoir consulté la Société. 

M. E. Petit, en envoyant son travail sur Noyers et ses 
seigneurs, travail dont M. Quantin a donné communi- 
cation et qui va paraître au Bulletin , n'avait point pré- 
venu qu'il avait l'intention de faire suivre la publication 
d'une série de planches qui entraînerait la Société dans 
ùné dépehse de 32hfr., dépense qui n'a' point été prévue 


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xxxvm 


PROCÈS-VERBAUX. 


au budget de l’année courante. Dans ces conditions, une 
partie des membres du bureau a pensé qu’il y avait lieu 
de laisser à la charge de M. E. Petit la dépense occa- 
sionnée par la publication desdites planches, dans le cas 
où l’auteur persisterait à les publier. 

M. Monceaux, au nom de la minorité de la commission, 
expose à la Société que, il est très possible que M. Petit 
n’ait point averti en envoyant son manuscrit, que son 
mémoire serait accompagné de planches; il n’en est pas 
moins vrai que l’auteur a toujours pensé que la faveur 
qui lui a déjà été accordée pour son travail sur Montréal 
et ses seigneurs lui serait cette fois encore accordée et lui 
permettrait la publication de diverses pièces inédites 
très intéressantes pour l’histoire du département. L’au- 
teur a pris la peine de dessiner lui-même ces pièces 
et il serait fort désobligeant pour lui qu’elles ne parus- 
sent pas au Bulletin à la suite de son mémoire, on peut 
apporter dans la publication des pièces la plus stricte 
économie ; on peut, par exemple , supprimer la chro- 
mo-lithographie qui devait se trouver en tête du mé- 
moire, et la remplacer par une simple lithographie, mais 
décourager l’un des rares travailleurs de la société par un 
rejet radical serait une mesure fâcheuse. 

Après une discussion à laquelle prennent part 
MM. Challe, Quantin, de Madière, de Marcilly et d’au- 
tres membres, il est décidé que les planches dont il est 
question seront publiées au Bulletin et simplement litho- 
graphiées, mais que la moitié de la dépense devra rester 
à la charge de l’auteur. 

Après cette décision, l’heure avancée fait renvoyer & 


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SÉANCE DU 2 AOUT. XXXIX 

la séance d’août les autres communications à l’ordre du 
jour. 


SÉANCE DU 2 AOUT 1874. 

PRÉSIDENCE DE M. CHALLE. 

Le procès-verbal de la séance de juillet, lu par M. le 
secrétaire, est adopté sans observations. 

Correspondance. — M. le président donne lecture de la 
correspondance manuscrite, laquelle contient : 

1° Une lettre de M. le ministre de l’instruction publi- 
que, annonçant que la société est comprise pour 500 fr. 
dans la répartition des fonds alloués par son ministère 
aux principales sociétés savantes. 

M. le président est chargé de transmettre les remer- 
ciements de la société ; 

2° Une lettre de M. Daunon, inventeur de couleurs 
spéciales pour pastel, lequel offre à la société, pour le 
musée, une série de crayons représentant toutes les 
gammes des couleurs employées ; 

3® Une lettre de remerciements pour l’envoi du Bulle- 
tin de la société au Cercle de la réunion des officiers de 
Constantine. 

M. le secrétaire communique ensuite à l’assemblée 
une lettre de M. E. Petit, de laquelle il résulte que le 
manuscrit et les planches de son travail sur les sires de 
Noyers ont été adressés en temps 'utile à M. Quantin, 
lequel le reconnaît. C’est donc par suite d’un malen- 
tendu qu’il a été avancé que les planches n’ayant été 
adressées que plus tard, devaient être laissées pour 


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XL PROCÈS-VERBAUX. 

partie à la charge de l'auteur. Du reste, des réductions 
notables ont été faites et le chiffre de la dépense a été 
considérablement réduit. M. Monceaux propose, en con- 
séquence, à la société, de ne rien demander à M. Petit 
pour la publication des planches dans le Bulletin , ainsi 
que cela a déjà été fait lors de la publication de la no- 
tice sur Montréal et ses Seigneurs. La société, après avoir 
entendu diverses observations présentées par MM. Quan- 
tin, Challe et d’autres membres, décide qu’elle prendra 
à sa charge la publication des planches du mémoire de 
notre collègue. 

Correspondance imprimée. — La correspondance im- 
primée contient: 

1° Une circulaire de la société des études historiques 
dont le siège est à Paris (Mairie du 11 e arrondissement). 
Cette Société adresse le programme d’un prix qu’elle 
propose pour l’année 1875 ; 

2° Une demande d’échange formée par M. le directeur 
de. la Revüe des sciences naturelles à Montpellier. (Ac- 
cordé.) 

M. le président énumère ensuite les différentes publi- 
cations parvenues au bureau pendant le mois. Il signale 
particulièrement une notice de notre collègue M. Grasset, 
à propos d’ün tableau de Prud’hon placé au musée de 
/ Varzy ; une notice biographique sur M. Ragon, insérée 
dans le dernier Bulletin de la société d’études d’ Aval- 
Ion et dans le Bulletin de la société d’émulation de 
l’Ailier r lés nouvelles excursions botaniques de notre 
collègue, M. Lanier. 

Dons. ■*- Il est fait don à la société pour le musée : 


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SÉANCE DU 2 AOUT. XLI 

1° Par M. Drillon, menuisier à Leugny , deux ammo- 
nites et deux coquilles fossiles à déterminer ; 

2° Par M. Labrune, architecte à Auxerre, divers échan- 
tillons de poteries et monnaies trouvées à Crain, dans 
les fouilles faites cette année sur l’emplacement des 
nouvelles écoles, à cent mètres environ du château de la 
Maison-Blanche. Parmi les pièces de monnaies on remar- 
que un Antonin, un Trajan et un Néron; 

3° ParM. Barbier, ancien géomètre, deux magnifiques 
têtes de gorille (mâle et femelle) rapportées du Gabon par 
M. Peyrouton, officier de marine, originaire d’Auxerre. 

Nominations. — M. le docteur Emile Moreau , natu- 
raliste à Paris, présenté à la séance de juillet, est admis 
comme membre titulaire. 

Lectures. — L’ordre du jour appelle ensuite la lecture 
d’une notice de M. Demay, sur les Volontaires auxerrois 
de 1792. Cette lecture est faite au nom de l’auteur par 
M. le président. 

— Il est également donné connaissance à l’assem- 
blée du travail envoyé par notre collègue M. Bazin, sur 
le vers-à-soie du chêne Bombyx Yama-Maï. 

La séance est terminée par le compte-rendu fait par 
M. Savatier-Laroche, sur le livre publié dernièrement 
par notre collègue M. Eugène Perriquet et qui a pour 
titre : Traité théorique et pratique de la Propriété et de la 
Transmission des Offices 'ministériels : 

Notre collègue M. Eugène Perriquet, docteur en droit, avo- 
cat à la Cour de Cassation, faisait, il y a peu de temps, hom- 
mage à notre Société du volume qu'il vient de publier sur la 
propriété et sur la transmission des offices ministériels. 


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XLII PROCÈS-VERBAUX . 

Bien qu’il s’agisse là d’une œuvre toute spéciale et toute 
technique, le livre de M. Perriquet se rattache aussi aux 
études de notre Société; il a droit à une mention spéciale dans 
nos comptes-rendus, par ses appréciations historiques sur les 
offices publics et ministériels, non seulement dans le droit 
romain, mais encore à l’époque des institutions coutumières. 
A l’une de nos précédentes séances, d’ailleurs, vous avez bien 
voulu me confier le travail d’un analyste en me chargeant de 
retracer, dans notre Bulletin, le cadre de l’œuvre de notre col- 
lègue et ses principaux mérites. 

L’office public ou ministériel, le munus publicum devait né- 
cessairement être d’institution romaine; et parmi les hautes 
conceptions juridiques de cette nation, qui, à l’époque de sa 
décadence politique et militaire, s’illustrait encore par ses 
Gaïus, ses Papinien et ses Tribonien, devait prendre place 
celle d’une délégation de la puissance publique à certains 
ministres ou agents ayant fait de sérieuses études et offrant à 
la fois garantie et responsabilité. Le servus publiais ou esclave 
public, écrivant les conventions de droit strict ou les notant 
plutôt dans les temps qui suivent la loi des XII Tables, avait 
fait place au tabularius\ le droit prétorien avait tempéré les 
rigueurs des institutions primitives et Yinstrumentum ou acte 
en forme devenait nécessaire, du moment que, renonçant à la 
mancipation per ces et libram , à la stipulation sacramentelle, 
le Romain faisait du consentement sous les diverses formes 
qu’il revêt, et le corps et la base môme des conventions. 

M. Eugène Perriquet nous montre comment, par l’excès 
môme de la centralisation, l’office public se rattachait à la 
curie, c’est-à-dire au corps administratif et municipal que 
Rome avait organisé dans toutes ses provinces et dans cha- 
cune des bourgades de ses provinces. Nous savons ce que 
devint partout la curie, et notre grand fabuliste Lafontaine 
nous a dépeint, dans son paysan du Danube , lo sort des mal- 
heureuses populations livrées aux curiales qui n’avaient qu’un 
souci, d’arracher toujours plus à ces dernières, qu’ils n’avaient 
eux-mêmes à compter pour satisfaire aux rapacités de Rome 
de la décadence. Il fallait bien que, dans ces conditions, le 


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SÉANCE DU 2 AOUT. 


XLIII 


chargé du munies publicum eût les attributs de la force pu- 
blique, et, quoiqu’il eût des fonctions toutes civiles, nous 
voyons celles-ci prendre le nom de militia ou milice, parce 
que c’est de vive force dorénavant qu’il faut administrer et 
percevoir les tributs. 

C’est une étude intéressante que de suivre l’existence de ces 
colons gallo-romains, abandonnant leurs foyers, leurs exploi- 
tations agricoles, parce qu’ils ne peuvent plus satisfaire aux 
exigences du fisc romain, et se réfugiant dans les forêts, où ils 
rencontrent les premiers apôtres chrétiens qui leur prêchent 
le dogme nouveau du renoncement, de l’abnégation person- 
nelle en même temps que les grands principes de la solida- 
rité humaine, et qui font d’autant plus de prosélytes parmi 
eux, que l’horreur du joug romain est plus vive et mieux jus- 
tifiée; c’est encore une étude non moins intéressante que celle 
de la politique toute sympathique des premiers évêques à l’en- 
droit des Barbares ou des Francs qui vont jeter à bas cette 
puissance romaine, les délivrer de leurs persécuteurs, en leur 
rendant à eux-mêmes dans leurs champs de Mai, les mêmes 
honneurs qu’aux premiers guerriers de leur race. Mais, M. Eu- 
gène Perriquet avait, pour son sujet, bien peu à prendre dans 
les temps troublés qui suivent l’invasion barbare et l’organi- 
sation de la féodalité, et c’est quand les communes seront 
créées, et que la puissance royale aura entrepris ses luttes 
séculaires contre les seigneurs, que nous retrouverons les 
charges publiques du moyen-âge et l’esquisse intéressante 
que nous en fait l’auteur du traité sur les offices ministériels. 
Les Valois, besogneux d’argent, Henri IV, après eux, insti- 
tuent l’hérédité des charges ou leur transmission avec une 
finance qui accompagnera toujours l'institution de l’officier 
nouveau; les dernières années de la Monarchie absolue nous 
montreront à leur tour, toute l’industrie française elle -même, 
embrigadée dans les maîtrises et les corporations, qui feront 
de l’artisan le plus humble, toujours moyennant commission 
et finance, un véritable fonctionnaire, au plus grand profit du 
fisc sans doute, mais non pas de l’essor et de3 progrès de 
l’industrie nationale. 


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XLIV PROCÈS -VERBAUX . 

Nous avons ensuite de M. Perriquet une étude approfondie 
de la loi de 1816 qui, après la chute de Napoléon et les deux 
invasions, impose aux notaires, avoués, greffiers et fonction- 
naires divers un versement de cautionnement en échange du 
droit de présentation d’un successeur. 

Ce n’est plus ici de l’histoire, c’est de la législation, de la 
doctrine; c'est un résumé judicieux de la jurisprudence sur 
toutes les importantes questions se rattachant à la propriété 
et à la transmission des offices. 

Le livre de M. Eugène Perriquet sera utilement consulté par 
tous ceux qui ont à faire des trai tés relatifs à ces offices, uti- 
lement cité dans les questions litigieuses que ces traités peu- 
vent amener, utilement invoqué dans toutes les questions de 
discipline de ces professions où il peut s’agir de reconnaître le 
droit de l’officier public, comme celui de l’Etat ou du public, 
eux aussi intéressés à l’exacte administration des offices. 

Sans doute, en ces matières, le temps révélera des réformes 
à faire, accomplira des progrès, aura raison peu à peu d’une 
fiscalité excessive, aujourd’hui imposée par de fatales circons- 
tances, mais le livre de M. Perriquet, môme à ce point de vue, 
aura été une œuvre profitable; il éclaire la voie, et il sera lui- 
môme, pour l’avenir, un précieux document historique. Re- 
mercions donc notre collègue de sa bonne pensée pour nous, 
et saluons en lui un ami et surtout un homme utile à son 
pays. 

Après cette dernière lecture, la séance est levée. 


SEANCE DU 8 NOVEMBRE 1874. 

PRÉSIDENCE DE M. CHALLE. 

Le procès-verbal de la séance dernière est lu et 
adopté ; puis M. le Président donne connaissance de la 
correspondance. 


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SÉANCE .DU 8 NOVEMBBE. XLV 

Correspondance manuscrite. — M. le Directeur des, 
Archives nationales de la Belgique écrit pour remercier 
la société de l’envoi qui lui a été fait sur sa demande, 
des volumes du Cartulaire et de la Bibliothèque historique, 
ouvrages édités parla société, et pour annoncer,, l’envoi 
de différents volumes intéressant l’histoire de Flandre et 
du Hainaut. 

— M. le Président du cercle des officiers de Sedan 
écrit à M. le Président afin d’obtenir pour la bibliothè- 
que de cette institution nouvelle l’envoi des publications 
de la société. Cette demande est accueillie favorable- 
ment et lé Bulletin de la société sera envoyé régulière- 
ment à la bibliothèque du cercle des officiers de Sedan. 

— M. Dey, l’un des membres fondateurs delà société, 
que sa situation éloigne du département depuis de Ion- . 
gués années, envoie sa démission de membre titulaire. 
Sur la proposition de M, Monceaux, la Société accorde à 
M. Déy le titre de membre correspondant. Cette nomi- 
nation est faite à l’unanimité des membres présents.. 

Correspondance imprimée. — La société académique 
de Saint-Quentin et la société Dunkerquoise pour l’en- 
couragement des sciences , des lettres et des arts, en- 
voient le programme des sujets mis aux concours par 
ces sociétés pour les années 1874 et 1875. 

Un grand nombre de Sociétés correspondantes ont 
envoyé leurs publications nouvelles. M. le Président 
énumère successivement ces différents ouvrages et ana- 
lyse ceux qui ont le plus particulièrement rapport avec 
nos travaux. 

Dons. — M. Cotteau offre à la société pour le musée 


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XbVI PROCÈS-VERBAUX. 

une suspension de lampe antique en marbre blanc 
trouvée à Arcy-sur-Cure. Cette pièce intéressante était 
ornée sur les bords de médaillons sculptés qui ont été 
détruits. 

— M. Cotteau offre ensuite, au nom du frère Sagittaire, 
ancien directeur de l’école des Frères et missionnaire en 
Chine, une pièce en ivoire , venant de Singapoore, sur 
laquelle sont gravés des caractères chinois. 

— M mo la marquise de Blocqueville a envoyé pour 
le musée différents objets provenant, soit du maréchal 
Davout, soit de la maréchale. 

Parmi ces objets on distingue : les épaulettes et épe- 
rons de grand uniforme du maréchal , le manteau de 
cour, la robe et le voile d’or que portait la maréchale au 
mariage de l’impératrice Marie-Louise, etc. 

— M. Mignot communique divers bronzes trouvés soit 
à Auxerre, soit aux environs et lui appartenant. 

Présentations. — M. Gustave Defrance, attaché au 
secrétariat général de la préfecture de la Seine, est pré- 
senté comme membre titulaire par MM. Demay et Mar- 
tin. 

— M. Potier, ingénieur des mines à Paris , est pré- 
senté comme membre correspondant par MM. Cotteau, 
Challe et Monceaux. 

— M. Prévost, secrétaire particulier de M. le Préfet 
de l’Yonne, est également présenté par MM. Cotteau et 
Bonneville. Il sera statué sur ces différentes présenta- 
tions conformément au règlement. 

— M. le Président donne ensuite la parole à M. Cot- 
teau, qui fait à la société le compte-rendu des travaux 


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Xl/VIt 


SÉANCE DU 39 NOVEMBRE. 

accomplis pendant les grandes assises scientifiques qui 
ont eu lieu à Stockolhmle mois dernier. Ce congrès, qui 
avait pour but principal l’étude des sciences préhistori- 
ques, n’a pas réuni moins de 1 5b0 adhérents , tous hom- 
mes de science , venus de tous les points du globe à 
l’appel sympathique de l’Académie des sciences de 
Stokolhm et des savants Suédois, parmi lesquels le roi 
de Suède s’honore de compter. M. Gotteau passe successi- 
vement en revue les travaux du Congrès et fait un récit 
pittoresque et animé des diverses excursions auxquelles 
il a pris part, dans une improvisation qu’il promet de 
fixer sur le papier et de publier dans le Bulletin. 
L’heure avancée ne permettant pas la lecture des autres 
travaux à l’ordre du jour, M. le président propose à la 
société une réunion supplémentaire qui aurait lieu vers 
la fin du mois. La société accepte cette proposition et 
fixe au dimanche 29 novembre la prochaine réunion. 


SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1874 

PRÉSIDENCE DE M. CHALLE, PRÉSIDENT. 

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et 
adopté. 

M. le président analyse sommairement plusieurs des 
ouvrages adressés à la Société pendant le mois. 

— M. Cotteau, en offrant à la Société la 28° livraison 
de la Paléontologie française, donne un résumé de son 
travail sur les échinodermes du terrain jurassique com- 
pris dans cette livraison. 

Comp. rend. 4 


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XLVIII 


PROCÈS-VERBAUX. 


Il donne également une courte analyse sur une notice 
dont il fait hommage à la Société et qui a pour titre : 
Note sur les échinides irréguliers du terrrain jurassique 
de la France (Extrait du Bulletin de la Société géolo- 
gique de France). 

Dons. — M. le comte Th. d’Estampes a envoyé à la 
Société une magnifique estampe, gravée par Masson, 
reproduisant le portrait de l’un de ses ancêtres, Jacques 
d’Estampes , marquis de la Ferté-Imbault, maréchal de 
France, né au Mont-Saint-Sulpice, en 1690. 

— Il est fait don, par M. Richard, de débris de cornes 
de cerf, trouvés dans les dépôts d’alluvion formés sur 
les pentes, à Monéteau. 

— M. Paul Bert fait don également de deux molaires 
d’éléphant, trouvés dans les dépôts de l’Yonne, au mou- 
lin du Président, commune d’Auxerre. 

— M. Mignot fait hommage à la Société , ‘pour sa 
bibliothèque, d’un livre de la Bibliothèque bleue et in- 
titulé : Conquestes du grand Charlemagne, roi de France. 
Troyes, chez Garnier, 17a p. in-8°. 

nominations. — MM. Gustave Defrance et Prévost, 
présentés à la dernière séance, sont élus membres titu- 
laires. 

M. Potier, ingénieur des mines, à Paris, est élu 
membre correspondant. 

Présentations. — M. Esmelin, notaire à Auxerre, est 
présenté comme membre titulaire par MM. Savatier- 
Laroche et Dondenne fils. 

M. Forestier, docteur en médecine à Auxerre, est éga- 


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SÉANCE DU 29 NOVEMBRE. XMX 

lement présenté comme membre titulaire par MM. Challe 
et Savatier-Laroche. 

Il sera statué sur ces nominations à la prochaine 
séance. 

Communications. — Il est donné connaissance à la 
Société, au nom de M. Michou, de cinq lettres de M. de 
Cormenin, à propos des Ouvroirs campagnards. Ces 
lettres remarquables seront publiées au Bulletin. 

M. le président analyse ensuite un travail de M. Mi- 
chou, sur les animaux utiles et nuisibles. Ce travail 
remarquable, pour lequel la Société centrale d’agricul- 
ture de l’Yonne a déjà voté une Médaille d’argent, est 
destiné à être publié pour être mis aux mains des en- 
fants des écoles. M. le président rappelle que notre col- 
lègue, M. Berthelot, a bien voulu faire, sur l’œuvre de 
M ^Michou, un compte-rendu qui n’a pas peu contribué 
à faire ‘connaître cette étude. 

— M. le président fait ensuite à la Société lecture d’un 
nouveau chapitre de l’Histoire du comté de Tonnerre 
qu’il a entreprise. 

Renouvellement des membres du Bureau. — Avant la 
clôture de la séance, il est procédé au renouvellement 
des membres du Bureau, dont les pouvoirs sont expirés. 
45 membres prennent part au vote. Les membres sor- 
tants ayant tous obtenu la majorité, le Bureau de la 
Société se trouve composé pour deux ans de la manière 
suivante : 

Président : M. Challe. 

Vice-présidents : MM. Chérest et Cotteau. 

Secrétaires : MM. Monceaux et Savatier-Laroche. 


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I. 


procès-ve riïmx . 

Archiviste : M. Lorin. 

Trésorier : M. Joly. 

A quatre heures, la séance est levée. 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1874 

PRÉSIDENCE DE M. CIIALLE, PRÉSIDENT. 

La lecture du procès-verbal de la précédente séance, 
à raison de l’absence du secrétaire chargé de sa rédac- 
tion, est renvoyée à la réunion prochaine. 

Nominations . — MM. Esmelin, notaire à Auxerre, cl 
Forestier, docteur en médecine à Aüxerre, présentés à 
la dernière séance, sont nommés membres titulaires. 

Dons. — M. Mignot fait don de deux flèches d’arbalète, 
provenant de l’ancienne collection de M. Bernard d’Héry, 
et aussi d’un autre instrument plus spécialement connu 
sous le nom de Carreau, et ayant fait partie de l’arme- 
ment des anciens archers, portant à l’une de ses extré- 
mités trace d’une barbelure de plume avec un ferrement 
quadrangulaire à l’autre extrémité. 

Correspondance. — Il est donné lecture d’une noté de 
M. Demay, relative à la lettre écrite en jùîn 1420 par les 
habitants de Joigny au foi d’Angleterre Henri V, et dans 
laquelle ils se plaignaient de leur comte qu’ils avaient 
été obligés d’emprisonner, lui et ses gens, pour sauve- 
garder leurs privilèges et leurs libertés. M. Demay ex- 
prime le regret que le procès-verbal de là séance du 
1 er février 1874 n’ait point mentionné, à ce sujet, l’ob- 
servation faite par M. le président de la Société, que 


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SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE. 1.1 

c’était très probablement à cette sédition que remontait 
l’origine du surnom de Maillotins, donné aux habitants 
de Joigny, ce qui déterminerait ainsi d’une manière très 
précise la cause de ce surnom qui a été jusqu’ici un 
énigme. 

Il est donné acte à M. Demay de cette observation 
pour être consignée au procès-verbal. 

— M. le président analyse les différents ouvrages et 
mémoires des sociétés savantes adressées à la Société 
de l’Yonne. Il signale notamment une importante collec- 
tion des Mémoires de Y Académie des sciences et lettres de 
Montpellier , il signale également, dans les Mémoires de 
la Société archéologique de Rambouillet un travail remar- 
quable de M. Moutié sur la châtellenie de Chovreuse, 
devenue baronnie, puis comté, travail qui avait été 
commencé et édité sur les recherches et avec le concours 
du duc de Luynes, et que l’auteur M. Moutié, devenu 
aveugle , a tenu à mener à fin malgré la mort du duc 
de Luynes et la perte des ressources que celui-ci lui 
aurait assurées. 

Le Bulletin de la Société des sciences historiques et natu- 
relles de Semur est indiqué, par M. le président, comme 
contenant de précieux renseignements sur de très an- 
ciennes substructions , probablement un temple gallo- 
romain , recouvrant les sources mômes de l’Armançon 
et enfin la Revue des Sociétés savantes est également si- 
gnalée comme fournissant une remarque de M. l’abbé 
Cochet au sujet des teintures violacées dont les osse- 
ments trouvés dans d’anciennes sépultures sont assez 
souvent imprégnés. On devrait, selon M. Quicherat, 
présent lors de cette communication, attribuer ce fait au 


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L1I 


PROCÈS-VERBAUX. 


contact du vêtement de laine noire dans lequel on ense- 
velissait autrefois les moines et à l’action même de la 
garance employée pour la teinture. Il y a très peu de 
temps, un crâne trouvé à Auxerre, faubourg Saint- 
Amatre, présentait celte particularité d’une coloration 
violette très accentuée. 

— M. Brodier, chef de division à la Préfecture de 
l’Yonne, fait hommage à la Société de son travail inti- 
tulé : Etude statistique de f instruction primaire en Europe, 
en France et dans le département de V Yonne. Le Conseil 
général de l’Yonne, dit M. le président, s’est honoré en 
faisant les fonds nécessaires à cette publication, mais à 
la Société des sciences de l’Yonne revient aussi l’hon- 
neur d’avoir tout d’abord signalé cette œuvre importante 
qu’elle recommandait d’ailleurs vivement à la commis- 
sion spéciale qui lui a attribué un des prix Crochot. 

— Il est donné lecture à la Société du travail de M. 
Salomon sur la crypte ou chapelle souterraine de Saint- 
Florentin, et la séance se termine par la lecture que fait 
M. Challe d’un épisode de son Histoire du comté de Ton- 
nerre ayant trait plus particulièrement à la guerre de 
Cent ans et aux déprédations des Escorcheurs sur notre 
territoire. 

A trois heures et demie la séance est levée. 


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II 


DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ ElN 1874. 


§ I. — Dons en argent. 


1° Le Ministère de l'Instruction publique cl des 

Cultes ÎJOO fr. 

2° Le Département de l’Yonne 1000 

3 Ü La ville d’Auxerre, pour acquisitions et entretien 
du Musée 300 


§ il. — Dons an Musée départe mental placé sons le patronage 
de la Société. 

M m0 la marquise de Blocqueville. 531 . — Costume de cour de 
la maréchale princesse d’Eckmiihl, porté par elle au mariage 
de Marie-Louise, se composant d’une robe, d’une traîne et 
d’un voile en tulle brodé d’or et d’argent. — Manteau de cour 
du maréchal Davout, en velours violet brodé d’or. — Ceinturon 
d’uniforme de grande tenue, richement brodé. — Epée de 
cérémonie du maréchal Davout, portée par lui au sacre de 
l’Empereur. — Housse de velours rouge frangé d’or et Fontes 
de cheval ayant servi au maréchal pour les cérémonies, les 
entrées à, Berlin, Vienne, etc. — Chapeau porté lors de la ba- 
taille d’Auerstaëdt par le maréchal Davoust. Il est troué par un 
obus. — Epaulettes également portées par le maréchal à la 
même bataille. — Eperons du maréchal. — Paire do lunettes 
d’or ayant appartenu au maréchal. — La médaille de pair de 


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LIV 


ANNÉE 1874. 


France. — Cachet du maréchal alors qu’il était simple général 
de division ou lorsqu’il commandait la garde des consuls. — 
L’aigle double du fanion du maréchal. — Hausse-col de céré- 
monie sur lequel on cousait la plaque de la Légion d’honneur 

— Plaque armoriée du garde des propriétés du maréchal. — 
Nécessaire de voyage du maréchal, celui dont il s’est servi en 
Autriche, en Prusse, en Russie. L’intérieur a été seul res- 
tauré. — Enfin différents objets de provenances diverses, 
mais qui ne semblent pas avoir appartenu au maréchal : 
Médaille de Ganganelli. — Empreinte d’une médaille antique. 

— Boucle d’oreille indienne.— Amulette du Pérou.— Médaille 
do Masséna. — Médaille du prince de Canino. — Médaille de 
Dupuy tren. — Un florin de François IL — Une petite gondole 
vénitienne. — Étui ayant appartenu à la grand’mère de la 
marquise de Blocqueville. — Cachet arabe. 

M. Barbier père, géomètre à Auxerre. 525. Une tète entière 
de Gorille (mâle adulte) et une d’une jeune femelle provenant 
du Gabon et apportées par M. Peyrouton fils. 

M. Paul Bert. 534. Deux molaires d’éiéphas^ primigenius, 
trouvées dans les alluvionsqui bordent la rivière d’Yonne. 

M. Brun. 518. Deux clefs trouvées, l’une dans les fouilles du 
chemin de ceinture, à Auxerre, l’autre dans le chemin d’Orgy 
à Saint-Georges. 

M. Brun. 516. Echantillons de toutes les roches trouvées à 
Saint-Fargeau de 500 à 600 pieds de profondeur, en y forant, 
il y a quarante ans environ, un puits artésien. Ces roches ap- 
partiennent à l’étage albien. (Les échantillons appartenant à 
la craie et trouvés à une moindre profondeur, manquent.) 

M. Camklin. 533. Corne de cerf trouvée aux environs de 
Noyers, dans les dépôts formés sur les pentes. 

M. Chaumier , garde champêtre à Auxerre. 5111. Douze 
pièces de monnaie consistant en : Pièces de six sols, argent, 
Louis XIV. — 1/2 Batz canton de Vaud. — Un jeton de la 
ville de Paris. — Un denier tournois, Henri III, 1589. — Mon- 
naie suisse. — Auguste, autel de la ville de, Lyon, bronze. 


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DONS FAITS AU MUSEE. 


LV 


médaille romaine, — Petite pièce d’argent du Palatinat. — 
Double tournois, 1630. Henri -Maximilien de Béthune. — Te- 
tricus, petit bronze, médaille romaine. — Constantin, petit 
bronze, médaille romaine. — Sévère, bronze, 12 Viclorinus, 
médaille romaine. 

M. Cotte Àu. 629. Pièce en marbre blanc circulaire, repré- 
sentant une suspension de lampe, percée de trous, au-dessous 
une guirlande do fruits ; trouvée à Arcy-sur-Gure. 

M. Cotteàu. 630. Epingle à cheveux, trouvée à Arcy-sur- 
Cure, dans une vigne où se rencontrent beaucoup de débris 
g allo-romains. 

M. Desmaisons. 622. Un boulet do fonte recueilli dans les 
murs du lycée de Sens, provenant du bombardement des Au- 
trichiens, en mars 1814. 

M. Drillon, menuisier, à Leugny. 62ô. Deux ammonites, 
terrain tertiaire, de gros volume, et deux coquilles fossiles. 

M. le comte d’ESTAMPES, à Montigny. 632, Portrait du maré- 
chal d’Estampes, né au Mont-Sain t-Sulpice, en 1690. Eau 
forte do Masson. 

M. Ch. Gallot, à Auxerre. 621. Petit tableau. Copie de 
Psyché quittant le lit de l’Amour, de Prudhon. 

M. Labrune, à Auxerre. 624. Deux poteries (vases, dont un 
entier), gauloises et grossières trouvées àCrain sur remplace- 
ment de la nouvelle école, à 100 mètres du château de la Mai- 
son-Blanche. — Plus, un Trajan,un Nerva et un Antonin, 
bronze. 

M. Mignot. Obole de Philippe III. 619. — Une couronne de 
Charles VII. — Un morceau de plomb trouvé rue d’Arnus, à 
Auxerre. 

M. Mignot-Pradier. 636. Deux carreaux d’arbalète et un 
instrument ayant été barbelé et terminé à l’autre extrémité 
par un fer quadrangulaire dont l’emploi est à déterminer. 
Faisant probablement partie do l’armement d’un archer. 

M. Perrette, à Auxerre. 623. Mortier trouvé en creusant 


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LV! 


ANNÉE 1874 . 


un puits dans un jardin situé près du quai, à Auxerre, rue 
des Vieilles-Tanneries, à 4 mètres de profondeur. 

M. Roger, cantonnier à Auxerre. 527. Une Médaille des 
Etats de Bourgogne. 

M. Isidore Rose. 517. Médaille d’argent de la Société d’ Agri- 
culture et d’industrie de Tonnerre, fondée en 1802, réorganisée 
en 1837. 

Frère Sagittaire, ancien directeur de l’école des Frères d’ Au. 
xerre, aujourd’hui à Singapore (Malaisie). 528. Plaque d’ivoire, 
représentant des caractères chinois avec un lion provenant de 
Singapore. 

La Société. Ecu d’or de Charles IX de 1566, trouvé à Vaux. 
— Monnaie d’argent d’Henri III, duc do Bar de 1296 à 1302, 
trouvée à Vincelles. 


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III 


Ll»(e des Sociétés correspondantes 

Au $4 décembre 4874. 


§ I. — Sociétés françaises . 

AISNE. . . . Chateau-thierry. Société historique et archéo- 
logique de Château-Thierry, fondée en 1864. 

— Laon. Société académique de Laon, fondée en 
1850. 

— Soissons. Société archéologique et historique 
de Soissons, fondée en 1847. 

— Saint-Quentin. Société académique des Scien- 
ces, Arts, Belles-Lettres, Agriculture et In- 
dustrie de Saint-Quentin, fondée en 1825. 

Saint-Quentin. Comice agricole de Saint-Quen- 
tin. 

— Saint-Quentin. Société industrielle de Saint- 
Quentin et de l’Aisne, fondée en 1869. 

ALGÉRIE . . Société de Climatologie algérienne, rue Bruce, 7, 
à Alger. 

— Constantine. Société archéologique de la pro- 
vince de Constantine. 

— Bibliothèque principale du cercle militaire de 
Constantine. 

ALLIER. . . Moulins. Société d’Emulation du département 
de l'Ailier, fondée en 1846. 


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LV1I1 ANNÉE 1874. 

ALPES-MARITIMES. Nice. Société des Lettres, Sciences et 
Arts des Alpes-Maritimes. 

— Cannes. Société des Sciences naturelles, des 
Lettres et des Beaux-Arts de Cannes et de 
l'arrondissement de Grasse. 

ARDÈCHE. . Privas. Société des sciences naturelles et his- 
toriques de l’Ardèche. 

ARDENNES. Sedan. Bibliothèque du Cercle des officiers. 

AUBE. . V . PROVES. Société 'd’ÀjgriculCùrô, Sciences, Arts 
et Belles-Lettres du département de l'Aube, 
fondée en 1818. 

BAS-RHIN. . Strasbourg. Société des Sciences naturelles 
de Strasbourg, fondée eu 1829. 

— Strasbourg. Société des Sciences, Agriculture 
et Arts du Bas-Rhin. 

jBpUCHES-DU-RHONE. Marseille. Société de Statistique de 
Marseille, fondée en 1827. 

— 'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts 

de Marseille. 

CALVADOS . Caen. Société Linnéenne de Normandie, fondée 
en 1823. 

— Caen. Académie des Sciences, Arts et Belles- 
Lettres de Caen, fondée en 1682. 

— Caen. Annuaire de l’Institut des Provinces, à 
Caen. 

— Caen. Académie de Caen. 

— — Association normande, annuaire des cinq 

départements de la Normandie. 

— — Société des Antiquaires de Normandie. 

CHARENTE. Angoulème. Société archéologique et histori- 
que d’Angoplôme. 

CHARENTE-INFÉRIEURE. Saint-Jean-d’Angely. Société his- 
torique et scientifique de SainWean-d'Angély , 
fondée en 1863. 

La Rochelle. Académie de la, Rochelle. 

— — Société des Sciences naturelles. 


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SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES , « L1X 

CHER; . . . BoüAUfiS. Société historique, littéraire, artisti- 
que et scientifique du Cher. (Ancienne com- 
mission historique.) 

COTE-D’OR . Dijon. Académie des Sciences, Arts et Belles- 
lettres de Dijon, fondée en 1725. 

— Dijon. Commission des Antiquités de la Côte- 
d’Or, fondée en 1831. 

— Dijon. Société d'agric. de la Côte-d’Or, à Dijon. 

^ Semur. Société des sciences historiques et na- 
turelles de Semur. 

DOUBS . . . Besançon. Société d’émulation du Doubs, à Be- 
sançon, fondée en 1840. 

— Montbéliard. Société d’émulation de Montbé- 
liard. 

EURE-ET-LOIR. Chateaudun. Société Dunoise d’Archéologie, 
d’IIistoire, des Sciences et des Arts, à Châ- 
teaudun. 

FINISTÈRE . Brest. Société académique de Brest, fondée en 

1858. 

GARD. . . . Nîmes. Académie du Gard, fondée en 1682. 

GIRONDE . . Bordeaux. Académie des Sciences, Belles- 
lettres et Arts de Bordeaux, fondée en 1662. 

— Bordeaux. Société Linnéenne, fondée en 1818. 

— — Commission des monuments et do- 

cuments historiques de la Gironde. 

HAUTE-GARONNE. Toulouse. Société archéologique du Midi 
de la France, fondée en 1831 . 

— Toulouse. Académie des Sciences, Inscriptions 
et Belles-Lettres de Toulouse, fondée en 1746. 

— Société d’histoire naturelle de Toulouse, fondée 
en 1866. 

HAUTE-LOIRE. Le Puy. Société d’Agriculture, Sciences, Arts 
et Commerce, fondée en l’an xi. 

HAUT-RHIN. Colmar. Société d'IIistoire naturelle, fondée en 

1859. 


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LX ANNÉE- 1874. 

HAUTE-SAONE. Vesoul. Société d’ Agriculture, Sciences et 
Arts de la Haute-Saône. 

— Commission d’ Archéologie et des Sciences his- 
toriques de la Haute-Saône, à Vesoul. 

HAUTE-SAVOIE. Annecy. Société Florimontane d’Annecy, 
fondée en 1851 . 

HAUTE-VIENNE. Limoges. Société archéologique et histori- 
que du Limousin. 

HÉRAULT. . Montpellier. Académie des Sciences et Lettres 
de Montpellier. 

ILLE ET-VILAINE. Rennes. Société archéologique du dépar- 
tement d’Ille-et-Vilaine, fondée en 1846. 

— Rennes. Société des Sciences physiques et na- 
turelles d'Ille-et-Vilaine, fondée en 1861. 

INDRE-ET-LOIRE. Tours. Société française d’ Archéologie. 

ISÈRE .... Grenoble. Académie delphinale. 

JURA .... Poligny. Société d’Agricullure, Sciences et Arts 
de Poligny, fondée en 1859. 

— Lons-le-Saulnier. Société des Sciences et Arts 
de Lons-le-Saulnier. 

LOIR-ET-CHER. Vendôme. Société archéologique, scienti- 
fique et littéraire du Vendômois. 

— Blois. Société des Sciences et Lettres de Loir- 
et-Cher. 

LOIRE. . . . Saint-Etienne. Société d’Agriculture, Indus- 
trie, Sciences, Arts et Belles-Lettres du dé- 
partement de la Loire, reconstituée en 1856. 

LOIRE-INFÉRIEURE. Nantes. Société académique de Nantes 
et du département de la Loire-Inférieure, fon- 
dée en 1798. 

— Nantes. Société archéologique de Nantes et du 
département de la Loire-Inf., fondée en 1845. 

LOIRET. . . Orléans. Société archéologique de l’Orléanais, 
fondée en 1848. 

LOZÈRE. . . Mende. Société d’Agriculture, Industrie, Scien- 
ces et arts, de la Lozère, fondée en 1819. 


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SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. l*XJ 

MAINE-ET-LOIRE. Angers. Société académique de Maine-et- 
Loire, fondée en 1857. 

— Angers. Société d’ Agriculture, Sciences et Arts 
d’Angers, fondée en 4818. 

— Angers. Société linnéenne de Maine-et-Loire, 
fondée en 1852. 

— Angers. Société industrielle, d'Angers, et du 
département de Maine-et-Loire, fondée en 
1840. 

MANCHE . . Cherbourg. Société des Sciences naturelles, fon- 
dée en 1852. 

— Cherbourg. Société académique de Cherbourg, 
fondée en 475». 

— Saint-Lô. Société d’ Agriculture, d’ Archéologie 
et d’Histoire naturelle du département de la 
Manche. 

MARNE. . . Chalons-sur-Marne. Société d 'Agriculture , 
Commerce, Sciences et Arts du département 
de la Marne, fondée en 1798. 

— Vitry-le-François. Société des Sciences et des 
Aj t8 de Vitry-le-François. 

MEURTRE et MOSELLE. Nancy. Société d’Archéologie lor- 
raine, fondée en 1848. 

— — Académie de Stanislas, fondée en 4750. 

MORBIHAN. Vannes. Société polymathique du Morbihan, 
fondée en 1862. 

MOSELLE. . Metz. Société d’Histoire naturelle, fondée en 
1835. 

— Metz. Société d’Archéologie et d’Histoire de la 
Moselle- 

NIÈVRE . . Nevers. Société nivernaisc des Lettres, Sciences 
et Arts, fondée en 1852. 

NORD. . . . Douai. Société d’ Agriculture, Sciences et Arts 
fondée en 1799. 

— Dunkerque. Société dunkerquoise pour l’en- 


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LXII ANNÉE 1874. 

eouragement des Sciences, des Lettres et des 
Arts, fondée en 1851. 

— Lille. Société des Sciences, de l'Agriculture et 
des Artfe de Lille, fondée en 1801. 

Lille. Commission historique du département 
du Nord. 

OISE .... Beauvais. Société académique d’Archéologie, 
Scienees et Arts du département de l’Oise. 

PAS-DE-CALAIS. Arras. Académie des Sciences, Lettres et 
Arts d’Arraé, fondée en 1817. 

— Boulogne-sur-Mer. Société académique de l'ar- 
rondissement de Boulogne-sur-Mer, fondée 
en 1864. 

— Sa^t-Omer. Société des Antiquaires de la Mo- 
rinie, fondée en 1831. 

PUY-DE-DOME. Clermont-Ferrand. Académie des Sciences 
et Lettres de Clermont-Ferrand. 

PYRÉNÉES-ORIENTALES. Perpignan, Société agricole, 
scientifique et littéraire des Pyrénées-Orien- 
tales. 

RHONE . . . Lyon. Académie des Sciences, Belles-Lettres et 
Arts de Lyon. 

— Lyon. Société 4’ Agriculture de Lyon. 

— — Société littéraire de Lyon. 

SAONE-ET-LOIRE* Autun. Société éduenne, fondée en 1836. 

— Chalon-sur-Saône. Société d’Histoire et d’ Ar- 
chéologie de Châlon-sur-Saône, fondée en 
1844. 

— Maçon. Académie des Sciences, Arts et Belles- 
Lettres de Mâcon, fondée en 180É. 

SARTHE . . Le Mans. Société d’ Agriculture, Sciences et 
Arts de la Sarthe, fondée en 1761. 

SAVOIE . . . Chambéry. Académie des Sciences, Belles-Let- 
tres et Arts de Savoie, constituée en 1820. 

— Chambéry. Société savoisienne d’Histoire et 
d’Archéologie. 


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SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. LX1II 

SEINE. . . . Paris. Société d* Anthropologie de Paris. 

— — Société botanique de France. 

— — Société entomologique de France. 

— — Société géologique de France. 

— — Société des Antiquaires de France. 

— — Société française de Numismatique et 
d 1 Archéologie, fondée en 1866. 

— — Association scientifique de France. 

— — Société philotechnique de Paris. 

— — Société parisienne d’ Archéologie et d’His- 

toire, fondée en 1865. 

SEINE-INFÉRIEURE. Rouen. Société d’émulation du Com- 
merce et de Tlndustrie, fondée en 1790. 

— Rouen. Société des amis des Sciences naturel- 
les de Rouen, fondée en 1865. 

— Le Havre. Société hâvraise d’études diverses . 

SEINE-ET-MARNE. Melun. Société d 'Agriculture, Sciences, 
Lettres et Arts du département de Seine- 
et-Marne, fondée en 1864. 

— Meaux. Société d’Agriculture, Sciences et Arts 
de Meaux, fondée en 1761, 

SEINE-ET-OISE. Versailles. Société d’Agriculture et des 
Arts de Seine-et-Oise. 

— Rambouillet. Société archéologique. 

SOMME . . . Abbeville. Société d'émulation d’Abbeville, 
fondée en 1797. 

— Amiens. Société des Antiquaires de Picardie, 

fondée en 1836. 

— Amiens. Académie des Sciences, Belles-Lettres 
et Arts de la Somme, fondée en 1750. 

— Amiens. Société linnéenne du Nord de la 
France, fondée en 1866. 

TARN .... Castres. Société littéraire et scientifique de 
Castres. 

TARN-ET-GARONNE. Montauban. Société archéologique de 
Tarn-eUGaronne, 

Conp. rend . 5 


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LXIV ANNÉE 

VA R Draguignan. Société des Sciences, Belles-Let- 

tres et Arts du département du Var, établie 
en 1811. 


— Draguignan. Société d’Etudes scientifiques et 
archéologiques de la ville de Draguignan. 

— Toulon. Société académique du Var. 

VAUCLUSE . Apt. Société littéraire, scientifique et artistique 
d’Apt, fondée en 1863. 

VIENNE. . . Poitiers. Société des Antiquaires de l’Ouest, 
fondée en 1834. 

— Poitiers. Société académique d’Agriculture, 

Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers, 
fondée en 1789. 

VOSGES. . . Épinal. Société d’émulation des Vosges, établie 
en 1824. 

YONNE . . . Auxerre. Société médicale de l’Yonne, fondée 
en 1844. 

— Auxerre. Société centrale d’Agriculture de 

T Yonne, établie en 1857. 

— Auxerre. Comice agricole et viticole de l’arron- 
dissement d'Auxerre. 

— Avallon. Société d’Etudes d’Avallon, établie 
en 1860. 

— .Ioigny. Société d’Agriculture de Joigny, 

établie en 1846. 

— » Sens. Société archéologique de Sens, éta- 

blie en 1844. 


§ II. — Sociétés étrangères . 

ANGLETERRE. Manchester. Litterary and philosophical 
Society of Manchester. 

AUTRICHE . Brunn. (Moravie). Société des naturalistes de 
BiÜnn. 

— Vienne. Société impériale de géographie. 


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SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. LXV 

— — Institut géologique impérial et royal 

d'Autriche. 

Les ouvrages à l’adresse de ces trois sociétés sont placés 
sous le couvert de M. le Consul-général d’ Autriche à Paris, 
21, rue Laffite. 

BELGIQUE . Liège. Institut archéologique liégeois. 

— Bruxelles. Société Malocologique de Belgique. 

— Mons. Société des Sciences, des Arts et u«s 
Lettres du Hainaut. 

— Mons. Cercle archéologique de Mons. 
ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE. Albàny n. y. — N. Y. State Ca- 
binet of Natural -History, 

— Boston, Mass. — Boston Society of Natural 
History. 

— Cambridge, Mass. — American Association for 
Advence of Science. 

— Chicago, III. — Academy of Sciences. 

— Montreal, Can. — Natural History Society. 

— New-Orléans, La. — New-Orleans Academy of 
Sciences. 

— New-York. — New-York Lyceum of Natural 
History. 

— Philadelphie, Ph. — Academy of Natural 
Sciences. 

— Portland, Me. — Natural History Society. 

— San Francisco, Cal. — Cal. Academy of Natu- 
ral Sciences. 

— Saint-Louis, Mo. — Academy of Sciences. 

— Washington, D. C. — National Academy of 

Sciences. 

— Washington, Smithsonian Institution. 

L’Association Smithsonienne se charge delà distribution des 
ouvrages adressés aux Sociétés des Etats-Unis. Nos publica- 
tions lui sont adressées sous son couvert et remises à Paris, 
à l’adresse de M. G. Bossange, libraire, quai Voltaire, 25. 
NORWÉGE ..Christiania. Académie de Christiania. 


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LXY1 


I ANNÉE 4874. 

SUÈDE . . . Stockholm. Académie royale des Sciences de 
Stockholm. 

Les ouvrages à l'adresse de ces deux Académies sont placés 
sous le couvert de MM. Samson et Wallin, de Stockholm, qui 
les reçoivent eux-mêmes par l'intermédiaire de M. Otto Lorenz, 
libraire, 3 bis, rue des Beaux-Arts, à Paris. 

SUISSE . . . Genève. Société d’IIistoire et d' Archéologie de 
Genève. 

Lausanne. Société vaudoise des Sciences natu- 
relles. 

— Neuchâtel. Société des Sciences naturelles de 
Neuchâtel. 

§ III. — Journaux et revues périodiques échangeant leurs 
publications avec celles de la Société . 

COTE-D'OR. Dijon. La Bourgogne (Côte-d'Or, Saône-et-Loire 
et Yonne). Revue provinciale mensuelle sous 
la direction de M. Alb. Albrier, fondée en 
1868. 

HÉRAULT. Montpellieb. Revue des Sciences naturelles. 

SEINE-ET-OISE. Paris L'Indicateur de l’Archéologue et du 
Colleclionneur. Journal mensuel. M. Caix de 
Saint-Aymour, chez M. Reinv val, libraire, 15, 
rue des Saints-Pères. 

— Paris. L'année géographique par M. Vivien de 
Saint-Martin. 

— • Paris. Revue des sociétés savantes des dépar- 

tements publiée sous les auspices du minis- 
tre de l'instruction publique. 

— Paris. Polybiblion, Revue universelle, 35, rue 
de Grenelle. • 


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SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. 


LXVII 


IV. 

Etablissement» publics recevant le Bulletin. 

PARIS. . . . Bibliothèque nationale. 

— Bibliothèque du Muséum d’Histoire naturelle. 

— Bibliothèque de l'Institut. 

— Ministère do l'Instruction publique, rue de 
Grenelle-Saiut-Germain, 10. 

— Comité des travaux historiques et des Sociétés 
savantes, au ministère de l’instruction pu- 
blique. 

AUXERRE . Bibliothèque populaire. 

— Bibliothèque de la Ville. 

— Bibliothèque du Collège. 

— Bibliothèque de l’École Normale. 

— Bibliothèque du Petit-Séminaire. 

— Bibliothèque des Frères des Écoles chrétiennes. 

AVALLON. . Bibliothèque de la Ville. 

DIJON. . . . Bibliothèque de la Faculté. 

— Rectorat de l’Académie de Dijon. 

— Archives de la Côte-d’Or. 

JOIGNY. . . Bibliothèque de la Vilie. 

PONTIGNY . Bibliothèque des Prêtres de Pontiguy. 
SAINT-LÉGER DU FOUCHERET. — Bibliothèque du monas- 
tère de la Pierre-qui-Vire. 

SENS .... Bibliothèque de la Ville. 

TONNERRE . Bibliothèque de la Ville. 


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V. 


LISTE DES MEMBRES 

DE 

LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES DE L’YONNE 

AU 31 DÉCEMBRE 1874. 


Membres d'honneur. 

Président: M. le Préfet de l'Yonne. 

Membres : Monseigneur l'Archevêque de Sens. 
M. le Maire d'Auxerre. 

M. l'Inspecteur de l’Académie. 

Membres titulaires '1). 


MM. 

1868. Angenoust Paul, vice-président du Conseil de préfec- 
ture, à Auxerre. 

1863. Ansaut Pascal, juge de paix à Boissy-Saint-Léger 
(Seine-et-Oise). 

1873. Antonin, pasteur de PEgMse réformée, à Auxerre. 

1865. Armandot, propriétaire, à Auxerre. 


(4). Le signe * rant le nom Indique les membres fondateurs ; les chiffres placés en 
regard rappellent Tannée de réception de chaqne membre. 


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LISTE DES MEMBRES. 


LXIX. 


1865. Barat ûls, à Auxerre. 

1857. Bardin, ancien professeur au collège, officier de l'ins- 
truction publique, à Avallon. 

1870. Baudiot, notaire à Beauvoir (Yonne). 

1868. Bazin, propriétaire, à Fumerault, commune de Saint- 
Aubin-Châteauneuf (Yonne). 

1862. Beau, curé de Mailly-la-Ville. 

1844. *Belgrand, ingénieur en chef, à PaHs, rue de l’Univer- 
sité, 29. 

1847. Bblin, pharmacien à Auxerre. 

1855. Bert Paul, professeur do physiologie à la Faculté des 
Sciences, député de l’Yonne à l’Assemblée nationale, 
à Paris, rue Guy La Brosse, 9. 

1874. Berthelot, étudiant, à Auxerre. 

1862. Bertin, propriétaire à Joigny. 

1873. Bertin Charles-Auguste-Flavien, agent d’assurances, 
à Auxerre. 

1868. Bichet, aumônier à Joigny. 

1867. Bigault Amédée, négociant, â Auxerre. 

1868. Billaut (l’abbé), chanoine au chapitre de Sens. 

1868. Bioche, secrétaire de la Société géologique de France, 
rue Taranne, 10, à Paris. 

1847. Blin, professeur honoraire, à Auxerre. 

1873. Bloch Richard, élève ingénieur à l’école des mines, à 
Paris. 

1863. Bogard (de), ancien conseiller de préfecture , à 

Auxerre. 

1857. Bondy (comte de), ancien préfet de l’Yonne, membre de 
l’Assemblée nationale, à Paris, 7, marché d’Agues- 
seau, et au château de la Barre, arrondissement du 
Blanc (Indre). 

1849. Bonneville, ancien conseiller de préfecture, à Auxerre. 

1865. Bonneville Marcel, à Auxerre. 

1847. *Bontin (de', conseiller honoraire à la Cour d’appel, à 
Paris, rue d’Assas, 3, et au château de Boutin. 


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LXX 


ANNÉE 4874. 

1862. Boucher de la Rupelle (comte Henri), trésorier 
payeur général, à Perpignan (Pyrénées-Orientales). 

1855* Boucher de la Rupelle (vicomte Paul), substitut du 
procureur de la République, à Paris, 7, rue de PUni- 
versité. 

1859. Boucheron, agent-voyer central, à Auxerre. 

1867. Boullay, juge à Alger. 

1873. Boussàrd Jean-Marie, architecte, 18, rue Jean de Beau- 
vais, à Paris. 

1865. Breuillard fils, docteur en médecine à A vallon. 

1856. Brincard (baron), membre du conseil général, 4, rue 
Castellane,*à Paris. 

1865. Cabasson, ancien avoué, à Auxerre. 

1848. Gampenon, docteur en médecine, à Tonnerre. 

1852. Challan-Belvàl, percepteur, à Aisy. 

1847. Challe, maire d’Auxerre. 

1850. Challe Edmond, ancien sous-préfet, à Auxerre. 

1866. Challe Jules, avoué à Auxerre. 

1861. Challe Léon, sous-intendant militaire adjoint, à Gre- 
noble. 

1861. Challe Paul, à Gharny. 

1870. Chanvin ainé, ancien capitaine de la garde mobile, à 
Chablis. 

1865. Charlot, juge d’instruction, à Auxerre. 

1872. Chàstellux (comte Henri de) à Chastellux (Yonne.) 

1872. Chaudé, instituteur public, à Préhy (Yonne.) 

1856. Chenet Eugène, sous-chef à l’administration centrale 
des domaines, 53, rue d’Assas, à Paris. 

1848. Chérest, avocat, conservateur du Musée, à Auxerre. 

1858. Claude Victor, vérificateur des poids et mesures, à 

Auxerre. 

1850. Clermont-Tonnerre (Duc de), membre du Conseil 
général de PEure, au château d’Ancy-le-Franc. 

1762. Collette, capitaine en retraite, percepteur à Saint- 
Sauveur. 

1847. Collin, ancien inspecteur des écoles primaires, à Ton- 
nerre. 


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LISTE DES MEMBRES. 


LXXI 


1870. Commîmes de Marcilly (le général de), à Auxerre. 
1847. *Cotteau Gustave, président de la Société géologique 
de France, juge honoraire, à Auxerre. 

1868. Cotteau Edmond, ancien contrôleur des contributions, 
à Châtel-Censoir. 

1863. Courot, docteur en médecine, à Auxerre. 

1873. Courot, avocat, à Auxerre. 

1868. Courtial, géomètre, à Champigny. 

1874. Defrance Gustave, attaché au secrétariat général de 

la préfecture de la Seine, à Paris. 

1873. Dejust, notaire, à Auxerre. 

1873. Delerue, ingénieur du canal du Nivernais, à Clamecy. 
1850. Delioand, avocat, membre du Conseil général, à Sens. 
1862. Demadière (baron), vice-président honoraire du tribu- 
nal civil à Auxerre. f 

868. Demay Charles, licencié en droit à Auxerre. 

1873. Denis Jules, avoué à Tonnerre. 

1869. Denormandie Ernest, Député à l'Assemblée nationale, 

à Paris, 42, boulevard Malesherbes. 

1868. Desmaisons, sous-ingénieur, à Auxerre. 

1872. Desdouet, principal du Collège d'Auxerre. 

1864. Dillon Charles-Auguste, capitaine en retraite, com- 

missaire de surveillance administrative au chemin 
de fer, à Tonnerre. 

1857. Dionis des Carrières, docteur en médecine, à 
Auxerre. 

1847. *Dondenne, ancien professeur, à Auxerre. 

1862. Dondenne fils, architecte du département, à Auxerre. 
1867. Dorlhac, directeur de l'Ecole normale, à Auxerre. 

1848. Duché Emile, docteur en médecine, membre du conseil 

général, à Ouaine. 

1874 Esmelin, notaire, à Auxerre. 

1861 . Estampes (comte Th. d'), au château de Monügny* près 
Charny (Yonne.) 

1873. Falateuf Oscar, avocat, au château de Serrigny, par 

Tonnerre. 

1850. Fleutelot Henri, propriétaire, à Auxerre. 


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LXXII 


ANNÉE 4874 . 

4870. Fontaine (Louis de), propriétaire, membre du Conseil 
général de l’Yonne, à Fontaine, près Sens. 

4874. Forestier, docteur en médecine, à Auxerre. 

4864. *Fortin, archiprôtre de la cathédrale, à Auxerre. 

4860. Fossjyeux, notaire honoraire, à Gravant. 

4847. Foucard, opticien, à Auxerre. 

4849. *Frémy, gouverneur du Crédit foncier et du Crédit 
agricole, à Paris, rue Neuve-des-Capucines, 17. 

4847. *Gallois, ancien conseiller à la cour impériale, 41, rue 
de Yerneuil, à Paris. 

4847. Gallot Charles, père, imprimeur à Auxerre. 

4866. Gallot Albert, imprimeur, à Auxerre. 

4868. Gallot, inspecteur des Forêts, à Auxerre. 

4872. Garlandier René, élève de l’École d’application d’ar- 
tillerie, à Fontainebleau. 

4866. Gelez Marin, lieutenant-colonel d’infanterie en retraite, 
à Noyers. 

1861. Gigot Albert, préfet du Doubs, à Besançon. 

4874. Girard, notaire, à Auxerre. 

1862. Glaize Etienne, pharmacien, à Auxerre. 

4860. Goure au, colonel du génie en retraite, à Santigny, par 
Guillon (Yonne). 

4863. Grand d’Esnon (baron William) au château d’E^nou 
(Yonne). 

4866. Grasset, conservateur du musée à Varzy (Nièvre). 

1858. Grenet, docteur en médecine, à Joigny. 

1861. Gromas, pharmacien, à Toucy. 

1819. Guichard Victor, membre de l’Assemblée nationale, à 
Soucy (Yonne.) 

j872. Guillon Adolphe-Irénée, artiste peintre, à Vézelay 
(Yonne.) 

4863. Guinot, médecin, à Lézinnes. 

1870. H£lie, docteur en médecine, à Saint-Florentip. 

1847. Hermelin, docteur en droit, ancien juge de paix, à 
Saint-Florentin. 

1874. Hermelin Camille, à Saint-Florentin. 

1873, Hérold, avocat, à Auxerre. 


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LISTE DES MEMBRES. 


LXXIIi 


1848. Hottot, ancien sous-préfet, à Avallon. 

1873. Ibled, bibliothécaire de la ville de Joigny. 

1862. Jarry, ancien conseiller de préfecture, à Paris, 34, rue 
Tronchet. 

1872. Javal, ingénieur civil des mines, membre du Conseil 

général de l’Yonne, à Paris, 25, rue Saint-Roch. 

1865. Jobert Eugène, maire d’Arces. 

1865. Joly Charles, receveur municipal à Auxerre. 

1865. Joly (l’abbé Florimond) rue de Varennes-Saint-Ger- 
main, 56, à Paris. 

1850. Jossibr, ancien secrétaire de la maine de Joigny, à 
Auxerre. 

1873. Karr Georges-Antoine, professeur de philosophie au 

collège d’Auxerre. 

1867. Kirwan (Charles de), sous-inspecteur des Forêts, à 
Auxerre. 

1874. Konàrski Waldimir, avocat, à Auxerre. 

1862. Labosse, docteur en médecine, à Nitry. 

1874. Làbrune, architecte, à Auxerre. 

1849. Lambert, avocat, à Auxerre. 

1855. Lambert, à Tanlay. 

1 867. Lanier, libraire, à Auxerre. 

1874. Lanier, secrétaire de la mairie, à Sens. 

1847. ‘Larabit, ancien sénateur, rue de Rennes, 46, à Paris. 
1847. ‘Laurent-Lessbré, propriétaire à Auxerre. 

1865. Laurent, inspecteur primaire, à Joigny. 

1849. Leblanc Léoif, propriétaire, à Paris-Montmartre, rue 
Girardon, 13. 

1847. ‘Leblanc d’Avau, ingénieur en chef des ponts-et-chaus- 
sées en retraite, à Auxerre. 

1872. Leblanc-Du vernoy Eugène, juge à Auxerre. 

1872. LeblanoDuvernoy Paul, à Auxerre. 

1847. *Lechat, chef de division à la préfecture de l’Yonne, à 
Auxerre. 

1869. Leclère, ancien banquier à Auxerre. 

1866. Lefébure Eugène, employé des postes, à Chevillon 

près Charay. 


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LXXIV 


ANNÉE 1874. 


1860. Lefèvre, docteur en médecine, à Auxerre. 

1853. Lepêre, membre de l’Assemblée nationale, à Auxerre. 
1862. Lonclas, intendant militaire en retraite, à Auxerre. 
1851 . Loriêre (Gustave de), géologue, au château de Che- 
villé, par Brulon (Sarlhe). 

1862. Loriferne, pharmacien, à Sens. 

1847. Lorin, architecte, à Auxerre. 

1850. Louvois (marquis de), à Ancy- le -Franc. 

1871. Lucas Charles, architecte, boulevard Denain, 8, à 
Paris. 

1851. Marie, ancien juge au tribunal civil, à Auxerre. 

1861. Marquot (l’abbé), curé d’Ancy-le- Franc. 

1868. Martin , secrétaire de l'inspection académique , à 
Auxerre. 

1865. Massot, ancien maire d'Auxerre. 

1871. Mengel, professeur au lycée d'Evreux. 

1865. Mercier, ancien négociant, à Auxerre. 

1861. Métairie, président du tribunal civil, à Auxerre. 

1865. Milliaux, notaire honoraire, ancien adjoint au maire, à 
Auxerre. 

1 861 . Mignot-Pradier, négociant à Auxerre. 

1857. Monceaux Augustin, licencié ès-lettres, professeur au 
collège d'Auxerre. 

1857. Monceaux Henri, pharmacien, secrétaire de la So- 
ciété de médecine de l'Yonne, à Auxerre. 

1868. Montreuil, ancien maire de Tonnerre. 

1873. Moreau, conducteur des ponts et chaussées, à 

Auxerre. 

1874. Moreau Emile, docteur, naturaliste, 7, rue du 27 

Juillet, à Paris. 

1873. Morillon (Gaspard de), proprietaire, à risle-sur-Serein. 

1872. Mossot, docteur-médecin, àGézy (Yonne). 

1870. Moussu, juge suppléant à Auxerre. 

1861. Munier, officier de l'instruction publique, ancien prin- 
cipal du collège, à Auxerre. 

1851. Passepont, artiste peintre, à Auxerre. 

1852. Peltier, ancien instituteur communal, à Auxerre. 


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LISTE DES MEMBRES. 


LXXV 


1866. Périlleux Louis-Jules, ancien membre du conseil 
municipal de Paris, 50, avenue de Saxe, et à Noyers 
(Yonne). 

1855. Perriquet Eugène, avocat à la Cour de Cassation, 29, 
rue Bonaparte, à Paris. 

1855. Perriquet Gustave, imprimeur, à Auxerre. 

1864. Péron, sous-intendant militaire-adjoint, à Montauban. 
1858. Petit Ernest, ancien élève de l’Ecole des Mines, à 
Vausse, commune de Châtel-Gérard. 

1 871 . Petit Eugène, docteur en médecine, à Pont-sur- Yonne, 
1853. Piétresson, ancien notaire, à Auxerre. 

1864. Piétresson Saint-Aubin, docteur en médecine à Saint- 
Sauveur. 

1864. Piochàrd de la Brûlerie, à Sain t-Floren tin, et àParis, 
237, boulevard Saint-Michel. 

1869. Poitou (l’abbé), curé de Chassignelles, par Ancy-le- 
Franc. 

1872. Poncelet, propriétaire, à Auxerre, 2, rue des Grands- 

Jardins. 

1861 . Populus, docteur en médecine, à Coulanges-la-Vineuse. 
1864. Pougy, ancien conseiller de préfecture, à Seignelay. 
1847. *Poubeau, ancien pharmacien, à Auxerre. 

1852. Prot, inspecteur des écoles primaires, à Avallon. 

1861. Précy aîné, ancien membre du Conseil général, à 
Chassy. 

1873. Prévost, secrétaire particulier de M. le Préfet de 

l’Yonne, à Auxerre. 

1873. Puissant Paul, à Auxerre. 

1847. Quantin, archiviste du département et bibliothécaire 
de la ville, correspondant du ministère de l’instruction 
publique, à Auxerre. 

1857. Quignard (l’abbé), vicaire de Saint-Pierre-du-Gros- 
Caillou, à Paris, rue Saint-Dominique-SaintrGermain, 
179. 

1869. Rabé, docteur en médecine, à Maligny. 

1873. Ragon, professeur de droit à la faculté de Poitiers. 


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LXXVI 


ANNÉE 4874. 


1857. Rampont-Lechin, membre de l’Assemblée nationale, 
à Paris. 

1869. Rathier, membre de l’Assemblée nationale, à Chablis. 
1857. Raudot, membre de l’Assemblée nationale, à Orbigny, 

près Avallon. 

1852. Ravin Eugène, pharmacien à l’asile d’Auxerre. 

1862. Remacle, Lucien, avocat, à Auxerre. 

1871. Rétif Frédéric, inspecteur des domaines, à Auxerre. 

1866. Rétif, vioe-président du Tribunal civil, à Auxerre. 
1850. Ribière, ancien préfet de l’Tonne, à Auxerre. 

1857. Richard, ancien libraire, à Auxerre 

1847. *Rigordbau, docteur en médecine, à Auxerre. 

1847. *Ricordeau (L’abbé), à Auxerre. 

1861. Roché Louis, docteur en médecine, àToucy. 

1859. Rochechouart (Comte de), propriétaire, au château 

de Yallery. 

1856. Roguier (L’abbé), curé de SainUEusèbe, à Auxerre. 

1873. Rouillé Georges, imprimeur, à Auxerre. 

1862. Rousseau, ancien notaire, à Auxerre. 

1862. Roux Anatole, propriétaire, à Paris, 14, Avenue de la 
reine Hortense. 

1870. Roux, architecte à Auxerre. 

1847. *Sallé, ancien pharmacien, à Auxerre. 

1855. Salmon, avocat, à Paris, 34, rue Sedaine. 

1874. Saintê-Anne (Albert de) à Champ vallon, par Joigny. 
1862. Sonnié-Moret, propriétaire, àClamecy. 

1860. Savatier-Laroche fils, avocat, à Auxerre* 

1867. Souflot Jules, ancien administrateur des messageries 

nationales, à Paris, rue des Mathurins, 37. 

1856. Tambour Ernest, Secrétaire général de la préfecture 

de la Seine, à Paris, rue Bonaparte, 12. 

1869. Tanlay (marquis de), 13, rue de Lille, à Paris. 

1850. Tartois, ancien directeur des mines, à Senan. 

1861 . Textoris, ancien membre du Conseil général, au château 

de Cheney. 


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LISTE ras MEMBRES. 


LXXVII 


1847. Tonnellier, président honoraire du tribunal civil à 
' Auxerre. 

1869. Tonnellier, docteur en médecine, à Auxerre. 

1866. Vàujoly (Pierre de), propriétaire, à Neuvy-Sautour, et 
à Moulins (Allier), rue de la Comédie. 

1858. Viault (L'abbé), curé de Pailly. 

1863. Vincent Emile, & Auxerre (Yonne). 

membre» libre». 

1871. Balacey (l’abbé), curé de Vinneuf (Yonne). 

1850. Billàut, instituteur, 

1868 . Brun, professeur, à Auxerre. 

1857. Meunier, sculpteur, à Vézelay. 

1857. Guérin, instituteur, à Serrigny. 

1864. Michou, chef d’institution, à Saint-Florentin. 

1853. Mouillot, instituteur, à Tanlay. 

1857. Robin, instituteur, à Auxerre. 

membre» correspondant». (1) 

1859. Ancelon, docteur en médecine, à Dieuze (Meurthe). 
1863. *Artigues, docteur en médecine, à Nice (Alpes-Mari- 
times. 

1863. Aspol, chirurgien-major au 89® de ligne. 

1870. Albrier, directeur du journal la Bourgogne , à Dijon. 
1861 *Barranoer, (l’abbé), curé de Villeneuve-le-Roi-sur- 

Seine (Seine-et-Oise). 

1855. Baudiot (L’abbé), curé de Dun-les-Places. 

1869. *Bayle, professeur de paléontologie à l’École des 

Mines. / 

1866. *Beltrémieux Edouard, membre de la Société géolo- 


(I) Le signe * avant le nom indique les membres correspondants qui 
reçoivent le Bulletin et paient une cotisation annuelle de six francs. Les 
membres qui désirent recevoir le Bulletin doivent adresser cette cotisation 
à M. le Trésorier avant le 1 er mars de chaque année. 


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LXXVI1I 


ANNÉE 4874. 

gique de France, conservateur du Musée de la 
Rochelle. 

1855. *Bénard, directeur des contributions indirectes. àCou- 

tances. 

1861. Bertherand, docteur en médecine, à Poligny (Jura). 
1870. Berthuel Jean-Baptiste, pasteur, à Arbois (Jura). 

1849. Blanche Isidore, vice-consul de France à Tripoli de 
Syrie. 

1&58. Bore au, pharmacien, directeur du jardin botanique, 
président de la section des Sciences naturelles de 
la Société académique de Maine-et-Loire, à Angers. 

1856. Bulliot Gabriel, membre delà Société Eduenne, à Autun 

(Saône-et-Loire). 

1856. Bure (De), président de la Soc. d’Emulation, à Moulins. 
1867 *Cailletet, pharmacien, àCharleville (Ardennes). 

1861. Cambuzat, ingénieur en chef de la navigation, à Paris. 
1855. Carlet Joseph, ingénieur à Saulieu (Côte-d’Or). 

1 865. Chateau, conducteur des ponts etchaussées, à Auxerre. 
1861. Cochet (L’abbé), conservateur du musée, à Rouen. 

1861. Constant-Rebecque (De), président de la Société des 

Sciences de Poligny (Jura). 

1884. Coquand, professeur de géologie, à Marseille (Bouches- 
du-Rhône). 

1849. Goûtant, membre de plusieurs Sociétés savantes, aux 
Riceys (Aube) 

1857. Grosnier, proto-notaire apostolique, vicaire-général de 

l’évêché de Nevers. 

1857. Dantin, chef d’escadron d’état-major, en Algérie. 

1863. Davout (Le général), duc d’Auerstaedt, à Paris. 

1864. Delaplace (Monseigneur), évêque du Tche-Kiang 

(Chine). 

1852. *Delente, docteur en médecine, cité d’Orléans, au 
Grand-Montrouge (Seine) 

1863. De Smyttère, docteur en médecine, officier de l’Ins- 
truction publique, à Lille. 

1862. Dessionolles Gustave, chimiste, à Paris. 


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LISTE DES MEMBRES. 


LXX1X 


1863. *Desnoyers, membre de l'Académie des incriptions, 

bibliothécaire du Muséum, à Paris. 

1847. *DÉy, conservateur des hypothèques, à Laon (Aisne.) 
1866. Doucet Camille, membre de l'Académie française, à 
Paris. 

1852. Drouet, sous-préfet, à Joigny. 

1865. Dubois, juge de paix à Haroué (Meurthe-et-Moselle). 
1871. Dubois, Ernest, professeur à la Faculté de droit de 
Nancy. 

1847. Dupin, docteur en médecine, àErvy (Aube). 

1 857. DuPLàs-Aaitf , archiviste-paléographe, à Paris, rue Saint 
Dominique, 28. 

1864. *Ebray, géologue, ingénieur du chemin de fer du 

Bourbonnais, à Tarare (Rhône). 

1869. Fàlconnier, sculpteur, à Paris, rue Saint-Ferdinand* 
22, aux Ternes- Paris. 

1859. Flandin, procureur de la République, à Coulommiers 
(Seine-et-Mame). 

1863. Franchet, naturaliste, au château de Cheverny (Eure- 
et-Loir e). 

1849. Frémy Charles, docteur en médecine, à Paris, rue de 
Berlin, 9. 

1856. Fromentel (de), docteur en médecine à Gray (Haute- 
Saône). 

1847. Garnier, archiviste du département, à Dijon. 

1852. Gaudry Albert, membre de la Société géologique de 
France, à Paris, rue Taranne, 12. 

1869. *Gauthier, professeur au lycée, à Marseille, 7 boule- 
vard du Nord. 

1854. Germain-de-Saint-Pierre, docteur en médecine, à Paris. 
1859. Gioot Léon, docteur en médecine, à Levroux (Indre). 
1871. Gillet, inspecteur des écoles primaires, à Clamecy. 
1847. Girard de Cailleux, ancien inspecteur du service des 
aliénés de la Seine, à Paris. 

1851. Girardot (Baron de), ancien secrétaire-général de la 
préfecture, à Nantes. 

Coup. rend. 6 


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LXXX 


ANNÉE 1874 . 

1872. Giraut, médecin-adjoint, à l’Asile des Aliénés de 
Quatremarres, près Rouen. 

1854. Grenier, professeur de botanique, à Besançon (Doubs). 
1858. Guéranger Edouard, chimiste au Mans. 

1868. ^Guérin-Devaux Paul, substitut, à Corbeil (Seine-et- 
Oise). 

1865. ^ *Guinault, professeur de physique, au lycée de Niort. 
1872/ *Habert, ancien notaire, à Troyes (Aube). 

1848. *Hébert, professeur de géologie à la faculté des 
Sciences, à Paris, rue Bréa, 25. 

1872. *Jarry, recteur de l’Académie, à Rennes. 

1861. *Jeandet Abel, docteur en médecine,' à Verdunsur- 

Saône. 

1870. Joly Henri, professeur à la faculté des^lettres, à Dijon 

1 862. Jouan, sculpteur à Rouen. 

1863. Lancia di Brolo (Le duc), à Palerme (Sicile). 

1858. *Lasnier, inspecteur des écoles, à Tonnerre. 

1867. *Lenoir François, archiviste du matériel du chemin de 
fer de Lyon, à Paris, 1, rue de Lyon. 

1847. Leymerie, professeur de géologie à la faculté des 

Sciences, à Toulouse, rue des Arts, 15. 

1848. Longperier (De) conservateur au Musée du Louvre, 

rue de Londres, 50, à Paris. 

1859. *Longuemar (Letouzé de), ancien président de la 

Société des Antiquaires de l’Ouest, à Poitiers. 

1867. *Loret-Villette, pharmacien à Sedan (Ardennes). 

1866. *Loriol (Perce val de) Charles-Louis, membre de la 

Société géologique de France, à Genève (Suisse). 

1863. *Mabile, licencié ès-lettres, professeur au Lycée de 
Bastia (Corse). 

1863. Marchand (le docteur Léon), rédacteur de la Revue 
médico-chirurgicale , à Paris. 

1865. Marchant Louis, docteur en médecine, conservateur 
du Musée d’histoire naturelle à Dijon. 

1848. Michelin, membre de la Société géologique dejFrance, 
à Paris. 


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LISTE DES MEMBRES. 


LXXXr 


1853. Missery (De), conservateur des Forêts, àTroyes. 

1864. Moreau, maitre-adjoint à l'Ecole normale, à Melun. 

1861. Ogier de Baulny, membre de la Société entomologique 

de France, à Coulommiers (Seine-et-Marne). 

1849. D’Orbigny Charles, aide-professeur au Muséum d’his- 
toire naturelle, membre de la Société géologique de 
France, à Paris. 

1872. *Paparel, percepteur à Mende (Lozère). ' 

1858. Passy ! Antoine, membre de la Société géologique de 

Fiance, à Paris. 

1862. Pichard Claude, ancien maire d’Auxonne. 

1874. Potier, ingénieur des Mines, à Paris. 

1864. ^Poulain, maitre-adjoint, à l’Ecole normale de Ver- 

sailles. 

1863. *Pouy, commissaire-priseur, à Amiens. 

1847. *Prisset, numismate, à Dijon. 

1866. Privé Clément, ancien employé des ponts-et-chaussées 
à Paris. 

1866. *Rajat Jean-Pascal, capitaine au 32« de ligne. 

1852, Raulin Victor, professeur de géologie à la Faculté des 
Sciences, à Bordeaux. 

1852. Ray Jules, pharmacien, membre de la Société acadé- 
mique de l’Aube, à Troyes. 

1873. Rivière Emile, médecin, à Menton. 

1857. Rousseau, docteur en médecine, directeur-médecin en 
chef de l’asile départemental d’Auxerre. 

1860. Rousselot, inspecteur des Forêts, à Mâcon. 

1848. Roy, ingénieur des Mines, à Paris. 

1866. Sacy (Silvestre de), membre de l’Académie française, 
à Paris. 

1865. *Salomon, employé au chemin de fer, à Saint-Etienne 

(Loire). 

1868. Saporta (comte de), géologue à Aix. 

1861 . Servais, contrôleur des contributions indirectes, à Chà- 

tillon-sur-Seine. 

1861. Sirot, professeur, rue de la Monnaie, à Dijon, (Côte- 
d’Or). 


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lxxxii année 1874. 

1860. Soland (Aimé de) , président de la Société linnéenne de 
Maine-et-Loire, à Angers, 32, rue de PHÔpital. 

1848. Soultrait ( comte Georges de), percepteur-receveur, 
membre de l'Académie de Lyon. 

1863. Spiers père, à Oxford (Angleterre). 

1871. Teilleux, docteur en médecine, adjoint au maire, au 

Mans (Sarthe). 

1863. *Vibraye (marquis de), correspondant de l'Institut, au 
château de Cheverny (Eure-et-Loir); à Paris, rue de 
Yarennes-Saint-Germain, 69. 

1862. Vignon, directeur du dépôt des Cartes au Ministère des 
travaux publics à Paris. 

1870. *Villbtàrd de la Guérie, avocat-général, à Mont- 
pellier (Hérault). 

1664 Vivien de Saint-Martin, géographe, quai Bourbon, 16, 
à Paris. 

Hembres décédés pendant l'année 1894. 

1867. Havblt (baron du), ancien membre du Conseil gé- 
néral, au château des Barres, commune de Sain- 
puits. 

1872. Morin , docteur-médecin, membre du Conseil général, 

à Treigny. 

1860. Moutheau, ancien juge de paix, à Auxerre. 

1869. Roussel, docteur en médecine, 26, rue des Fossés- 
SaintJacques, à Paris. 


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QUATRIÈME PARTIE 


I 

TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES 

CONTENUES DANS LE XXVIII e VOLUME, 8 mo DE LA 2 me SÉRIE 


D’Aumont (Le maréchal) s’empare de Noyers en 1591, I, 87. 
Auxerrois au xv® siècle, I, 501. 

Barbezieux (siège de Noyers par), I, 80. 

Béatrix de Noyers, première abbesse de Marcilly, 1, 141. 
Bertbelot, étudiant à Auxerre, nommé membre titulaire, III, 

XXI. 

Bethléem (Le cloître de), I, 382. 

Beugnot de Senevoy, I, 281. 

Boussard, de Saint-Florentin, architecte, I, 382 ; reçu membre 
de la Société ; m. 

Bouteillerie de Bourgogne, I, 305. 

Budget de 1874 ; III, xi. 

Burat de Sainte-Anne (Albert), propriétaire à Champvallon, 
nommé membre titulaire ; III, xxxii. 

Bureau (membres du), III, n, xlix. 

Glerambaud de Noyers, I, 71, 108. 

Condô (le prince de), seigneur de Noyers, I, 85. 

Congrès d'anthropologie, II, 87. 

Courot, avocat à Auxerre, élu membre titulaire, III, vii. 
Cousin (note sur Jean), III, xxxv. 


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LXXXIV ANNÉE 1874. 

Davout (lettre du maréchal) au maire d’Auxerre, en 1806, I, 
52. 

Defrance (Gustave), nommé membrq titulaire, III, xlvui. 
Deville (lettre d’Albéric) à l’abbé Felez, I, 56. 

Déy, nommé correspondant, III, xlv. 

Dons faits à la Société en 1874, III, liii. 

Duprat, baron de Vitteaux, s’empare de Noyers en 1592, I, 88. 
Erard de Brienne, I, 71. 

Esmelin, notaire à Auxerre, nommé membre titulaire, III, l. 
Falateuf (Octave), avocat à Paris, élu membre titulaire, III, 
vu. 

Flore de l’Yonne (Addenda à la), III, xn. 

Forestier, docteur en médecine à Auxerre, nommé membre 
titulaire. 

Gaucher de Seignelay, I, 242. 

Gauthier de Noyers, vidame d’Amiens, I, 71. 

Giles de Maligny, I, 242. 

Girard, notaire à Auxerre, nommé membre titulaire, III, xvii. 
Giraud (le docteur), nommé membre correspondant, III, xvii. 
Guerres de la Vendée, I, 405. 

Gui de Montréal, 1, 126. 

Gui de Noyers, archevêque de Sens, 1, 71. 

Guillaume, prévôt de Chablis, I, 128. 

Guillaume de Toucy, I, 5. 

Hatin (Eugène), homme de lettre à Paris, élu membre corres- 
pondant, III, vu. 

Hémiptères du département de l’Yonne (Catalogue des), II, 3. 
Hermelin Camille, nommé membre titulaire, III, xvii. 

Herold, avocat à Auxerre, élu membre titulaire, III, rv. 
Hugues de Noyers, évêque d’Auxerre, I. 71 ; 115. 

Jean de Noyers, comte de Joigny, I, 71; 203. 

Jeanne de Noyers, I, 259. 

Joigny en 1420, 1, 62. 

Joigny (comtes de), de la maison de Noyers, I; 208. 

Josué (tombeau de), I, 388. 

Konarski, avocat, élu membre titulaire, ni, iv. 

Labrune, architecte à Auxerre, élu membre titulaire, in, ix. 


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TABLE DES MATIÈRES. LXXXV 

Lanier, secrétaire de la mairie de Sens, élu membre titulaire, 

III, VII. 

Lebeuf (lettre inédite de), III, xxxm. 

Lebreton (Edme), capitaine de Noyers, I, 86. 

Longpérier (lettre de M. de), à M. E. Charton, I, 59. 

Manuscrits de la Bibliothèque de la ville d'Auxerre (Catalogue 
des), I, 610. 

Marguerite de Bavière, duchesse de Bourgogne, seigneur de 
Noyers, I, 78. 

Membres de la Société (liste des), III, lxviii. 

Membres décédés pendant l'année 1874, III, lxxxii. 

Mile, sire deMaisy, I, 71. 

Mile, comte de Joigay, I, 71. 

Miles de Noyers (généalogie des), I, 98; 380. 

Miles VII de Noyers, I, 71, 115. 

Miles Ym de Noyers, I, 196. 

Miles IX de Noyers, 1, 150. 

Miles X, maréchal de France en 1303, 1, 160. 

Miles XI le Bossu, I, 71 ; 216. 

Miles XII de Noyers, I, 71 ; 228. 

Milon de Saint-Florentin, I, 127. 

Montholon (lettre du général), candidat en 1848, 1, 60. 

Moreau (le docteur Emile), naturaliste à Paris, nommé membre 
titulaire, III, xli. 

Noguier, capitaine de Noyers, I, 86. 

Noyers (affranchissement des habitants de) en 1231, 1, 136. 
Noyers (chronique de), 1, 197. 

Noyers (dénombrement de la terre de) en 1296, 1, 306. 

Noyers (plan de), I, 376. 

Noyers-Maisy (branche des), I, 281. 

Oiseaux destructeurs des insectes, II, 57. 

Ouvroirs campagnards, I, 722. 

Perriquet (rapport sur le livre de M. Eugène), III, xu. 
Poilly-sur-Serain assiégé et pris en 1589, 1, 87. 

Pothier, ingénieur des mines à Paris, élu membre correspon- 
dant, III, xlvui. 


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LXXXVI ANNÉE <874. 

Prévost, secrétaire du préfet de l’Yonne, nommé membre 
titulaire, III, xlviii. 

Ragny (le marquis de), gouverneur de Noyers, I, 88. 

Rapine (Jean), gouverneur del’Auxerrois en 1477, 1, 519. 
Rouillé Georges, imprimeur à Auxerre, nommé membre titu- 
laire, III, IX. 

Saint-Florentin (crypte de), I, 692. 

Saint-Martin-sur-Ouanne (monnaies trouvées à), III, xx. 
Sceaux et armoiries des sires de Noyers, I, 287. 

Sociétés correspondantes, III, lvii. 

Sociétés savantes (réunion des délégués des), III, vi. 

Sociétés savantes à la Sorbonne. Rapport sur la Société de 
l’Yonne, par M. Hippeau, 1, 713. 

Sociétés savantes de l’Yonne, III, 405. 

Thyard (Jean), bailli d’Auxerre, I, 513. 

Tombeaux (construction des), I, 588. 

Toulongeon (Tristan de), gouverneur d'Auxerre en 1474, 1, 505. 
Tuet (lettre de l’abbé), I, 48. 

Vaucharme, capitaine de Chablis, 1, 87. 

Ver à soie du chêne, II, 71. 

Vermanton (Affranchissement de), I, 150. 

Villetard (lettre de Joseph), au sujet de la création d’un lycée 
à Auxerre, I, 49. 

Volontaires auxerrois de 1792, I, 523. 


II 

TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 

DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE XXVIII e VOLUME, 

8 e DE LA 2 e SÉRIE. 

Ansault. — Guillaume de Toucy, évêque d’Auxerre, I, 6. — 
50 exemplaires à part. 

Bazin. — Les oiseaux ne détruisent pas autant d’insectes 
nuisibles qu’on le croit généralement, II, 57. 


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TABLE DES AUTEURS. LXXXVII 

Ch. Bazin. — Le ver à soie du chêne, par M. Ch. Bazin, II, 71. 

Challe. — Les Sociétés savantes de l’Yonne, I, 395. 

Cotteau. — Congrès international d’anthropologie et d’ar- 
chéologie préhistorique, session de Stockholm, II, 87.— 350 
ex. à part. 

Demat. — Joigny en 1420, I, 62. — 50 ex. à part. 

Dbmay. — Les Volontaires auxerrois de 1792 aux armées de la 
République, I, 523. — 25 ex. à part. 

Duchatellier.— Guerres de la Vendée ; correspondance iné- 
dite d’un des lieutenants de Hoche, I, 405. — 100 ex. à part. 

Hermelin (Camille). — Essai archéologique sur la construc- 
tion des tombeaux et sur les sépultures en général, I, 588. 

Hippeau. — Rapport sur les Sociétés savantes : la Société de 
l’Yonne, I, 713. 

Michou. — Les Ouvroirs campagnards, I, 722. 

Petit. — Les Sires de Noyers, I, 67. — 125 ex. à part. 

Populus:— Catalogue des Hémiptères du département de 
l’Yonne, II, 3. — 50 ex. à part. 

Quantin*. — Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de 
la ville d’Auxerre, 1, 610. 

Quantin. — Un épisode de l’histoire d’Auxerre au xv® siècle, 
I, 501. 

Quantin. — Note sur quelques autographes de la collection 
de Bastard et d’autres lettres de la Bibliothèque d’Auxerre, 
I, 47. 

Quantin. — Deuxième note sur Jean Cousin, ni, xxxv. 

Ravin. — Addenda à la Flore de l’Yonne, III, xiî. 

Salomon. — Crypte ou chapelle souterraine à Saint-Florentin, 
I, 692. 

De Saulcy. — Le Cloître de Beit-lehm, I, 382. 

Savatier-Laroche fils. — Rapport sur le traité théorique et 
pratique de la propriété et de la transmission des offices 
ministériels de M. Eugène Perriquet, ni, xli. 


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LXXXVIII 


ANNÉE 1874. 


III 

TABLE DES MÉMOIRES 

CONTENUS DANS LE XXVIII e VOLUME, 8° DE LA 2 e SERIE 

I. Sciences historiques . 

Addenda à la Flore de l’Yonne, par M. E. Ravin, III, xu. 

Guillaume de Toucy, évêque d’Auxerre, par M. Ansaull. I, 5. 

Joigny en 1420, notice par M. Demay, I, 62. 

Les Sires de Noyers, par E. Petit, 1, 67. 

Note sur quelques autographes de la collection de Bastard et 
d’autres lettres de la bibliothèque d’Auxerre, par M. Quan- 
tin, I, 47. 

Le Cloître de Beit-lehm, par M. R. de Saulcy, I, 882. 

Les Sociétés savantes de TYonne, notice par M. Challe, III, 
405. 

Guerres de la Vendée, correspondance inédite d’un des lieu- 
tenants de Hoche, par M. Duchâtelier, I, 405. 

Une épisode de l’histoire de l’Auxerrois au xv° siècle, par 
M. Quan tin, I, 501. 

Les Volontaires auxerrois de 1792 aux armées de la Répu- 
blique, notice par M. Demay. I, 523. 

Essai archéologique sur la construction des tombeaux et sur 
les sépultures en général, par C. Hermelin, I, 588. 

Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de la ville 
d’Auxerre, par M. Quantin, I, 610. 

Crypte ou Chapelle souterraine à Saint-Florentin, par M. Sa- 
lomon, I, 692. 

Les Sociétés savantes à la Sorbonne. Rapport de M. Hippeaif 
sur la Société de l’Yonne, I, 713. 

Les Ouvroirs campagnards, par M. J.-B. Michou, I, 722. 

Deuxième note sur Jean Cousin, par M. Quantin, ni, xxxv. 


b 


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LXXXIX 


TABLE DES MÉMOIRES. 

Rapport sur le livre de M. Eugène Perriquet, intitulé Traité 
théorique et pratique de la propriété et de la transmission 
des offices ministériels, par M. Savatier-Laroche, III, xli. 

II. — Sciences naturelles . 

Catalogue des Hémiptères du département de l’Yonne, par le 
docteur Populus, II, 3. 

Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhis- 
toriques, session de Stockholm, compte-rendu par M. Cot- 
teau, II, 87. 

Les Oiseaux ne détruisent pas autant d'insectes qu’on le croit 
généralement, notice par M. Ch. Bazin, II, 57. 

Le ver à soie du chêne, par M. Ch. Bazin, II, 7i. 


ÏV 

INDICATION DES PLANCHES 

PI. I, p. 288. Armoiries du maréchal de Noyers et de ses trois 
alliances. 

PI. II, p. 288. Sceau et contre-sceau de Clerembaud de Noyers. 

PI. III, p. 288. Sceau et contre-sceau de Hugues de Noyers, 
évêque d’Auxeire. 

PI. IV, p. 288. Sceau et contre-sceau de Mile VII de Noyers. 

PI. V, p. 288. Sceau et contre-sceau de Mlles IX de Noyers. 

PI. VI, p. 288. Sceau et contre-sceau de Marie de Châtillon, 
femme de Miles IX de Noyers (1280). 

PI. VII, p. 288. Sceau de Marguerite de Picquigny, femme du 
sire de Gaucher de Noyers, vidame d’Amiens (1335). 

PI. VIII, p. 288. Sceau de Miles X de Noyers, maréchal de 
France (1330). 

PI. IX, p. 288. Principales alliances de la maison de Noyers, 

PI. X, p. 376. Plan de Noyers au x\° siècle. 

PI. XI, p. 384. Le Cloître de Béthléem. 

PI. XII, XIII et XIV, p. 386. Tombeau de Josué. 


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